Sociobiologie
La sociobiologie est une discipline étudiant les bases biologiques présumées des comportements sociaux répertoriés dans le règne animal.
L'un de ses fondateurs, Edward Osborne Wilson, lui donnait pour objectif « d'intégrer les sciences sociales dans la (…) théorie évolutionniste néo-darwinienne »[1].
En sa qualité de synthèse, elle fait appel à un vaste rassemblement des savoirs sur l'évolution des espèces. De la sélection naturelle à la coévolution gène-culture, en passant par l'eusocialité, l'effet Westermarck, l'altruisme réciproque, la consilience, entre autres, la sociobiologie interpelle tant les sciences de la vie que les sciences exactes, humaines et sociales.
Née aux États-Unis dans les années 1940, la sociobiologie a été développée sous plusieurs formes tout d'abord par John Paul Scott puis Stuart Altmann, avant qu'Edward Osborne Wilson n'utilise ce terme pour désigner le projet scientifique développé dans son ouvrage paru en 1975: Sociobiology: The New Synthesis (en)[2]. Ce livre, et la discipline en général, ont suscité des guerres d'idées d'une extrême intensité et s'inscrivent dans le débat inné et acquis.
Origine du concept
En France et aux États-Unis, le néologisme « sociobiologie », en anglais « sociobiology », voit d'abord le jour sous diverses formes et graphies vers la fin du XIXe siècle.
En France, à partir des années 1890, apparaissent les termes « sociologie biologique », « bio-sociologie », « socio-biologie » et « biosociologie »[3]. L'expression voisine « socio-biologie » est utilisée dans le titre de trois études du médecin Georges Auguste Morache, en 1902, 1904 et 1906[4] - [5] - [6]. Ces notions font l'objet de querelles récurrentes : « Le procès de la Sociologie biologique est encore pendant. Tous les ans, à son sujet, le Congrès International de l'Institut de Sociologie ramène les mêmes réquisitoires et les mêmes plaidoyers »[7].
Aux États-Unis, deux conférences organisées dans l'immédiate après-guerre réunissent des représentants des champs de l'éthologie, de la psychologie comparée et de l'écologie pour tenter de faire connaître, partager et hybrider leurs méthodologies respectives de l'étude du comportement animal, en particulier l'observation des comportements dans un cadre naturel[8].
C'est le généticien et spécialiste du comportement animal John Paul Scott (en), participant à ces conférences, qui utilise le terme "sociobiology" pour désigner en 1948 le rapprochement souhaité entre les champs de la biologie (particulièrement l'écologie et la physiologie) ainsi que la sociologie[9]. La sociobiologie de Scott se fixe pour objectif de préserver la tradition naturaliste de l'étude du comportement social animal, dans un contexte d'après-guerre où la biologie moléculaire, la biologie mathématique et la biologie expérimentale se développent et menacent la crédibilité scientifique des naturalistes[2].
Notamment grâce aux efforts organisationnels de John Paul Scott (en) et de l'ornithologue Nicholas E. Collias[10], une Section of Animal Behavior and Sociobiology est créée en 1956 au sein de la Société américaine d'écologie (ESA) et réunit 300 membres. Une Division of Animal Behavior est créée au sein de l'ESA en 1958, et ces deux groupes fusionnent en 1964 pour donner naissance à l' Animal Behavior Society. Cette société conserve l'esprit initial de la sociobiologie telle que formulée par John P. Scott : la pluralité des méthodes d'étude du comportement animal, y compris les études naturalistes, est revendiquée.
Les deux incarnations suivantes de la sociobiologie (celle de Stuart A. Altmann en 1950/1960, puis celle de Edward Osborne Wilson) reflètent ce même souci de "faire alliance" entre naturalistes et champs voisins de la biologie animale, afin d'incorporer les nouvelles méthodes formelles et quantitatives aux études qui laissent plus de champ à l'observation en milieu naturel (écologie animale[11] et éthologie notamment)[9].
À la parution en 1975 de l'ouvrage de Edward O. Wilson intitulé Sociobiology: The New Synthesis, le terme "sociobiologie" devient de facto synonyme du projet défendu par son auteur, et les sens plus anciens du terme ne sont plus couramment utilisés.
Qu'est-ce que la sociobiologie ?
Selon le sociobiologiste Yves Christen, « la sociobiologie étudie comment des comportements peuvent assurer aux individus qui les possèdent de meilleures chances de succès évolutif »[12]. Laurent Dobuzinskis note à ce sujet que « l’hypothèse centrale de la sociobiologie consiste en ceci que les comportements animaux (et humains) ont une origine génétique et donc qu’ils résultent des effets de la sélection naturelle »[13].
D'après James D. Cadien, la sociobiologie « ne constitue pas une révolution » ; « ses principes de base remontent […] à la naissance de la biologie et du transformisme avec Lamarck et à l'élaboration du principe de sélection naturelle avec Darwin et Wallace »[14]. Dans le même ordre d'idées, le sociobiologiste français Pierre Jaisson ajoute que la sociobiologie « n’est pas une idéologie » et « n’est pas non plus une théorie »[15].
Sur un autre plan, le généticien Horowitz souligne que la « science s'est développée à une rapidité telle » depuis les années 1900 que « les histoires des sciences sont souvent rédigées du vivant des chercheurs » et « certains de ce nombre sont encore actifs »[16]. Le chef de file de la sociobiologie, Edward Osborne Wilson a justement continué à réviser et à modifier les fondements et les éléments théoriques de la sociobiologie tout au long de sa vie[17].
