Atrium (architecture)
Lâatrium (pluriel latin : atria ; pluriel francisĂ© : atriums) Ă©tait, chez les Ătrusques et dans la Rome antique, la piĂšce centrale du bĂątiment.
CâĂ©tait la partie du bĂątiment ouverte aux hĂŽtes, aux clients et aux visiteurs. Selon une thĂ©orie admise par la plupart des historiens, l'atrium Ă©tait dans la Rome primitive une cour entourĂ©e de bĂątiments, prĂ©cĂ©dant la piĂšce d'habitation du maĂźtre de maison. Dans l'atrium Ă©taient conservĂ©es les images des ancĂȘtres sous forme de masques mortuaires, en plĂątre, ou d'imago clipeata, dans un cartouche circulaire, pour les plus riches. On exposait ces masques mortuaires, imagines en cire peinte, moulages positifs pris sur le visage du dĂ©funt, dans des sortes d'armoires ou sous un baldaquin, dans l'atrium[1].
Ătymologie
Le substantif masculin[2] - [3] - [4] - [5] « atrium » est un emprunt savant[5] au latin atrium[2] - [3] - [4], substantif neutre[6] attesté depuis[3] l'Aulularia[7], une comédie de Plaute datée de vers 195 av. J.-C.[8]. Il viendrait de la ville d'Adria selon Varron[9] confirmé par Paul Diacre[10].
La recherche moderne relie le mot « atrium » à l'adjectif latin ater, qui signifie « noir, noirci » et suggÚre que l'atrium primitif était la piÚce unique de la maison, dans laquelle on cuisinait, provoquant ce noircissement[11].
L'atrium préromain
Les Ătrusques possĂ©daient devant leurs maisons des gentilices, une piĂšce nommĂ©e atrium tuscanicum ou « toscan » (par les auteurs latins)[12]. Il prĂ©cĂšde, chez les Ătrusques, l'accĂšs Ă la piĂšce de rĂ©ception du maĂźtre, comprenant son lit et la chapelle des ancĂȘtres, le tablinum. Plusieurs tombes Ă©trusques de Banditaccia en rĂ©vĂšlent les dĂ©tails (fenĂȘtres, portes et leur tympan) puisqu'elles reproduisent les dĂ©tails de la vie avant la mort du dĂ©funt pour l'accompagner dans son voyage vers l'au-delĂ .
Si l'atrium tuscanicum comporte déjà un compluvium et un impluvium pour recueillir les eaux de pluie, il n'est pas révélé ni reproduit dans les plafonds des atriums des tombes[12] alors que les voûtes des chambres funéraires simulent les deux pentes du toit et la poutre faßtiÚre vue de l'intérieur (columen).
L'atrium romain classique
Il sâagissait ordinairement dâune vaste piĂšce couverte, carrĂ©e ou rectangulaire (cavaedium). Son toit est ouvert au centre, un bassin (impluvium), parfois pourvu dâun jet dâeau, se trouvait sous cette ouverture et recueillait lâeau de pluie venue du compluvium, qui Ă©tait dirigĂ©e ensuite vers une citerne. Il pouvait y avoir aussi des atriums oblongues ou circulaires, plus ou moins beaux selon lâimportance de la maison. Certaines maisons en possĂ©daient plusieurs. Les murs de lâatrium Ă©taient souvent revĂȘtus de marbre jusquâĂ hauteur dâappui et dĂ©corĂ©s de fresques. Les stemmata imaginum (arbres gĂ©nĂ©alogiques familiaux), les tables de patronat et dâhospitium ainsi que les archives familiales Ă©taient conservĂ©es dans cette piĂšce.
On compte quatre sortes d'atriums :
- toscan : il était formé par quatre poutres qui se croisaient deux à deux à angle droit, avec leurs bouts scellés dans les murs ; il restait au milieu une partie découverte ;
- testudine : il Ă©tait formĂ© dâun grand toit ressemblant Ă la carapace dâune tortue, dâoĂč son nom ; le jour passait en dessous ;
- tĂ©trastyle, ou Ă quatre colonnes : il ressemblait au toscan, mais une colonne soutenait chaque point dâintersection des poutres ;
- corinthien : le plus vaste, composĂ© de portiques en colonnades dâordre corinthien.
