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Lewis Carroll

Lewis Carroll, nom de plume de Charles Lutwidge Dodgson (/tʃɑːlz ˈlʌt.wÉȘdʒ ˈdɒdʒ.sən/), est un romancier, essayiste, photographe amateur et professeur de mathĂ©matiques britannique, nĂ© le Ă  Daresbury (Cheshire) et mort le Ă  Guildford (Surrey). Il est principalement connu pour son roman Les Aventures d'Alice au pays des merveilles (1865) et sa suite De l'autre cĂŽtĂ© du miroir (1871).

Lewis Carroll
Lewis Carroll (autoportrait) en 1855.
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  65 ans)
Guildford (Surrey)
SĂ©pulture
Nom de naissance
Charles Lutwidge Dodgson
Pseudonyme
Lewis Carroll
Nationalité
Domicile
Formation
Activité
écrivain, mathématicien, photographe
Période d'activité
PĂšre
Charles Dodgson (en)
MĂšre
Frances Jane Lutwidge (d)
Fratrie
Frances Jane Dodgson (d)
Elizabeth Lucy Dodgson (d)
Caroline Hume Dodgson (d)
Mary Charlotte Dodgson (d)
Skeffington Hume Dodgson (d)
Wilfred Longley Dodgson (d)
Louisa Fletcher Dodgson (d)
Margaret Anne Ashley Dodgson (d)
Henrietta Harrington Dodgson (d)
Edwin H. Dodgson (en)
ParentĂšle
Charles Dodgson (en) (arriĂšre-grand-pĂšre)
Autres informations
A travaillé pour
Genre artistique
Archives conservées par
Harry Ransom Center (en) (MS-04870)[1]
signature de Lewis Carroll
Signature
Vue de la sépulture.

Issu d'une famille anglicane plutĂŽt conservatrice (liĂ©e Ă  la Haute Église), il a fait ses Ă©tudes Ă  la Christ Church d'Oxford, avant d'y enseigner. C'est lĂ  qu'il rencontre Alice Liddell, fille du doyen Henry Liddell, avec qui il noue une relation Ă  l'origine de son roman, bien qu'il l'ait toujours niĂ©.

Biographie

Jeunesse

Lieu de naissance de Charles Lutwidge Dodgson alias Lewis Carroll Ă  Daresbury (Cheshire).

Charles Lutwidge Dodgson naĂźt d’un pĂšre prĂȘtre anglican d'origine irlandaise, au sein d’une famille de onze enfants dont deux seulement se sont mariĂ©s. Une grande partie de sa jeunesse s'est dĂ©roulĂ©e dans le presbytĂšre de Croft-on-Tees, dans le Yorkshire, demeure qui abrite la famille pendant vingt-cinq ans. La plupart de ses ancĂȘtres masculins sont officiers dans l'armĂ©e ou pasteurs de l'Église d'Angleterre. Toute la fratrie est composĂ©e de gauchers et sept d'entre eux (Charles y compris) bĂ©gayaient[2] - [3]. Son grand-pĂšre, Ă©galement nommĂ© Charles Dodgson, Ă©tait Ă©vĂȘque d'Elphin[4]. Enfant douĂ© dans un cadre familial protecteur, Charles dĂ©veloppe une personnalitĂ© hors normes.

Le psychanalyste amĂ©ricain John Skinner estime que la gaucherie est Ă  l’origine de cette obsession du renversement qui constitue l’un des thĂšmes dominants de l'oeuvre de Lewis Carroll[5]. Dans De l'autre cĂŽtĂ© du miroir, le temps aussi bien que l’espace se trouvent inversĂ©s.

Charles Dodgson, dans son ùge mûr, devait prendre souvent plaisir à mystifier ses jeunes correspondantes en commençant ses lettres par la signature et en les terminant par le commencement[6].

Quant au bĂ©gaiement, il serait peut-ĂȘtre Ă  l’origine des fameux « mots-valises » Ă  double signification. La hĂąte Ă  s’exprimer, combinĂ©e avec son dĂ©faut d’élocution, aurait amenĂ© l’enfant Ă  fondre involontairement deux mots en un seul.

« Tout flivoreux vaguaient les borogoves,
Les verchons fourgus bourniflaient. »

— De l’autre cĂŽtĂ© du miroir, Bredoulocheux, poĂšme, traduction d’Henri Parisot.

L’explication en est fournie par « L'ƒuf Gros Coco » (Humpty-Dumpty) dans De l'autre cĂŽtĂ© du miroir : « C’est comme une valise, voyez-vous bien : il y a trois significations contenues dans un seul mot
 Flivoreux, cela signifie Ă  la fois frivole et malheureux
 Le verchon est une sorte de cochon vert ; mais en ce qui concerne fourgus, je n’ai pas d’absolue certitude. Je crois que c’est un condensĂ© des trois participes : fourvoyĂ©s, Ă©garĂ©s, perdus. »

Le choc sera d’autant plus fort lorsque le garçon affrontera la « normalitĂ© » — les autres enfants — Ă  l’école de Richmond puis Ă  la Rugby School en 1845. Il en gardera un souvenir pĂ©nible en raison des brimades que lui attiraient sa timiditĂ© ou une certaine difficultĂ© de communication.

Revues familiales

Issu d'une famille aimante et bienveillante, Charles reprend la foi, les valeurs et les prĂ©jugĂ©s de son pĂšre, et jusqu’à son goĂ»t pour les mathĂ©matiques. Son talent littĂ©raire se manifeste trĂšs tĂŽt, notamment par les « revues » locales que le jeune Charles s'amuse Ă  publier pendant ses vacances. Manuscrites et rĂ©servĂ©es aux hĂŽtes du presbytĂšre, ces publications ont eu des durĂ©es de vie fort brĂšves : La Revue du presbytĂšre, La ComĂšte, Le Bouton de rose, L'Étoile, Le Feu follet, et MĂ©li-MĂ©lo. Le Parapluie du presbytĂšre, paru vers 1849, Ă©tait illustrĂ© de dessins rappelant ceux d’Edward Lear dont le Book of Nonsense[7] jouissait alors d’une trĂšs grande vogue. Edward Lear y mettait en scĂšne des crĂ©atures singuliĂšres qui ont pu suggĂ©rer Ă  Charles Dodgson l’idĂ©e du Snark, crĂ©ature carrollienne presque invisible et redoutĂ©e.

Ces tentatives littĂ©raires juvĂ©niles rĂ©vĂšlent la virtuositĂ© de Charles Ă  manier les mots et les Ă©vĂ©nements, et sa disposition trĂšs originale pour le nonsense. Il fera mĂȘme construire un thĂ©Ăątre de marionnettes par le menuisier du village et Ă©crira des piĂšces pour l’animer : TragĂ©die du roi John, La Guida di Bragia, 1849-1850.

