AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Charles Darwin

Charles Robert Darwin [tʃɑːlz ˈdɑːwÉȘn][2], nĂ© le Ă  Shrewsbury dans le Shropshire et mort le Ă  Downe dans le Kent, est un naturaliste et palĂ©ontologue britannique dont les travaux sur l'Ă©volution des espĂšces vivantes ont rĂ©volutionnĂ© la biologie avec son ouvrage L'Origine des espĂšces paru en 1859.

Charles Darwin
Biographie
Naissance

Shrewsbury
DĂ©cĂšs
(Ă  73 ans)
Down House
SĂ©pulture
Nom de naissance
Charles Robert Darwin
Nom court
Charles Darwin
Nationalité
Domicile
The Mount (en)
Formation
Activités
PĂšre
MĂšre
Fratrie
Marianne Darwin (d) (sƓur aĂźnĂ©e)
Caroline Darwin (d) (sƓur aĂźnĂ©e)
Susan Darwin (d) (sƓur aĂźnĂ©e)
Erasmus Alvey Darwin (en) (frÚre aßné)
Emily Darwin (d) (sƓur cadette)
Conjoint
Emma Darwin (de Ă  )
Enfants
William Erasmus Darwin (en)
Anne Darwin (en)
Mary Eleanor Darwin (d)
Henrietta Darwin
George Darwin
Elizabeth Darwin (d)
Francis Darwin
Leonard Darwin
Horace Darwin
Charles Waring Darwin (en)
ParentĂšle
Ursula Mommens (en) (arriĂšre-petite-fille)
Josiah Wedgwood II (oncle et beau-pĂšre)
Emma Darwin (cousine germaine)
Robin Darwin (en) (arriĂšre-petit-fils)
Sarah Darwin
Blason
signature de Charles Darwin
Signature

CĂ©lĂšbre au sein de la communautĂ© scientifique de son Ă©poque pour son travail sur le terrain et ses recherches en gĂ©ologie, il a adoptĂ© l'hypothĂšse Ă©mise 50 ans auparavant par le Français Jean-Baptiste de Lamarck selon laquelle toutes les espĂšces vivantes ont Ă©voluĂ© au cours du temps Ă  partir d'un seul ou quelques ancĂȘtres communs et il a soutenu avec Alfred Wallace que cette Ă©volution Ă©tait due au processus de sĂ©lection naturelle.

Darwin a vu de son vivant la thĂ©orie de l'Ă©volution acceptĂ©e par la communautĂ© scientifique et le grand public, alors que sa thĂ©orie sur la sĂ©lection naturelle a dĂ» attendre les annĂ©es 1930 pour ĂȘtre gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©e comme l'explication essentielle du processus d'Ă©volution. Au XXIe siĂšcle, elle constitue en effet la base de la thĂ©orie moderne de l'Ă©volution. Sous une forme modifiĂ©e, la dĂ©couverte scientifique de Darwin reste le fondement de la biologie, car elle explique de façon logique et unifiĂ©e la diversitĂ© de la vie[3].

L'intĂ©rĂȘt de Darwin pour l'histoire naturelle lui vint alors qu'il avait commencĂ© Ă  Ă©tudier la mĂ©decine Ă  l'universitĂ© d'Édimbourg, puis la thĂ©ologie Ă  Cambridge[4]. Son voyage de cinq ans Ă  bord du Beagle l'Ă©tablit dans un premier temps comme un gĂ©ologue dont les observations et les thĂ©ories soutenaient les thĂ©ories actualistes de Charles Lyell. La publication de son journal de voyage le rendit cĂ©lĂšbre. IntriguĂ© par la distribution gĂ©ographique de la faune sauvage et des fossiles dont il avait recueilli des spĂ©cimens au cours de son voyage, il Ă©tudia la transformation des espĂšces et en conçut sa thĂ©orie sur la sĂ©lection naturelle en 1838. Il fut fortement influencĂ© par les thĂ©ories de Georges-Louis Leclerc de Buffon.

Ayant constaté que d'autres avaient été qualifiés d'hérétiques pour avoir avancé des idées analogues, il ne se confia qu'à ses amis les plus intimes et continua à développer ses recherches pour prévenir les objections qui immanquablement lui seraient faites[A 1]. En 1858, Alfred Russel Wallace lui fit parvenir un essai qui décrivait une théorie semblable, ce qui les amena à faire connaßtre leurs théories dans une présentation commune[5]. Son livre de 1859, L'Origine des espÚces, fit de l'évolution à partir d'une ascendance commune l'explication scientifique dominante de la diversification des espÚces naturelles. Il examina l'évolution humaine et la sélection sexuelle dans La Filiation de l'homme et la sélection liée au sexe, suivi par L'Expression des émotions chez l'homme et les animaux. Ses recherches sur les plantes furent publiées dans une série de livres et, dans son dernier ouvrage[6], il étudiait les lombrics et leur action sur le sol[7].

Biographie

Enfance et Ă©tudes

Charles Darwin Ă  l'Ăąge de sept ans en 1816, un an avant la mort de sa mĂšre.

Charles Darwin est nĂ© dans la maison familiale, dite « maison Mount »[8]. Il est le cinquiĂšme d’une fratrie de six enfants d’un mĂ©decin et financier prospĂšre, Robert Darwin (1766-1848), et de Susannah Darwin (nĂ©e Wedgwood) (1765-1817). Il est le petit-fils du cĂ©lĂšbre naturaliste et poĂšte Erasmus Darwin (1731-1802)[B 1] du cĂŽtĂ© paternel et de Josiah Wedgwood (1730-1795), du cĂŽtĂ© de sa mĂšre. Chacune des deux familles est de confession unitarienne, bien que les Wedgwood aient adoptĂ© l’anglicanisme. Robert Darwin, plutĂŽt libre-penseur, accepte que son fils Charles soit baptisĂ© Ă  l’église anglicane. NĂ©anmoins, les enfants Darwin frĂ©quentent avec leur mĂšre la chapelle unitarienne. Le prĂȘcheur de celle-ci devient le maĂźtre d’école de Charles en 1817. En juillet de la mĂȘme annĂ©e, Susannah Darwin dĂ©cĂšde alors que Charles n'a que huit ans. En septembre 1818, il entre au pensionnat de l’école anglicane voisine, l'Ă©cole de Shrewsbury[A 2]. Aimant peu les matiĂšres thĂ©oriques scolaires, il prĂ©fĂšre galoper Ă  cheval dans la campagne avec son chien, chasser, herboriser, collecter des animaux et des pierres[9].

Darwin passe l’étĂ© de 1825 comme apprenti mĂ©decin auprĂšs de son pĂšre qui soigne les pauvres du Shropshire. À l’automne de la mĂȘme annĂ©e, il part en Écosse, Ă  l’universitĂ© d'Édimbourg pour y Ă©tudier la mĂ©decine, mais il est rĂ©voltĂ© par la brutalitĂ© de la chirurgie et nĂ©glige ses Ă©tudes mĂ©dicales. Il apprend la taxidermie auprĂšs de John Edmonstone, un esclave noir libĂ©rĂ©, qui lui raconte des histoires fascinantes sur les forĂȘts tropicales humides d’AmĂ©rique du Sud. Plus tard, dans La Filiation de l'homme et la sĂ©lection liĂ©e au sexe, il se sert de cette expĂ©rience pour souligner que, malgrĂ© de superficielles diffĂ©rences d’apparence, « les NĂšgres et les EuropĂ©ens » sont trĂšs proches[K 1].

Durant sa seconde annĂ©e, Charles Darwin rejoint la SociĂ©tĂ© plinienne (ainsi nommĂ©e en hommage Ă  Pline l'Ancien considĂ©rĂ© comme le premier naturaliste), un groupe d’étudiants spĂ©cialement intĂ©ressĂ©s par l’histoire naturelle[C 1] et au sein de laquelle il fait quelques allocutions[10]. Il devient un Ă©lĂšve de Robert Edmond Grant, partisan de la thĂ©orie de l’évolution du naturaliste français Jean-Baptiste de Lamarck, tout comme son grand-pĂšre Erasmus Darwin l'avait Ă©tĂ©. Sur les rivages du Firth of Forth, Charles participe aux recherches de Grant sur les cycles vitaux des animaux marins. Ces recherches portent sur l’homologie, thĂ©orie selon laquelle tous les animaux ont des organes similaires ne diffĂ©rant que par leur complexitĂ©, ce qui indique leur ascendance commune[A 3]. En mars 1827, Darwin fait un exposĂ© devant ses camarades pliniens sur sa propre dĂ©couverte : les spores noires souvent trouvĂ©es dans des coquilles d’huĂźtres sont selon lui les Ɠufs d’une sangsue[C 2]. Il suit Ă©galement les cours de Robert Jameson, s’initie Ă  la stratigraphie gĂ©ologique, Ă  la classification des plantes et utilise les riches collections du musĂ©um de l'universitĂ©, l’un des plus riches d’Europe de son temps[A 4].

En 1827, son pĂšre, insatisfait par l’absence de progrĂšs de son jeune fils, l’inscrit pour obtenir un Bachelor of Arts au Christ's College de Cambridge. Il s’agit de lui donner un diplĂŽme de thĂ©ologie, dans l'espoir que Charles devienne pasteur anglican[A 5]. NĂ©anmoins, Darwin aime mieux monter Ă  cheval et chasser que se consacrer Ă  ses Ă©tudes[L 1]. Avec son cousin William Darwin Fox, il commence Ă  se passionner pour la collection des colĂ©optĂšres[L 2]. Fox lui fait rencontrer le rĂ©vĂ©rend John Stevens Henslow, professeur de botanique et grand connaisseur de ces insectes. Darwin rejoint alors les cours d’histoire naturelle d’Henslow et devient son Ă©lĂšve prĂ©fĂ©rĂ©. Il est alors connu des autres professeurs comme « l’homme qui marche avec Henslow »[A 6] - [L 3]. Quand les examens se rapprochent, Darwin se concentre sur ses Ă©tudes et reçoit des cours privĂ©s d’Henslow. Le jeune homme est particuliĂšrement enthousiaste au sujet des Ă©crits de William Paley, dont la ThĂ©ologie naturelle (1802) et la conception divine de la nature le fascinent[L 4].

« Pour passer l’examen de bachelier, il Ă©tait Ă©galement nĂ©cessaire de possĂ©der les Évidences du christianisme de Paley et sa Philosophie morale. J’y mis un grand soin, et je suis convaincu que j’aurais pu transcrire la totalitĂ© des Évidences avec une correction parfaite, mais non, bien sĂ»r dans la langue de Paley. La logique de ce livre, et je puis ajouter, de sa ThĂ©ologie naturelle, me procura autant de plaisir qu’Euclide. L’étude attentive de ces ouvrages, sans rien essayer d’apprendre par cƓur, fut la seule partie du cursus acadĂ©mique qui, comme je le sentais alors et comme je la crois encore, se rĂ©vĂ©la de quelque utilitĂ© pour l’éducation de mon esprit. Je ne me prĂ©occupais pas Ă  cette Ă©poque des prĂ©misses de Paley ; m’y fiant d’emblĂ©e, j’étais charmĂ© et convaincu par la longue chaĂźne de son argumentation. »

— Autobiographie, p. 16

Von Sydow a avancĂ© l'idĂ©e que l’enthousiasme de Darwin pour l’« adaptationisme » religieux de Paley a paradoxalement jouĂ© un rĂŽle, plus tard, lors de la formulation de sa thĂ©orie de la sĂ©lection naturelle[11]. Il passe ses examens en janvier 1831 et, s’il rĂ©ussit bien en thĂ©ologie, il remporte de justesse les Ă©preuves de littĂ©rature classique, de mathĂ©matiques et de physique, arrivant dixiĂšme sur une liste de 178 Ă©lĂšves reçus[C 3].

Les obligations universitaires obligent Darwin Ă  rester Ă  Cambridge jusqu’en juin. Suivant les conseils d’Henslow, il ne hĂąte pas son entrĂ©e dans les Ordres. InspirĂ© par le journal de voyage du naturaliste allemand Alexander von Humboldt, il organise un voyage dans l’üle de Tenerife avec quelques camarades d’études eux-mĂȘmes fraĂźchement diplĂŽmĂ©s, afin d’étudier l’histoire naturelle des tropiques. Pour mieux se prĂ©parer, Darwin rejoint les cours de gĂ©ologie du rĂ©vĂ©rend Adam Sedgwick et, durant l’étĂ©, l’assiste Ă  la rĂ©alisation d'une carte gĂ©ologique dans le pays de Galles[C 4]. AprĂšs avoir passĂ© une quinzaine de jours avec des amis Ă©tudiants Ă  Barmouth, Darwin retourne chez lui et dĂ©couvre une lettre d’Henslow qui le recommande comme naturaliste appropriĂ© (mĂȘme si sa formation n’est pas complĂšte) pour un poste non payĂ© auprĂšs de Robert FitzRoy, capitaine de l'HMS Beagle, lequel part quatre semaines plus tard pour faire la cartographie de la cĂŽte de l’AmĂ©rique du Sud. Son pĂšre s’oppose d’abord Ă  ce voyage de deux ans qu’il considĂšre comme une perte de temps, mais il est finalement convaincu par son beau-frĂšre, Josiah Wedgwood II, et finit par donner son accord Ă  la participation de son fils[A 7].

Voyage du Beagle

Sur les cinq annĂ©es de l'expĂ©dition du Beagle (1831-1836), Darwin passe les deux tiers du temps Ă  terre. Il fait un grand nombre d'observations gĂ©ologiques, rĂ©colte des organismes vivants ou fossiles, et conserve avec mĂ©thode une riche collection de spĂ©cimens, bon nombre d'entre eux Ă©tant nouveaux pour la science[12]. À plusieurs reprises durant le voyage, il envoie des spĂ©cimens Ă  Cambridge, accompagnĂ©s de lettres sur ses dĂ©couvertes. Cela va contribuer Ă  Ă©tablir sa rĂ©putation de naturaliste. Ses longues notes dĂ©taillĂ©es montrent sa capacitĂ© Ă  thĂ©oriser et forment la base de ses travaux ultĂ©rieurs. Le journal qu’il tient alors, Ă  l’origine destinĂ© Ă  sa famille, est publiĂ© sous le titre The Voyage of the Beagle (Le Voyage du Beagle). Il y rĂ©capitule ses observations, et fournit des informations sociales, politiques et anthropologiques sur un grand nombre de personnes qu’il rencontre, coloniaux comme indigĂšnes[A 8].

Avant le dĂ©part, Robert FitzRoy[N 1] - [C 5] avait donnĂ© Ă  Darwin le premier volume des Principles of Geology de Sir Charles Lyell qui explique les reliefs terrestres par l’accumulation de processus graduels sur de trĂšs longues pĂ©riodes de temps. À leur premiĂšre escale Ă  l’üle de Santiago au Cap-Vert, Darwin observe une bande blanche en altitude dans des falaises volcaniques, bande composĂ©e de fragments de coraux et de coquillages cuits. Cette observation, conforme au principe de Lyell sur la lente montĂ©e ou descente des reliefs, ouvre Ă  Darwin une nouvelle perspective sur l'histoire gĂ©ologique de l'Ăźle, et lui donne l'idĂ©e d'Ă©crire un livre sur la gĂ©ologie[C 6]. Cette dĂ©couverte sera suivie par d’autres encore plus dĂ©cisives[12]. Il observe que les plaines de Patagonie sont constituĂ©es de galets et de coquillages, comme des plages surĂ©levĂ©es ; par ailleurs, aprĂšs un tremblement de terre au Chili, il remarque des bancs de moules au-dessus du niveau des pleines mers, ce qui indique que le niveau de la terre a Ă©tĂ© rĂ©cemment surĂ©levĂ©. En altitude, dans les Andes, il observe que des arbres fossiles se sont dĂ©veloppĂ©s sur une plage de sable, Ă  proximitĂ© de coquillages marins. Enfin, il Ă©met la thĂ©orie selon laquelle les atolls coralliens se forment sur des cĂŽnes volcaniques en cours de submersion, ce qu'il confirme aprĂšs que le Beagle est passĂ© dans les Ăźles Cocos[A 9] - [L 5] - [O 1].

Alors que le Beagle explore les cÎtes sud-américaines (ici la Terre de Feu), Darwin commence à théoriser sur les merveilles de la nature autour de lui. Peinture de Conrad Martens réalisée pendant le voyage.

En AmĂ©rique du Sud, Darwin dĂ©couvre des fossiles de mammifĂšres gĂ©ants Ă©teints inclus dans des couches de coquillages marins rĂ©cents, ce qui indique une extinction rĂ©cente sans pour autant rĂ©vĂ©ler de traces de catastrophe ou de changement climatique. Bien qu’il identifie correctement l’un de ces fossiles Ă  un Megatherium et qu’il reconnaisse des fragments de carapace de tatou local, il estime que ces restes sont reliĂ©s Ă  des espĂšces africaines ou europĂ©ennes ; c’est seulement aprĂšs son retour que Sir Richard Owen dĂ©montre que ces restes sont en rĂ©alitĂ© proches de crĂ©atures ne vivant qu'en AmĂ©rique[C 7] - [13] - [A 10].

Le deuxiĂšme volume de l’ouvrage de Charles Lyell argumente contre le transformisme de Lamarck et explique la distribution des espĂšces par des « centres de crĂ©ation » (la crĂ©ation divine ne se serait pas dĂ©roulĂ©e en une fois, mais en plusieurs fois, aprĂšs des catastrophes ayant fait disparaĂźtre les espĂšces prĂ©cĂ©dentes)[A 11]. Darwin le reçoit et le lit avec attention, il en dĂ©duit des idĂ©es qui dĂ©passent ce qu'avait imaginĂ© Lyell[A 12]. En Argentine, il observe que les deux types de nandous occupent des territoires sĂ©parĂ©s mais se chevauchant en partie. Sur les Ăźles GalĂĄpagos, il collecte des miminis et note qu’ils diffĂšrent en fonction de l’üle de provenance. Il avait Ă©galement entendu dire que les Espagnols vivant dans ces rĂ©gions sont capables de dire d’oĂč viennent les tortues Ă  leur simple aspect, mais les Espagnols ont conclu qu’ils les ont eux-mĂȘmes introduites[A 13]. En Australie, l’ornithorynque et le rat-kangourou lui semblent si Ă©tranges qu’ils semblent avoir Ă©tĂ© l’Ɠuvre de deux crĂ©ateurs diffĂ©rents[M 1].

Au Cap, Darwin et FitzRoy rencontrent Sir John Herschel, qui avait depuis peu Ă©crit Ă  Lyell au sujet du « mystĂšre des mystĂšres », l’origine des espĂšces. Lorsqu’il organise ses notes pendant son voyage de retour, Darwin Ă©crit que si ses soupçons au sujet des miminis et des tortues sont justes, « de tels faits sapent la stabilitĂ© des espĂšces », puis, il ajoute prudemment le conditionnel « pourraient »[14] - [15]. Il Ă©crit plus tard que « de tels faits m’ont semblĂ© jeter un peu de lumiĂšre sur l’origine des espĂšces »[N 2].

Trois indigĂšnes de la Terre de Feu qui avaient Ă©tĂ© accueillis par le Beagle lors de son prĂ©cĂ©dent voyage sont Ă  bord : ils y reviennent comme missionnaires. Durant leur sĂ©jour de deux ans en Angleterre, ils sont devenus des « civilisĂ©s », aussi leurs proches apparaissent-ils Ă  Darwin comme des « sauvages malheureux et avilis »[16]. Un an plus tard[N 3], les missionnaires qui ont Ă©tĂ© laissĂ©s sur place ont abandonnĂ© leur mission et seul Jemmy Button vient Ă  leur rencontre ; il est en effet retournĂ© Ă  la vie sauvage et il leur annonce qu'il n'a « aucun dĂ©sir de retourner en Angleterre » et qu'il est « content et comblĂ© » de son sort[M 2]. À cause de cette expĂ©rience, Darwin vient Ă  penser que l'homme n'est pas tant Ă©loignĂ© des animaux, et que la diffĂ©rence est surtout due Ă  des diffĂ©rences d'avancĂ©es culturelles entre civilisations plutĂŽt qu'Ă  des diffĂ©rences raciales. Il dĂ©teste l’esclavage qu’il a vu ailleurs en AmĂ©rique du Sud, et est dĂ©solĂ© des effets du peuplement europĂ©en sur les aborigĂšnes d'Australie comme sur les Māori de Nouvelle-ZĂ©lande[C 8]. FitzRoy est chargĂ© d’écrire le rĂ©cit officiel du voyage du Beagle ; peu avant la fin du pĂ©riple, il lit le journal de Darwin et lui demande de le retravailler afin d'en faire le troisiĂšme volume, celui consacrĂ© Ă  l’histoire naturelle[C 9].

