AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Théophraste

ThĂ©ophraste (en grec ancien Î˜Î”ÏŒÏ†ÏÎ±ÏƒÏ„ÎżÏ‚ / TheĂłphrastos) est un philosophe de la GrĂšce antique nĂ© vers Ă  EresĂłs[1] (Lesbos) et mort vers [2] Ă  AthĂšnes. ÉlĂšve d’Aristote, il est le premier scholarque du LycĂ©e, de 322 Ă  sa mort ; botaniste et naturaliste, polygraphe ou encore alchimiste.

ThĂ©ophraste (Î˜Î”ÏŒÏ†ÏÎ±ÏƒÏ„ÎżÏ‚)
Statue de Théophraste dans le jardin botanique de Palerme.
Naissance
DĂ©cĂšs
Formation
École/tradition
Principaux intĂ©rĂȘts
ƒuvres principales
Influencé par
A influencé
Adjectifs dérivés
théophrastéen

Selon ThĂ©ophraste, l’ambition lĂ©gitime du savant est de parvenir, malgrĂ© les obstacles et les difficultĂ©s, Ă  Ă©noncer les causes de ce qu’il constate et analyse, Ă  quoi il ne parvient qu’en manifestant Ă  l'Ă©gard des thĂ©ories gĂ©nĂ©rales une attitude critique qui le conduit Ă  accumuler les observations, recourir Ă  l’analogie et construire de nouvelles hypothĂšses, si c’est pertinent[3] ; l’aporie dans l’utilisation d’une thĂ©orie impose la recherche[4]. Il faut exhorter les hommes Ă  acquĂ©rir plutĂŽt de la science qu'Ă  compter sur les richesses. Il est typique de ThĂ©ophraste de retrouver plusieurs explications, et de tenter de distinguer les circonstances dans lesquelles elles ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©es.

L’importance qu'il accorde Ă  l'observation directe et Ă  la description prĂ©cise et rigoureuse marque une rupture avec les auteurs qui, avant lui, avaient Ă©tudiĂ© les plantes. Pour ThĂ©ophraste, c'est l'apanage du savant de n’ĂȘtre pas un Ă©tranger hors de sa patrie, de ne point manquer de personnes qui l’aiment aprĂšs avoir perdu ses amis, d'ĂȘtre citoyen dans toutes les villes du monde, de braver et de mĂ©priser les revers de la fortune.

Épicure et LĂ©ontion avaient tous, d’aprĂšs CicĂ©ron et Plutarque, Ă©crit un ouvrage intitulĂ© Contre ThĂ©ophraste[5] - [6] ; celui d’Épicure comptait quatre livres. Le gĂ©ographe DicĂ©arque a adressĂ© certains de ses ouvrages, certaines de ses cartes et leurs explications Ă  l’attention de ThĂ©ophraste.

Biographie

Fils du foulon MĂ©lantas[7], de Lesbos, il naquit le 5 de HĂ©catombeion dans la102e Olympiade, sous le nom de Tyrtamos (en grec ancien Î€ÏÏÏ„Î±ÎŒÎżÏ‚)[8] ; c’est Aristote qui le surnomma « ThĂ©ophrastos », littĂ©ralement « divin parleur ».

DiogĂšne LaĂ«rce affirme que ThĂ©ophraste a Ă©tĂ© disciple de Platon[9] - [10]. Selon l’historien de la philosophie et philologue Werner Jaeger, il est possible mais peu vraisemblable qu'il ait suivi les cours de Platon Ă  AthĂšnes ; il est plus probable que, venant de Lesbos, il ait rejoint Aristote et d’autres membres de l’AcadĂ©mie Ă  Assos, oĂč ce dernier s’était installĂ© auprĂšs d’Hermias en [11].

ThĂ©ophraste se lie d’amitiĂ© avec CallisthĂšne, Ă  qui il dĂ©diera son CallisthĂšne. Dans son Ăźle natale, il combat la tyrannie locale et parvient, avec son compatriote Phidias, Ă  en dĂ©barrasser ÉrĂšse[12] - [13] C’est probablement sous son influence qu’Aristote quitte Assos pour s’installer Ă  MytilĂšne dans l’üle de Lesbos, oĂč il enseigne jusqu’en 344/343[14].

L’école pĂ©ripatĂ©ticienne, comme association lĂ©gale reconnue par la citĂ©, a Ă©tĂ© fondĂ©e non par Aristote qui Ă©tait mĂ©tĂšque, mais par ThĂ©ophraste, lequel, quoique mĂ©tĂšque lui aussi, parvint Ă  obtenir de DĂ©mĂ©trios de PhalĂšre une dĂ©rogation. C'est Ă  ThĂ©ophraste qu'Aristote lĂ©gua ses biens dans un testament que l’on possĂšde encore[15]. L’école devient alors une association cultuelle. AprĂšs la bataille de ChĂ©ronĂ©e, ThĂ©ophraste revient Ă  AthĂšnes ; Aristote y a dĂ©jĂ  ouvert son Ă©cole au LycĂ©e et ThĂ©ophraste y suit les cours de son ancien condisciple, Ă  qui il succĂšde en lorsqu’Aristote part pour Chalcis[N 1].

