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Histoire naturelle

Le terme d’histoire naturelle est apparu en français au XVIe siĂšcle pour dĂ©signer les livres dĂ©crivant les objets de la nature. Au XXIe siĂšcle, le MusĂ©um national d'histoire naturelle[1] propose une dĂ©finition du terme « histoire naturelle » :

« Historiquement, c'est l'enquĂȘte, la description de tout ce qui est visible dans le monde naturel : animal, vĂ©gĂ©tal, minĂ©ral. »

Tableau de l'histoire naturelle, 1728, Cyclopaedia.
Anémones de mer, dessins de Ernst Haeckel (extrait de Kunstformen der Natur de 1904).
Catalogue de 1909 de la collection d'histoire naturelle du lycée Michelet à Vanves.
Au MusĂ©um national d'histoire naturelle, dont le siĂšge est Ă  Paris, l’histoire naturelle est une approche globale et interdisciplinaire.
Jan Czekanowski, président de la Société Copernic des naturalistes polonais (1923-1924). Monument à Szczecin, Pologne.
L'Arbre de la vie reprĂ©sentĂ© par Ernst Haeckel dans L'Ă©volution de l'homme (1879) illustre la vision du XIXe de l'Ă©chelle des ĂȘtres selon laquelle l'Ă©volution Ă©tait un processus menant Ă  l'apparition de l'homme.
Arbre à « bulles », stylisé à des fins pédagogiques, typique de la systématique évolutionniste.
Schéma des trois grands domaines du « buisson » de l'histoire évolutive du vivant selon la classification phylogénétique : les Archées et Bactéries (Procaryotes) et les Eucaryotes.

Le Manifeste du MusĂ©um (2017)[2] prĂ©cise que l'Ă©tude de la diversitĂ© des sociĂ©tĂ©s humaines fait partie intĂ©grante de l'histoire naturelle : le musĂ©e de l'Homme, musĂ©e d'anthropologie, fait d'ailleurs partie du MusĂ©um national d'histoire naturelle, qui dispose de plusieurs chaires d'anthropologie. Le MusĂ©um signale que les conceptions de l'histoire naturelle n’ont cessĂ© d’évoluer au cours du temps, en citant Ă  tour de rĂŽle des savants tels que Carl von LinnĂ©, Georges-Louis Leclerc de Buffon, Jean-Baptiste de Lamarck et Charles Darwin, pour conclure que :

« L’histoire naturelle aujourd’hui, c’est l’étude de la diversitĂ© du monde vivant et du monde minĂ©ral et de ses interactions avec l'homme. C’est comprendre comment cette diversitĂ© s’est construite et quelle est sa dynamique. »

François Terrasson, professeur au MusĂ©um, ajoute qu’« en histoire naturelle comme en mĂ©decine, les gĂ©nĂ©ralistes, avec leur vision d’ensemble, c’est-Ă -dire les naturalistes, sont aussi indispensables que les spĂ©cialistes, avec leur capacitĂ© d’expertise chacun dans son domaine »[3].

Origines du terme

Traduction littĂ©rale de l’Historia naturalis de Pline, le terme d’« histoire naturelle » apparaĂźt en français dans la seconde moitiĂ© du XVIe siĂšcle, mais la dĂ©marche d’observation et de description systĂ©matique de la nature date de l’AntiquitĂ© avec Aristote, ThĂ©ophraste, Antigone de Karystos et Pline l'Ancien. Il convient ici d'entendre « histoire » dans son sens antique de « enquĂȘte, recherche »[2].

Évolutions du terme

Selon la dĂ©finition qu’en donne Herman Boerhaave (1668-1738) dans la prĂ©face du Botanicon Parisiense de SĂ©bastien Vaillant (1669-1722)[4] :

« On appelle histoire naturelle la connaissance des choses, qui sont produites dans l’Univers, et que les hommes peuvent dĂ©couvrir par les sens. Entre toutes les sciences qui ont Ă©tĂ© cultivĂ©es par l’industrie des hommes celle-ci a toujours passĂ© avec raison pour une des principales. »

Au XVIIe et plus encore au XVIIIe siĂšcle, l’expression sert Ă  dĂ©signer l’étude des objets observables, tant en astronomie, qu’en botanique, en zoologie ou en gĂ©ologie. À l’époque, le spĂ©cialiste de l’histoire naturelle est un naturaliste.

Avec le dĂ©veloppement des connaissances, l’histoire naturelle se divise en nombreuses spĂ©cialitĂ©s, au point que la dĂ©marche « naturaliste » et le mĂ©tier de « naturaliste » (gĂ©nĂ©raliste) disparaissent dans le courant du XXe siĂšcle. SimultanĂ©ment, sous l’influence de l’idĂ©ologie de la « lutte de l’Homme civilisĂ© contre la nature sauvage »[3] les mots mĂȘmes « histoire naturelle » prennent une connotation archaĂŻsante, tandis que biologiste et sciences naturelles acquiĂšrent par contraste une aura de modernitĂ©.