Début de la théorie de l'évolution de Darwin

Encore jeune homme, Charles Darwin rejoint l'élite scientifique britannique. Portrait de George Richmond, fin des années 1830.

Alors que Darwin est toujours en voyage, Henslow travaille Ă  faire connaĂźtre son ancien Ă©lĂšve en communiquant Ă  des naturalistes Ă©minents des exemplaires de fossiles et une brochure de Darwin contenant ses lettres sur la gĂ©ologie[17]. Au retour du Beagle, le 2 octobre 1836, Charles Darwin est devenu une cĂ©lĂ©britĂ© dans les cercles scientifiques. AprĂšs ĂȘtre passĂ© Ă  sa maison de Shrewsbury et avoir revu sa famille, il retourne au plus vite Ă  Cambridge pour voir Henslow, qui lui conseille de trouver des naturalistes capables de dĂ©crire les collections et d'en Ă©tablir le catalogue, et qui accepte lui-mĂȘme de s'occuper des spĂ©cimens de botanique. Le pĂšre de Darwin rassemble alors des fonds qui permettent Ă  son fils de devenir un homme de science financiĂšrement indĂ©pendant. C'est donc un Darwin enthousiaste qui fait le tour des institutions de Londres dans lesquelles il est partout honorĂ©. Il cherche alors des experts pour dĂ©crire les collections, mais les zoologistes ont un Ă©norme retard dans leur travail et certains spĂ©cimens courent le risque d'ĂȘtre tout simplement oubliĂ©s dans les rĂ©serves[A 14].

C'est avec une grande curiosité que Charles Lyell rencontre Darwin pour la premiÚre fois, le 29 octobre, et il se hùte de le présenter à Sir Richard Owen, un anatomiste promis à un bel avenir, qui a à sa disposition les équipements du CollÚge royal de chirurgie pour étudier les ossements fossiles que Darwin a recueillis. Parmi les résultats surprenants d'Owen figurent des paresseux géants, un crùne semblable à celui d'un hippopotame appartenant au Toxodon, un rongeur éteint, ainsi que des fragments de carapace d'un énorme tatou disparu (le glyptodon), et que Darwin a dÚs le départ conjecturé[18] - [15]. Ces créatures fossiles n'ont en effet aucun rapport avec les animaux africains, mais sont étroitement liées aux espÚces vivant en Amérique du Sud[A 15] - [C 10].

La premiÚre esquisse de Darwin d'un arbre phylogénétique tirée de son First Notebook on Transmutation of Species (1837).

À la mi-dĂ©cembre, Darwin se rend Ă  Cambridge pour organiser le travail sur ses collections et rĂ©Ă©crire son journal[C 11]. Il rĂ©dige son premier article oĂč il montre que la masse continentale sud-amĂ©ricaine connaĂźt une lente surrection et, chaudement appuyĂ© par Lyell, le lit Ă  la SociĂ©tĂ© gĂ©ologique de Londres le 4 janvier 1837. Le mĂȘme jour, il offre Ă  la SociĂ©tĂ© zoologique ses exemplaires de mammifĂšres et d'oiseaux. L'ornithologue John Gould ne tarde pas Ă  faire savoir que les oiseaux des GalĂĄpagos que Darwin croit ĂȘtre un mĂ©lange de merles, de « gros-becs » et de fringillidĂ©s, constituent, en fait, treize espĂšces distinctes de fringillidĂ©s. Le 17 fĂ©vrier 1837, Darwin est Ă©lu au Conseil de la SociĂ©tĂ© gĂ©ographique et, dans son adresse prĂ©sidentielle, Lyell prĂ©sente les conclusions d'Owen sur les fossiles de Darwin, en insistant sur le fait que la continuitĂ© gĂ©ographique des espĂšces confirme ses idĂ©es actualistes[A 16] - [19].

Le 6 mars 1837, Darwin s'installe Ă  Londres pour se rapprocher de sa nouvelle charge Ă  la sociĂ©tĂ© de gĂ©ographie. Il se joint au cercle formĂ© autour de scientifiques et de savants comme Charles Babbage notamment, qui croit que Dieu a d'avance ordonnĂ© la vie selon des lois naturelles sans procĂ©der Ă  des crĂ©ations miraculeuses ad hoc. Darwin vit prĂšs de son frĂšre Erasmus, un libre-penseur, qui fait partie du cercle Whig et dont l'amie intime, l'auteur Harriet Martineau, promeut les idĂ©es de Thomas Malthus qu'on trouve Ă  la base des rĂ©formes de la Poor Law prĂŽnĂ©es par les Whigs. La question de Sir John Herschel sur l'origine des espĂšces est alors abondamment discutĂ©e. Des personnalitĂ©s du milieu mĂ©dical, y compris le Dr James Manby Gully vont mĂȘme jusqu'Ă  rejoindre Grant dans ses idĂ©es de transformation des espĂšces, mais aux yeux des scientifiques amis de Darwin une hĂ©rĂ©sie aussi radicale met en pĂ©ril la base divine de l'ordre social dĂ©jĂ  menacĂ© par la rĂ©cession et les Ă©meutes[A 17].

ConsĂ©cutivement John Gould fait savoir que les moqueurs polyglottes des GalĂĄpagos originaires des diffĂ©rentes Ăźles sont des espĂšces distinctes et pas seulement des variĂ©tĂ©s, tandis que les « troglodytes » constituent encore une autre espĂšce de fringillidĂ©s. Darwin n'a pas notĂ© prĂ©cisĂ©ment de quelles Ăźles proviennent les exemplaires de fringillidĂ©s, mais il trouve ces renseignements dans les notes d'autres membres de l'expĂ©dition sur le Beagle, y compris celles de FitzRoy, qui a enregistrĂ© plus soigneusement ce qu'ils ont eux-mĂȘmes collectĂ©. Le zoologiste Thomas Bell montre que les tortues des GalĂĄpagos sont indigĂšnes dans l'archipel. Avant la mi-mars, Darwin est convaincu que les animaux, une fois arrivĂ©s dans les Ăźles, se sont en quelque sorte modifiĂ©s pour former sur les diffĂ©rentes Ăźles des espĂšces nouvelles ; il rĂ©flĂ©chit Ă  cette transformation en notant le rĂ©sultat de ses pensĂ©es sur le « carnet rouge » qu'il a commencĂ© sur le Beagle. À la mi-juillet, il commence son carnet secret, le « carnet B », sur cette transformation et, Ă  la page 36, il Ă©crit « je pense » au-dessus de sa premiĂšre esquisse d'un arbre montrant l'Ă©volution[A 18] - [15].

Surmenage, maladie et mariage

Alors qu'il est absorbĂ© dans l'Ă©tude du transformisme, Darwin est pris par des travaux supplĂ©mentaires. Tandis qu'il en est encore Ă  rĂ©Ă©crire son Journal, il entreprend de rĂ©viser et de publier les rapports d'experts sur ses collections et, avec l'aide de Henslow, obtient une subvention de 1 000 livres sterling pour financer l'Ă©criture de Zoologie du Voyage du H.M.S. Beagle, Ă©ditĂ©e en plusieurs volumes. Il accepte des dĂ©lais impossibles Ă  tenir pour cette tĂąche ainsi que pour un livre sur la GĂ©ologie de l'AmĂ©rique du Sud qui soutient les idĂ©es de Lyell. Darwin finit de rĂ©diger son Journal le 20 juin 1837, juste au moment oĂč la reine Victoria monte sur le trĂŽne, mais il lui reste encore Ă  corriger les Ă©preuves[C 12].

La santĂ© de Darwin souffre d'une rĂ©elle surcharge de travail. Le 20 septembre 1837, il ressent des « palpitations du cƓur ». Son mĂ©decin lui ayant prescrit un mois de repos, il se rend alors Ă  Shrewsbury chez des parents du cĂŽtĂ© maternel Ă  Maer Hall mais il les trouve trop curieux de ses histoires de voyages pour lui laisser quelque repos. Sa cousine Emma Wedgwood, charmante, intelligente et cultivĂ©e, et de neuf mois plus ĂągĂ©e que Darwin, soigne la tante de celui-ci, laquelle est invalide. Son oncle Jos lui fait voir un endroit oĂč des cendres ont disparu sous la glaise et suggĂšre qu'il peut s'agir du travail des lombrics. C'est ainsi l'origine d'une confĂ©rence que Darwin fait Ă  la SociĂ©tĂ© gĂ©ologique le 1er novembre, dans laquelle il dĂ©montre pour la premiĂšre fois le rĂŽle des lombrics dans la formation des sols[A 19] - [20].

William Whewell incite Darwin à accepter la charge de secrétaire de la Société géologique. AprÚs avoir d'abord refusé cette tùche supplémentaire, il accepte le poste en mars 1838[A 20]. En dépit de la besogne apportée par les travaux d'écriture et d'édition, il réalise des progrÚs remarquables sur le transformisme. Tout en gardant secrÚtes ses idées sur l'évolution, il ne manque aucune occasion d'interroger les naturalistes expérimentés et, de façon informelle, les gens qui possÚdent une expérience pratique comme les fermiers et les colombophiles[12] - [A 21]. Avec le temps sa recherche s'élargit : il se renseigne auprÚs de sa famille, enfants compris, du majordome de la famille, de voisins, de colons et d'anciens compagnons de bord[C 13]. Il englobe le genre humain dans ses spéculations initiales et, le , ayant observé un singe au zoo, il note la ressemblance entre son comportement et celui d'un enfant[A 22].

Tous ces efforts finissent par se faire sentir et, dĂšs , il est forcĂ© de s'aliter quelques jours sans interruption en raison de problĂšmes d'estomac, de migraines et de symptĂŽmes cardiaques[A 23]. Tout le reste de sa vie, il devra plusieurs fois s'arrĂȘter de travailler avec des Ă©pisodes de douleurs Ă  l'estomac, de vomissements, de furoncles sĂ©vĂšres, de palpitations, de tremblements et d'autres malaises, surtout dans les moments de tension, comme lorsqu'il doit assister Ă  des rĂ©unions ou rĂ©pondre Ă  des controverses sur sa thĂ©orie. La cause de cette maladie reste inconnue de son vivant, et les traitements n'ont que peu de succĂšs. Des essais rĂ©cents de diagnostic suggĂšrent la maladie de Chagas, que lui ont peut-ĂȘtre communiquĂ©e des piqĂ»res d'insectes en AmĂ©rique du Sud, la maladie de MeniĂšre, la maladie de Lyme[21] ou encore diffĂ©rents troubles psychologiques, comme le trouble panique[22]. Les spĂ©cialistes restent encore dans l'incertitude Ă  ce sujet[23].

Charles Darwin choisit de se marier avec sa cousine, Emma Wedgwood.

Le 23 juin 1838, il fait une pause dans son travail en allant faire un peu de gĂ©ologie en Écosse. Il visite Glen Roy par un temps radieux pour voir les « terrasses » parallĂšles, ces replats taillĂ©s Ă  flanc de coteau. Il y voit des plages surĂ©levĂ©es, et en effet les gĂ©ologues ont dĂ©montrĂ© plus tard qu'il s'agit des berges d'un lac glaciaire[A 24] - [C 14] - [L 6].

ComplĂštement rĂ©tabli, il revient Ă  Shrewsbury en juillet. HabituĂ© Ă  prendre continuellement des notes sur la reproduction animale, il griffonne des pensĂ©es dĂ©cousues concernant sa carriĂšre et ses projets sur deux petits morceaux de papier : l'un comporte deux colonnes intitulĂ©es « Mariage » et « Pas de mariage ». Les avantages comprennent entre autres : « une compagne fidĂšle et une amie dans la vieillesse
 mieux qu'un chien en tout cas » ; et Ă  l'opposĂ© des points comme « moins d'argent pour les livres » et « terrible perte de temps »[O 2]. S'Ă©tant dĂ©cidĂ© pour le mariage, il en discute avec son pĂšre, et rend ensuite visite Ă  Emma le 29 juillet 1838. Il n'a pas le temps de faire sa demande en mariage mais, contre les conseils de son pĂšre, parle de ses idĂ©es sur le transformisme[A 25].

Pendant qu'il continue ses recherches Ă  Londres, l'Ă©ventail de lectures trĂšs large de Darwin comprend alors, « pour se distraire » selon ses termes, la 6e Ă©dition de l’Essai sur le Principe de Population de Thomas Malthus ; celui-ci a calculĂ© qu'en raison du taux de natalitĂ©, la population humaine peut doubler tous les 25 ans mais que, dans la pratique, cette croissance est freinĂ©e par la mort, la maladie, les guerres et la famine[12] - [24] - [A 26] - [25]. Darwin est bien prĂ©parĂ© pour saisir de suite que cela s'applique aussi au « conflit entre les espĂšces », remarquĂ© pour les plantes par Augustin Pyrame de Candolle, et Ă  la lutte pour la vie parmi les animaux sauvages, et que c'est lĂ  la raison pour laquelle les effectifs d'une espĂšce demeurent relativement stables. Comme les espĂšces se reproduisent toujours plus qu'il n'y a de ressources disponibles, les variations favorables rendent les organismes qui en sont porteurs plus aptes Ă  survivre et Ă  transmettre ces variations Ă  leur progĂ©niture, tandis que les variations dĂ©favorables finissent par disparaĂźtre. S'ensuit la formation de nouvelles espĂšces[A 26] - [C 15] - [26] - [L 7]. Le 28 septembre 1838[12], il note ce nouvel Ă©clairage de la question, le dĂ©crivant comme une sorte de moyen Ă©pistĂ©mologique pour introduire des structures plus adaptĂ©es dans les espaces de l'Ă©conomie naturelle tandis que les structures plus faibles sont Ă©jectĂ©es. Il dispose maintenant d'une hypothĂšse de travail. Au cours des mois suivants, il compare les fermiers qui sĂ©lectionnent les meilleurs sujets pour l'Ă©levage Ă  une Nature malthusienne faisant son choix parmi les variantes crĂ©Ă©es par le « hasard », « de telle sorte que chaque Ă©lĂ©ment [de chaque] structure nouvellement acquise fĂ»t complĂštement mis en Ɠuvre et perfectionnĂ© ». Il voit dans cette analogie « la plus belle partie de [sa] thĂ©orie »[A 27].

Le 11 novembre, il revient Ă  Maer et fait sa demande Ă  Emma, en lui exposant encore une fois ses idĂ©es. Elle accepte puis, dans les lettres qu'ils Ă©changent, elle montre Ă  quel point elle apprĂ©cie sa franchise mais, du fait de son Ă©ducation anglicane trĂšs pieuse, elle laisse voir sa crainte que de telles hĂ©rĂ©sies par rapport Ă  la foi puissent mettre en danger ses espoirs de le retrouver dans la vie Ă©ternelle. Pendant qu'il est en quĂȘte d'un logement Ă  Londres, les Ă©pisodes de maladie continuent et Emma lui Ă©crit pour le presser de prendre un peu de repos, remarquant de façon presque prophĂ©tique : « Ne retombez donc plus malade, mon cher Charlie, avant que je puisse ĂȘtre auprĂšs de vous pour prendre soin de vous ». Il trouve dans la Gower Street ce que le jeune couple appelle le « Cottage de l'Ara » (Ă  cause de son intĂ©rieur criard), puis Darwin y dĂ©mĂ©nage son « musĂ©e » Ă  NoĂ«l. Le mariage est prĂ©vu pour le , mais les Wedgwood retardent cette date. Le 24, Darwin a l'honneur d'ĂȘtre Ă©lu membre de la Royal Society[A 28]. Le , Darwin et Emma Wedgwood se marient Ă  Maer, au cours d'une cĂ©rĂ©monie anglicane amĂ©nagĂ©e pour convenir aux Unitariens. Ils prennent alors immĂ©diatement le train pour Londres et gagnent leur nouveau foyer[A 29].

Préparation de la publication de la théorie de la sélection naturelle

Darwin a trouvĂ© la base de sa thĂ©orie de la sĂ©lection naturelle, mais il est cependant bien conscient de tout le travail qu'il reste Ă  faire pour la rendre crĂ©dible aux yeux de ses collĂšgues scientifiques, qui le critiquent farouchement. Le , Ă  la rĂ©union de la SociĂ©tĂ© gĂ©ologique dont il est secrĂ©taire, il voit Owen et Buckland ne rien cacher de leur haine contre l'Ă©volution en attaquant la rĂ©putation de son vieux maĂźtre Grant, disciple de Lamarck[A 30]. Le travail continue sur les conclusions auxquelles il est arrivĂ© Ă  bord du Beagle et, en mĂȘme temps qu'il consulte des Ă©leveurs, il multiplie les expĂ©riences sur les plantes, essayant de trouver des preuves qui rĂ©pondent Ă  toutes les objections auxquelles il s'attend Ă  partir du moment oĂč sa thĂ©orie est communiquĂ©e[N 4]. Quand la Narration[27] de FitzRoy est publiĂ©e, en mai 1839, le Journal et Remarques de Darwin (plus connu sous le titre Le Voyage du Beagle) qui en constitue le troisiĂšme volume rencontre un tel succĂšs que l'on en fait une rĂ©Ă©dition sĂ©parĂ©e la mĂȘme annĂ©e[L 8].

Pendant plusieurs années, Darwin étudie les cirripÚdes, ici l'anatife Lepas anatifera.

Au dĂ©but de 1842, Darwin envoie Ă  Lyell une lettre pour lui exposer ses idĂ©es ; ce dernier est consternĂ© de voir que celui qui a Ă©tĂ© son alliĂ© refuse maintenant « de voir un commencement Ă  chaque groupe d'espĂšces ». En mai, le livre de Darwin sur les rĂ©cifs coralliens est publiĂ© aprĂšs plus de trois annĂ©es de travail[28]. En juin il Ă©crit alors une « esquisse sommaire » de sa thĂ©orie tenant en 35 pages[A 31] - [L 9]. Pour Ă©chapper aux pressions de Londres, la famille s'installe en novembre Ă  la campagne, dans le domaine de Down House. Le 11 janvier 1844, Darwin Ă©crit Ă  son ami, le botaniste Sir Joseph Dalton Hooker, pour lui exposer sa thĂ©orie, en disant que c'est presque avouer « un meurtre », mais, Ă  son grand soulagement, Hooker croit qu'« une modification graduelle des espĂšces pouvait bien avoir eu lieu » et il exprime son intĂ©rĂȘt pour l'explication de Darwin. Vers le mois de juillet, Darwin dĂ©veloppe une esquisse de ses vues dans un « essai » de 230 pages[A 32] - [L 10]. Ses craintes de voir ses idĂ©es Ă©cartĂ©es comme une sorte de radicalisme lamarckien sont rĂ©veillĂ©es une nouvelle fois par la controverse que suscite en octobre une publication anonyme (l'auteur se rĂ©vĂ©lera ĂȘtre Robert Chambers) intitulĂ©e Vestiges de l'Histoire naturelle de la CrĂ©ation[29]. Ce livre qui est un best-seller accroĂźt l'intĂ©rĂȘt de la classe moyenne pour le transformisme, et ouvre ainsi la voie Ă  Darwin. Cet ouvrage est nĂ©anmoins sĂ©vĂšrement attaquĂ© par les scientifiques reconnus, ce qui lui rappelle la nĂ©cessitĂ© de rĂ©pondre Ă  toutes les difficultĂ©s avant de rendre publique sa thĂ©orie[B 2]. Darwin termine son troisiĂšme livre de gĂ©ologie, Geological Observations on South America[30] en 1846 et entreprend Ă  partir d'octobre une vaste Ă©tude sur les cirripĂšdes avec l'aide de Hooker. En janvier 1847, Hooker lit l'« essai » de Darwin et lui renvoie ses observations ; c'est la critique sereine dont Darwin a besoin, mĂȘme si Hooker remet en question son rejet de l'idĂ©e d'une crĂ©ation continue[A 33] - [31] - [N 5].

