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Coqueluche

La coqueluche est une infection respiratoire bactĂ©rienne peu ou pas fĂ©brile de l'arbre respiratoire supĂ©rieur, mais d'Ă©volution longue et hautement contagieuse. Deux bactĂ©ries du genre des Bordetella sont responsables des syndromes de la maladie chez l'ĂȘtre humain : Bordetella pertussis et Bordetella parapertussis.

Coqueluche
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Jeune garçon toussant fortement, infecté par la coqueluche.
Causes Bordetella pertussis
Transmission Transmission aéroportée (d) et contamination par les sécrétions respiratoires (d)
Incubation min 7 j
Incubation max 21 j
SymptÎmes Rhinorrhée, fiÚvre, toux, apnée, fatigue et vomissement
Classification et ressources externes
CISP-2 R71
CIM-10 A37
CIM-9 033
DiseasesDB 1523
MedlinePlus 001561
eMedicine 967268
ped/1778
MeSH D01491
Patient UK Whooping-cough-pro

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

C’est une maladie longue (quatre Ă  huit semaines, aprĂšs une pĂ©riode d'incubation d'une semaine) et Ă©prouvante (caractĂ©risĂ©e par de violentes quintes de toux dont le paroxysme Ă©voque le chant du coq). Dans certains pays, la maladie est nommĂ©e la « toux des cent jours »[1].

Étymologie

L’origine du nom de cette maladie pourrait provenir de « coqueluchon », mot du XVe siĂšcle dĂ©signant une sorte de capuche[2]. Une autre origine possible du nom est la toux Ă©voquant le chant du coq.

En Chine et au Japon, la maladie porte le nom de « toux des cent jours », tandis qu'en Espagne, il est question de « toux convulsivante »[3].

Symptomatologie

Les symptĂŽmes de la coqueluche sont variables selon les individus. Chez le nourrisson en revanche, la coqueluche est gĂ©nĂ©ralement sĂ©vĂšre et atypique. La pĂ©riode d'incubation est la pĂ©riode silencieuse correspondant au dĂ©veloppement dans l'organisme des germes Ă  l'origine de la coqueluche sans qu’il y ait manifestation de symptĂŽmes. Elle dure de 5 Ă  21 jours, en Ă©tant proche de 7 jours dans la plupart des cas. Cette pĂ©riode correspond au dĂ©lai entre la contamination et l'apparition des premiers signes.

La maladie dĂ©bute ensuite par une pĂ©riode catarrhale pendant laquelle des signes non spĂ©cifiques d’infection des voies aĂ©riennes supĂ©rieures sont observĂ©es incluant rhinite, Ă©ternuement, toux et fiĂšvre. Elle peut ainsi ĂȘtre confondue avec un simple rhume. Elle dure de 1 Ă  2 semaines[4].

Elle est suivie par la période des quintes de toux, caractéristique de la coqueluche. Chaque quinte est composée de cinq secousses expiratoires suivies d'une longue inspiration bruyante appelée chant du coq. Durant cette phase l'enfant est épuisé par la succession des quintes. Les quintes de toux peuvent également provoquer des crises de suffocation, des vomissements, une apnée, et chez les jeunes enfants une cyanose (coloration bleue ou violette de la peau et des muqueuses). Le nombre de quintes par jour est variable, avec un maximum la nuit. Entre les quintes, l'examen clinique est normal, il n'y a pas de fiÚvre. Cette période dure de 2 à 4 semaines.

La phase de déclin et de convalescence commence ensuite vers la 9e ou la 10e semaine.

Facteurs externes sur la maladie

Une Ă©tude rĂ©alisĂ©e en Nouvelle-Écosse montre que les enfants vaccinĂ©s qui Ă©taient culture-positifs pour Bordetella pertussis prĂ©sentaient, pour la plupart, une toux coquelucheuse typique : 88 % rĂ©pondaient Ă  la dĂ©finition du cas de l’OMS, mais aucun n’a Ă©tĂ© hospitalisĂ©. Un traitement prĂ©coce Ă  l’érythromycine rĂ©duisait la durĂ©e de la toux et des quintes. La moitiĂ© des contacts familiaux des malades ont dĂ©veloppĂ© une toux pathologique et 37,5 % d’entre eux rĂ©pondaient Ă  la dĂ©finition de l’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS), rĂ©sultats qui montrent combien cette maladie est contagieuse.