Comme le fait remarquer Yves Delange du MusĂ©um national d'histoire naturelle, Ă  Paris, il y a trop souvent eu opposition entre « naturaliste » (professionnel ou amateur) et « biologiste ». En français contemporain, le terme « sciences naturelles » (qui n'est pas un synonyme stricto sensu de science de la nature), remplace Ă  peu prĂšs la dĂ©nomination « histoire naturelle ». Celle-ci est parfois perçue Ă  tort comme vieillotte malgrĂ© la modernitĂ© des recherches pluri-disciplinaires menĂ©es, par exemple, au MusĂ©um national d'histoire naturelle. En fait, le terme « histoire » renvoie Ă  son sens Ă©tymologique : « histoire » vient du grec ancien áŒ±ÏƒÏ„ÎżÏÎŻÎ± / historĂ­a, signifiant « enquĂȘte, connaissance acquise par l'enquĂȘte », qui lui-mĂȘme vient du terme ጔστωρ / hĂ­stƍr, « qui sait, qui connaĂźt (la loi), juge ». Ainsi, l'« histoire naturelle » est une enquĂȘte approfondie sur la nature, pour continuer Ă  acquĂ©rir des donnĂ©es. Ce terme, « histoire », peut aussi ĂȘtre interprĂ©tĂ©, Ă  la lumiĂšre de l'approche actuelle de cette discipline, comme l'histoire de notre planĂšte, de la vie (palĂ©ontologie) et de la lignĂ©e humaine (anthropologie). Selon cette vision rĂ©cente de ce que serait l'« histoire naturelle », le terme « naturelle » renverrait alors Ă  la biodiversitĂ© actuelle de notre planĂšte. Au XXIe siĂšcle, l'« histoire naturelle » est ainsi plus que jamais d'actualitĂ© en tant qu'approche systĂ©mique pluridisciplinaire, englobant sans les opposer aussi bien l'humain que la nature, l'environnement que le dĂ©veloppement, la prĂ©servation que la valorisation[5].

Pour simplifier, on peut estimer que les sciences naturelles englobent les disciplines suivantes :

En revanche, les Sciences naturelles se différencient nettement des sciences formelles et des sciences humaines et sociales telles que :

Le besoin d’une vision globale et interdisciplinaire subsiste nĂ©anmoins, ce qui dĂ©veloppe, dans le dernier quart du XXe siĂšcle, de nouvelles approches comme la gĂ©onomie (dont l’apparition date du dĂ©but du XXe siĂšcle, mais qui avait Ă©tĂ© occultĂ©e par l’évolution prĂ©cĂ©dente). Avec les progrĂšs de la gĂ©nĂ©tique, l’interconnexion des savoirs, l’approche gĂ©onomique et la popularitĂ© du « dĂ©veloppement durable » (quelles qu’en soient les interprĂ©tations, les instrumentalisations ou les degrĂ©s de comprĂ©hension), l’histoire naturelle devient progressivement une « histoire globale » de l’Univers, du systĂšme solaire et surtout de la planĂšte Terre, une histoire interdisciplinaire Ă  la fois cosmogonique, physique, chimique, biologique et humaine. Des livres comme The richness of Life[6] (sous la direction de Stephen Jay Gould), Les Mondes disparus d'Éric Buffetaut et Jean Le Loeuff, Classification phylogĂ©nĂ©tique du vivant de Guillaume Lecointre et HervĂ© Le Guyader ou encore le Guide critique de l'Ă©volution de Guillaume Lecointre, Corinne Fortin, GĂ©rard Guillot et Marie-Laure Le Louarn-Bonnet, relĂšvent de cette nouvelle « histoire naturelle globale ». À ce sujet, Jean-RenĂ© Vanney[7] Ă©crit :

« [cette relation] ne devrait pas ĂȘtre un Ă©grĂšnement d'Ă©vĂ©nements dans le temps, ni une chronique de tel ou tel phĂ©nomĂšne, plutĂŽt une gerbe liant les faits dans leur globalitĂ©. »

— Jean-RenĂ© Vanney, MystĂšre des abysses (p. 54)

Évolution des informations visuelles en histoire naturelle

Exemple des oursins :

Notes et références

Notes

    Références

    1. Site officiel du MNHN: voir
    2. Luc Abbadie, Gilles BƓuf, Allain Bougrain-Dubourg, Claudine Cohen, Bruno David, Philippe Descola, Françoise Gaill, Jean Gayon, Thierry Hoquet, Philippe Janvier, Yvon Le Maho, Guillaume Lecointre, ValĂ©rie Masson-Delmotte, Armand de RicqlĂšs, Philippe Taquet, StĂ©phanie ThiĂ©bault et FrĂ©dĂ©rique Viard, Manifeste du MusĂ©um : Quel futur sans nature ?, Paris, Reliefs/MNHN, , 80 p. (ISBN 978-2-8565-3811-1, lire en ligne).
    3. François Terrasson : La Peur de la nature, éd. Sang de la Terre, 1988
    4. Sébastien Vaillant (1727). Botanicon Parisiense ou Dénombrement par ordre alphabétique des plantes qui se trouvent aux environs de Paris, Jean & Herman Verbeek et Balthazar Lakeman (Leyde et Amsterdam) : ca 260 p. + 33 pl.
    5. Yves Delange, Plaidoyer pour les sciences naturelles : Dùs l'enfance, faire aimer la nature..., Éditions L'Harmattan, Paris, 2009, p. 39-41. (ISBN 978-2296-07991-5)
    6. « Table of contents for The richness of life », sur catdir.loc.gov (consulté le )
    7. François Carré et Loïc Ménanteau, « Jean-René VANNEY », sur Géomorphologie : relief, processus, environnement, (consulté le )

    Annexes

    Articles connexes

    Bibliographie

    Liens externes

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