Accueil🇫🇷Chercher

Guerre américano-mexicaine

La guerre américano-mexicaine (1846-1848) a opposé les États-Unis au Mexique. Elle est déclenchée lorsque le Congrès américain vote l'annexion du Texas en 1845.

Guerre américano-mexicaine
Description de cette image, également commentée ci-après
Prise de Mexico par les troupes U.S. par Carl Nebel dans The War Between the United States and Mexico, Illustrated (1851).
Informations générales
Date 1846-1848
Lieu Texas, Nouveau-Mexique, Californie et le Nord, l'Est et le Centre du Mexique
Casus belli L'affaire Thornton
Issue Victoire des États-Unis
Traité de Guadalupe Hidalgo
Forces en présence
60 000 hommes40 000 hommes
Pertes
1 733 morts au combat
13 283 morts au total
4 152 blessĂ©s
25 000 hommes
(estimation du gouvernement mexicain)

Batailles

Opérations le long du Río Grande


La révolte de Taos

  • Cañada
  • Mora
  • Embudo Pass
  • Pueblo de Taos

Campagne de Californie


Campagne du Nord de Taylor


Campagne de Scott


Siège de Puebla


Campagne de la cĂ´te Pacifique

  • Guaymas
  • Mulege
  • Punta Sombrero
  • Mazatlán
  • La Paz
  • Palos Prietos et Urias
  • San JosĂ© del Cabo
  • Siège de La Paz
  • Affaire Ă  Guaymas
  • San Blas
  • Manzanillo
  • San JosĂ© del Cabo
  • Cochorio
  • Bocachicacampo
  • Todos Santos

Aux États-Unis, elle est plus couramment appelée The Mexican War (la guerre mexicaine). Occasionnellement, des critiques contemporains l'ont surnommée ironiquement Mr. Polk's War (« la guerre de M. Polk », qui est alors président des États-Unis). Au Mexique, elle est appelée La intervención norteamericana (« L'intervention nord-américaine ») ou La guerra del 47 (« La guerre de 47 »).

Nombre d'officiers ayant servi dans l'une ou l'autre des armées, deviendront ensuite présidents de leur pays respectif : Mariano Arista, Nicolás Bravo et Pedro María Anaya pour le Mexique, Zachary Taylor, Franklin Pierce et Ulysses S. Grant pour les États-Unis. On peut citer également George Pickett ou James Longstreet qui deviendront deux importants généraux de l'armée confédérée ainsi que Robert Lee qui s'y distingua en tant que capitaine[1].

Cette guerre, ou plus justement l'annexion par les États-Unis des territoires mexicains, est considéré par certains observateurs comme l'un des facteurs déclencheurs de la guerre de Sécession qui mettra une douzaine d'années plus tard les États-Unis à feu et à sang. C'est notamment le point de vue que défendit Ulysses S. Grant dans ses mémoires :

« La rébellion du Sud fut l'avatar de la guerre avec le Mexique. Nations et individus sont punis de leurs transgressions. Nous reçûmes notre châtiment sous la forme de la plus sanguinaire et coûteuse guerre des temps modernes. »

— Ulysses Grant

Contexte

La situation à la veille de la guerre est complexe : le Mexique s'étend depuis son indépendance en 1821 sur les territoires du Sud-Ouest des États-Unis actuels, avec les territoires de Haute-Californie (Alta California) et du Nouveau-Mexique (Santa Fe de Nuevo México ou Nuevo México) c'est-à-dire approximativement sur les territoires des actuels États américains de Californie, de l'Utah, du Nord de l'Arizona, du Sud-Ouest du Wyoming et du Nouveau-Mexique. Le Mexique vient de perdre le Texas, qui, à la suite d'une révolte en 1836, s'est constitué en république indépendante, puis a été incorporé aux États-Unis en 1845. Sur le littoral de l'océan Pacifique, les intérêts mexicains sont menacés par les comptoirs russes.