En 1856, il collabore avec le magazine The Train dont le rĂ©dacteur, Edmund Yates, choisira parmi les quatre pseudonymes proposĂ©s par Charles Dodgson celui de Lewis Carroll. Ce nom d'auteur est forgĂ© Ă  partir de ses prĂ©noms traduits en latin — Charles Lutwidge donnant Carolus Ludovicus —, inversĂ©s et traduits Ă  nouveau — Ludovicus Carolus donnant Lewis Carroll[8].

Arrivée à Oxford (1851)

Professeur de logique au Christ Church College Ă  Oxford, Lewis Carroll est ordonnĂ© diacre de l'Église anglicane en 1861, mais il ne deviendra pas prĂȘtre par la suite[9]. Il publie sous son vrai nom des ouvrages d'algĂšbre et de logique mathĂ©matique ainsi que des recueils d'Ă©nigmes et jeux verbaux. Les Aventures d'Alice au pays des merveilles (1865) est Ă  l'origine Ă©crit pour amuser Alice Liddell et ses deux sƓurs, filles du doyen du Christ Church College. La suite des aventures d'Alice, De l'autre cĂŽtĂ© du miroir paraĂźt en 1871, et La Chasse au Snark, long poĂšme parodique, en 1876. Elles sont illustrĂ©es par John Tenniel.

Photographe amateur portraitiste (1856-1880)

Photo d'Alice Liddell par Lewis Carroll (1858).
Young Girl Holding a Basket (Fillette portant un panier).

Cette mĂȘme annĂ©e 1856, traversĂ© par le pressentiment de ce qui sera plus tard le spectacle cinĂ©matographique, il Ă©crit dans son journal :

« Je pense que ce serait une bonne idĂ©e que de faire peindre sur les plaques d’une lanterne magique les personnages d’une piĂšce de thĂ©Ăątre que l’on pourrait lire Ă  haute voix : une espĂšce de spectacle de marionnettes. »

Il achÚte son premier appareil photographique à Londres le . Quelques jours plus tard, il se rend dans le jardin du doyen Liddell au Christ Church College pour photographier la cathédrale. Il y trouve les trois fillettes Liddell dont Alice, sa future inspiratrice, et les prend pour modÚle.

Rapidement, il excelle dans l’art de la photographie et devient un photographe rĂ©putĂ©. Son sujet favori restera les petites filles. Mais il photographie Ă©galement des connaissances : peintres, Ă©crivains, scientifiques ,ainsi que des paysages, statues, et mĂȘme des squelettes par curiositĂ© anatomique.

En relation avec le portraitiste James Sant (1820-1916) et son frùre George (1821–1877), peintre paysagiste, il fait des portraits photographiques de James, de sa fille Sarah Fanny et de son fils Jemmy [10].

En 1879, il s'adonne de plus en plus à la photographie de petites filles parfois déshabillées ou nues. Il demandait l'autorisation aux parents des fillettes avant de les photographier déshabillées[11]. Dans sa longue correspondance il déclare :

« J’espĂšre que vous m’autoriserez Ă  photographier tout au moins Janet nue ; il paraĂźt absurde d’avoir le moindre scrupule au sujet de la nuditĂ© d’une enfant de cet Ăąge[11]. »

En 1880, il abandonne la photographie, ayant peut-ĂȘtre Ă©tĂ© trop loin dans son goĂ»t pour les nus, au regard de la morale Ă  l'Ă©poque victorienne.

Cette passion donnera naissance à quelques trois mille clichés, dont un millier ont survécu au temps et à la destruction volontaire.

Dans les périodiques

Outre les revues familiales, Charles Dodgson publie dans des périodiques anglais[12] :

  • The Whitby Gazette, un pĂ©riodique local (deux articles en 1854) ;
  • The Comic Times, un hebdomadaire londonien (1855) ;
  • The Train, un mensuel qui remplace The Comic Times (1856), date Ă  laquelle il adopte son pseudonyme.

Les Aventures d’Alice au pays des merveilles

Le temps du chef-d’Ɠuvre, ce fut « au cƓur d’un Ă©tĂ© tout en or », la journĂ©e du . Alice, alors ĂągĂ©e de dix ans, fut l’inspiration de Charles Dodgson. Il la courtisait au moyen de devinettes ou de belles histoires composĂ©es Ă  son usage.

L’histoire qu’il racontait par-dessus son Ă©paule Ă  Alice, assise derriĂšre lui dans le canot, fut improvisĂ©e avec brio tout en maniant l’aviron. Lorsque la fille lui demanda d’écrire pour elle son histoire, il accomplit son chef-d’Ɠuvre : un manuscrit des « Aventures d’Alice sous terre », prĂ©cieusement calligraphiĂ© et illustrĂ©. Il l’offrira Ă  son inspiratrice, Alice Liddell, le .

En 1864, une ombre s'abat sur ses relations avec Mrs. Liddell, qui lui refuse la permission d'inviter ses filles.

Frontispice d'Alice au pays des merveilles, par John Tenniel.

Charles Dodgson rĂ©digera une deuxiĂšme version, Les Aventures d'Alice au pays des merveilles, destinĂ©e Ă  une publication en librairie. Il se rendra Ă  Londres en pour convaincre John Tenniel de crĂ©er les illustrations d’Alice. Leur collaboration ne sera pas sans accrocs : aucun dĂ©tail n’échappera Ă  la minutieuse critique de Charles Dodgson. Il dĂ©dicacera les premiers exemplaires Ă  des amis en . Le succĂšs sera immĂ©diat.

Au Noël 1888, il commencera une troisiÚme version Alice racontée aux petits enfants. Les premiers exemplaires seront distribués à la fin de 1889.

En Ă©crivant Alice, Lewis Carroll s’est placĂ© sous le signe de la fĂ©erie, mais il n’en conserve que l’apparence. Point de fĂ©es mais les personnages de l’univers merveilleux : roi, reine, nain, sorciĂšre, messager, animaux douĂ©s d’un comportement et d’un langage humain. À une plĂ©iade de personnages insolites s’ajoutent les piĂšces d’un jeu d’échecs, des cartes Ă  jouer vivantes. Clin d’Ɠil Ă  ses lecteurs, des personnages charmants empruntĂ©s aux chansons enfantines de son enfance : Humpty-Dumpty, les jumeaux Tweedledum et Tweedledee.

Si Lewis Carroll s’inscrit dans une tradition, c’est pour la plier Ă  son inspiration : jeux verbaux, chansons, devinettes jalonnent le rĂ©cit. À maints Ă©gards, son Ɠuvre est Ă©tonnamment audacieuse. Les personnages ne semblent pas accepter les mĂ©tamorphoses rĂ©pondant Ă  une saine logique — comme celle de la citrouille devenant carrosse — et cherchent au contraire Ă  y Ă©chapper. La parodie est l’une des clĂ©s qui ouvre au lecteur l’univers d’Alice.

Les personnages font en quelque sorte le contraire de ce qu’on attend d’eux. C’est l’inversion, une seconde clĂ© du pays des merveilles. La troisiĂšme clĂ© est le non-sens, genre que Lewis Carroll manipule avec gĂ©nie. Le nonsense feint de laisser espĂ©rer au lecteur une explication logique, puis traĂźtreusement trompe ses habitudes de pensĂ©e.