En , le philosophe DĂ©mĂ©trios de PhalĂšre gouverne AthĂšnes et concĂšde Ă  ThĂ©ophraste, dont il fut l’élĂšve, le droit de possĂ©der des biens immobiliers, bien qu’il fĂ»t mĂ©tĂšque comme son prĂ©dĂ©cesseur. ThĂ©ophraste achĂšte un jardin oĂč il organise l’école aristotĂ©licienne sur le modĂšle de celle de Platon, fondation qui a pour but la concrĂ©tisation de la vie contemplative et spĂ©culative : outre un sanctuaire des Muses, le jardin comprend un grand portique avec des cartes gĂ©ographiques en pierre[16] et plusieurs salles de cours[17]. En [18], AthĂšnes est prise par DĂ©mĂ©trios PoliorcĂšte pendant prĂšs de trois ans[19], et la chute de DĂ©mĂ©trios de PhalĂšre entraĂźne la persĂ©cution des philosophes : les Ă©coles de philosophie sont visĂ©es par une loi d’un certain Sophocle de Sounion[N 2] interdisant aux philosophes de tenir Ă©cole sans le consentement du peuple et de la BoulĂš, sous peine de mort. ThĂ©ophraste et tous les philosophes s’exilent volontairement[20]. Cette loi, dĂ©fendue par DĂ©mocharĂšs, le neveu de DĂ©mosthĂšne, est abrogĂ©e l’annĂ©e suivante Ă  l’initiative de Philon, ancien Ă©lĂšve d’Aristote[21] : les philosophes reviennent Ă  AthĂšnes et Sophocle doit payer une amende de cinq talents[22].

Aristote, Théophraste, et Straton de Lampsaque.

RappelĂ© et rĂ©tabli dans ses fonctions en , ThĂ©ophraste revient Ă  AthĂšnes, oĂč il vit dĂšs lors, entourĂ© de nombreux disciples. Son Ɠuvre considĂ©rable compterait, selon DiogĂšne LaĂ«rce (V, 50), 300 livres totalisant 232 850 lignes[23].

Mort

À sa mort, ThĂ©ophraste lĂšgue par testament le jardin de son Ă©cole en ces termes : « Je donne le jardin, la promenade et toutes les maisons attenantes au jardin Ă  ceux, parmi les amis dont la liste suit, qui s'engagent Ă  y Ă©tudier et philosopher ensemble de façon permanente — sachant bien qu'il n'est pas possible Ă  tous les hommes d'avoir un sĂ©jour permanent — sans qu'aucun d'entre eux les aliĂšne ni se les approprie, mais comme si c'Ă©tait un temple qu'ils possĂ©daient en commun, et en se comportant dans leurs relations mutuelles Ă  la façon de parents et d'amis, comme il est convenable et juste qu'ils le fassent. »[24] - [25]. Il se fait ensevelir dans un coin de ce jardin oĂč est Ă©levĂ© un monument funĂ©raire[16].

Disciples

À la tĂȘte du LycĂ©e, ThĂ©ophraste eut, selon la tradition, plus de deux mille Ă©lĂšves, parmi lesquels on peut mentionner Straton de Lampsaque, qu’il choisit pour successeur ; AristoxĂšne de Tarente, qui alla jusqu’à l’insulter lorsque son maĂźtre lui prĂ©fĂ©ra Straton pour successeur; NĂ©lĂ©e de Scepsis, fils du disciple de Socrate Coriscos[26] ; Nicomaque, fils d’Aristote ; ProclĂšs ainsi que DĂ©marate, dont la mĂšre est Pythias, la fille d’Aristote. On mentionnera aussi les noms de MĂ©nandre et Bion de BorysthĂšne[N 3]. Par ailleurs, un de ses esclaves, du nom de Pompyle, devint un philosophe pĂ©ripatĂ©ticien distinguĂ©[27]. Il fut affranchi et fit partie des lĂ©gataires du testament de ThĂ©ophraste[28].

MĂ©nandre fondait ses comĂ©dies sur une caractĂ©rologie hĂ©ritĂ©e de ThĂ©ophraste[29]. Certains titres de MĂ©nandre correspondent aux CaractĂšres de ThĂ©ophraste : Apistos (Le MĂ©fiant)[30] ; Le Dyscolos (Le Bourru)[31]. Le poĂšte latin Virgile s'est Ă©galement inspirĂ© de ThĂ©ophraste[32], ainsi que de LucrĂšce[32]. Plutarque a Ă©crit que le philosophe stoĂŻcien ZĂ©non de Cition lui dit, devant la foule d’élĂšves de ThĂ©ophraste, que celui-ci avait « un chƓur plus nombreux que le sien, mais moins harmonieux »[33].

Personnalité de Théophraste

ThĂ©ophraste louait l’hospitalitĂ© ; Hermippe de Smyrne dit de lui qu'il se frottait d'huile et s'exerçait avant de donner cours, que lorsqu'il s'Ă©tait assis et avait commencĂ© Ă  parler, il adaptait Ă  ses discours tous ses mouvements, tous ses gestes[34] - [1].