Quelques terres de cette rĂ©gion sont devenues familières aux montagnards amĂ©ricains et aux marchands qui frĂ©quentent la piste de Santa Fe. Quelques centaines d'AmĂ©ricains sont dĂ©jĂ  installĂ©s en Californie et des bateaux y Ă©changent diffĂ©rents produits, le long de la cĂ´te. Tous ces territoires avant cette guerre se trouvent sous la souverainetĂ© de la rĂ©publique du Mexique, indĂ©pendante depuis un quart de siècle et qui constituait auparavant la majeure partie de la Nouvelle-Espagne, la colonie espagnole d'AmĂ©rique du Nord. Avant le dĂ©but de la guerre, les États-Unis envoyèrent un diplomate Ă  Mexico, dont la mission Ă©tait d'acheter le Nouveau-Mexique et la Californie pour 25 millions de dollars. Le Mexique ne donna aucune rĂ©ponse.

À Washington, le président James Knox Polk est un chantre de la conquête de l'Ouest et veut voir se réaliser la « destinée manifeste ». Cette idée a été parfaitement illustrée par le rédacteur de la Democratic Review, John L. O'Sullivan : « C'est manifestement notre destinée de nous répandre sur le continent que la Providence nous a alloué pour y assurer le libre développement d'une population qui, chaque année, se multiplie par millions[2]. » En février 1846, il envoie des troupes, commandées par le général Zachary Taylor, sur le Río Grande pour faire pression sur le gouvernement mexicain. Il souhaite acheter les territoires qui compléteraient l'Union. Taylor construit alors Fort Texas (plus tard nommé Fort Brown) sur la rive nord du Rio Grande face à la ville mexicaine de Matamoros. La presse américaine conduit une campagne anti-mexicaine très dure afin de soutenir le déclenchement de la guerre. La Democratic Review appelle à « les annihiler en tant que race » et l'American Review propose également leur « extermination »[3].

Début des hostilités

Le 24 avril 1846, un dĂ©tachement fort de 2 000 cavaliers mexicains attaque une patrouille de l'US Army de 63 hommes sur le territoire contestĂ© situĂ© au nord du Rio Grande et au sud du Rio Nueces. La cavalerie mexicaine met en dĂ©route la patrouille et tue 11 soldats amĂ©ricains dans ce qui sera nommĂ© plus tard la Thornton Affair (l'affaire Thornton, du nom du capitaine qui commandait la patrouille). Un rescapĂ© s'Ă©chappera et rentrera Ă  Fort Texas.

Le général Mariano Arista en 1847, futur président du Mexique.

Le 3 mai, l'artillerie mexicaine de Matamoros ouvre le feu sur Fort Texas, qui répond avec ses canons. Le bombardement dure cinq jours puis les forces mexicaines commandées par le général Mariano Arista, peu à peu, encerclent le fort. Deux soldats américains sont tués durant le bombardement, dont le commandant de la place, Jacob Brown, qui donnera son nom au Fort, et à la ville actuelle de Brownsville.

Le 8 mai, Zachary Taylor arrive avec 2 400 hommes en renfort. Cependant, Arista fonce vers le nord avec 3 400 hommes sur Palo Alto. Les AmĂ©ricains usent d'une nouvelle technique d'artillerie, nommĂ©e flying artillery (artillerie volante, une artillerie lĂ©gère mobile, montĂ©e sur des affĂ»ts lĂ©gers Ă  roues tirĂ©s par des chevaux et servie par des canonniers montĂ©s), qui fait des ravages dans les rangs mexicains. Ces derniers rĂ©pondent par des charges de cavalerie et par des dĂ©charges de leur propre artillerie. Toutefois, leurs pertes importantes dĂ©moralisent quelque peu les Mexicains qui vont chercher un terrain qui leur soit plus propice. Ils font retraite sur la rive opposĂ©e du lit d'une rivière assĂ©chĂ©e (resaca) durant la nuit qui leur procurera une fortification naturelle, mais aussi dispersent leurs troupes et compliquent la communication. Pendant la bataille du Resaca de la Palma le jour suivant, s'engage un terrible corps Ă  corps. La cavalerie amĂ©ricaine rĂ©ussit Ă  capturer l'artillerie mexicaine, ce qui force les Mexicains Ă  la retraite, une retraite qui tourne en dĂ©route. Ă€ cause de la nature du terrain et de la dispersion des troupes, Arista est dans l'impossibilitĂ© de rallier ses forces. Les Mexicains subissent de lourdes pertes, ils sont contraints d'abandonner leur artillerie et leurs bagages. Fort Texas leur inflige de nouvelles pertes alors qu'ils passent Ă  proximitĂ© et nagent pour traverser le Rio Grande oĂą nombre d'entre eux pĂ©rissent noyĂ©s.