Lâatrium dĂ©signait aussi une cour entourĂ©e de portiques devant un temple ou un Ă©difice public. Il y avait Ă Rome lâAtrium regium, celui de la LibertĂ©, lâAuctionarium, celui de lâApollon palatin, devant le temple de ce dieu sur le mont Palatin. Il Ă©tait dâune trĂšs grande beautĂ©, tout en marbre blanc et en marbre dâAfrique, avec un grand nombre de statues Ă©questres et pĂ©destres.
Ăvolution post-romaine
Dans le plan des basiliques palĂ©ochrĂ©tiennes, lâatrium Ă©tait une cour extĂ©rieure attenante au narthex de la basilique, bordĂ©e de colonnades. Ă lâĂ©glise primitive Sainte-Sophie de Constantinople, lâatrium, pavĂ© en marbre, comprenait un bassin de jaspe avec jet dâeau en son milieu.
Dans l'Ă©glise primitive Saint-Pierre Ă Rome, c'Ă©tait la seule partie de la basilique oĂč les personnes non encore baptisĂ©es (les catĂ©chumĂšnes) pouvaient accĂ©der (les nefs centrale, internes et externes Ă©tant rĂ©servĂ©es aux croyants baptisĂ©s).
Enfin, dans les palais des rois au Moyen Ăge, lâatrium Ă©tait un corps de logis splendide, destinĂ© aux rĂ©ceptions publiques.
Notes et références
- Robert Turcan, L'Art romain, Paris, Flammarion, coll. « Tout l'art », 1995, 2002, 301 p., 21 cm (ISBN 978-2-08-010687-2, BNF 38810165), p. 20.
- « Atrium », dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le 22 septembre 2017).
- Informations lexicographiques et étymologiques d'« atrium » (sens A) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le 22 septembre 2017).
- Entrée « atrium » (sens 1) des Dictionnaires des français [en ligne], sur le site des éditions Larousse (consulté le 22 septembre 2017).
- Entrée « Atrium », dans Alain Rey (dir.), Marianne Tomi, Tristan Hordé et Chantal Tanet, Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, (réimpr. janvier 2011), 4e éd. (1re éd. février 1993), 1 vol., XIX-2614, 29 cm (ISBN 978-2-84902-646-5 et 978-2-84902-997-8, OCLC 757427895, BNF 42302246, SUDOC 147764122, lire en ligne) (consulté le 22 septembre 2017).
- (la+fr) EntrĂ©e « ÄtrÄum », dans FĂ©lix Gaffiot, Dictionnaire illustrĂ© latin-français, Paris, L. Hachette, 1934 (paru le ), 1re Ă©d., 1 vol., 1702-XVIII, in-8o (26 cm) (OCLC 798807606, BNF 32138560, SUDOC 006209599, lire en ligne [fac-similĂ©]), p. 182, col. 3 (consultĂ© le 22 septembre 2017).
- Plaute, Aulularia (BNF 12489311), 518 (consulté le 22 septembre 2017).
- Entrée « Aulularia » dans l'Encyclopédie [en ligne], sur le site des éditions Larousse (consulté le 14 mai 2019).
- Varron, LL, V, 33, 161.
- Robert Bedon, Les Aqueducs de la Gaule romaine et des régions voisines, Presses Univ. Limoges, 1999, 786 p. (ISBN 9782842871116), p. 550.
- Jean Haudry, Les feux de Rome, Revue des Ă©tudes latines 90, 2013, p.57-82
- Jacques Heurgon, La Vie quotidienne des Ătrusques, Hachette, 1961 et 1989, p. 190.
Annexes
Bibliographie
- Théodore Bachelet et Louis Charles Dezobry, Dictionnaire général des lettres, des beaux-arts et des sciences morales et politiques, Paris, Ch. Delagrave et Cie, 1872.
- John Bryan Ward-Perkins, Architecture romaine, Paris, Gallimard, 1993.
Articles connexes
Liens externes
- « Restitution de la villa gallo-romaine d'Echternach », sur halshs.archives-ouvertes.fr (consulté le ).