Cadre théorique
La naissance de la sociobiologie se situe dans le prolongement de précurseurs et de théoriciens scientifiques, plus précisément de Lamarck à Hamilton, en passant par Darwin, Wallace, Spencer, Mendel, de Vries, R.A. Fisher, J.B.S Haldane, Sewall Wright, Theodosius Dobzhansky, Julian Huxley, Ernst Mayr, Bernhard Rensch, George Gaylord Simpson, George Ledyard Stebbins.
John Alcock, biologiste américain spécialiste du comportement animal d'un point de vue évolutionniste, établit une distinction entre la sociobiologie et l'écologie comportementale, deux secteurs scientifiques qui s'emboîtent : « "L'écologie comportementale" est l'étude du lien évolutif entre le comportement d'un animal et son environnement ; la sociobiologie peut être considérée comme le volet de l'écologie comportementale qui explore les effets de l'environnement sur l'évolution du comportement. »[18].
Écologie comportementale
La sociobiologie apparait comme un champ inclus dans l'écologie comportementale, les deux disciplines différant par leur objet d'étude selon Frank Cézilly : alors que la sociobiologie est centrée sur l'analyse des interactions au sein des groupes ou sociétés animales, l'écologie comportementale traite de tous les comportements[19]. Thierry Hoquet considère pour sa part la sociobiologie et l'écologie comportementale comme des termes synonymes[20].
Dans une optique évolutive, l'écologie comportementale est à l’interface de l’écologie et des sciences du comportement. Ses contours sont vastes, et ont tendance à s’élargir, car la démarche sous-jacente, qui consiste à penser en termes de coûts, bénéfices et adaptation s’applique à tous les organismes et à toutes les questions. Des interfaces naturelles existent en aval avec les neurosciences et la physiologie d’une part, et en amont avec l’écologie des communautés et avec l’écologie écosystémique d’autre part. Les domaines de la biologie des populations (écologie et génétique) ou des relations durables sont englobés dans cette définition de l’écologie comportementale évolutive, tout comme une partie de la biologie de la conservation et des invasions. Par conséquent les mécanismes de l’origine et du maintien de la biodiversité sont pris en compte. L’écologie comportementale et les interactions durables et leurs implications écologiques sont représentées, tout comme le modèle d’étude des insectes sociaux.
Naissance de la sociobiologie de Wilson
Wilson commence à exposer les bases de la sociobiologie en 1971 dans son ouvrage The Insect Societies[21]. L'auteur y révèle vouloir créer, sous le nom de « sociobiologie », une nouvelle discipline scientifique[22]. Sachant que ce mot est déjà connu dans l'univers académique, il déclare l'avoir choisi dans le but de faciliter l'acceptation par ses pairs de sa nouvelle démarche[23]. C'est donc sans équivoque qu'il attribue le titre de « The Prospects for a unified Sociobiology » au dernier chapitre de ce volume. Il y expose une première description de la sociobiologie, de ses enjeux et de sa fécondité attendue[24]. Puis, en 1975, il en officialise la naissance par la publication de son nouvel ouvrage au titre explicite Sociobiology : The New Synthesis.
DĂ©finition
En 1975, Wilson présente une définition sommaire de la sociobiologie dans Sociobiologie : une nouvelle synthèse (1975)[25] : « La sociobiologie est l'étude systématique des bases biologiques de tous les comportements sociaux »[26]. En 1978, dans son nouvel ouvrage « On human Nature », Wilson estime indispensable d'apporter quelques précisions fondamentales au sujet de la sociobiologie. Il souligne qu'elle « est une branche importante de la biologie comportementale, laquelle devrait être reliée à la biologie des populations[27]. »
Edward O. Wilson précise, en tant que concepteur, que la sociobiologie est « une extension de la théorie de l'évolution et de la biologie des populations appliquée aux organisations sociales. »[note 1]
Thèmes
- La contradiction entre l'existence même de l'altruisme et la sélection naturelle, soulevée dès 1871 par Darwin et Wallace, est thématisée par la sociobiologie, notamment Edward O. Wilson, qui cherche à comprendre « comment l'altruisme, lequel par définition diminue la capacité individuelle d'adaptation, peut possiblement évoluer par sélection naturelle »[29] - [note 2] - [note 3].
- Le concept de sélection de parentèle de Hamilton est développé par Wilson dans son ouvrage Sociobiology: The New Synthesis. La première confirmation expérimentale est réalisée et publiée en 1976 dans la revue Science par les biologistes américains Robert Trivers et Hope Hare.
- Modèles empiriques
Critique de la sociobiologie
Déterminisme génétique
Un des postulats de la sociobiologie fait du comportement un trait semblable à un caractère physique (la couleur des cheveux, par exemple), trait susceptible d'être sélectionné au cours de l'évolution, et transmis héréditairement[31]. Des conduites violentes, sexistes, racistes, de domination ou de soumission seraient, selon la théorie sociobiologique, des adaptations évolutives. Elles auraient favorisé la transmission de certains ensembles de gènes. Il faudrait ainsi voir en elles le résultat de la sélection naturelle[32].
La sociobiologie a été critiquée parce qu'elle présente les inégalités socio-économiques comme des phénomènes héréditaires. Elle contribue ainsi à naturaliser des formes d'injustice dont l'explication serait plus vraisemblablement d'ordre politique et historique[33]. Cette nouvelle discipline s'inscrirait dans le sillage du «vieux» darwinisme social, auquel elle aurait ajouté l'habillage moderne de la génétique[34].
