Lewis Carroll
Lewis Carroll, nom de plume de Charles Lutwidge Dodgson (/tÊÉËlz ËlÊt.wÉȘdÊ ËdÉdÊ.sÉn/), est un romancier, essayiste, photographe amateur et professeur de mathĂ©matiques britannique, nĂ© le Ă Daresbury (Cheshire) et mort le Ă Guildford (Surrey). Il est principalement connu pour son roman Les Aventures d'Alice au pays des merveilles (1865) et sa suite De l'autre cĂŽtĂ© du miroir (1871).
Naissance | |
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DĂ©cĂšs | |
SĂ©pulture | |
Nom de naissance |
Charles Lutwidge Dodgson |
Pseudonyme |
Lewis Carroll |
Nationalité | |
Domicile | |
Formation |
Christ Church Université d'Oxford Rugby School Richmond School (en) |
Activité |
écrivain, mathématicien, photographe |
Période d'activité |
- |
PĂšre |
Charles Dodgson (en) |
MĂšre |
Frances Jane Lutwidge (d) |
Fratrie | |
ParentĂšle |
Charles Dodgson (en) (arriĂšre-grand-pĂšre) |
A travaillé pour | |
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Genre artistique | |
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Issu d'une famille anglicane plutĂŽt conservatrice (liĂ©e Ă la Haute Ăglise), il a fait ses Ă©tudes Ă la Christ Church d'Oxford, avant d'y enseigner. C'est lĂ qu'il rencontre Alice Liddell, fille du doyen Henry Liddell, avec qui il noue une relation Ă l'origine de son roman, bien qu'il l'ait toujours niĂ©.
Biographie
Jeunesse
Charles Lutwidge Dodgson naĂźt dâun pĂšre prĂȘtre anglican d'origine irlandaise, au sein dâune famille de onze enfants dont deux seulement se sont mariĂ©s. Une grande partie de sa jeunesse s'est dĂ©roulĂ©e dans le presbytĂšre de Croft-on-Tees, dans le Yorkshire, demeure qui abrite la famille pendant vingt-cinq ans. La plupart de ses ancĂȘtres masculins sont officiers dans l'armĂ©e ou pasteurs de l'Ăglise d'Angleterre. Toute la fratrie est composĂ©e de gauchers et sept d'entre eux (Charles y compris) bĂ©gayaient[2] - [3]. Son grand-pĂšre, Ă©galement nommĂ© Charles Dodgson, Ă©tait Ă©vĂȘque d'Elphin[4]. Enfant douĂ© dans un cadre familial protecteur, Charles dĂ©veloppe une personnalitĂ© hors normes.
Le psychanalyste amĂ©ricain John Skinner estime que la gaucherie est Ă lâorigine de cette obsession du renversement qui constitue lâun des thĂšmes dominants de l'oeuvre de Lewis Carroll[5]. Dans De l'autre cĂŽtĂ© du miroir, le temps aussi bien que lâespace se trouvent inversĂ©s.
Charles Dodgson, dans son ùge mûr, devait prendre souvent plaisir à mystifier ses jeunes correspondantes en commençant ses lettres par la signature et en les terminant par le commencement[6].
Quant au bĂ©gaiement, il serait peut-ĂȘtre Ă lâorigine des fameux « mots-valises » Ă double signification. La hĂąte Ă sâexprimer, combinĂ©e avec son dĂ©faut dâĂ©locution, aurait amenĂ© lâenfant Ă fondre involontairement deux mots en un seul.
« Tout flivoreux vaguaient les borogoves,
Les verchons fourgus bourniflaient. »
â De lâautre cĂŽtĂ© du miroir, Bredoulocheux, poĂšme, traduction dâHenri Parisot.
Lâexplication en est fournie par « L'Ćuf Gros Coco » (Humpty-Dumpty) dans De l'autre cĂŽtĂ© du miroir : « Câest comme une valise, voyez-vous bien : il y a trois significations contenues dans un seul mot⊠Flivoreux, cela signifie Ă la fois frivole et malheureux⊠Le verchon est une sorte de cochon vert ; mais en ce qui concerne fourgus, je nâai pas dâabsolue certitude. Je crois que câest un condensĂ© des trois participes : fourvoyĂ©s, Ă©garĂ©s, perdus. »
Le choc sera dâautant plus fort lorsque le garçon affrontera la « normalitĂ© » â les autres enfants â Ă lâĂ©cole de Richmond puis Ă la Rugby School en 1845. Il en gardera un souvenir pĂ©nible en raison des brimades que lui attiraient sa timiditĂ© ou une certaine difficultĂ© de communication.
Revues familiales
Issu d'une famille aimante et bienveillante, Charles reprend la foi, les valeurs et les prĂ©jugĂ©s de son pĂšre, et jusquâĂ son goĂ»t pour les mathĂ©matiques. Son talent littĂ©raire se manifeste trĂšs tĂŽt, notamment par les « revues » locales que le jeune Charles s'amuse Ă publier pendant ses vacances. Manuscrites et rĂ©servĂ©es aux hĂŽtes du presbytĂšre, ces publications ont eu des durĂ©es de vie fort brĂšves : La Revue du presbytĂšre, La ComĂšte, Le Bouton de rose, L'Ătoile, Le Feu follet, et MĂ©li-MĂ©lo. Le Parapluie du presbytĂšre, paru vers 1849, Ă©tait illustrĂ© de dessins rappelant ceux dâEdward Lear dont le Book of Nonsense[7] jouissait alors dâune trĂšs grande vogue. Edward Lear y mettait en scĂšne des crĂ©atures singuliĂšres qui ont pu suggĂ©rer Ă Charles Dodgson lâidĂ©e du Snark, crĂ©ature carrollienne presque invisible et redoutĂ©e.
Ces tentatives littĂ©raires juvĂ©niles rĂ©vĂšlent la virtuositĂ© de Charles Ă manier les mots et les Ă©vĂ©nements, et sa disposition trĂšs originale pour le nonsense. Il fera mĂȘme construire un thĂ©Ăątre de marionnettes par le menuisier du village et Ă©crira des piĂšces pour lâanimer : TragĂ©die du roi John, La Guida di Bragia, 1849-1850.
En 1856, il collabore avec le magazine The Train dont le rĂ©dacteur, Edmund Yates, choisira parmi les quatre pseudonymes proposĂ©s par Charles Dodgson celui de Lewis Carroll. Ce nom d'auteur est forgĂ© Ă partir de ses prĂ©noms traduits en latin â Charles Lutwidge donnant Carolus Ludovicus â, inversĂ©s et traduits Ă nouveau â Ludovicus Carolus donnant Lewis Carroll[8].