La plupart des hospitalisations concernent les enfants de moins de cinq ans. La plus longue durĂ©e d’hospitalisation s’observe chez les enfants de moins de six mois, qui sont par ailleurs plus susceptibles d’ĂȘtre hospitalisĂ©s en services de soins intensifs.

Le tableau chez le nourrisson de moins de 6 mois est moins typique :

  • l'Ă©coulement rhinopharyngĂ© et la toux sont moins marquĂ©s ;
  • les quintes sont peu nombreuses ;
  • les apnĂ©es et les accĂšs de cyanose sont au premier plan, nĂ©cessitant une surveillance de tous les instants.

De mĂȘme, chez l'adulte, la toux peut ĂȘtre tout Ă  fait banale, mais prolongĂ©e.

L'infection est immunogÚne et la personne est donc par la suite protégée de toute nouvelle coqueluche pendant plusieurs années. Les complications de la coqueluche sont rares depuis le recours à la vaccination. Néanmoins la coqueluche peut entraßner une otite moyenne, une pneumonie, une atélectasie, des convulsions, une encéphalopathie, un amaigrissement, des hernies, voire un décÚs.

Diagnostic

Le diagnostic clinique est trĂšs Ă©vocateur et souvent suffisant. Toutefois, dans les formes atypiques, la confirmation biologique est indiquĂ©e pour plusieurs raisons : arrĂȘt de la transmission par le traitement prĂ©coce des personnes contagieuses (celles qui toussent)[5] ; protection des personnes en contact avec la personne infectĂ©e ; prise en charge prĂ©coce des sujets Ă  risque de complications (jeunes nourrissons).

Diagnostic biologique direct

Au cours de la premiĂšre semaine de toux, le germe est identifiĂ© dans les sĂ©crĂ©tions respiratoires (crachats ou prĂ©lĂšvements du pharynx) ; cet examen est particuliĂšrement utile lors de la phase catarrhale et dans les formes attĂ©nuĂ©es de la coqueluche ; toutefois, son rendement est faible avec une sensibilitĂ© comprise entre 15 et 45 %. Au cours des trois premiĂšres semaines de toux, le matĂ©riel gĂ©nĂ©tique de la bactĂ©rie par la technique de PCR est identifiĂ© dans l’aspiration nasopharyngĂ©e : il s'agit d'une technique trĂšs fiable.

Diagnostic biologique indirect

Enfin, aprĂšs trois semaines de toux et Ă  plus de trois ans d’une vaccination coquelucheuse, ou lorsque l'antibiothĂ©rapie a pu faire disparaĂźtre tout germe, le taux d’anticorps antitoxine pertussis peut ĂȘtre dosĂ© dans le sĂ©rum du patient.

En fait, cette sĂ©rologie n'est en pratique pas accessible en France : la seule sĂ©rologie validĂ©e est celle du centre national de rĂ©fĂ©rence (CNR), utilisant de la toxine purifiĂ©e. Aucun test commercial n'Ă©tant jugĂ© valide, la sĂ©rologie n'est plus remboursĂ©e depuis le 15 mars 2011 (cf. texte J.O. du 15 fĂ©vrier 2011). Cette sĂ©rologie a Ă©tĂ© pratiquĂ©e en tout et pour tout 72 fois pour toute la France en 2012 (voir le rapport annuel d'activitĂ© 2013 du Centre national de rĂ©fĂ©rence de la coqueluche et autres bordetelloses).