Pour essayer de traiter son Ă©tat maladif chronique, Darwin se rend Ă  Malvern, une ville thermale, en 1848. La cure de quelques mois lui fait un grand bien et il peut reprendre son travail Ă  son retour. À la mort de son pĂšre le 13 novembre, il est nĂ©anmoins tellement affaibli qu'il ne peut assister aux funĂ©railles[L 11]. En 1849, sa fille, Annie, tombe malade, ce qui rĂ©veille sa peur que la maladie puisse ĂȘtre hĂ©rĂ©ditaire. AprĂšs une longue sĂ©rie de crises elle meurt en avril 1851, et Darwin perd alors toute foi en un Dieu bienveillant[A 34]. En 1851, Marcel de Serres publie Du perfectionnement graduel des ĂȘtres organisĂ©s, qui illustre l'Ă©mergence de thĂ©ories Ă©volutionnistes dans les milieux scientifiques europĂ©ens.

Les huit années que Darwin passe à travailler sur les cirripÚdes lui permettent de trouver des « homologies » qui confortent sa théorie en montrant que de légers changements morphologiques peuvent permettre à différentes fonctions d'affronter des conditions nouvelles[L 12]. En 1853, il obtient la médaille royale de la Royal Society, ce qui établit sa réputation comme biologiste[A 34]. En 1854, il reprend le travail sur sa théorie des espÚces et, en novembre, se rend compte que la divergence dans le caractÚre de descendants peut s'expliquer par le fait qu'ils se sont adaptés « à des situations différentes dans l'économie de la nature »[L 13].

Publication de la théorie de la sélection naturelle

Darwin fut contraint à une publication précoce de sa théorie sur la sélection naturelle (portrait de 1854).

Au dĂ©but de 1855, Darwin cherche Ă  savoir si les Ɠufs et les graines sont capables de survivre Ă  un voyage dans l'eau salĂ©e et d'Ă©largir ainsi la distribution de leurs espĂšces Ă  travers les ocĂ©ans[32] - [33] - [34]. Joseph Dalton Hooker est de plus en plus sceptique quant Ă  la conception traditionnelle selon laquelle les espĂšces sont immuables, mais son jeune ami Thomas Henry Huxley est fermement opposĂ© Ă  l'Ă©volution. Lyell est lui intriguĂ© par les spĂ©culations de Darwin sans se rendre vraiment compte de leur portĂ©e. AprĂšs avoir lu un article d'Alfred Russel Wallace sur l’Introduction des espĂšces, il trouve des ressemblances avec les idĂ©es de Darwin et lui conseille de les publier pour Ă©tablir son antĂ©rioritĂ©. Bien que Darwin ne voie lĂ  aucune menace, il commence nĂ©anmoins Ă  rĂ©diger un article court. Trouver des rĂ©ponses aux questions difficiles l'arrĂȘte plusieurs fois, et il Ă©largit alors son projet Ă  un « grand livre sur les espĂšces » intitulĂ© « La SĂ©lection naturelle ». Il continue aussi ses recherches, obtenant des renseignements et des exemplaires auprĂšs de naturalistes du monde entier, y compris Wallace qui travaille Ă  BornĂ©o. En dĂ©cembre 1857, Darwin reçoit de Wallace une lettre lui demandant si son livre examine les origines humaines. Il rĂ©pond qu'il veut Ă©viter un tel sujet, « si encombrĂ© de prĂ©jugĂ©s », tandis qu'il encourage l'essai de thĂ©orisation de Wallace, ajoutant : « Je vais beaucoup plus loin que vous »[A 35].

Darwin en est Ă  mi-chemin de son livre quand, le , il reçoit une lettre de Wallace qui dĂ©crit la sĂ©lection naturelle. Bien qu'ennuyĂ© d'avoir Ă©tĂ© « devancĂ© », il la transmet Ă  Lyell comme convenu et, bien que Wallace n'ait pas demandĂ© qu'elle soit publiĂ©e, il propose de l'envoyer Ă  n'importe quel journal choisi par Wallace. La famille de Darwin est alors plongĂ©e dans l'angoisse car dans le village des enfants meurent de la scarlatine, aussi remet-il l'affaire entre les mains de Lyell et de Hooker. Ils conviennent de prĂ©senter ensemble Ă  la Linnean Society, le 1er juillet le discours intitulĂ© Sur la Tendance des espĂšces Ă  former des variĂ©tĂ©s ; et sur la PerpĂ©tuation des variĂ©tĂ©s et des espĂšces par les moyens naturels de la sĂ©lection[5]. NĂ©anmoins, comme Charles, le dernier enfant des Darwin, alors encore au berceau, vient de mourir de la scarlatine, son pĂšre est trop bouleversĂ© pour ĂȘtre prĂ©sent[A 36].

Sur le moment on prĂȘte peu d'attention Ă  l'annonce de cette thĂ©orie ; le prĂ©sident de la Linnean remarque en mai 1859 que l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente n'a Ă©tĂ© marquĂ©e par aucune dĂ©couverte rĂ©volutionnaire[C 16]. Par la suite, Darwin ne peut se souvenir que d'une seule recension, celle du professeur Haughton, de Dublin, qui proclame que « tout ce qu'il y avait lĂ  de nouveau Ă©tait inexact, et tout ce qui Ă©tait exact n'Ă©tait pas nouveau »[O 3]. Darwin s'acharne pendant treize mois pour Ă©crire un rĂ©sumĂ© de son « grand livre », souffrant de problĂšmes de santĂ©, mais encouragĂ© constamment par ses amis scientifiques, et Lyell s'arrange pour le faire publier par Sir John Murray[A 37].

L'ouvrage Sur l'Origine des EspĂšces au moyen de la SĂ©lection Naturelle, ou la PrĂ©servation des Races les meilleures dans la Lutte pour la Vie, titre d'habitude raccourci sous la forme L'Origine des espĂšces, a auprĂšs du public un succĂšs inattendu. Le tirage entier de 1 250 exemplaires est dĂ©jĂ  rĂ©servĂ© quand il est mis en vente chez les libraires le 22 novembre 1859[A 38]. Darwin y dĂ©veloppe « une longue argumentation » fondĂ©e sur des observations dĂ©taillĂ©es, y expose des infĂ©rences et la prise en compte des objections attendues[N 6]. Cependant, sa seule allusion Ă  l'Ă©volution chez l'homme est l'affirmation, discrĂšte, que « des lumiĂšres seront jetĂ©es sur l'origine de l'homme et son histoire ». Il Ă©vite ainsi le mot « Ă©volution », controversĂ© Ă  l'Ă©poque, mais Ă  la fin du livre il conclut que « des formes sans cesse plus belles et plus admirables ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©es et continuent Ă  l'ĂȘtre »[N 7]. Sa thĂ©orie est exposĂ©e de façon simple dans l'introduction :

« Comme il naĂźt beaucoup plus d'individus de chaque espĂšce qu'il n'en peut survivre, et que, par consĂ©quent, il se produit souvent une lutte pour la vie, il s'ensuit que tout ĂȘtre, s'il varie, mĂȘme lĂ©gĂšrement, d'une maniĂšre qui lui est profitable, dans les conditions complexes et quelquefois variables de la vie, aura une meilleure chance pour survivre et ainsi se retrouvera choisi d'une façon naturelle. En raison du principe dominant de l'hĂ©rĂ©ditĂ©, toute variĂ©tĂ© ainsi choisie aura tendance Ă  se multiplier sous sa forme nouvelle et modifiĂ©e[N 8]. »

RĂ©actions Ă  sa publication

Caricature montrant Darwin avec un corps de singe et la grande barbe qu'il se laisse pousser Ă  partir de 1866, magazine Hornet de 1871.

MalgrĂ© sa publication dans la prĂ©cipitation — un de ses confrĂšres, Alfred Russel Wallace, s'apprĂȘte en effet Ă  publier une thĂ©orie similaire —, l'ouvrage de Charles Darwin suscite un vif intĂ©rĂȘt, pour l'Ă©poque, le stock de 1 250 exemplaires prĂ©vus Ă©tant Ă©puisĂ© le jour de sa prĂ©sentation aux librairies, le 22 novembre 1859. Cette premiĂšre Ă©dition Ă©puisĂ©e, une seconde de 3 000 exemplaires est publiĂ©e en janvier de l'annĂ©e suivante. Son livre provoque une controverse que Darwin suit de prĂšs, conservant les coupures de presse avec les recensions, les articles, les railleries, les parodies et les caricatures[C 17]. L'Ă©volution par la sĂ©lection naturelle fut largement discutĂ©e, voire dĂ©nigrĂ©e, particuliĂšrement dans les communautĂ©s religieuses et scientifiques. Bien que Darwin soit soutenu par certains scientifiques (par exemple, Thomas Henry Huxley[B 3], Ernest Renan ou encore Ernst Haeckel qui le popularise trĂšs tĂŽt en Allemagne), d'autres hĂ©sitent Ă  accepter sa thĂ©orie Ă  cause de la capacitĂ© inexpliquĂ©e des individus Ă  transmettre leurs capacitĂ©s Ă  leurs descendants. En effet, Darwin reprend l'idĂ©e, trĂšs populaire Ă  l'Ă©poque, de la transmission des caractĂšres acquis ; il en propose mĂȘme une thĂ©orie dans son ouvrage de 1868. Ce dernier point est pourtant Ă©tudiĂ© au mĂȘme moment par Gregor Mendel, mais il ne semble pas que les deux hommes aient communiquĂ© Ă  ce propos[35] - [36]. MĂȘme avec les lois de Mendel, le mĂ©canisme sous-jacent reste un mystĂšre jusqu'Ă  ce que l'on dĂ©couvre l'existence des gĂšnes.

Les critiques hostiles ont trĂšs tĂŽt fait de tirer les consĂ©quences qui ne sont pas exprimĂ©es, comme le fait que « les hommes descendent des singes ». Pourtant, dans L'Origine des espĂšces, Darwin ne parle pas des origines de l'homme. Le public confond les idĂ©es exprimĂ©es dans le livre de Darwin avec celles de Lamarck, qui cinquante ans auparavant a avancĂ© cette idĂ©e, sans alors faire scandale. Parmi les rĂ©ponses favorables, les recensions de Huxley adressent des critiques Ă  Richard Owen, chef de l'establishment scientifique qu'il voulait Ă©branler. Le verdict d'Owen reste inconnu jusqu'Ă  ce que son compte-rendu d'avril condamne finalement le livre[A 39]. L'establishment scientifique de l'Église d'Angleterre, qui comprend les anciens maĂźtres de Darwin Ă  Cambridge, Adam Sedgwick et John Stevens Henslow, rĂ©agit de façon hostile, malgrĂ© un accueil favorable dans la gĂ©nĂ©ration plus jeune des naturalistes professionnels. En 1860 cependant, la publication de Essays and Reviews par sept thĂ©ologiens anglicans libĂ©raux dĂ©tourne de Darwin l'attention des hommes d'Église. Ces derniers condamnent comme hĂ©rĂ©tique une telle manifestation de la critique libĂ©rale car on y trouve entre autres cet argument que, par les miracles, Dieu enfreint ses propres lois[A 40].

Autre célÚbre caricature de Darwin, française, reproduite dans le magazine satirique La Petite Lune.

Le dĂ©bat public le plus fameux a lieu Ă  Oxford lors d'une rĂ©union de l'Association britannique pour l'Avancement des Sciences. Le professeur John William Draper prononce un long plaidoyer en faveur de Darwin et du progrĂšs social ; c'est alors que l'Ă©vĂȘque d'Oxford, Samuel Wilberforce, s'en prend Ă  Darwin. Dans la discussion qui s'ensuit, Joseph Dalton Hooker prend Ă©nergiquement parti pour Darwin tandis que Thomas Huxley se constitue comme le « bouledogue de Darwin ». Il fut en effet le dĂ©fenseur le plus farouche de la thĂ©orie de l'Évolution Ă  l'Ă©poque victorienne. Les deux partis se sĂ©parent en criant victoire chacun, mais Huxley reste cĂ©lĂšbre par sa rĂ©ponse. Comme Wilberforce lui avait demandĂ© s'il descend du singe par son grand-pĂšre ou par sa grand-mĂšre, Huxley rĂ©torque : « c'est Dieu lui-mĂȘme qui vient de le livrer entre mes mains » et il rĂ©plique qu'il « prĂ©fĂ©rerait descendre d'un singe plutĂŽt que d'un homme instruit qui utilisait sa culture et son Ă©loquence au service du prĂ©jugĂ© et du mensonge »[37] - [A 41].

Le dĂ©bat dĂ©borde le cadre de la science, de l'Église anglicane et du protestantisme. Les autoritĂ©s de l'Église catholique entrent dans la polĂ©mique. DĂšs 1860, en effet, une rĂ©union d'Ă©vĂȘques qui se tient Ă  Cologne[38] prĂ©cise la position catholique. Sans condamner Darwin, ni le principe de l'Ă©volution des espĂšces animales, les Ă©vĂȘques affirment qu'une intervention divine est nĂ©cessaire au moins Ă  l'origine de l'univers (pour lui donner son existence et ses lois) ainsi que lors de l'apparition de l'homme. Ce sera dĂ©sormais la position constante des autoritĂ©s catholiques (moins hostiles Ă  l'Ă©volution que les courants protestants dits « crĂ©ationnistes »).

Tenu Ă©loignĂ© des discussions publiques par sa maladie, Darwin n'en lit pas moins avec passion ce qu'on rapporte et reçoit des soutiens par courrier. Asa Gray convainc un Ă©diteur aux États-Unis de payer des droits d'auteur, et Darwin fait venir et distribue la brochure de Gray qui montre que la sĂ©lection naturelle n'est nullement incompatible avec la thĂ©ologie naturelle[A 42] - [39]. En Grande-Bretagne, ses amis, y compris Hooker[40] et Lyell[41], prennent part aux discussions scientifiques qu'Huxley mĂšne avec rage pour briser la domination de l'Église, incarnĂ©e par Owen, en faveur d'une nouvelle gĂ©nĂ©ration de professionnels de la science. Owen commet en effet l'erreur d'invoquer certaines diffĂ©rences anatomiques entre le cerveau du singe et le cerveau humain, et accuse Huxley de soutenir que « l'homme descend du singe ». Huxley est heureux de soutenir cette opinion et sa campagne, qui dure plus de deux ans, est une vraie catastrophe pour Owen et la « vieille garde »[A 43], qui se trouvent ainsi Ă©liminĂ©s des dĂ©bats. Les amis de Darwin forment alors le « Club X ». Ils l'aident Ă  lui valoir l'honneur de la mĂ©daille Copley que lui dĂ©cerne la Royal Society en 1864[41].

Si l'ouvrage Vestiges a dĂ©jĂ  suscitĂ© dans le public le plus vaste intĂ©rĂȘt, L'Origine des espĂšces est traduit dans un grand nombre de langues et connaĂźt de nombreuses rĂ©impressions, devenant un texte scientifique de base accessible aussi bien Ă  une classe moyenne curieuse de cette nouveautĂ© qu'aux simples travailleurs qui se pressent aux confĂ©rences d'Huxley. La thĂ©orie de Darwin[42] correspond d'ailleurs aux diffĂ©rents mouvements sociaux de l'Ă©poque[43] et elle devient un des fondements clĂ©s de la culture populaire (par exemple, la chanson A lady fair of lineage high de William S. Gilbert et Arthur Sullivan interprĂ©tĂ©e par Princess Ida, qui dĂ©crit l'ascendance simiesque de l'homme, mais pas des femmes).

Descent of Man et derniÚres années

Portrait de Charles Darwin réalisé en 1868 par Julia Margaret Cameron.
Portrait de Charles Darwin en 1875 par Walter William Ouless.

Malgré des rechutes continuelles pendant les vingt-deux derniÚres années de sa vie, Darwin continue son travail. Il publie un résumé de sa théorie mais les aspects les plus controversés de son « grand livre » restent incomplets, y compris la preuve explicite du fait que l'humanité descend d'animaux antérieurs à elle, et la recherche de causes possibles qui sont à la base du développement de la société et des capacités mentales de l'homme. Il doit encore expliquer des caractéristiques sans utilité évidente si ce n'est dans un but esthétique. Darwin continue par conséquent à faire des expériences, à chercher et à écrire.

Quand la fille de Darwin tombe malade, il suspend ses expériences sur les semences et les animaux domestiques pour l'accompagner au bord de la mer ; là il s'intéresse aux orchidées[44] - [45] et il en résulte une étude révolutionnaire sur la façon dont la beauté des fleurs sert à assurer la pollinisation par les insectes et à garantir une fertilisation avec croisement. Comme avec les balanes, les parties homologues remplissent des fonctions différentes chez les diverses espÚces. De retour chez lui, il retrouve son lit de malade dans une piÚce que remplissent ses expériences sur les plantes grimpantes. Il reçoit la visite d'Ernst Haeckel, un de ses admirateurs et qui a propagé sa théorie en Allemagne[46]. Wallace continue aussi à le soutenir, bien qu'il verse de plus en plus dans le spiritisme[47].

De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication (1868)[48] constitue la premiÚre partie du « grand livre » que Darwin projette d'écrire. Il travaille alors au développement du « résumé » qu'il a publié sous le titre L'Origine des espÚces. Cette premiÚre partie s'agrandit jusqu'à devenir deux gros volumes, le forçant à laisser de cÎté l'évolution humaine et la sélection sexuelle. Elle se vend bien malgré sa taille[A 44].

Dans ce livre, Darwin continue Ă  soutenir qu'une des causes de l'Ă©volution est l'effet de l'usage et du non-usage, thĂ©orie dĂ©jĂ  exposĂ©e par Lamarck[49] qu'on appela plus tard transmission ou hĂ©rĂ©ditĂ© des caractĂšres acquis[50]. Il s'efforce maintenant de donner une explication thĂ©orique de l'hĂ©rĂ©ditĂ© des caractĂšres acquis Ă  l'aide de l'hypothĂšse de la pangenĂšse[51] - [52]. Un livre supplĂ©mentaire de dĂ©monstrations, qui traite dans le mĂȘme style de la sĂ©lection naturelle, est Ă©crit en grande partie, mais reste inĂ©dit jusqu'Ă  ce qu'il soit transcrit en 1975[53].

La question de l'Ă©volution humaine a Ă©tĂ© soulevĂ©e par ses partisans (et ses dĂ©tracteurs) peu de temps aprĂšs la publication de L'Origine des espĂšces[54], mais la contribution propre de Darwin sur ce sujet apparaĂźt plus de dix ans plus tard avec l'ouvrage en deux volumes La Filiation de l'homme et la sĂ©lection liĂ©e au sexe, publiĂ© en 1871. Dans le deuxiĂšme volume, Darwin dĂ©livre en toutes lettres sa conception de la sĂ©lection sexuelle pour expliquer l'Ă©volution de la culture humaine, les diffĂ©rences entre les sexes chez l'homme et la diffĂ©renciation des races humaines, aussi bien que les sons et la musique ou encore la beautĂ© du plumage chez les oiseaux, lequel ne semble pas, selon lui, le rĂ©sultat d'une adaptation[55]. L'annĂ©e suivante Darwin publie son dernier travail important, L'Expression des Ă©motions chez l'homme et les animaux, consacrĂ© Ă  l'Ă©volution de la psychologie humaine et sa proximitĂ© avec le comportement des animaux. Il dĂ©veloppe ses idĂ©es selon lesquelles chez l'homme l'esprit et les cultures sont Ă©laborĂ©s par la sĂ©lection naturelle et sexuelle[56], conception qui a connu une nouvelle jeunesse Ă  la fin du XXe siĂšcle avec l'Ă©mergence de la psychologie Ă©volutionniste[57]. Comme il conclut dans La Filiation de l'Homme, Darwin estime qu'en dĂ©pit de toutes les « qualitĂ©s nobles » de l'humanitĂ©, et des « pouvoirs qu'elle avait dĂ©veloppĂ©s », « L'homme porte toujours dans sa constitution physique le sceau ineffaçable de son humble origine »[K 2]. Ses expĂ©riences et ses recherches concernant l'Ă©volution trouvent leur conclusion dans des ouvrages sur le mouvement des plantes grimpantes, les plantes insectivores, les effets des croisements des plantes et leur auto-fertilisation, les diffĂ©rentes formes de fleurs sur des plantes de la mĂȘme espĂšce, toutes recherches publiĂ©es dans La CapacitĂ© des plantes Ă  se mouvoir. Dans ce dernier livre, il revient Ă©galement Ă  l'influence des lombrics sur la formation des sols[6].