« Je lui en donne une : ils m’en donnĂšrent deux,
Vous, vous nous en donnĂątes trois ou davantage ;
Mais toutes cependant leur revinrent, Ă  eux,
Bien qu’on ne pĂ»t contester l’équitĂ© du partage. »

Alice au pays des merveilles, dĂ©position du lapin blanc au procĂšs du valet de cƓur.

Alice est en porte-Ă -faux dans le pays des merveilles, comme Charles Dodgson l’était dans la rĂ©alitĂ©. Elle fait tout Ă  rebours ou Ă  contretemps de ce qui est convenable sur un plan social. Elle est toujours trop grande ou trop petite, et a conscience de son inadaptation. La reine blanche l’accuse carrĂ©ment de vivre Ă  l’envers, et lui conseille d’apprendre Ă  croire Ă  l’impossible. Mais, au contraire de Charles Dodgson qui subissait la rĂ©alitĂ©, Alice ose se rebeller contre celui de l’anormalitĂ©. Elle est hardie et sereine, la projection idĂ©alisĂ©e de son auteur.

Selon une lecture psychanalytique, inspirée par l'Hommage rendu à Lewis Carroll de Jacques Lacan[13], « Alice est une figure profondément contradictoire. Elle donne corps à un idéal fondé sur le désir d'abolir le désir, tandis qu'elle est aussi une incarnation du sujet désirant. Son caractÚre hybride et ses désirs antinomiques contribuent à indiquer comment le sujet se corrÚle à l'impossible. Les contradictions d'Alice ajoutent à celles du texte, entre joie et malaise, entre la défense qu'il opÚre des thÚses conservatrices de l'auteur et son acharnement à en ruiner les fondements, entre une pratique de l'écriture qui vise à la scientificité et le dévoilement du réel ainsi que du sujet de l'inconscient auquel elle procÚde"[14] ».

Beaucoup des animaux de l'histoire représentent des personnes réelles, ainsi :

  • Dinah est le nom de la chatte d'Alice Liddell et de l'Alice de Carroll ;
  • le Canard Ă©voque un ami de l'auteur, le rĂ©vĂ©rend Duckworth (duck signifie canard en anglais) ;
  • le Dodo (ou le Dronte) Ă©voque l'auteur lui-mĂȘme (Ă  cause de son bĂ©gaiement, quand il se prĂ©sentait, il disait : « Do-Do-Dodgson ») ;
  • le Lori (petit perroquet malais) Ă©voque Lorina Liddell, sƓur d'Alice ;
  • l'Aiglon Ă©voque l'autre sƓur, Edith.

De l’autre cĂŽtĂ© du miroir et ce qu’Alice y trouva

Cette suite d'Alice conte les aventures d’une petite fille qui a rĂ©ussi Ă  traverser un miroir. Cet objet mystĂ©rieux qu’est le miroir a toujours Ă©tĂ© liĂ© Ă  la magie et joue un rĂŽle assez inquiĂ©tant dans les contes. C’est l’image d’une parfaite justesse afin de figurer la ligne de dĂ©marcation entre les mondes extĂ©rieur et intĂ©rieur.

Tout comme Alice au pays des merveilles, De l'autre cĂŽtĂ© du miroir est, sinon un pur rĂ©cit de rĂȘve, du moins une histoire fantastique dont l’atmosphĂšre est intensĂ©ment onirique. D’autres avant lui avaient confondu dans leurs Ɠuvres l’imaginaire et le rĂ©el, mais Lewis Carroll a le mĂ©rite d’avoir crĂ©Ă© un mĂ©lange original d’onirisme et de logique.

« Il a ouvert la voie Ă  un genre littĂ©raire absolument nouveau, dans lequel les faits psychologiques sont traitĂ©s comme des faits objectifs
 Le non-existant, les animaux qui parlent, les ĂȘtres humains dans des situations impossibles, tout est considĂ©rĂ© comme admis et le rĂȘve n’est pas troublĂ© », dit Florence Becker Lennon.

Le volume, paru en 1871, rencontre lui aussi un immense succĂšs. Les compliments eut suffi Ă  tourner une tĂȘte moins solide. Toutefois, Lewis Carroll Ă©crit Ă  un correspondant : « Je ne lis jamais rien sur moi-mĂȘme, ni sur mes livres ».

Il serait peut-ĂȘtre excessif de parler d’influence entre Lewis Carroll et les reprĂ©sentants de tel ou tel mouvement littĂ©raire contemporain. Mais il n’est pas impossible qu’Alfred Jarry ait pensĂ© Ă  Humpty-Dumpty lorsqu’il imagina son Ubu. Constamment employĂ© Ă  des fins poĂ©tiques, le calembour peut Ă©galement avoir jouĂ© un rĂŽle primordial dans l’élaboration de l’Ɠuvre de Raymond Roussel.

L’invention carrollienne des « mots-valises » est exploitĂ©e Ă  outrance par James Joyce dans Ulysse ou Finnegans Wake. Ce dernier complique quelque peu le jeu en empruntant ses vocables Ă  diffĂ©rentes langues.

Le nonsense a Ă©galement Ă©tĂ© l’un des ressorts de la poĂ©sie dadaĂŻste et surrĂ©aliste, par exemple du Grand Jeu de Benjamin PĂ©ret.

Dans Philosophy of Nonsense, Jean-Jacques Lecercle montre que le nonsense est un genre fondamentalement paradoxal qui soutient la rĂšgle et la subvertit en mĂȘme temps[15]. Alice et La Chasse au Snark peuvent difficilement ĂȘtre tenues pour des fantaisies rĂ©crĂ©atives et Ă©difiantes Ă  l'usage des enfants. "Leur pouvoir de subversion, Ă©crit Sophie Marret, est inscrit dans le titre mĂȘme des premiĂšres aventures d'Alice. Les diffĂ©rents sens du terme "wonder" que l'on rencontre dans le titre original Alice's Adventures in Wonderland, nous incite d'emblĂ©e Ă  une lecture prudente. Le verbe signifie Ă  la fois s'Ă©merveiller, s'Ă©tonner de quelque chose et se poser des questions"[16]. Le merveilleux de Carroll est source de doutes ; c'est un univers dĂ©rangeant qui porte Ă  s'interroger, notamment sur le langage et les valeurs morales.

