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Ulysses S. Grant

Ulysses S. Grant, né Hiram Ulysses Grant le à Point Pleasant et mort le à Wilton, est un homme d'État américain, 18e président des États-Unis mais il est également largement connu pour avoir commandé les armées unionistes durant la guerre de sécession. Après une brillante carrière militaire, il fut élu président en 1868. Sa présidence fut marquée par ses tentatives visant à intégrer davantage les anciens États confédérés dans l'Union, à éliminer les vestiges du nationalisme sudiste et à protéger les droits des Afro-Américains. La fin de son mandat fut néanmoins ternie par les dissensions du Parti républicain, la panique bancaire de 1873 et la corruption de son administration.

Ulysses Grant
Illustration.
Ulysses S. Grant dans les années 1870.
Fonctions
18e président des États-Unis
–
(8 ans)
Élection 3 novembre 1868
RĂ©Ă©lection 5 novembre 1872
Vice-président Schuyler Colfax (1869-1873)
Henry Wilson (1873-1875)
Aucun (1875-1877)
Gouvernement Administration Grant
Prédécesseur Andrew Johnson
Successeur Rutherford B. Hayes
Commandant en chef de l'Armée de terre des États-Unis
–
(4 ans, 11 mois et 23 jours)
Prédécesseur Henry W. Halleck
Successeur William T. Sherman
Biographie
Nom de naissance Hiram Ulysses Grant
Date de naissance
Lieu de naissance Point Pleasant (Ohio, États-Unis)
Date de décès
Lieu de décès Wilton (État de New York, États-Unis)
Nature du décès cancer de la gorge
Sépulture Grant's Tomb (État de New York, États-Unis)
Nationalité Américain
Parti politique Parti républicain
Conjoint Julia Grant (1848-1885)
Diplômé de Académie militaire de West Point
Religion MĂ©thodiste

Signature de Ulysses Grant

Ulysses S. Grant
Présidents des États-Unis
Général Ulysses S. Grant
Ulysses S. Grant
Lieutenant-général Ulysses S. Grant entre 1863 et 1866.

Surnom
  • "Unconditional Surrender"[1]
  • "The Butcher"
  • "Uncle Sam"
  • "Sam"
Origine États-Unis
Allégeance Drapeau des États-Unis États-Unis
Grade Lieutenant général
(1863)
General
(1866)
General of the Armies
(posthume)
Années de service 1844
Commandement • 21ème régiment d'infanterie volontaire de l'Illinois
• Armée du Tennessee
• Division militaire du Mississippi
• Union Army
• US Army
Faits d'armes Guerre américano-mexicaine :
• bataille du Resaca de la Palma
• bataille de Monterrey
• bataille de Chapultepec
Guerre de SĂ©cession :
• bataille de Belmont
• bataille de Fort Henry
• bataille de Fort Donelson
• bataille de Shiloh
• bataille de Champion Hill
• siège de Vicksburg
• bataille de Chattanooga
• bataille de la Wilderness
• bataille de Spotsylvania
• bataille de Cold Harbor
• siège de Petersburg
• bataille d'Appomattox Court House

Né dans l'Ohio, Grant s'orienta rapidement vers une carrière militaire et il fut diplômé de l'académie militaire de West Point en 1843. Il participa à la guerre américano-mexicaine de 1846-1848 et au début de la guerre de Sécession en 1861, il rejoignit l'armée de l'Union. L'année suivante, il fut promu major-général et son commandement victorieux à la bataille de Shiloh lui valut une réputation de commandant agressif. En , il s'empara de Vicksburg et le contrôle unioniste du Mississippi coupa la Confédération en deux. Après la bataille de Chattanooga en , le président Abraham Lincoln le promut lieutenant-général avec autorité sur toutes les armées de l'Union. En 1864, il coordonna une série de sanglantes batailles (Overland Campaign) qui permirent d'isoler le général sudiste Robert E. Lee à Petersburg. Après la prise de la capitale confédérée de Richmond, la Confédération s'effondra et Lee se rendit à Appomattox en pour signer la fameuse reddition d'Appomattox (ou reddition de Lee) qui marqua la capitulation de l'Armée de Virginie du Nord, principale armée confédérée.

Considéré comme le sauveur de l'Union et comme un véritable héros de guerre, Grant fut facilement choisi par la convention républicaine pour briguer la présidence et il remporta aisément l'élection. Durant cette période appelée la « Reconstruction », il s'efforça d'apaiser les tensions provoquées par la guerre de Sécession. Il encouragea l'adoption du 15e amendement de la Constitution garantissant les droits civiques des Afro-Américains et fit appliquer fermement ses dispositions dans le Sud, notamment en faisant appel à l'armée. Les démocrates reprirent néanmoins le contrôle des législatures sudistes dans les années 1870 et les Afro-Américains furent écartés du jeu politique pendant près d'un siècle. En politique étrangère, le secrétaire d'État Hamilton Fish régla la question des réclamations de l'Alabama avec le Royaume-Uni et évita que l'affaire Virginius ne dégénère avec l'Espagne. En 1873, la popularité de Grant s'effondra en même temps que l'économie américaine qui était frappée par la première crise industrielle de son histoire. Ses mesures furent globalement inefficaces et la dépression dura jusqu'au début des années 1880. En plus des difficultés économiques, son second mandat fut marqué par les scandales au sein de son gouvernement et deux membres de son cabinet furent accusés de corruption.

Après avoir quitté ses fonctions, Grant se lança dans un tour du monde de deux ans et tenta sans succès d'obtenir la nomination républicaine pour l'élection présidentielle de 1880. Ses mémoires, rédigées alors qu'il souffrait d'un cancer de la gorge, connurent un large succès critique et populaire et plus d'1,5 million de personnes assistèrent à ses funérailles. Admiré après sa mort, les évaluations historiques de sa présidence sont néanmoins devenues très défavorables en raison de la corruption de son administration ; son engagement en faveur des droits civiques et son courage dans la lutte contre le Ku Klux Klan sont cependant reconnus.

Jeunesse

Photographie d'une petite maison en bois aux murs blancs
Maison natale de Grant Ă  Point Pleasant en 2007.

Hiram Ulysses Grant est né à Point Pleasant dans l'Ohio le .

Il était le premier enfant de Jesse Root Grant, un tanneur et homme d'affaires, et d'Hannah (Simpson) Grant[2]. Sa grand-mère paternelle Suzanna Delano d'origine wallonne, était la petite-fille de Jonathan Delano (1647-1720), 7e enfant de Philippe de La Noye (1602-1681), issu de l'illustre Maison de Lannoy du Brabant wallon, l’un des passagers du Fortune qui accosta à Plymouth en novembre 1621, rejoignant les premiers colons du Mayflower. La descendance de l'oncle paternel de Suzanna, Thomas Delano (né en 1704), donnera quelques décennies plus tard un autre président aux États-Unis, Franklin Delano Roosevelt[3] - [4] - [5].

À l'automne 1823, la famille s'installa dans le village de Georgetown dans le comté de Brown. Ses parents étaient méthodistes mais il ne fut jamais baptisé ou forcé de se rendre à l'église[6]. L'un de ses biographes suggère que Grant hérita son caractère introverti de sa mère réservée voire « particulièrement indifférente » ; elle ne se rendit d'ailleurs jamais à la Maison-Blanche lors de la présidence de son fils[7]. Grant développa très tôt un contact familier avec les chevaux et devint un cavalier émérite[8].

Alors que Grant avait 17 ans, le reprĂ©sentant Thomas L. Hamer de l'Ohio lui proposa d'intĂ©grer l'acadĂ©mie militaire de West Point. Hamer Ă©crivit cependant son nom comme « Ulysses S. Grant de l'Ohio » en utilisant l'initiale du nom de jeune fille de sa mère. Grant adopta malgrĂ© tout ce nom Ă  l'acadĂ©mie mĂŞme si pour lui, le « S » n'avait aucune signification. Il reçut le surnom de « Sam » car ses initiales « U. S. » Ă©taient Ă©galement celles d'Uncle Sam[9] - [10]. Ce surnom lui a Ă©tĂ© donnĂ© par William T. Sherman, un cadet de 3 ans son aĂ®nĂ©, avec d'autres Ă©lèves officiers. Le surnom "United States" est aussi apparu mais c'est bien "Sam" qui restera son surnom Ă  vie[11]. La nomination de Grant Ă  West Point fut facilitĂ©e par les relations de sa famille mais il indiqua par la suite qu'« une vie militaire n'avait aucun attrait pour [lui][12] ». Il Ă©crivit Ă©galement qu'il Ă©tait un Ă©lève peu assidu mais il excella en mathĂ©matiques et en gĂ©ologie[13]. Il gagna une rĂ©putation d'excellent cavalier et Ă©tablit un record en saut d'obstacles qui ne fut battu que 25 ans plus tard[13]. Il fut diplĂ´mĂ© en 1843 en arrivant 21e sur une promotion de 39 Ă©lèves. Grant fut heureux de quitter West Point et envisageait de quitter l'armĂ©e Ă  la fin de son service militaire[14]. MalgrĂ© ses talents de cavalier, il ne fut pas assignĂ© Ă  une unitĂ© de cavalerie car les affectations Ă©taient dĂ©terminĂ©es par le classement et non par l'aptitude[13]. Grant devint ainsi quartier-maĂ®tre responsable de l'approvisionnement et des Ă©quipements dans le 4e rĂ©giment d'infanterie avec le grade de sous-lieutenant[13] - [15].

Première carrière militaire

Après la fin de ses études, Grant fut affecté en aux Jefferson Barracks près de Saint-Louis dans le Missouri[16]. Il s'agissait du plus grand camp militaire dans l'Ouest et il était commandé par le colonel Stephen W. Kearny. Grant s'entendait bien avec son commandant mais il envisageait toujours de quitter l'armée pour mener une carrière dans l'enseignement[17]. Il profita de ses permissions pour rendre visite à la famille de son ancien camarade de West Point, Frederick Dent, dans le Missouri et se rapprocha de sa sœur, Julia ; ils se fiancèrent secrètement en 1844[17].

Esquisse d'un jeune homme aux cheveux mi-longs en uniforme militaire
Portrait de Grant en 1843

Les tensions entre les États-Unis et le Mexique concernant le Texas s'accrurent en 1845 et l'unité de Grant fut redéployée en Louisiane au sein de l'armée d'Observation du major-général Zachary Taylor[18]. Lorsque la guerre américano-mexicaine éclata en 1846, l'armée américaine envahit le Mexique. Mécontent de ses responsabilités de quartier-maître, Grant rejoignit le front et participa à la bataille du Resaca de la Palma[19]. En , il démontra ses talents de cavalier à la bataille de Monterrey en portant une dépêche à travers la ville sous les tirs ennemis[20] - [21]. Le président américain James K. Polk, inquiet de la popularité grandissante de Taylor, divisa l'armée et affecta quelques unités dont celles de Grant à une nouvelle armée commandée par le major-général Winfield Scott[22]. Cette armée débarqua à Veracruz au printemps 1847 et avança vers la capitale Mexico. À Chapultepec, Grant déploya un obusier dans le clocher d'une église pour bombarder les troupes mexicaines[23]. L'armée américaine entra dans Mexico quelques jours plus tard en et les Mexicains demandèrent une trêve peu après.

Dans ses mémoires, Grant écrivit qu'il apprit beaucoup du commandement en observant ses supérieurs et s'identifia rétrospectivement au style de Taylor. À l'époque, il considérait néanmoins que la guerre avait été injuste et estimait que les gains territoriaux américains étaient destinés à étendre l'esclavage vers l'ouest ; en 1883, il écrivit : « J'étais farouchement opposé au projet et, jusqu'à ce jour, je considère la guerre comme l'une des plus injustes jamais menées par une nation puissante contre une faible ». Il estima également que la guerre de Sécession fut la punition de l'agression américaine du Mexique[24].

Le , Grant et Julia se marièrent après quatre ans de fiançailles[25]. Ils eurent quatre enfants : Frederick (1850-1912), Ulysses Jr. (« Buck ») (1852-1929), Ellen (« Nellie ») (1855-1922) et Jesse (1858-1934)[26]. Grant fut affectĂ© Ă  diverses unitĂ©s dans les six annĂ©es qui suivirent. Ses premières affectations après la guerre furent Ă  DĂ©troit dans le Michigan et Ă  Sackets Harbor dans l'État de New York, une assignation qui plut particulièrement au couple[27]. Au printemps 1852, il se rendit Ă  Washington, pour demander sans succès au Congrès d'annuler un dĂ©cret exigeant, qu'en tant que quartier-maĂ®tre, il rembourse 1 000 dollars (environ 30 700 $ de 2012[28]) d'Ă©quipements perdus pour lesquelles il ne portait aucune responsabilitĂ© personnelle[29]. Il fut envoyĂ© en 1852 Ă  Fort Vancouver dans le territoire de l'Oregon Ă  l'apogĂ©e de la ruĂ©e vers l'or en Californie. Julia ne pouvait pas l'accompagner car elle Ă©tait enceinte de huit mois avec leur second enfant[30]. Le trajet maritime jusqu'en Californie fut compliquĂ© par les difficultĂ©s logistiques et une Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra lors de la traversĂ©e terrestre de l'isthme de Panama. Grant mit en application ses talents organisationnels pour crĂ©er des dispensaires improvisĂ©s[31].

Pour compléter sa solde militaire, insuffisante pour soutenir sa famille, Grant se lança sans succès dans plusieurs activités commerciales et fut à une occasion escroqué par un partenaire[32]. L'échec de ces entreprises confirma l'opinion de Jesse Grant selon laquelle son fils n'avait pas d'avenir dans ce secteur d'activité et cela détériora les relations entre les deux hommes[33]. Grant devint de plus en plus déprimé par les ennuis financier et la séparation d'avec sa famille, et il commença à circuler qu'il s'était mis à boire avec excès[33].