Charles Darwin meurt Ă  Downe, dans le Kent, le . Il a demandĂ© Ă  ĂȘtre enterrĂ© au cimetiĂšre St. Mary Ă  Downe[58], mais sur les instances des collĂšgues de Darwin, et notamment William Spottiswoode, prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© royale qui intervient pour qu'il reçoive des funĂ©railles officielles, il est enterrĂ© dans l'abbaye de Westminster, prĂšs de l'astronome John Herschel et du physicien Isaac Newton[C 18].

Enfants de Darwin

Les Darwin eurent dix enfants : deux moururent en bas Ăąge, et la disparition d'Annie, alors qu'elle n'avait que dix ans, affecta profondĂ©ment ses parents. Charles Ă©tait un pĂšre dĂ©vouĂ© et trĂšs attentif envers ses enfants. Chaque fois qu'ils tombaient malades, il craignait que ce soit dĂ» Ă  la consanguinitĂ©, puisqu'il avait Ă©pousĂ© sa cousine, Emma Wedgwood. Il se pencha sur cette question dans ses Ă©crits, mettant en opposition les avantages des croisements chez beaucoup d'organismes[A 45]. MalgrĂ© ses craintes, la plupart des enfants qui survĂ©curent firent des carriĂšres remarquables, se distinguant mĂȘme Ă  l'intĂ©rieur de la famille Darwin-Wedgwood, dĂ©jĂ  composĂ©e d'esprits fort brillants[59].

Parmi eux, George, Francis et Horace devinrent membres de la Royal Society, se signalant respectivement comme astronome[60], botaniste et ingénieur civil[61]. Son fils Leonard fut militaire, politicien, économiste. Partisan de l'eugénisme, il eut comme disciple Sir Ronald Aylmer Fisher (1890-1962)[62], statisticien et biologiste de l'évolution.

Conceptions religieuses de Charles Darwin

La mort de sa fille, Annie, en 1851, fut l'événement qui écarta Darwin, déjà en proie au doute, de la foi en un Dieu bienfaisant.

Bien que sa famille fĂ»t en majoritĂ© non-conformiste et que son pĂšre, son grand-pĂšre et son frĂšre fussent libres-penseurs[A 46], au dĂ©but, Darwin ne doutait pas de la vĂ©ritĂ© littĂ©rale de la Bible[L 14]. En ce sens, « l'Ɠuvre de Darwin et sa postĂ©ritĂ© s'inscrivent plus prĂ©cisĂ©ment encore dans le cadre de l'Ă©poque victorienne »[B 4]. Il avait frĂ©quentĂ© une Ă©cole de l'Église d'Angleterre, puis Ă©tudiĂ© la thĂ©ologie anglicane Ă  Cambridge pour embrasser une carriĂšre ecclĂ©siastique[A 47]. Il avait Ă©tĂ© convaincu par l'argument tĂ©lĂ©ologique de William Paley qui voyait dans la nature un dessein prouvant l'existence de Dieu[L 4] ; cependant, au cours du voyage du Beagle Darwin se demanda, par exemple, pourquoi de superbes crĂ©atures avaient Ă©tĂ© faites au fond des ocĂ©ans lĂ  oĂč personne ne pourrait les voir, ou comment il Ă©tait possible de concilier la conception de Paley d'un dessein bienveillant avec la guĂȘpe ichneumon qui paralyse des chenilles pour les donner Ă  ses Ɠufs comme des aliments vivants[63] - [64] - [L 15]. Il restait tout Ă  fait orthodoxe et citait volontiers la Bible comme une autoritĂ© dans le domaine de la morale, mais ne croyait plus Ă  l'historicitĂ© de l'Ancien Testament[O 4].

Alors qu'il menait ses recherches sur la transformation des espĂšces Darwin savait que ses amis naturalistes y voyaient une hĂ©rĂ©sie abominable qui mettait en pĂ©ril les justifications miraculeuses sur lesquelles Ă©tait fondĂ© l'ordre social ; sa thĂ©orie ressemblait alors aux arguments radicaux qu'utilisaient les dissidents et les athĂ©es pour attaquer la position privilĂ©giĂ©e de l'Église d'Angleterre en tant qu'Église Ă©tablie[A 48]. Bien que Darwin eĂ»t Ă©crit que la religion Ă©tait une stratĂ©gie tribale de survivance, il croyait cependant toujours que Dieu Ă©tait le lĂ©gislateur suprĂȘme[65] - [66]. Cette conviction fut peu Ă  peu Ă©branlĂ©e et, avec la mort de sa fille Annie en 1851, il finit par perdre toute foi dans le christianisme[A 49]. Il continua Ă  aider son Ă©glise locale pour le travail paroissial, mais le dimanche il allait se promener pendant que sa famille se rendait Ă  l'Ă©glise. DĂ©sormais, il jugeait prĂ©fĂ©rable de regarder la douleur et les souffrances comme le rĂ©sultat de lois gĂ©nĂ©rales plutĂŽt que d'une intervention directe de Dieu[L 16]. InterrogĂ© sur ses conceptions religieuses, il Ă©crivit qu'il n'avait jamais Ă©tĂ© un athĂ©e dans le sens oĂč il aurait niĂ© l'existence de Dieu mais que, de façon gĂ©nĂ©rale, « c'est l'agnosticisme qui dĂ©crirait de la façon la plus exacte [son] Ă©tat d'esprit »[L 17].

Le Récit de Lady Hope, publié en 1915, soutenait que Darwin était revenu au christianisme au cours de sa derniÚre maladie. Une telle affirmation a été démentie par ses enfants et les historiens l'ont également écartée. Sa fille, Henrietta, qui était à son lit de mort, a en effet dit que son pÚre n'était pas retourné au christianisme[67]. Ses derniers mots ont été en réalité adressés à Emma : « Rappelez-vous la bonne épouse que vous avez été »[C 19].

Darwinisme

Théorie de la sélection naturelle

Si la théorie du transformisme de Lamarck a ouvert la voie, la révolution évolutionniste est arrivée avec Charles Darwin et son ouvrage De l'origine des espÚces (1859) dans lequel deux grandes idées, appuyées par des faits, émergent : l'unité et la diversité du vivant s'expliquent par l'évolution, et le moteur de l'évolution adaptative est la sélection naturelle. Un manuscrit inachevé de 1856-1858 permet d'attirer l'attention sur le fait que la théorie de la sélection naturelle telle qu'exposée dans De l'Origine des EspÚces n'était pour Darwin qu'un résumé provisoire de ses vues. Darwin avait en effet projeté d'écrire trois volumes (l'un sur les variations des espÚces domestiques, un second sur celles à l'état de nature et un dernier consacré à la sélection naturelle générale). La crainte de perdre la paternité de sa découverte au profit de Alfred Wallace poussa Darwin à ne publier que ses écrits provisoires et partiels. En effet, seul le premier parut, en 1868, dans De l'Origine des EspÚces, accompagné de réponses à d'éventuelles critiques sur divers sujets[B 5].

Histoire de l'expression

Dans la 1re Ă©dition, Darwin n'utilise pas le mot Ă©volution mais le mot « variation » ou « variability », pour signifier des petites variations successives Ă  chaque descendance (ex. : « on the principle of successive slight variations »[68], ou le titre du chapitre 2 : « variation under nature ») ou bien le mot « modification » : « the theory of descent with modification through natural selection »[69]. Il a fallu attendre la 6Ăšme et derniĂšre Ă©dition de l'ouvrage, dix ans aprĂšs, pour que l'auteur utilise Ă  plusieurs reprises le mot « Evolution » : « The fact would be fatal to the theory of evolution through natural selection »[70], ou « Now, things are wholly changed, and almost every naturalist admits the great principle of evolution »[71]. Selon Étienne Gilson, c'est parce que le mot signifiait au XVIIe siĂšcle une Ă©volution vers quelque chose de dĂ©fini Ă  l'avance, et qu'Ă  l'Ă©poque de Darwin le mot Ă©tait dĂ©jĂ  utilisĂ© par Spencer pour une doctrine philosophique sur l'Ă©volution psychologique, sociale et biologique du vivant. Cependant, comme dans l'esprit du public ce mot Ă©tait attachĂ© Ă  sa propre doctrine, il vint Ă  l'utiliser lui-mĂȘme. Cela ne change rien toutefois Ă  la doctrine elle-mĂȘme[72].

De fait, à la fin du XIXe siÚcle, le mot « évolution » a acquis le sens actuel d'évolution des espÚces au sens darwinien, et Spencer se plaint amÚrement de l'amalgame fait par le public et les scientifiques entre le concept général d'évolution dont il est l'auteur et le sens particulier d'évolution biologique popularisé par les idées de Darwin. Il publie en décembre 1895 un article en anglais, allemand et français pour faire valoir son antériorité[73], mais en vain.

L'Ă©volution et ses mĂ©canismes sont encore largement Ă©tudiĂ©s aujourd'hui ; en effet, de nombreux points, dĂ©jĂ  soulevĂ©s par Charles Darwin, sur les mĂ©canismes de l'Ă©volution ne sont pas encore Ă©claircis. Par ailleurs le darwinisme a dĂšs ses dĂ©buts souffert d'un amalgame avec l'Ă©volutionnisme : « Du vivant mĂȘme de Darwin, vingt ans aprĂšs la parution de De l'Origine des EspĂšces, le terme darwinisme Ă©tait pratiquement devenu synonyme d'Ă©volutionnisme »[B 6], renvoyant Ă  un Ă©volutionnisme finalisĂ© et universalisant, diluĂ© dans la notion de progrĂšs linĂ©aire et de plus en plus fondĂ© sur la notion d'hĂ©rĂ©ditĂ© des caractĂšres acquis. Cette divergence tient des apports de Weismann et de Wallace, puis de la redĂ©couverte des lois de Mendel en 1900[B 7]. Enfin, « De nos jours encore, l'usage des termes demeure ambigu. Pour les biologistes contemporains, le « darwinisme » dĂ©signe essentiellement — mais pas toujours — la thĂ©orie de la sĂ©lection naturelle, et dĂšs la fin du XIXe siĂšcle s'esquissent des thĂ©ories de l'Ă©volution regroupĂ©es sous le terme — d'abord pĂ©joratif — de « nĂ©o-darwinisme »[B 8].

Postulats de la thĂ©orie de l'Évolution

Dans son livre De l'origine des espĂšces, Darwin expose une thĂ©orie selon laquelle, Ă©tant donnĂ© que tous les individus d'une espĂšce diffĂšrent lĂ©gĂšrement entre eux et d'une gĂ©nĂ©ration Ă  l'autre, et que seule une partie de ces individus rĂ©ussit Ă  se reproduire, seuls les descendants des individus les mieux adaptĂ©s Ă  leur environnement survivront et se reproduiront en transmettant les variations utiles Ă  leur survie[B 9]. Ainsi, comme les individus sĂ©lectionnĂ©s transmettent leurs caractĂšres Ă  leur descendance, les espĂšces Ă©voluent et s'adaptent en permanence Ă  leur environnement. Il baptise du nom de « sĂ©lection naturelle » cette sĂ©lection des individus les mieux adaptĂ©s. Ainsi, de façon sommaire, la sĂ©lection naturelle dĂ©signe le fait que les traits qui favorisent la survie et la reproduction voient leur frĂ©quence s'accroĂźtre d'une gĂ©nĂ©ration Ă  l'autre ; elle repose sur trois principes[74] : le principe de variation, qui explique que les individus diffĂšrent les uns des autres, ainsi que d'une gĂ©nĂ©ration Ă  l'autre, le principe d'adaptation (les individus les plus adaptĂ©s au milieu survivent et se reproduisent davantage) et le principe d'hĂ©rĂ©ditĂ©, enfin, qui pose que les caractĂ©ristiques d'une espĂšce sont hĂ©rĂ©ditaires. Darwin met en avant la notion de lutte pour l'existence ou de lutte pour la vie (struggle for life, struggle for existence), principe qui est au cƓur de la sĂ©lection naturelle. La lutte pour l'existence, qui a lieu parce que les ressources sont limitĂ©es, peut avoir lieu de diverses maniĂšres : soit par la compĂ©tition, soit par la solidaritĂ© et la coopĂ©ration. Celle-ci peut se faire Ă  l'intĂ©rieur d'une espĂšce comme c'est le cas gĂ©nĂ©ralement chez les animaux sociaux, ou bien elle peut avoir lieu entre plusieurs espĂšces diffĂ©rentes, comme dans le cas des symbioses[B 10]. On trouve Ă©galement chez Darwin la notion de « sĂ©lection sexuelle », qui peut prendre diffĂ©rentes formes Ă©galement : par exemple une lutte entre mĂąles pour la possession des femelles (certains primates, les cervidĂ©s), la prĂ©fĂ©rence des femelles pour certaines caractĂ©ristiques chez les mĂąles (cas de la roue du paon, prĂ©fĂ©rence des oiseaux femelles pour les mĂąles colorĂ©s) ou des mĂąles pour certaines caractĂ©ristiques chez les femelles. Il conçoit Ă©galement un « principe de divergence » qui explique notamment l'extinction des espĂšces[B 11].

La fin du finalisme en biologie : une rupture humaine, épistémologique et métaphysique

La thĂ©orie de l'Ă©volution des espĂšces au moyen de la sĂ©lection naturelle a comme consĂ©quence une rupture complĂšte avec la notion de finalisme[75]. Par lĂ  on entend l'idĂ©e que l'Ă©volution de la nature poursuivrait une intention : soit une intention immanente Ă  la nature, comme on peut le voir par exemple chez Aristote, soit une intention qui Ă©mane de Dieu. Darwin se comporte ici de bout en bout comme un scientifique exclusif qui considĂšre la nature comme une mĂ©canique obĂ©issant uniquement aux lois naturelles : « I mean by Nature, only the aggregate action and product of many natural laws »[76]. Par ailleurs il rĂ©fute au chapitre IV de l'Ă©dition de 1872 l'interprĂ©tation selon laquelle la sĂ©lection naturelle serait une sorte d'intention consciente des animaux, de la nature ou de Dieu : « Others have objected that the term selection implies conscious choice in the animals which become modified [
] It has been said that I speak of natural selection as an active power of Deity ». Il confesse que l'expression est peut-ĂȘtre mal choisie, mais que c'est un raccourci utile, une mĂ©taphore : « In the literal sense of the word, no doubt, natural selection is a false term »[76]. Mais il objecte que la plupart des termes scientifiques sont Ă©galement des mĂ©taphores : « Everyone knows what is meant and is implied by such metaphorical expressions ; and they are almost necessary for brevity »[76] .

MĂȘme les caractĂšres acquis par l'usage frĂ©quent d'un organe dont parle Darwin, qui n'avait pas connaissance des travaux de Mendel, et qui sont transmissibles par hĂ©rĂ©ditĂ©, ne peuvent pas ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme une intention de la part de l'animal.

Ce sont les seules nĂ©cessitĂ©s de la vie qui font qu'un ĂȘtre vivant utilise ou non telle ou telle capacitĂ©, qui de ce fait se dĂ©veloppe ou s'atrophie tel un muscle. Il s'agit donc d'une action involontaire et inconsciente. C'est ce qui fait dire Ă  un commentateur : « ce processus de sĂ©lection est un pur mĂ©canisme, ce qui signifie que ne s'y repĂšrent aucune finalitĂ©, aucune intention, aucune planification, mais bien plutĂŽt la contingence et le hasard »[77].

Ce développement, pour rendre compte de la biologie et de la diversité des espÚces, d'une théorie scientifique non finaliste et mécaniste pouvant se passer de Dieu et reposant sur les seules lois de la nature, aura des conséquences humaines, épistémologiques et métaphysiques considérables.

On pourrait rĂ©sumer ces consĂ©quences par un propos de Victor Hugo : « Et quand un grave Anglais, correct, bien mis, beau linge, Me dit : — Dieu t'a fait homme et moi je te fais singe ; Rends-toi digne Ă  prĂ©sent d'une telle faveur ! — Cette promotion me laisse un peu rĂȘveur[78]. » Pour Freud, ce sera l'objet d'une blessure narcissique aussi importante que la dĂ©couverte de la rotation de la Terre autour du soleil[79] : l'homme n'est pas au centre de l'univers et n'a pas de place privilĂ©giĂ©e dans l'ordre de la crĂ©ation, puisque la nature n'a pas Ă©tĂ© crĂ©Ă©e Ă  son intention, et lui-mĂȘme n'a pas Ă©tĂ© crĂ©Ă© de maniĂšre intentionnelle. La thĂ©orie de l'Ă©volution de Darwin nous donne un argument pour dire que l'homme, comme tout ce qui est, n'est que le fruit du hasard (ou de la contingence) et de la nĂ©cessitĂ©, selon l'expression de ThĂ©odore Monod : « L'ancienne alliance est rompue ; l'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensitĂ© indiffĂ©rente de l'Univers d'oĂč il a Ă©mergĂ© par hasard. Non plus que son destin, son devoir n'est Ă©crit nulle part »[80].

Critiques du darwinisme

Les critiques Ă  l'encontre de Darwin et de sa thĂ©orie sont de trois ordres : les critiques politiques, sociales et philosophiques ; les critiques scientifiques avec RĂ©my Chauvin, Pierre-Paul GrassĂ© ou Étienne Rabaud ; et les critiques religieuses, avec le crĂ©ationnisme et l'Église catholique romaine.

En 1910, le sociologue Jacques Novicow publie La critique du darwinisme social, qui contient une critique du darwinisme sur le plan biologique et une critique de l'usage qui est fait du darwinisme dans la sociologie. Une critique d'ordre politique provient de Karl Marx et de Friedrich Engels qui dans leur correspondance notent l'analogie entre le principe de la sélection naturelle et le fonctionnement du marché capitaliste. Mais ils ne développeront pas plus avant cette critique[81], aujourd'hui reprise et étoffée par l'historien des sciences André Pichot dans son ouvrage publié en 2008. Karl Marx cite l'Origine des EspÚces dans le Capital et y note l'analogie et la distinction entre « l'histoire de la technologie naturelle » et « l'histoire de la formation des organes productifs de l'homme social ».

La critique scientifique prend diverses formes.

Le nĂ©o-lamarckien Étienne Rabaud critique de maniĂšre assez radicale la notion d'adaptation, en montrant que la sĂ©lection naturelle ne retient pas le plus apte, mais Ă©limine seulement les organismes dont l'Ă©quilibre des Ă©changes est dĂ©ficitaire. Pour RĂ©my Chauvin dans Le Darwinisme ou la fin d’un mythe. L’esprit et la matiĂšre le darwinisme s'apparente Ă  une secte prĂŽnant un athĂ©isme obtus, aux postulats scientifiques contestables[82].

Mais c'est surtout le problĂšme du chaĂźnon manquant de la lignĂ©e humaine (un ĂȘtre qui serait intermĂ©diaire entre le singe et l'homme) qui a longtemps Ă©tĂ© employĂ© contre la thĂ©orie de l'Ă©volution.