Il a été reproché à la sociobiologie de nier ou de minorer, dans son explication des comportements humains, le rôle des facteurs socio-historiques, et de majorer celui des facteurs biologiques, en particulier génétiques[35] - [36].
Les idéologies d'extrême-droite alléguant traditionnellement de prétendues « lois » biologiques pour justifier une conception hiérarchisée des groupes sociaux, la sociobologie a été de fait mobilisée au service des thèses de la droite la plus conservatrice[37].
Sexisme
Les études de sociobiologie insistent sur le caractère biologiquement déterminé du viol et de la division sexuée du travail. Les philosophes féministes reprochent à ces travaux de présenter la réforme des inégalités sociales entre hommes et femmes comme vouée à l'échec[38]. Ainsi Edward O. Wilson écrit en 1978 : « Il est avantageux pour les hommes d'être agressifs et volages. En revanche, il est plus avantageux pour les femmes d'être timides, d'observer une réserve jusqu'au moment où elles auront identifié les mâles possédant les meilleurs gènes. Les êtres humains obéissent fidèlement à ce principe biologique »[31]. De manière assez similaire, le sociobiologiste David P. Barash (en) écrit en 1979 : « Il y a de bonnes raisons de croire que nous sommes bien moins disposés, d'un point de vue génétique, à être sexuellement égalitaires, que nous ne le sommes en apparence » ; et « les hommes utilisant leur énergie physique autrement que les femmes, il est normal biologiquement qu'ils aient plus de goût pour le commerce et les affaires, et que les femmes préfèrent rester au foyer pour garder les enfants »[31].
La théorie sociobiologique du viol est considérée comme une manifestation par excellence de l'idéologie sexiste[39] et des biais androcentriques qui grèvent la sociobiologie[31]. Les hommes violeurs auraient, selon les sociobiologistes, plus de chances de se reproduire et de transmettre leurs gènes ; le viol serait par conséquent une adaptation évolutive avantageuse[31]. La philosophe de la biologie Elisabeth Lloyd a réfuté le primat accordé dans cette théorie à la sélection naturelle, au détriment d'autres facteurs évolutifs[31]. L'anthropologue féministe Emily Martin (en) a critiqué la conception sociobiologique du viol en soulignant le fait que le viol n'est pas un «trait statique», il prend des formes différentes selon les espèces animales et, chez l'être humain, selon les époques et les cultures[31].
Racisme
Sans pour autant croire à l'existence de races nettement séparées les unes des autres, Edward O. Wilson se demande toutefois si les différences observables dans les comportements sociaux d'une région à l'autre sont liées à des différences « raciales », le mot « race » recouvrant pour lui les variations génétiques qui déterminent des traits comme la couleur de la peau ou la taille[40]. Wilson déclare en effet ne pas ajouter foi à l'idée selon laquelle les comportements sociaux seraient déterminés par une histoire collective ou par un type d'éducation. L'hérédité permet, selon lui, de rendre compte des variations culturelles[40]. Le sociologue Paul Ladrière conclut de cette position de Wilson que, si elle ne permet pas d'affirmer absolument que la sociobiologie est raciste, « il est impossible d'affirmer que la question du rapport entre racisme et sociobiologie ne se pose pas »[40]. Selon lui, la sociobiologie peut être tenue pour en partie responsable des récupérations racistes dont elle a fait l'objet[40] - [41].
RĂ©ception de la sociobiologie par pays
Le livre de Wilson, Sociobiology : The New Synthesis, a provoqué des réactions variées, telles que, par exemple : « beaucoup d'applaudissements, certaines dénonciations politiques amères, quelques manifestations, un fatras de pop-sociobiologie dans les médias, des critiques techniques, des réponses à ces critiques et avec le temps beaucoup d'autres livres »[42].
Pendant les années 1960 aux États-Unis, la parution de Sociobiology est perçue comme une défense du naturalisme du comportement humain, avec une portée conservatrice. En réaction au développement de cette discipline scientifique se forme en 1975 le Sociobiology Study Group (en) ainsi que le Sociobiology Study Group of Science for the People (en). Ce dernier est formé d'universitaires dont les plus réputés sont affiliés à l'Université Harvard, où enseigne Edward O. Wilson. Ainsi, Stephen Jay Gould, Richard C. Lewontin et Marshall Sahlins dénoncent les effets socio-politiques pervers, selon eux, de la sociobiologie.
Aux États-Unis
Aux États-Unis, la parution en 1975 de Sociobiology : A New Synthesis, provoque des réactions immédiates. À côté des critiques élogieuses, l'ouvrage provoque de vives controverses, comme le rapporte le journaliste Nicholas Wade dans son article « Sociobiology : Troubled birth for a new discipline ». Wade signale que « le livre a été sévèrement critiqué au motif qu'il véhiculerait un message politiquement réactionnaire. Ces théories ont été tenues pour être analogues à celles de l'eugénisme nazi » ; ces polémiques sont l'expression d'un « débat scientifique — que d'aucuns estiment d'importance historique — sur la question de savoir dans quelle mesure le comportement humain est biologiquement déterminé »[43].