À l'été 1853, Grant fut promu capitaine, l'un des cinquante en service actif, et fut assigné au commandement de la compagnie F du 4e régiment d'infanterie à Fort Humboldt près d'Eureka sur la côte californienne. Le commandant du fort, le lieutenant-colonel breveté Robert C. Buchanan, un strict adepte de la discipline, fut informé que Grant se soûlait à la table des officiers en dehors du service ; pour éviter un procès en cour martiale, il lui proposa de quitter l'armée. Grant accepta et il démissionna le . Le département de la Guerre indiqua sur ses documents que « rien ne nuit à son honorable nom[34] ». Les rumeurs continuèrent néanmoins à circuler sur son intempérance. Selon son biographe William S. McFeely, les historiens s'accordent sur le fait que son alcoolisme était à l'époque une réalité même s'il n'y avait aucun témoignage oculaire[35]. Des années plus tard, Grant écrivit que « le vice de l'intempérance n'a pas joué qu'un petit rôle dans [sa] décision de démissionner[36] - [37] ». Son père, qui continuait de croire en sa carrière militaire, essaya sans succès de convaincre le secrétaire à la Guerre, Jefferson Davis, d'annuler sa démission[38].

Vie civile

Photographie d'une cabane en rondins entourée d'herbes hautes
« Hardscrabble », la maison que Grant construisit pour sa famille dans le Missouri.

Ă€ 32 ans et sans vocation dans le civil, Grant connut plusieurs annĂ©es financièrement difficiles. Son père lui offrit un poste Ă  Galena dans l'Illinois dans une des succursales de son entreprise de tannerie Ă  condition que Julia et ses enfants restent avec ses parents dans le Missouri ou dans la famille Grant dans le Kentucky. Le couple s'opposa Ă  toute sĂ©paration et refusa la proposition[39]. En 1854, Grant s'installa en tant qu'agriculteur sur la propriĂ©tĂ© de son beau-frère près de Saint-Louis en utilisant les esclaves du père de Julia mais l'exploitation pĂ©riclita rapidement[39]. Deux annĂ©es plus tard, Grant et sa famille s'installèrent sur la ferme de son beau-père et il construisit une cabane en rondins rustique surnommĂ©e Hardscrabble (« MisĂ©rable ») que Julia dĂ©testa[39]. Durant cette pĂ©riode, il acheta au père de son Ă©pouse un esclave, William Jones, âgĂ© de 35 ans[40]. N'ayant toujours pas rencontrĂ© le succès en agriculture, le couple quitta la ferme après la naissance de son quatrième et dernier enfant en 1858 ; Grant affranchit son esclave en 1859 au lieu de le revendre Ă  une Ă©poque oĂą il aurait pu en tirer un bon prix alors qu'il avait dĂ©sespĂ©rĂ©ment besoin d'argent[40]. L'annĂ©e suivante, la famille acheta une petite maison Ă  Saint-Louis et Grant travailla sans grand succès en tant que collecteur des impĂ´ts avec un cousin de Julia[41]. En 1860, Jesse lui offrit Ă  nouveau un poste dans sa succursale de Galena mais sans conditions et il accepta. Le magasin appelĂ© « Grant & Perkins » vendait des harnais, des selles et d'autres produits en cuir fabriquĂ©s avec des peaux achetĂ©es localement[42].

Grant ne s'était jamais vraiment intéressé à la politique avant la guerre de Sécession[43]. Son père était un whig abolitionniste[44] tandis que son beau-père était un membre influent du parti démocrate dans le Missouri[45]. En 1856, il vota pour le candidat démocrate James Buchanan plus par opposition au candidat républicain, John C. Frémont, que par véritable enthousiasme[43]. À l'élection suivante, il préféra le candidat démocrate Stephen A. Douglas au républicain Abraham Lincoln et ce dernier au candidat démocrate dans le Sud, John C. Breckinridge. Durant la guerre, il se rapprocha des républicains radicaux et épousa complètement leur gestion agressive du conflit et leur volonté de mettre un terme à l'esclavage[46].

Guerre de SĂ©cession

Photographie d'un homme barbu en uniforme militaire. Il est assis et tient son sabre dans ses mains.
Photographie du brigadier-général Grant en 1861

La guerre de SĂ©cession Ă©clata le avec l'attaque confĂ©dĂ©rĂ©e de Fort Sumter Ă  Charleston en Caroline du Sud. Deux jours plus tard, Lincoln ordonna le recrutement de 75 000 volontaires. Étant le seul militaire professionnel de la rĂ©gion, Grant fut sollicitĂ© pour prĂ©sider un rassemblement Ă  cet effet Ă  Galena. Il participa au recrutement d'une compagnie de volontaires et l'accompagna Ă  la capitale Springfield. Le gouverneur de l'Illinois Richard Yates, Sr. lui offrit un poste de recruteur qu'il accepta mĂŞme s'il aurait prĂ©fĂ©rĂ© une fonction de commandement. Il contacta sans succès plusieurs officiers en ce sens dont le major-gĂ©nĂ©ral George B. McClellan. Dans le mĂŞme temps, Grant continua Ă  servir dans les camps d'entraĂ®nement et fit une forte impression sur les recrues. Avec le soutien du reprĂ©sentant Elihu B. Washburne de l'Illinois, il fut promu colonel par le gouverneur Yates le et affectĂ© au 21e rĂ©giment d'infanterie volontaire de l'Illinois. TransfĂ©rĂ© dans le Nord du Missouri, Grant fut nommĂ© brigadier-gĂ©nĂ©ral par Lincoln Ă  nouveau avec le soutien de Washburne[47]. Ă€ la fin du mois d'aoĂ»t, le major-gĂ©nĂ©ral John C. FrĂ©mont affecta Grant au district de Cairo dans le sud de l'Illinois. Il recouvra son Ă©nergie et sa confiance au dĂ©but du conflit[48] - [49] et se rappela par la suite avec une grande satisfaction qu'après le premier rassemblement de recrutement Ă  Galena : « je ne suis plus jamais retournĂ© dans la tannerie…[50] ». Il se montre favorable Ă  une stratĂ©gie agressive pour gagner la guerre, consistant Ă  infliger des pertes humaines massives Ă  l'armĂ©e confĂ©dĂ©rĂ©e[51].

Fort Henry et Fort Donelson

Campagne de Grant au début de l'année 1862 avec les batailles de Fort Belmont, de Fort Henry, de Fort Donelson et de Shiloh

Les troupes de Grant furent engagĂ©es pour la première fois non loin de Cairo Ă  proximitĂ© du confluent stratĂ©gique de l'Ohio, de la Cumberland, du Tennessee et du Mississippi[52]. L'armĂ©e confĂ©dĂ©rĂ©e du major-gĂ©nĂ©ral Leonidas Polk Ă©tait stationnĂ©e Ă  Columbus dans le Kentucky et FrĂ©mont demanda Ă  Grant de faire des dĂ©monstrations de force sans passer Ă  l'offensive[52]. Lorsque Lincoln limogea FrĂ©mont après qu'il eut instaurĂ© la loi martiale dans le Missouri, Grant attaqua les positions confĂ©dĂ©rĂ©es Ă  Fort Belmont avec 3 114 hommes. Il prit le fort mais en fut par la suite dĂ©logĂ© et repoussĂ© Ă  Cairo par les troupes du brigadier-gĂ©nĂ©ral Gideon Pillow. Bien que ce fĂ»t une dĂ©faite tactique, cette bataille renforça le moral de Grant et de ses hommes[53]. Il demanda alors au major-gĂ©nĂ©ral Henry W. Halleck l'autorisation d'attaquer Fort Henry sur la rivière Tennessee ; ce dernier accepta Ă  la condition que l'offensive soit supervisĂ©e par l'amiral Andrew Hull Foote. La coopĂ©ration Ă©troite des forces terrestres et navales permit Ă  Grant de prendre Fort Henry le ; cette prise fut d'autant plus facile que le fort Ă©tait presque submergĂ© par le fleuve en crue, et que ses dĂ©fenseurs Ă©taient en sous-effectifs[54]. Les troupes nordistes se tournèrent alors vers la fortification voisine de Fort Donelson sur la Cumberland, oĂą la rĂ©sistance fut plus forte[55]. Les premiers assauts des navires de Foote furent repoussĂ©s par les canons du fort oĂą se trouvaient 12 000 dĂ©fenseurs commandĂ©s par Pillow contre 25 000 assaillants menĂ©s par Grant. EncerclĂ©s, les ConfĂ©dĂ©rĂ©s tentèrent de rĂ©aliser une sortie et parvinrent Ă  repousser le flanc droit nordiste qui se replia en dĂ©sordre vers l'est[56]. Grant rassembla ses forces, restaura la situation et contre-attaqua sur le flanc gauche de Pillow qui fut contraint de revenir dans le fort oĂą il cĂ©da le commandement au brigadier-gĂ©nĂ©ral Simon Bolivar Buckner. Ce dernier se rendit le lendemain et les termes de la reddition de Grant furent largement repris au Nord : « Aucune condition autre qu'une capitulation sans condition et immĂ©diate ne saurait ĂŞtre acceptĂ©e[56] ». Grant gagna le surnom de Unconditional Surrender (« Reddition sans conditions ») et Abraham Lincoln le promut major-gĂ©nĂ©ral[57].

Shiloh

Le major-général Ulysses Simpson Grant vers 1862

L'avancĂ©e de Grant vers Fort Henry et Fort Donelson Ă©tait alors l'offensive la plus significative de l'Union sur le territoire de la ConfĂ©dĂ©ration. Son armĂ©e du Tennessee, forte de 48 894 hommes, s'Ă©tait retranchĂ©e sur la rive ouest du Tennessee et avec le brigadier-gĂ©nĂ©ral William T. Sherman, Grant se prĂ©parait Ă  attaquer la place-forte confĂ©dĂ©rĂ©e de Corinth dans le Mississippi[58]. Les ConfĂ©dĂ©rĂ©s s'attendaient Ă  cette offensive et frappèrent les premiers en attaquant le camp unioniste lors de la bataille de Shiloh le . Plus de 44 000 soldats confĂ©dĂ©rĂ©s menĂ©s par les gĂ©nĂ©raux Albert S. Johnston et P. G. T. de Beauregard participèrent Ă  cet assaut, dont l'objectif Ă©tait d'annihiler les troupes unionistes dans la rĂ©gion. Prises par surprise, les troupes de Grant furent progressivement repoussĂ©es vers le fleuve, et si les troupes ConfĂ©dĂ©rĂ©s n'avaient pas Ă©tĂ© trop Ă©puisĂ©es pour continuer le combat, celles de Grant auraient sans doute Ă©tĂ© dĂ©truites[59]. Évitant une dĂ©bandade, Grant et Sherman contre-attaquèrent le lendemain matin avec les unitĂ©s des major-gĂ©nĂ©raux Don Carlos Buell et Lew Wallace arrivĂ©es dans la nuit. Les troupes de Beauregard parvinrent Ă  s'Ă©chapper mais l'armĂ©e du Tennessee avait Ă©tĂ© sauvĂ©e[60] - [61].

Avec un total de près de 24 000 victimes dont 3 500 morts, cette bataille devint la plus sanglante du conflit, sans qu'aucun camp n'en ait tirĂ© un avantage stratĂ©gique. Grant nota par la suite que le carnage de Shiloh lui fit rĂ©aliser que la ConfĂ©dĂ©ration ne pourrait ĂŞtre vaincue que par la destruction complète de ses armĂ©es[62]. Si son commandement durant la bataille fut saluĂ©, son manque de prĂ©paratifs dĂ©fensifs fut aussi critiquĂ© et Halleck transfĂ©ra le commandement de l'armĂ©e du Tennessee au brigadier-gĂ©nĂ©ral George H. Thomas. Grant fut promu Ă  la fonction dĂ©nuĂ©e de pouvoir de commandant-en-second des armĂ©es de l'Ouest. Il envisagea alors Ă  nouveau de quitter l'armĂ©e mais en fut dissuadĂ© par Sherman[63]. Dans le mĂŞme temps, la lente progression de Halleck vers Corinth, de 30 kilomètres en un mois, permit Ă  toute l'armĂ©e confĂ©dĂ©rĂ©e de s'Ă©chapper. EnvoyĂ© par le secrĂ©taire Ă  la Guerre Edwin M. Stanton, Charles A. Dana interrogea Grant et rapporta Ă  Lincoln et Ă  Stanton que ce dernier semblait « garder son sang-froid et ĂŞtre impatient de combattre ». Lincoln replaça alors Grant Ă  la tĂŞte de l'armĂ©e du Tennessee[64].

Vicksburg

Gravure d'un groupe de soldats unionistes prenant d'assaut une position retranchée confédérée au sommet d'un talus.
Assaut nordiste durant le siège de Vicksburg ; gravure de 1883 de Thure de Thulstrup
Genéral U.S. Grant sur son cheval Cincinnati pendant le siège de Vicksburg.

Lincoln Ă©tait dĂ©terminĂ© Ă  prendre le bastion stratĂ©gique confĂ©dĂ©rĂ© de Vicksburg sur le Mississippi et autorisa le major-gĂ©nĂ©ral John A. McClernand Ă  lever une armĂ©e dans l'Illinois. Grant fut très déçu de ne pas recevoir d'ordres pour avancer et encore plus mĂ©content de ce qui semblait ĂŞtre une tentative pour l'Ă©carter. Selon son biographe William S. McFeely, cette frustration aurait Ă©tĂ© l'une des causes de son ordre gĂ©nĂ©ral no 11 du qui expulsait tous les Juifs des territoires sous son contrĂ´le en raison du marchĂ© noir du coton[65]. Lincoln demanda l'annulation de cet ordre, ce que Grant fit 21 jours plus tard en considĂ©rant qu'il n'avait fait que suivre les consignes de Washington. Selon un autre biographe, Jean E. Smith, cela fut l'un « des exemples les plus flagrants d'antisĂ©mitisme Ă©tatique de l'histoire amĂ©ricaine[66] ». Grant estimait que l'or, comme le coton, passait en contrebande Ă  travers le front et que les Juifs pouvaient passer facilement dans les camps adverses[67]. En 1868, il exprima ses regrets pour cet ordre ; en dehors de cet incident, ses opinions envers les Juifs ne sont pas connues[67].

En , Grant avança vers Vicksburg avec les majors-généraux James B. McPherson et Charles S. Hamilton et en coordination avec une offensive maritime commandée par Sherman. Les généraux sudistes Nathan B. Forrest et Earl Van Dorn retardèrent la progression unioniste en harcelant ses lignes de communication, tandis que l'armée confédérée du lieutenant-général John C. Pemberton repoussa l'attaque de Sherman à la bataille de Chickasaw Bayou[68].