Théorie synthétique de l'évolution

La dĂ©couverte des lois de Mendel et de la gĂ©nĂ©tique au dĂ©but du XXe siĂšcle bouleverse la comprĂ©hension des mĂ©canismes de l'Ă©volution et donne naissance Ă  la thĂ©orie synthĂ©tique de l'Ă©volution ou evolutionary synthesis, fondĂ©e par Ernst Mayr. Cette thĂ©orie est une combinaison de la thĂ©orie de la sĂ©lection naturelle proposĂ©e par Darwin et de la gĂ©nĂ©tique mendĂ©lienne. Elle est Ă  l'origine de nouvelles mĂ©thodes dans l'Ă©tude de l'Ă©volution, comme la gĂ©nĂ©tique des populations permise par Sewall Wright puis par Theodosius Dobzhansky (Genetics and the Origin of Species, 1937) par exemple. La SĂ©lection n'est dĂšs lors plus seulement un processus d'Ă©limination ni mĂȘme un mĂ©canisme de changement mais elle peut aussi maintenir la stabilitĂ© des populations par des « procĂšs d'Ă©quilibration »[B 12]. Les dĂ©couvertes les plus rĂ©centes confortent ainsi l'idĂ©e de l'existence d'une trĂšs grande frĂ©quence des variations, mĂȘme si, remarque Daniel Becquemont, cette thĂ©orie synthĂ©tique pose autant de problĂšmes que la thĂ©orie de Darwin en son temps.

Continuateurs de Darwin

Trois versions du darwinisme

Plusieurs courants se rattachant au darwinisme apparurent dans le sillage des découvertes de Darwin. D'un cÎté la pensée de Darwin fut définitivement rejetée, de l'autre elle a été approfondie mais aussi transformée, note Daniel Becquemont[B 13]. Si l'on excepte les interprétations politiques comme celles de Francis Galton ou de Weldon, trois disciples de Darwin développÚrent sa théorie dans des sens différents en fonction des nouveaux apports de la science biologique ; tous trois peuvent se réclamer légitimement de l'héritage darwinien.

Avec le biologiste allemand August Weismann (1834-1914) tout d'abord le darwinisme se « rĂ©nove », au travers de sa thĂ©orie de la sĂ©lection germinale et qui soutient qu'il se produit une sorte de sĂ©lection au niveau des Ă©lĂ©ments constituants du plasma germinatif, qui entrent alors en concurrence. Weisman permit « une distinction fondamentale entre les variations non transmissibles du phĂ©notype et la variation gĂ©notypique, seules sources de l'Ă©volution »[B 14]. Alfred Russel Wallace (1823-1913) publie en 1895 un traitĂ© complet consacrĂ© au darwinisme dont l'essentiel de la dĂ©monstration trĂšs proche de celle de Darwin, est consacrĂ©e Ă  l'illustration de la validitĂ© de la thĂ©orie de la sĂ©lection naturelle, concernant la couleur et les caractĂšres sexuels secondaires[B 15]. Sur ce point, selon Daniel Becquemont, Wallace se montre plus darwinien que Darwin, puisque ce dernier n'a jamais voulu reconnaĂźtre que ces caractĂšres obĂ©issent Ă©galement Ă  la loi de la sĂ©lection naturelle. NĂ©anmoins il s'en Ă©carte par son soutien Ă  l'idĂ©e que la notion d'utilitĂ© rĂ©git la sĂ©lection naturelle[B 16]. Wallace vĂ©cut dans l'ombre de Darwin, mĂȘme s'il fut le codĂ©couvreur de la thĂ©orie de la sĂ©lection naturelle. Pourtant il en dĂ©veloppa la portĂ©e et les contours, si bien que de nombreuses critiques, dont celle d'un partisan de l'orthodoxie darwinienne comme George John Romanes (1848-1894), lui attachent le surnom de « pĂšre du nĂ©o-darwinisme »[B 17]. Ce dernier rĂ©fute la notion d'utilitĂ© en biologie, expliquant que la sĂ©lection naturelle n'est jamais parfaite mais procĂšde d'adaptations temporaires. Il dĂ©fend ainsi principalement la notion d'hĂ©rĂ©ditĂ© des caractĂšres acquis.

HĂ©ritage de Darwin au XXe siĂšcle

C'est avec la redĂ©couverte des travaux de Gregor Mendel en 1900 par plusieurs naturalistes que se prolonge l'apport de Darwin, notamment dans son rapprochement de la gĂ©nĂ©tique[B 18]. Les premiĂšres thĂ©ories mutationnistes apparaissent alors, avec Hugo de Vries et Wilhelm Johannsen, puis avec Thomas Hunt Morgan, Fritz MĂŒller et Alfred Sturtevant. Le darwinisme se scinda dĂšs lors en deux courants, l'un liĂ© Ă  la gĂ©nĂ©tique et un autre plus traditionnel et naturaliste. Le premier voyait l'Ă©volution en termes de pression de mutation alors que le second raisonnait par spĂ©ciation et adaptation[B 19].

Stephen Jay Gould est un palĂ©ontologue amĂ©ricain qui a beaucoup ƓuvrĂ© Ă  la vulgarisation de la thĂ©orie de l'Ă©volution en biologie et Ă  l'histoire des sciences depuis Darwin. Il a formulĂ© la thĂ©orie des Ă©quilibres ponctuĂ©s, selon laquelle les transitions Ă©volutives entre les espĂšces au cours de l'Ă©volution se font brutalement et non graduellement. Par la suite, il en viendra Ă  insister sur le rĂŽle du hasard dans l'Ă©volution (la « contingence »), contre la vision adaptationniste naĂŻve qu'il critique[B 20]. Il a aussi menĂ© la campagne contre les crĂ©ationnistes, avec le procĂšs visant Ă  dĂ©montrer que la « science » de ces derniers, principalement reprĂ©sentĂ©e par le dessein intelligent (en anglais intelligent design), ne rĂ©pondait pas aux critĂšres fondamentaux de la mĂ©thode scientifique, et n'Ă©tait qu'un moyen dĂ©tournĂ© de contourner la loi afin d'imposer l'enseignement du crĂ©ationnisme Ă  l'Ă©cole en lui donnant un visage pseudo-scientifique. Gould a travaillĂ© avec un autre dĂ©fenseur et continuateur de Darwin, Niles Eldredge, auteur de Darwin : Discovering the Tree of Life.

Richard Dawkins, Ă©thologiste britannique et vulgarisateur et thĂ©oricien de l'Ă©volution, est enfin le principal dĂ©fenseur de l'hĂ©ritage darwinien au XXe siĂšcle, et en particulier face Ă  la thĂ©orie du dessein intelligent. Il prolonge le darwinisme dans le champ de la gĂ©nĂ©tique avec son concept de « gĂšne Ă©goĂŻste » en soutenant que mettre au centre de l'Ă©volution le gĂšne est une meilleure description de la sĂ©lection naturelle et que la sĂ©lection au niveau des organismes et des populations ne l'emporte jamais sur la sĂ©lection par les gĂšnes. Par ailleurs sa mĂ©mĂ©tique dĂ©veloppe l'idĂ©e que les gĂšnes ont un Ă©quivalent culturel, les mĂšmes. Sa thĂ©orie est toutefois trĂšs rĂ©ductionniste, comparĂ©e Ă  celle de Darwin, au sens oĂč le vĂ©ritable sujet de l'histoire, ce sont les gĂšnes, les organismes n'Ă©tant que des supports de transition. Chez Darwin la conception de la nature est beaucoup plus riche, l'Ă©volution n'en est que l'un des aspects, l'extrĂȘme diversitĂ© des relations entre organismes en est un autre, et les individus vivent leur histoire en tant que tels.

Interprétations politiques

Les Ă©crits et les thĂ©ories de Darwin, combinĂ©s avec les dĂ©couvertes gĂ©nĂ©tiques de Gregor Mendel (1822-1884) (la thĂ©orie synthĂ©tique de l'Ă©volution), sont considĂ©rĂ©s comme formant la base de toute la biologie moderne[83] - [3]. Cependant, la renommĂ©e et la popularitĂ© de Darwin ont conduit Ă  associer son nom Ă  des idĂ©es et des mouvements qui n'entretiennent qu’une relation indirecte Ă  son Ɠuvre, voire sont Ă  l’opposĂ© de ses convictions.

Il faut dire qu'il est arrivé au moins une fois à Darwin d'exprimer des idées racistes et de les mettre en relation avec sa théorie. Ainsi, dans le passage suivant, il considÚre le Noir et l'aborigÚne australien comme plus proches du gorille que le Caucasien :

« Dans un avenir pas trĂšs lointain si on compte par siĂšcles, les races humaines civilisĂ©es vont certainement exterminer les races sauvages et prendre leur place Ă  travers le monde. En mĂȘme temps, comme l'a remarquĂ© le Professeur Schaaffhausen, les singes anthropomorphes seront sans aucun doute exterminĂ©s. Le fossĂ© entre l'homme et ses plus proches alliĂ©s sera alors plus large, car il sĂ©parera d'une part l'homme arrivĂ© Ă  un Ă©tat plus civilisĂ©, pouvons-nous espĂ©rer, que le Caucasien lui-mĂȘme, et d'autre part quelque singe aussi infĂ©rieur que le babouin, au lieu de passer comme aujourd'hui entre le nĂšgre ou l'aborigĂšne australien d'une part et le gorille d'autre part[84]. »

Eugénisme

À la suite de la publication par Darwin de son ouvrage principal, De l'Origine des EspĂšces, son cousin Francis Galton appliqua ses conceptions Ă  la sociĂ©tĂ© humaine, commençant en 1865 Ă  promouvoir l'idĂ©e de « l'amĂ©lioration hĂ©rĂ©ditaire », d'abord dans l'essai Hereditary talent and character de 1865[85], puis dans Hereditary genius: an inquiry into its laws and consequences, dans lequel il Ă©labore sa thĂ©orie de façon dĂ©taillĂ©e en 1869[86], vision biomĂ©trique du darwinisme[B 21]. Dans La Filiation de l'homme et la sĂ©lection liĂ©e au sexe, Darwin convient que Galton ait dĂ©montrĂ© qu'il Ă©tait probable que le « talent » et le « gĂ©nie » chez l'homme fussent hĂ©rĂ©ditaires, mais il juge trop utopiques les changements sociaux que proposait Galton[K 3]. Ni Galton ni Darwin ne soutenaient cependant une intervention gouvernementale, et ils pensaient que, tout au plus, l'hĂ©rĂ©ditĂ© devrait ĂȘtre prise en considĂ©ration par les individus dans la recherche de partenaires[K 4]. En 1883, aprĂšs la mort de Darwin, Galton commença Ă  appeler « eugĂ©nisme » sa philosophie sociale[87]. Au XXe siĂšcle, les mouvements eugĂ©nistes nĂ©gatifs devinrent populaires dans un certain nombre de pays protestants, et participĂšrent aux programmes destinĂ©s Ă  bloquer la reproduction tels que ceux de stĂ©rilisation contrainte aux États-Unis[88]. Leur usage par l'Allemagne nazie dans ses objectifs de « puretĂ© raciale »[89] fit tomber ces mĂ©thodes en disgrĂące.

Darwinisme social

On retient gĂ©nĂ©ralement que Herbert Spencer a appliquĂ© les thĂšses Ă©volutionnistes et la notion de « survie du plus apte » Ă  la sociĂ©tĂ© humaine. Friedrich Hayek a contestĂ© le sens dans lequel les idĂ©es Ă©volutionnistes se sont diffusĂ©es. Selon lui, c'est de la sociologie et de l'Ă©conomie que vient l'Ă©volutionnisme, et non de la biologie[90]. C'est d'ailleurs ce que Darwin lui-mĂȘme Ă©crit dans le chapitre 3 de l'origine des espĂšces[91] :

« J'ai donnĂ© Ă  ce principe, en vertu duquel une variation si insignifiante qu’elle soit se conserve et se perpĂ©tue, si elle est utile, le nom de sĂ©lection naturelle, pour indiquer les rapports de cette sĂ©lection avec celle que l’homme peut accomplir. Mais l’expression qu’emploie souvent M. Herbert Spencer : « la persistance du plus apte », est plus exacte et quelquefois tout aussi commode.

Aussi, comme il naĂźt plus d’individus qu’il n’en peut vivre, il doit y avoir, dans chaque cas, lutte pour l’existence, soit avec un autre individu de la mĂȘme espĂšce, soit avec des individus d’espĂšces diffĂ©rentes, soit avec les conditions physiques de la vie. C’est la doctrine de Malthus appliquĂ©e avec une intensitĂ© beaucoup plus considĂ©rable Ă  tout le rĂšgne animal et Ă  tout le rĂšgne vĂ©gĂ©tal, car il n’y a lĂ  ni production artificielle d’alimentation, ni restriction apportĂ©e au mariage par la prudence. »

Il est donc établi que Darwin a été influencé par l'économiste Thomas Malthus et qu'il a emprunté à Spencer l'idée de survie des plus aptes.

Les idĂ©es qu'on dĂ©signe aujourd'hui sous le nom de « darwinisme social » sont devenues populaires Ă  la fin du XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe siĂšcle, au point d'ĂȘtre utilisĂ©es pour dĂ©fendre diffĂ©rentes perspectives idĂ©ologiques, parfois contradictoires, y compris l'Ă©conomie du « laissez-faire »[92], le colonialisme, le racisme ou encore l'impĂ©rialisme. Le terme de « darwinisme social » date des annĂ©es 1890, mais il est devenu courant en tant que terme polĂ©mique au cours des annĂ©es 1940, quand Richard Hofstadter a critiquĂ© le conservatisme du laissez-faire[93]. Suivant les auteurs, le darwinisme social est alors le principe qui motive l'application de politiques conservatrices ou bien le dessein que prĂȘtent les opposants des conservateurs Ă  ceux-ci pour les discrĂ©diter. Il est finalement appliquĂ© Ă  des progressistes qui intĂšgrent la volontĂ© humaine comme facteur de l'Ă©volution[92]. Ces concepts prĂ©existaient Ă  la publication par Darwin de L'Origine en 1859[A 38] - [94], puisque Malthus Ă©tait mort en 1834 et que Spencer avait publiĂ© en 1851 ses livres sur l'Ă©conomie et en 1855[95] ses livres sur l'Ă©volution. Darwin lui-mĂȘme insistait pour que la politique sociale n'obĂ©Ăźt pas simplement aux concepts de lutte et de sĂ©lection dans la nature[96], et pensait que la sympathie devait s'Ă©tendre Ă  toutes les races et toutes les nations[C 20] - [L 18]. HĂ©ritiĂšre du darwinisme social, la sociobiologie est une approche nĂ©e aux États-Unis Ă  partir de 1975 sous l'impulsion d'Edward O. Wilson[97], professeur de zoologie Ă  Harvard. Dans Sociobiology, the new synthesis, Wilson explique que les ĂȘtres vivants sont en perpĂ©tuelle compĂ©tition pour essayer d'amĂ©liorer leur situation, et qu'ainsi l'Ă©thologie animale est conditionnĂ©e par la sĂ©lection naturelle. Selon le chercheur Patrick Tort, ces thĂ©ories pseudo-scientifiques utilisent Ă  leurs propres fins les postulats darwiniens, les dĂ©tournant ainsi de leur cadre Ă©pistĂ©mologique[98].

Hommages

Statue de Charles Darwin au musĂ©e d'histoire naturelle de l'universitĂ© d'Oxford ; Ɠuvre de Henry Hope-Pinker inaugurĂ©e en 1899[99].

Durant la vie de Darwin et aprÚs sa mort, de nombreuses espÚces et plusieurs lieux ont été nommés en son honneur.

Ainsi, Les 14 espĂšces de pinsons qu’il avait dĂ©couvertes dans les Ăźles GalĂĄpagos ont Ă©tĂ© surnommĂ©es les « pinsons de Darwin »[100] - [101] et bien d'autres espĂšces animales ou vĂ©gĂ©tales ont reçu pour Ă©pithĂšte spĂ©cifique darwini ou darwinii (« de Darwin »), comme Wallacea darwini, dĂ©crite par G. F. Hill en 1919 et faisant Ă©galement rĂ©fĂ©rence Ă  Alfred Wallace[102] ou Hamitermes darwini dĂ©crite par le mĂȘme auteur en 1922.

Parmi les toponymes faisant rĂ©fĂ©rence Ă  Darwin, le premier est le canal de Darwin, prolongement occidental du canal Beagle qui relie ce dernier Ă  l’ocĂ©an Pacifique. C’est le capitaine FitzRoy qui le lui a dĂ©diĂ© aprĂšs une action de Darwin : parti avec deux ou trois marins, il a le rĂ©flexe de les conduire sur le rivage lorsqu’il voit un pan d’un glacier s’effondrer dans la mer et provoquer une forte vague, celle-ci aurait probablement balayĂ© leur embarcation[M 3]. Le mont Darwin lui a Ă©tĂ© dĂ©diĂ© lors de son 25e anniversaire[103]. Lorsque le Beagle Ă©tait en Australie en 1839, John Lort Stokes, ami de Darwin, a dĂ©couvert un port naturel que le capitaine de vaisseau John Clements Wickham a baptisĂ© du nom de Port Darwin[104] - [105]. La colonie de Palmerston, fondĂ©e en 1869, fut rebaptisĂ©e Darwin en 1911. Elle est devenue la capitale du Territoire du Nord de l’Australie. Cette ville s’enorgueillit de possĂ©der une universitĂ© Charles-Darwin[106] et un parc national Charles Darwin[107]. Enfin, le Darwin College de l’universitĂ© de Cambridge, fondĂ© en 1964, a Ă©tĂ© baptisĂ© ainsi en l’honneur de la famille Darwin, en partie parce qu’elle possĂ©dait une partie des terrains sur lesquels il Ă©tait bĂąti[108].

En 1935, l'Union astronomique internationale a donné le nom de Darwin à un cratÚre lunaire. Il existe également un cratÚre sur la planÚte Mars qui porte le nom de Darwin.

En 2000, une image de Darwin a Ă©tĂ© utilisĂ©e par la banque d'Angleterre pour le billet de dix livres sterling en remplacement de l’image de Charles Dickens[109]. L'annĂ©e 2009 est une annĂ©e particuliĂšre pour honorer la mĂ©moire de la naissance de Charles Darwin il y a 200 ans, et la publication de L'Origine des espĂšces il y a 150 ans, en 1859. Plusieurs activitĂ©s Ă  travers le monde sont prĂ©vues[110]. Une piĂšce de deux livres commĂ©morant la naissance de Darwin et l'ouvrage De l'Origine des espĂšces a Ă©tĂ© frappĂ©e en 2009. Enfin la mĂ©daille Darwin est attribuĂ©e par la Royal Society un an sur deux Ă  un biologiste ou Ă  un couple de biologistes. Cette rĂ©compense vise Ă  distinguer des recherches dans un domaine de la biologie sur lequel Charles Darwin a travaillĂ©.

Influence de Darwin et de sa théorie dans la société

Le film Le Cauchemar de Darwin (2004) est un documentaire sur la disparition de la biodiversitĂ© dans le lac Victoria, objet de polĂ©mique. AprĂšs Darwin et la rĂ©volution scientifique qui en a suivi, l'Ă©volution s'est propagĂ©e dans la culture populaire. PrĂ©curseur de la science-fiction moderne, l'Ă©crivain H. G. Wells a Ă©tĂ© trĂšs marquĂ© par les travaux de Darwin dont il s'est inspirĂ© pour Ă©crire son Ɠuvre et notamment La Machine Ă  explorer le temps et La Guerre des mondes[111]. Dans la culture populaire, l'histoire du comic X-Men est basĂ©e sur l'Ă©volution de l'homme qui octroie des super-pouvoirs Ă  une part croissante de l'humanitĂ©. L'un des mutants de ce comic est d'ailleurs surnommĂ© Darwin en raison de sa capacitĂ© Ă  s'adapter Ă  son environnement. Les jeux vidĂ©o SimLife et Spore sont des simulateurs de vie fondĂ©s sur les lois du darwinisme. Le pastafarisme (ou Flying Spaghetti Monsterism) parodie la crĂ©ation de l'homme par les pĂątes cĂ©lestes alors que les Darwin Awards est le prix humoristique destinĂ© Ă  ceux qui, victimes d'accidents mortels dus Ă  leur inconsĂ©quence, retirent ainsi aimablement leurs gĂšnes de la circulation.

Représentations dans la fiction

Littérature

Dans le roman humoristique pour la jeunesse Les Pirates ! Une aventure avec les savants (Pirates! In an adventure with scientists) publié par l'écrivain britannique Gideon Defoe (en) en 2004, Charles Darwin est représenté comme un jeune homme timide et maladroit à qui son aventure va inspirer la future expédition du Beagle.