Le groupe Science for the People, formé dès 1969 pour lutter contre les dangers d'une mauvaise utilisation de la science[44], est très critique à l'égard de la sociobiologie. Il publie la déclaration suivante :
« Nous ne nions pas l'existence de composantes génétiques dans le comportement humain. Par contre, nous nous attendons à découvrir les universaux biologiques davantage dans les comportements généralisés tels que manger, excréter, dormir, plutôt qu'au niveau des habitudes hautement spécifiques et variables tels que la guerre, l'exploitation sexuelle des femmes et le recours à l'argent comme moyen d'échange. Edward Osborne Wilson rejoint les rangs du long défilé de déterministes biologiques dont les travaux ont servi de pilier aux institutions de leur société en les exonérant de leur responsabilité en matière de problèmes sociaux. De ce que nous avons vu de l'impact social et politique de ces théories dans le passé, nous croyons fermement devoir nous élever contre eux. Nous devons prendre la Sociobiologie au sérieux, non pas parce que nous pensons qu'elle fournit une base scientifique pour l'examen du comportement humain, mais parce qu'elle montre les signes d'une nouvelle vague des théories du déterminisme biologique »[45].
Le sociobiologiste Wilson a considéré pour sa part que ces critiques étaient liées au contexte de l'époque : « En 1975, la guerre du Vietnam prenait fin. En même temps, la Nouvelle Gauche dans l'académie était devenue quasi dominante et très violente à plusieurs égards, notamment durant les années 1960. Ce mouvement a impliqué une minorité d'étudiants et de professeurs. Néanmoins, ils étaient si bruyants et à ce point démonstratifs qu'ils tendaient à dominer le climat d'apprentissage dans l'académie. C'était une tendance très fâcheuse. Les principaux antagonistes — Stephen Jay Gould et Richard Lewontin par exemple, et plusieurs autres organisateurs du mouvement contre la sociobiologie — avaient pour but de l'étouffer dans l’œuf. Donc, ils vociféraient de façon extrêmement soutenue[46] - [note 4] »
En France
En France, le livre La sociobiologie, traduction de Sociobiology : The New Synthetis (1975) est publié en 1989[47]. La sociobiologie a été marginalisée par les milieux universitaires français[48]. Pourtant, les scientifiques francophones européens étaient parfaitement au fait de l'apparition de la sociobiologie aux États-Unis dans les ouvrages de 1971 et 1975. Cette discipline a été introduite en France pour un groupe d'extrême-droite, la Nouvelle Droite[49], qui y avait trouvé une justification de ses thèses inégalitaires et racistes[32].
Le décalage dans le temps et dans la présentation et les propriétés différentes du paysage intellectuel de l'époque modifient considérablement la nature des réactions suscitées par l'ouvrage d'Edward O. Wilson.
À la différence de Sociobiology, un autre ouvrage de Wilson publié en 1978 intitulé On Human Nature, une explication de la sociobiologie, est disponible en français dès l'année suivante sous le titre L'Humaine Nature. En 1985, le rapprochement entre la pensée d'Alfred Espinas pour la sociologie avec celle de Wilson en matière de sociobiologie fait déjà l'objet de discussions intellectuelles en Europe[50].
En Allemagne
En Allemagne, selon Sebastian Linke, la couverture médiatique de la sociobiologie est « déterminée par un contexte culturel spécifique, tant à l'intérieur qu'en dehors du domaine universitaire. Contrairement à la couverture médiatique dans d'autres pays, la sociobiologie a fait l'objet d'une présentation plus intense à l'occasion de la publicité faite aux bio-sciences modernes vers l'an 2000. À cette époque, la sociobiologie a été citée comme référence dans un débat sur l'influence de la génétique sur le comportement humain (le débat sur l'inné et l'acquis) qui n'avait pas eu lieu précédemment dans ce pays, à l'inverse de la situation existant dans le monde anglophone »[51].
Points de vue sur la sociobiologie
Le désordre théorique de la sociobiologie, constaté par Edward O. Wilson et David S. Wilson en 2007, inclut une désarticulation entre ses différents cadres de recherches[52].
Pseudo-science ?
En 1985, pour Patrick Tort, la sociobiologie est une "idéologie para-scientifique" « argumentable sur aucun des terrains scientifiques sur lesquels elle prétend s’appuyer »[53].
Jean-Marc Bernardini note que « Certains considérèrent que la sociobiologie trahissait le darwinisme scientifique et l'assimilèrent à un épiphénomène idéologique soit une justification scientiste du capitalisme libéral »[54].
En 2013, pour André Langaney :
« Partie d’une recherche naturaliste et de modèles mathématiques honorables, la sociobiologie est devenue une pseudo-science, digne du darwinisme social et de l’eugénisme, dont elle est incontestablement l’héritière idéologique. Son impact a été redoutable en psychologie où elle a donné naissance à une prétendue « psychologie évolutionniste, qui n’a rien à voir avec les théories actuelles de la génétique des populations et l’état actuel des sciences de l’évolution, mais qui prétend trouver, à tout comportement humain, un caractère adaptatif et une finalité en matière d’optimisation de la diffusion des gènes de son acteur[55]. »
Pour Jacques G. Ruelland, la sociobiologie humaine est « une théorie pseudo-scientifique qui anima les débats entre 1975 et 1985 »[56].
Levi-Strauss
Dans son ouvrage Le regard éloigné, publié en 1983, Claude Lévi-Strauss développe les tenants et les aboutissants de sa position d'ethno-anthropologuep. 49-62_61-0">[57].