Pour la seconde tentative de prendre Vicksburg, Grant réalisa sans succès une série de manœuvres le long du fleuve. Finalement en , les troupes unionistes progressèrent sur la rive ouest du Mississippi et traversèrent le fleuve avec les navires de David D. Porter. Ce mouvement fut facilité par les actions de diversion qui éloignèrent Pemberton. Après une série de batailles qui permirent la prise d'un nœud ferroviaire près de Jackson, Grant battit Pemberton lors de la bataille de Champion Hill. Deux assauts contre la forteresse de Vicksburg se soldèrent néanmoins par de lourdes pertes, et la bataille se transforma en un siège qui dura sept semaines. Alors que le siège débutait, Grant passa deux jours à boire[69]. Pemberton se rendit le [70] - [71]. Durant cette campagne, Grant se préoccupa des esclaves en fuite ou déplacés par les combats qui étaient menacés par les maraudeurs confédérés ; il les plaça sous la protection du brigadier-général John Eaton, qui les autorisa à travailler dans les plantations confédérées abandonnées pour soutenir l'effort de guerre.

La capture de Vicksburg permit à l'Union de prendre le contrôle de l'ensemble du cours du Mississippi et de couper la Confédération en deux. Même si ce succès renforça le moral des troupes unionistes et la position stratégique de l'Union, Grant fut critiqué pour ses décisions et pour sa propension à boire. Lincoln envoya à nouveau Dana pour garder un œil sur cette faiblesse du général ; Dana devint un ami proche de Grant, qui modéra par la suite cette tendance[72]. La rivalité personnelle entre Grant et McClernand continua après Vicksburg, mais cessa lorsque Grant le limogea pour avoir donné un ordre sans son accord.

Chattanooga et promotion

Photographie d'un hommes barbu et portant un uniforme militaire
Grant après sa promotion au grade de lieutenant-général en 1863

En , Lincoln plaça Grant à la tête de la nouvelle division militaire du Mississippi, qui lui donnait autorité sur tout le théâtre occidental en dehors de la Louisiane. Après la bataille de Chickamauga en septembre, le général confédéré Braxton Bragg obligea l'armée du Cumberland du major-général William S. Rosecrans à se replier à Chattanooga, un important nœud ferroviaire, où elle fut encerclée ; seule la résistance de George H. Thomas et de son XIVe corps empêchèrent la destruction de l'armée unioniste. Informé de la situation délicate à Chattanooga, Grant remplaça Rosecrans à la tête de l'armée encerclée par Thomas et mena personnellement des reconnaissances dans la zone. Lincoln dépêcha le major-général Joseph Hooker et deux divisions de l'armée du Potomac pour renforcer l'armée du Cumberland, et ces renforts permirent à Grant et au major-général William F. Smith d'ouvrir une ligne de ravitaillement vers la ville encerclée[73] - [74].

Le , Grant rassembla trois armĂ©es pour repousser les forces de Bragg Ă  Missionary Ridge et Lookout Mountain. Thomas et l'armĂ©e du Cumberland prirent les premières positions confĂ©dĂ©rĂ©es Ă  Missionary Ridge, tandis qu'Ă  Lookout Mountain, Hoorket fit 1 064 prisonniers. Le lendemain, Sherman et quatre divisions de l'armĂ©e du Tennessee attaquèrent le flanc droit de Bragg qui fut contraint de dĂ©garnir les dĂ©fenses de Missionary Ridge. RĂ©alisant cela, Grant ordonna un assaut gĂ©nĂ©ral sur les positions affaiblies et les troupes du major-gĂ©nĂ©ral Philip Sheridan et du brigadier-gĂ©nĂ©ral Thomas John Wood obligèrent les ConfĂ©dĂ©rĂ©s Ă  se replier en dĂ©sordre. MĂŞme si l'armĂ©e sudiste parvint Ă  s'enfuir, la bataille exposait la GĂ©orgie et le cĹ“ur de la ConfĂ©dĂ©ration Ă  une invasion unioniste. La gloire de Grant s'accrut et il fut promu lieutenant-gĂ©nĂ©ral, un grade qui n'avait Ă©tĂ© auparavant accordĂ© qu'Ă  George Washington et Winfield Scott[75].

Déçu par l'incapacité du major-général George G. Meade à poursuivre le général confédéré Robert E. Lee après la bataille de Gettysburg en , Lincoln nomma Grant Commanding General of the United States Army avec autorité sur toutes les armées de l'Union en [76]. Il céda le commandement de la division du Mississippi à Sherman et se rendit à Washington pour définir une nouvelle stratégie avec Lincoln. Après avoir installé Julia dans une maison de Georgetown, Grant établit son quartier-général près de celui de l'armée du Potomac de Meade à Culpeper en Virginie[77]. La stratégie nordiste pour obtenir une victoire rapide consistait en une série d'offensives coordonnées pour empêcher les Confédérés de redéployer leurs forces sur les fronts en difficulté. Sherman attaquerait en direction d'Atlanta et de la Géorgie tandis que Meade mènerait son armée contre l'armée de Virginie du Nord de Lee et que le major-général Benjamin Franklin Butler avancerait depuis le sud-ouest vers la capitale confédérée de Virginie jusqu'à la James River[78]. Dans le même temps, le major-général Franz Sigel, prendrait la voie ferrée stratégique à Lynchburg avant de progresser vers l'est pour capturer la vallée de Shenandoah depuis les Montagnes bleues[79] - [80]. Grant était de plus en plus populaire et certains commencèrent à estimer que dans le cas d'une victoire rapide de l'Union, il pourrait se présenter à la présidence lors de l'élection de novembre. Grant en était conscient mais il avait rejeté l'idée lors d'échanges avec Lincoln[81].

De la Wilderness Ă  Appomattox

Photographie d'un homme en uniforme militaire prenant la pose en s'appuyant contre un arbre devant une large tente
Grant Ă  Cold Harbor en 1864 ; photographie de Mathew Brady
Photographie de l'entrée d'une maison en bois où un homme barbu en uniforme militaire est assis sur un fauteuil. Un garçon se tient à ses cotés et une femme en robe se trouve derrière eux.
Grant Ă  City Point avec son Ă©pouse et son fils Jesse en 1864

Overland Campaign

La progression de Sigel et de Butler fut rapidement bloquĂ©e et Grant se retrouva seul pour affronter Lee durant une sĂ©rie de sanglantes batailles formant ce qui fut appelĂ© l'Overland Campaign. Après avoir passĂ© le mois d' Ă  regrouper l'armĂ©e du Potomac, Grant traversa le fleuve Rapidan et engagea Lee Ă  la bataille de la Wilderness qui dura trois jours sans qu'aucun des belligĂ©rants puisse revendiquer la victoire. Lee se replia en bon ordre mais le commandant nordiste, contrairement Ă  ses prĂ©dĂ©cesseurs, Ă©tait dĂ©terminĂ© Ă  poursuivre son offensive et il attaqua le flanc droit confĂ©dĂ©rĂ© au nĹ“ud routier de Spotsylvania le [82]. Durant les treize jours de l'affrontement, Grant tenta de percer les lignes confĂ©dĂ©rĂ©es et lança ce qui fut l'un des assauts les plus violents de la guerre contre le Bloody Angle (« l'Angle Sanglant »). MalgrĂ© ses efforts, les ConfĂ©dĂ©rĂ©es tinrent leurs positions et il tenta Ă  nouveau de les prendre par le flanc Ă  la bataille de North Anna[83]. Ces derniers s'Ă©taient cependant solidement retranchĂ©s et Grant manĹ“uvra pour attaquer au nĹ“ud ferroviaire de Cold Harbor le . Durant les premiers jours de cette bataille qui se prolongea sur treize, les assauts de l'Union se brisèrent sans effets sur les dĂ©fenses confĂ©dĂ©rĂ©es. Les terribles pertes, 52 788 dans le mois qui suivit la traversĂ©e de la Rapidan, valurent Ă  Grant le surnom de « Boucher[84] ». Les pertes de Lee Ă©taient infĂ©rieures avec 32 907 victimes mais la ConfĂ©dĂ©ration n'Ă©tait plus en mesure de les remplacer[84]. Le coĂ»teux assaut du Ă  Cold Harbor fut le second des deux affrontements de la guerre que Grant regretta visiblement[85]. Sans que Lee s'en rende compte, Grant se retira de Cold Harbor et progressa vers le sud pour soutenir Butler qui tentait de traverser la James River Ă  Bermuda Hundred pour attaquer Petersburg et obliger Lee Ă  dĂ©garnir son flanc nord pour protĂ©ger ce nĹ“ud ferroviaire reliant Richmond au reste de la ConfĂ©dĂ©ration[79] - [80].

Ulysses Grant en 1864

Siège de Petersburg

P. G. T. de Beauregard parvint à empêcher les Unionistes de prendre la ville et l'arrivée des renforts de Lee transforma la bataille en un siège de neuf mois[86]. La situation militaire sur le théâtre oriental étant dans l'impasse, le mécontentement contre la guerre grandit au sein des territoires contrôlés par l'Union. Les actions de Grant permirent néanmoins d'immobiliser les troupes sudistes dans la zone et empêchèrent Lee de s'opposer efficacement à la campagne de Sherman dans le Sud[87]. Ce dernier s'empara ainsi d'Atlanta le et ce succès contribua à la victoire de Lincoln lors de l'élection présidentielle de 1864 face au général George McClellan qui avait défendu l'idée d'une trêve avec la Confédération. Pour desserrer l'emprise unioniste autour de Petersburg, Lee envoya le général Jubal Early vers le nord le long de la vallée de Shenandoah pour attaquer Washington ; après des succès initiaux, il parvint dans le Maryland mais fut repoussé à la bataille de Fort Stevens en et se replia en Virginie. Pour mettre un terme à cette menace, Sheridan reçut le commandement de l'armée de la Shenandoah avec ordre de ne laisser « aucun répit à l'ennemi[88] ». Grant lui ordonna également de ravager cette riche région agricole stratégique pour la Confédération et il appliqua une politique de la terre brûlée. Lorsque Sheridan rapporta qu'il était harcelé par la cavalerie irrégulière de John S. Mosby, Grant recommanda la prise comme otages de leurs familles et leur emprisonnement à Fort McHenry dans le Maryland[88].

Peinture d'un salon bourgeois oĂą discutent quatre hommes dont trois en uniformes militaires
The Peacemakers ; peinture de 1868 de George P. A. Healy représentant (de gauche à droite) Sherman, Grant, Lincoln et Porter à bord du River Queen le 28 mars 1865.
Gravure d'un salon oĂą se trouve une dizaine d'hommes, pour la plupart barbus, en uniformes
Reddition de Robert E. Lee (assis Ă  gauche) Ă  Grant (assis au centre-droit) dans la maison McLean Ă  Appomattox le 9 avril 1865.

Grant tenta de dĂ©truire une partie des tranchĂ©es confĂ©dĂ©rĂ©es autour de Petersburg en faisant exploser une sape le mais l'assaut fut confus et les ConfĂ©dĂ©rĂ©s parvinrent facilement Ă  le repousser. L'affrontement fit plus de 3 500 victimes dans les rangs de l'Union contre Ă  peine 1 500 pour les ConfĂ©dĂ©rĂ©s et Grant avança que « ce fut la plus triste affaire Ă  laquelle j'ai assistĂ© dans cette guerre[89] - [90] ». Le , il Ă©chappa de justesse Ă  la mort quand des espions confĂ©dĂ©rĂ©s firent exploser une barge de munitions près de son quartier-gĂ©nĂ©ral Ă  City Point (aujourd'hui Hopewell) ; la dĂ©tonation fit nĂ©anmoins plusieurs dizaines de morts[91]. Pour essayer de sortir de l'impasse du siège, Grant continua d'attaquer les dĂ©fenses de Lee au sud-ouest de Petersburg pour prendre le contrĂ´le des voies ferrĂ©es ravitaillant la ville. Le , les troupes unionistes s'emparèrent de la Wilmington and Weldon Railroad et poursuivirent en direction de la South Side Railroad et de la City Point Railroad. Une fois capturĂ©s, ces chemins de fer furent transfĂ©rĂ©s Ă  l'United States Military Railroad qui dĂ©ploya son artillerie ferroviaire pour pilonner les positions confĂ©dĂ©rĂ©es.

Après que Sherman eut achevé sa Marche vers la Mer en prenant Savannah en Géorgie le et que les tentatives unionistes pour contrer cette offensive eurent échoué lors de la bataille de Nashville le , la victoire de l'Union ne faisait plus aucun doute et Lincoln décida de négocier la fin du conflit avec les Confédérés. Il chargea Francis P. Blair de transmettre un message au président confédéré Jefferson Davis et les émissaires des deux camps se rencontrèrent le à bord du navire River Queen près de Fort Monroe. La conférence fut un échec mais Grant montra sa volonté et sa capacité à assumer un rôle diplomatique au-delà de sa seule fonction militaire[92].

Campagne d'Appomattox

En , Lincoln, Grant, Sherman et Porter se rencontrèrent au quartier-général de City Point pour définir la stratégie de l'Union dans les derniers jours de la guerre ; Petersburg tomba le et Richmond fut prise au début du mois d'avril[93]. Alors que son armée se désintégrait du fait des désertions, des maladies et du manque de ravitaillement, Lee tenta de rallier les dernières forces confédérées du général Joseph E. Johnston en Caroline du Nord mais la cavalerie de Sheridan parvint à empêcher leur rencontre. Lee et son armée se rendirent à Grant à Appomattox le . Les termes étaient honorables car les soldats sudistes étaient autorisés à rentrer chez eux sans leurs armes, mais avec leurs chevaux, à la condition qu'ils ne reprennent plus le combat contre les États-Unis. Les combats se poursuivirent quelque temps sur les autres fronts mais la guerre de Sécession prit fin dans les semaines qui suivirent la reddition de Lee.