DĂ©claration de guerre

Organisation territoriale du Mexique pendant la 1re et la 2e Républiques. En rouge, les régions sécessionnistes.

C'est alors que Polk est informé de l’affaire Thornton qu'il considère comme un casus belli. Un message au Congrès du déclare que « le Mexique a envahi notre territoire et versé le sang américain sur le sol américain, j'invoque l'intervention urgente du Congrès pour qu'il reconnaisse officiellement l'existence de la guerre ». Une session conjointe des chambres approuve par une majorité écrasante la déclaration de guerre. Les démocrates soutiennent la guerre à une écrasante majorité, 67 Whigs votent contre lors d'un amendement, mais au vote final seuls 14 Whigs votent non[4], y compris le représentant Abraham Lincoln qui précise que ce n'est pas le sol américain, mais un territoire convoité par deux pays. Le Sénat américain vota dans le même sens par 40 voix contre 2. Les États-Unis déclarent la guerre au Mexique le 13 mai 1846, le Mexique la déclarera le 23 mai.

Les Whigs du Nord et du Sud sont en général opposés à la guerre, alors que les démocrates, pour la plupart, la soutiennent. Abraham Lincoln (du Parti whig) conteste les causes de la guerre et demande à quel endroit exactement Thornton a été attaqué et le sang américain versé.

« Cette guerre est indéfinissable », déclare le dirigeant du Parti whig, Robert Toombs de Géorgie. « Nous accusons le président d'usurper le droit de faire la guerre… en se saisissant d'un territoire […] qui depuis des siècles appartient aux Mexicains […] Contrôlons ce désir de domination. Nous avons bien assez de territoire, quand même le Ciel le sait. » [Beveridge 1:417]

Après la déclaration de guerre, les troupes des États-Unis envahissent le Mexique sur deux fronts principaux. Le département de la Guerre des États-Unis envoie des troupes de cavalerie commandées par Stephen W. Kearny pour envahir l'Ouest du Mexique depuis Fort Leavenworth, renforcé par la flotte du Pacifique sous les ordres de John D. Sloat. Le but premier est ici de contrecarrer les Britanniques qui auraient pu être tentés d'occuper ce territoire. Deux autres forces, l'une commandée par John E. Wool et l'autre par Taylor, reçoivent l'ordre d'occuper le Mexique jusqu'à la ville de Monterrey.

Les opérations en Californie

La carte des opérations de la guerre américano-mexicaine.

Lorsque la guerre est déclarée le 13 mai 1846, l'ordre de guerre n'arrive en Californie qu'après deux mois, à la mi-juillet 1846. Le consul américain de Monterey, Thomas O. Larkin (en), après avoir entendu les rumeurs de la déclaration de guerre, essaie de conserver la paix entre les Américains et la petite garnison mexicaine commandée par José Castro. L'explorateur, militaire et cartographe John Charles Frémont arrive en Californie en décembre 1845 avec une soixantaine d'hommes bien armés, et se dirige vers l'Oregon lorsqu'il reçoit la nouvelle de l'imminence de la guerre contre le Mexique[5]. Ayant entendu des rumeurs selon lesquelles les autorités mexicaines veulent arrêter tous les Américains, 30 colons se révoltent et s'emparent de la garnison de Sonoma. Ils hissent le Bear Flag de la république de Californie à Sonoma le 15 juin 1846. Le 23 juin, Frémont arrive avec ses troupes et prend le commandement des deux forces[6].

Le Commodore John D. Sloat.