Selon lui, l'entrée en scène des sciences biologiques dans le discours sur l'humain est un bienfait. Il juge souhaitable le fait que les débats sur l'inné et l'acquis, ainsi que sur le racisme « perdent leur caractère de dogme »p. 14_62-0">[58]. Cependant, quoique favorable à la génétique[59], surtout à celle des populations, Lévi-Strauss s'oppose, en 1983, aux prétentions de la sociobiologiep. 62_Wilson_en_1975_et_en_1978_64-0">[60]. Il soutient dans l'article "L'ethnologue devant la condition humaine" (Le Regard éloigné) que c'est la culture qui amène à modifier les gènes (en introduisant des règles de parenté), plutôt que l'inverse.
Il écrit « je n'ai pas attendu la vogue de la sociobiologie, ni même l'apparition du terme, pour poser certains problèmes; ce qui ne m'a pas empêché huit ans plus tard (chap II du présent recueil), de donner mon sentiment sur cette prétendue science, d'en critiquer le flou, les extrapolations imprudentes et les contradictions internes ».
Alain Testart
Alain Testart oppose la notion de culture, pour laquelle le chercheur adopte une perspective phylogénétique et une approche diachronique, et la notion de société pour laquelle le modèle sociobiologique ne peut se transposer et qu'il faut aborder selon une approche évolutionniste anthropologique et synchronique[61].
Point de vue d'un généticien
En 1980, Richard C. Lewontin, biologiste, généticien et épistémologue, caractérise la sociobiologie comme « une forme de déterminisme biologique selon lequel l'organisation sociale humaine résulte d'une contrainte des gènes sélectionnés durant l'évolution. En particulier, elle considère la domination du mâle, la hiérarchisation sociale, l'activité économique de l'entrepreneur, la territorialité ou l'agression comme des conséquences de la génétique humaine »[62]. Il estime en outre « démontré » que la théorie de la sociobiologie est « méticuleusement construite de manière à la rendre impossible à vérifier expérimentalement, qu'elle commet nombre d'erreurs fondamentales dans sa tentative de décrire la « nature humaine », qu'il n'existe aucune preuve de l'héritabilité des traits sociaux, et que les arguments évolutionnistes ne sont que des fictions fantaisistes sur l'adaptation »[62].
Point de vue d'un philosophe des sciences
En 1984, Arthur Caplan (en) explique à quel point « la parution de l'ouvrage volumineux de E.O. Wilson […] a déclenché des trépidations interdisciplinaires dont les vibrations se répercutent encore dans des parties de l'univers académique aussi éloignées que la philosophie. Cependant, en dépit du fait que tant d'attention ait été dirigée sur la sociobiologie, de l'intérieur comme de l'extérieur de l'université par admirateurs et détracteurs, des problèmes fondamentaux rattachés au sujet demeurent remarquablement obscurs… Par exemple, la plus fondamentale des questions que l'on puisse poser porte sur sa propre description […] ; rien approchant vaguement un consensus n'a émergé chez les philosophes ni chez les autres méthodologistes en ce qui concerne le statut conceptuel qui devrait revenir à la sociobiologie. Dans leur empressement à prononcer le sujet mort-né ou à célébrer son arrivée à titre de nouveau commencement en sciences sociales, théorie politique et psychologie morale, très peu a été dit en termes de méthodologie, au sujet de sa structure conceptuelle et de son statut théorique »[63].
Critique de l'essence de la sociobiologie
« Toute l'ingéniosité exercée à démontrer que tous les êtres humains sont essentiellement les mêmes pourrait être mieux utilisée à expliquer pourquoi nous devons tous être essentiellement les mêmes pour être éligibles aux droits de l'homme. Pourquoi devons nous être essentiellement les mêmes pour avoir des droits ? Pourquoi les gens qui sont fondamentalement différents ne peuvent-ils avoir les mêmes droits ? Jusqu'à ce qu'on réponde à cette question, je reste suspect des allégations continuelles sur l'existence et l'importance de la nature humaine »[64].
Point de vue d'une sociologue
La sociologue et historienne réputée Pr Ullica Segerstråle analyse de près l'évolution de la sociobiologie depuis son apparition durant les années 1970. En 2000, elle signale que le groupe Sociobiology Study Group of Science for the People est encore actif étant donné que ce mouvement de gauche agit avant tout au niveau politique. Aujourd'hui, cependant, la violence n'est plus au rendez-vous[note 5]. Or, aux yeux de Segerstale, ce constat de paix relative nuit à la compréhension du branle-bas explosif provoqué par la sociobiologie dans les années 1970 : « Le conflit soulevé par la sociobiologie est à considérer comme une bataille interminable sur la question de savoir ce qu'est une « bonne science » quant à la responsabilité sociale des scientifiques. Elle fait appel aux grands thèmes tels que l'unité de la connaissance, la nature de l'homme, le libre arbitre et le déterminisme. Wilson est tombé de plain pied dans ce nid de guêpe, là où nichent des revendications, réclamations, contre-réclamations, des préoccupations morales, des croyances métaphysiques, convictions politiques, hommes de paille, faux-fuyants, potins et ragots, ragots, ragots »[note 6] - [66].
En 2006[67], à la remarque « l'emprise de vos idées sur la sociobiologie surprendrait vos adversaires des années 1970 » , Wilson commente : « l'opposition est devenue pour ainsi dire silencieuse … La plupart des contestations provenaient des sciences sociales où la question était viscérale et quasiment universelle[note 7]. »
Formes vulgarisées de la sociobiologie
Dans les médias et sur le Web
Datée de 2014, la définition suivante est aisément accessible sur un site d'éducation populaire. « La sociobiologie est un champ d'étude scientifique basé sur l'hypothèse selon laquelle le comportement social est le résultat de l'évolution. Le comportement social est étudié et expliqué dans ce contexte. La sociobiologie analyse les comportements sociaux tels que les scénarios de reproduction, les luttes territoriales, la chasse en meute, et les sociétés d'insectes sociaux. La théorie stipule que la pression de sélection a conduit le règne animal à développer des manières avantageuses d'interagir avec l'environnement naturel et causé une évolution génétique de comportements sociaux avantageux »[68].
