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Époque victorienne

L'époque victorienne (parfois appelée ère victorienne) au Royaume-Uni marque l'apogée de la révolution industrielle britannique ainsi que celle de l'Empire britannique. Bien que l'époque victorienne puisse désigner les années de règne de la reine Victoria, de 1837 à 1901, les historiens fixent généralement son début au Reform Act 1832. L'époque victorienne est précédée de l'époque georgienne et suivie de l'époque édouardienne.

Sciences et techniques

Encore jeune homme, Charles Darwin rejoint l'élite scientifique britannique. Portrait de George Richmond, fin des années 1830.

Pendant l’époque victorienne, Charles Darwin publie en 1859 De l'origine des espèces dans lequel il explique comment les nouvelles espèces apparaissent.

C'est aussi l'époque de grandes avancées en géologie et en paléontologie, ainsi qu'en génie civil, avec des ingénieurs tels qu'Isambard Kingdom Brunel.

De nombreux chercheurs défendent des théories qui sont désormais caduques. Les adeptes de la phrénologie, par exemple, estiment qu'on peut connaître la personnalité de quelqu'un en étudiant la forme de son crâne. D'autres défendent la supériorité de certaines populations par rapport à d'autres, et veulent ainsi apporter une caution scientifique à la domination de l'Afrique par les puissances européennes.

Arts et culture

La littérature victorienne suit celle de l'époque romantique précédente : tandis que la poésie était prédominante, l'époque victorienne privilégie le genre littéraire du roman.

Des auteurs de romans importants : Charles Dickens (1812-1870), Bram Stoker (1847-1912), William Thackeray (1811-1863), Lewis Carroll (1832-1898), Thomas Hardy (1840-1928), Oscar Wilde (1854-1900) et Sir Arthur Conan Doyle (1859-1930), et chez les femmes, les sœurs Brontë Charlotte (1816–1855), Emily Brontë (1818–1848) et Anne Brontë (1820–1849), George Eliot (1819–1880) ainsi qu'Elizabeth Gaskell (1810-1865).

En poésie : Elizabeth Barrett Browning (1806-1861), Robert Browning (1812–1889), Alfred Tennyson (1809–1892), Gerard Manley Hopkins (1844–1889) et William Butler Yeats (1865-1939).

Au théâtre : Gilbert et Sullivan, George Bernard Shaw (1856-1950) et Oscar Wilde (1854-1900).

Fondation des Red Brick universities.

Londres victorien

Le Londres de l'ère victorienne est la quintessence de cette époque, brassant des classes que tout oppose, mêlant les prémices de la modernité technologique à des archaïsmes sociaux stricts.

Une grande partie des bâtiments et lieux iconiques de Londres ont été construits pendant le règne de la reine Victoria. Au niveau des infrastructures, le tunnel sous la Tamise est accessible aux piétons en 1843, les docks Royal Victoria sont mis en service en 1855, le pont de Blackfriars, conçu par l'architecte écossais Robert Mylne, est inauguré en 1869 et le célèbre Tower Bridge, commencé en 1886, l'est en 1894. Au niveau ferroviaire, la gare Waterloo est ouverte le et celle de Saint-Pancras en 1868.

La célèbre cloche Big Ben sonne pour la première fois le . Le quartier de Paddington devient réputé dès les années 1860. En raison de ses canaux, il est surnommé « la petite Venise. » La première section du métro londonien est opérationnelle en 1863, la station Baker Street est en service dès le . Le Royal Albert Hall, inauguré par la reine Victoria en 1871.

Le célébrissime détective Sherlock Holmes naît de la main de Sir Arthur Conan Doyle en 1887 dans sa première publication Une étude en rouge. L'action du célèbre roman Oliver Twist de Charles Dickens ainsi que celle de La Petite Princesse de Frances Hodgson Burnett se déroulent dans le Londres victorien.

RĂ©volution industrielle

Des innovations décisives

La machine à vapeur conçue par Boulton et Watt. Dessin de 1784.

Malgré quelques créations d'entreprises au cours du XVIIIe siècle, la production industrielle restait jusqu'alors dispersée en milieu rural : il s'agissait de proto-industrialisation.

Des innovations techniques aboutissent à la création de nouvelles machines textiles. Un pas décisif est franchi avec la mise au point de la machine à vapeur de James Watt, en 1769, qui substitue à l'énergie humaine une énergie mécanique : elle fonctionne au charbon et peut actionner à son tour, par des courroies, d'autres machines.

Par l'intermédiaire d'un système de tiroir de distribution, ouvrant et fermant des lumières, la vapeur d'eau sous pression est envoyée à une extrémité d'un cylindre, où elle pousse un piston. Ce dernier entraîne la bielle qui est articulée dessus et fixée sur le volant d'inertie en un point excentré de son axe de rotation. Son mouvement provoque donc une rotation du volant.

Dans les années 1850, la classe dirigeante britannique commence à craindre que les futures réserves de main d’œuvre ne viennent à diminuer. En 1871, les inspecteurs britanniques de la loi sur les pauvres signalent : « Il est bien établi qu'aucun garçon des classes pauvres qui a grandi en ville, en particulier à Londres, n'atteint […] la taille de quatre pieds dix pouces et demi [1,48 m] ou un tour de poitrine de 29 pouces [73 cm] à l'age de quinze ans. Un certain rachitisme est caractéristique de cette race ». Ainsi, quelques lois vinrent réguler les heures de travail des enfants et interdirent l'emploi des femmes dans les secteurs les plus susceptibles de compromettre leur fécondité[1].

Contestation sociale

Émeute chartiste.

L'Angleterre victorienne voit de fréquents mouvements de contestation sociale. Le chartisme, de 1838 à 1848, mobilise des millions de personnes dans une tentative de gagner le suffrage universel. En 1867 et 1884, seule une mobilisation massive oblige le parlement à étendre le suffrage.

Le syndicalisme construit peu à peu un mouvement de masse, avec la fondation dans les années 1860, des Trades Union Congress (TUC, congrès des syndicats), et, dans les années 1880, l'extension du syndicalisme au-delà des seuls ouvriers qualifiés. Les grandes grèves des dockers, des travailleurs du gaz, et des filles qui fabriquaient des allumettes défrayent la chronique.

La décennie suivante marque cependant un recul du mouvement ouvrier. Le patronat profita de la récession du début des années 1890 pour détruire nombre de ces nouveaux syndicats en achetant les services de briseurs de grève, en laissant la faim pousser les ouvriers à reprendre le travail (comme dans la longue grève des minotiers, en majorité des femmes, de Bradford), en organisant des lock-out et en engageant des procès pour saisir les fonds syndicaux (ce fut notamment le cas lors de la grève des cheminots de Taff Vale)[1].

Différents mouvements pour les droits des femmes apparaissent — notamment des comités qui luttent pour le droit de la femme mariée d'avoir de la propriété à son nom, un mouvement de masse pour le droit de vote des femmes, et de nombreuses mobilisations de sections de la classe moyenne qui demandaient le droit à l'éducation pour les femmes.

Notes et références

  1. Chris Harman, Une histoire populaire de l'humanité, La Découverte, 2015, page 438

Annexes

Articles connexes

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