La Chasse au Snark

En 1876 paraĂźt La Chasse au Snark qui est l’une des meilleures rĂ©ussites en vers de Lewis Carroll et l’une de ses Ɠuvres capitales. Les lecteurs voulurent y voir une allĂ©gorie, certains de la popularitĂ© et d’autres du bonheur, mais il soutint toujours n’avoir voulu y donner aucun sens particulier : « Quant Ă  la signification du Snark, j’ai bien peur de n’avoir voulu dire que des inepties ! », Ă©crivait-il Ă  un ami amĂ©ricain. « Toutefois, voyez-vous, les mots ne signifient pas seulement ce que nous avons l’intention d’exprimer quand nous les employons
 Ainsi, toute signification satisfaisante que l’on peut trouver dans mon livre, je l’accepte avec joie comme Ă©tant la signification de celui-ci. La meilleure que l’on m’ait donnĂ©e est due Ă  une dame
 qui affirme que le poĂšme est une allĂ©gorie reprĂ©sentant la recherche du bonheur. Je pense que cela tient admirablement Ă  bien des Ă©gards — en particulier pour ce qui concerne les cabines de bains : quand les gens sont las de la vie et ne peuvent trouver le bonheur ni dans les villes ni dans les livres, alors ils se ruent vers les plages, afin de voir ce que les cabines de bains pourront faire pour eux ».

Lewis Carroll dĂ©clara avoir composĂ© La Chasse au Snark en commençant par le dernier vers qui lui vint Ă  l’esprit lors d’une promenade et en remontant vers le dĂ©but du poĂšme qui se constitua piĂšce par piĂšce au cours des deux annĂ©es suivantes.

Un thĂšme qui frappe, c’est celui de l’oubli, de la perte du nom et de l’identitĂ©. Le personnage du boulanger a oubliĂ© sur la grĂšve quarante-deux malles, marquĂ©es Ă  son nom, qu’il a Ă©galement oubliĂ©. Lorsqu’il se met Ă  raconter sa triste histoire, l’impatience du capitaine, qui craint une trop longue confidence, l’incite Ă  sauter quarante ans. Ces chiffres Ă©voquent l’ñge de Charles Dodgson Ă  cette pĂ©riode.

En dĂ©pit du souffle de fantaisie dĂ©sopilante qui le parcourt d’un bout Ă  l’autre, La Chasse au Snark n’est pas un poĂšme gai. La quĂȘte qu’il relate, en fin de compte, tourne mal. L’anĂ©antissement du boulanger, Ă  l’instant de sa rencontre avec le terrible Boujeum, invisible aux autres personnages, laisse une impression de malaise. Rapprochant le poĂšme des premiĂšres comĂ©dies de Charlie Chaplin, on y voit « une tragĂ©die de la frustration et de l’échec ».

Il y a incontestablement une part de satire sociale dans l’absurde procĂšs du RĂȘve de l’avocat qui ressemble beaucoup Ă  une parodie de procĂšs rĂ©el.

Sylvie et Bruno

Dans la prĂ©face de Sylvie et Bruno, publiĂ© en 1889, chef-d’Ɠuvre qui tĂ©moigne d’une technique entiĂšrement renouvelĂ©e par rapport Ă  Alice, Lewis Carroll proclame son dĂ©sir d’ouvrir une nouvelle voie littĂ©raire.

L’audace est grande, pour l’époque, de la construction de deux intrigues, le rĂȘve constamment accolĂ© Ă  la rĂ©alitĂ©. L’objectif essentiel du narrateur est de franchir le mur de la rĂ©alitĂ© pour atteindre le royaume du rĂȘve : il voit l’un des personnages de son rĂȘve pĂ©nĂ©trer dans la vie rĂ©elle. Lewis Carroll crĂ©e l’effet de duplication de ses personnages.

L’intĂ©rĂȘt rĂ©side Ă©galement dans la juxtaposition des deux intrigues. L’originalitĂ© de Lewis Carroll ne consiste pas Ă  unifier rĂȘve et rĂ©alitĂ© mais Ă  reconstituer une unitĂ© Ă  partir de la multiplicitĂ© initiale.

Dans sa prĂ©face, ce qu’il nous dit de la construction de son livre : un noyau qui grossit peu Ă  peu, une Ă©norme masse de « litiĂ©rature » (litter, ordure) fort peu maniable, un agrĂ©gat d’écrits fragmentaires dont rien ne dit qu’ils formeront jamais un tout. Le roman n’est plus cette totalitĂ© harmonieuse oĂč s’exprime le souffle de l’inspiration. Le fini romanesque est dĂ©mystifiĂ© d’une façon ironique et pour tout dire sacrilĂšge pour l’époque victorienne.

Ce texte sera sa derniÚre création.

La vie Ă  Oxford

Le lecteur d’Alice ignore presque tout du comportement de Charles Dodgson dans sa vie quotidienne de citoyen d’Oxford. Celui-ci consacre, entre 1865 et 1896, une douzaine d’écrits touchant Ă  des problĂšmes ayant agitĂ© la vie locale. Ils apportent de savoureuses informations sur la pensĂ©e de Charles Dodgson.

The New Method of Evaluation Applied to Pi (1865) est une critique sarcastique de l’augmentation de salaire accordĂ©e Ă  un professeur de grec coupable, aux yeux du conservateur Dodgson, de politiser ses cours dans un sens libĂ©ral.

Son conformisme s’exprime Ă©galement dans Des Ă©tudiantes rĂ©sidentes (1896), farouche rĂ©ticence au projet de rĂ©forme permettant de dĂ©livrer des diplĂŽmes universitaires aux femmes sans venir rĂ©sider Ă  l’universitĂ©, ce qui bouleverse ses habitudes.

D’une plume trempĂ©e dans un humour fĂ©roce, il ridiculise de mĂȘme par l’absurde les projets de transformations architecturales en cours au Christ Church College. Il adresse ainsi au doyen Liddell, pĂšre d’Alice, un pamphlet anonyme Le Beffroi de Christ Church (1872), dĂ©molition minutieuse, sur papier, du monument.

L’ironie, le sarcasme, le paradoxe se dĂ©chaĂźnent dans sept Ă©crits anonymes. L’auteur s’y livre Ă  un vĂ©ritable bizutage de l’établissement oxfordien s’en prenant Ă  son modernisme et son suivisme des idĂ©es Ă  la mode.

Rien n'y laisse deviner Lewis Carroll, l’enchanteur. Lui-mĂȘme ne se dĂ©voile pas, ne faisant jamais allusion Ă  son Ɠuvre en public. Il finit mĂȘme, dans ses derniĂšres annĂ©es, par renvoyer avec la mention « inconnu » les lettres qu’on lui adressait au nom de Lewis Carroll.

Les succĂšs remportĂ©s au dehors d’Oxford n’ont donc aucune chance d’amĂ©liorer la maigre estime accordĂ©e au mathĂ©maticien. La littĂ©rature pour enfants, Ă  laquelle ne pouvait Ă©chapper Alice, est Ă  l'Ă©poque un genre mineur, vaguement frivole. S’illustrer dans ce genre revient pour Charles Dodgson Ă  marquer un peu plus sa marginalitĂ©. Le regard d’une sociĂ©tĂ© victorienne impose dĂšs lors le non-dit sur la dualitĂ© Dodgson-Carroll.