Le commodore John Drake Sloat ordonne dès lors à ses forces navales d'occuper Yerba Buena (San Francisco) le 7 juillet 1846 et d'y hisser le drapeau américain. Le 15, Sloat cède le commandement à Robert Field Stockton, un chef plus agressif. Le 19 juillet, la guerre est officiellement déclarée. Les forces américaines prennent alors rapidement le contrôle sur la Californie, en à peine quelques jours.

Le gouverneur mexicain fuit Los Angeles. Lorsque les forces de Stockton entrent dans la ville le 13 août 1846, la conquête de la Californie semble complète et ne pas avoir coûté de vie. Stockton, cependant, laisse trop peu d'hommes dans la ville et les Californiens, de leur propre initiative et sans l'aide du Mexique, forcent la garnison à se retirer vers la fin du mois de septembre. Les renforts envoyés par Stockton sont repoussés au cours d'une petite bataille à San Pedro.

Finalement, les forces de Stockton et d'un général, Kearny, entrent à Los Angeles sans résistance le 10 janvier 1847. Trois jours plus tard, la « capitulation de Cahuenga » voit la reddition du dernier corps armé de Californiens au lieutenant-colonel Frémont. La révolte californienne se clôture ainsi.

La guerre dans le Nord du Mexique

Le général américain Zachary Taylor, futur président des États-Unis.

Les défaites de Palo Alto et Resaca de la Palma causent une agitation politique au Mexique, agitation que Antonio López de Santa Anna utilise pour relancer sa carrière politique et revenir de son exil à Cuba. Il promet aux Américains que s'ils lui permettent de franchir leur blocus, il négocierait une conclusion pacifique à la guerre et qu'il vendrait les territoires du Nouveau-Mexique et de Californie aux États-Unis. Dès son arrivée au Mexique, cependant, il se renie et offre ses talents militaires au gouvernement mexicain. Dès qu'il est nommé général, il renie à nouveau sa parole, cette fois envers son gouvernement, et se saisit de la présidence.

Une force importante conduite par Taylor traverse le Río Grande (Rio Bravo), non sans quelques difficultés pour se procurer les embarcations nécessaires à la traversée. Elle occupe les villes de Matamoros, puis Camargo (en) et se dirige ensuite vers le sud et assiège la ville de Monterrey. La bataille de Monterrey est une dure bataille sanglante durant laquelle les deux camps déplorent de lourdes pertes entre les 21 et 23 septembre 1846.

À l'issue de cette bataille, Taylor accepte d'autoriser l'armée mexicaine à évacuer Monterrey et consent à un armistice de 8 semaines en échange de la reddition de la ville. Sous la pression de Washington, Taylor rompt l'armistice et occupe la ville de Saltillo, au sud de Monterrey. Santa Anna reproche à Ampudia la perte de Monterrey et Saltillo et le rétrograde à la tête d'un petit bataillon d'artillerie.

Le 22 fĂ©vrier 1847, Santa Anna, en personne, marche sur le nord pour y combattre Taylor avec 20 000 hommes. Taylor s'est retranchĂ© sur un col, près d'une hacienda, appelĂ©e Buena Vista, avec 4 600 hommes. Dans sa marche vers le nord, Santa Anna a dĂ» faire face Ă  nombre de dĂ©sertions et arrive avec seulement 15 000 hommes Ă©puisĂ©s. Il exige et se voit refuser la reddition des AmĂ©ricains le soir de son arrivĂ©e, puis attaque le matin suivant. Santa Anna attaque par le flanc les positions amĂ©ricaines avec sa cavalerie et quelques fantassins sur le terrain escarpĂ© sur l'un des cĂ´tĂ©s du col, alors qu'une division d'infanterie attaque de front sur la route menant Ă  Buena Vista.

S'ensuit une furieuse bataille durant laquelle les Américains sont proches de la déroute, mais sauvés par des salves d'artillerie contre les assaillants mexicains commandées par le capitaine Braxton Bragg, et grâce à la charge des cavaliers du Mississippi Riflemen sous les ordres de Jefferson Davis. Ayant subi de très fortes pertes, Santa Anna se retire durant la nuit, laissant à Taylor le contrôle du Nord du Mexique. Taylor utilisera plus tard la bataille de Buena Vista comme pièce maîtresse de sa victorieuse campagne présidentielle de 1848.