Arrivée à Oxford (1851)
Professeur de logique au Christ Church College Ă Oxford, Lewis Carroll est ordonnĂ© diacre de l'Ăglise anglicane en 1861, mais il ne deviendra pas prĂȘtre par la suite[9]. Il publie sous son vrai nom des ouvrages d'algĂšbre et de logique mathĂ©matique ainsi que des recueils d'Ă©nigmes et jeux verbaux. Les Aventures d'Alice au pays des merveilles (1865) est Ă l'origine Ă©crit pour amuser Alice Liddell et ses deux sĆurs, filles du doyen du Christ Church College. La suite des aventures d'Alice, De l'autre cĂŽtĂ© du miroir paraĂźt en 1871, et La Chasse au Snark, long poĂšme parodique, en 1876. Elles sont illustrĂ©es par John Tenniel.
Photographe amateur portraitiste (1856-1880)
Cette mĂȘme annĂ©e 1856, traversĂ© par le pressentiment de ce qui sera plus tard le spectacle cinĂ©matographique, il Ă©crit dans son journal :
« Je pense que ce serait une bonne idĂ©e que de faire peindre sur les plaques dâune lanterne magique les personnages dâune piĂšce de thĂ©Ăątre que lâon pourrait lire Ă haute voix : une espĂšce de spectacle de marionnettes. »
Il achÚte son premier appareil photographique à Londres le . Quelques jours plus tard, il se rend dans le jardin du doyen Liddell au Christ Church College pour photographier la cathédrale. Il y trouve les trois fillettes Liddell dont Alice, sa future inspiratrice, et les prend pour modÚle.
Rapidement, il excelle dans lâart de la photographie et devient un photographe rĂ©putĂ©. Son sujet favori restera les petites filles. Mais il photographie Ă©galement des connaissances : peintres, Ă©crivains, scientifiques ,ainsi que des paysages, statues, et mĂȘme des squelettes par curiositĂ© anatomique.
En relation avec le portraitiste James Sant (1820-1916) et son frĂšre George (1821â1877), peintre paysagiste, il fait des portraits photographiques de James, de sa fille Sarah Fanny et de son fils Jemmy [10].
En 1879, il s'adonne de plus en plus à la photographie de petites filles parfois déshabillées ou nues. Il demandait l'autorisation aux parents des fillettes avant de les photographier déshabillées[11]. Dans sa longue correspondance il déclare :
« JâespĂšre que vous mâautoriserez Ă photographier tout au moins Janet nue ; il paraĂźt absurde dâavoir le moindre scrupule au sujet de la nuditĂ© dâune enfant de cet Ăąge[11]. »
En 1880, il abandonne la photographie, ayant peut-ĂȘtre Ă©tĂ© trop loin dans son goĂ»t pour les nus, au regard de la morale Ă l'Ă©poque victorienne.
Cette passion donnera naissance à quelques trois mille clichés, dont un millier ont survécu au temps et à la destruction volontaire.
Dans les périodiques
Outre les revues familiales, Charles Dodgson publie dans des périodiques anglais[12] :
- The Whitby Gazette, un périodique local (deux articles en 1854) ;
- The Comic Times, un hebdomadaire londonien (1855) ;
- The Train, un mensuel qui remplace The Comic Times (1856), date Ă laquelle il adopte son pseudonyme.
Les Aventures dâAlice au pays des merveilles
Le temps du chef-dâĆuvre, ce fut « au cĆur dâun Ă©tĂ© tout en or », la journĂ©e du . Alice, alors ĂągĂ©e de dix ans, fut lâinspiration de Charles Dodgson. Il la courtisait au moyen de devinettes ou de belles histoires composĂ©es Ă son usage.
Lâhistoire quâil racontait par-dessus son Ă©paule Ă Alice, assise derriĂšre lui dans le canot, fut improvisĂ©e avec brio tout en maniant lâaviron. Lorsque la fille lui demanda dâĂ©crire pour elle son histoire, il accomplit son chef-dâĆuvre : un manuscrit des « Aventures dâAlice sous terre », prĂ©cieusement calligraphiĂ© et illustrĂ©. Il lâoffrira Ă son inspiratrice, Alice Liddell, le .
En 1864, une ombre s'abat sur ses relations avec Mrs. Liddell, qui lui refuse la permission d'inviter ses filles.
Charles Dodgson rĂ©digera une deuxiĂšme version, Les Aventures d'Alice au pays des merveilles, destinĂ©e Ă une publication en librairie. Il se rendra Ă Londres en pour convaincre John Tenniel de crĂ©er les illustrations dâAlice. Leur collaboration ne sera pas sans accrocs : aucun dĂ©tail nâĂ©chappera Ă la minutieuse critique de Charles Dodgson. Il dĂ©dicacera les premiers exemplaires Ă des amis en . Le succĂšs sera immĂ©diat.
Au Noël 1888, il commencera une troisiÚme version Alice racontée aux petits enfants. Les premiers exemplaires seront distribués à la fin de 1889.
En Ă©crivant Alice, Lewis Carroll sâest placĂ© sous le signe de la fĂ©erie, mais il nâen conserve que lâapparence. Point de fĂ©es mais les personnages de lâunivers merveilleux : roi, reine, nain, sorciĂšre, messager, animaux douĂ©s dâun comportement et dâun langage humain. Ă une plĂ©iade de personnages insolites sâajoutent les piĂšces dâun jeu dâĂ©checs, des cartes Ă jouer vivantes. Clin dâĆil Ă ses lecteurs, des personnages charmants empruntĂ©s aux chansons enfantines de son enfance : Humpty-Dumpty, les jumeaux Tweedledum et Tweedledee.
Si Lewis Carroll sâinscrit dans une tradition, câest pour la plier Ă son inspiration : jeux verbaux, chansons, devinettes jalonnent le rĂ©cit. Ă maints Ă©gards, son Ćuvre est Ă©tonnamment audacieuse. Les personnages ne semblent pas accepter les mĂ©tamorphoses rĂ©pondant Ă une saine logique â comme celle de la citrouille devenant carrosse â et cherchent au contraire Ă y Ă©chapper. La parodie est lâune des clĂ©s qui ouvre au lecteur lâunivers dâAlice.