Ce pays des merveilles sur lequel il rĂšgne en maĂźtre dans sa vie rĂȘvĂ©e, tout lui en interdit le seuil dans sa vie vĂ©cue. Peut-ĂȘtre se rĂ©pĂšte-t-il les paroles d’espoir Ă©changĂ©es par Alice et le chat du Cheshire :

« — Je ne me soucie pas trop du lieu
 pourvu que j’arrive quelque part.
— Vous pouvez ĂȘtre certaine d’y arriver pourvu seulement que vous marchiez
assez longtemps. »

CaractĂšre et apparence

Santé

Photographie de 1863 prise par Oscar G. Rejlander
Photographie de 1863 prise par Oscar G. Rejlander (en).

Le jeune adulte Charles Dodgson est mince et mesure environ 1,83 m. iI a des cheveux bruns bouclĂ©s et des yeux bleu-gris. Il est plus tard dĂ©crit comme un peu asymĂ©trique. Alors qu'il est encore enfant, Charles Dodgson souffre d'une fiĂšvre qui le laisse sourd d'une oreille. À l'Ăąge de 17 ans, il subit une grave crise de la coqueluche, probablement responsable de sa faiblesse chronique Ă  la poitrine durant sa vie. Un autre dĂ©faut qu'il porte Ă  l'Ăąge adulte est ce qu'il a appelĂ© son « hĂ©sitation », un bĂ©gaiement qu'il a acquis dĂšs sa petite enfance et qui le tourmente tout au long de sa vie[17]. Le bĂ©gaiement a toujours Ă©tĂ© une partie importante de l'image de Dodgson. Il est dit qu'il balbutiait seulement en compagnie d'adultes, mais parlait librement et avec facilitĂ© avec les enfants[18]. Dodgson lui-mĂȘme semble avoir Ă©tĂ© beaucoup plus conscient de ce problĂšme que la plupart des gens qu'il rencontre ; il est dit qu'il s'est lui-mĂȘme caricaturĂ© Ă  travers le personnage de Dodo prĂ©sent dans Les Aventures d'Alice au pays des merveilles, se rĂ©fĂ©rant Ă  sa difficultĂ© Ă  prononcer son nom de famille, mais cela est l'un des nombreux « faits » souvent rĂ©pĂ©tĂ©s pour lesquels aucune preuve n'existe[17].

Si son bĂ©gaiement le trouble, Dodgson n'a jamais Ă©tĂ© compromettant vis-Ă -vis de ses autres qualitĂ©s personnelles. Il vit Ă  une Ă©poque oĂč le chant et la rĂ©citation sont des compĂ©tences sociales nĂ©cessaires, et il est parfaitement qualifiĂ© pour ĂȘtre un artiste attachant. Il aurait pu chanter et n'a pas peur de le faire en public. Il est Ă©galement rĂ©putĂ© assez bon aux charades[17].

Liens sociaux

Dans l'intervalle entre ses premiĂšres publications et le succĂšs des livres d'Alice, Dodgson s'est dĂ©placĂ© dans le cercle social prĂ©raphaĂ©lite. Il rencontre tout d'abord John Ruskin en 1857 et devient ami avec celui-ci. Il dĂ©veloppe ensuite une relation Ă©troite avec Dante Gabriel Rossetti et sa famille, et frĂ©quente Ă©galement William Holman Hunt, John Everett Millais et Arthur Hughes, parmi d'autres artistes. Il connait bien l'auteur de conte de fĂ©es George MacDonald — c'est l'accueil enthousiaste d'Alice par les enfants de MacDonald qui l'ont convaincu de publier ses travaux[17] - [19].

Politique, religion et philosophie

Dodgson est considĂ©rĂ© comme politiquement, religieusement, et personnellement conservateur. Martin Gardner dĂ©signe Dodgson comme un Tory[20]. Le rĂ©vĂ©rend W. Tuckwell, dans Reminiscences of Oxford (1900), le considĂšre comme « austĂšre, timide, prĂ©cis, absorbĂ© dans la rĂȘverie mathĂ©matique, vigilant Ă  sa dignitĂ©, conservateur en thĂ©orie thĂ©ologique politique, et sociale, sa vie est tracĂ©e comme le paysage d'Alice »[21]. Dans The Life and Letters of Lewis Carroll, l'Ă©diteur dĂ©clare que « son Journal est plein de dĂ©prĂ©ciations modestes envers lui-mĂȘme et son travail, entrecoupĂ©es de priĂšres ferventes (trop sacrĂ©es et privĂ©es pour ĂȘtre reproduites ici) que Dieu lui pardonne le passĂ© et l'aide Ă  accomplir sa sainte volontĂ© Ă  l'avenir »[22]. Quand un ami l'interrogĂ© sur ses opinions religieuses, Dodgson Ă©crit en rĂ©ponse qu'il est membre de l'Église d'Angleterre.

Dodgson exprime Ă©galement de l'intĂ©rĂȘt dans d'autres domaines. Il fut un des premiers membres de la Society for Psychical Research et une de ses lettres suggĂšre qu'il croit Ă  ce qui est alors appelĂ© « lecture de pensĂ©e »[23]. Dodgson a ainsi Ă©crit quelques Ă©tudes sur divers arguments philosophiques. En 1895, il dĂ©veloppe un argument philosophique sur le raisonnement dĂ©ductif dans son article « What the Tortoise Said to Achilles », publiĂ© dans l'un des premiers volumes de Mind[24]. L'article a Ă©tĂ© rĂ©imprimĂ© dans la mĂȘme revue une centaine d'annĂ©es plus tard, en 1995, avec un article ultĂ©rieur par Simon Blackburn intitulĂ© « Practical Tortoise Raising »[25].

DerniÚres années

Autoportrait de Lewis Carroll, 1895.
La tombe de Lewis Carroll au Mount Cemetery.

L'existence de Dodgson n'a que peu variĂ© au cours des vingt derniĂšres annĂ©es de sa vie, malgrĂ© sa richesse et sa renommĂ©e croissantes. Il a continuĂ© Ă  enseigner Ă  Christ Church jusqu'en 1881, et y a rĂ©sidĂ© jusqu'Ă  sa mort. Les deux volumes de son dernier roman Sylvie et Bruno ont Ă©tĂ© publiĂ©s en 1889 et 1893, mais la complexitĂ© de cette Ɠuvre n'a pas Ă©tĂ© comprise par ses contemporains ; elle n'a pas eu de succĂšs comme les aventures d'Alice, avec des ventes s'Ă©levant seulement Ă  13 000 exemplaires[26] - [27].

Son seul séjour connu à l'étranger a été un voyage en Russie en 1867 comme ecclésiastique, en collaboration avec le révérend Henry Liddon. Il raconte son voyage dans son Russian Journal, qui a été publié en 1935[28]. Sur son chemin et pendant son retour de Russie, il passe par différentes villes de Belgique, d'Allemagne, de Pologne, et de France.

Il meurt d'une pneumonie Ă  la suite d'une grippe le dans la maison de ses sƓurs, « The Chestnuts », Ă  Guildford. Il Ă©tait Ă  deux semaines d'avoir 66 ans. Il est enterrĂ© Ă  Guildford au Mount Cemetery (en)[19].