Assassinat de Lincoln

Aquarelle représentant Grant en uniforme militaire avec un chapeau et tenant un cigare
Portrait de Grant par Ole Peter Hansen Balling en 1865

Le , cinq jours après la victoire d'Appomattox, Lincoln fut mortellement blessé par un sympathisant confédéré appelé John W. Booth et mourut le lendemain matin. L'assassinat faisait partie d'un complot visant à éliminer certains dirigeants unionistes[94]. Grant avait participé à une réunion du Cabinet le et Lincoln l'avait invité ainsi que son épouse à l'accompagner au théâtre Ford ; le couple déclina la proposition car il avait l'intention de se rendre à Philadelphie. Cela lui sauva probablement la vie car Booth avait prévu d'abattre le président avec son pistolet avant de poignarder le général[95]. Par l'intermédiaire de Dana, le secrétaire à la Guerre Stanton informa Grant de la mort de Lincoln et lui demanda de revenir immédiatement à Washington. Le lendemain, il ordonna immédiatement l'arrestation de tous les officiers confédérés libérés sur parole mais les renseignements fournis par le major-général Edward Ord réduisant le nombre des suspects le poussèrent à annuler cette décision[96]. Lors des funérailles du , Grant pleura ouvertement et déclara de Lincoln qu'« il fut incontestablement le plus grand homme que j'ai jamais rencontré[97] ». Il était plus que méfiant envers son successeur, Andrew Johnson, et il dit à Julia qu'il craignait les changements dans l'administration. Il considérait en effet que l'attitude du nouveau président envers les blancs ex-confédérés « en ferait des citoyens réticents » et estima initialement qu'avec Johnson, « la Reconstruction a pris un retard dont personne ne peut donner la durée[98] ».

À la fin du mois d'avril, Sherman accepta la reddition de Joseph E. Johnston en lui offrant des termes généreux qu'il pensait conformes à la vision exprimée par Lincoln à City Point ; il n'en avait cependant pas référé à Washington et n'avait aucune autorité pour négocier au nom des États-Unis. Le Cabinet refusa d'honorer les termes de la reddition jugés trop cléments et Stanton exprima publiquement son mépris pour Sherman ; désirant que l'erreur de son principal commandant ne lui porte pas trop préjudice, Grant sollicita une réunion du Cabinet pour discuter de la question et offrit de porter lui-même la lettre désavouant l'accord passé avec Johnston. Cette gestion adroite permit de sauvegarder leur amitié et Sherman accepta de renégocier les termes de reddition conformément à ce qui avait été décidé à Appomattox[98].

Général en temps de paix

Photographie d'une maison en briques rouges Ă  deux Ă©tages
La résidence d'après-guerre de Grant à Galena

Célébrations et honneurs

Grant obtient sa 4e étoile de général après la guerre de sécession

En , l'Union League de Philadelphie, fondée en 1862 pour défendre les politiques de Lincoln, acheta une maison pour Grant et sa famille dans la ville mais ses fonctions militaires se trouvaient à Washington. Il commença donc par faire la navette et rentrait les week-ends mais Julia finit par s'installer avec lui dans la capitale en octobre[99]. Ils achetèrent une maison à Georgetown Heights mais Grant demanda à Washburne de faire en sorte que sa résidence légale demeure à Galena dans l'Illinois pour des raisons politiques[100]. Durant l'été 1865, il participa à des réceptions dans l'Illinois et l'Ohio où il fut accueilli avec enthousiasme[101]. Le , le Congrès le promut au grade récemment créé de général de l'armée ; il s'agit du rang le plus élevé de l'armée américaine en dehors de celui de General of the Armies qui ne fut accordé qu'à John J. Pershing en 1919 et à titre posthume à George Washington en 1976[102].

Grant était l'un des hommes les plus populaires du pays[103] et Johnson, alors en conflit ouvert avec le Congrès dominé par les républicains radicaux, chercha à récupérer cette popularité en lui demandant de l'accompagner lors de ses déplacements[103]. Souhaitant apparaître loyal, le général accepta mais il confia à son épouse que les discours du président étaient une « honte nationale » ; il cherchait également à ne pas s'aliéner les législateurs républicains dont il aurait besoin du soutien s'il se lançait en politique[104]. Johnson se doutait que Grant voudrait se présenter à la présidence en 1868 et il décida de le nommer secrétaire à la Guerre à la place de Stanton. Grant échangea de cette opportunité avec Sherman qui lui conseilla de refuser de rejoindre l'administration de ce président affaibli[104].

Reconstruction

Illustration représentant plusieurs scènes de la vie de Grant autour d'un portrait de lui en uniforme
Illustration de 1885 de Thure de Thulstrup. Dans le sens des aiguilles d'une montre depuis en bas à gauche : West Point (1843), Chapultepec (1847), entraînement de volontaires (1861), Fort Donelson (1862), Shiloh (1862), Vicksburg (1863), Chattanooga (1863), promotion en tant que commandant en chef (1864), Appomattox (1865)

Après sa série de discours, Johnson envoya Grant enquêter sur les réformes menées dans le Sud. Il recommanda le maintien du Bureau of Refugees, Freedmen and Abandoned Lands aidant les esclaves affranchis que Johnson voulait supprimer et encouragea le recrutement de soldats noirs pour leur offrir une alternative aux travaux agricoles[105] - [106] - [107]. Grant estimait que les habitants du Sud dévasté par la guerre n'étaient pas prêts à se prendre en charge et considérait que la poursuite de l'occupation militaire était nécessaire[105]. Il se préoccupait de la menace posée par les pauvres mécontents, noirs et blancs, et recommanda que l'administration locale soit assurée uniquement par les « hommes pensants du Sud » autrement dit par les propriétaires terriens[108]. En cela, l'opinion initiale de Grant sur la Reconstruction était proche de celle de Johnson qui voulait pardonner les dirigeants sudistes et les réinstaurer dans leurs fonctions officielles[109] - [106]. Il indiqua également qu'il voulait, comme le président, que les législateurs du Sud soient autorisés à siéger au Congrès[110].

Farouchement opposĂ©s Ă  cette vision d'une rĂ©conciliation rapide avec le Sud, les rĂ©publicains radicaux firent adopter les Reconstruction Acts qui divisaient les États du Sud en cinq districts militaires oĂą l'armĂ©e devait s'assurer de l'application et du respect des droits civiques des esclaves affranchis. Grant, qui devait nommer des gĂ©nĂ©raux Ă  la tĂŞte de chaque district, fut satisfait de cette lĂ©gislation[111] et pensait qu'elle permettrait de pacifier la rĂ©gion[112]. Il appliqua soigneusement ces lĂ©gislations et ordonna Ă  ses gĂ©nĂ©raux de faire de mĂŞme ; quand Sheridan limogea des fonctionnaires de Louisiane qui s'opposaient Ă  la Reconstruction, Johnson fut particulièrement irritĂ© et il obtint son renvoi[113]. Durant la pĂ©riode de la Reconstruction, plus de 1 500 Afro-AmĂ©ricains furent Ă©lus Ă  des fonctions gouvernementales tandis que Grant et les gouverneurs militaires protĂ©gèrent leurs droits en abrogeant les premiers codes noirs en 1867[114].

Mexique et Canada

En tant que commandant de l'armĂ©e, Grant dut gĂ©rer la question de l'intervention française au Mexique menĂ©e par l'empereur français NapolĂ©on III pour Ă©tablir un rĂ©gime favorable aux intĂ©rĂŞts français en AmĂ©rique latine. Profitant du fait que les AmĂ©ricains Ă©taient occupĂ©s par la guerre de SĂ©cession, l'armĂ©e française s'empara de Mexico en 1862 et Ă©tablit un empire mexicain avec Maximilien Ier Ă  sa tĂŞte. Le gouvernement amĂ©ricain considĂ©rait qu'il s'agissait d'une violation de la doctrine Monroe et Johnson demanda Ă  Grant de faire pression sur Paris en dĂ©ployant 50 000 hommes commandĂ©s par Sheridan Ă  la frontière du Texas. Ce dernier reçut l'ordre de tout faire pour obtenir l'abdication de Maximilien Ier et le dĂ©part des Français tout en maintenant la neutralitĂ© amĂ©ricaine. Il offrit ainsi 60 000 fusils Ă  Benito Juárez, l'ancien dirigeant mexicain renversĂ© par les Français[115]. Lors d'une rĂ©union du Cabinet, Johnson suggĂ©ra que Grant soit envoyĂ© sur la frontière mexicaine ; il s'agissait d'une tentative pour l'Ă©vincer du paysage politique nationale et ce dernier, peu dupe, refusa. En compromis, il envoya Sherman, devenu lieutenant-gĂ©nĂ©ral, Ă  sa place[116]. L'armĂ©e française s'Ă©tait complètement retirĂ©e en 1866 et Maximilien Ier fut exĂ©cutĂ© par Juárez en 1867[117].

Grant fut Ă©galement confrontĂ© Ă  la question des raids fĂ©niens menĂ©s par des Irlando-AmĂ©ricains qui voulaient prendre le contrĂ´le du Canada britannique afin d'obtenir l'indĂ©pendance de l'Irlande. En , Johnson envoya Grant Ă  Buffalo pour Ă©valuer la situation. Il ordonna la fermeture de la frontière canadienne pour empĂŞcher les soldats fĂ©niens de la traverser Ă  Fort ÉriĂ© et arrĂŞta plus de 700 hommes après la bataille de Ridgeway[118] - [119].

Impeachment de Johnson

Vue latérale de l'hémicycle d'une assemblée dont tous les pupitres sont occupés par des hommes en costume. De nombreux spectateurs se trouvent dans les balcons entourant la salle.
Illustration du procès de Johnson réalisée par Theodore R. Davis et publiée dans le journal Harper's Weekly en avril 1868

Johnson souhaitait depuis quelque temps remplacer le secrétaire à la Guerre Stanton favorable à la Reconstruction voulue par le Congrès. Le président proposa le poste à Grant pour garder sous contrôle un possible rival mais il répondit par la négative en mentionnant le Tenure of Office Act qui imposait que le Congrès donne son accord avant tout changement dans le Cabinet de Johnson. Ce dernier passa outre et limogea Stanton alors que le Congrès n'était pas en session comme cela était permis par le texte ; Grant accepta à contre-cœur de devenir temporairement secrétaire à la Guerre[120].

Lorsque le Congrès se réunit à nouveau, il réinstaura Stanton dans ses fonctions mais Jonhson demanda à Grant de refuser de céder sa place jusqu'à ce que la question soit tranchée par la justice. Ce dernier démissionna cependant immédiatement et subit les foudres de Johnson lors d'une réunion du Cabinet pour avoir violé sa promesse de ne pas agir ainsi ; Grant nia avoir jamais promis une telle chose[121]. Le président était en réalité plus ulcéré par le fait que Grant ait rejoint le camp des radicaux. Le , des journaux favorables à Johnson publièrent une série d'articles pour discréditer le général et critiquer sa trahison lorsqu'il rendit son poste à Stanton[121]. Grant se défendit dans une lettre ouverte au président et la controverse renforça plutôt sa popularité[121]. Il se tint à l'écart de la procédure de destitution contre Johnson dont une grande partie des motifs d'accusation tournait autour du renvoi de Stanton[122].

Élection de 1868

Gravure du buste de deux hommes
Gravure du « ticket » Grant/Colfax publiée dans le journal allemand Die Gartenlaube en 1869

Lorsqu'il entra dans la course à la présidence en 1868, la popularité de Grant, déjà excellente, fut renforcée chez les républicains radicaux par son abandon de Johnson[123]. Il fut choisi sans opposition dès le premier tour par la convention républicaine (en) qui nomma également le représentant de l'Indiana Schuyler Colfax, un ancien whig et défenseur de la tempérance, pour briguer la vice-présidence. Grant conclut sa lettre d'acceptation au parti par Let us have peace (« Faisons la paix ») et cette phrase devint le slogan de campagne des républicains[123]. La convention démocrate fut plus disputée ; Johnson ne parvint pas à s'imposer et le gouverneur de l'État de New York Horatio Seymour fut choisi au 22e tour même s'il avait auparavant indiqué qu'il ne souhaitait pas être candidat. Comme cela était la norme à l'époque, les candidats ne faisaient pas personnellement campagne et Grant ne dérogea pas à la règle en restant à Galena et en laissant les discours à ses partisans[124].

La campagne démocrate se concentra essentiellement sur leur volonté de mettre fin à la Reconstruction mais ils s'aliénèrent de nombreux démocrates nordistes en voulant rendre le pouvoir au Sud à la classe des planteurs blancs[125]. Ils critiquèrent le soutien républicain aux droits des afro-américains[126]. De leur côté, les républicains axèrent leur campagne sur le bloody shirt, l'idée selon laquelle le retour des démocrates à la Maison-Blanche annulerait la victoire de la guerre et récompenserait les sécessionnistes. Ils attaquèrent également le colistier de Seymour, l'ancien représentant du Missouri Francis P. Blair, qui avait fait des déclarations particulièrement racistes et extravagantes envers Grant et soulignèrent que leur parti avait sauvegardé l'unité de la nation.

Le jour de l'Ă©lection, Grant obtint 52,7 % des voix et une large avance de 214 grands Ă©lecteurs contre 80 pour Seymour. Lorsqu'il accĂ©da Ă  la prĂ©sidence, Grant n'avait jamais occupĂ© de fonctions Ă©lectives et Ă©tait, Ă  46 ans, le plus jeune prĂ©sident de l'histoire.