Les personnages font en quelque sorte le contraire de ce quâon attend dâeux. Câest lâinversion, une seconde clĂ© du pays des merveilles. La troisiĂšme clĂ© est le non-sens, genre que Lewis Carroll manipule avec gĂ©nie. Le nonsense feint de laisser espĂ©rer au lecteur une explication logique, puis traĂźtreusement trompe ses habitudes de pensĂ©e.
« Je lui en donne une : ils mâen donnĂšrent deux,
Vous, vous nous en donnĂątes trois ou davantage ;
Mais toutes cependant leur revinrent, Ă eux,
Bien quâon ne pĂ»t contester lâĂ©quitĂ© du partage. »
Alice au pays des merveilles, dĂ©position du lapin blanc au procĂšs du valet de cĆur.
Alice est en porte-Ă -faux dans le pays des merveilles, comme Charles Dodgson lâĂ©tait dans la rĂ©alitĂ©. Elle fait tout Ă rebours ou Ă contretemps de ce qui est convenable sur un plan social. Elle est toujours trop grande ou trop petite, et a conscience de son inadaptation. La reine blanche lâaccuse carrĂ©ment de vivre Ă lâenvers, et lui conseille dâapprendre Ă croire Ă lâimpossible. Mais, au contraire de Charles Dodgson qui subissait la rĂ©alitĂ©, Alice ose se rebeller contre celui de lâanormalitĂ©. Elle est hardie et sereine, la projection idĂ©alisĂ©e de son auteur.
Selon une lecture psychanalytique, inspirée par l'Hommage rendu à Lewis Carroll de Jacques Lacan[13], « Alice est une figure profondément contradictoire. Elle donne corps à un idéal fondé sur le désir d'abolir le désir, tandis qu'elle est aussi une incarnation du sujet désirant. Son caractÚre hybride et ses désirs antinomiques contribuent à indiquer comment le sujet se corrÚle à l'impossible. Les contradictions d'Alice ajoutent à celles du texte, entre joie et malaise, entre la défense qu'il opÚre des thÚses conservatrices de l'auteur et son acharnement à en ruiner les fondements, entre une pratique de l'écriture qui vise à la scientificité et le dévoilement du réel ainsi que du sujet de l'inconscient auquel elle procÚde"[14] ».
Beaucoup des animaux de l'histoire représentent des personnes réelles, ainsi :
- Dinah est le nom de la chatte d'Alice Liddell et de l'Alice de Carroll ;
- le Canard évoque un ami de l'auteur, le révérend Duckworth (duck signifie canard en anglais) ;
- le Dodo (ou le Dronte) Ă©voque l'auteur lui-mĂȘme (Ă cause de son bĂ©gaiement, quand il se prĂ©sentait, il disait : « Do-Do-Dodgson ») ;
- le Lori (petit perroquet malais) Ă©voque Lorina Liddell, sĆur d'Alice ;
- l'Aiglon Ă©voque l'autre sĆur, Edith.
De lâautre cĂŽtĂ© du miroir et ce quâAlice y trouva
Cette suite d'Alice conte les aventures dâune petite fille qui a rĂ©ussi Ă traverser un miroir. Cet objet mystĂ©rieux quâest le miroir a toujours Ă©tĂ© liĂ© Ă la magie et joue un rĂŽle assez inquiĂ©tant dans les contes. Câest lâimage dâune parfaite justesse afin de figurer la ligne de dĂ©marcation entre les mondes extĂ©rieur et intĂ©rieur.
Tout comme Alice au pays des merveilles, De l'autre cĂŽtĂ© du miroir est, sinon un pur rĂ©cit de rĂȘve, du moins une histoire fantastique dont lâatmosphĂšre est intensĂ©ment onirique. Dâautres avant lui avaient confondu dans leurs Ćuvres lâimaginaire et le rĂ©el, mais Lewis Carroll a le mĂ©rite dâavoir crĂ©Ă© un mĂ©lange original dâonirisme et de logique.
« Il a ouvert la voie Ă un genre littĂ©raire absolument nouveau, dans lequel les faits psychologiques sont traitĂ©s comme des faits objectifs⊠Le non-existant, les animaux qui parlent, les ĂȘtres humains dans des situations impossibles, tout est considĂ©rĂ© comme admis et le rĂȘve nâest pas troublĂ© », dit Florence Becker Lennon.
Le volume, paru en 1871, rencontre lui aussi un immense succĂšs. Les compliments eut suffi Ă tourner une tĂȘte moins solide. Toutefois, Lewis Carroll Ă©crit Ă un correspondant : « Je ne lis jamais rien sur moi-mĂȘme, ni sur mes livres ».
Il serait peut-ĂȘtre excessif de parler dâinfluence entre Lewis Carroll et les reprĂ©sentants de tel ou tel mouvement littĂ©raire contemporain. Mais il nâest pas impossible quâAlfred Jarry ait pensĂ© Ă Humpty-Dumpty lorsquâil imagina son Ubu. Constamment employĂ© Ă des fins poĂ©tiques, le calembour peut Ă©galement avoir jouĂ© un rĂŽle primordial dans lâĂ©laboration de lâĆuvre de Raymond Roussel.
Lâinvention carrollienne des « mots-valises » est exploitĂ©e Ă outrance par James Joyce dans Ulysse ou Finnegans Wake. Ce dernier complique quelque peu le jeu en empruntant ses vocables Ă diffĂ©rentes langues.
Le nonsense a Ă©galement Ă©tĂ© lâun des ressorts de la poĂ©sie dadaĂŻste et surrĂ©aliste, par exemple du Grand Jeu de Benjamin PĂ©ret.
Dans Philosophy of Nonsense, Jean-Jacques Lecercle montre que le nonsense est un genre fondamentalement paradoxal qui soutient la rĂšgle et la subvertit en mĂȘme temps[15]. Alice et La Chasse au Snark peuvent difficilement ĂȘtre tenues pour des fantaisies rĂ©crĂ©atives et Ă©difiantes Ă l'usage des enfants. "Leur pouvoir de subversion, Ă©crit Sophie Marret, est inscrit dans le titre mĂȘme des premiĂšres aventures d'Alice. Les diffĂ©rents sens du terme "wonder" que l'on rencontre dans le titre original Alice's Adventures in Wonderland, nous incite d'emblĂ©e Ă une lecture prudente. Le verbe signifie Ă la fois s'Ă©merveiller, s'Ă©tonner de quelque chose et se poser des questions"[16]. Le merveilleux de Carroll est source de doutesâŻ; c'est un univers dĂ©rangeant qui porte Ă s'interroger, notamment sur le langage et les valeurs morales.
