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Maladie de Menière

La maladie de Menière est une maladie de l’ensemble du labyrinthe membraneux de l'oreille interne, de cause inconnue (affection idiopathique).

Maladie de Menière
Description de cette image, également commentée ci-après
Classification et ressources externes
CIM-10 H81.0
CIM-9 386.0
OMIM 156000
DiseasesDB 8003
MedlinePlus 000702
eMedicine 1159069
MeSH D008575

Wikipédia ne donne pas de conseils médicaux Mise en garde médicale

Elle réalise une entité clinique caractérisée par :

  • la triade symptomatique associant vertiges vrais (sensations rotatoires), acouphènes et surditĂ©, ces deux symptĂ´mes Ă©tant fluctuants dans le temps ;
  • une lĂ©sion endolabyrinthique ;
  • une altĂ©ration de la circulation labyrinthique aboutissant Ă  une modification de pression des liquides labyrinthiques.

Historique

Prosper Menière a le premier attribué à l'oreille interne la maladie associant des vertiges paroxystiques et une surdité dans son célèbre mémoire présenté à l'Académie de médecine lors de la séance du sous le titre de Sur une forme de surdité grave dépendant d'une lésion de l'oreille interne[1], publié seulement en septembre de la même année sous un autre titre Mémoire sur des lésions de l'oreille interne donnant lieu à des symptômes de congestion cérébrale apoplectiforme[2]. Une semaine après la présentation académique de Menière, Armand Trousseau s'appuyait sur la description de Menière pour démanteler la congestion cérébrale. Il confirmait ainsi le rôle de Prosper Menière dans l'identification de cette maladie de l'oreille interne[3].

Le système du labyrinthe et sa circulation sont identifiés en 1927[4].

En 1927, le premier traitement chirurgical, par ouverture du sac endolymphatique, est proposé[5]. L'hypothèse d'un déséquilibre entre sécrétion et réabsorption du liquide est émise en 1943[6].

Épidémiologie

La prĂ©valence estimĂ©e est d'un peu moins de 50 cas par 100 000 habitants[7], mais fluctue selon les Ă©tudes et les pays[8].

Il semble exister une lĂ©gère prĂ©dominance fĂ©minine[7]. La maladie est plus frĂ©quente chez les personnes de type europĂ©en[7]. L’âge de survenue est, en gĂ©nĂ©ral, compris entre 40 et 60 ans. Avant 20 ans, la maladie de Menière est rare. Les formes familiales ne sont pas rares[7], ce qui laisse suspecter une cause gĂ©nĂ©tique[9]. De mĂŞme, la maladie semble associĂ©e avec le groupe HLA A2[10].

Physiopathologie

La pathogénie de la maladie de Menière reste encore très largement méconnue. L'augmentation de la pression du liquide dans le labyrinthe de l'oreille, appelé hydrops endolymphatique, constitue, indiscutablement, sa caractéristique. Il relève soit d’une hypersécrétion d’endolymphe, soit de son insuffisante réabsorption[11].

L’hyperproduction d’endolymphe peut résulter de trois phénomènes :

  • une Ă©lĂ©vation de la pression hydrostatique dans le segment artĂ©riel de la strie vasculaire entraĂ®nant une augmentation de la fuite liquidienne du capillaire vers le labyrinthe, ou une diminution de la pression osmotique plasmatique ayant la mĂŞme consĂ©quence ;
  • une stimulation exagĂ©rĂ©e du processus de sĂ©crĂ©tion ;
  • une augmentation de la pression osmotique endolymphatique par accumulation de dĂ©bris cellulaires ou de macromolĂ©cules hydrophiles (par exemple par une perte de la fonction phagocytosique du sac endolymphatique, ou par un dĂ©ficit en hyaluronidase).

Le déficit de réabsorption de l’endolymphe résulterait d’un dysfonctionnement du sac endolymphatique. L’atteinte du sac peut être secondaire à une atteinte embryonnaire, génétique, infectieuse, traumatique ou autre.

L’hydrops affecte d’abord le canal cochléaire et le saccule (en), puis force la valvule utriculo-endolymphatique, et s’étend à l’utricule et aux canaux semi-circulaires.

Les symptômes de la crise résultent d’une variation brutale ou progressive de la pression endolymphatique avec trois conséquences possibles : rupture du labyrinthe membraneux et intoxication potassique, augmentation de la perméabilité du compartiment endolymphatique, découplage stéréocil-membrane tectoriale avec perturbation de la micromécanique cochléaire.