Travail mathématique

Un portrait posthume de Lewis Carroll par Hubert von Herkomer, Ă  partir de photographies. Ce tableau se trouve maintenant dans la Christ Church, Ă  Oxford.
Un portrait posthume de Lewis Carroll par Hubert von Herkomer, Ă  partir de photographies. Ce tableau se trouve maintenant dans la Christ Church Ă  Oxford.

En mathématiques, Dodgson a principalement travaillé dans les domaines de la géométrie, l'algÚbre linéaire, l'algÚbre matricielle, la logique mathématique, et les mathématiques récréatives, produisant prÚs d'une douzaine de livres sous son vrai nom. Dodgson a également développé de nouvelles idées en algÚbre linéaire (par exemple, la premiÚre épreuve du théorÚme de Rouché-Fontené)[29] - [30], en probabilité, et en étude des élections (par exemple, la méthode de Dodgson (en)) et des comités ; certains de ces travaux n'ont pas été publiés jusqu'à bien aprÚs sa mort. Son occupation comme professeur de mathématiques à Christ Church lui a donné une certaine sécurité financiÚre[31].

Son travail mathĂ©matique a attirĂ© un regain d'intĂ©rĂȘt Ă  la fin du XXe siĂšcle. Le livre de Martin Gardner sur les machines et diagrammes logiques et la publication posthume de William Warren Bartley de la seconde partie du livre portant sur la logique symbolique de Carroll ont dĂ©clenchĂ© une rĂ©Ă©valuation des contributions de Carroll Ă  la logique symbolique[32] - [33] - [34]. Les Ă©tudes de Robbins et Rumsey[35] de la condensation de Dodgson (en), une mĂ©thode d'Ă©valuation des dĂ©terminants, les a conduits Ă  la conjecture de la matrice Ă  signes alternants, maintenant un thĂ©orĂšme. La dĂ©couverte dans les annĂ©es 1990 des chiffrements supplĂ©mentaires que Carroll avait construits, en plus de son « Memoria Technica », a montrĂ© qu'il avait employĂ© des idĂ©es mathĂ©matiques sophistiquĂ©es dans leur crĂ©ation[36].

Correspondance

Dodgson a Ă©crit et reçu plus de 98 721 lettres, selon un registre spĂ©cial de lettres qu'il a conçu. Il a documentĂ© ses conseils sur la façon d'Ă©crire des lettres plus satisfaisantes dans une missive intitulĂ©e « Eight or Nine Wise Words About Letter-Writing »[37].

ƒuvres

Tri par date de publication, ou de rédaction dans le cas de publication posthume.

ƒuvres littĂ©raires

  • Le Magazine du presbytĂšre (The Rectory Magazine, sous le nom de Charles Lutwidge Dodgson, 1850). Paris : Henri Veyrier, coll. « Domaines », 1978.
  • PoĂ©sie instructive et utile (Useful and Instructive Poetry) (1945)
  • La Guida di Bragia, a Ballad Opera for the Marionette Theatre (aux environs de 1850)
  • Le Parapluie du presbytĂšre (The Rectory Umbrella)(1850-1853)
  • Micmac (Mischmasch)(1855-1862)
  • The Train (revue littĂ©raire) - contributions (1856-1857)
  • Les Aventures d'Alice au pays des merveilles (Alice's Adventures in Wonderland) (1865)
  • Voyage en Russie (Russian Journal) avec le docteur Lindon, publiĂ© Ă  titre privĂ© en 1928 puis en 1935. (1867)
  • Phantasmagoria et poĂšmes divers (1869)
  • De l'autre cĂŽtĂ© du miroir (Through the Looking-Glass, and What Alice Found There) (1872)
  • Le Nouveau Clocher (The New Belfry Of Christ Church)
  • The Vision of the Three T's (1873)
  • La Chasse au Snark (The Hunting of the Snark) (1876)
  • Rime ou Raison ou Sans rime ni raison (Rhyme? and Reason?) (1883)
  • Une histoire embrouillĂ©e (A Tangled Tale) (1885)
  • Les Aventures d’Alice sous terre (Alice's Adventures Under Ground) (publiĂ©es en 1886)
  • Isa visite Oxford (Isa's visit to Oxford) (1888)
  • Alice racontĂ©e aux petits enfants (The Nursery Alice) (1889)
  • Sylvie et Bruno (Sylvie and Bruno) (1889)
  • Sylvie and Bruno Conclude (1893)
  • Bruno's Revenge (1867, publiĂ© en 1924)
  • Pillow Problems (1893)
  • What the Tortoise Said to Achilles (1895)
  • Three Sunsets and Other Poems (1898)

Travaux mathématiques

  • ÉlĂ©ments de gĂ©omĂ©trie plane algĂ©brique (A Syllabus of Plane Algebraic Geometry) (1860)
  • Notes on the First Two Books of Euclid, Designed for Candidates for Responsions(1860)
  • Condensation of Determinants, Being a New and Brief Method for Computing their Arithmetic Values (1866)
  • Le cinquiĂšme livre d'Euclide prouvĂ© par l'algĂšbre(The Fifth Book of Euclid Treated Algebraically) (1858 et 1868)
  • TraitĂ© ÉlĂ©mentaire des DĂ©terminants (An Elementary Treatise on Determinants with their Application to Simultaneous Linear Equations and Algebraic Geometry) (1867)
  • The Fifth Book of Euclid Treated Algebraically, so far as it Relates to Commensurable Magnitudes. (1868)
  • The Enunciations of Euclid I-VI, Together with Questions on the Definitions, Postulates, Axioms, &c. (1873)
  • Euclide et ses rivaux modernes (Euclid and His Modern Rivals) (1879)
  • The Alphabet Cipher (en) (1868)
  • Euclid, Books I, II (1882)
  • SupplĂ©ment Ă  Euclide et ses rivaux modernes (Supplement to Euclid and His Modern Rivals) (1885)
  • Jeu de la Logique (The Game of Logic) (1887)
  • Curiosa Mathematica I (1888)
  • Curiosa Mathematica II (1892)
  • Symbolic Logic Part I
  • Symbolic Logic Part II (publiĂ© Ă  titre posthume)
  • The Theory of Committees and Elections, Ă©ditĂ©, analysĂ© et publiĂ© en 1958, par Duncan Black