La campagne de Scott

Le général américain Winfield Scott.

Plutôt que de renforcer l'armée de Taylor afin de poursuivre son avance, le président Polk envoie une seconde armée commandée par le général Winfield Scott, qui arrive par la mer au port de Veracruz, afin d'envahir le cœur du Mexique. Polk ne croit plus en Taylor qui démontre son incompétence lors de la bataille de Monterrey en acceptant un armistice.

Le , Scott effectue le premier dĂ©barquement amphibie de l'histoire des États-Unis afin d'entreprendre le siège de Veracruz. Un groupe de 12 000 volontaires et de troupes rĂ©gulières dĂ©chargent munitions, vivres et chevaux près de la citĂ© fortifiĂ©e (dans ces troupes, on trouve un certain Robert E. Lee et George G. Meade). La ville est dĂ©fendue par le gĂ©nĂ©ral Juan Morales Ă  la tĂŞte de 3 400 hommes. Mortiers et canons de marine (sous les ordres du commodore Matthew C. Perry) sont utilisĂ©s pour dĂ©truire les murs de la ville et harceler ses dĂ©fenseurs. La citĂ© rĂ©pond de son mieux avec sa propre artillerie. Le puissant barrage d'artillerie dĂ©fait la volontĂ© des Mexicains de rĂ©sister Ă  des troupes très supĂ©rieures en nombre. Après un cessez-le-feu Ă©tabli le , la ville se rend officiellement le 29 mars 1847. Les AmĂ©ricains dĂ©plorent 80 victimes, alors que du cĂ´tĂ© mexicain on compte environ 180 morts et blessĂ©s dont la moitiĂ© sont des civils. Durant le siège, du cĂ´tĂ© amĂ©ricain, des hommes commencent Ă  tomber, victimes de la fièvre jaune.

Scott marche alors vers l'ouest, en direction de Mexico avec 8 500 hommes en bonne santĂ©, alors que Santa Anna prĂ©pare une position dĂ©fensive dans un canyon le long de la route, Ă  mi-chemin de Mexico, près du hameau de Cerro Gordo. Santa Anna a mis 12 000 hommes et de l'artillerie dans des tranchĂ©es sur la route oĂą il espère voir apparaĂ®tre Scott. Cependant le 18 avril Scott a envoyĂ© en Ă©claireur une troupe de 2 600 dragons et le tir prĂ©maturĂ© de l'artillerie mexicaine rĂ©vèle la position mexicaine.

Nicolás Bravo, futur président du Mexique.

PlutĂ´t que de suivre la route, les troupes de Scott passent donc Ă  travers un terrain escarpĂ© vers le nord oĂą elles installent l'artillerie sur les hauteurs et attaquent les Mexicains par leur flanc. Santa Anna et ses troupes ne se sont pas prĂ©parĂ©s Ă  une telle Ă©ventualitĂ©, l'armĂ©e mexicaine est en dĂ©route. Les AmĂ©ricains comptent 400 victimes, alors que les Mexicains en comptent plus de 1 000 et que 3 000 d'entre eux sont faits prisonniers.

En mai, Scott attaque Puebla, alors la seconde plus grande ville du Mexique, qui capitule le 15 mai, sans combattre car ses habitants conservateurs et catholiques sont hostiles à Santa Anna et lui ont refusé toute aide.

Dans la seconde partie du mois d'aoĂ»t, les troupes amĂ©ricaines reprennent leur progression vers Mexico, Ă  San Antonio, elles se retrouvent devant une position fortifiĂ©e oĂą les attendent Santa Anna et quelque 20 000 hommes.

Les troupes américaines avancent alors vers l'ouest de Mexico, là elles affrontent les troupes de Nicolás Bravo lors de la bataille de Chapultepec, les 12 et 13 septembre. Ensuite, le 14 septembre 1847, la capitale s'offre à eux, sans plus de résistance, mais durant trois jours, des soulèvements se produisent et le , le général Santa Anna hisse le drapeau blanc et s'avoue vaincu.