Présidence (1869-1877)

Photographie d'un homme barbu en costume noir assis dans un fauteuil à côté d'une petite table où est posé un haut-de-forme et des livres
Le président Ulysses S. Grant en 1869 par Mathew Brady

La prĂ©sidence de Grant commença par une rupture avec la tradition car il ne souhaitait pas que Johnson l'accompagne dans l'attelage qui l'emmenait Ă  son investiture au Capitole ; l'ancien prĂ©sident dĂ©cida de ne pas assister Ă  la cĂ©rĂ©monie. Dans son discours, Grant dĂ©fendit l'adoption du XVe amendement de la Constitution garantissant les droits civiques des Afro-AmĂ©ricains et il dĂ©clara qu'il mènerait la Reconstruction « avec calme, sans prĂ©jugĂ©s, haine ou fiertĂ© partisane[127] ». Le nouveau prĂ©sident forma son Cabinet de manière peu orthodoxe sans consulter le Congrès et en gardant ses choix secrets jusqu'Ă  ce qu'ils soient soumis Ă  l'approbation du SĂ©nat[128] - [129]. Grant Ă©vita Ă  dessein de choisir les principaux dirigeants du Parti rĂ©publicain pour essayer de limiter les disputes partisanes et renforcer l'unitĂ© nationale[130]. Par amitiĂ©, il nomma ses amis Elihu B. Washburne et John A. Rawlins respectivement au dĂ©partement d'État et Ă  celui de la Guerre. Washburne dĂ©missionna cependant au bout de 12 jours pour des raisons de santĂ© ; certains ont nĂ©anmoins avancĂ© qu'il s'agissait d'une manĹ“uvre pour donner plus de poids Ă  sa nomination en tant qu'ambassadeur en France[131] - [130] - [132]. Grant le remplaça par le politique conservateur new-yorkais Hamilton Fish qui devint l'un de ses ministres les plus efficaces[130]. Les relations entre les deux hommes se dĂ©veloppèrent en raison de la grande amitiĂ© entre leurs Ă©pouses[133]. Rawlins mourut en 1869 de la tuberculose et fut remplacĂ© par William W. Belknap[134]. Grant choisit Ă©galement plusieurs non-spĂ©cialistes de la politique comme les hommes d'affaires Adolph E. Borie et A. T. Stewart avec un succès limitĂ© ; Borie fut brièvement secrĂ©taire Ă  la Marine avant d'ĂŞtre remplacĂ© par George M. Robeson tandis que la nomination de Stewart au TrĂ©sor fut empĂŞchĂ©e par une loi de 1789 qui interdisait au secrĂ©taire du TrĂ©sor d'ĂŞtre un marchand en exercice. Grant tenta de faire abroger le texte mais l'opposition des sĂ©nateurs Charles Sumner et Roscoe Conkling l'en empĂŞcha[135] ; la fonction fut alors accordĂ©e Ă  George S. Boutwell rĂ©putĂ© pour son intĂ©gritĂ©[135]. Les autres nominations de Grant, Jacob D. Cox Ă  l'IntĂ©rieur, John Creswell aux Postes et Ebenezer R. Hoar en tant que procureur gĂ©nĂ©ral se firent sans opposition[136]. Pour s'Ă©chapper de Washington et Ă  l'invitation de riches soutiens, la famille Grant se rendit pour la première fois en 1869 dans ce qui devint connu comme la « capitale estivale » Ă  Long Branch dans le New Jersey ; Grant y retourna frĂ©quemment jusqu'Ă  la fin de sa vie[137]. Durant sa prĂ©sidence, le Colorado devint le 38e État amĂ©ricain le 1er aout 1876. D'après les universitaires et journalistes marxistes de la Nouvelle gauche Frank Browning et John Gerassi, les deux gouvernements de Grant furent parmi les plus corrompus de l'histoire des États-Unis[138]. Ulysses Grant lui-mĂŞme se fit offrir par un groupe d'hommes d'affaires une demeure entièrement meublĂ©e Ă  Philadelphie, une bibliothèque d'une valeur de 75 000 dollars, et 100 000 dollars en espèces[138].

Reconstruction et droits civiques

La Reconstruction du Sud se poursuivit sous la présidence de Grant et les quatre derniers anciens États confédérés furent réadmis dans l'Union en 1870[139]. Il encouragea les républicains radicaux au Congrès à adopter le 15e amendement garantissant les droits civiques de tous les citoyens sans distinction de couleur de peau et le texte fut adopté le avant d'être ratifié l'année suivante[140]. En 1870, le représentant Thomas Jenckes (en) de Rhodes Island proposa la création du département de la Justice ayant pour mission de faire appliquer les lois fédérales même si les juges locaux y étaient réticents comme cela était le cas dans le Sud. Alors que le procureur général n'était auparavant qu'un simple conseiller juridique du président, il contrôlait à présent un département chargé de faire respecter les textes fédéraux et était assisté par l'avocat général qui représentait le gouvernement devant la Cour suprême[141]. Le premier procureur général, Ebenezer R. Hoar, fit cependant peu pour poursuivre les blancs sudistes qui persécutaient leurs voisins noirs mais son successeur, Amos T. Akerman, se montra bien plus agressif[142]. Devant les agressions de plus en plus nombreuses menées, entre autres, par le Ku Klux Klan contre les noirs et les carpetbaggers, Grant poussa le Congrès à adopter les Enforcement Acts de 1870 et 1871[142]. Ces législations criminalisaient le fait de priver un citoyen de ses droits civiques et autorisait le président à utiliser l'armée et la milice (en) pour faire appliquer les lois[141]. Grant ordonna en aux troupes fédérales d'assister les « marshals » dans l'arrestation des membres du Klan[143]. En octobre, il suspendit l'Habeas Corpus dans neufs comtés de Caroline du Sud et déploya l'armée pour y ramener l'ordre[143]. L'influence du Klan s'effondra et en 1872, les élections dans le Sud virent une participation record des Afro-Américains[143].

Gravure d'une scène de combat urbain. Une foule d'hommes en civil et armés de fusils à baïonnette chargent un groupe de soldats entourant plusieurs canons. Des bâtiments en briques à plusieurs étages sont visibles à l'arrière-plan malgré la fumée.
Affrontements entre la police et la White League à La Nouvelle-Orléans en 1874

La mĂŞme annĂ©e, Grant signa l'Amnesty Act qui rendait leurs droits civiques aux anciens confĂ©dĂ©rĂ©s. La succession de scandales au sein de l'administration prĂ©sidentielle dĂ©tourna l'attention du public des difficultĂ©s afro-amĂ©ricaines et après l'effondrement du Klan en 1872, les blancs conservateurs formèrent des groupes paramilitaires comme les Red Shirts (en) ou la White League. Ă€ la diffĂ©rence du Klan, ils n'agissaient pas de manière anonyme mais reprirent ses mĂ©thodes d'intimidations pour Ă©vincer les rĂ©publicains et leurs soutiens des gouvernements sudistes[144]. Grant remplaça Akerman par George H. Williams mais ce dernier fut par la suite impliquĂ© dans une affaire de corruption[145]. La panique de 1873 et la crise Ă©conomique qui suivit fit que le Nord se prĂ©occupa moins de la Reconstruction du Sud[146] tandis que Grant rĂ©duisit son usage de la force pour ne pas donner l'impression qu'il se comportait comme un dictateur militaire[147]. En 1875, les redeemers dĂ©mocrates Ă©taient revenus au pouvoir dans tous les États du Sud sauf trois. Alors que les violences raciales s'intensifiaient, le nouveau procureur gĂ©nĂ©ral Edwards Pierrepont dit au gouverneur du Mississippi Adelbert Ames que le peuple « Ă©tait las des dĂ©bordements automnaux dans le Sud » et il refusa d'intervenir[147]. La mĂŞme annĂ©e, Grant signa le Civil Rights Act de 1875 qui interdisait la sĂ©grĂ©gation dans les transports en commun, les lieux publics et la constitution des jurys[148]. Le texte fut peu appliquĂ© et il n'empĂŞcha pas la prise de pouvoir des suprĂ©macistes dans le Sud[148]. Les fraudes lors de l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 1876 et la victoire controversĂ©e du rĂ©publicain Rutherford B. Hayes donnèrent lieu au compromis de 1877 par lequel les dĂ©mocrates reconnaissaient leur dĂ©faite en l'Ă©change du dĂ©part des troupes fĂ©dĂ©rales prĂ©sentes dans le Sud. Toutes les lĂ©gislatures sudistes passèrent dans le camp dĂ©mocrate et l'adoption des premières lois Jim Crow marqua la fin de la Reconstruction[139].

Politique indienne

Photographie d'un homme de type amérindien portant un costume, une moustache et un bouc assez clairsemé
Ely S. Parker fut le premier Amérindien nommé commissaire aux Affaires indiennes.

L'attitude bienveillante de Grant envers les Amérindiens marqua une évolution radicale par rapport aux politiques de ses prédécesseurs. Il nomma Ely S. Parker, un Seneca et ancien membre de son état-major, au bureau des Affaires indiennes et déclara : « Mes futurs efforts seront menés de manière humaine, pour amener les aborigènes du pays sous les influences bénéfiques de l'éducation et de la civilisation… Les guerres d'extermination… sont démoralisantes et mauvaises ». La « politique de paix » de Grant visait à remplacer les hommes d'affaires qui servaient d'intermédiaire entre les tribus et le gouvernement par des missionnaires[149] - [150]. Il souhaitait que les tribus soient regroupées pour leur protection dans des réserves indiennes supervisées par des blancs afin qu'ils renoncent à leur mode de vie nomade traditionnel et s'assimilent à la société américaine[149] - [150]. En 1869, il créa un comité chargé de superviser les dépenses et de réduire la corruption du bureau des Affaires indiennes[151] et deux ans plus tard, il approuva une législation mettant fin au système des traités : les Amérindiens relevaient à présent des législations du gouvernement fédéral et les tribus n'étaient plus considérées comme des entités souveraines[152]. Bien que peu populaire aujourd'hui, la « politique de paix » était jugée très progressiste pour l'époque et elle vit sa conclusion dans le Dawes Act de 1887. Elle permit de réduire les affrontements sur La Frontière mais l'industrialisation de la chasse au bison, encouragée par les administrateurs locaux, aggrava les relations avec les Indiens des Plaines[153] - [154]. Les Sioux et les autres tribus de l'Ouest acceptèrent le système de réserves mais la ruée vers l'or dans les Black Hills et l'installation de colons blancs dans la région provoqua une guerre à la fin du second mandat de Grant[155]. Le conflit mit fin à la bonne entente entre Grant et le chef sioux Nuage rouge[154] - [156].

Dans le Sud-Ouest, le massacre d'environ 140 Apaches à Camp Grant dans l'Arizona le provoqua une guerre menée du côté américain par le major-général George Crook. Grant dépêcha dans la région le major-général et ancien directeur du Bureau of Refugees, Freedmen and Abandoned Lands, Oliver O. Howard pour essayer de ramener l'ordre. Ce dernier négocia en 1872 un traité de paix avec le chef Cochise prévoyant l'installation de la tribu dans une nouvelle réserve[157]. Dans l'Oregon, les Modocs refusèrent de rejoindre une réserve et assassinèrent le commandant local, le major-général Edward Canby[151]. Même si Grant fut ulcéré par cette mort, il ignora les conseils de Sherman qui voulait exterminer la tribu et pressa les responsables locaux de faire preuve de retenue[151]. Quatre guerriers furent capturés, condamnés à mort pour le meurtre de Canby et pendus en . Le reste de la tribu fut déporté dans le Territoire indien correspondant aujourd'hui à l'Oklahoma[151].

En 1875, Grant entra en conflit avec le colonel George A. Custer après que ce dernier eut tĂ©moignĂ© au sujet de la corruption au sein du dĂ©partement de la Guerre de William W. Belknap[158]. Le prĂ©sident le fit arrĂŞter Ă  Chicago et lui interdit de participer Ă  la guerre Ă  venir contre les Sioux[159]. Grant se ravisa et le laissa combattre dans l'armĂ©e du brigadier-gĂ©nĂ©ral Alfred Terry[160] ; il fut tuĂ© lors de la bataille de Little Bighorn le dans l'une des plus importantes dĂ©faites amĂ©ricaines des guerres indiennes[161]. En septembre, Grant dĂ©clara dans la presse qu'il considĂ©rait la bataille « comme un sacrifice de soldats, provoquĂ© par Custer lui-mĂŞme, qui Ă©tait profondĂ©ment inutile[162] ». Le dĂ©sastre de Little Bighorn choqua la nation et la politique de paix laissa la place au militarisme ; le Congrès approuva l'envoi de 2 500 soldats en renfort, l'armĂ©e prit le contrĂ´le des agences gĂ©rant les tribus et la vente d'armes aux AmĂ©rindiens fut interdite[163].

Affaires étrangères

Photographie d'un homme en costume aux cheveux bouclés ramenés en arrière et portant des favoris
Photographie du secrétaire d'État Hamilton Fish par Mathew Brady

Même avant l'accession à la présidence de Grant, la faction expansionniste demandait l'acquisition d'îles dans les Caraïbes. En 1867, William H. Seward, qui avait été secrétaire d'État sous Lincoln et Johnson, avait acheté l'Alaska à la Russie. Il négocia également l'obtention des Indes occidentales danoises mais l'accord ne fut jamais ratifié par le Sénat ; l'archipel devint finalement américain en 1917 sous le nom d'Îles Vierges. Des discussions sur l'annexion de la république dominicaine sur l'île d'Hispaniola furent initiées par Seward[164] et poursuivies par Grant par l'intermédiaire d'Orville E. Babcock, un ancien membre de son état-major durant la guerre de Sécession[164]. Le président était initialement sceptique sur cette acquisition mais fut convaincu par l'amiral Porter qui voulait obtenir une base navale dans la baie de Samaná et par Joseph W. Fabens, un homme d'affaires de Nouvelle-Angleterre employé par le gouvernement dominicain[165]. Il envoya Babcock à la rencontre du président Buenaventura Báez favorable à l'annexion en [165]. Grant croyait en l'expansion pacifique du territoire américain et espérait que l'île à majorité noire offrirait des opportunités aux esclaves affranchis. Selon lui, cette acquisition réduirait les tensions raciales dans le Sud, accélérerait l'abolition de l'esclavage à Cuba et au Brésil et renforcerait la puissance navale américaine dans les Caraïbes[166]. Son secrétaire d'État Hamilton Fish estimait cependant que cela ne serait pas une bonne idée en raison de l'instabilité politique sur l'île[165]. Le sénateur Charles Sumner s'y opposa également car cela réduirait le nombre de nations autonomes gouvernées par des noirs dans l'hémisphère occidental tandis que d'autres ne voulaient pas accroître la population noire des États-Unis[167]. Grant s'impliqua personnellement pour convaincre les sénateurs réticents et se rendit même dans la résidence de Sumner[167]. Fish participa à ces efforts par loyauté mais le Sénat rejeta le traité d'annexion. Le rôle mené par Sumner dans cette opposition mena à une inimitié durable entre Grant et lui[168].

Grant et Fish eurent plus de succès dans la rĂ©solution favorable des rĂ©clamations de l'Alabama avec le Royaume-Uni. Durant la guerre de SĂ©cession, la Grande-Bretagne avait construit cinq navires pour la ConfĂ©dĂ©ration, dont le plus cĂ©lèbre fut le CSS Alabama[169]. Ces corsaires dĂ©truisirent de nombreux navires de commerce du Nord tout en faisant des escales rĂ©gulières dans les territoires de l'Empire britannique et ce malgrĂ© la neutralitĂ© officielle du pays. Ă€ la fin de la guerre, les États-Unis exigèrent un dĂ©dommagement mais le Royaume-Uni refusa de payer et les nĂ©gociations se poursuivirent en vain pendant plusieurs annĂ©es[170]. Devant le SĂ©nat, Sumner exigea le paiement d'une indemnitĂ© colossale de deux milliards de dollars (environ 4 000 milliards de dollars de 2012[171]) ou la cession du Canada et ce discours fit scandale en Grande-Bretagne[172]. Fish convainquit Grant que des relations apaisĂ©es avec le Royaume-Uni Ă©taient plus importantes que l'acquisition de nouveaux territoires et les deux nations s'accordèrent sur la rĂ©solution de l'affaire par un tribunal international[173]. Par le traitĂ© de Washington de 1871, le Royaume-Uni prĂ©sentait ses regrets pour les destructions, sans reconnaĂ®tre de culpabilitĂ©, et acceptait de payer 15,5 millions de dollars (environ 33 milliards de dollars de 2012[171]) ; le texte rĂ©glait Ă©galement des litiges sur le tracĂ© de la frontière entre les États-Unis et le Canada ainsi que des disputes sur les droits de pèche[174].