Diagnostic différentiel

D’autres causes d’une toux rebelle peuvent inclure (en fonction du terrain) : corps Ă©tranger trachĂ©o-bronchique chez le jeune enfant, reflux gastro-Ɠsophagien, asthme, tuberculose, mucoviscidose, laryngotrachĂ©ite infectieuse, pneumonie, allergies respiratoires, nĂ©oplasie pulmonaire, et bronchite.

Des infections Ă  Mycoplasma pneumoniae et Ă  Chlamydia pneumoniae[6], une infection virale (adĂ©novirus, virus parainfluenza, virus respiratoire syncytial)[6], et des infections mixtes avec certains virus[6] peuvent Ă©galement ĂȘtre la cause.

Prévention

Vaccination

Dans les annĂ©es 2000, la coqueluche est l'une des maladies les plus difficiles Ă  Ă©liminer pour lesquelles il existe un vaccin[7]. Elle peut de plus ĂȘtre particuliĂšrement grave pour le nourrisson non vaccinĂ©, et auquel la mĂšre ne transmet pas ses anticorps[7]. C'est pour cela qu'il est recommandĂ© aux jeunes parents d'ĂȘtre vaccinĂ©s, pour ne pas contaminer leurs enfants qui seront vaccinĂ©s Ă  partir de 2 mois. Le rapport bĂ©nĂ©fice/risque a Ă©tĂ© Ă©valuĂ© en faveur de la vaccination en France et en Suisse[8]. Ce n'est pas le cas en Allemagne.

La vaccination anti-coqueluche a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e aux États-Unis dans les annĂ©es 1940. En France, le premier vaccin coquelucheux a Ă©tĂ© introduit en 1959 (Vaxicoq) et la vaccination s'est gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă  partir de 1966 grĂące Ă  l'association aux autres vaccins de la diphtĂ©rie, du tĂ©tanos et de la poliomyĂ©lite (DTCP et Tetracoq); en 1995, le vaccin anticoquelucheux Ă©tait combinĂ© avec le composant haemophilus influenzae (Pentacoq)[3]. L'association de la vaccination coquelucheuse non obligatoire Ă  des vaccinations obligatoires n'est pas sans incidences juridiques. Le maintien d'une bonne couverture vaccinale a permis de rĂ©duire de façon spectaculaire la morbiditĂ© et la mortalitĂ© coquelucheuse[9].

Il existe deux principaux types de vaccins :

  • les vaccins anti-coquelucheux Ă  germes entiers : ils sont constituĂ©s du germe entier de Bordetella pertussis, bactĂ©rie responsable de la coqueluche, qui a Ă©tĂ© inactivĂ©e Ă  la chaleur ou chimiquement. Cependant ces vaccins peuvent comporter certaines rĂ©actions indĂ©sirables qui incitĂšrent dĂšs les annĂ©es 1940 les chercheurs Ă  dĂ©velopper des vaccins acellulaires. Le vaccin Ă  germe entier offre une protection contre la maladie, mais pas contre l'infection : une personne ainsi vaccinĂ©e peut ĂȘtre porteuse asymptomatique de Bordetella pertussis[10] ;
  • les vaccins anti-coquelucheux acellulaires : ils ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s au Japon dans les annĂ©es 1970/80. Ils comportent de 2 Ă  5 antigĂšnes de Bordetella pertussis. Ils sont beaucoup plus coĂ»teux que les vaccins Ă  germes entiers, ce qui a retardĂ© leur adoption dans les pays dĂ©veloppĂ©s et est encore un obstacle Ă  leur adoption dans les pays en voie de dĂ©veloppement. Ils ont une efficacitĂ© infĂ©rieure de 5 Ă  10 % aux vaccins Ă  germes entiers (une Ă©tude de 2003 donnait au vaccin acellulaire une efficacitĂ© Ă©quivalente[11]). Le recul est Ă©galement insuffisant pour Ă©valuer la durĂ©e de sa protection. NĂ©anmoins, il prĂ©sente une meilleure tolĂ©rance (moins d’effets indĂ©sirables).