La Chasse au Snark
En 1876 paraĂźt La Chasse au Snark qui est lâune des meilleures rĂ©ussites en vers de Lewis Carroll et lâune de ses Ćuvres capitales. Les lecteurs voulurent y voir une allĂ©gorie, certains de la popularitĂ© et dâautres du bonheur, mais il soutint toujours nâavoir voulu y donner aucun sens particulier : « Quant Ă la signification du Snark, jâai bien peur de nâavoir voulu dire que des inepties ! », Ă©crivait-il Ă un ami amĂ©ricain. « Toutefois, voyez-vous, les mots ne signifient pas seulement ce que nous avons lâintention dâexprimer quand nous les employons⊠Ainsi, toute signification satisfaisante que lâon peut trouver dans mon livre, je lâaccepte avec joie comme Ă©tant la signification de celui-ci. La meilleure que lâon mâait donnĂ©e est due Ă une dame⊠qui affirme que le poĂšme est une allĂ©gorie reprĂ©sentant la recherche du bonheur. Je pense que cela tient admirablement Ă bien des Ă©gards â en particulier pour ce qui concerne les cabines de bains : quand les gens sont las de la vie et ne peuvent trouver le bonheur ni dans les villes ni dans les livres, alors ils se ruent vers les plages, afin de voir ce que les cabines de bains pourront faire pour eux ».
Lewis Carroll dĂ©clara avoir composĂ© La Chasse au Snark en commençant par le dernier vers qui lui vint Ă lâesprit lors dâune promenade et en remontant vers le dĂ©but du poĂšme qui se constitua piĂšce par piĂšce au cours des deux annĂ©es suivantes.
Un thĂšme qui frappe, câest celui de lâoubli, de la perte du nom et de lâidentitĂ©. Le personnage du boulanger a oubliĂ© sur la grĂšve quarante-deux malles, marquĂ©es Ă son nom, quâil a Ă©galement oubliĂ©. Lorsquâil se met Ă raconter sa triste histoire, lâimpatience du capitaine, qui craint une trop longue confidence, lâincite Ă sauter quarante ans. Ces chiffres Ă©voquent lâĂąge de Charles Dodgson Ă cette pĂ©riode.
En dĂ©pit du souffle de fantaisie dĂ©sopilante qui le parcourt dâun bout Ă lâautre, La Chasse au Snark nâest pas un poĂšme gai. La quĂȘte quâil relate, en fin de compte, tourne mal. LâanĂ©antissement du boulanger, Ă lâinstant de sa rencontre avec le terrible Boujeum, invisible aux autres personnages, laisse une impression de malaise. Rapprochant le poĂšme des premiĂšres comĂ©dies de Charlie Chaplin, on y voit « une tragĂ©die de la frustration et de lâĂ©chec ».
Il y a incontestablement une part de satire sociale dans lâabsurde procĂšs du RĂȘve de lâavocat qui ressemble beaucoup Ă une parodie de procĂšs rĂ©el.
Sylvie et Bruno
Dans la prĂ©face de Sylvie et Bruno, publiĂ© en 1889, chef-dâĆuvre qui tĂ©moigne dâune technique entiĂšrement renouvelĂ©e par rapport Ă Alice, Lewis Carroll proclame son dĂ©sir dâouvrir une nouvelle voie littĂ©raire.
Lâaudace est grande, pour lâĂ©poque, de la construction de deux intrigues, le rĂȘve constamment accolĂ© Ă la rĂ©alitĂ©. Lâobjectif essentiel du narrateur est de franchir le mur de la rĂ©alitĂ© pour atteindre le royaume du rĂȘve : il voit lâun des personnages de son rĂȘve pĂ©nĂ©trer dans la vie rĂ©elle. Lewis Carroll crĂ©e lâeffet de duplication de ses personnages.
LâintĂ©rĂȘt rĂ©side Ă©galement dans la juxtaposition des deux intrigues. LâoriginalitĂ© de Lewis Carroll ne consiste pas Ă unifier rĂȘve et rĂ©alitĂ© mais Ă reconstituer une unitĂ© Ă partir de la multiplicitĂ© initiale.
Dans sa prĂ©face, ce quâil nous dit de la construction de son livre : un noyau qui grossit peu Ă peu, une Ă©norme masse de « litiĂ©rature » (litter, ordure) fort peu maniable, un agrĂ©gat dâĂ©crits fragmentaires dont rien ne dit quâils formeront jamais un tout. Le roman nâest plus cette totalitĂ© harmonieuse oĂč sâexprime le souffle de lâinspiration. Le fini romanesque est dĂ©mystifiĂ© dâune façon ironique et pour tout dire sacrilĂšge pour lâĂ©poque victorienne.
Ce texte sera sa derniÚre création.
La vie Ă Oxford
Le lecteur dâAlice ignore presque tout du comportement de Charles Dodgson dans sa vie quotidienne de citoyen dâOxford. Celui-ci consacre, entre 1865 et 1896, une douzaine dâĂ©crits touchant Ă des problĂšmes ayant agitĂ© la vie locale. Ils apportent de savoureuses informations sur la pensĂ©e de Charles Dodgson.
The New Method of Evaluation Applied to Pi (1865) est une critique sarcastique de lâaugmentation de salaire accordĂ©e Ă un professeur de grec coupable, aux yeux du conservateur Dodgson, de politiser ses cours dans un sens libĂ©ral.
Son conformisme sâexprime Ă©galement dans Des Ă©tudiantes rĂ©sidentes (1896), farouche rĂ©ticence au projet de rĂ©forme permettant de dĂ©livrer des diplĂŽmes universitaires aux femmes sans venir rĂ©sider Ă lâuniversitĂ©, ce qui bouleverse ses habitudes.
Dâune plume trempĂ©e dans un humour fĂ©roce, il ridiculise de mĂȘme par lâabsurde les projets de transformations architecturales en cours au Christ Church College. Il adresse ainsi au doyen Liddell, pĂšre dâAlice, un pamphlet anonyme Le Beffroi de Christ Church (1872), dĂ©molition minutieuse, sur papier, du monument.
Lâironie, le sarcasme, le paradoxe se dĂ©chaĂźnent dans sept Ă©crits anonymes. Lâauteur sây livre Ă un vĂ©ritable bizutage de lâĂ©tablissement oxfordien sâen prenant Ă son modernisme et son suivisme des idĂ©es Ă la mode.