Autres travaux

Éditions françaises

  • ƒuvres, collection Bouquins, Ă©ditions Robert Laffont, 1989.
    Édition Ă©tablie et annotĂ©e par Francis Lacassin, traduction de l’anglais par Henri Parisot, Bruno Roy, Simone Lamblin, Jeanne Bouniort, Jocelyne de Pass, Philippe Blanchard, Fanny Deleuze, AndrĂ© Bay, Jeanne Bouniort, Simone Lamblin, Jean Belmas, Jean GattĂ©gno, Ernest Coumet, J.J. Bisson et Alain Gheerbrant. Sans illustrations.
  • Lewis Carroll, Ɠuvres, Ă©d. Gallimard, coll. La PlĂ©iade, 1990.
    Édition publiĂ©e sous la direction de Jean GattĂ©gno avec la collaboration de VĂ©ronique BĂ©ghain, Alexandre RĂ©vĂ©rend et Jean-Pierre Richard. Traduction de l'anglais par Philippe Blanchard, Fanny Deleuze, Jean GattĂ©gno, Henri Parisot, Alexandre RĂ©vĂ©rend et Jean-Pierre Richard. Avec les illustrations originales de chaque Ɠuvre.
  • Tout Alice, trad. de Henri Parisot, prĂ©face de Jean-Jacques Mayoux, Ă©d. Flammarion, coll. GF, 1979.
  • Une histoire embrouillĂ©e, trad. Jean Belmas, ill. Jean-Michel Folon, BĂ©libaste Ă©diteur, Paris 1974.
  • Logique sans peine, trad. Jean GattĂ©gno et Ernest Coumet, ill. Max Ernst, Ă©d. Hermann, Paris 1966.
  • Le Magazine du presbytĂšre (The Rectory magazine, sous le nom de Charles Lutwidge Dodgson, 1850) / traduit et prĂ©sentĂ© par Jeanne Bouniot. Paris : Henri Veyrier, coll. « Domaines », 1978, 161 p. PrĂ©face de Jean Bouniot. Postface : « Lewis Carroll prĂ©curseur de l’OU.LI.PO » : entretien de François Le Lionnais avec François RiviĂšre.
  • La Chasse au Snark, traduction, introduction et notes de Normand Baillargeon, ill. de Charlotte Lambert, Éd. Lux, MontrĂ©al, 2006.
  • Alice au Pays des Merveilles et De l'autre cĂŽtĂ© du Miroir, ill. de Pat Andrea, Ă©ditions Diane de Selliers, 2006.
  • Lettres inĂ©dites Ă  Mabel Amy Burton recueillies par Pierre E. Richard Ă©ditions Michel de Maule 2008.
  • Un thĂ© chez les fous, traduction, prĂ©face, postface, Ă©dition bilingue, ill. de Serge Chamchinov, collection Le plus petit MusĂ©e du Livre, 2010.

Théùtre

Jean-Louis Sarthou a Ă©crit et mis en scĂšne une piĂšce, intitulĂ©e Les Éclats du miroir, Ă  partir d'extraits d'Alice, de De l'autre cĂŽtĂ© du miroir, de Sylvie et Bruno, de La logique sans peine et de quelques autres textes. Elle a Ă©tĂ© jouĂ©e en 1974 au studio d'Ivry et a tournĂ© en Île-de-France. Dany Tayarda y interprĂ©tait Alice, et Ă©tait accompagnĂ©e de Michel Brothier et de Marie HermĂšs. Les dĂ©cors Ă©taient d'Édouard Berreur.

En 2010, la Cie genevoise Zanco a rĂ©alisĂ© un spectacle itinĂ©rant À travers le miroir Ă  Carouge[38].

En 2016, Emmanuel Demarcy-Mota et Fabrice Melquiot ont créé une piÚce intitulée Alice et autres merveilles[39].

Musique

La compositrice MichÚle Reverdy a écrit une piÚce de théùtre musical sur des extraits de Through the looking glass et une mélodie pour voix et piano dans le cycle De l'ironie
 contre l'absurdité du monde.

Cinéma

Le long-métrage d'animation des studios Walt Disney, Alice au pays des merveilles, est en fait une adaptation des deux romans, incorporant aux aventures d'Alice des extraits de De l'autre cÎté du miroir.

Un autre long-métrage a adapté les deux romans, Alice in Wonderland, de Tim Burton, datant de 2010.

Jan Ơvankmajer a réalisé une version onirique, Alice, en 1988.

Jeu vidéo

La toute premiÚre adaptation d'Alice au pays des merveilles en jeu vidéo date de 1985 et est développé par Daniel Querol Bures sur ZX Spectrum et publié par DaniSoft. Ce premier jeu est un jeu textuel uniquement en espagnol.

La mĂȘme annĂ©e sort sur Commodore 64 et Apple II une autre adaptation dĂ©veloppĂ© par Windham Classics. De cette mĂȘme adaptation sort une amĂ©lioration graphique en 1992 dĂ©veloppĂ©e par Spinnaker Software sur CD-i.

En 2001, Le studio de développement de jeux vidéo Lexis Numérique développe une adaptation d'Alice au pays des merveilles sur PC et Mac.

Entre-temps et depuis, American McGee a travaillé sur une trilogie : American McGee's Alice sorti en 2000, suivi de Alice Madness Returns sorti en 2011, et travaille actuellement sur le troisiÚme volet, Alice : Otherlands, qui est en réalité une préquelle aux deux premiers volets.

DĂ©tournement

Les deux originaux ayant servi au détournement (National Portrait Gallery, London).
  • Autoportrait ou portrait de Charles Lutwidge Dodgson par Reginald Southey, 1857 (National Portrait Gallery, London)
  • Open your mouth, and shut your eyes (Edith Mary Liddell, Ina Liddell et Alice Liddell), 1860 (National Portrait Gallery, London)

En 2005, un jeune étudiant en école d'art compose un photomontage, présentant Lewis Carroll et Alice Liddell s'embrassant, à partir de deux images de l'époque de Carroll[40]. L'image devenue virale au fil des ans, telle une légende urbaine, est reprise sur de nombreux sites sans indiquer le détournement, bien que quelques-uns[41] identifiaient le « fake ».

Certains spécialistes de littérature ont cependant présenté ce faux comme authentique, afin d'illustrer leurs soupçons quant à la relation entre Dodgson et Alice[42].