Photographie de famille prise sur le perron d'une maison en bois. Grant en costume et avec un haut-de-forme à la main est assis dans une chaise en osier face à un jeune homme assis dans une chaise pliable en bois et portant un chapeau melon. Derrière eux se trouvent deux femmes en robe et deux garçons.
Grant et sa famille Ă  Long Branch en 1870

Désirant obtenir de nouveaux débouchés commerciaux et élucider l'incident de la goélette General Sherman en 1866, une flottille américaine se rendit dans la péninsule Coréenne en 1871. Ayant mal interprété les intentions américaines, les Coréens ouvrirent le feu sur les navires et l'expédition diplomatique se transforma en expédition punitive. Après avoir capturé plusieurs forts sur les îles de l'estuaire du fleuve Han, la flottille mit le cap sur la Chine sans avoir réussi à obtenir l'ouverture de la dynastie Joseon. Grant défendit les actions du contre-amiral John Rogers durant son discours sur l'État de l'Union devant le Congrès en . La Corée resta fermée aux influences étrangères jusqu'en 1876 et l'incident de Ganghwa avec le Japon ; six ans plus tard, un traité inégal fut signé avec les États-Unis[175].

L'attention de Grant fut se tourna Ă  nouveau vers les CaraĂŻbes en 1873 quand le navire marchand Virginius transportant des armes et des hommes Ă  destination de Cuba, alors en rĂ©volte pour obtenir son indĂ©pendance vis-Ă -vis de l'Espagne, fut arraisonnĂ© par des navires espagnols. L'Ă©quipage et les passagers dont huit amĂ©ricains furent reconnus coupables de piraterie par les autoritĂ©s espagnoles et condamnĂ©s Ă  mort. 53 d'entre eux furent exĂ©cutĂ©s et l'opinion publique amĂ©ricaine exigea une dĂ©claration de guerre Ă  l'Espagne. Fish, avec le soutien de Grant, parvint Ă  nĂ©gocier une issue pacifique Ă  la crise. Le prĂ©sident espagnol Emilio Castelar y Ripoll exprima ses regrets pour les exĂ©cutions et accepta de payer des rĂ©parations ; le Virginius fut rendu aux États-Unis et l'Espagne paya 80 000 $ (environ 152 millions de dollars de 2012[171]) aux familles des AmĂ©ricains exĂ©cutĂ©s[176]. La diplomatie amĂ©ricaine fut Ă©galement Ă  l'Ĺ“uvre dans le Pacifique et en , Grant organisa une rĂ©ception Ă  la Maison-Blanche pour le roi hawaĂŻen Kalakaua qui cherchait Ă  faire supprimer les droits de douane amĂ©ricains pour le sucre produit dans l'archipel[177]. Un traitĂ© commercial fut signĂ© l'annĂ©e suivante et l'industrie sucrière hawaĂŻenne fut intĂ©grĂ©e Ă  l'Ă©conomie amĂ©ricaine ; les intĂ©rĂŞts amĂ©ricains jouèrent par la suite un rĂ´le important dans le renversement de la monarchie et l'annexion du territoire par les États-Unis en 1898[177].

Étalon-or et scandale Fisk-Gould

Photographie d'un homme avec une barbe poivre et sel en costume assis dans un fauteuil
Photographie du secrétaire du Trésor George S. Boutwell par Mathew Brady

Immédiatement après sa prise de fonction, Grant entreprit de remettre de l'ordre dans les finances du pays. Durant la guerre de Sécession, le Congrès avait autorisé le Trésor à émettre des billets, qui à la différence du reste de la monnaie, n'étaient pas adossés à l'or ou à l'argent. Ces greenbacks étaient nécessaires pour financer l'effort de guerre mais ils provoquaient de l'inflation et le nouveau président était déterminé à revenir aux standards monétaires d'avant-guerre et donc à l'étalon-or[178]. Cette vision était largement partagée au Congrès et ce dernier adopta le Public Credit Act de 1869 qui garantissait que les obligations seraient remboursées en or et non avec des greenbacks[179]. Grant chargea le secrétaire au Trésor George S. Boutwell de rationaliser son département et d'améliorer la collecte des impôts. Pour renforcer le dollar, il utilisa l'or du Trésor pour racheter les obligations à fort taux d'intérêt émises durant le conflit ; cela réduisit le déficit et la dette mais entraîna une déflation[179] - [180].

Ces actions déstabilisèrent le petit marché de l'or américain dont les cours variaient fortement et les spéculateurs essayèrent d'anticiper la quantité d'or que Boutwell vendrait pour racheter les greenbacks[181]. Abel Corbin, le beau-frère de Grant, tenta d'utiliser ses liens avec le président pour obtenir des informations pour lui-même et ses associés, Jay Gould, un magnat des chemins de fer, et James Fisk[182]. Corbin convainquit Grant de nommer Daniel Butterfield au poste d'assistant-trésorier et il devint rapidement son informateur[183]. Dans le même temps, Gould et Fisk accumulèrent discrètement de l'or et convainquirent Corbin qu'un cours élevé serait bénéfique à l'économie et en particulier aux agriculteurs de l'Ouest ; ce dernier transmit à son tour cette théorie à Grant[182]. Au début du mois de septembre, le président demanda à Boutwell de cesser le rachat des greenbacks et les prix de l'or montèrent, ce qui permit à Fisk et Gould de vendre leur stock en maximisant leurs profits et de continuer à spéculer sur les cours[184]. Grant devint néanmoins de plus en plus méfiant envers Corbin[185] et réalisa que la hausse des cours n'était pas naturelle et qu'elle affectait l'économie. Il demanda donc à Boutwell de reprendre les ventes d'or, ce qu'il fit le . Cet afflux soudain lors de ce qui fut appelé le Black Friday (« Vendredi noir ») fit s'effondrer les cours et les spéculateurs furent ruinés[186]. Le corner de Gould et Fisk avait échoué mais ils avaient malgré tout gagné beaucoup d'argent et ne furent jamais jugés ; Gould resta un acteur influent de Wall Street jusqu'à sa mort en 1892[187]. L'économie fut quelque peu perturbée par ce scandale mais la croissance revint rapidement[188].

RĂ©Ă©lection

Caricature politique représentant Grant en marin à la barre d'un navire entouré de plusieurs hommes en costume
Caricature de Thomas Nast de 1872 représentant Grant à la barre de l'Union entouré d'un équipage mutin ; Carl Schurz est à droite tandis qu'Horace Greeley lit un journal.

La réputation de Grant fut affectée par les nombreux scandales impliquant les membres de son administration. En plus de la manipulation des cours de l'or, la corruption du bureau des douanes du port de New York affaiblit le soutien des réformateurs au gouvernement. Grant ne fut pas impliqué dans le scandale du Crédit Mobilier désignant le paiement de pots-de-vin à des membres du Congrès par la compagnie ferroviaire Union Pacific mais il éclaboussa le vice-président Colfax et contribua au sentiment de corruption généralisée à Washington. Pour satisfaire les progressistes, le président encouragea le Congrès à créer la Civil Service Commission en 1871 pour proposer des réformes de l'administration[189]. Présidée par George William Curtis (en), la commission proposa notamment la mise en place de concours pour les fonctionnaires[190]. Grant était favorable à ces mesures mais le Congrès n'était pas très enthousiaste et il refusa d'adopter des législations pour appliquer les réformes proposées ; les nominations dans la fonction publique continuèrent à être menées suivant le système des dépouilles[191] - [192].

Du fait des scandales et du manque de réformes, certains républicains quittèrent le parti pour former le Parti libéral républicain. Menés par l'ancien représentant du Massachusetts, Charles F. Adams, et le sénateur Carl Schurz du Missouri, ils dénonçaient le système de corruption et de clientélisme de l'administration, qualifié de « Grantisme », et demandaient l'amnistie pour les anciens confédérés pour sceller la réconciliation entre le Nord et le Sud. Ils présentèrent leur propre candidat à la présidence, l'éditeur du New York Tribune, Horace Greeley[193]. Lors de la convention républicaine, Grant fut choisi à l'unanimité pour briguer un second mandat tandis que Schuyler Colfax, accablé par les scandales, fut remplacé par Henry Wilson pour la vice-présidence[194]. Afin de ne pas diviser le vote anti-Grant, les démocrates se rallièrent rapidement derrière Greeley même si ce dernier avait été l'un de leurs plus féroces opposants[195]. Cette fusion fut insuffisante et Grant améliora son score de 1868 en remportant 55,6 % des voix et 286 des 352 grands électeurs[196]. Les libéraux républicains n'eurent qu'une faible influence et Greeley n'arriva en tête que dans les zones que les démocrates auraient de toute façon remportées sans lui[197].

Panique de 1873 et crise Ă©conomique

Caricature représentant une foule d'hommes en costume et tenant des journaux acclamant et jetant des fleurs aux pieds de Grant qui se trouve sous le porche d'un bâtiment à colonnades.
Caricature de Thomas Nast montrant Grant acclamé pour son veto de 1874 sur une loi inflationniste.

Au dĂ©but de l'annĂ©e 1873, Grant signa le Coinage Act qui mettait fin au bimĂ©tallisme mĂŞme si les partisans de l'argent restèrent influents notamment au sein du parti dĂ©mocrate jusqu'Ă  la fin du XIXe siècle[198]. Le second mandat de Grant fut marquĂ© par un profond marasme Ă©conomique. En , la banque d'investissement Jay Cooke & Co de l'homme d'affaires Jay Cooke ne parvint pas Ă  vendre les actions de la compagnie ferroviaire Northern Pacific Railway, et fit faillite[199]. Cette banqueroute provoqua une panique qui se rĂ©percuta sur de nombreuses entreprises[199]. Le , la bourse de New York suspendit les transactions pendant dix jours[200]. Sans grande expĂ©rience dans la finance, Grant se rendit Ă  New York pour consulter les principaux banquiers et hommes d'affaires du pays[201]. Le prĂ©sident considĂ©rait que, comme pour l'effondrement du cours de l'or en 1869, la panique n'Ă©tait qu'une fluctuation passagère du marchĂ© qui n'affecterait que les courtiers et les banquiers[202]. Il rĂ©pondit avec prudence et le secrĂ©taire au TrĂ©sor William Adams Richardson Ă©mit pour environ 70 millions de dollars (environ 130 milliards de dollars de 2012[171]) d'obligations pour injecter de l'argent dans le système. Cela permit de mettre fin Ă  la panique mais ce qui fut appelĂ© la Grande DĂ©pression se poursuivit jusqu'Ă  la fin de la dĂ©cennie[201].

Après la panique, le Congrès dĂ©battit d'une politique inflationniste pour stimuler l'Ă©conomie et adopta une loi en ce sens le . Les agriculteurs et les ouvriers Ă©taient favorable Ă  cette lĂ©gislation qui mettrait en circulation 64 millions de dollars (environ 120 milliards de dollars de 2012[171]) en greenbacks mais les banquiers de la cĂ´te est y Ă©taient opposĂ©s[203]. Ă€ la surprise gĂ©nĂ©rale, Grant mit son veto au texte en avançant qu'il anĂ©antirait l'Ă©pargne de la nation[204]. Cette dĂ©cision lui valut le soutien de la faction conservatrice du Parti rĂ©publicain et marqua le dĂ©but de l'adhĂ©sion du parti Ă  un dollar fort adossĂ© Ă  l'or[204]. Le prĂ©sident fit par la suite pression sur le Congrès pour qu'il renforce le dollar en rĂ©duisant progressivement le nombre de greenbacks en circulation. Les Ă©lections lĂ©gislatives de 1874 furent calamiteuses pour les rĂ©publicains qui perdirent le contrĂ´le de la Chambre des reprĂ©sentants ; le Congrès lame duck adopta un texte en ce sens et Grant signa le Specie Payment Resumption Act le [204].

Scandales

Photographie d'un homme moustachu et barbu en uniforme assis dans un fauteuil
Le secrétaire personnel de Grant, Orville Elias Babcock, fut impliqué dans plusieurs des scandales de son administration.

Grant fut président durant le Gilded Age (« Période dorée »), une époque où l'économie était ouverte à la spéculation et où l'expansion vers l'Ouest générait une large corruption dans l'administration. Les scandales comme celui du Crédit Mobilier affectaient tous les niveaux de l'administration fédérale ; les départements de l'Intérieur et du Trésor furent particulièrement touchés par ces affaires qui provoquèrent de nombreux conflits entre les réformateurs et les hommes politiques corrompus[205]. Bien que personnellement honnête, Grant avait du mal à discerner les fautes de ses associés. Son fils Ulysses Jr. indiqua ainsi que son père était « incapable de croire que ses amis pouvaient être malhonnêtes[206] ». Son sens de la loyauté issu de son passé militaire, le poussait à protéger ses subordonnés contre des attaques qu'il jugeait injustes, et ce aux dépens de sa réputation, à moins que les preuves ne soient écrasantes[207].

Durant le second mandat de Grant, la corruption du dĂ©partement du TrĂ©sor fut rĂ©vĂ©lĂ©e lors de l'affaire Sanborn du nom de John D. Sanborn, un ami du reprĂ©sentant du Massachusetts et ancien gĂ©nĂ©ral Benjamin Butler, qui fut engagĂ© pour collecter les impĂ´ts impayĂ©s en Ă©change de la moitiĂ© des sommes obtenues[208]. Si cette pratique de l'Internal Revenue Service appelĂ©e moiety n'Ă©tait pas illĂ©gale, 50 % Ă©tait un pourcentage exorbitant et les inspecteurs du TrĂ©sor reçurent l'ordre de ne pas intervenir dans les cas litigieux pour que Sanborn puisse les « dĂ©couvrir » et accroĂ®tre ses gains[208]; Ce dernier obtint ainsi près de 213 000 $ (environ 4,1 millions de dollars de 2012[28]) et en partagea près de 156 000 $ avec ses associĂ©s. Lorsque le scandale fut rĂ©vĂ©lĂ©, Sanborn refusa de donner les noms de ses partenaires et si Butler et le secrĂ©taire au TrĂ©sor Richardson furent soupçonnĂ©s d'avoir touchĂ© de l'argent, aucune preuve ne vint Ă©tayer ces accusations. Grant remplaça Richardson en 1874 par le rĂ©formateur Benjamin Bristow[209] et pour Ă©viter d'autres affaires, la pratique du moiety fut abolie la mĂŞme annĂ©e[205].