La relève prise par la psychologie évolutionniste
La psychologie évolutionniste s'est inscrite dans le sillage de la sociobiologie passablement discréditée[69]. Dans la conclusion de son article de 2015[70], le psychologue évolutionniste David Sloan Wilson (en) assure que les querelles sourcilleuses sur la valeur ou non des hypothèses sur les processus de sélection de parentèle et de sélection de groupe sont obsolètes.
« Dans cet article, écrit D.S. Wilson, j’ai présenté Richard Dawkins et E.O. Wilson comme deux experts parmi tant d'autres qui ont étudié la sélection de parentèle et la sélection de groupe s’échelonnant sur une période de plusieurs décennies. J'ai également affirmé qu'il y a une zone de consensus du plus grand nombre. Et que Dawkins et Wilson font tous deux l’erreur de ne pas reconnaitre que les prises de bec sur la sélection de parentèle contre la sélection de groupe sont terminées[note 8]. »
Bien que les ouvrages Sociobiologie : une nouvelle synthèse de Edward O. Wilson et Le gène égoïste de Richard Dawkins aient bâti un important échafaudage, Segerstråle explique en 2014 que « le paradigme de recherche moderne est basé sur un processus collectif et d'influences réciproques et de leadership réparti »[71].
Notes et références
Notes
- Wilson, On Human Nature (en), édition 2012, pages xix-xx, Preface 1978 : « Les retombées de la publication de Sociobiology m'ont conduit à étendre mes lectures sur le comportement humain ; j'ai aussi participé à plusieurs séminaires et échangé des écrits avec des scientifiques des sciences sociales. Je suis devenu plus que jamais persuadé que le temps est enfin arrivé de combler le fossé entre les deux cultures, et que la sociobiologie en général, qui est simplement l'extension de la biologie des populations et de la théorie de l'évolution à l'organisation sociale, est l'outil approprié pour le tenter. On human Nature consiste à explorer cette thèse. »« The aftermath of the publication of Sociobiology led me to read more widely on human behavior and drew me to many seminars and written exchanges with social scientists. I became more persuaded than ever that the time has at last arrived to close the fatuous gap tween the two cultures, and that general sociobiology which is simply the extension of population biology and evolutionary theory to social organization, is the appropriate instrument for the effort. On Human Nature is an exploration of that thesis. »
- Le mot « altruisme » n'est pas utilisé dans le même sens par tous. La population en général sait spontanément ce que ce mot veut dire et l'utilise dans le langage courant. À la différence, les spécialistes en biologie et en sociobiologie associent l'altruisme à son impact sur le potentiel de reproduction génétique d'un individu en le combinent à des calculs mathématiques savants. Ainsi, l'expression capacité d'adaptation est évaluée au nombre de descendants viables créés par un individu.
- En 1998, dans Consilience, Wilson rappelle que « dans les années 1970 […] l'altruisme constituait le problème central de la sociobiologie à la fois chez les animaux et les humains »[30].
- « 1975 was the last year of the Vietnam War. It was also the twilight of the New Left in the academy, which had become almost dominant and very violent in several respects in the '60s. It involved a minority of students and professors, but nonetheless, they were so vocal and demonstrative that they tended to rule the learning climate in the academy. It was a very unfortunate trend. The main antagonists -- Stephen Jay Gould and Richard Lewontin for example, and several others who organized the movement against it -- their idea was to strangle it in the crib. So their language was extremely strong »
- Pour aller plus loin : Science for the People 1975 et Science for the People 1976.
- « The conflict over sociobiology is best interpreted as a drawn-out battle about the nature of good science and the social responsibility of the scientist, while it touches on such grand themes as the unity of knowledge, the nature of man, and free will and determinism. The author has stepped right into the hornet's nest of claims and counterclaims, moral concerns, metaphysical beliefs, political convictions, strawmen, red herrings, and gossip, gossip, gossip »[65]
- « R.Coniff - Your adversaries from the 1970s would be appalled by how much your ideas about sociobiology have taken hold. - EO Wilson : The opposition has mostly fallen silent … Most of the opposition came from the social sciences, where it was visceral and almost universal »
- In this article, I have described Richard Dawkins and E.O. Wilson as two among many who have been studying kin selection and group selection over a period of decades. I also have claimed that there is a zone of consensus of the many and that both Dawkins and Wilson are outliers who fail to recognize that the days of pitting kin selection against group selection are over[70].
Références
- (en) Chandler Davis, La sociobiologie et son explication de l'humanité, (lire en ligne), p. 531.