Épilogue

Par le traité de Guadalupe Hidalgo signé le , le Mexique cède aux États-Unis le Texas, la Californie, l'Utah, le Nevada, le Colorado, le Wyoming, le Nouveau-Mexique, et l'Arizona (la moitié de leur territoire), pour 15 millions de dollars[7] de l'époque, ce qui équivaut à environ 600 millions de dollars de l'an 2000. Ce traité met fin aux hostilités, mais est très humiliant pour les Mexicains.

Combattants

Bien qu'environ 13 000 soldats amĂ©ricains soient morts pendant cette guerre, seuls 1 700 d'entre eux ont Ă©tĂ© tuĂ©s au combat, les autres pĂ©rissant de maladies. Les pertes mexicaines ont Ă©tĂ© estimĂ©es Ă  25 000 victimes.

Les facteurs qui contribuèrent à la défaite du Mexique furent l'infériorité de ses armes et le corps médical peu efficace, qui était essentiellement composé des femmes des soldats. L'armée mexicaine utilisait des mousquets britanniques datant des guerres napoléoniennes alors que les troupes américaines étaient munies des tout derniers fusils produits aux États-Unis. De plus, les Mexicains étaient entraînés à tirer en tenant leur mousquet à hauteur de hanche alors que les Américains tenaient leur fusil à l'épaule, visant leur cible le long du canon de l'arme. Les Américains étaient par ailleurs plus nombreux.

L'armée mexicaine fut plus fragile que l'armée américaine du fait de conflits internes. À Buena Vista, l'armée mexicaine fut impressionnante et attaqua l'armée du général Zachary Taylor. Malgré de nombreuses pertes humaines, elle resta nettement supérieure, les jeunes Américains battant en retraite. Le général Jefferson Davis contre-attaqua et alors que la victoire semblait promise à Santa Anna, le lendemain de la bataille, le camp mexicain était désert.

Il est important de souligner que pour des causes religieuses, de nombreux catholiques américains désertèrent les rangs américains afin de combattre du côté mexicain.

Conséquences

Antonio LĂłpez de Santa Anna.

Le Mexique perdit un territoire de 1 300 000 km2, mais la guerre provoqua un sentiment d'unitĂ© nationale qui avait fait dĂ©faut depuis la fin de la guerre d'indĂ©pendance du Mexique en 1821.

La guerre permit aussi l'émergence d'une nouvelle classe politique au Mexique remettant en cause la mainmise de Santa Anna, discrédité par sa défaite, sur le pouvoir. Cette classe politique montante proclame une république libérale en 1857. Un des premiers actes de cette république sera de promulguer différentes lois qui favoriseront la colonisation des États du Nord du Mexique, vastes et peu peuplés, afin d'éviter toute nouvelle perte de territoires.

Le Mexique avait cédé aux États-Unis les territoires de la Californie et du Nouveau-Mexique : les États actuels de l'Arizona, du Colorado, de la Californie, du Nevada, du Nouveau-Mexique et de l'Utah. L'ironie du sort voulut qu' un an à peine après la perte du territoire, on trouva en Californie l'or que la Nouvelle-Espagne avait cherché en vain depuis le XVIe siècle.

Les territoires annexĂ©s Ă©taient habitĂ©s par environ 1 000 familles mexicaines en Californie et 7 000 au Nouveau-Mexique. Quelques-unes rentreront au Mexique, mais la plupart resteront et leurs membres deviendront des citoyens amĂ©ricains.

Un mois avant la fin du conflit, Polk fut blâmé par un amendement de la Chambre des représentants déposé par le général Zachary Taylor pour « une guerre inutile et inconstitutionnelle ordonnée par le président des États-Unis. » Cette critique, dans laquelle le représentant Abraham Lincoln joua un rôle important, suivait un examen minutieux des débuts de la guerre par le Congrès[8] - [9]. Le vote suivit les lignes du parti et les Whigs soutinrent l'amendement. L'attaque de Lincoln causa du tort à sa carrière politique en Illinois, où la guerre était populaire, et il ne put s'y présenter pour sa réélection.