Végétarisme

ThĂ©ophraste Ă©tait probablement vĂ©gĂ©tarien[35] - [36] de ThĂ©ophraste procĂšde de la pitiĂ© et d'une recherche de justice. Selon ThĂ©ophraste, si une oĂŻkĂ©iosis nous unit aux autres hommes, nous pensons qu'il faut punir, voire Ă©liminer, tous ceux que leur nature particuliĂšre pousse Ă  nuire Ă  ceux qu'ils rencontrent ; pareillement nous pensons avoir le droit de supprimer, parmi les animaux privĂ©s de raison, ceux qui nous semblent ĂȘtre par nature injustes et malfaisants, et ainsi poussĂ©s par leur nature pousse Ă  nuire aux autres. ThĂ©ophraste relĂšve Ă©galement que certains animaux ne commettent pas d’injustices, car leur nature ne les pousse pas Ă  nuire, et ceux-lĂ , il juge injuste de les Ă©liminer et de les tuer, tout comme il est injuste de tuer des hommes qui sont comme eux. Cela semble rĂ©vĂ©ler qu’il n’y a pas qu’une forme de droit entre nous et les autres animaux, puisque parmi ces derniers les uns sont nuisibles et malfaisants par nature, et les autres non — tout comme parmi les hommes[37].

Accusations

Il fut accusĂ© d’impiĂ©tĂ© par le politicien AgnonidĂšs, membre du parti anti-macĂ©donien et sycophante, puis par Sophocle qui lui reprocha d'avoir dĂ©clarĂ© que « la vie est gouvernĂ©e par la fortune, non la sagesse »[N 4] ; mais le peuple d'AthĂšnes estimait tellement ThĂ©ophraste qu'il se retourna contre son accusateur. Devant l'ArĂ©opage, il ne parvint pourtant pas Ă  se dĂ©fendre et demeura coi[38] : d’aprĂšs Claude Élien, l'assemblĂ©e semblait lui ĂȘtre favorable, mais ThĂ©ophraste expliqua que l'auguste assemblĂ©e devant laquelle il se trouvait le troublait; Ă  quoi DĂ©mocharĂšs lui rĂ©torqua : « ThĂ©ophraste, cette assemblĂ©e est composĂ©e d’AthĂ©niens, non des douze grands dieux »[39]. Dans son Éloge de la Folie, Érasme Ă©voque ce silence dans des circonstances aussi favorables.

Sur la fortune

Dans son CallisthĂšne, ThĂ©ophraste parle de la fortune, faisant rĂ©fĂ©rence au principe mĂ©taphysique de la tychĂ©, nĂ©cessitĂ© transcendantale qui oriente les Ă©vĂšnements dans le sens d’une finalitĂ© prĂ©dĂ©terminĂ©e[40]. Pour lui, la fortune est aveugle, incroyablement prompte Ă  nous ĂŽter le fruit de notre peine et Ă  bouleverser ce qui nous semble ĂȘtre la prospĂ©ritĂ©.

Rhétorique et théorie littéraire

ThĂ©ophraste a traitĂ© de rhĂ©torique dans PrĂ©ceptes de rhĂ©torique, Des enthymĂšmes, Des exemples, Sur les preuves non techniques et Sur l’action oratoire[41]. Il a par ailleurs rĂ©digĂ© un traitĂ© Sur la Diction (en grec ancien, ΠΔρ᜶ λέΟΔως). Pour lui, l'art oratoire est l'Ă©lĂ©ment le plus important dont dispose un orateur pour persuader, et il rattache cette action oratoire aux premiers principes et mouvements de l'Ăąme ainsi qu'Ă  la connaissance qu'on peut en avoir, de maniĂšre que le mouvement du corps et l'intonation de la voix soient en accord avec la science tout entiĂšre.

La relation aux choses sera au premier chef affaire du philosophe, qui dĂ©noncera le faux et manifestera le vrai. ThĂ©ophraste affirme qu’un discours privĂ© de nombre roulerait indĂ©finiment comme un fleuve, et n’aurait pour le repos que des rĂšgles arbitraires, telles que la durĂ©e de la respiration ou les marques faites par un copiste.

En logique (car la rhĂ©torique est liĂ©e Ă  elle), ThĂ©ophraste, avec EudĂšme de Rhodes, a montrĂ© qu’une proposition nĂ©gative universelle pouvait ĂȘtre convertie en ses propres termes ; la proposition nĂ©gative universelle est appelĂ©e proposition universelle privative, et les deux philosphes font la dĂ©monstration suivante : supposons que A ne soit Ă  aucun B ; s’il n’est Ă  aucun B, il est sĂ©parĂ© de lui, donc B est aussi sĂ©parĂ© de tout A : par consĂ©quent, B n’est Ă  aucun A. ThĂ©ophraste dit aussi que la proposition affirmative probable peut ĂȘtre convertie de la mĂȘme façon que toutes les autres propositions affirmatives. ThĂ©ophraste et EudĂšme de Rhodes relĂšvent que la proposition universelle affirmative elle-mĂȘme peut ĂȘtre convertie, comme on convertirait la proposition universelle affirmative et nĂ©cessaire.