Notes et références

Références

  1. « https://norman.hrc.utexas.edu/fasearch/findingAid.cfm?eadid=00284 » (consulté le )
  2. « L'éternelle jeunesse d'Alice au pays des merveilles », sur Télérama (consulté le )
  3. François Buhler, Les grands Ă©crivains bipolaires, Tome 1, Publibook des Écrivains, 2018, page 90 (note de bas de page) (ISBN 9782342164398).
  4. (en) Ann Clark, Lewis Carroll : A Biography, Londres (ISBN 978-0-460-04302-1 et 0-460-04302-1), p. 10
  5. (en) « Lewis Carroll's Adventures in Wonderland »,
  6. (en-US) Morton N. Cohen, « Speaking of Books: Letters from Wonderland », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. « Book of Nonsense, by Edward Lear », sur www.gutenberg.org (consulté le )
  8. Patrick Roegiers, Lewis Carroll, dessinateur et photographe ou le Visage regardé, éditions Créatis, 1982 ; rééd. éd. Complexe, 2003 (ISBN 2870279809), p. 36 (aperçu en ligne sur Google Livres).
  9. Jean-Claude Polet, Patrimoine littĂ©raire europĂ©en, vol 11b : « Renaissances nationales et conscience universelle (1832-1885) : Romantismes rĂ©flĂ©chis », De Boeck UniversitĂ©, 1992, p. 841. « Aperçu »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?), sur Google Livres (consultĂ© le ).
  10. Portrait de Jemmy sur Getty Images.
  11. Morton N. Cohen, « Death », dans The Selected Letters of Lewis Carroll, Palgrave Macmillan UK, (ISBN 9780333513378, lire en ligne), p. 283–283
  12. Jean GattĂ©gno, « Chronologie », dans Alice au pays des merveilles, suivi de De l'autre cĂŽtĂ© du miroir, Gallimard, coll. « Folio classique », (ISBN 978-2-07-046660-3), p. 349–350.
  13. Jacques Lacan, « Hommage rendu Ă  Lewis Carroll », Ornicar ? revue du champ freudien., vol. 50,‎ , p. 9-12 (ISBN 2-9519169-3-0)
  14. Sophie Marret, « Lacan sur Lewis Carroll ou “ Tandis qu'il lourmait de suffĂšches pensĂ©es ” », Ornicar ? revue du champ freudien, vol. 50,‎ , p. 359 (ISBN 2-9519169-3-0)
  15. (en) Jean-Jacques Lecercle, The Philosophy of Nonsense, London, Routledge, 1994.
  16. Sophie Marret, Lewis Carroll : De l'autre cÎté de la logique, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, , 255 p. (ISBN 2-86847-124-2), p. 222
  17. Karoline Leach, In the Shadow of the Dreamchild: A New Understanding of Lewis Carroll. chapitre 2, 1999.
  18. Karoline Leach, In the Shadow of the Dreamchild: A New Understanding of Lewis Carroll, 1999, p. 91.
  19. Cohen, Morton, Lewis Carroll: A Biography, 1996, (ISBN 978-0-679-74562-4), p. 100–4.
  20. (en) Martin Gardner, Introduction to The annotated Alice : Alice's Adventures in Wonderland & Through the Looking Glass, W. W. Norton & Company, (ISBN 0-517-02962-6), xv.
  21. (en) Martin Gardner, Introduction to Alice's Adventures in Wonderland and Through the Looking-Glass, Oxford University Press, (ISBN 978-0-517-02962-6 et 0-517-02962-6), xvi.
  22. Stuart Dodgson Collingwood, The Life and Letters of Lewis Carroll, 1898.
  23. (en) RenĂ©e Hayness, The Society for Psychical Research (1882–1982): A History, Londres, Macdonald & Co, , 13–14 p. (ISBN 0-356-07875-2).
  24. (en) L. Carroll, « What the Tortoise Said to Achilles », Mind, no 14,‎ , p. 278 (DOI 10.1093/mind/IV.14.278).
  25. (en) S. Blackburn, « Practical Tortoise Raising », Mind, vol. 104, no 416,‎ , p. 695 (DOI 10.1093/mind/104.416.695).
  26. Angelica Shirley Carpenter, Lewis Carroll: Through the Looking Glass, Lerner, 2002, p. 98 (ISBN 978-0822500735).
  27. Thomas Christensen, Dodgson's Dodges, 1991.
  28. « Chronology of Works of Lewis Carroll » (version du 20 février 2009 sur Internet Archive).
  29. (en) Eugene Seneta, « Lewis Carroll as a Probabilist and Mathematician », Mathematical Scientist, vol. 9,‎ , p. 79–84 (lire en ligne).
  30. Francine F. Abeles, Charles L. Dodgson, Mathematician. An Exhibition From the Jon A. Lindseth Collection of C.L. Dodgson and Lewis Carroll, New York, The Grolier Club, 1998, p. 45–54.
  31. Robin Wilson, Lewis Carroll in Numberland: His Fantastical Mathematical Logical Life, 2008, (ISBN 978-0-7139-9757-6).
  32. Martin Gardner, Logic Machines and Diagrams, Brighton, Sussex, Harvester Press, 1958.
  33. William Warren III Bartley, Lewis Carroll's Symbolic Logic, New York, Clarkson N. Potter, 1977, 2e Ă©dition 1986.
  34. Amirouche Moktefi, « Lewis Carroll's Logic », British Logic in the Nineteenth Century dans Dov M. Gabbay and John Woods (dir.), Handbook of the History of Logic, vol. 4, Amsterdam, Elsevier, 2008, p. 457–505.
  35. (en) D. P. Robbins et H. Rumsey, « Determinants and Alternating Sign Matrices », Advances in Mathematics, vol. 62, no 2,‎ , p. 169 (DOI 10.1016/0001-8708(86)90099-X).
  36. (en) F. F. Abeles, « Lewis Carroll's Ciphers: The Literary Connections », Advances in Applied Mathematics, vol. 34, no 4,‎ , p. 697 (DOI 10.1016/j.aam.2004.06.006).
  37. (en) Dorothy G. Clark, « The Place of Lewis Carroll in Children's Literature (review) », The Lion and the Unicorn, vol. 34, no 2,‎ , p. 253–258 (DOI 10.1353/uni.0.0495, lire en ligne).
  38. « Alice and Other Wonders », sur theatredelaville-paris.com (consulté le ).
  39. Voir le contexte de l'affaire et les déclarations de David O'Kane (Kissing Carroll : Digital-Collage Simulacra - visible en bas à droite de cette page) dans le livre d'Anna Kérchy, Alice in Transmedia Wonderland : Curiouser and Curiouser New Forms of a Children's Classic, Jefferson, McFarland & Company, 2016, p. 145-148 (ISBN 978-1-4766-6668-6) (en ligne aperçu en ligne).
  40. Comme ici ou ici.
  41. Par exemple, par Philippe Forest dans sa conférence « Autour de Lewis Caroll » de 2013 (aprÚs la 24e minute), dans le cadre du cycle littéraire proposé par l'Université permanente de l'université de Nantes.

Voir aussi

Bibliographie

  • Gilles Deleuze, Logique du sens, Ă©d. de Minuit, 1969.
  • Henri Parisot (dir.), « Cahier Carroll », Cahiers de l'Herne no 17, Ă©ditions de l'Herne, Paris, 1971, 320 p. (ISBN 9782851970602).
  • Patrick Roegiers, Lewis Carroll, dessinateur et photographe ou le Visage regardĂ©, Ă©d. CrĂ©atis, 1982 ; rĂ©Ă©d. Ă©ditions Complexe, 2003.
  • Jean GattĂ©gno, Lewis Carroll, une vie, coll. Point biographie, Ă©d. du Seuil, 1984.
  • Jean GattĂ©gno, L'Univers de Lewis Carroll, J. Corti, 1990.
  • Jean GattĂ©gno, Album Lewis Carroll, coll. La PlĂ©iade, Gallimard, 1990.
  • Sophie Marret, Lewis Carroll : De l'autre cĂŽtĂ© de la logique, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 1995.
  • Morton N. Cohen (en), Lewis Carroll, une vie, une lĂ©gende, Ă©d. Autrement, 1998.
  • Stephanie Lovett Stoffel, Lewis Carroll au pays des merveilles, coll. « DĂ©couvertes Gallimard / LittĂ©ratures » (no 340), Gallimard, 1998.

Articles connexes

Liens externes

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