- (en) Clement Levallois, « The Development of Sociobiology in Relation to Animal Behavior Studies, 1946–1975 », Journal of the History of Biology, vol. 51, no 3,‎ , p. 419–444 (ISSN 0022-5010 et 1573-0387, DOI 10.1007/s10739-017-9491-x, lire en ligne, consulté le )
- Guillaume 1985, p. 139
- Morache 1902
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- Wilson 1998, Chapitre 10, p. 170« In the 1970's, as I stressed in my early syntheses, altruism was the central problem of Sociobiology in both animals and humans. »
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- « Du point de vue de la stratégie et des enjeux, le darwinisme social et la sociobiologie suivent un seul et même axe argumentatif : il s’agit de convaincre du caractère naturel, car héréditairement prescrit, des inégalités sociales, économiques, voire culturelles ou raciales », Patrick Tort, «Darwin contre la sociobiologie», dans Patrick Tort (dir.), Misère de la sociobiologie, P.U.F., (lire en ligne)
- «Les propositions de la sociobiologie minimisent les aptitudes acquises par apprentissage, les caractères et les attitudes culturels, voire les excluent de toute participation importante au maintien et à l’évolution des groupes sociaux. Si ces propositions peuvent s’entendre sans trop de réflexion pour des populations d’insectes, elles sont beaucoup moins « instinctivement » recevables s’agissant des populations de vertébrés […] en particulier dans l’espèce humaine», « Sociobiologie », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
- Georges Guille-Escuret, «La culture contre le gène : une alternative piégée», dans Patrick Tort (dir.), Misère de la sociobiologie, P.U.F., (lire en ligne)
- «La principale caractéristique de la sociobiologie est d’être un instrument biologique de négation des déterminations historiques sur le social. Si cet instrument séduit en priorité la droite la plus réactionnaire, ce n’est pas à cause de sa construction théorique mais en fonction de l’appropriation désormais traditionnelle, par l’extrême droite, de « lois » biologiques comme source de légitimation», Georges Guille-Escuret, «La culture contre le gène : une alternative piégée», dans Patrick Tort (dir.), Misère de la sociobiologie, P.U.F., (lire en ligne)
- «The worry is that these studies of the evolution of human behavior cast behaviors such as violence against women, wives, and children, and the sexual division of labor as biologically determined, hence making attempts at social change seem futile»,(en) Carla Fehr, « Feminist Philosophy of Biology », dans The Stanford Encyclopedia of Philosophy, Metaphysics Research Lab, Stanford University, (lire en ligne)
- «La sociobiologie étaye ses thèses sexistes sur des données biologiques mal utilisées», Jacques G. Ruelland, « 11. L’idéologie de la sociobiologie », dans L’empire des gènes : Histoire de la sociobiologie, ENS Éditions, coll. « La croisée des chemins », (ISBN 978-2-84788-437-1, lire en ligne), p. 231–257
- Paul Ladrière, « La sociobiologie et le racisme », Ethnologie française, vol. 18, no 2,‎ , p. 177–181 (ISSN 0046-2616, lire en ligne, consulté le )
- Voir également Jacques G. Ruelland : «Parmi les idées scientistes véhiculées par la sociobiologie humaine, il y a le sexisme, l’eugénisme et le racisme, qui ont en commun le fait de constituer un raisonnement où l’on infère l’inégalité de la diversité», Jacques G. Ruelland, « 11. L’idéologie de la sociobiologie », dans L’empire des gènes : Histoire de la sociobiologie, ENS Éditions, coll. « La croisée des chemins », (ISBN 978-2-84788-437-1, lire en ligne), p. 231–257
- Turney, J. (2013). "Ullica Segerstråle - Defenders of the Truth. Overview." « The book evoked a startling range of responses : many plaudits; some bitter political denunciations and a few demonstrations; a welter of pop-sociobiology in the media; technical critiques; replies to the critics; and in time many more books. »
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- (en) Bill Zimmerman, Len Radinsky, Mel Rothenberg et Bart Meyers, « Towards A Science For The People », sur Cursos, investigaciones y materiales de divulgaciĂłn crĂtica, Coordinacion naturaleza ciencia y sociedad, « […] la science est inĂ©vitablement politique […] le contexte du capitalisme d'entreprise amĂ©ricaine contemporaine […] contribue grandement Ă l'exploitation et Ă l'oppression de la plupart des gens Ă la fois dans ce pays et Ă l'Ă©tranger. Nous rĂ©clamerons une rĂ©orientation du travail scientifique et nous suggĂ©rerons des moyens grâce auxquels les travailleurs scientifiques pourront diriger leurs recherches vers la rĂ©alisation de changements sociaux significatifs («We will argue below that science is inevitably political, and in the context of contemporary American corporate capitalism, that it contributes greatly to the exploitation and oppression of most of the people both in this country and abroad. We will call for a re-orientation of scientific work and will suggest ways in which scientific workers can re-direct their research to further meaningful social change») »
-
- (en) Stephen Jay Gould, Richard D. Lewontin, Barabara Beckwith, Jon Beckwith, Steven Chorever, David Culver, Margaret Duncan, Ruth Hubbard, Hiroshi Inouye, Anthony Leeds, Chuch Madansky, Larry Miller, Reed Pieritz, Herb Shreir et Elizabeth Allen, « Against “ Sociobiology ” : In Response to Mindless Societies Mindless Societies, 7 août 1975 », The New York Review of Books, New-York,‎ (lire en ligne, consulté le )We are not denying that there are genetic components to human behavior. But we suspect that human biological universals are to be discovered more in the generalities of eating, excreting and sleeping than in such specific and highly variable habits as warfare, sexual exploitation of women and the use of money as a medium of exchange. Wilson joins the long parade of biological determinists whose work has served to buttress the institutions of their society by exonerating them from responsibility for social problems.From what we have seen of the social and political impact of such theories in the past, we feel strongly that we should speak out against them. We must take “Sociobiology” seriously, then, not because we feel that it provides a scientific basis for its discussion of human behavior, but because it appears to signal a new wave of biological determinist theories.