Ces deux types de vaccins sont tous deux largement utilisĂ©s dans les pays occidentaux. Le deuxiĂšme vaccin prĂ©sente moins d’effets secondaires que le premier mais il confĂšre une moins bonne immunitĂ©. Certains pays utilisent donc le vaccin Ă  germes entiers pour la primo-vaccination et le vaccin acellulaire pour les doses de rappel dans les tranches d’ñge supĂ©rieures. D’autres, comme l’Allemagne et la SuĂšde, utilisent le vaccin acellulaire aussi bien pour la primo-vaccination que pour les rappels.

Ces vaccins sont administrĂ©s en deux injections Ă  2 et 4 mois. Cependant, Ă©tant donnĂ© l’immaturitĂ© du systĂšme immunitaire des nourrissons, ils ne confĂšrent une immunitĂ© correcte que vers 4 Ă  6 mois. Cette population de nourrissons trop jeunes pour ĂȘtre complĂštement vaccinĂ©s ont les taux de morbiditĂ© et de mortalitĂ© les plus Ă©levĂ©s[12]. Un rappel est ensuite recommandĂ© Ă  11 mois, puis Ă  6 ans.

En France, un vaccin tĂ©travalent contenant une dose de vaccin anti-coquelucheux acellulaire est destinĂ© aux adolescents et adultes pour les rappels. En effet, Ă  la suite de la recrudescence de la coqueluche, un rappel tardif Ă  11-13 ans est conseillĂ© depuis 1998. De mĂȘme, depuis 2004, ce rappel est Ă©galement recommandĂ© aux jeunes parents, aux personnes Ă  risque et au personnel de santĂ© en contact avec des nouveau-nĂ©s.

Chez la femme enceinte

En raison d'une recrudescence du nombre de cas de coqueluche dans le monde[12], il est recommandé dans un certain nombre de pays aux femmes enceintes de se faire vacciner. Cette vaccination apporte une protection au bébé importante et diminue le risque d'attraper la coqueluche de plus de 90 % jusqu' au 2Úme mois et de 69 % la premiÚre année[13] - [14] - [12] - [15]. L'enfant est normalement vacciné à 2 et 4 mois et est immunisé à partir de 6 mois contre la maladie. L'immunité est plus faible aprÚs la 8Úme semaine et ce, malgré la premiÚre vaccination[16].

Effets indésirables de la vaccination

Les effets indésirables peuvent inclure : fiÚvres, survenue d'érythÚme (rougeur cutanée), réactions du systÚme nerveux par des convulsions, de spasmes des muscles, survenue de réactions inflammatoires, état de choc et autres réactions rares[17]

Les contre-indications peuvent inclure : des antécédents d'allergie, des réactions intenses à d'autres vaccins, les encéphalopathies évolutives, fiÚvre (égale ou supérieur à 40 °C), une affection chronique, des affections graves de l'appareil pulmonaire, lorsque la survenue de manifestations neurologiques est constatée, il est déconseillé de procéder aux injections suivantes.

Les Ă©tudes sur les effets indĂ©sirables des vaccinations maternelles n'ont pas montrĂ© d'effets indĂ©sirables graves chez la mĂšre et l'enfant[12]. Une Ă©tude en Angleterre portant sur 20 074 femmes ayant reçu le vaccin durant leur grossesse montre qu'il n'y a pas de preuve de risques accrus pour la mĂšre et l'enfant Ă  naĂźtre[18].

Traitements

Le traitement fait appel essentiellement à des antibiotiques (macrolides) dans les trois premiÚres semaines d'évolution. Ils permettent d'éliminer la présence de la bactérie dans les sécrétions et de réduire ainsi rapidement la contagiosité.

En France, l'Ă©viction scolaire, qui Ă©tait de trente jours Ă  compter du dĂ©but de la phase clinique, fut ramenĂ©e Ă  5 jours aprĂšs le dĂ©but des antibiotiques en novembre 2006[19]. La durĂ©e de l'Ă©viction peut mĂȘme ĂȘtre abaissĂ©e Ă  3 jours dans le cas oĂč l'azithromycine est utilisĂ©e[20].