Dans le Livre premier de ses PremiĂšres Analytiques, ThĂ©ophrase Ă©crit que la mineure d’un syllogisme est Ă©tablie soit par une induction, soit par une hypothĂšse, soit par une Ă©vidence, soit par des syllogismes. Aristote distinguait quatre espĂšces de propositions, universelles affirmatives et universelles nĂ©gatives, particuliĂšres affirmatives et particuliĂšres nĂ©gatives. Les propositions singuliĂšres rentrent dans les universelles, sont celles oĂč le sujet est un individu. ThĂ©ophraste appelait les propositions universelles, propositions indĂ©terminĂ©es, et les propositions particuliĂšres, propositions dĂ©terminĂ©es[42].

Si l'on revient Ă  la rhĂ©torique, on peut dire que ThĂ©ophraste transmettait des prĂ©ceptes prĂ©cis. Il rejetait l’usage de la prĂ©misse particuliĂšre et rhĂ©torique lors des dĂ©monstrations scientifiques et rejetait l’énoncĂ© qui ne comporte pas de dĂ©monstration, non seulement ferme et scientifique, mais qui ne va pas plus loin que la probabilitĂ© rhĂ©torique et sophistique[43]. La relation aux auditeurs intĂ©resse la poĂ©tique et la rhĂ©torique, dont la tĂąche est de choisir les mots les plus nobles, et non les mots communs ou vulgaires, puis de les assembler harmonieusement. Ainsi, grĂące Ă  eux et Ă  leurs qualitĂ©s intrinsĂšques (clartĂ©, saveur et d'autres catĂ©gories du style, mais aussi ampleur, concision, tout cela employĂ© Ă  propos) les mots pourront plaire Ă  l’auditeur, l’étonner, capter son attention, et il sera alors Ă  se laisser persuader.

ThĂ©ophraste, dans son Sur la Diction, comprenait une doctrine des qualitĂ©s de style et une doctrine des genres. Il relĂšve quatre qualitĂ©s dans le style : la correction (጑λληΜÎčσΌός) ; la clartĂ© (ÏƒÎ±Ï†ÎźÎœÎ”Îčα) ; la convenance (πÎčΞαΜότης) ; et l'ornementation (ÎșÏŒÏƒÎŒÎżÏ‚ / kĂłsmos, « ornement, monde ordonnĂ© » en grec ancien)[44].

Dans le TraitĂ© de la Diction, cette notion de ÎșÏŒÏƒÎŒÎżÏ‚ est synthĂ©tique et correspond Ă  un idĂ©al qui est personnel Ă  ThĂ©ophraste, voisin de celui du discours Ă©pidictique ; elle associait l’harmonieux et l’agrĂ©able (ÎźÎŽÏ) et la noblesse (ÎŒÎ”ÎłÎ±Î»ÎżÏ€ÏÎ”Ï€Î­Ï‚). Le thĂšme de l’ouvrage Sur la Diction est le style : le terme prĂ©sent dans l’intitulĂ©, λέΟÎčς, dĂ©signe chez Platon le sens du discours thĂ©orique, opposĂ© au style concret (Ï€ÏÎŹÎŸÎčÎœ). Selon CicĂ©ron, il s’opposait aux sophistes[45], et — toujours selon CicĂ©ron — voyait trois Ă©lĂ©ments contribuant Ă  la grandeur, Ă  la pompe et Ă  l’éclat du style : le choix des mots, l’harmonie qu’ils produisent et les tournures qui renferment les pensĂ©es[46].

À cela, ThĂ©ophraste ajoute encore un Ă©clat doux et continu ; il insiste davantage sur la nĂ©cessitĂ© du rythme. Il excuse l'emploi de figures de style de l'art oratoire lorsqu'elles servent Ă  adoucir les hardiesses. L’école de Socrate avait adoptĂ© une maniĂšre d’argumenter qui procĂšde par induction ; ThĂ©ophraste donnait la prĂ©fĂ©rence Ă  l’épichĂ©rĂšme ; il a Ă©galement utilisĂ© la pĂ©riphrase, une des rĂšgles de biensĂ©ance de l’enthymĂšme. Dans son ouvrage De la nature des dieux, CicĂ©ron qualifie d’attique le style de ThĂ©ophraste, et Aristote fait rĂ©fĂ©rence Ă  ThĂ©ophraste dans ses Leçons sur la politique, dans le genre de ThĂ©ophraste. En mĂ©trique, Aristote et ThĂ©ophraste s’accordent sur le pĂ©an, expliquant que les syllabes longues conviennent mieux Ă  une fin de pĂ©riode. Selon Aristote et ThĂ©ophraste, le discours ne doit pas couler sans cesse, et il faut le contenir et le rĂ©gler, non sur la durĂ©e de la respiration, ni sur la ponctuation du copiste, mais sur les lois du nombre : c'est aussi parce qu’un style pĂ©riodique et bien liĂ© a beaucoup plus de force qu’un style dĂ©cousu. La fonction du discours est double, comme l’a dĂ©fini ThĂ©ophraste : d’un cĂŽtĂ© elle est en relation avec les auditeurs Ă  qui on fait connaĂźtre quelque chose, d’un autre elle a une relation aux choses dont le locuteur se propose de persuader les auditeurs, celle qui regarde les auditeurs pour qui elle prend sens et celle qui regarde la matiĂšre exposĂ©e par l’orateur une fois qu’il a exhortĂ© ses auditeurs ; c’est de la fonction qui regarde les auditeurs que relĂšvent la poĂ©tique et la rhĂ©torique[47]. ThĂ©ophraste n’exprime pas d’opinion de rencontre, fait l’application d’une doctrine suivie et cohĂ©rente ; le principe de ThĂ©ophraste est que la casuistique est toute l’harmonie d’une prose Ă©lĂ©gante et soignĂ©e. Selon ThĂ©ophraste, une opinion est une dĂ©claration concernant ce qu’il faut faire. Les opinions peuvent ĂȘtre paradoxales, consensuelles ou douteuses. Entre autres concepts, l'ᜑπόÎșρÎčσÎčς, la « dĂ©clamation ou dĂ©bit thĂ©Ăątral » est un abus de gestes quand on prononce un discours.