Dans la plus grande partie des États-Unis, la victoire et l'acquisition de nouveaux territoires exacerba le patriotisme (le pays avait également acquis la moitié sud de l'Oregon Country en 1846 par un traité avec le Royaume-Uni). La victoire renforça chez les Américains le sentiment de destinée manifeste de leur pays.

Alors que le Whig Ralph Waldo Emerson rejetait la guerre « comme moyen d'atteindre les destinées de l'Amérique », il acceptait que « la plupart des grands destins de l'histoire soient obtenus par des moyens indignes ». Bien que les Whigs se fussent opposés à la guerre, ils firent de Zachary Taylor leur candidat à l'élection présidentielle de 1848, vantant ses réussites militaires alors qu'ils taisaient leurs critiques sur la guerre elle-même.

La guerre avait été largement soutenue par les démocrates et rejetée par les Whigs. Les abolitionnistes du Nord voyaient souvent en la guerre une tentative des esclavagistes d'étendre l'esclavage et d'assurer leur influence sur le gouvernement fédéral. Henry David Thoreau écrivit Civil Disobedience (La Désobéissance civile) et refusa de payer des impôts destinés à soutenir la guerre. L'ancien président John Quincy Adams exprima également son opinion selon laquelle la guerre visait à étendre l'esclavage. En 1846, le représentant démocrate David Wilmot déposa le Wilmot Proviso visant à interdire l'esclavage dans tous les nouveaux territoires gagnés sur le Mexique. La proposition de Wilmot fut rejetée, mais elle attisa la querelle entre les factions.

Ulysses S. Grant, futur président des États-Unis.

Dans les années 1880, Ulysses S. Grant, qui avait servi sous les ordres de Scott, disait qu'il s'était agi d'une guerre diabolique qui avait amené le courroux de Dieu sur les États-Unis et dont le châtiment fut la guerre civile :

« La rébellion du Sud fut l'avatar de la guerre avec le Mexique. Nations et individus sont punis de leurs transgressions. Nous reçûmes notre châtiment sous la forme de la plus sanguinaire et coûteuse guerre des temps modernes[10]. »

Nombre de généraux qui combattront lors de la guerre de Sécession s'étaient battus lors de celle-ci, parmi eux Grant, George McClellan, Ambrose Burnside, Stonewall Jackson, James Longstreet, George G. Meade, et Robert E. Lee, aussi bien que le futur président confédéré, Jefferson Davis.

Dans le parc de Chapultepec à Mexico, le monument des Niños Héroes (en) (cadets héroïques) commémore le sacrifice de six cadets (âgés de 13 à 19 ans), qui se battirent jusqu'à la mort plutôt que de se rendre aux envahisseurs américains lors de la bataille de Chapultepec le . Le 5 mars 1947, cent ans après la bataille, le président des États-Unis Harry S. Truman déposa une couronne sur le monument et y observa une minute de silence.

