Accueil🇫🇷Chercher

Espace (notion)

L'espace se présente dans l'expérience quotidienne comme une notion de géométrie et de physique qui désigne une étendue, abstraite ou non, ou encore la perception de cette étendue. Conceptuellement, il est le plus souvent synonyme de contenant aux bords indéterminés. Le phénomène reste en lui-même indéterminé car nous ne savons pas s'il manifeste une structure englobante rassemblant toutes les choses et les lieux ou bien s'il ne s'agit que d'un phénomène dérivé de la multiplicité des lieux[1].

Avant d'être un concept physico-mathématique, l'espace a d'abord été une interrogation majeure des philosophes. De nos jours l'espace, qui semble s'être retiré du champ philosophique, prend de nombreux sens précis et propres à de multiples disciplines scientifiques dérivées de la géométrie. L'espace figure alors, de manière générale, un Tout ensembliste, mais structuré : le domaine de travail.

On parle encore d'espace pour désigner une certaine distance (l’espace entre deux personnes), une certaine surface (ce parc naturel couvre un espace considérable) ou un certain volume (ce placard occupe un grand espace).

Étymologie

Le mot vient du latin spatium, qui a deux significations : elle désigne l'arène, les champs de courses mais aussi une durée. En ancien et moyen français, espace signifiait plutôt un laps de temps, une durée : le soleil occupait tout l'espace du jour.

Géométrie

L'espace est d'abord une notion de géométrie. Pendant longtemps (et aujourd'hui encore en géométrie pure), le géomètre s'attacha à conceptualiser l'espace (tridimensionnel) sensible (c'est-à-dire l'Espace de l'astronome). Cet espace a pour composants fondamentaux : le point, la droite et le plan. Il fut d'abord euclidien jusqu'à l'invention de géométries non-euclidiennes. Dans tous les cas, l'espace conserve une apparence euclidienne à petite échelle.

Par ailleurs, la géométrie analytique a introduit la notion de dimension de l'espace, et développa une géométrie multidimensionnelle (de dimension finie, puis infinie).

Enfin, la géométrie moderne s'est enrichie de la topologie et peut désormais être pleinement qualifiée de science de l'espace.

Diverses disciplines dérivées de la géométrie, tant en physique qu'en mathématiques, donne à "leur espace" un sens plus particulier :

Physique

En physique, la notion d’espace (et la façon dont celui-ci est modélisé mathématiquement) varie en fonction des conditions expérimentales :

  • En mĂ©canique classique, dont les lois expliquent la quasi-totalitĂ© des phĂ©nomènes survenant Ă  Ă©chelle humaine, l’espace est modĂ©lisĂ© comme un espace euclidien de dimension 3 ;
  • La relativitĂ© restreinte introduit un lien entre l’espace et le temps par l'intermĂ©diaire de la vitesse limite c. L’espace-temps y est modĂ©lisĂ© par un espace pseudo-euclidien appelĂ© Espace de Minkowski. Ces lois ne s’appliquent que dans un cadre restreint (pas de champ de gravitation) ;
  • En relativitĂ© gĂ©nĂ©rale, qui Ă©tend la relativitĂ© restreinte en intĂ©grant la courbure de l'espace temps par la prĂ©sence de masse ou d'Ă©nergie ; l’espace, la matière-Ă©nergie et le temps sont liĂ©s. L’espace-temps est modĂ©lisĂ© mathĂ©matiquement par une variĂ©tĂ© de dimension 4, dont la courbure dĂ©pend du potentiel de gravitation. L’espace osculateur (approximation de l’espace sur de petites distances et de petites durĂ©es, en ignorant la courbure) est un Espace de Minkowski. Les prĂ©dictions de la relativitĂ© gĂ©nĂ©rale ne s’écartent sensiblement des prĂ©dictions de la mĂ©canique classique qu'en prĂ©sence de champs de gravitation (avance du pĂ©rihĂ©lie de mercure, dĂ©calage entre deux horloges atomiques dans le champ de gravitation terrestre, etc.) ;
  • En mĂ©canique quantique, qui Ă©tudie les phĂ©nomènes Ă  des tailles tellement petites que les changements d’états ne sont plus continus, mais se font par saut (les quanta), l’espace est modĂ©lisĂ© comme un espace euclidien de dimension 3, mais la notion de position n’existe plus, et est remplacĂ©e par la notion de fonction d'onde, ou nuage de probabilitĂ©. Position et mouvement y sont liĂ©s par le principe d'incertitude d'Heisenberg qui postule qu’ils ne peuvent ĂŞtre connus simultanĂ©ment avec prĂ©cision, ce qui rend impossible toute notion de trajectoire d’une particule. Bien qu’efficace pour prĂ©dire les phĂ©nomènes, cette modĂ©lisation pose des problèmes d’interprĂ©tation (voir par exemple École de Copenhague). Pour les calculs, la mĂ©canique quantique ne considère pas la position du système Ă©tudiĂ©, mais son Ă©tat. Les Ă©tats des systèmes sont modĂ©lisĂ©s mathĂ©matiquement dans un espace de Hilbert. Dans cet espace aussi, les mouvements (changements d'Ă©tat) sont discontinus.