Rien n'y laisse deviner Lewis Carroll, lâenchanteur. Lui-mĂȘme ne se dĂ©voile pas, ne faisant jamais allusion Ă son Ćuvre en public. Il finit mĂȘme, dans ses derniĂšres annĂ©es, par renvoyer avec la mention « inconnu » les lettres quâon lui adressait au nom de Lewis Carroll.
Les succĂšs remportĂ©s au dehors dâOxford nâont donc aucune chance dâamĂ©liorer la maigre estime accordĂ©e au mathĂ©maticien. La littĂ©rature pour enfants, Ă laquelle ne pouvait Ă©chapper Alice, est Ă l'Ă©poque un genre mineur, vaguement frivole. Sâillustrer dans ce genre revient pour Charles Dodgson Ă marquer un peu plus sa marginalitĂ©. Le regard dâune sociĂ©tĂ© victorienne impose dĂšs lors le non-dit sur la dualitĂ© Dodgson-Carroll.
Ce pays des merveilles sur lequel il rĂšgne en maĂźtre dans sa vie rĂȘvĂ©e, tout lui en interdit le seuil dans sa vie vĂ©cue. Peut-ĂȘtre se rĂ©pĂšte-t-il les paroles dâespoir Ă©changĂ©es par Alice et le chat du Cheshire :
- « â Je ne me soucie pas trop du lieu⊠pourvu que jâarrive quelque part.
- â Vous pouvez ĂȘtre certaine dây arriver pourvu seulement que vous marchiez
- assez longtemps. »
CaractĂšre et apparence
Santé
Le jeune adulte Charles Dodgson est mince et mesure environ 1,83 m. iI a des cheveux bruns bouclĂ©s et des yeux bleu-gris. Il est plus tard dĂ©crit comme un peu asymĂ©trique. Alors qu'il est encore enfant, Charles Dodgson souffre d'une fiĂšvre qui le laisse sourd d'une oreille. Ă l'Ăąge de 17 ans, il subit une grave crise de la coqueluche, probablement responsable de sa faiblesse chronique Ă la poitrine durant sa vie. Un autre dĂ©faut qu'il porte Ă l'Ăąge adulte est ce qu'il a appelĂ© son « hĂ©sitation », un bĂ©gaiement qu'il a acquis dĂšs sa petite enfance et qui le tourmente tout au long de sa vie[17]. Le bĂ©gaiement a toujours Ă©tĂ© une partie importante de l'image de Dodgson. Il est dit qu'il balbutiait seulement en compagnie d'adultes, mais parlait librement et avec facilitĂ© avec les enfants[18]. Dodgson lui-mĂȘme semble avoir Ă©tĂ© beaucoup plus conscient de ce problĂšme que la plupart des gens qu'il rencontre ; il est dit qu'il s'est lui-mĂȘme caricaturĂ© Ă travers le personnage de Dodo prĂ©sent dans Les Aventures d'Alice au pays des merveilles, se rĂ©fĂ©rant Ă sa difficultĂ© Ă prononcer son nom de famille, mais cela est l'un des nombreux « faits » souvent rĂ©pĂ©tĂ©s pour lesquels aucune preuve n'existe[17].
Si son bĂ©gaiement le trouble, Dodgson n'a jamais Ă©tĂ© compromettant vis-Ă -vis de ses autres qualitĂ©s personnelles. Il vit Ă une Ă©poque oĂč le chant et la rĂ©citation sont des compĂ©tences sociales nĂ©cessaires, et il est parfaitement qualifiĂ© pour ĂȘtre un artiste attachant. Il aurait pu chanter et n'a pas peur de le faire en public. Il est Ă©galement rĂ©putĂ© assez bon aux charades[17].
Liens sociaux
Dans l'intervalle entre ses premiĂšres publications et le succĂšs des livres d'Alice, Dodgson s'est dĂ©placĂ© dans le cercle social prĂ©raphaĂ©lite. Il rencontre tout d'abord John Ruskin en 1857 et devient ami avec celui-ci. Il dĂ©veloppe ensuite une relation Ă©troite avec Dante Gabriel Rossetti et sa famille, et frĂ©quente Ă©galement William Holman Hunt, John Everett Millais et Arthur Hughes, parmi d'autres artistes. Il connait bien l'auteur de conte de fĂ©es George MacDonald â c'est l'accueil enthousiaste d'Alice par les enfants de MacDonald qui l'ont convaincu de publier ses travaux[17] - [19].
Politique, religion et philosophie
Dodgson est considĂ©rĂ© comme politiquement, religieusement, et personnellement conservateur. Martin Gardner dĂ©signe Dodgson comme un Tory[20]. Le rĂ©vĂ©rend W. Tuckwell, dans Reminiscences of Oxford (1900), le considĂšre comme « austĂšre, timide, prĂ©cis, absorbĂ© dans la rĂȘverie mathĂ©matique, vigilant Ă sa dignitĂ©, conservateur en thĂ©orie thĂ©ologique politique, et sociale, sa vie est tracĂ©e comme le paysage d'Alice »[21]. Dans The Life and Letters of Lewis Carroll, l'Ă©diteur dĂ©clare que « son Journal est plein de dĂ©prĂ©ciations modestes envers lui-mĂȘme et son travail, entrecoupĂ©es de priĂšres ferventes (trop sacrĂ©es et privĂ©es pour ĂȘtre reproduites ici) que Dieu lui pardonne le passĂ© et l'aide Ă accomplir sa sainte volontĂ© Ă l'avenir »[22]. Quand un ami l'interrogĂ© sur ses opinions religieuses, Dodgson Ă©crit en rĂ©ponse qu'il est membre de l'Ăglise d'Angleterre.
Dodgson exprime Ă©galement de l'intĂ©rĂȘt dans d'autres domaines. Il fut un des premiers membres de la Society for Psychical Research et une de ses lettres suggĂšre qu'il croit Ă ce qui est alors appelĂ© « lecture de pensĂ©e »[23]. Dodgson a ainsi Ă©crit quelques Ă©tudes sur divers arguments philosophiques. En 1895, il dĂ©veloppe un argument philosophique sur le raisonnement dĂ©ductif dans son article « What the Tortoise Said to Achilles », publiĂ© dans l'un des premiers volumes de Mind[24]. L'article a Ă©tĂ© rĂ©imprimĂ© dans la mĂȘme revue une centaine d'annĂ©es plus tard, en 1995, avec un article ultĂ©rieur par Simon Blackburn intitulĂ© « Practical Tortoise Raising »[25].
