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Jacques Heers

Jacques Heers, né le à Paris et mort le à Angers[1] - [2], est un historien français, spécialiste de l’histoire du Moyen Âge, professeur à la faculté des Lettres et Sciences humaines de Paris-Nanterre, puis directeur des études médiévales à Paris IV.

Jacques Heers
Jacques Heers en 1942.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jacques Henri Heers
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Distinctions
Prix M.-et-Mme-Louis-Marin (d) ()
Prix d'histoire de l'Académie française ()
Grand prix Gobert ()

Bien qu’élève de Braudel, il ne se rattache à aucune école historique.

Biographie

Années de formation

Né à Paris, Jacques Heers a été élevé à La Ferté-Bernard dans la Sarthe, où ses parents tenaient un commerce. Sa famille était d'origine allemande et helvétique, hostile au régime nazi.

Après un bon parcours scolaire, il réussit le concours de l'École normale d'instituteurs en 1940. Mais les Écoles normales sont supprimées en septembre de la même année par le régime de Vichy. Jacques Heers se retrouve alors en classe de seconde au lycée Montesquieu du Mans, élève pensionnaire, jusqu'à l'obtention du baccalauréat en 1943.

Tout en accomplissant sa fonction au collège de Saint-Calais (Sarthe), il prépare la licence d'histoire à la Sorbonne. Il réussit les concours du professorat de l'enseignement secondaire, successivement le Capes puis l'agrégation d'histoire en 1948 et 1949, première année où la présidence du jury est attribuée à Fernand Braudel[3].

Entre 1949 et 1951, Jacques Heers exerce ses fonctions de professeur aux lycées du Mans, puis d'Alençon, et enfin au Prytanée national militaire de La Flèche.

Vie privée

Jacques Heers a épousé Marie-Louise Bois, étudiante en histoire[N 1], devenant ainsi le gendre de l'historien Paul Bois (1906-1990), son ancien professeur au lycée du Mans.

Carrière universitaire

À partir de 1951, il est rattaché au CNRS. Dès lors, il côtoie Fernand Braudel qui l'envoie en Italie préparer un doctorat d'État consacré à Gênes au XVe siècle. Il soutient sa thèse à la Sorbonne en 1958. À son retour d'Italie, il devient l'assistant de Georges Duby à la faculté des Lettres d'Aix-en-Provence. En 1957, il est nommé professeur à l'Université d'Alger où il exerce pendant cinq ans jusqu'en 1962. Par la suite, il est successivement professeur à Caen, Rouen, Université Paris-Nanterre et à la Sorbonne.

Professeur honoraire de l’Université de Paris IV où il tint de longues années la chaire d'histoire médiévale, il avait été vice-président de la SHMESP (Société des Historiens Médiévistes de l'Enseignement Public) de 1971 à 1973. En retraite, Jacques Heers, et en dehors de l'écriture et de la recherche, était souvent présent dans des émissions de Radio Courtoisie.

En 1999, il s'oppose à la guerre en Serbie et signe la pétition « Les Européens veulent la paix »[4], lancée par le collectif Non à la guerre[5].

De 2012 Ă  sa mort, il est membre du conseil scientifique du Figaro histoire[6].

Distinctions

Jacques Heers a reçu trois prix de l'Académie française :

Il a reçu en 1981 le grand prix littéraire Sola-Cabiati de la ville de Paris, destiné à récompenser un auteur français de romans historiques ou d'œuvres d'étude accessibles au grand public.

Apport Ă  l'histoire du Moyen Ă‚ge

Ses thèmes de recherche étaient :

  • La ville et les derniers siècles du Moyen Ă‚ge : une partie de ses travaux tendaient Ă  dĂ©montrer que la tradition historique qui divise l’histoire europĂ©enne en Moyen Ă‚ge et Renaissance n'est pas fondĂ©e, et que la catĂ©gorisation en pĂ©riodes historiques aussi tranchĂ©es masque d'une part une vĂ©ritable continuitĂ© et d'autre part des disparitĂ©s gĂ©ographiques certaines. C'est l'objet, entre autres, de son essai Le Moyen Ă‚ge, une imposture (1992).
  • Le commerce en mer MĂ©diterranĂ©e au XIVe et XVe siècles : sa thèse de doctorat visait Ă  dĂ©montrer que l'importance du commerce de l’épice en MĂ©diterranĂ©e a Ă©tĂ© largement surestimĂ©e par les historiens. En rĂ©alitĂ©, d’après ses travaux, le blĂ©, le sel et d'autres produits tenaient bien plus de place que le commerce de l’épice (en termes de volume et de valeur dans les Ă©changes). Fernand Braudel, qui a toujours Ă©voquĂ© l’importance de l’épice dans les Ă©changes, reconnaĂ®t le sĂ©rieux scientifique des travaux de Jacques Heers.
  • L'apport arabe dans la redĂ©couverte de la pensĂ©e grecque en Europe : Jacques Heers pensait qu’on surestime largement la contribution des Arabes dans la redĂ©couverte de la philosophie d’Aristote en Occident. Selon lui, « l’enseignement [de la pensĂ©e grecque en Occident], celui de la Logique notamment, n'a jamais cessĂ© dans les Ă©coles cathĂ©drales puis dans les toutes premières universitĂ©s. L’on se servait alors de traductions latines des textes grecs d’origine que les clercs et les Ă©rudits de Constantinople avaient pieusement gardĂ©s et largement diffusĂ©s. Les traductions du grec en langue arabe et de l’arabe en latin, que l’on attribue gĂ©nĂ©ralement Ă  Avicenne et Ă  Averroès, sont apparues relativement tard, alors que tous les enseignements Ă©taient dĂ©jĂ  en place en Occident et que cela faisait plus d’un siècle que la Logique, directement inspirĂ©e d’Aristote, Ă©tait reconnue comme l’un des sept « arts libĂ©raux » du cursus universitaire »[7].