Théorie littéraire

Denys d’Halicarnasse dans son traitĂ© Sur la force du style de DĂ©mosthĂšne (en grec ancien (ΠΔρ᜶ Ï„áż†Ï‚ λΔÎșτÎčÎșáż†Ï‚ Î”Î·ÎŒÎżÏƒÎžÎ­ÎœÎżÏ…Ï‚ ΎΔÎčÎœÏŒÏ„Î·Ï„ÎżÏ‚), Ă©crit que la façon d’écrire de l’orateur DĂ©mosthĂšne - enveloppant les pensĂ©es et les exprimant d’une maniĂšre concise, tout Ă  fait appropriĂ©e et nĂ©cessaire aux dĂ©bats judiciaires ainsi qu’à tout discours visant la vĂ©ritĂ© - est inspirĂ©e de celle de Thrasymaque de ChalcĂ©doine, selon ThĂ©ophraste[48].

ThĂ©ophraste compte trois sortes d’antithĂšses :

  • l’on oppose Ă  la mĂȘme chose des choses contraires ;
  • l’on oppose les mĂȘmes choses Ă  une chose contraire ;
  • l’on oppose des choses contraires Ă  d’autres qui le sont aussi : car ce sont les divers rapports qui peuvent se prĂ©senter. L’opposition des mots Ă  peu prĂšs synonymes est un jeu puĂ©ril, qui ne doit point trouver place dans un sujet grave. Quand il faut s’occuper des choses, il y a de l’inconvenance Ă  jouer sur les mots et Ă  dĂ©truire les vives Ă©motions par les paroles ; c’est refroidir l’auditeur.

Dialectique

ThĂ©ophraste dit qu’un lieu diffĂšre d’un prĂ©cepte ; un prĂ©cepte est quelque chose de plus simple, de plus commun et de plus gĂ©nĂ©ral, Ă  partir duquel on tire le lieu. Car le prĂ©cepte est la source du lieu comme le lieu est le principe du raisonnement. Ce qui est dit relatif est relatif Ă  ce qui le contient[49]. Selon lui, ce dont quelque chose est la partie appartient Ă  ce dernier, comme la proportion, l’aspect, la structure. Par contre, la mĂ©moire, le sommeil, l’entendement n’appartiennent pas aux non-animĂ©s, pas plus que le mouvement de l’un n’appartient Ă  l’autre. C’est pourquoi ces Ă©lĂ©ments doivent ĂȘtre dĂ©finis relativement Ă  chaque chose.

On ne peut concevoir les thĂ©ories d’un philosophe, a fortiori un pĂ©ripatĂ©ticien, qui dĂ©crit les dĂ©tails de la dĂ©finition aprĂšs celle-ci, Ă  l’instar de Phanias, sans en donner quelques exemples contraires. Aristote envisage ainsi le lieu comme « premiĂšre limite de l’enveloppant »[50]. À cela, ThĂ©ophraste oppose que le corps est dans une surface, que le lieu est en mouvement ; les fixes, dont dĂ©pend la nature du lieu, ne seront pas en un lieu, et donc aucun corps ne se trouvera en un lieu ; si les sphĂšres sont rassemblĂ©es, le ciel tout en entier ne se trouvera en un lieu non plus ; et mĂȘme si les choses qui se trouvent en un lieu ne se dĂ©placent pas, elles ne seront plus dans le mĂȘme lieu si ce qui les enveloppe leur est supprimĂ©.

Des Topiques, Aristote Ă©tablit quatre classes de problĂšmes :

  • le facteur, la condition (ᜁρός) ;
  • le genre (ÎłÎ­ÎœÎżÏ‚) ;
  • l’accident (συΌÎČΔÎČηÎșός) ;
  • le propre (πρ᜞ς ጰΎÎčόΜ).

Théophraste les réduit à deux, dans lesquelles il inclut le genre et le propre :

Selon ThĂ©ophraste, la raillerie est « le reproche d’une faute commise, reproche prĂ©sentĂ© d’une maniĂšre figurĂ©e : ce qui fait que de lui-mĂȘme l’auditeur supplĂ©e, par ses conjectures, Ă  ce qui manque, comme s’il le savait et y ajoutait foi[53]. » Il est important de diffĂ©rencier raillerie et ironie socratique (Î”áŒ°ÏÏ‰ÎœÎ”ÎŻÎ±) : ThĂ©ophraste y fait clairement rĂ©fĂ©rence dans le traitĂ© Les CaractĂšres en la diffĂ©renciant de la raillerie, τ᜞ σÎșáż¶ÎŒÎŒÎ±, par sa dĂ©finition[53].