Charles Darwin est l'un des personnages principaux du roman L'Arche de Darwin (Galapagos Regained) de James Morrow, paru en 2015, qui obtient le Grand Prix de l'Imaginaire en 2018.

Filmographie

Charles Darwin a été représenté à l'écran dans plusieurs productions cinématographiques et télévisuelles, que ce soit des Biopic ou des comédies :

Jeux

Charles Darwin apparaĂźt Ă©galement dans le jeu vidĂ©o Assassin's Creed Syndicate, oĂč il croise Ă  plusieurs reprises la route des protagonistes Jacob et Evie Frye. Il est Ă©galement au cƓur du scĂ©nario d'une extension tĂ©lĂ©chargeable (DLC) intitulĂ©e La conspiration de Darwin et Dickens ainsi que dans le jeu Curious Expedition, oĂč il est un personnage jouable.

Chronologie

Statue de Charles Darwin au Natural History Museum de Londres élevée par Sir Joseph Boehm en 1885.

ƒuvres de Charles Darwin

ƒuvres principales

  • Journal of Researches into the Geology and Natural History of the Various Countries by H.M.S. Beagle, Londres, Henry Colburn, 1839, 614 p. [2e Ă©dition : 1845 ; 167 Ă©ditions et tirages en langue anglaise jusqu’en 1972].
  • The Structure and Distribution of Coral Reefs. Being the First of the Geology of the Voyage of the Beagle, under the Command of Capt. Fitzroy, during the Years 1832 to 1836, Londres, Smith, Elder and Co., 1842 [2e Ă©dition : 1874 ; 3e Ă©dition : 1889].
  • Geological Observations on the Volcanic Islands Visited during the Voyage of H.M.S. Beagle, together with some Brief Notices of the Geology of Australia and the Cape of Good Hope, Londres, Smith, Elder and Co., 1844 [2e Ă©dition : 1876 ; 3e : 1891].
  • Geological Observations on South America, Londres, Smith, Elder and Co., 1846.
  • Geological Observations on Coral Reefs, Volcanic Islands and on South America, Londres, Smith, Elder and Co., 1851. Reprise des textes de 1842, 1844 et 1846. RĂ©Ă©ditions souvent abrĂ©gĂ©es.
  • A Monograph of the Sub-Class Cirripedia, with Figures of all the Species, vol. I : The Lepadidae, Londres, The Ray Society, 1851.
  • A Monograph of the FossIl Lepadidae, or Pedunculated Cirripedes of Great Britain, vol. II, The Balanidae (or Sessile Cirripedes), Londres, The Ray Society, 1854.
  • « On the Tendency of Species to Form Varieties, and on the Perpetuation of Varieties by Natural Means of Selection » (avec A.R. Wallace) dans Journal of Proceedings of the Linnean Society of London (Zoology), vol. III, no 9, 1er juillet 1858, p. 1-62.
  • On the Origin of Species by Means of Natural Selection, or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life, Londres, John Murray, 24 novembre 1859, consultable en ligne.
  • On the Various Contrivances by which British and Foreign Orchids are Fertilised by Insects, and on the Good Effects of Intercrossing, Londres, John Murray, 1862, 2e Ă©d. : 1877, consultable en ligne.
  • On the Movements and Habits of Climbing Plants, Londres, Longman, 1865 [2e Ă©d. : 1875].
  • « Queries about Expression », 1867. Article publiĂ© par R.B. Freeman et P. J. Gautrey, « Charles Darwin’s Queries about Expression » dans Bulletin of the British Museum of Natural History, vol. 4, 1972, p. 205-219.
  • The Variation of Animals and Plants under Domestication, Londres, John Murray, 2 volumes, 1868 [2e Ă©d. : 1875] Traduction De la variation des animaux et des plantes Ă  l'Ă©tat domestique, C. Reinwald (Paris), 1880. Disponible en ligne (fr) : vol. 1, Ă©d. 1879, sur darwin-online ; vol. 2, Ă©d. 1880, sur gallica.
  • The Descent of Man, and Selection in Relation to Sex, Londres, John Murray, 2 volumes, 1871 [2e Ă©d. : 1874 avec une note additionnelle de Th. Huxley].
  • « Pangenesis » dans Nature, vol. 3, 27 avril 1871, Proceedings of the Royal Society, vol. 19, p. 393-410.
  • The Expression of the Emotions in Man and Animals, Londres, John Murray, 1872 [2e Ă©d. : (par Francis Darwin) en 1890].
  • « Origin of Certain Instincts » dans Nature, vol. 7, 3 avril 1873, p. 417-418.
  • Insectivorous Plants, Londres, John Murray, 1875 [2e Ă©d. : 1888, revue par Francis Darwin].
  • The Effects of Cross and Self-Fertilisation in the Vegetable Kingdom, Londres, John Murray, 1876 [2e Ă©d. : 1878].
  • « Report of the Royal Commission on the Pratice of Subjecting Live Animals to Experiments for Scientific Purposes », Londres, Her Majesty’s Stationery Office, 1876, p. 234, 4 662-4 672.
  • The Different Forms of Flowers on Plants of the Same Species, Londres, John Murray, (9 juillet) 1877 [2e Ă©d. : 1878 ; 3e Ă©d. : 1880, avec une prĂ©face de Francis Darwin].
  • « A Biographical Sketch of an Infant », Mind, vol. 2, juillet 1877, p. 285–294. [Trad. française dans la Revue scientifique, vol. 13, 1877, p. 25-29].
  • « Preliminary Notice », dans E. Krause, Erasmus Darwin, Londres, John Murray (ouvrage traduit de l’allemand), 1879.
  • The Power of Movement in Plants (en) (en collaboration avec Francis Darwin), Londres, John Murray, 1880.
  • The Formation of Vegetable Mould, through the Action of Worms, with Observations on their Habits, Londres, John Murray, (10 octobre) 1881.
  • « The Action of Carbonate of Ammonia on Chlorophyll Bodies » dans Journal of the Linnean Society of London, vol. 19, 1882, p. 262-284. Communication lue par Francis Darwin le 6 mars et le 28 aoĂ»t 1882.

ƒuvres posthumes

  • « PrĂ©face » Ă  A. Weismann, Studies in the Theory of Descent. With Notes and Additions by the Author, Londres, Sampson Low, 1882, p. V-VI.
  • « PrĂ©face » Ă  Hermann MĂŒller, The Fertilisation of Flowers, Londres, Macmillan, 1883, p. VII-X.
  • « Essay on Instinct », dans G.J. Romanes, Mental Evolution in Animals. With a Posthumous Essay on Instinct by Charles Darwin, Londres, Kegan Paul, 1883, p. 355-384.
  • L'Ă©volution mentale chez les animaux / par George John Romanes ; suivi d'un Essai posthume sur l'instinct : par Charles Darwin ; trad. française par le docteur Henry C. de Varigny, Paris, C. Reinwald, (lire en ligne).
  • Francis Darwin (Ă©d.), The Life and Letters of Charles Darwin, including an Autobiographical Chapter, Londres, John Murray, 2 volumes, 1887 [Traduction française de l’Autobiographie, incomplĂšte, Paris, Belin, 1985].
  • La vie et la correspondance de Charles Darwin. Tome premier : avec un chapitre autobiographique publiĂ©s par son fils Francis Darwin ; traduit de l'anglais par Henry C. de Varigny, Paris, C. Reinwald, (lire en ligne).
  • La vie et la correspondance de Charles Darwin. Tome second : avec un chapitre autobiographique publiĂ©s par son fils Francis Darwin ; traduit de l'anglais par Henry C. de Varigny, Paris, C. Reinwald, (lire en ligne).
  • More Letters of Charles Darwin, Londres, John Murray, 1903, 2 volumes.
  • F. Darwin et A.C. Seward (Ă©ds.), Emma Darwin, Wife of Charles Darwin. À Century of Family Letters, Cambridge University Press, 1904.
  • Francis gĂ©linas (ed.), The Foundations of the ‘Origin of Species’. Two Essays written in 1842 and 1844, Cambridge University Press, 1909. Trad. partielle en français (La Renaissance du Livre, 1925), rĂ©Ă©ditĂ©e en 1992 sous le titre : Ébauche de l’Origine des espĂšces (essai de 1844), Presses universitaires de Lille.
  • ‘Beagle’ Diary : Charles Darwin’s Diary of the Voyage of H.M.S. Beagle, ed. by Nora Barlow, Cambridge University Press, 1933.
  • The Autobiography of Charles Darwin, with Original Omissions Restored, ed. by Nora Barlow, Londres, Collins, 1958.
  • Darwin’s Journal, ed. by Sir Gavin De Beer, Bulletin of the British Museum, 1959, 2, p. 1-21.
  • Charles Darwin’s Notebooks, 1836-1844. Geology, transmutation of species, metaphysical enquiries, British Museum of Natural History, Cambridge University Press, 1987.
  • M.A. Di Grigorio, N.W. Gill (eds), Charles Darwin’s Marginalia, vol. I, New York-Londres, Garland, 1990.
  • Charles Darwin. Origines – Lettres choisies 1828-1859, introduction et Ă©dition française dirigĂ©e par Dominique Lecourt, Bayard, Paris, 2009 (ISBN 978-2-227-47843-5).

ƒuvres complùtes en français

ƒuvres publiĂ©es sous la direction de Patrick Tort de l'Institut Charles Darwin International.

  • Esquisse au crayon de ma thĂ©orie des espĂšces (Essai de 1842), GenĂšve, Slatkine, 2007.
  • La Variation des animaux et des plantes Ă  l’état domestique, GenĂšve, Slatkine, 2008.
    • Paris, Champion Classiques, 2015 (format poche).
  • L’Origine des espĂšces [Ă©dition du Bicentenaire], GenĂšve, Slatkine, 2009.
    • Paris, Champion Classiques, 2009 (format poche).
  • Journal de bord (Diary) du Beagle, GenĂšve, Slatkine, 2011
    • Paris, Champion Classiques, 2012 (format poche).
  • La Filiation de l’Homme et la sĂ©lection liĂ©e au sexe, GenĂšve, Slatkine, 2012.
    • Paris : Champion Classiques, 2013 (format poche).
  • Zoologie du voyage du H.M.S. Beagle. PremiĂšre partie : MammifĂšres fossiles, GenĂšve, Slatkine, 2013.
  • Zoologie du voyage du H.M.S. Beagle. DeuxiĂšme partie : MammifĂšres, GenĂšve, Slatkine, 2014.
  • Zoologie du voyage du H.M.S. Beagle. TroisiĂšme partie : Oiseaux, GenĂšve, Slatkine, 2015.
  • La Formation de la terre vĂ©gĂ©tale par l’action des vers, avec des rĂ©flexions sur leurs habitudes, GenĂšve, Slatkine, 2016.
  • Zoologie du voyage du H.M.S. Beagle. QuatriĂšme partie : Poissons, GenĂšve, Slatkine, 2018.
  • Zoologie du voyage du H.M.S. Beagle. CinquiĂšme partie : Reptiles, GenĂšve, Slatkine, 2019.
  • L’Expression des Ă©motions chez l’Homme et les animaux, Paris, Champion Classiques, 2021.
  • L’Autobiographie, Paris, Champion Classiques, 2022.

Notes et références

Notes

  1. Robert FitzRoy devait devenir plus tard un dĂ©fenseur de l'interprĂ©tation littĂ©rale des textes bibliques. À l'Ă©poque, il a un intĂ©rĂȘt considĂ©rable pour les idĂ©es de Lyell comme le montrent certaines des observations qu’il fait faire en AmĂ©rique du Sud. Le journal intime de FitzRoy dĂ©voile, pendant la remontĂ©e de la riviĂšre Santa Cruz, qu’il pense que les plaines Ă©taient Ă  l’origine des plages surĂ©levĂ©es. À son retour, aprĂšs son mariage avec une femme trĂšs pieuse, il rĂ©cuse ces idĂ©es.
  2. p. 1.
  3. Les missionnaires sont laissés sur place le . L'équipage du Beagle retourne visiter les trois missionnaires fuégiens le , aprÚs avoir exploré les ßles Malouines, l'Argentine, l'Uruguay et le détroit de Magellan.
  4. Chapitre 1, « Variation under domestication ».
  5. chapitre 4, « Natural selection; or the survival of the fittest », p. 95 : « La sĂ©lection naturelle n'agit que par la conservation et l'accumulation de petites modifications hĂ©rĂ©ditaires, dont chacune est profitable Ă  l'individu conservĂ© : or, de mĂȘme que la gĂ©ologie moderne, quand il s'agit d'expliquer l'excavation d'une profonde vallĂ©e, renonce Ă  invoquer l'hypothĂšse d'une seule grande vague diluvienne, de mĂȘme aussi la sĂ©lection naturelle tend Ă  faire disparaĂźtre la croyance Ă  la crĂ©ation continue de nouveaux ĂȘtres organisĂ©s, ou Ă  de grandes et soudaines modifications de leur structure. »
  6. p. 459, chapitre XIV, « Recapitulation and conclusion » : « As this whole volume is one long argument, it may be convenient to the reader to have the leading facts and inferences briefly recapitulated ».
  7. p. 489-490 : « There is grandeur in this view of life, with its several powers, having been originally breathed into a few forms or into one; and that, whilst this planet has gone cycling on according to the fixed law of gravity, from so simple a beginning endless forms most beautiful and most wonderful have been, and are being, evolved ».
  8. « As many more individuals of each species are born than can possibly survive; and as, consequently, there is a frequently recurring struggle for existence, it follows that any being, if it vary however slightly in any manner profitable to itself, under the complex and sometimes varying conditions of life, will have a better chance of surviving, and thus be naturally selected. From the strong principle of inheritance, any selected variety will tend to propagate its new and modified form. », p. 5.

Sources principales

  • (fr) Daniel Becquemont, Darwin, darwinisme, Ă©volutionnisme, Éditions KimĂ©, 1992, 341 p., (ISBN 2-908212-13-7)
  1. p. 15.
  2. Ce manuscrit contient déjà l'essentiel de l'argumentation de L'Origine des espÚces mais Darwin n'envisage de le publier qu'à titre posthume explique Daniel Becquemont, p. 17.
  3. p. 165.
  4. p. 8.
  5. « Introduction », p. 7.
  6. p. 5.
  7. p. 6.
  8. p. 10.
  9. « Le point de départ du darwinisme est la constatation que chez les espÚces ou variétés domestiques aucun individu n'est exactement semblable à l'autre », p. 17.
  10. p. 21.
  11. p. 23.
  12. p. 303.
  13. p. 290.
  14. p. 294-295.
  15. p. 295.
  16. Becquemont nomme la position de Wallace le « mécanisme utilitariste », p. 299.
  17. p. 297-298.
  18. p. 300.
  19. p. 302.
  20. p. 304.
  21. p. 292.
  • (en) E. Janet Browne, Charles Darwin: vol. 1 Voyaging, Jonathan Cape, Londres, 1995 (ISBN 1-84413-314-1) et Charles Darwin: vol. 2 The Power of Place, Jonathan Cape, Londres, 2002 (ISBN 0-7126-6837-3).
  1. vol. 1, p. 72.
  2. vol. 1, p. 82.
  3. vol. 1, p. 97.
  4. vol. 1, p. 133-141.
  5. vol. 1, p. 186 et p. 414.
  6. vol. 1, p. 183–190.
  7. vol. 1, p. 224.
  8. vol. 1, p. 244-250.
  9. vol. 1, p. 336.
  10. vol. 1, p. 349-350.
  11. vol. 1, p. 345-347.
  12. vol. 1, p. 367-369.
  13. vol. 1, p. xii.
  14. vol. 1, p. 377–378.
  15. vol. 1, p. 385-388
  16. vol. 2, p. 40-42.
  17. vol. 2, p. 103-104 et p. 379.
  18. vol. 2, p. 495-497.
  19. vol. 2, p. 495.
  20. vol. 1, p. 244-246.
  1. p. 210, 263–274 et 284–287.
  2. p. 12–15.
  3. p. 33-40.
  4. p. 42-43.
  5. p. 47-48.
  6. p. 80-81.
  7. p. 94-97.
  8. p. 189-192 et p. 198.
  9. p. 160–168 et p. 182.
  10. p. 210.
  11. p. 131.
  12. p. 159.
  13. p. 145 et p. 170-172.
  14. p. 195-198.
  15. p. 201-205.
  16. p. 207-210.
  17. p. 196-201 et p. 212-221.
  18. p. 220–229.
  19. p. 233-234.
  20. p. 233-236.
  21. p. 241–244 et p. 426.
  22. p. 241–244.
  23. p. 252.
  24. p. 254.
  25. p. 256-259.
  26. p. 264-265.
  27. p. 273–274.
  28. p. 272–279.
  29. p. 279.
  30. p. 274-276.
  31. p. 292.
  32. p. 313-317.
  33. p. 320-323 et p. 339-348.
  34. p. 383-387.
  35. p. 412-441, 462-463.
  36. p. 466-470.
  37. p. 374-474.
  38. p. 477.
  39. p. 477-491.
  40. p. 487-488 et p. 500.
  41. p. 493–499.
  42. p. 492 et p. 502.
  43. p. 503-505.
  44. p. 550.
  45. p. 447.
  46. p. 9 et p. 12.
  47. p. 12-15 et p. 80-81.
  48. p. 217–219 et p. 221.
  49. p. 387, 402.
  • (en) C. R. Darwin, The descent of man, and selection in relation to sex, John Murray, Londres, volume 1, 1re Ă©dition, 1871, texte intĂ©gral.
  1. (en) p. 232 : « Although the existing races of man differ in many respects, as in colour, hair, shape of skull, proportions of the body, &c., yet if their whole organisation be taken into consideration they are found to resemble each other closely in a multitude of points. Many of these points are of so unimportant or of so singular a nature, that it is extremely improbable that they should have been independently acquired by aboriginally distinct species or races », sur le site darwin-online.org.uk, consulté le 29 janvier 2010.
  2. p. 405.
  3. « When in any nation the standard of intellect and the number of intellectual men have increased, we may expect from the law of the deviation from an average, that prodigies of genius will, as shewn by Mr. Galton, appear somewhat more frequently than before », dans (en) « On the Development of the Intellectual and Moral Faculties » sur le site infidels.org, consulté le 29 janvier 2010.
  4. « On the Development of the Intellectual and Moral Faculties », op. cit.
  • (en) Francis Darwin (Ă©d.), The Life and Letters of Charles Darwin, including an Autobiographical Chapter, John Murray, Londres, 2 volumes, 1887, texte intĂ©gral.
  1. p. 10-17.
  2. p. 18.
  3. p. 19.
  4. p. 16.
  5. p. 260.
  6. p. 26 : « During these two years I took several short excursions as a relaxation, and one longer one to the Parallel Roads of Glen Roy, an account of which was published in the 'Philosophical Transactions.' (1839, p. 39-82.) This paper was a great failure, and I am ashamed of it. Having been deeply impressed with what I had seen of the elevation of the land of South America, I attributed the parallel lines to the action of the sea; but I had to give up this view when Agassiz propounded his glacier-lake theory. Because no other explanation was possible under our then state of knowledge, I argued in favour of sea-action; and my error has been a good lesson to me never to trust in science to the principle of exclusion. »
  7. p. 34.
  8. p. 32.
  9. p. 34 : « In June 1842 I first allowed myself the satisfaction of writing a very brief abstract of my theory in pencil in 35 pages; and this was enlarged during the summer of 1844 into one of 230 pages, which I had fairly copied out and still possess ».
  10. p. 34.
  11. p. 32 : « On this account I went in 1848 for some months to Malvern for hydropathic treatment, which did me much good, so that on my return home I was able to resume work. So much was I out of health that when my dear father died on November 13th, 1848, I was unable to attend his funeral or to act as one of his executors. »
  12. p. 32-33.
  13. p. 33-34.
  14. p. 15.
  15. p. 312.
  16. p. 64.
  17. p. 304.
  18. p. 23 : « Early in the voyage at Bahia, in Brazil, FitzRoy defended and praised slavery, which I abominated, and told me that he had just visited a great slave-owner, who had called up many of his slaves and asked them whether they were happy, and whether they wished to be free, and all answered « No ». I then asked him, perhaps with a sneer, whether he thought that the answer of slaves in the presence of their master was worth anything? This made him excessively angry, and he said that as I doubted his word we could not live any longer together. ». Voir aussi Darwin, 1845 p. 207-208 sur les Fuégiens : « It seems yet wonderful to me, when I think over all his many good qualities, that he should have been of the same race, and doubtless partaken of the same character, with the miserable, degraded savages whom we first met here. »
  • (en) C. R. Darwin, Narrative of the surveying voyages of His Majesty's Ships Adventure and Beagle between the years 1826 and 1836, describing their examination of the southern shores of South America, and the Beagle's circumnavigation of the globe. Journal and remarks. 1832-1836, Henry Colburn, Londres, 1839, texte intĂ©gral.
  1. p. 526.
  2. Chapter X : Tierra Del Fuego : « This man was poor Jemmy, – now a thin, haggard savage, with long disordered hair, and naked, except a bit of blanket round his waist (
) I never saw so complete and grievous a change
 He told us that (
) his relations were very good people, and that he did not wish to go back to England (
) ».
  3. Darwin explique : « Our boats were hauled up out of the water upon the sandy point, and we were sitting round a fire about two hundred yards from them, when a thundering crash shook us—down came the whole front of the icy cliff—and the sea surged up in a vast heap of foam
 our whole attention was immediately called to great rolling waves which came so rapidly that there was scarcely time for the most active of our party to run and seize the boats before they were tossed along the beach like empty calabashes. By the exertions of those who grappled them or seized their ropes, they were hauled up again out of reach of a second and third roller; and indeed we had good reason to rejoice that they were just saved in time; for had not Mr. Darwin, and two or three of the men, run to them instantly, they would have been swept away from us irrecoverably. » et « The following day (30th) we passed into a large expanse of water, which I named Darwin Sound—after my messmate, who so willingly encountered the discomfort and risk of a long cruise in a small loaded boat », in (en) p. 216-218 sur le site darwin-online.org.uk, consultĂ© le 29 janvier 2010.
  • (en) C. R. Darwin, On the origin of species by means of natural selection, or the preservation of favoured races in the struggle for life, John Murray, Londres, 1859, texte intĂ©gral.
    • (en) Nora Barlow (Ă©d.), The autobiography of Charles Darwin 1809-1882. With the original omissions restored. Edited and with appendix and notes by his grand-daughter Nora Barlow, Collins, Londres, 1958.
    1. p. 98–99.
    2. p. 232–233.
    3. p. 122 : « Nevertheless, our joint productions excited very little attention, and the only published notice of them which I can remember was by Professor Haughton of Dublin, whose verdict was that all that was new in them was false, and what was true was old. This shows how necessary it is that any new view should be explained at considerable length in order to arouse public attention ».
    4. p. 87.