SymptĂ´mes

La maladie est classiquement unilatérale mais il peut exister une atteinte de l'autre oreille dans un peu moins d'un tiers des cas[12].

La maladie de Menière, Ă©tant une entitĂ© clinique, se caractĂ©rise par une triade symptomatique clinique et une Ă©volution par crises rĂ©pĂ©tĂ©es dont la durĂ©e est comprise entre 20 minutes et une journĂ©e[12]. Les trois symptĂ´mes majeurs sont[13] :

  • un vertige itĂ©ratif survenant en crises spontanĂ©es de quelques minutes Ă  quelques heures et se rĂ©pĂ©tant Ă  intervalles variables. Ce vertige est, le plus souvent, giratoire. Deux Ă©pisodes de plus de vingt minutes chacun participent au diagnostic du syndrome ;
  • des acouphènes qui simulent classiquement un bruit de conque marine. Ils sont constants ou intermittents. Habituellement non pulsatiles, ils apparaissent ou s’accentuent, en règle, dans les instants qui prĂ©cèdent la crise vertigineuse, constituant ainsi un signe annonciateur avertissant le patient de l’imminence de la crise ;
  • une surditĂ© de perception. Constante durant la crise, elle a, comme les acouphènes, une valeur localisatrice et diagnostique. Au dĂ©but de l’évolution, elle prĂ©domine sur les frĂ©quences graves et prĂ©sente des fluctuations Ă©minemment caractĂ©ristiques de l’affection, avec retour Ă  la normale en quelques heures ou jours. Ces fluctuations, imprĂ©visibles et irrĂ©gulières, s’associent souvent Ă  une sensation d’oreille bouchĂ©e, de plĂ©nitude ou de pression qui cède en règle gĂ©nĂ©rale après l’attaque. Au cours de l’évolution, la surditĂ© s’accentue et atteint l’ensemble des frĂ©quences, perd ses fluctuations et se stabilise aux environs de 50–70 dB. La cophose (ou surditĂ© totale), reste exceptionnelle. Cette hypoacousie s’accompagne de signes tĂ©moignant de sa nature endocochlĂ©aire : atteinte de la discrimination, intolĂ©rance aux sons forts, distorsion sonore, diplacousie.

Les signes vagaux (nausées, vomissements, sueurs ; tachycardie) sont fréquents pendant la crise. Il est déconseillé de manger lorsqu'il y a des nystagmus.

Exploration

L'examen clinique, en dehors des crises, ne montre rien de particulier. Au cours d'une crise peut ĂŞtre mis en Ă©vidence un nystagmus horizontal[12].

L'audiométrie peut montrer un déficit au niveau des basses fréquences.

L'imagerie crânienne (scanner ou IRM) n'est utile que pour éliminer d'autres diagnostics (un neurinome de l'acoustique par exemple).

Évolution

Dans une période de plusieurs années, les « crises » de vertige se font plus rares ou disparaissent[14], mais le trouble de l'équilibre est subintrant, l'audition est très souvent altérée.

Traitement

MĂ©dicamenteux

Peuvent être prescrits des médicaments antivertigineux (vestibuloplégique) pour une courte durée, certains diurétiques associés à des suppléments potassiques tels la bétahistine[11] - [15] ou (a contrario) les antihistaminiques. L'efficacité de la bétahistine reste discutée[16] - [17] - [18].

Non médicamenteux

On peut faire appel à la rééducation vestibulaire lors de ces manifestations pour réagir face aux vertiges. En cas de baisse importante de l'acuité auditive, la mise en place d'une prothèse auditive peut aider.

Le traitement par impulsion de pression positive a également démontré son efficacité sur l’amélioration voire la disparition des symptômes. Il est obtenu par l’utilisation du Meniett[19], dispositif électronique, généralement au cours de consultations chez un ORL équipé, ou du P100 Menière[20], dispositif autonome nomade. Le traitement par pression positive nécessite l’implantation préalable d’aérateurs trans-tympaniques (communément appelés yoyos).

Chirurgical

Il est proposé dans les cas persistants ou créant un réel handicap quotidien[11]. Plusieurs types d'intervention peuvent être effectuées :

  • la dĂ©compression du sac endolymphatique (en) qui vise Ă  baisser la pression intra-labyrinthique ;
  • la neurectomie vestibulaire (section du nerf vestibulaire) ;
  • la destruction du labyrinthe postĂ©rieur : labyrinthectomie chirurgicale ou chimique par injection trans-tympanique d'un aminoside ototoxique (gentamicine) ayant pour consĂ©quence d'aggraver la surditĂ© dĂ©jĂ  prĂ©existante[21].