Poésie

ThĂ©ophraste fit des recherches sur les rythmes de la prose[54] ; il conseille la lecture des poĂštes, parce qu’elle rend de grands services Ă  l’orateur. Pour ThĂ©ophraste, l’harmonie d’une prose Ă©lĂ©gante et soignĂ©e doit avoir de la libertĂ© et de l’abandon. Selon lui, ce fut des mesures qui composent le vers hĂ©roĂŻque que se forma l’anapeste, qui a plus d’étendue, et qui donna naissance au dithyrambe, ce genre si libre et si riche, dont les dĂ©bris se retrouvent dans toute composition oratoire abondante et harmonieuse[55]. Par ailleurs, il a confirmĂ© les propos d’Aristophane qui insinue Ă  de nombreuses reprises dans ses piĂšces qu’Euripide est de basse extraction.

Logique

À l’instar de son contemporain et condisciple EudĂšme de Rhodes, ThĂ©ophraste a Ă©tudiĂ© la relation entre les mĂ©canismes du syllogisme, plutĂŽt que la relation des concepts qui les composent[56]. L'un de ses objectifs fut de travailler l’argumentation en faveur de parties opposĂ©es au moyen d’opinions communes. Les opinions peuvent ĂȘtre paradoxales, consensuelles ou douteuses. Posant comme problĂšmes gĂ©nĂ©raux la diffĂ©rence et l’identitĂ©, il subordonne les problĂšmes des identitĂ©s aux problĂšmes gĂ©nĂ©raux, tout comme ceux des diffĂ©rences. Toutes choses en effet sont connues soit de façon gĂ©nĂ©rale, soit de façon particuliĂšre : ThĂ©ophraste en fait mention dans son livre Des Moyens de savoir, comme lorsqu’il s’agit de concevoir que dans tout triangle, les trois angles sont Ă©gaux Ă  deux angles droits. ThĂ©ophraste a aussi fait ainsi mention de l’indĂ©fini dans son livre Sur l’Affirmation : il appelle « indĂ©finie » la chose qui relĂšve d’un genre et celle qui est autre ; la chose qui relĂšve d’un genre parce qu’elle est vraie si l’ensemble l’est ou si une partie l’est, l’autre non ; l’élĂ©ment autre parce que celui-ci est pareillement vrai si l’une et l’autre le sont et que lui seul est autre. Il appelle « dĂ©finie » la voie qui conduit aux choses particuliĂšres, « indĂ©finie » celle qui conduit aux parties. Il oppose d’autre part Ă  celle qui est simplement gĂ©nĂ©rale celle qui concerne les choses particuliĂšres, et Ă  celle qui est gĂ©nĂ©rale en tant que gĂ©nĂ©rale celle qui concerne les parties.

La nature du lieu

Selon ThĂ©ophraste, les lieux communs ne sont que des lois formelles composĂ©es uniquement de constantes logiques. Platon dĂ©finit le lieu comme une « puissance qui rassemble les corps » ; ThĂ©ophraste a critiquĂ© le concept platonicien de la nature du lieu, expliquĂ© et commentĂ© les apories du concept, qui identifiait le concept de lieu et d’Infini avec celui du Grand et du Petit, respectivement. Les lieux sont des principes de la dialectique, et ThĂ©ophraste leur donne le nom d’axiomes du raisonnement probable, mot qui dĂ©finit le principe, vĂ©ritĂ©s abstraites qui s’appliquent Ă  tout. ThĂ©ophraste dit qu’un lieu diffĂšre d’un prĂ©cepte ; dĂ©finissant le prĂ©cepte comme « proposition plus commune, quelque chose de plus simple, plus universelle et plus simplement exprimĂ©e d’oĂč on tire le lieu », il le distingue du lieu dans son sens propre. Le prĂ©cepte est l’origine du lieu, comme le lieu est le principe du raisonnement. ThĂ©ophraste dit notamment que les notions platoniciennes de Lieu et d’Infini dĂ©rivent seulement du principe matĂ©riel. C’est l’ensemble des notions sur la nature du lieu qui constitue l’espace ; le lieu est dĂ©terminĂ©, dĂ©fini, dans son acception gĂ©nĂ©rale, sa comprĂ©hension, et indĂ©terminĂ©, indĂ©fini, quant Ă  ses applications, aux singuliers qu'il contient. Selon ThĂ©ophraste, l’espace est le simple arrangement de la position des corps, et le lieu un « principe universel ou Ă©lĂ©ment d’oĂč nous tirons les principes particuliers[57] de chacun de nos raisonnements ». ThĂ©ophraste dĂ©finit le lieu comme Ă©tant un principe ou un Ă©lĂ©ment d’oĂč nous tirons les principes qui se rapportent Ă  chaque chose. Le lieu est dĂ©terminĂ© dans son acception gĂ©nĂ©rale – car soit il comprend les choses communes et gĂ©nĂ©rales qui sont la caractĂ©ristique des syllogismes, soit ces mĂȘmes choses peuvent Ă  partir de ces syllogismes ĂȘtre rĂ©vĂ©lĂ©es et apprĂ©hendĂ©es. Mais le lieu est indĂ©terminĂ© pour ce qui s’applique Ă  chaque chose en particulier car, Ă  partir de lĂ , il est possible de parvenir Ă  un axiome du raisonnement probable relatif Ă  ce qu’on se propose de rechercher ; c’est ce qui dĂ©finit le principe. Car le prĂ©cepte est la source du lieu comme le lieu est le principe du raisonnement.