Administré tÎt, au début de la phase catarrhale, le traitement permet parfois d'écourter la maladie, voire d'éviter la phase des quintes et de limiter la transmission à l'entourage, diminuant ainsi le réservoir. Cela impose de débuter l'antibiotique dÚs la suspicion de la maladie, sans attendre la confirmation des analyses de laboratoire.

Il est Ă©galement recommandĂ© de donner un traitement antibiotique prĂ©ventif chez les personnes Ă  risque par de l'Ă©rythromycine. Il en est de mĂȘme pour toutes les personnes de l'entourage proche du malade, quel que soit leur Ăąge ou leur Ă©tat d'immunisation.

L’hospitalisation est justifiĂ©e pour les enfants de moins de 6 mois lorsque la coqueluche s’avĂšre grave. Elle permet de mettre en place une surveillance cardio-respiratoire et un nursing adaptĂ© pendant la phase aiguĂ«.

Les autres thĂ©rapeutiques (fluidifiants, salbutamol, corticoĂŻdes
) restent discutĂ©es au cours de la coqueluche ou sont inutiles. Les gammaglobulines standards ne doivent pas ĂȘtre prescrites.

La kinésithérapie respiratoire est contre-indiquée de façon formelle car elle favorise les quintes de toux et n'apporte aucun bénéfice sur une toux d'origine centrale.

D’autres mesures peuvent ĂȘtre prises pour aider Ă  surmonter la maladie, comme veiller au bon Ă©tat d’hydratation et de nutrition, assurer un apport alimentaire suffisant, fractionnĂ© avec si besoin des supplĂ©ments Ă©nergĂ©tiques, ainsi qu'isoler et surveiller le sujet malade.

Chez l’enfant, le faire asseoir lors des quintes de toux, le faire cracher pour dĂ©gager les voies respiratoires et le tranquilliser (l'angoisse peut majorer les crises).

Reprenant les consensus obtenus en sociétés savantes[21] - [22], Antibioclic recommande l'érythromycine 50 mg·kg·j-1 en deux prises, ou 2 g/jour, pendant quatorze jours, la clarithromycine 15 mg·kg·j-1 en deux prises quotidiennes, ou 250 mg deux fois par jour, pendant sept jours, l'azithromycine 20 mg·kg·j-1 en une prise quotidienne, ou 250 mg deux fois par jour, pendant trois jours, ou co-trimoxazole doses enfants SMX 30 mg·kg·j-1 TMP 6 mg·kg·j-1, doses adultes de 800 mg matin et soir pendant dix jours[23] - [24].

Histoire et épidémiologie

Nombre d'individus souffrant de coqueluche sur 100 000 habitants en 2004.
  • Aucune donnĂ©e
  • ≀ 25
  • 25-50
  • 50-75
  • 75-100
  • 100-150
  • 150-200
  • 200-300
  • 300-400
  • 400-500
  • 500-600
  • 600-700
  • ≄ 700
Taux de mortalité par coqueluche pour 100000 Français de 1925 à 1999[25]

En 1930, le bactĂ©riologiste français Charles Nicolle Ă©crivait « la fiĂšvre mĂ©diterranĂ©enne est, sans doute, le meilleur exemple que nous puissions donner d'une maladie d'origine rĂ©cente ; ce n'est pas le seul (
) La coqueluche n'est point, non plus, trĂšs ancienne »[26].

En 1980, les mĂ©decins observent une recrudescence de la coqueluche chez les adolescents, les adultes et les nourrissons n’étant pas encore vaccinĂ©s. Elle se prĂ©sente de forme sĂ©vĂšre. En France, de 1999 Ă  2000, la coqueluche est la premiĂšre cause de dĂ©cĂšs par infection bactĂ©rienne communautaire chez les nourrissons ayant entre 10 jours de vie et 2 mois. Cette augmentation des sujets contractant la coqueluche a aussi Ă©tĂ© observĂ©e aux États-Unis et au Canada. La France n’ayant pas de surveillance coqueluche au sein de la communautĂ©, les chiffres des États-Unis et du Canada se fondent pour illustrer cette recrudescence.