DerniÚres années
L'existence de Dodgson n'a que peu variĂ© au cours des vingt derniĂšres annĂ©es de sa vie, malgrĂ© sa richesse et sa renommĂ©e croissantes. Il a continuĂ© Ă enseigner Ă Christ Church jusqu'en 1881, et y a rĂ©sidĂ© jusqu'Ă sa mort. Les deux volumes de son dernier roman Sylvie et Bruno ont Ă©tĂ© publiĂ©s en 1889 et 1893, mais la complexitĂ© de cette Ćuvre n'a pas Ă©tĂ© comprise par ses contemporains ; elle n'a pas eu de succĂšs comme les aventures d'Alice, avec des ventes s'Ă©levant seulement Ă 13 000 exemplaires[26] - [27].
Son seul séjour connu à l'étranger a été un voyage en Russie en 1867 comme ecclésiastique, en collaboration avec le révérend Henry Liddon. Il raconte son voyage dans son Russian Journal, qui a été publié en 1935[28]. Sur son chemin et pendant son retour de Russie, il passe par différentes villes de Belgique, d'Allemagne, de Pologne, et de France.
Il meurt d'une pneumonie Ă la suite d'une grippe le dans la maison de ses sĆurs, « The Chestnuts », Ă Guildford. Il Ă©tait Ă deux semaines d'avoir 66 ans. Il est enterrĂ© Ă Guildford au Mount Cemetery (en)[19].
Travail mathématique
En mathématiques, Dodgson a principalement travaillé dans les domaines de la géométrie, l'algÚbre linéaire, l'algÚbre matricielle, la logique mathématique, et les mathématiques récréatives, produisant prÚs d'une douzaine de livres sous son vrai nom. Dodgson a également développé de nouvelles idées en algÚbre linéaire (par exemple, la premiÚre épreuve du théorÚme de Rouché-Fontené)[29] - [30], en probabilité, et en étude des élections (par exemple, la méthode de Dodgson (en)) et des comités ; certains de ces travaux n'ont pas été publiés jusqu'à bien aprÚs sa mort. Son occupation comme professeur de mathématiques à Christ Church lui a donné une certaine sécurité financiÚre[31].
Son travail mathĂ©matique a attirĂ© un regain d'intĂ©rĂȘt Ă la fin du XXe siĂšcle. Le livre de Martin Gardner sur les machines et diagrammes logiques et la publication posthume de William Warren Bartley de la seconde partie du livre portant sur la logique symbolique de Carroll ont dĂ©clenchĂ© une rĂ©Ă©valuation des contributions de Carroll Ă la logique symbolique[32] - [33] - [34]. Les Ă©tudes de Robbins et Rumsey[35] de la condensation de Dodgson (en), une mĂ©thode d'Ă©valuation des dĂ©terminants, les a conduits Ă la conjecture de la matrice Ă signes alternants, maintenant un thĂ©orĂšme. La dĂ©couverte dans les annĂ©es 1990 des chiffrements supplĂ©mentaires que Carroll avait construits, en plus de son « Memoria Technica », a montrĂ© qu'il avait employĂ© des idĂ©es mathĂ©matiques sophistiquĂ©es dans leur crĂ©ation[36].
Correspondance
Dodgson a écrit et reçu plus de 98 721 lettres, selon un registre spécial de lettres qu'il a conçu. Il a documenté ses conseils sur la façon d'écrire des lettres plus satisfaisantes dans une missive intitulée « Eight or Nine Wise Words About Letter-Writing »[37].
Ćuvres
Tri par date de publication, ou de rédaction dans le cas de publication posthume.
Ćuvres littĂ©raires
- Le Magazine du presbytÚre (The Rectory Magazine, sous le nom de Charles Lutwidge Dodgson, 1850). Paris : Henri Veyrier, coll. « Domaines », 1978.
- Poésie instructive et utile (Useful and Instructive Poetry) (1945)
- La Guida di Bragia, a Ballad Opera for the Marionette Theatre (aux environs de 1850)
- Le Parapluie du presbytĂšre (The Rectory Umbrella)(1850-1853)
- Micmac (Mischmasch)(1855-1862)
- The Train (revue littéraire) - contributions (1856-1857)
- Les Aventures d'Alice au pays des merveilles (Alice's Adventures in Wonderland) (1865)
- Voyage en Russie (Russian Journal) avec le docteur Lindon, publié à titre privé en 1928 puis en 1935. (1867)
- Phantasmagoria et poĂšmes divers (1869)
- De l'autre cÎté du miroir (Through the Looking-Glass, and What Alice Found There) (1872)
- Le Nouveau Clocher (The New Belfry Of Christ Church)
- The Vision of the Three T's (1873)
- La Chasse au Snark (The Hunting of the Snark) (1876)
- Rime ou Raison ou Sans rime ni raison (Rhyme? and Reason?) (1883)
- Une histoire embrouillée (A Tangled Tale) (1885)
- Les Aventures dâAlice sous terre (Alice's Adventures Under Ground) (publiĂ©es en 1886)
- Isa visite Oxford (Isa's visit to Oxford) (1888)
- Alice racontée aux petits enfants (The Nursery Alice) (1889)
- Sylvie et Bruno (Sylvie and Bruno) (1889)
- Sylvie and Bruno Conclude (1893)
- Bruno's Revenge (1867, publié en 1924)
- Pillow Problems (1893)
- What the Tortoise Said to Achilles (1895)
- Three Sunsets and Other Poems (1898)
Travaux mathématiques
- ĂlĂ©ments de gĂ©omĂ©trie plane algĂ©brique (A Syllabus of Plane Algebraic Geometry) (1860)
- Notes on the First Two Books of Euclid, Designed for Candidates for Responsions(1860)
- Condensation of Determinants, Being a New and Brief Method for Computing their Arithmetic Values (1866)
- Le cinquiÚme livre d'Euclide prouvé par l'algÚbre(The Fifth Book of Euclid Treated Algebraically) (1858 et 1868)
- TraitĂ© ĂlĂ©mentaire des DĂ©terminants (An Elementary Treatise on Determinants with their Application to Simultaneous Linear Equations and Algebraic Geometry) (1867)
- The Fifth Book of Euclid Treated Algebraically, so far as it Relates to Commensurable Magnitudes. (1868)
- The Enunciations of Euclid I-VI, Together with Questions on the Definitions, Postulates, Axioms, &c. (1873)
- Euclide et ses rivaux modernes (Euclid and His Modern Rivals) (1879)
- The Alphabet Cipher (en) (1868)
- Euclid, Books I, II (1882)
- Supplément à Euclide et ses rivaux modernes (Supplement to Euclid and His Modern Rivals) (1885)
- Jeu de la Logique (The Game of Logic) (1887)
- Curiosa Mathematica I (1888)
- Curiosa Mathematica II (1892)
- Symbolic Logic Part I
- Symbolic Logic Part II (publié à titre posthume)
- The Theory of Committees and Elections, édité, analysé et publié en 1958, par Duncan Black
Autres travaux
- Some Popular Fallacies about Vivisection
- Eight or Nine Wise Words about Letter-Writing (en)
- Notes by an Oxford Chiel
Ăditions françaises
- Ćuvres, collection Bouquins, Ă©ditions Robert Laffont, 1989.Ădition Ă©tablie et annotĂ©e par Francis Lacassin, traduction de lâanglais par Henri Parisot, Bruno Roy, Simone Lamblin, Jeanne Bouniort, Jocelyne de Pass, Philippe Blanchard, Fanny Deleuze, AndrĂ© Bay, Jeanne Bouniort, Simone Lamblin, Jean Belmas, Jean GattĂ©gno, Ernest Coumet, J.J. Bisson et Alain Gheerbrant. Sans illustrations.