    Autres sources utilisées

    1. « http://archivdatenbank-online.ethz.ch/hsa/#/content/c5a2dcf308b749679042416db742f649 » (consulté le )
    2. Prononciation en anglais britannique retranscrite selon la norme API.
    3. (en) Theodosius Dobzhansky, « Nothing in Biology Makes Sense Except in the Light of Evolution », The American Biology Teacher, no 35,‎ , p. 125–129 (lire en ligne, consultĂ© le ).
    4. (en) David Leff, « About Charles Darwin », sur AboutDarwin.com (consulté le ) (consulter les sections « How did his love of natural science develop? », « What did Darwin accomplish while at medical school? » et « How was his thirst for science nurtured at Cambridge University? »).
    5. (en) Charles Darwin & Alfred Russel Wallace, « On the Tendency of Species to form Varieties and on the Perpetuation of Varieties and Species by Natural Means of Selection », Journal of the Proceedings of the Linnean Society of London, Zoology no 3, 1858, p. 46-50 sur le site darwin-online.org.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    6. (en) Charles Darwin, The formation of vegetable mould, through the action of worms, with observations on their habits, Londres, John Murray, .
    7. (en) R. B. Freeman, The Works of Charles Darwin : An Annotated Bibliographical Handlist, Wm Dawson & Sons Ltd., , 2e Ă©d. (lire en ligne), p. 164-165.
    8. Pour plus de dĂ©tails sur la demeure familiale de Darwin voir les pages : (en) « La maison Mount, Shrewsbury, Angleterre (Charles Darwin) » et « Baruch College – Darwin et le Darwinisme » sur le site darwin.baruch.cuny.edu, consultĂ© le 29 janvier 2010.
    9. (en) Diane Cook, Charles Darwin. British Naturalist, Simon & Schuster, , p. 5.
    10. (en) Charles Darwin, « Discourse to the Plinian Society » sur le site darwin-online.org.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    11. (en) Momme von Sydow, « Darwin – A Christian Undermining Christianity ? On Self-Undermining Dynamics of Ideas Between Belief and Science », dans David M. Knight, Matthew D. Eddy, Science and Beliefs : From Natural Philosophy to Natural Science, 1700–1900, Ashgate, 2005 (ISBN 0-7546-3996-7).
    12. (en) John van Wyhe, article « http://darwin-online.org.uk/darwin.html Charles Darwin : gentleman naturalist : A biographical sketch] », 2006, sur le site darwin-online.org.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    13. Charles Darwin, extraits des lettres adressés au professeur Henslow, 1835, p. 7 sur le site darwin-online.org.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    14. (en) Richard Keynes (dir.), Charles Darwin's zoology notes & specimen lists from H.M.S. Beagle, Cambridge University Press, Cambridge, 2000, p. xx, « Introduction », disponible sur le site darwin-online.org.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    15. (en) Niles Eldredge, « Confessions of a Darwinist », dans The Virginia Quarterly Review, 2006, p. 32-53, sur le site vqronline.org, consulté le 29 janvier 2010.
    16. (en) Charles Darwin, Journal of researches into the natural history and geology of the countries visited during the voyage of H.M.S. Beagle round the world, under the Command of Capt. Fitz Roy, R.N. , Londres, John Murray, 1845, p. 207-208 sur le site darwin-online.org.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    17. (en) Charles Darwin, introduction éditoriale des Lettres sur la géologie, rassemblées dans les extraits des lettres adressées au professeur Henslow, 1835, disponible sur le site darwin-online.org.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    18. (en) Charles Darwin, Fossil Mammalia Part 1 No. 1 of The zoology of the voyage of H.M.S. Beagle. By Richard Owen. Edited and superintended by Charles Darwin, Londres, Smith Elder and Co., 1838, no. 1, p. 16 et no. 4, p. 106, disponibles sur le site darwin-online.org.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    19. (en) Sulloway, Frank J., « The Beagle collections of Darwin’s finches (Geospizinae) », Bulletin of the British Museum (Natural History) Historical Series 43, 1982, no 2, p. 49-94, conservĂ© au British Museum of London et disponible sur le site darwin-online.org.uk, consultĂ© le 29 janvier 2010.
    20. (en) O. Arrhenius, « Influence of Soil Reaction on Earthworms », dans Ecology, octobre 1921, no 4, vol. 2, p. 255-257, disponible sur le site links.jstor.org, consulté le 29 janvier 2010.
    21. (en)https://www.smithsonianmag.com/smart-news/did-charles-darwin-have-lyme-disease-180971189/
    22. C'est notamment la thĂšse de l'ouvrage de BenoĂźt Virole, Le voyage intĂ©rieur de Charles Darwin : essai sur la genĂšse psychologique d'une Ɠuvre scientifique, Éd. des archives contemporaines, 2000 (ISBN 9789057090172), p. 60.
    23. (en) Robert Gordon & Deborah Thomas, « Circumnavigating Darwin », dans Darwin Undisciplined Conference, Sydney, 20 et 21 mars 1999, disponible sur le site robertgordon.net, consulté le 29 janvier 2010.
    24. (en) Thomas Robert Malthus, « An Essay on the Principle of Population: A View of its Past and Present Effects on Human Happiness; with an Inquiry into Our Prospects Respecting the Future Removal or Mitigation of the Evils which It Occasions », John Murra, 1826 sur le site econlib.org, c onsulté le 29 janvier 2010.
    25. (en) Huxley, « Capital–The Mother of Labour. An Economical Problem Discussed from a Physiological Point of View », dans Collected Essays IX, 1897, p. 162-163 sur le site aleph0.clarku.edu, consultĂ© le 29 janvier 2010.
    26. (en) Darwin, Francis, The Foundations of The Origin of Species. Two essays written in 1842 and 1844, Cambridge, Cambridge University Press, 1909, p. 7, disponible sur le site darwin-online.org.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    27. Narrative of the surveying voyages of His Majesty's Ships Adventure and Beagle between the years 1826 and 1836, describing their examination of the southern shores of South America, and the Beagle's circumnavigation of the globe.. Voir sur ce sujet : (en) P. P. King, Proceedings of the first expedition, 1826-30, under the command of Captain P. Parker King, R.N., F.R.S., London, Henry Colburn, 1838, vol. 1., disponible sur le site darwin-online.org.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    28. (en) Charles Darwin, The structure and distribution of coral reefs, London, 1842, Texte intégral sur le site charles-darwin.classic-literature.co.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    29. L’auteur anonyme de Vestiges of the Natural History of Creation (1844) est un Ă©crivain britannique nommĂ© Robert Chambers. Darwin lit ce livre et en admire la prose, mais il Ă©crit Ă  son sujet : « the writing & arrangement are certainly admirable, but his geology strikes me as bad, & his zoology far worse », dans Letter 814 — Darwin, C. R. to Hooker, J. D., 7 Jan 1845 sur le site darwinproject.ac.uk, consultĂ© le 29 janvier 2010.
    30. Darwin, C. R., Geological Observations on South America, Londres, Smith, Elder and Co., 1846, texte intégral.
    31. À ce sujet, Hooker Ă©crit Ă  Darwin dans une lettre « All allusions to superintending providence unnecessary – The Creator able to make first [organisms] able also to go on directing & [it's] a matter of moonshine to [the] argument whether he does or no », dans Letter 1066 — Hooker, J. D. to Darwin, C. R., c. 4 Mar 1847.
    32. « I have begun making some few experiments on the effects of immersion in sea-water on the germinating powers of seeds, in the hope of being able to throw a very little light on the distribution of plants, more especially in regard to the same species being found in many cases in far outlying islands and on the mainland », Charles Darwin, Letter 1666 — Darwin, C. R. to Gardeners' Chronicle, 11 Apr 1855 sur le site darwinproject.ac.uk, consultĂ© le 29 janvier 2010.
    33. « Reports on his experiments on action of sea-water on seeds and the bearing of his investigations on the theory of centres of creation and Edward Forbes's theory of continental extensions to account for distribution of organic forms. CD's experiments confirm germination powers were retained after 42 days' immersion by seven out of eight kinds of seeds », Charles Darwin, Letter 1684 — Darwin, C. R. to Gardeners's Chronicle, 21 May 1855 sur le site darwinproject.ac.uk, consultĂ© le 29 janvier 2010.
    34. « If any of your readers could obtain for me some eggs of the Lacerta agilis, I should be greatly obliged. Lizards are most widely distributed, and I want to ascertain whether the eggs will float in sea-water, and, if so, whether they will retain their vitality », Charles Darwin, Letter 1686a — Darwin, C. R. to Gardener's Chronicle, before 26 May 1855 sur le site darwinproject.ac.uk, consultĂ© le 29 janvier 2010.
    35. (en) Lettre de l'éditeur Andrew Sclater, « Did Darwin have a copy of « Mendel's papers »? », dans The Correspondence of Charles Darwin, University Library Cambridge, 2000 sur le site members.shaw.ca, consulté le 29 janvier 2010.
    36. (en) Résumé de l'ouvrage « What Darwin Didn't Know: Gregor Mendel and the Mechanism of Heredity » sur le site pbs.org, consulté le 29 janvier 2010.
    37. (en) John Lucas, article « Wilberforce and Huxley: A Legendary Encounter », dans The Historical Journal, no 22 (2), juin 1979, p. 313–330, disponible sur le site users.ox.ac.uk, consultĂ© le 29 janvier 2010.
    38. (en) Brian W. Harrison, « Early Vatican Responses to Evolutionist Theology », dans Living Tradition, Organ of the Roman Theological Forum, no 93, mai 2001, disponible sur le site rtforum.org, consulté le 29 janvier 2010.
    39. (en) Sara Joan Miles, « Charles Darwin and Asa Gray Discuss Teleology and Design », dans Perspectives on Science and Christian Faith, no 53, 2001, p. 196-201, disponible sur le site asa3.org, consulté le 29 janvier 2010.
    40. (en) Michon Scott, article « Joseph Hooker », 2006, disponible sur le site strangescience.net, consulté le 29 janvier 2010.
    41. (en) M. J. Bartholomew, « The Award of the Copley Medal to Charles Darwin », dans Notes and Records of the Royal Society of London, no 2, vol. 30, janvier 1976, p. 209-218, disponible sur le site links.jstor.org, consulté le 29 janvier 2010.
    42. (en) Thomas Huxley, « On Our Knowledge of the Causes of the Phenomena of Organic Nature », dans Collected Essays, vol. 2, 1863, disponible sur le site aleph0.clarku.edu, consulté le 29 janvier 2010.
    43. Voir, par exemple la revue fĂ©ministe Women in Literature and Life Assembly (Willa), vol. 4, 1995 et l'article « Charlotte Perkins Gilman and the Feminization of Education » par Deborah M. De Simone qui explique (notre traduction) : « Gilman partage de nombreuses idĂ©es de base sur l'Ă©ducation avec la gĂ©nĂ©ration de penseur Ă©mergeant du « chaos intellectuel » provoquĂ© par l’Origine des espĂšces de Darwin. De nombreux progressistes, convaincus que les individus peuvent diriger l'Ă©volution humaine et sociale, ont commencĂ© Ă  considĂ©rer que l'Ă©ducation comme une sorte de panacĂ©e pour le progrĂšs social et rĂ©soudre des problĂšmes tels que l'urbanisation, la pauvretĂ©, ou l'immigration », sur le site scholar.lib.vt.edu, consultĂ© le 29 janvier 2010.
    44. Fertilisation of Orchids.
    45. (en) Charles Darwin, Fertilisation of Orchids, 1862, publié dans Nora Barlow, The autobiography of Charles Darwin 1809-1882. With the original omissions restored. Edited and with appendix and notes by his grand-daughter Nora Barlow, Londres, Collins, 1958, disponible sur le site darwin-online.org.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    46. (en) Projet de la correspondance de Darwin : introduction à la correspondance de Charles Darwin, vol. 14, Cambridge University Press, disponible sur le site darwinproject.ac.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    47. (en) Charles H. Smith, Alfred Russel Wallace on Spiritualism, Man, and Evolution: An Analytical Essay, 1999, disponible sur le site wku.edu, consulté le 29 janvier 2010.
    48. (en) Charles Darwin, The variation of animals and plants under domestication, John Murray, 1875, 2e édition, vol. 1, disponible sur le site darwin-online.org.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    49. Lamarck, Philosophie zoologique, 1809, premiĂšre partie, chapitre 7, premiĂšre et deuxiĂšme loi, Flammarion, 1994, p. 216-217.
    50. Contrairement à une opinion répandue, en effet, Darwin ne rejeta jamais l'idée lamarckienne de la transmission des caractÚres acquis. En 1880, deux ans avant sa mort, il écrira encore à la revue Nature pour nier, contrairement à ce qu'avait prétendu Wyville Thomson, qu'il eût fait de la sélection naturelle le seul moteur de l'évolution et pour réaffirmer son adhésion à la théorie de l'effet de l'usage et du non-usage : « Can sir Wyville Thomson name anyone who has said that the evolution of species depends only upon natural selection ? As far as concerns myself, I believe that no one has brought forward so many observations on the effects of use and disuse of parts as I have done in my Variations of Animals and Plants under domestication, and those observations were made for this special object. I have likewise there adduced a considerable body of facts, showing the direct action of external conditions on organisms, though no doubt since my books were published much has been learnt on this head », dans Charles Darwin, lettre de 1880 à la revue Nature, dans More Letters of Darwin, vol. 1, Londres, 1903, p. 389 cité par Goulven Laurent, article « Lamarckisme » du Dictionnaire d'histoire et philosophie des sciences, Paris, PUF, 2006, p. 655. Dans un livre consacré à quelques légendes sur l'histoire des sciences, John Waller traite au chapitre 9 de la légende selon laquelle Darwin rejeta l'hérédité des caractÚres acquis. Ce chapitre est intitulé « The origin of species by means of use-inheritance » (« L'origine des espÚces par l'hérédité des caractÚres acquis »), dans Fabulous science, Oxford University Press, 2002, chap. 9, p. 176-203.
    51. Christian Godin, La totalité, vol. 5, Champ Vallon, 1997, p. 482-483, passage consultable sur le site books.google.fr, consulté le 29 janvier 2010.
    52. Goulven Laurent, article « Lamarckisme » du Dictionnaire d'histoire et philosophie des sciences, Paris, PUF, 2006, p. 654.
    53. (en) R. C. Stauffer, Charles Darwin's Natural Selection, being the second part of his big species book written from 1856 to 1858, Cambridge, Cambridge University Press, 1975.
    54. Pour une liste des ouvrages traitant, au XIXe siÚcle, de l'évolution, voir : Nineteenth Century Books on Evolution and Creation: scientific and religious debates in the age of Darwin disponible sur le site Nineteenth Century Books, consulté le 15 décembre 2006.
    55. (en) James Moore & Adrian Desmond, Introduction, p. xii, dans Darwin’s The Descent of Man and Selection in Relation to Sex, Londres, Penguin Classics, 2004, consultable sur le site books.google.fr, consultĂ© le 29 janvier 2010.
    56. (en) Charles Darwin, The Expression of the Emotions in Man and Animals, Londres, John Murray, 1872, disponible sur le site darwin-online.org.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    57. (en) Michael T. Ghiselin, « Darwin and Evolutionary Psychology », dans Science no 179, 1973, p. 964–968, disponible sur le site sciencemag.org, consultĂ© le 29 janvier 2010.
    58. (en) Darwin : « 1882 April 20 : Arrangements were made for Darwin to be buried at St. Mary's churchyard in the village of Downe », dans Darwin's timeline sur le site aboutdarwin.com. Consulté le 29 janvier 2010.
    59. Les enfants de Charles et Emma Darwin sur le site AboutDarwin.com, consulté le 15 décembre 2006.
    60. John J O'Connor, Edmund F. Robertson, Charles Darwin, Archive de l'histoire des mathématiques MacTutor .
    61. Répertoire des membres de la Royal Society [PDF], consulté le 15 décembre 2006
    62. A. W. F. Edwards, entrĂ©e « Darwin, Leonard (1850 – 1943) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
    63. Adrian J. Desmond, « Darwin », Encyclopaedia Britannica, 2004, DVD.
    64. Denis O. Lamoureux, Theological Insights from Charles Darwin — p. 5, Perspectives on Science and Christian Faith 56 (1), mars 2004, p. 2-12.
    65. James Moore, Evolution and Wonder — Understanding Charles Darwin, Speaking of Faith (Radio Program), American Public Media, 2006.
    66. James Moore, Darwin — A 'Devil’s Chaplain'?, American Public Media, 2006.
    67. Simon Yates, The Lady Hope Story: A Widespread Falsehood, TalkOrigins, 2003.
    68. Charles Darwin, On the origin of species, 1Úre édition, p. 845/960, édition numérique Feebooks
    69. Op. cité, p. 858/960
    70. Charles Darwin, On the origin of species, 6Úme édition, Edition numérique feedbooks, p. 827/1269
    71. Op. cité, p. 1217/1269
    72. Etienne Gilson, D'Aristote Ă  Darwin, et retour, Vrin,
    73. Herbert Spencer, Le principe de l'évolution: réponse à Lord Salisbury, Librairie Guillaumin et C., (lire en ligne)
    74. (en) Ernst Mayr, The Growth of Biological Thought: Diversity, Evolution and Inheritance, Cambridge, Harvard University Press, 1982, traduit en français sous le titre de Histoire de la biologie. Diversité, évolution et hérédité, éd. Fayard, 1989, 894 p. (ISBN 2213018944).
    75. Philippe Solal, « Darwin et la question de la finalitĂ© », Miranda,‎ , §22 (lire en ligne)
    76. Charles Darwin, L'origine des espĂšces, Ă©dition de 1872, Chapitre IV, p. 93
    77. Philippe Solal, « Darwin et la question de la finalitĂ© », Miranda,‎ , §18 (lire en ligne)
    78. Victor Hugo, La Légende des siÚcles Nouvelles série, éd. 5e, Paris, Calmann-Lévy, (lire en ligne)
    79. Sigmund Freud, Introduction Ă  la psychanalyse,
    80. Jacques Monod, Le hasard et la nécessité : essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne, Seuil, , p. 224-225, chapitre Le royaume et les ténÚbres
    81. Cf. la préface du livre de Patrick Tort sur les relations entre marxisme et darwinisme.
    82. RĂ©my Chauvin, Le Darwinisme ou la fin d’un mythe. L’esprit et la matiĂšre, Ă©ditions du Rocher, 1997, prĂ©face disponible en ligne sur le site biblisem.net, consultĂ© le 17 janvier 2010.
    83. (en) Peter J. Bowler, The Mendelian Revolution: The Emergence of Hereditarian Concepts in Modern Science and Society, Johns Hopkins University Press, Baltimore, 1989 (ISBN 0-485-11375-9).
    84. Charles Darwin, The Descent of Man, Chapitre 6 – « On the Affinities and Genealogy of Man ». On lit en anglais : « At some future period, not very distant as measured by centuries, the civilised races of man will almost certainly exterminate, and replace, the savage races throughout the world. At the same time the anthropomorphous apes, as Professor Schaaffhausen has remarked,* will no doubt be exterminated. The break between man and his nearest allies will then be wider, for it will intervene between man in a more civilised state, as we may hope, even than the Caucasian, and some ape as low as a baboon, instead of as now between the negro or Australian and the gorilla. »
    85. (en) Galton, Francis, « Hereditary talent and character », dans Macmillan’s Magazine, no 12, p. 115-166, 1865, consultale sur le site galton.org. ConsultĂ© le 29 janvier 2010.
    86. (en) Francis Galton, Hereditary genius: an inquiry into its laws and consequences, dans Macmillan & Co., Londres, 1869.
    87. (en) Galton, Francis, Inquiries into human faculty and its development, Macmillan & Co., p. 17, note 1, 1883.
    88. (en) Philip Reilly, The surgical solution: a history of involuntary sterilization in the United States, Johns Hopkins University Press, 1991.
    89. La politique eugĂ©niste (positive comme nĂ©gative) nazie a Ă©tĂ© largement documentĂ©e, entre autres par (en) Robert N. Proctor, Racial hygiene: Medicine under the Nazis, Cambridge, Harvard University Press, 1988 et Dieter Kuntz, Deadly medicine: creating the master race, Washington, D.C., United States Holocaust Memorial Museum, 2004. Une exposition en ligne Deadly medicine. creating the master race lui est consacrĂ©e sur le site United States Holocaust Memorial Museum, consultĂ© le 29 janvier 2010. Sur le dĂ©veloppement du mouvement de l'hygiĂšne raciale avec le National-socialisme, voir : (en) Paul Weindling, Health, race and German politics between national unification and Nazism, 1870–1945, New York, Cambridge University Press, 1989.
    90. Friedrich Hayek, Droit, législation, liberté, PUF, 2007, Coll. « Quadrige » (ISBN 978-2-13-056496-6), chapitre « Raison et évolution ».
    91. « L'origine des espÚces », sur classiques.uqac.ca.
    92. (en) Daniel Kotzin, article « Point-Counterpoint: Social Darwinism », 2004, sur le site Columbia American History Online, consulté le 29 janvier 2010.
    93. (en) Diane B. Paul, « Darwin, social Darwinism and eugenics », dans Hodge, Jonathan & Radick, Gregory, The Cambridge Companion to Darwin, Cambridge University Press, 2003, p. 214–239 (ISBN 0-521-77730-5).
    94. (en) John S. Wilkins, article « Evolution and Philosophy: Does evolution make might right? », 1997, sur le site talkorigins.org, consulté le 29 janvier 2010.
    95. (en) William Sweet, article Herbert Spencer, sur le site Internet Encyclopedia of Philosophy, 2004.
    96. (en) Robert C. Bannister, Social Darwinism: Science and Myth in Anglo-American Social Thought, Philadelphia: Temple University Press, 1989 (ISBN 0-87722-566-4).
    97. « Quand la polĂ©mique s’en mĂȘle », Le journal du CNRS, no 227 « 150 aprĂšs, le monde selon Darwin »,‎ , p. 26 (lire en ligne, consultĂ© le ).
    98. Patrick Tort, L'Effet Darwin. Sélection naturelle et naissance de la civilisation, Seuil, 2008, Coll. « Science ouverte ».
    99. « Oxford - Statues of Scientists », sur statues.vanderkrogt.net (consulté le )
    100. L'expression de « pinson de Darwin » est d'abord apparue en 1936 et a été popularisé en 1947 par David Lack dans son livre Darwin's Finches, Cambridge University Press, Cambridge, republié en 1961 par Harper Bros., New York, avec une nouvelle préface de Lack. Republié en 1983 par Cambridge University Press avec une introduction et des notes de Laurene M. Ratcliffe et Peter T. Boag (ISBN 0-521-25243-1).
    101. Tony Rice, Voyages. Trois siÚcles d'explorations naturalistes, Delachaux et Niestlé, Lausanne, 1999, 335 p. (ISBN 2-603-01169-3), p. 233-237.
    102. (en) Mark Isaak, « Curiosities of Biological Nomenclature », sur curioustaxonomy.net (consulté le ).
    103. « 1834 February 12. On this date Darwin turned twenty-five years old and for his birthday Capt. FitzRoy named the highest mountain in the region Mt. Darwin », dans (en) « Darwin's timeline » sur le site AboutDarwin.com, consulté le 29 janvier 2010.
    104. (en) « Territory origins. The Change of « Palmerston » to « Darwin » in 1911 », édité par Northern Territory Department of Planning and Infrastructure, Australie sur le site web.archive.org, consulté le 29 janvier 2010.
    105. « This was derived from « Port Darwin » which had originally been named after Charles Darwin by the discoverer of the Harbour, Captain J C Wickham of the HMS Beagle in 1839 » : Port Darwin fut en effet dĂ©couvert par le lieutenant John Lort Stokes et nommĂ© ainsi par le capitaine J.C. Wickham lors de son passage au port Ă  bord de l’HMS Beagle en 1839. En 1869, le port fut rebaptisĂ© Palmerston mais en 1911 il reprit le nom de Port Darwin, dans (en) « The Change of « Palmerston » to « Darwin » in 1911 » sur le site nt.gov.au, consultĂ© le 29 janvier 2010.
    106. (en) Page d'accueil de l'université Charles-Darwin sur le site cdu.edu.au, consulté le 29 janvier 2010.
    107. (en) Site du parc national Charles Darwin sur le site nt.gov.au, consulté le 29 janvier 2010.
    108. (en) Page sur l'histoire du Darwin College sur le site dar.cam.ac.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    109. (en) « Charles Darwin, father of the theory of evolution, is the new face on the £10 bank note », dans « How to join the noteworthy », article de la BBC News du 7 novembre 2000 sur le site news.bbc.co.uk, consulté le 29 janvier 2010.
    110. Voir notamment, en français, le dossier réalisé sous la direction de Sophie Lebeuf et intitulé : « Visionnaire. Dossier Darwin », avril 2009, disponible sur le site evene.fr, consulté le 15 janvier 2010.
    111. Sabrina, « H. G. Wells — MaĂźtre utopiste chez les rois », Écran Noir, consultĂ©e le 8 novembre 2008.