Aux États-Unis en 2005, 12 000 cas de coqueluche ont Ă©tĂ© diagnostiquĂ©s, soit 6 fois plus qu'en 1980. De plus, au Canada, la proportion de cas de coqueluche chez les adolescents (de plus de 15 ans) et les adultes est passĂ©e de 9,6 % en 1995 Ă  31,3 % en 2004. Cette augmentation peut ĂȘtre sans doute attribuĂ©e au dĂ©clin de l'immunitĂ© chez les adolescents et les adultes.

L'Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) a officiellement recensĂ© 136 036 cas de coqueluche en 2013 et 89 000 dĂ©cĂšs estimĂ©s en 2008[27].

La coqueluche touche toutes les tranches d’ñge, mais ses manifestations cliniques varient en fonction de l’ñge. Elle peut survenir chez des individus prĂ©alablement vaccinĂ©s ou qui ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© infectĂ©s, mais en ce cas, le tableau clinique est attĂ©nuĂ©. Dans les populations trĂšs majoritairement vaccinĂ©es, la population la plus vulnĂ©rable et la quasi-totalitĂ© des dĂ©cĂšs concernent les nourrissons de moins d'un an tandis que, chez les populations non vaccinĂ©es, la maladie touche Ă©galement les enfants et les nourrissons plus ĂągĂ©s. La coqueluche est une maladie qui peut mettre en jeu le pronostic vital du nourrisson : la mort peut survenir en quelques jours faute d'une prise en charge adaptĂ©e..

Explication

Le profil habituel des personnes atteintes de la coqueluche a changĂ©, du fait de la large couverture vaccinale. Elle est devenue presque absente de la tranche d’ñge cible (6 mois Ă  10 ans) mais elle est en pleine Ă©mergence chez les jeunes adultes. La coqueluche est devenue tardive et atypique. Dans cette nouvelle population cible, la coqueluche se manifeste avec des symptĂŽmes peu caractĂ©ristiques car elle est encore partiellement immunisĂ©e par les vaccins reçus pendant l’enfance. De ce fait, elle est difficile Ă  diagnostiquer et elle fait plus penser Ă  un gros rhume. Elle est rarement mortelle chez l’adulte. L’adulte reprĂ©sente un rĂ©servoir important de la maladie et une source majeure de transmission de l'infection aux nourrissons. Il est donc le plus souvent responsable de la contamination de nourrissons trop jeunes pour avoir eu une vaccination complĂšte. Leur vaccination s’étale sur trois injections Ă  2, 3 et 4 mois mais elle ne confĂšre une immunitĂ© correcte que vers 4 Ă  6 mois dĂ» au fait de l’immaturitĂ© du systĂšme immunitaire. Si l’ñge de nourrisson est infĂ©rieur Ă  3 mois, il sera systĂ©matiquement hospitalisĂ©.

Pour diminuer cette recrudescence de la coqueluche, les deux solutions en vigueur incluent la vaccination des adultes, des adolescents et des nourrissons. En France depuis 1998, un rappel du vaccin « acellulaire » est proposĂ© aux enfants dĂšs l’ñge de 11 ans. En 2004, cette recommandation de rappel est aussi conseillĂ©e pour les adultes en contact avec des nourrissons tels que des professionnels ou des futurs parents. Mais la participation des adolescents et des adultes Ă  des programmes de vaccination est mauvaise.

Pour une protection optimale chez les nourrissons, il est nĂ©cessaire de faire 3 injections du vaccin Ă  1 mois d’intervalle[28]. De ce fait, ils ne seraient pas totalement protĂ©gĂ©s jusqu’à l’ñge de 4 mois. Cependant ces 2 solutions ne prĂ©sentent pas une efficacitĂ© optimale d’oĂč la recherche d’une troisiĂšme solution par les chercheurs de l’INSERM : le dĂ©veloppement d’un nouveau vaccin.