Les modes concluants

Sachant qu’il existe quatre classes de propositions (A, E, I et O) et qu’un syllogisme se compose de trois propositions, et que le moyen terme dessine quatre figures[58], il existe donc 43 × 4 = 256 modes. De ces 256, seuls 24 sont valides — six par figure — ils sont alors dits « concluants », mais seuls dix-neuf sont en gĂ©nĂ©ral retenus, et ceci depuis ThĂ©ophraste.

Philosophie

MĂ©taphysique

Les historiens ont d’abord attribuĂ© ce mot et ce titre au commentateur pĂ©ripatĂ©ticien Andronicos de Rhodes, mais on le trouve dans un fragment de ThĂ©ophraste sur la philosophie premiĂšre ; il faut peut-ĂȘtre trouver l’origine du mot chez un disciple immĂ©diat d’Aristote. DiogĂšne LaĂ«rce ne mentionne pas La MĂ©taphysique dans son catalogue des ouvrages de ThĂ©ophraste. Ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s neuf fragments autour du thĂšme de la mĂ©taphysique : ThĂ©ophraste Ă©lĂšve une objection Ă  la thĂ©orie platonicienne du premier moteur, Ă  laquelle adhĂ©raient encore certains aristotĂ©liciens. Le terme de mĂ©taphysique n’est jamais employĂ© dans les quatorze livres publiĂ©s sous ce titre. Aristote emploie le terme de « philosophie premiĂšre », science des causes premiĂšres, des premiers principes et de la finalitĂ© de tout ce-qui-est en tant qu’il est. ThĂ©ophraste souligne la difficultĂ© de considĂ©rer le principe premier comme cause nĂ©cessaire pour expliquer le mouvement, rapportĂ© Ă  la nature mĂȘme du rĂ©el. S’il n’existait que le premier moteur, toutes les autres sphĂšres devraient suivre la mĂȘme voie que celle des Ă©toiles fixes : « En effet, ou bien le moteur est unique, et alors il est Ă©trange que tous les corps n’aient pas le mĂȘme mouvement ; ou bien le moteur est diffĂ©rent pour chaque corps en mouvement et les principes du mouvement sont multiples, mais alors leur harmonie dans leur marche vers le dĂ©sir le meilleur (en grec ancien ᜄρΔΟÎčς áŒ€ÏÎŻÏƒÏ„Î·) n’apparaĂźt plus du tout. Et la question du nombre des sphĂšres exige une discussion plus complĂšte de son fondement, car l’explication des astronomes n’est pas satisfaisante »[59].

ThĂ©ophraste souligne ainsi la difficultĂ© inhĂ©rente aux concepts aristotĂ©liciens de dĂ©sir (ᜄρΔΟÎčς) et de tendance (ጔφΔσÎčς) ; il critique Ă©galement le fait que la terre soit exclue du mouvement circulaire, ce qui, d’aprĂšs lui, suppose ou bien que la force du premier moteur ne parvient pas jusqu’à elle, ou bien que la terre ne peut se mouvoir de maniĂšre circulaire ; dans tous les cas cette question, Ă  son avis, dĂ©passe nos capacitĂ©s. ThĂ©ophraste contredit Aristote qui veut que le monde soit animĂ© et attirĂ© vers la perfection ; selon ThĂ©ophraste, pour qu'il y ait dĂ©sir, il faut une Ăąme, que l'on ait affaire Ă  des ĂȘtres animĂ©s, hors Aristote n'a pas donnĂ© d'Ăąme au monde. Cet ouvrage fait Ă©cho Ă  la nouvelle doctrine examinĂ©e par Aristote dans sa vieillesse[60].

Il paraĂźt vain Ă  ThĂ©ophraste de vouloir rechercher la raison de toutes choses : l’importance accordĂ©e Ă  la finalitĂ© et la dĂ©marche tĂ©lĂ©ologique lui semblent suspectes. Il reproche prĂ©cisĂ©ment Ă  Platon de vouloir trouver la cause de toutes choses, de n’avoir pas dĂ©terminĂ© le caractĂšre de l’eau et celui de l’air[61]. Selon ThĂ©ophraste, le principe est Ă  la fois association et, pour ainsi dire, union intime entre eux des Ă©lĂ©ments intelligibles et des Ă©lĂ©ments physiques. « Deux principes Ă©tant donnĂ©s, leur connaissance est fonction de leur dĂ©veloppement. Si en effet le chaud ou le froid deviennent plus importants, l’idĂ©e qu’on en aura sera diffĂ©rente » (Î”Ï…Îżáż–Îœ áœ„ÎœÏ„ÎżÎčÎœ ÏƒÏ„ÎżÎčÏ‡Î”ÎŻÎżÎčÎœ, Îșατᜰ τ᜞ ᜑπέρÎČαλλόΜ ጐστÎčÎœ áŒĄ ÎłÎœáż¶ÏƒÎčς. ጘᜰΜ Îłáœ°Ï áœ‘Ï€Î”ÏÎ±ÎŻÏáżƒ τ᜞ ΞΔρΌ᜞Μ áŒą τ᜞ ψυχρ᜞Μ ጄλληΜ ÎłÎŻÎœÎ”ÏƒÎžÎ±Îč τᜎΜ ÎŽÎčÎ±ÎœÎżÎŻÎ±Îœ)[62]. ThĂ©ophraste mentionne cela dans son livre Des Moyens de savoir, par exemple quand il s’agit de concevoir que dans tout triangle, les trois angles sont Ă©gaux Ă  deux angles droits. Toutes choses en effet sont connues soit de façon gĂ©nĂ©rale, soit de façon particuliĂšre. D’aprĂšs Plotin dans les EnnĂ©ades, l’intelligence en puissance contemple les formes selon ThĂ©ophraste et « la science achĂšve la nature de l’intellect ».