- (en) Stephen Jay Gould, Richard D. Lewontin, Barabara Beckwith, Jon Beckwith, Steven Chorever, David Culver, Margaret Duncan, Ruth Hubbard, Hiroshi Inouye, Anthony Leeds, Chuch Madansky, Larry Miller, Reed Pieritz, Herb Shreir et Elizabeth Allen, « Against “ Sociobiology ” : In Response to Mindless Societies Mindless Societies, 7 août 1975 », The New York Review of Books, New-York,‎ (lire en ligne, consulté le )
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- Guillaume 1985, p. 139.
- (en) Sebastian Linke, « Contexts constrain science in the public : How the sociobiology debate was (not) presented in the German press », Public Understanding of Science, Sage Journals, vol. 21, no 6,‎ , p. 753 (DOI 10.1177/0963662510394250, présentation en ligne)« The German media coverage of SB was constrained by a specific cultural context, both inside and outside academia. Contrary to the international academic discourse and media coverage elsewhere, SB was presented most intensely with the publicity of the modern bio-sciences around the turn of the millennium. In this period, SB was cited as a reference for a debate about genetic influences on human behaviour (the nature-nurture debate), which had not previously happened in this country, as compared to in the Anglophone world »
- Wilson et Wilson 2007, p. 327« Current sociobiology is in theoretical disarray, with a diversity of frameworks that are poorly related to each other. »
- «Misère de la sociobiologie», ouvrage collectif sous la coordination de Patrick Tort, éditions des Presses Universitaires de France, Paris, 1985, Avant-propos de P.Tort, p. 5
- Jean-Marc Bernardini, Le darwinisme social en France (1859-1918): Fascination et rejet d’une idéologie, CNRS Éditions, Paris, 2013
- André Langaney, «Les animaux ne s’accouplent pas pour faire des enfants ! Finalité, comportement, évolution», revue : Les amis du muséum national d'histoire naturelle, n°253, mars 2013 https://www.mnhn.fr/sites/mnhn.fr/files/documents/253_publication_sam_mars2013.pdf
- Jacques G. Ruelland, L'empire des gènes: Histoire de la sociobiologie, ENS Éditions, 30 janv. 2014
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- p. 14-62" class="mw-reference-text">Lévi-Strauss 1983, Préface p.14-15 et Chapitre II « L'ethnologue devant la condition humaine », p. 14.
- « Reconnaître que les généticiens y font passer un grand souffle d'air frais, écrit Lévi-Strauss, me valait le reproche d'introduire le loup dans la bergerie », Lévi-Strauss, 1983, Préface p.14-15 et Chapitre II « L'ethnologue devant la condition humaine », p. 15
- p. 62_Wilson_en_1975_et_en_1978-64" class="mw-reference-text">LĂ©vi-Strauss 1983, Bibliographie chapitre II, p. 62 Wilson en 1975 et en 1978.
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- Cadien 1979, p. 758« In many ways sociobiology is not a revolution, that its basic claims have roots far back in biology and evolutionary thought, and that this is merely the time which some scientists feel is right to dredge them to the surface again […] Nor has anything even vaguely resembling a consensus emerged among philosophers and other methodologists as to the conceptual status that ought to be accorded to sociobiology. In their eagerness to either pronounce the subject stillbolrn or to hais its arrival as a new beginning for social science, political theory and moral psychology, very little has been said, from a methodological point of view, about sociobiology's conceptual structure and theorical status »
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Annexes
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Bibliographie critique
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- «Misère de la sociobiologie» de Pascal Acot, Jean-Pierre Gasc, Jacques Gervet, Jean-Michel Goux, Georges Guille-Escuret, André Langaney, Patrick Tort, éditions Presses Universitaires de France, Paris, 1985
- Murray Bookchin, Sociobiologie ou écologie sociale, éd. Ateliers de création libertaire, 1993 (ISBN 2-905691-55-7)
- Jacques G. Ruelland, L'Empire des gènes : Histoire de la sociobiologie, Montréal, Lyon, ENS Éditions, coll. « La Croisée des chemins », 2004, 326 p. (ISBN 9782847884371).
Liens externes
- Yves Christen, « La logique du vivant : Conférence Cercle Ernest Renan », Daily Motion,
- Régis Meyran et Georges Guille-Escuret, « Quand la sociobiologie américaine met le feu aux poudres : Pomme de discorde et controverses », France Culture. La Marche des sciences par Aurélie Luneau,
- Neimad de Projet 22, « Les théories de l'évolution : La théorie du gène égoïste de Richard Dawkins et Georges Williams et la sociobiologie »,
- Paula Casal, « L'amour, pas la guerre. Sur la chimie du bien et du mal », Projections 9, 2016.
- Yves Christen, « L'animal est-il une personne ? », Daily Motion Flamarion,
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- (en) Encyclopedia of Alabama : Edward O. Wilson.
- (en) Stanford Encyclopedia of Philosophy. Sociobiology.
- (fr) sociobiologie.com.
Articles connexes
- Biologisme
- Canon de Morgan
- Critique de la théorie sociobiologique du viol
- Écologie comportementale
- Éthologie
- Éthologie humaine
- Évolution de l'altruisme
- Le gène égoïste
- Mon oncle d'Amérique
- Psychologie Ă©volutionniste
- Ratopolis
- SĂ©lection de groupe
- Sélection de parentèle
- SĂ©lection multi-niveaux
- SĂ©lection naturelle
- SĂ©lection sexuelle
- Territoire en biologie