L’espace physique, ou espace-temps, soulève plusieurs questions philosophiques :

  • L’espace est-il absolu ou relatif ? En d’autres termes, que se passerait-il si l’on poussait l’univers entier de trois mètres dans une direction ? Pour la physique, l’espace-temps est relatif, et un rĂ©sultat thĂ©orique majeur (ThĂ©orème de Noether) montre que cela explique les lois de conservation du moment cinĂ©tique, de la quantitĂ© de mouvement et de l’énergie ;
  • L’espace possède-t-il une gĂ©omĂ©trie propre ou la gĂ©omĂ©trie de l’espace est-elle uniquement une convention ?

La question des caractéristiques de l’espace avait été abordée par :

Mathématiques

En mathématiques, un espace est un ensemble muni de structures supplémentaires remarquables, permettant d'y définir des objets analogues à ceux de la géométrie usuelle. Les éléments peuvent être appelés suivant le contexte points, vecteurs, fonctions… En voici quelques exemples.

  • Un espace topologique est un ensemble muni d'une structure très gĂ©nĂ©rale (la topologie), qui permet de dĂ©finir la notion de voisinage d'un point. Cette structure offre le langage pour dĂ©finir les notions de continuitĂ© et de limite.
  • Un espace mĂ©trique est un espace topologique dont la topologie est dĂ©finie au moyen d'une distance. Cette dernière permet d'estimer la taille d'un ensemble (diamètre), la proximitĂ© par rapport Ă  un point, etc.
  • Un espace uniforme est un espace topologique dont la topologie est dĂ©finie par un ensemble d'Ă©carts finis (plus une condition de sĂ©paration). Les espaces uniformes comprennent notamment les groupes topologiques.
  • Un espace vectoriel est un ensemble dont les Ă©lĂ©ments, les vecteurs, peuvent s'additionner et ĂŞtre multipliĂ©s par des scalaires. Sur un corps donnĂ©, les espaces vectoriels se classifient par leur dimension, par dĂ©finition le cardinal de n'importe quelle base. Un espace affine est de manière informelle un espace vectoriel pour lequel la position du vecteur nul a Ă©tĂ© oubliĂ©e. Cette structure autorise Ă  parler de linĂ©aritĂ©.
  • Un ensemble muni Ă  la fois d'une structure d'espace vectoriel et d'une structure d'espace topologique, compatibles entre elles en un certain sens, s'appelle un espace vectoriel topologique.
    • Un espace vectoriel normĂ© est un espace vectoriel topologique dans lequel on dispose d'une notion de longueur d'un vecteur, une norme, ce qui en fait en particulier un espace mĂ©trique. Mais certains espaces vectoriels topologiques sont mĂ©trisables sans que pour autant leur topologie puisse ĂŞtre dĂ©finie par une norme.
    • Un espace vectoriel topologique localement convexe est un espace vectoriel topologique pour lequel la topologie est dĂ©finie par un ensemble de semi-normes.
    • Un espace (DF) est un type d'espace localement convexe ;
  • Un espace de Minkowski est un espace vectoriel de dimension 4, muni d'un produit interne (multiplication entre vecteur), de signature (+, -, -, -). Ce produit interne permet de dĂ©finir la notion d'orthogonalitĂ©. InterprĂ©tĂ© en tant que distance Ă  un point donnĂ© (bien que ce ne soit pas une distance au sens mathĂ©matique), ce produit interne sĂ©pare l'espace en deux parties: l'espace des points pour lesquels une distance existe, et l'espace des points 'inaccessibles'. InterprĂ©tĂ©s dans le cadre de la relativitĂ© restreinte, les points de cet espace temps (position, date) inaccessibles sont ceux qu'il est impossible d'atteindre sans dĂ©passer la vitesse de la lumière.
  • Un espace vectoriel symplectique est un espace vectoriel de dimension finie, muni d'une forme bilinĂ©aire antisymĂ©trique et non dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e.
  • En thĂ©orie des probabilitĂ©s (mais Ă©galement en thĂ©orie de la dĂ©cision), l'espace des Ă©vènements Ă©lĂ©mentaires est appelĂ© l'univers. C'est, en quelque sorte, l'espace de travail. L'univers muni d'une mesure sur une tribu forme un espace probabilisĂ©.

Théorie de la connaissance

Voir l'article détaillé Théorie de la connaissance.

L'espace est la forme de notre expérience sensible. C'est un milieu idéal, c'est-à-dire une structure de l'esprit, qui contient nos perceptions et où nous localisons le mouvement et les corps. Dans l'expérience quotidienne, l'espace est homogène, isotrope, continu et illimité.

On distingue l'espace psychologique et l'espace mathématique. L'espace psychologique peut être divisé en espaces visuel, tactile, musculaire, etc.

Terminologie de Bergson

Henri Bergson définit dans ses ouvrages l’espace comme l’ensemble des distances entre les points qui s’y trouvent. Cette définition personnelle est contestée par Bertrand Russell qui n’y voit qu’un mauvais procédé pour découvrir des propriétés certes surprenantes, mais qui ne s’appliquent pas à l’espace au sens que nous donnons dans la vie courante à ce mot.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Notice dans un dictionnaire ou une encyclopĂ©die gĂ©nĂ©raliste :

Notes et références

  1. Gérard Bensussan, « Le lieu et la contrée. Questions de proximité » dans Les Temps modernes, « Heidegger. Qu'appelle-t-on le Lieu ? », juillet-octobre 2008, no 650, 163252.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.