- Lewis Carroll, Ćuvres, Ă©d. Gallimard, coll. La PlĂ©iade, 1990.Ădition publiĂ©e sous la direction de Jean GattĂ©gno avec la collaboration de VĂ©ronique BĂ©ghain, Alexandre RĂ©vĂ©rend et Jean-Pierre Richard. Traduction de l'anglais par Philippe Blanchard, Fanny Deleuze, Jean GattĂ©gno, Henri Parisot, Alexandre RĂ©vĂ©rend et Jean-Pierre Richard. Avec les illustrations originales de chaque Ćuvre.
- Tout Alice, trad. de Henri Parisot, préface de Jean-Jacques Mayoux, éd. Flammarion, coll. GF, 1979.
- Une histoire embrouillée, trad. Jean Belmas, ill. Jean-Michel Folon, Bélibaste éditeur, Paris 1974.
- Logique sans peine, trad. Jean Gattégno et Ernest Coumet, ill. Max Ernst, éd. Hermann, Paris 1966.
- Le Magazine du presbytĂšre (The Rectory magazine, sous le nom de Charles Lutwidge Dodgson, 1850) / traduit et prĂ©sentĂ© par Jeanne Bouniot. Paris : Henri Veyrier, coll. « Domaines », 1978, 161 p. PrĂ©face de Jean Bouniot. Postface : « Lewis Carroll prĂ©curseur de lâOU.LI.PO » : entretien de François Le Lionnais avec François RiviĂšre.
- La Chasse au Snark, traduction, introduction et notes de Normand Baillargeon, ill. de Charlotte Lambert, Ăd. Lux, MontrĂ©al, 2006.
- Alice au Pays des Merveilles et De l'autre cÎté du Miroir, ill. de Pat Andrea, éditions Diane de Selliers, 2006.
- Lettres inédites à Mabel Amy Burton recueillies par Pierre E. Richard éditions Michel de Maule 2008.
- Un thé chez les fous, traduction, préface, postface, édition bilingue, ill. de Serge Chamchinov, collection Le plus petit Musée du Livre, 2010.
Théùtre
Jean-Louis Sarthou a Ă©crit et mis en scĂšne une piĂšce, intitulĂ©e Les Ăclats du miroir, Ă partir d'extraits d'Alice, de De l'autre cĂŽtĂ© du miroir, de Sylvie et Bruno, de La logique sans peine et de quelques autres textes. Elle a Ă©tĂ© jouĂ©e en 1974 au studio d'Ivry et a tournĂ© en Ăle-de-France. Dany Tayarda y interprĂ©tait Alice, et Ă©tait accompagnĂ©e de Michel Brothier et de Marie HermĂšs. Les dĂ©cors Ă©taient d'Ădouard Berreur.
En 2010, la Cie genevoise Zanco a réalisé un spectacle itinérant à travers le miroir à Carouge[38].
En 2016, Emmanuel Demarcy-Mota et Fabrice Melquiot ont créé une piÚce intitulée Alice et autres merveilles[39].
Musique
La compositrice MichÚle Reverdy a écrit une piÚce de théùtre musical sur des extraits de Through the looking glass et une mélodie pour voix et piano dans le cycle De l'ironie⊠contre l'absurdité du monde.
Cinéma
Le long-métrage d'animation des studios Walt Disney, Alice au pays des merveilles, est en fait une adaptation des deux romans, incorporant aux aventures d'Alice des extraits de De l'autre cÎté du miroir.
Un autre long-métrage a adapté les deux romans, Alice in Wonderland, de Tim Burton, datant de 2010.
Jan Ć vankmajer a rĂ©alisĂ© une version onirique, Alice, en 1988.
Jeu vidéo
La toute premiÚre adaptation d'Alice au pays des merveilles en jeu vidéo date de 1985 et est développé par Daniel Querol Bures sur ZX Spectrum et publié par DaniSoft. Ce premier jeu est un jeu textuel uniquement en espagnol.
La mĂȘme annĂ©e sort sur Commodore 64 et Apple II une autre adaptation dĂ©veloppĂ© par Windham Classics. De cette mĂȘme adaptation sort une amĂ©lioration graphique en 1992 dĂ©veloppĂ©e par Spinnaker Software sur CD-i.
En 2001, Le studio de développement de jeux vidéo Lexis Numérique développe une adaptation d'Alice au pays des merveilles sur PC et Mac.
Entre-temps et depuis, American McGee a travaillé sur une trilogie : American McGee's Alice sorti en 2000, suivi de Alice Madness Returns sorti en 2011, et travaille actuellement sur le troisiÚme volet, Alice : Otherlands, qui est en réalité une préquelle aux deux premiers volets.
DĂ©tournement
En 2005, un jeune étudiant en école d'art compose un photomontage, présentant Lewis Carroll et Alice Liddell s'embrassant, à partir de deux images de l'époque de Carroll[40]. L'image devenue virale au fil des ans, telle une légende urbaine, est reprise sur de nombreux sites sans indiquer le détournement, bien que quelques-uns[41] identifiaient le « fake ».
Certains spécialistes de littérature ont cependant présenté ce faux comme authentique, afin d'illustrer leurs soupçons quant à la relation entre Dodgson et Alice[42].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Lewis Carroll » (voir la liste des auteurs).