Mode de transmission et mécanisme d'action

La coqueluche est une maladie infectieuse trĂšs contagieuse surtout dans sa premiĂšre phase alors qu'elle passe souvent inaperçue. La transmission s’opĂšre par voie aĂ©rienne, la bactĂ©rie Ă  l’origine de la maladie se propageant par des gouttelettes de salive expulsĂ©es lors de la toux ou d'un Ă©ternuement. Une fois dans les voies respiratoires, la bactĂ©rie Bordetella pertussis se multiplie sur l’épithĂ©lium ciliĂ© respiratoire de la trachĂ©e et des bronches. Elle diffuse plusieurs toxines spĂ©cifiques qui provoquent la maladie : la coqueluche est une maladie toxinique.

La source de contamination est essentiellement constituĂ©e par les enfants d’ñge prĂ©scolaire ou scolaire (maladie infantile), et aussi par les adultes et sujets ĂągĂ©s dont les symptĂŽmes sont souvent mal identifiĂ©s (porteurs sains). Le taux d’attaque est de 70-80 % si le contact est proche. Dans tous les cas, une enquĂȘte doit ĂȘtre menĂ©e autour du sujet malade pour dĂ©pister les contaminateurs et les cas secondaires. Ceci permet une action prĂ©ventive en traitant rapidement les autres malades pour Ă©viter la propagation de la maladie, notamment chez les sujets Ă  risque : nouveau-nĂ©s, petits nourrissons et femmes enceintes, asthmatiques, etc.

Les facteurs de risque de contamination sont notamment la promiscuitĂ© avec un malade (exposition aux sĂ©crĂ©tions Ă©mises lors de la toux prolongĂ©e et rĂ©pĂ©tĂ©e, surtout une enceinte petite et fermĂ©e, et quand le contaminateur se trouve dans une phase plus prĂ©coce de sa maladie (dont la contagiositĂ© diminue avec le temps : maximale en phase catarrhale (oĂč le patient tousse), et devenant nulle aprĂšs cinq jours de traitement antibiotique efficace. Sans traitement, la phase contagieuse peut durer trois semaines.

Une toux chronique non diagnostiquée sur trois chez l'adulte est le fait d'une personne atteinte de coqueluche[29].

Vols coqueluche

Dans les annĂ©es 1940 Ă  1960, les bienfaits d'un passage en altitude pour soigner cette maladie sont Ă©tudiĂ©s[30] - [31]. De nombreux enfants ont ainsi eu droit Ă  un baptĂȘme de l'air, Ă  l'occasion d'une coqueluche, parfois appelĂ© « vol coqueluche ». Le docteur Jules Crochet, aviateur et mĂ©decin, pratiquait cette mĂ©thode Ă  Reims (France)[32] ; cela se pratiquait encore rĂ©cemment. Des essais en caisson dĂ©pressurisĂ©s ont mĂȘme Ă©tĂ© conduits [33] - [34] - [35]. Si un certain nombre de rĂ©fĂ©rences plutĂŽt anciennes portant sur ces questions sont effectivement trouvĂ©es[36] , Ă©voquĂ©es succinctement par FGA Versteegh dans un article de 2005[37], il n'y aurait, sur ce sujet, aucune Ă©tude rĂ©cente.

La méthode est vivement critiquée par une partie de la communauté médicale, comme étant complÚtement inefficace[38].

Historique

La premiÚre description clinique authentique de la maladie est celle de Guillaume de Baillou en 1578, faite sous le nom de Tussis quintina[39]. Ultérieurement, Thomas Sydenham en 1679, puis Thomas Willis en 1682 individualisent la maladie dont de nombreuses épidémies furent décrites en Europe durant les XVIIIe et XIXe siÚcles.