ImmĂ©diatement après sa nomination, Bristow lança une sĂ©rie de rĂ©formes[209] - [210] et mit au jour ce qui fut appelĂ© le Whiskey Ring ; depuis l'administration Lincoln, les distilleries du Midwest soudoyaient les fonctionnaires pour ne pas payer d'impĂ´ts et près de deux millions de dollars (environ 43 millions de dollars de 2012[171]) Ă©chappaient chaque annĂ©e Ă  l'administration fiscale[209]. Ayant obtenu le soutien de Grant qui demanda « qu'aucun coupable ne s'Ă©chappe », Bristow prit des mesures fortes pour faire fermer les distilleries corrompues et arrĂŞter les principaux membres de l'organisation[210]. Sur les 238 accusĂ©s, 110 furent condamnĂ©s et des millions de dollars furent rĂ©cupĂ©rĂ©s[210]. Quand il fut rĂ©vĂ©lĂ© que Babcock Ă©tait impliquĂ© dans le scandale, Grant tenta nĂ©anmoins de le protĂ©ger contre ce qu'il jugeait ĂŞtre une chasse aux sorcières[211]. Grant refusa d'accorder l'immunitĂ© aux participants mineurs du Whiskey Ring mais cela compliqua les travaux de l'accusation menĂ©e entre autres par John B. Henderson car leurs tĂ©moignages Ă©taient nĂ©cessaires pour faire identifier tous les protagonistes[210]. Cela et le tĂ©moignage de Grant en faveur de Babcock lors de son procès[210], poussèrent certains Ă  avancer que le prĂ©sident essayait de protĂ©ger ses soutiens car de nombreux rĂ©publicains furent impliquĂ©s dans le scandale. Sous la pression populaire, il renvoya Babcock de la Maison-Blanche après son acquittement en 1876[211]. Plusieurs condamnĂ©s furent par la suite graciĂ©s par Grant[210].

Dessin représentant un grand tonneau possédant un visage face à Oncle Sam. À l'arrière-plan, un tonneau anthropomorphisé marche avec un boulet au pied vers une porte surmontée d'une déclaration de Bristow indiquant que les enquêtes iront jusqu'au bout.
Dessin du journal Harper's Weekly concernant les investigations sur le Whiskey Ring intitulé Probe Away (« Enquête ailleurs »)

Les scandales dans l'administration s'accumulèrent alors que le Congrès lança plusieurs enquêtes pour corruption dont la plus notable fut celle concernant les postes de traite de l'Ouest. Situés dans les camps militaires, ils servaient de comptoirs commerciaux avec les Amérindiens et le secrétaire à la Guerre William W. Belknap fut accusé de vendre ces concessions en échange d'une part des profits[212]. Il démissionna le mais la Chambre des représentants décida malgré tout de lancer une procédure d'impeachment[213]; il ne fut cependant pas jugé par le Sénat qui estima que cela ne relevait plus de sa juridiction car il avait quitté ses fonctions[213]. Le Congrès enquêta également sur le secrétaire à la Marine George M. Robeson après qu'il eut reçu des pots-de-vin de constructeurs maritimes mais il n'y eut pas de procédure de destitution[214].

L'initiative de réforme de la fonction publique eut quelques succès et l'administration instaura un système de nomination au mérite pour limiter le clientélisme[215] - [190]. Le Congrès refusa néanmoins de légiférer pour pérenniser ces réformes et le secrétaire à l'intérieur Columbus Delano obtint que son département soit exempté de la mise en place de concours. Delano fut par la suite contraint à la démission après avoir accordé frauduleusement des terrains et avoir obtenu que son fils soit chargé d'études cartographiques pour lesquelles il n'avait aucune qualification[216]; le nouveau secrétaire Zachariah Chandler prit rapidement des mesures pour réformer le département[207] - [190] - [189]. Grant nomma les réformateurs Edwards Pierrepont et Marshall Jewell respectivement aux postes de procureur général et de postmaster general[217] - [218]; en 1875, le premier éradiqua la corruption au sein des marshalls et des procureurs dans le Sud[219]. Grant suggéra également d'autres réformes comme la gratuité de l'éducation pour tous les élèves et l'amendement Blaine qui aurait empêché toute aide gouvernementale aux institutions éducatives à vocation religieuse[220].

Administration

Peinture à l'huile de Grant en costume avec un nœud papillon assis dans un fauteuil en velours.
Portrait officiel de Grant par Henry Ulke

Nominations judiciaires

Photographie d'un homme avec une Ă©paisse barbe poivre et sel
Nommé juge en chef par Grant, Morrison Waite cassa plusieurs lois fédérales adoptées durant la Reconstruction pour protéger les Afro-Américains.

Grant nomma quatre juges à la Cour suprême. En 1869, le juge assesseur Robert C. Grier (en) prit sa retraite et le Congrès ajouta un neuvième siège à la Cour[221]. Grant proposa l'ancien secrétaire à la Guerre Edwin M. Stanton et le procureur général Ebenezer R. Hoar mais aucun des deux ne prit ses fonctions[222]. Le choix de Stanton fut approuvé mais il mourut avant de prêter serment tandis que Hoar était peu apprécié du Sénat et sa nomination fut rejetée[222]. Après une réunion du Cabinet, Grant soumit deux nouveaux noms : William Strong (en) et Joseph P. Bradley (en). Le premier était un ancien juge de la cour suprême de Pennsylvanie qui s'était retiré pour devenir avocat tandis que le second était également un juriste mais dans le New Jersey. Les deux nominations furent facilement approuvées[223].

Après la réélection de Grant, une autre vacance apparut avec la retraite du juge assesseur Samuel Nelson[224]. Grant présenta Ward Hunt (en), le juge en chef de la cour d'appel de New York, dont la nomination fut approuvée en 1873[224]. À la mort du juge en chef Salmon P. Chase en , Grant offrit la fonction au sénateur Conkling qui la refusa tout comme son collègue du Wisconsin, Timothy O. Howe[225]. Le président se tourna sans succès vers Hamilton Fish et envisagea de présenter l'ancien représentant du Massachusetts, Caleb Cushing, avant de soumettre le nom du procureur général George H. Williams[224]. Le Sénat avait cependant une piètre estime de son passage au département de la Justice et refusa d'étudier sa candidature ; Grant maintint son choix mais Williams demanda que son nom soit retiré en [224]. Fish suggéra de présenter à nouveau Hoar mais Grant se décida à nommer Cushing. Ce dernier était un juriste éminent et respecté dans son domaine mais la révélation de sa correspondance avec Jefferson Davis durant la guerre de Sécession condamna sa nomination[224]. Le président se tourna alors vers Morrison Waite, un juriste respectable bien que peu connu de l'Ohio qui avait travaillé sur l'affaire des revendications de l'Alabama[226]. Le Sénat approuva ce choix à l'unanimité le ; sous son impulsion, la Cour prononça deux arrêts (United States v. Cruikshank et United States v. Reese) qui cassèrent plusieurs lois adoptées durant la Reconstruction pour protéger les droits des Afro-Américains[225].

En plus de ces nominations à la Cour suprême, Grant nomma dix juges à des cours de circuit et 32 juges à des cours fédérales de district. Avec un total de 46 nominations, il fut le premier président à nommer plus de juges que Georges Washington[227].

Élection de 1876

En 1876, l'accumulation des scandales et les succès électoraux des démocrates poussèrent de nombreux républicains à se distancer de Grant[228] - [229]. Certains craignaient qu'il ne veuille briguer un troisième mandat et beaucoup voulaient mettre fin au « Grantisme »[228]. Grant ne chercha cependant pas la nomination républicaine et comme le représentant James G. Blaine du Maine ne parvenait pas à s'imposer, la convention se tourna vers le gouverneur de l'Ohio, Rutherford B. Hayes ; les démocrates choisirent le gouverneur Samuel J. Tilden de l'État de New York. L'élection fut entachée de larges fraudes dans plusieurs États du Sud et l'incapacité à départager les candidats provoqua une crise constitutionnelle[230]. Grant demanda au Congrès de régler la question par la voie législative sans blâmer l'un ou l'autre des partis[231]. Il mobilisa l'armée en Louisiane et en Caroline du Sud[232] mais assura que cela était uniquement destiné à maintenir l'ordre et non à faire pression en faveur d'un résultat. Il approuva la formation d'une commission électorale pour déterminer le vainqueur de l'élection mais celle-ci fut incapable de se prononcer car aucun des deux partis n'acceptaient sa composition[233] - [234]. Le jour de l'investiture approchant et pour éviter que la situation ne dégénère, les chefs des deux camps signèrent le compromis de 1877. Hayes fut proclamé président et en échange, il retira les dernières troupes fédérales encore présentes dans les États du Sud[235]. Les républicains avaient gagné mais la Reconstruction était terminée.

Retraite

Photographie de Grant debout, en costume et tenant un haut-de-forme
Photographie de Grant Ă  une date inconnue

Tour du monde

Après avoir quitté la Maison-Blanche, Grant et sa famille résidèrent chez des amis à New York, dans l'Ohio et à Philadelphie pendant deux mois avant d'entreprendre un tour du monde[236]. Ce voyage, qui dura deux ans, commença à Liverpool en Grande-Bretagne en où de grandes foules accueillirent l'ancien président et son entourage[237]. Le couple dîna avec la reine Victoria au château de Windsor et Grant donna plusieurs discours à Londres[238]. Ils se rendirent ensuite en Belgique, en Allemagne et en Suisse avant de revenir au Royaume-Uni où ils passèrent quelques mois avec leur fille Nellie qui avait épousé un Britannique et s'était installée en Grande-Bretagne quelques années auparavant. Grant et son épouse visitèrent la France et l'Italie et passèrent Noël 1877 à bord du sloop USS Vandalia amarré dans le port de Palerme[239]. Après un séjour hivernal en Terre sainte, ils visitèrent la Grèce avant de revenir en Italie pour une rencontre avec le pape Léon XIII[240]. À la suite d'un voyage en Espagne, ils se rendirent à nouveau en Allemagne ; Grant rencontra le chancelier allemand Otto von Bismarck et les deux hommes échangèrent sur les questions militaires[241].

Après une autre visite en Angleterre et en Irlande, le couple quitta l'Europe et traversa le canal de Suez en direction de l'Inde britannique. Ils visitèrent Bombay, Lucknow, Bénarès et Delhi où ils furent à chaque fois accueillis par les représentants de l'administration coloniale[242]. Après l'Inde, ils se rendirent en Birmanie, au Siam où Grant rencontra le roi Rama V, à Singapour et au Viêt Nam[243]. À Hong Kong, Grant commença à changer d'avis sur le colonialisme en estimant que la domination britannique n'était pas « purement égoïste » mais également bénéfique pour les sujets locaux[242]. Le couple entra ensuite réellement en Chine et visite Canton, Shanghai et Pékin. Grant déclina une rencontre avec l'empereur Guangxu alors âgé de seulement sept ans mais échangea avec le régent, le prince Gong (en), et le général Li Hongzhang[244]. Au Japon, Grant rencontra l'empereur Meiji mais le couple avait le mal du pays[245].

Ils traversèrent le Pacifique et arrivèrent à San Francisco en [246]. Après une visite du parc de Yellowstone, ils rentrèrent finalement à Philadelphie le [247]. Ce voyage avait capturé l'imagination du public notamment grâce aux articles de John R. Young dans le New York Herald. Les républicains, et en particulier les stalwarts exclus de l'administration Hayes en raison de leur opposition aux réformes de la fonction publique, voyaient Grant sous un nouveau jour[248]. Hayes ayant prévenu qu'il ne souhaitait réaliser qu'un seul mandat, la nomination républicaine pour l'élection présidentielle de 1880 était ouverte et beaucoup estimaient que Grant était un candidat sérieux[248].

Élection de 1880

Caricature représentant Grant se tenant à des anneaux et des trapèzes portant les noms de scandales politico-financiers. Il tient entre ses dents une sangle appelée où se trouve inscription « corruption » et plusieurs de ses soutiens d'y accrochent avec des poids appelés « népotisme » ou « fraude ».
Caricature de 1880 du magazine Puck proche des démocrates sur le soutien de Grant aux réseaux de corruption de ses associés.

Les stalwarts menés par le vieil allié politique de Grant, Roscoe Conkling, voyaient la nouvelle popularité de l'ancien président comme un moyen pour leur faction de revenir au pouvoir. Leurs opposants dénonçaient la violation de la règle des deux mandats qui était la norme depuis George Washington ; Grant ne fit aucune déclaration publique mais encouragea ses partisans en privé[249]. Elihu B. Washburne le pressa de se présenter mais il resta évasif et déclara qu'il serait ravi qu'un républicain gagne même s'il préférait James G. Blaine à John Sherman[250]. Conkling et John A. Logan commencèrent néanmoins à rassembler les délégués en faveur de Grant et au début de la convention républicaine à Chicago en juin, Grant avait plus de soutien que n'importe quel autre candidat même s'il n'avait pas la majorité[250].

Conkling prĂ©senta la candidature de Grant avec un discours enthousiaste dont le passage le plus connu est : « Quand on nous demande de quel État il est originaire, notre seule rĂ©ponse est : il vient d'Appomattox[250] ». Le premier tour vit Grant rassembler 304 votes contre 284 pour Blaine, 93 pour Sherman et 74 pour d'autres candidats[251]; 370 voix Ă©taient nĂ©cessaires pour obtenir la nomination mais les tours suivants donnèrent Ă  peu près les mĂŞmes rĂ©sultats. Pour sortir de l'impasse, les dĂ©lĂ©guĂ©s de Blaine et des autres prĂ©tendants se tournèrent vers un candidat de compromis, le reprĂ©sentant de l'Ohio et sĂ©nateur-Ă©lu James A. Garfield qui fut choisi au 36e tour[252].