L'astronaute Alan Shepard, qui s'était vu interdire de vol à la suite d'un diagnostic de Menière en 1963, est opéré par le Dr William F. House en 1968, et récupère son autorisation de vol l'année suivante[22].

Notes et références

  1. Prosper Menière, « Sur une forme de surdité grave dépendant d'une lésion de l'oreille interne », Bulletin de l'Académie impériale de médecine, 1861, t. XXVI, p. 241.
  2. Menière P, Mémoire sur des lésions de l'oreille interne donnant lieu à des symptômes de congestion cérébrale apoplectiforme, biusante.parisdescartes.fr.
  3. Legent F, Le parcours de Prosper Menière, créateur de la labyrinthologie, , sur le site de Biusanté.
  4. (en) S Guild, « The circulation of the endolymph », Am J Anat., no 39,‎ , p. 57.
  5. (en) G Portmann, « Vertigo: surgical treatment by opening of the saccus endolymphaticus », Arch Otolaryngol, no 6,‎ , p. 309.
  6. (en) F Altmann et E Fowler, « Histological findings in Meniere's symptom complex », Ann Otol Rhinol, no 52,‎ , p. 52-80.
  7. (en) H Sajjadi et MM. Paparella, « Meniere's disease », Lancet, no 372,‎ , p. 406-414 (résumé).
  8. « La maladie de Ménière : surdité, vertiges, acouphènes », sur surdi.info, (consulté le ).
  9. (en) AW. Morrison, « Anticipation in Meniere's disease », J Laryngol Otol. (nl), no 109,‎ , p. 499-502 (PMID 7642988, DOI 10.1017/S0022215100130567).
  10. (en) S Koyama, Y Mitsuishi, K. Bibee et al., « HLA associations with Meniere's disease », Acta Otolaryngol (Stockh) (sv), no 113,‎ , p. 575-578 (lire en ligne).
  11. J.-Ph. Guyot, V. Crescentino et I. Kos, « Maladie de Ménière : nouveau concept et nouveaux espoirs thérapeutiques », Revue médicale suisse, no 636,‎ (lire en ligne).
  12. (en) Harcourt J, Barraclough K, Bronstein AM, Meniere’s disease, BMJ, 2014;349:g6544.
  13. Julien Ombelli, Olivier Pasche, Jacques Cornuz et Raphaël Maire, « Syndromes vertigineux en pratique ambulatoire [Dizziness in general practice] », Rev med suisse, vol. 5, no 227,‎ , p. 2374-2380 (PMID 20052836, lire en ligne).
  14. (en) Silverstein H, Smouha E, Jones R, « Natural history vs. surgery for Menière's disease » Otolaryngol Head Neck Surg (en), 1989;100:6-16, DOI 10.1177/019459988910000102.
  15. (en) Monzani D, Barillari MR, Alicandri Ciufelli M, Aggazzotti Cavazza E, Neri V, Presutti L, Genovese E. « Effect of a fixed combination of nimodipine and betahistine versus betahistine as monotherapy in the long-term treatment of Ménière's disease: a 10-year experience » Acta Otorhinolaryngol Ital. (nl) 2012;32(6):393-403. PMID 23349559.
  16. (en) James AL, Burton MJ, Betahistine for Meniere’s disease or syndrome, Cochrane Database Syst Rev, 2001;1: CD001873. 11279734, DOI 10.1002/14651858.CD001873.
  17. (en) Nauta JJ, Meta-analysis of clinical studies with betahistine in Méniere’s disease and vestibular vertigo, Eur Arch Otorhinolaryngol (nl), 2014;271: 887-897.
  18. (en) Adrion C, Fischer CS, Wagner J et al. Efficacy and safety of betahistine treatment in patients with Meniere’s disease: primary results of a long term, multicentre, double blind, randomised, placebo controlled, dose defining trial (BEMED trial), BMJ, 2016;352:h6816.
  19. (en) An Independent Clinical Studies Review for Medtronic ENT[PDF].
  20. « Essai clinique du P100-Ménière » [archive du ], sur entlex.eu.
  21. Denis Ayache et Pierre Bonfils, O.R.L., De Boeck, , 250 p. (présentation en ligne).
  22. (en) Tara Gray, « Alan B. Shepard, Jr. », sur history.nasa.gov, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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