L'agent de la coqueluche – du moins l'agent principal –, la bactĂ©rie Bordetella pertussis, a Ă©tĂ© dĂ©couvert par Jules Bordet et Octave Gengou dĂšs 1900, mais son isolement n'a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par ces mĂȘmes mĂ©decins qu'en 1906 aprĂšs la mise au point du premier milieu de culture Ă  base d'extrait de pommes de terre (milieu de Bordet et Gengou)[3]. La maladie fut reproduite pour la premiĂšre fois en 1908 par Klimenko[40] chez le singe non-humain et chez le chien. Bordetella parapertussis, qui Ă  la diffĂ©rence de B. pertussis n'est pas strictement humaine, fut isolĂ©e en 1938 par Eldering et Kendrick[41] : la maladie est appelĂ©e coqueluche lorsqu'il s'agit de B. pertussis et paracoqueluche lorsqu'il s'agit de B. parapertussis[3].

DĂšs 1913, Charles Nicolle et Alfred Conor proposĂšrent un vaccin, qui ne donna pas satisfaction. Madsen, en 1933 dĂ©veloppa un vaccin Ă  germe entier qui inspirera les tentatives de J.A. Doull en 1936, de W.T. Harrison en 1938, de Kendrick et Eldering en 1939, de Bell en 1941, de Kendrick en 1942 et enfin de Mc Farlan en 1945[42]. Les antibiotiques ont amĂ©liorĂ© le pronostic de la coqueluche dont les complications pulmonaires et cĂ©rĂ©brales entraĂźnaient une lourde mortalitĂ© infantile. Enfin, depuis les annĂ©es 1940, la vaccination constitue un progrĂšs remarquable dans la prĂ©vention de cette infection. Si la baisse de la mortalitĂ© due Ă  la coqueluche a Ă©tĂ© observĂ©e avant l’arrivĂ©e de la vaccination, c'est la mise en place de programmes de vaccination gĂ©nĂ©ralisĂ©e qui a permis de rĂ©duire considĂ©rablement la mortalitĂ© [43]. Elle a en effet permis de diminuer l'intensitĂ© de cette maladie et surtout la mortalitĂ© coquelucheuse, mais malheureusement uniquement dans les pays industrialisĂ©s.

Dans les pays ayant introduit une vaccination généralisée depuis plus de trente ans, des variants exprimant des toxines et adhésines différentes de celles exprimées par les souches vaccinales ont été trouvés[44]. Des chercheurs de l'Institut Pasteur ont récemment mis en évidence que ces nouveaux variants circulants avaient une virulence moindre ; la confirmation du bien-fondé de la stratégie vaccinale suivie est perçue[45].

Actuellement, l'Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) estime qu'Ă  travers le monde il y aurait environ 50 Ă  70 millions de cas de coqueluche survenant par an parmi lesquels 300 000 enfants[46] - [47] - [48] dĂ©cĂšdent chaque annĂ©e, essentiellement dans les pays en voie de dĂ©veloppement.

En France, la coqueluche est devenue plus rare. Ceci est dĂ» au fait que la couverture vaccinale date maintenant de 40 ans. NĂ©anmoins depuis quelques annĂ©es, une rĂ©surgence de la coqueluche est observĂ©e en particulier chez les adultes et les adolescents qui Ă©taient anciennement vaccinĂ©s[49]. Sur la pĂ©riode 2017-2020 en France, 458 mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes ont recensĂ© 132 cas de coqueluche, « soit un taux d'incidence estimĂ© Ă  17 pour 100.000 habitants en 2017, puis 10 et 15 pour 100.000 habitants en 2018 et 2019. Du fait de la pandĂ©mie de COVID-19, ce chiffre est tombĂ© Ă  3/100.000 en 2020. Le pic d’incidence durant les annĂ©es 2017-2019 avait principalement lieu au cours des mois de mai et juin. Concernant le profil des patients, les cas concernaient surtout des femmes (63%, p=0,004), et des sujets ĂągĂ©s de 15 ans ou plus (66%, Ăąge mĂ©dian 31,5 ans)[50]. »

Notes et références

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