Grant fit plusieurs discours pour Garfield mais refusa de critiquer le candidat démocrate, Winfield S. Hancock, un général qui avait servi sous ses ordres dans l'armée du Potomac[253]. Le jour de l'élection, Garfield remporta de justesse le vote populaire mais disposait d'une confortable avance au Collège électoral. Grant apporta publiquement son soutien au nouveau président et lui demanda d'inclure des stalwarts dans son administration[254].

Aventures commerciales

Même s'il fut réussi, le tour du monde de Grant fut également ruineux et à son retour aux États-Unis, il avait dépensé la plus grande partie de ses économies[255]. Deux de ses riches amis, George W. Childs et Anthony J. Drexel, lui achetèrent une résidence dans l'Upper East Side de Manhattan à New York[256]. Grant travailla avec Jay Gould et l'ancien secrétaire des finances mexicain Matías Romero pour le compte de la compagnie ferroviaire Mexican Southern Railroad qui envisageait de réaliser une voie ferrée entre Oaxaca et Mexico[256]. Il utilisa également son influence pour convaincre le nouveau président Chester A. Arthur, qui avait succédé à Garfield après son assassinat en 1881, de signer un accord de libre-échange avec le Mexique. Arthur et le gouvernement mexicain y étaient favorables mais le Sénat américain rejeta le texte en 1883[256].

Au mĂŞme moment, le fils de Grant, Ulysses Jr. avait crĂ©Ă© une banque d'affaires avec Ferdinand Ward. Ce dernier Ă©tait considĂ©rĂ© comme un gĂ©nie de la finance et la sociĂ©tĂ©, Grant & Ward, connut un succès rapide[257]. L'ancien prĂ©sident rejoignit l'entreprise en 1883 et y investit personnellement 100 000 $ (environ 2,3 millions de dollars de 2012[28])[258]. Le succès de la firme attira les investisseurs qui y achetaient des sĂ»retĂ©s puis les utilisaient comme collatĂ©raux pour emprunter de l'argent et acquĂ©rir de nouvelles sĂ»retĂ©s. Grant & Ward hypothĂ©quait ensuite ces sommes comme collatĂ©raux pour pouvoir crĂ©er de nouvelles sĂ»retĂ©s, ce qui Ă©tait illĂ©gal[259]. Si les ventes Ă©taient bĂ©nĂ©ficiaires, il n'y avait aucun problème ; dans le cas inverse, plusieurs prĂŞts devraient ĂŞtre remboursĂ©s avec le mĂŞme collatĂ©ral. Les historiens estiment que Grant ignorait tout des pratiques douteuses de Ward mais l'ignorance de son fils est moins certaine. En , la situation de la sociĂ©tĂ© Ă©tait très dĂ©favorable et Ward rĂ©alisa qu'elle ferait rapidement faillite. Il informa Grant de ces difficultĂ©s mais suggĂ©ra qu'il ne s'agissait que d'un revers temporaire[260]. Grant approcha l'homme d'affaires William H. Vanderbilt qui accepta de lui accorder un prĂŞt de 150 000 $[261]. Cet apport d'argent ne fut cependant pas suffisant pour Ă©viter la banqueroute de la banque. Complètement ruinĂ© mais poussĂ© par le sens de l'honneur, Grant remboursa nĂ©anmoins son crĂ©ancier avec ses souvenirs de la guerre de SĂ©cession ; mĂŞme si leur valeur Ă©tait infĂ©rieure Ă  celle du prĂŞt, Vanderbilt insista pour considĂ©rer que la dette Ă©tait rĂ©glĂ©e[260].

MĂ©moires et mort

Photographie de Grant dans un fauteuil en osier sur le perron d'une maison écrivant sur un calepin. Il est en costume mais une couverture est posée sur ses jambes, il a un bonnet et un foulard cachant une partie de son visage.
Grant travaillant sur ses mémoires en 1885

Grant avait abandonnĂ© sa pension militaire quand il Ă©tait devenu prĂ©sident mais le Congrès lui accorda Ă  nouveau le grade de gĂ©nĂ©ral de l'armĂ©e avec retraite complète en [262]. Ă€ la mĂŞme pĂ©riode, il apprit qu'il souffrait d'un cancer de la gorge[263] - [264]. Pour restaurer les finances de sa famille, il rĂ©digea plusieurs articles payĂ©s 500 $ chacun (environ 12 300 $ de 2012[28]) sur ses campagnes de la guerre de SĂ©cession dans le Century Magazine. Les critiques furent favorables et l'Ă©diteur Robert U. Johnson, proposa qu'il Ă©crive ses mĂ©moires, ce qu'avaient fait avec succès d'anciens gĂ©nĂ©raux dont Sherman[265].

Grant s'attela Ă  la tâche et demanda Ă  son ancien officier d'Ă©tat-major, Adam Badeau, de vĂ©rifier ses Ă©crits. Son fils Frederick l'aida dans ses recherches et pour la relecture. Le Century Magazine lui fit une offre avec des redevances de 10 % mais son ami Mark Twain lui prĂ©senta une autre proposition dans laquelle il recevrait 75 % des profits ; Grant signa rapidement avec la sociĂ©tĂ© d'Ă©dition Charles L. Webster & Co. de Twain[266]. Il travailla frĂ©nĂ©tiquement Ă  la rĂ©daction de ses mĂ©moires dans sa rĂ©sidence new-yorkaise puis dans une maison de campagne près de Wilton dans les monts Adirondacks et les termina peu avant de mourir le [267]. Le livre, intitulĂ© Personal Memoirs of Ulysses S. Grant connut un grand succès et les deux volumes se vendirent Ă  plusieurs centaines de milliers d'exemplaires ; Julia Grant reçut environ 450 000 $ (environ 11,7 millions de dollars de 2012[28]) en redevances[266]. Grant Ă©tait un auteur habile et efficace qui se reprĂ©senta comme un honorable hĂ©ros de l'Ouest dont les forces Ă©taient l'honnĂŞtetĂ© et la franchise. L'autobiographie avait une structure inhabituelle car sa jeunesse et sa prĂ©sidence n'Ă©taient que survolĂ©es, Ă  l'inverse de sa carrière militaire. Le style, concis et clair, Ă©tait Ă©galement Ă  l'opposĂ© de la tendance victorienne pour les tournures Ă©laborĂ©es[268]. Le public, les critiques littĂ©raires et les historiens militaires saluèrent l'ouvrage que Twain qualifia de « chef-d'Ĺ“uvre littĂ©raire » et compara aux Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules CĂ©sar[269]. Après avoir Ă©tudiĂ© les critiques favorables dont celles de Matthew Arnold et d'Edmund Wilson, l'Ă©crivain Mark Perry qualifie ces mĂ©moires de « plus importante Ĺ“uvre » amĂ©ricaine de non-fiction[270].

RetirĂ© en un lieu aujourd'hui appelĂ© Grant Cottage, l'ancien prĂ©sident mourut le Ă  l'âge de 63 ans[271]. Sheridan, devenu Commanding General of the Army, ordonna une journĂ©e d'hommage en son honneur dans tous les camps militaires et le prĂ©sident Grover Cleveland dĂ©crĂ©ta trente jours de deuil. Après une cĂ©rĂ©monie privĂ©e, sa dĂ©pouille fut emmenĂ©e en train Ă  West Point puis Ă  New York oĂą près de 250 000 personnes dĂ©filèrent devant son cercueil pendant les deux jours qui prĂ©cĂ©dèrent son inhumation[272]. Des dizaines de milliers de « vĂ©tĂ©rans » (anciens combattants) accompagnèrent le cortège funèbre jusqu'Ă  Riverside Park[272]. Parmi les porteurs de cercueil figuraient les gĂ©nĂ©raux de l'Union Sherman et Sheridan, les gĂ©nĂ©raux confĂ©dĂ©rĂ©s Buckner et Johnston et l'amiral Porter[272]. La dĂ©pouille de Grant fut inhumĂ©e dans une tombe temporaire puis dans un sarcophage situĂ© dans l'atrium du General Grant National Memorial achevĂ© en 1897 ; avec 50 mètres de haut, il est le plus grand mausolĂ©e d'AmĂ©rique du Nord. Près d'un 1,5 million de personnes assistèrent Ă  ce transfert[272] et des cĂ©rĂ©monies furent Ă©galement organisĂ©es dans les principales villes du pays tandis que les eulogies de la presse le comparaient Ă  George Washington et Abraham Lincoln[273].

HĂ©ritage

Photographie d'un grand monument de base cubique surmontée par une partie cylindrique à colonnades au sommet de laquelle se trouve un toit conique. Plusieurs cuirassés sont visibles dans le fleuve à l'arrière-plan.
Des cuirassés remontent l'Hudson derrière le mémorial de Grant en 1919.

Peu de présidents ont vu leur réputation évoluer aussi radicalement que Grant[274]. Après sa mort, il était considéré comme « un symbole de l'identité nationale et de la mémoire américaine[275] » et des millions de personnes assistèrent à ses funérailles et à l'inauguration de son mausolée en 1897[275]. Certains spécialistes commencèrent cependant rapidement à présenter son administration comme la plus corrompue de l'histoire américaine[276]. Les nordistes qui cherchaient à réconcilier la nation déformèrent la réputation de Grant en considérant que les motivations de l'Union et de la Confédération étaient moralement équivalentes[277]. Dans les années 1930, le biographe William B. Hesseltine nota que la réputation de Grant déclina car « ses ennemis ont mieux écrit que ses amis[278] ». En 1931, le Dictionary of American Biography loua la vision militaire de Grant et son exécution de cette stratégie pour vaincre la Confédération mais la partie consacrée à sa carrière politique était plus nuancée[279]. Concernant les scandales, les auteurs écrivirent qu'« ils n'ont jamais touché personnellement Grant de quelque manière que ce soit mais ils frappèrent si fréquemment des personnes proches de lui qu'il lui en coûta son honneur d'admettre son mauvais goût dans le choix de ses associés[280] ». En 1981, William S. McFeely remporta le prix Pulitzer pour sa biographie peu flatteuse qui se concluait par : « Il ne s'éleva pas au-delà de ses talents limités ou inspira les autres de sorte que son administration soit à l'honneur des politiques américaines[281] ».

Photographie d'une statue équestre en bronze située sur un piédestal en marbre. Ce dernier est entouré de quatre statues de lions allongés également en bronze.
L'Ulysses S. Grant Memorial Ă  Washington

Depuis 1990, les historiens ont adopté une opinion plus favorable en reconnaissant son implication dans la protection des Afro-Américains durant la Reconstruction ou sa « politique de paix » avec les Amérindiens même si ces mesures furent sans lendemain[275]. Cette évolution avait commencé dans les années 1960 avec l'analyse de sa carrière militaire par Bruce Catton qui modifia le consensus historique représentant Grant comme ayant remporté la victoire par la force brute en faveur de celui d'un commandant talentueux[282]. John Y. Simon écrivit au sujet de l'évaluation de McFeely : « L'échec de la présidence de Grant… reposa dans l'échec de sa politique de paix amérindienne et l'effondrement de la Reconstruction… Mais si Grant avait essayé et échoué, qui aurait pu réussir ?[283] ». Il ajouta que si Grant n'était évalué que sur son premier mandat, il serait considéré comme l'un des plus grands présidents américains « dont on se souviendrait pour sa défense dévouée des droits des esclaves affranchis associée à sa conciliation avec les anciens confédérés, pour ses réformes dans la politique indienne et dans la fonction publique, pour la résolution des revendications de l'Alabama et pour l'apport de la paix et de la prospérité[284] ».

De même Jean E. Smith écrivit dans sa biographie de 2001 que les qualités qui firent de Grant un grand général le portèrent en politique pour en faire, sinon un grand président, un président admirable[285]: « Le lien est la force de caractère, une volonté indomptable qui ne céda jamais face à l'adversité… Il fit parfois des erreurs graves ; il simplifiait souvent à l'excès ; il voyait pourtant clairement ses objectifs et avança sans relâche dans leur direction[286] ». En 2012, la biographie de H. W. Brands fut présentée par l'historien Eric Foner comme un « compte-rendu favorable des efforts déterminés et temporairement fructueux du président Grant pour écraser le Ku Klux Klan qui avait instauré un règne de terreur contre les anciens esclaves[274] ». Brands résuma ainsi la carrière militaire et politique de Grant :

« En tant que général durant la guerre de Sécession, il vainquit la Confédération et détruisit l'esclavage qu'était la cause de la sécession. En tant que président durant la Reconstruction, il ramena le Sud dans l'Union. À la fin de sa vie, l'Union était plus solide qu'elle ne l'avait jamais été. Et personne n'a plus fait pour arriver à ce résultat que lui[287]. »

Grant sur le billet de 50 $ de la sĂ©rie 2004
Timbre de 1890 Ă  l'effigie de Grant

Plusieurs mĂ©moriaux et lieux ont Ă©tĂ© nommĂ©s en hommage Ă  Grant comme le Grant Park de Chicago, l'Ulysses S. Grant Memorial situĂ© sur le National Mall de Washington face au Capitole ainsi que de nombreux comtĂ©s dans l'Ouest du pays. De 1890 Ă  1940, une partie de l'actuel parc national de Kings Canyon porta le nom de parc national du General Grant d'après le General Grant, le deuxième plus grand sĂ©quoia gĂ©ant au monde. Certaines versions du char M3 Lee utilisĂ© durant la Seconde Guerre mondiale portent son nom de mĂŞme qu'un sous-marin nuclĂ©aire (en) lancĂ© en 1963. Le portrait de Grant est prĂ©sent sur les billets de 50 $ depuis 1913. En , l'universitĂ© d'État du Mississippi a Ă©tĂ© choisie pour accueillir la bibliothèque prĂ©sidentielle Ulysses S. Grant. Le 23 dĂ©cembre 2022, le Congrès promeut Ulysses S. Grant au grade de General of the Armies pour cĂ©lĂ©brer le bicentenaire du premier gĂ©nĂ©ral quatre Ă©toiles des États-Unis[288] - [289], lui donnant prĂ©cĂ©dence sur John Pershing (pourtant promu au mĂŞme grade plus d'un siècle plus tĂ´t)[290].

Cinéma et télévision

Ulysses S. Grant a été joué à l'écran dans des productions qui le dépeignent soit comme général de l'armée de l'union durant la guerre civile, soit comme président des États-Unis d'Amérique.

Filmographique

Notes et références

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