Références
- « https://norman.hrc.utexas.edu/fasearch/findingAid.cfm?eadid=00284 » (consulté le )
- « L'éternelle jeunesse d'Alice au pays des merveilles », sur Télérama (consulté le )
- François Buhler, Les grands Ă©crivains bipolaires, Tome 1, Publibook des Ăcrivains, 2018, page 90 (note de bas de page) (ISBN 9782342164398).
- (en) Ann Clark, Lewis Carroll : A Biography, Londres (ISBN 978-0-460-04302-1 et 0-460-04302-1), p. 10
- (en) « Lewis Carroll's Adventures in Wonderland »,
- (en-US) Morton N. Cohen, « Speaking of Books: Letters from Wonderland », The New York Times,â (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consultĂ© le )
- « Book of Nonsense, by Edward Lear », sur www.gutenberg.org (consulté le )
- Patrick Roegiers, Lewis Carroll, dessinateur et photographe ou le Visage regardé, éditions Créatis, 1982 ; rééd. éd. Complexe, 2003 (ISBN 2870279809), p. 36 (aperçu en ligne sur Google Livres).
- Jean-Claude Polet, Patrimoine littéraire européen, vol 11b : « Renaissances nationales et conscience universelle (1832-1885) : Romantismes réfléchis », De Boeck Université, 1992, p. 841. « Aperçu »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?), sur Google Livres (consulté le ).
- Portrait de Jemmy sur Getty Images.
- Morton N. Cohen, « Death », dans The Selected Letters of Lewis Carroll, Palgrave Macmillan UK, (ISBN 9780333513378, lire en ligne), p. 283â283
- Jean GattĂ©gno, « Chronologie », dans Alice au pays des merveilles, suivi de De l'autre cĂŽtĂ© du miroir, Gallimard, coll. « Folio classique », (ISBN 978-2-07-046660-3), p. 349â350.
- Jacques Lacan, « Hommage rendu Ă Lewis Carroll », Ornicar ? revue du champ freudien., vol. 50,â , p. 9-12 (ISBN 2-9519169-3-0)
- Sophie Marret, « Lacan sur Lewis Carroll ou â Tandis qu'il lourmait de suffĂšches pensĂ©es â », Ornicar ? revue du champ freudien, vol. 50,â , p. 359 (ISBN 2-9519169-3-0)
- (en) Jean-Jacques Lecercle, The Philosophy of Nonsense, London, Routledge, 1994.
- Sophie Marret, Lewis Carroll : De l'autre cÎté de la logique, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, , 255 p. (ISBN 2-86847-124-2), p. 222
- Karoline Leach, In the Shadow of the Dreamchild: A New Understanding of Lewis Carroll. chapitre 2, 1999.
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- Amirouche Moktefi, « Lewis Carroll's Logic », British Logic in the Nineteenth Century dans Dov M. Gabbay and John Woods (dir.), Handbook of the History of Logic, vol. 4, Amsterdam, Elsevier, 2008, p. 457â505.
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- « Alice and Other Wonders », sur theatredelaville-paris.com (consulté le ).
- Voir le contexte de l'affaire et les déclarations de David O'Kane (Kissing Carroll : Digital-Collage Simulacra - visible en bas à droite de cette page) dans le livre d'Anna Kérchy, Alice in Transmedia Wonderland : Curiouser and Curiouser New Forms of a Children's Classic, Jefferson, McFarland & Company, 2016, p. 145-148 (ISBN 978-1-4766-6668-6) (en ligne aperçu en ligne).
- Comme ici ou ici.
- Par exemple, par Philippe Forest dans sa conférence « Autour de Lewis Caroll » de 2013 (aprÚs la 24e minute), dans le cadre du cycle littéraire proposé par l'Université permanente de l'université de Nantes.
Voir aussi
Bibliographie
- Gilles Deleuze, Logique du sens, Ă©d. de Minuit, 1969.
- Henri Parisot (dir.), « Cahier Carroll », Cahiers de l'Herne no 17, éditions de l'Herne, Paris, 1971, 320 p. (ISBN 9782851970602).
- Patrick Roegiers, Lewis Carroll, dessinateur et photographe ou le Visage regardé, éd. Créatis, 1982 ; rééd. éditions Complexe, 2003.
- Jean Gattégno, Lewis Carroll, une vie, coll. Point biographie, éd. du Seuil, 1984.
- Jean Gattégno, L'Univers de Lewis Carroll, J. Corti, 1990.
- Jean Gattégno, Album Lewis Carroll, coll. La Pléiade, Gallimard, 1990.
- Sophie Marret, Lewis Carroll : De l'autre cÎté de la logique, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 1995.
- Morton N. Cohen (en), Lewis Carroll, une vie, une légende, éd. Autrement, 1998.
- Stephanie Lovett Stoffel, Lewis Carroll au pays des merveilles, coll. « Découvertes Gallimard / Littératures » (no 340), Gallimard, 1998.
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Bridgeman Art Library
- Musée d'Orsay
- Musée des beaux-arts du Canada
- Royal Academy of Arts
- (en) Art UK
- (de + en) Artists of the World Online
- (en) Bénézit
- (en) British Museum
- (en) Grove Art Online
- (da + en) Kunstindeks Danmark
- (en) Musée d'art Nelson-Atkins
- (de + en) Musée StÀdel
- (en) Museum of Modern Art
- (en) National Gallery of Art
- (en) National Portrait Gallery
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- (en) Union List of Artist Names
- Ressources relatives Ă la musique :
- Discogs
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- (en) AllMusic
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- (en) MusicBrainz
- (en) Muziekweb
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- Ressources relatives au spectacle :
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Britannica
- Brockhaus
- Deutsche Biographie
- Enciclopedia italiana
- Enciclopedia De Agostini
- EnciclopĂ©dia ItaĂș Cultural
- Gran EnciclopĂšdia Catalana
- Hrvatska Enciklopedija
- Nationalencyklopedin
- Oxford Dictionary of National Biography
- Proleksis enciklopedija
- Store norske leksikon
- Treccani
- Universalis
- VisuotinÄ lietuviĆł enciklopedija
- Alice au pays des merveilles en version audio.
- De l'autre cÎté du miroir en version audio.
- (en) Page personnelle d'Edward Wakeling, sur laquelle figure un index complet des 3 000 photographies de Carroll.
- (en) Site officiel.
- Conférence audio de Jacques Lacan sur Lewis Carroll et retranscription.
- Ădition originale d'Alice au pays des merveilles.
- Manuscrit original des Aventures d'Alice sous terre réédité aux éditions Frémok, avec illustrations originales de Lewis Carroll et traduction en français.