Publications

  • GĂŞnes au XVe siècle. ActivitĂ© Ă©conomique et problèmes sociaux, Paris, S.E.V.P.E.N., 1961.
  • L'Occident aux XIVe et XVe siècles. Aspects Ă©conomiques et sociaux, Paris, PUF, 1963.
  • Le Travail au Moyen Ă‚ge, Paris, PUF, Que sais-je ?, 1965.
  • PrĂ©cis d'histoire du Moyen Ă‚ge, Paris, PUF, 1968.
  • Le Clan familial au Moyen Ă‚ge, Paris, PUF, 1974.
  • Christophe Colomb, Paris, Hachette, 1981.
  • Esclaves et domestiques au Moyen Ă‚ge dans le monde mĂ©diterranĂ©en, Paris, Fayard, 1981.
  • FĂŞte des fous et carnavals au Moyen Ă‚ge, Paris, Fayard, 1983.
  • Marco Polo, Paris, Fayard, 1983.
  • Machiavel, Paris, Fayard, 1985.
  • La Vie quotidienne Ă  la cour pontificale au temps des Borgia et des MĂ©dicis, Paris, Hachette, 1986.
  • La Ville au Moyen Ă‚ge, Paris, Fayard, 1990.
  • La DĂ©couverte de l’AmĂ©rique, Bruxelles, Complexe, 1991.
  • La RuĂ©e vers l’AmĂ©rique. Le Mirage et les Fièvres, Bruxelles, Complexe, 1992.
  • Le Moyen Ă‚ge, une imposture, Paris, Perrin, 1992.
  • Gilles de Rais, Paris, Perrin, 1994.
  • LibĂ©rer JĂ©rusalem. La première croisade, Paris, Perrin, 1995.
  • Jacques CĹ“ur, Paris, Perrin, 1997.
  • De Saint Louis Ă  Louis XI. Forger la France, Paris, Bartillat, 1997.
  • Louis XI, Paris, Perrin, 1999.
  • Les Barbaresques, Paris, Perrin, 2001.
  • Les NĂ©griers en terres d’islam, Paris, Perrin, 2003.
  • Chute et mort de Constantinople, Paris, Perrin, 2005.
  • L'Histoire assassinĂ©e. Les pièges de la mĂ©moire, Éditions de Paris, 2006.
  • Un homme, un vote ?, Monaco, Éditions du Rocher, 2007.
  • Le clan des MĂ©dicis. Comment Florence perdit ses libertĂ©s (1200-1500), Paris, Perrin, 2008 (ISBN 9782262037611).
  • L'histoire oubliĂ©e des guerres d'Italie, Via Romana, 2009 (ISBN 978-2-916727-49-3) [prĂ©sentation en ligne]
  • L'Islam cet inconnu, Versailles, Éditions de Paris, 2010.
  • La Naissance du capitalisme au Moyen Ă‚ge. Changeurs, usuriers et grands financiers, Paris, Perrin, 2012.
  • Histoire des croisades, Paris, Perrin, 2014.

Notes et références

Notes

  1. Devenue historienne elle-même, Marie-Louise Heers est notamment l'auteur de : "Les Génois et le commerce de l'alun à la fin du Moyen Âge", Revue d'histoire économique et sociale, vol. 32, 1954, n° 1, p. 32-53, et Du printemps des peuples à l'affrontement des nations (1848-1914), éd. des P.U.F., 1974 (compte rendu par Jacques Neré) ; et, en langue espagnole, El mundo contemporaneo (1848-1914), Madrid, 1986.

Références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Philippe-Jean Catinchi, Jacques Heers, historien du Moyen Ă‚ge, Le Monde, 24 janvier 2013.
  3. Fernand Braudel préside le jury de l'agrégation d'histoire de 1949 à 1955.
  4. « Liste des personnalités signataires de l'Appel », sur nonguerre.chez.com.
  5. Renaud Dély, « L'extrême droite ratisse large contre les frappes de l'Otan. Le «Collectif non à la guerre» a tenu une réunion proserbe hier soir », sur liberation.fr, .
  6. Jean-Christophe Buisson, « Le Figaro fait l'Histoire », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  7. Entretien de Jacques Heers dans La Nouvelle Revue d'histoire, no 29, mars-avril 2007, p. 13.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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