    Voir aussi

    Bibliographie

    • (de) Fritz MĂŒller, FĂŒr Darwin, Leipzig , Engelmann, 1864.
    • (en) Thomas Henry Huxley, Man’s place in nature, Londres, Williams & Norgate et Paris, BailliĂšre, 1868 (ou 1863 ?).
    • Edgar Quinet, La CrĂ©ation, Paris, Hachette, 2 volumes, 1870.
    • (en) Alfred Russel Wallace, Contributions to the theory of natural selection, Londres, Macmillan, traduit sous le titre La sĂ©lection naturelle, Paris, Reinwald, 1872.
    • (en) Asa Gray, Darwiniana, New York, D. Appleton, Harvard University Press, 1963 (1876).
    • Eduard von Hartmann, Le Darwinisme, Paris, Alcan, 1877.
    • (en) Samuel Butler, Evolution, old and new, Londres, Harwicke and Bogue, 1879.
    • (en) G.J. Romanes, Animal intelligence, Londres, Kegan Paul, Trench et Paris, Alcan, 1887 (1881).
    • (en) August Weismann, Studies in the theory of descent, Londres, Sampson, Low Ă©d., 1882.
    • (en) G.J. Romanes, Mental evolution in animals, Londres, Kegan Paul, Trench et Paris, Alcan, 1887 (1883).
    • Mathias Duval, Le Darwinisme. Leçons professĂ©es Ă  l’école d’anthropologie, Paris, Delahaye et Lecrosnier, 1886.
    • Edmond Perrier, Le Transformisme, Paris, BailliĂšre, 1888.
    • H. de Varigny, Charles Darwin, Paris, Hachette, 1889.
    • (en) G.J. Romanes, Mental evolution in man, Londres, Kegan Paul, Trench et Paris, Alcan, 1891.
    • (en) Alfred Russel Wallace, Darwinism: an exposition of the theory of natural selection, Londres, Macmillan et Paris, Reinwald, 1892.
    • Armand de Quatrefages, Charles Darwin et ses prĂ©curseurs, Paris, Alcan, 1892.
    • (en) William Bateson, Materials for the study of variation, Cambridge, 1894.
    • Armand de Quatrefages, Les Émules de Darwin, Paris, Alcan, 1894.
    • Alfred Giard, Controverses transformistes, Paris, CarrĂ© et Naud, 1904.
    • (en) Alfred Russel Wallace, My life, Londres, Chapman & Hall, 1905.
    • (en) L. Kellogg, Darwinism to-day, New York, Henry Holt, 1907.
    • (en) Collectif, Fifty years of darwinism, New York, Henry Holt and Company, 1909.
    • (en) Collectif, Darwin and modern science, Cambridge University Press, 1910.
    • (en) D'Arcy Wentworth Thompson, On growth and form, Le Seuil-CNRS, 1994 (1917).
    • Henry de Dorlodot, Le Darwinisme au point de vue de l’orthodoxie catholique, Bruxelles, Vromant, 1921.
    • Jean Rostand, Les Chromosomes, artisans de l’hĂ©rĂ©ditĂ© et du sexe, Paris, Hachette, 1928.
    • (en) John Burdon Sanderson Haldane, The causes of evolution, Londres, Longmans, Green and Company, 1932.
    • (en) Theodosius Dobjansky, Genetics and the origin of species, New York, Columbia University Press, 1937.
    • Marcel Prenant, Darwin, Paris, Éditions sociales internationales, 1938.
    • (en) Julian Huxley, Evolution, the modern synthesis, Londres, Allen and Unwin, 1942.
    • (en) George Gaylord Simpson, Tempo and mode of evolution, New York, Columbia University Press, 1944.
    • Jean Rostand, Charles Darwin, Paris, Gallimard ; rĂ©Ă©d. 1982, (1947), 241 p.
    • (en) J. Barzun, Darwin, Marx and Wagner. Critique of a heritage, 2e Ă©dition, New York, Garden City, 1958.
    • (en) Cyril Dean Darlington, Darwin’s place in history, Oxford, Blackwell, 1959.
    • Georges Canguilhem, « L’homme et l’animal du point de vue psychologique selon Charles Darwin » dans Revue d’histoire des sciences, t. 13, p. 81-94, 1960.
    • Pierre-Paul GrassĂ©, « Lamarck, Wallace et Darwin », dans Revue d’histoire des sciences, t. 13, p. 73-79, 1960.
    • (en) Sir Gavin de Beer, « The origins of Darwin’s ideas on evolution and natural selection » dans Proceedings of the Royal Society, London, no 155, p. 321-378, 1961.
    • Georges Canguilhem, Du dĂ©veloppement Ă  l’évolution au XIXe siĂšcle, Paris, PUF, 1962.
    • (en) Sir Gavin de Beer, Charles Darwin. À scientific biography, New York, The natural history library, Doubleday & Company, Garden city, 1963.
    • (en) Beddall, Wallace and Battes in the tropics. An introduction to the theory of natural selection, Londres, Macmillan, 1969.
    • Camille Limoges, La SĂ©lection naturelle, Paris, PUF, 1970.
    • (en) Herbert Spencer, « Darwin, Malthus and selection », dans Journal of History of Biology, no 4, p. 209-217, 1971.
    • (en) David Lee Hull, Darwin and his critics. The reception of Darwin’s theory of evolution by scientific community, Cambridge, Harvard University Press, 1973.
    • (en) D. Kohn, Charles Darwin’s path to natural selection, Ph. d. diss., University of Massachusetts, 1975.
    • D.-H. Bouanchaud, Charles Darwin et le transformisme, Paris, Payot, 1976.
    • (en) C. Ralling, The voyage of Charles Darwin, Londres, BBC, 1978.
    • (en) Edward Osborne Wilson, On human nature, Paris, Stock, 1979.
    • (en) N.C. Gillespie, Charles Darwin and the problem of Creation, Chicago, University of California Press, 1979.
    • Yves Christen, Marx et Darwin. Le grand affrontement, Paris, Albin Michel, 1981.
    • (en) Ernst Mayr, The growth of biological thought. Diversity, evolution and inheritance, The Bellknapp Press of Harvard University Press, Traduction française, Ă©d. Fayard, 1989 (1982).
    • Collectif, De Darwin au darwinisme. Science et idĂ©ologie, Paris, Vrin, 1982.
    • Patrick Tort, La PensĂ©e hiĂ©rarchique et l'Ă©volution, Paris, Aubier-Flammarion, 560 p, 1983.
    • (en) Peter J. Bowler, The eclipse of darwinism. Anti-darwinian evolution thĂ©ories in the decades around 1900, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1983.
    • (en) Peter J. Bowler, Evolution: the history of an idea, University of California Press, 1984.
    • (en) R.W. Clark, The survival of Charles Darwin, Londres, Weidenfeld & Nicolson, 1985.
    • Denis Buican, Darwin et le darwinisme, Paris, PUF, Que sais-je ?, 128 p., 1987.
    • (en) Peter J. Bowler, The non-darwinian revolution, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1988.
    • Patrick Tort, Dictionnaire du darwinisme et de l'Ă©volution, Paris, Puf, 1998.
    • Denis Buican, La rĂ©volution de l’évolution. L’évolution de l’évolutionnisme, Paris, PUF, « Histoires », 339 p., 1989.
    • John Bowlby, Charles Darwin. Une nouvelle biographie [Trad. française, PUF, « Perspectives critiques », 1995] (1990).
    • Peter J. Bowler, Darwin. The man and his influence, Oxford, Blackwell (trad. française : Flammarion, 1995, 326 p.).
    • (en) Ernst Mayr, One long argument. Charles Darwin and the genesis of modern evolutionary thought, Harvard University Press et Paris, Odile Jacob, 1993 (1991), 248 p.
    • Daniel Becquemont, Darwin, darwinisme, Ă©volutionnisme, Paris, KimĂ©, 1992.
    • Denis Buican, BiognosĂ©ologie. Évolution et rĂ©volution de la connaissance, Paris, KimĂ©, 1993.
    • Jacques Arnould, Darwin, Teilhard et Cie, Paris, DesclĂ©e de Brouwer, 1996.
    • C. Allard, « Charles Darwin, un prĂ©curseur de la psychologie du bĂ©bĂ© », La psychiatrie de l’enfant, XL, 2, 1997, p. 559–624.
    • Charles Lenay, Darwin, Paris, Les Belles Lettres, « Figures du savoir », 178 p., 1999.
    • Jean-Marie Pelt, La canelle et le panda : Les grands naturalistes explorateurs autour du monde, Ă©d. Fayard, (ISBN 978-2-213-60466-4, prĂ©sentation en ligne).
    • Dominique Lecourt (dir.) (prĂ©s. Françoise Balibar et Thomas Bourgeois), Dictionnaire d'histoire et philosophie des sciences, Paris, PUF, coll. « Quadrige dicos poche », , 4e Ă©d. (1re Ă©d. 1999), 1195 p. (ISBN 2-13-054499-1 et 978-2-13-054499-9).
    • Patrick Tort, Darwin et la science de l’évolution, Paris, Gallimard, coll. « DĂ©couvertes Gallimard / Sciences » (no 397), 160 p., 2000.
    • CĂ©dric Grimoult, Histoire de l’évolutionnisme contemporain en France, 1945-1995, GenĂšve-Paris, Droz, 2000, 616 p.
    • CĂ©dric Grimoult, L’évolution biologique en France. Une rĂ©volution scientifique, politique et culturelle, GenĂšve-Paris, Droz, 2001.
    • (en) Stephen Jay Gould, The Structure of evolutionary theory, Cambridge, The Belknap Press of Harvard University Presse. [La Structure de la thĂ©orie de l'Ă©volution - Trad. française, Paris : Gallimard, 2006 (2002), 2 033 p.].
    • Patrick Tort, La Seconde RĂ©volution darwinienne, Paris, KimĂ©, 140 p., 2002.
    • Patrick Tort, Darwin et la philosophie, Paris, KimĂ©, 78 p., 2004.
    • Patrick Tort, Darwin et le darwinisme, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 128 p., 2005.
    • Claude Combes, Darwin : dessine-moi les hommes, Le Pommier, 2006.
    • Dominique Lecourt, L’AmĂ©rique entre la Bible et Darwin, suivi de Intelligent design : science, morale et politique'' (1992), 3e rĂ©ed. PUF collection Quadrige, 2007.
    • AndrĂ© Pichot, Aux origines des thĂ©ories raciales. De la Bible Ă  Darwin, Flammarion, coll. « BibliothĂšque des savoirs », 2008.
    • Horst Bredekamp, Les coraux de Darwin. Premiers modĂšles Ă©volutionnistes et tradition de l'histoire naturelle, Les Presses du rĂ©el « ƒuvres en sociĂ©tĂ©s », 160 p., 2008.
    • Yves Carton, Henry de Varigny. Darwinien convaincu. MĂ©decin, chercheur et journaliste (1855-1934), Paris, Hermann, 116 p., 2008.
    • Robert Killick-Kendrick, Was Darwin wrong?, communication de rĂ©ception Ă  l'AcadĂ©mie des Hauts Cantons [[ lire en ligne]], 2008.
    • Patrick Tort, L'Effet Darwin. SĂ©lection naturelle et naissance de la civilisation, Paris, Seuil, « Science ouverte », 2008, 234 p., 2008
    • Jean Claude Ameisen, Dans la lumiĂšre et les ombres Darwin et le bouleversement du monde, Paris, Ă©d. Fayard/Seuil, 2008, 494 p., 2008.
    • (en) Replica Beagle plans expedition to further Darwin's legacy, Financial Times, october, 2 2012, supplĂ©ment Investing Chile, p. 4.
    • Darwin et sa lĂ©gende, « entrevue » avec Patrick Tort, Revue Gruppen, no 8, 2014.
    • Patrick Tort, Darwin et la Religion (La conversion matĂ©rialiste), avec la collaboration de Solange Willefert, Paris, Ellipses, 2011.
    • Patrick Tort, Anton Pannekoek, Darwinisme et Marxisme, Paris, ArkhĂȘ, 2012.

    Ouvrage pour la jeunesse

    Documentaires

    Personnalités

    Concepts

    Liens externes

    Bases de données et dictionnaires

    Darwin est l’abrĂ©viation botanique standard de Charles Darwin.

    Consulter la liste des abréviations d'auteur ou la liste des plantes assignées à cet auteur par l'IPNI

    Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.