Chronologie

1846
1er janvierLe président Polk ordonne au général Zachary Taylor de marcher vers le Río Grande depuis le Rio Nueces.
24 avrilL'affaire Thornton, les premiers morts américains de la guerre (casus belli).
3 - 9 maiSiège de Fort Texas.
8 maiBataille de Palo Alto.
9 maiBataille du Resaca de la Palma.
11 maiLe président Polk dépose la déclaration de guerre au Congrès.
13 maiLes États-Unis déclarent la guerre au Mexique.
4 juilletLe capitaine John C. Fremont proclame l'indépendance de la Californie.
7 juilletLe commodore John D. Sloat prend la ville de Monterey (Californie).
8 juilletSloat se saisit de Yerba Buena (l'actuel San Francisco).
20 - 24 septembreBataille de Monterrey.
7 octobreBataille de Dominguez Rancho.
16 novembreBataille de Natividad.
6 décembreBataille de San Pasqual.
25 décembreBataille d'El Brazito (en).
1847
2 janvierBataille de Santa Clara (en).
8 janvierBataille de Rio San Gabriel (en).
9 janvierBataille de La Mesa (en).
24 janvier
Bataille de Cañada (en).
Bataille de Mora (en).
29 janvierBataille de Embudo Pass (en).
3 - 4 févrierSiège de Pueblo de Taos (en).
23 févrierBataille de Buena Vista.
28 févrierBataille de Sacramento (en).
9 - 29 marsSiège de Veracruz.
18 avrilBataille de Cerro Gordo.
15 maiLes forces américaines prennent Puebla.
6 juinÀ Las Vegas (Nouveau-Mexique), Stephen W. Kearny revendique le Nouveau-Mexique au nom des États-Unis.
12 juilletCombat du Rio Calaboso.
19 - 20 août
Bataille de Contreras.
Bataille de Churubusco.
8 septembreBataille de Molino del Rey.
13 septembreBataille de Chapultepec.
13 - 15 septembreBataille de Mexico.
14 septembre - 12 octobreSiège de Puebla (1847).
17 septembreCapitulation du général Santa Anna.
9 octobreBataille de Huamantla.
19 octobreCombat d'Atlixco (en).
11 novembrePrise de Mazatlán (en).
1848
2 févrierTraité de Guadalupe Hidalgo.
16 marsCombat de Santa Cruz de Rosales (en) (Price occupe la ville ignorant que la paix a été signée).
30 marsCombat de Todos Santos (les derniers coups de feu du conflit).
1849
Début de la ruée vers l'or.
1854
Santa Anna vend l'Arizona du Sud pour 10 millions de dollars et se fait chasser du pouvoir.

Bibliographie

  • (en) Justin Harvey Smith, The War with Mexico, Macmillan, .
  • (en) Personal Memoirs of Ulysses S. Grant sur le Project Gutenberg.
  • James Polk, Polk: The Diary of a President, 1845-1849, Covering the Mexican War, the Acquisition of Oregon, and the Conquest of California and the Southwest, Ă©ditĂ© par Allan Nevins (1929).
  • David Nevin, The Mexican War, Time Life Books, NY, 1978 (ISBN 0-8094-2302-2)
  • K. Jack Bauer, The Mexican-American War 1846-48, NY, Macmillan, 1974 (ISBN 0-02-507890-9).
  • James Carlos Blake, CrĂ©puscule Sanglant, 1997.
  • Robert Selph Henry, The story of the Mexican War, Da Capo Press, 1989 (ISBN 0-306-80349-6).
  • Elliott Arnold, Le Temps des Gringos, PhĂ©bus, (ISBN 978-2859405809).
  • Roxanne Dunbar-Ortiz, Contre-histoire des États-Unis, Wildproject, coll. « Le Monde Qui Vient », , 323 p. (ISBN 978-2-918490-68-5 et 2-918490-68-7)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Filmographie

  • (fr) DVD The History Channel, L'histoire du Mexique de la conquĂŞte de l'or Ă  la rĂ©volution, Paris en 2001, durĂ©e 100 min. (2 volumes).

Notes et références

  1. "Robert E. Lee - La légende sudiste", chap. 4, pp. 70 à 91, Vincent Bernard, éd. Perrin, 2014
  2. Robert Lacour-Gayet, Histoire des États-Unis.
  3. Frank Browning et John Gerassi, Histoire criminelle des États-Unis, Nouveau monde, , p. 235.
  4. Howard Zinn, Une Histoire populaire des États-Unis, 1980, Trad.fr. Agone 2002, p. 178.
  5. Captain John Charles Fremont and the Bear Flag Revolt.
  6. California Battalion.
  7. Philippe Jacquin, Daniel Royot, Go West! Histoire de l'Ouest américain d'hier à aujourd'hui, Paris, Flammarion, 2002 (ISBN 2-08-211809-6), p. 87.
  8. Congressional Globe, 30th Session (1848) p. 93-95.
  9. House Journal, 30th Session (1848) p. 183-184.
  10. Personal Memoirs of General U. S. Grant.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.