Éthique

En matiĂšre d’éthique, ThĂ©ophraste met l’amitiĂ©, mĂȘme si elle est rare, au-dessus de tout sentiment de charitĂ© . Quand elle naĂźt, il faut avoir confiance ; avant qu’elle naisse, il faut ĂȘtre sur ses gardes. L’amour est la passion des Ăąmes dĂ©sƓuvrĂ©es, une maladie de l’ñme oisive, l’excĂšs d’un dĂ©sir dĂ©raisonnable qui connaĂźt une apparition rapide, mais une guĂ©rison lente. D’aprĂšs son ouvrage Sur les Passions, il n'y a pas une diffĂ©rence de degrĂ© entre rancƓur, ressentiment et colĂšre diffĂšrent mais d'espĂšce. Selon ThĂ©ophraste, on doit accepter un lĂ©ger dĂ©shonneur si la vie ou la rĂ©putation d’un ami en dĂ©pend, et il ne faut pas attendre d’avoir donnĂ© de l’affection pour se faire juge, et retirer cette affection une fois que l’on a jugĂ© ; il est permis de se dĂ©partir lĂ©gĂšrement de la justice en faveur de l'amitiĂ©. ThĂ©ophraste a Ă©crit que « l’erreur est dans l’action et non dans le jugement », et considĂšre dĂ©sireux de nuire, comme « pervers » tel qui pense lors d'un litige « que ce n'est pas l'homme, mais l'affaire qu'il faut juger »[63].

Le bonheur dĂ©pend d’influences externes et de la vertu. Pour lui, sans la vertu, les biens extĂ©rieurs n’ont aucune valeur ; mais il se montrait peu rigide et permettait Ă  l’homme de s’écarter des rĂšgles morales pour acquĂ©rir un grand bien ou pour lui Ă©viter un grand mal[64]. Si, comme l’écrit Platon, entre amis tout est commun, il faut que nous soient communs les amis de nos amis. D’aprĂšs ThĂ©ophraste, Platon[65] tend Ă  identifier l’IdĂ©e du Bien avec le dieu suprĂȘme. Le bien est la valeur normative de la morale, avec comme opposĂ© le mal. ThĂ©ophraste, d’aprĂšs EusĂšbe de CĂ©sarĂ©e[66], trĂšs critique envers les sacrifices comme Ă©tant des souffrances affligĂ©es Ă  des ĂȘtres vivants, cite les trois raisons d’offrir un sacrifice aux dieux : « rendre hommage, remercier pour un bienfait, obtenir une faveur »[67]. Puisqu’il soutenait contre Aristote que les animaux sont capables de raisonnement, il les considĂ©rait comme supĂ©rieurs aux plantes, et selon lui il n’était donc pas Ă©thique de manger de la viande ; selon Élisabeth de Fontenay, l’abstinence de ThĂ©ophraste procĂšde de la pitiĂ© et de la justice. Selon l’avis de ThĂ©ophraste, il ne faut sacrifier que ce sur quoi les thĂ©ologiens sont d’accord, moins nous aurons de soin de nous dĂ©gager de nos passions, plus nous dĂ©pendrons des mauvaises puissances, et plus il sera nĂ©cessaire de leur sacrifier pour les apaiser ; on sacrifie aux dieux avec l’intention de leur prouver le respect que l’on a envers eux, ou pour leur exprimer sa reconnaissance, ou enfin dans le but d’obtenir d’eux les biens dont on a besoin.

ThĂ©ophraste rejeta avec vigueur les correspondances entre plantes et animaux qu’avait Ă©tablies Aristote, soulignant qu’enlever aux animaux la raison ou l’entendement signifie les priver des sens, ce qui semble ridicule, puisque cela revient Ă  les priver de la sensibilitĂ©, qui les dĂ©finit. Les animaux, d’aprĂšs ThĂ©ophraste, peuvent raisonner, sentir et ressentir de la mĂȘme maniĂšre que les ĂȘtres humains[68] - [N 5]. ThĂ©ophraste prĂ©sente l’orphisme de façon critique : les adeptes de l’orphisme, disciples initiĂ©s, sont montrĂ©s comme des gyrovagues vendant des purifications Ă  un public crĂ©dule et avide de garanties spirituelles Ă  bon compte, des individus qui vivant Ă©loignĂ©s des citĂ©s, sont considĂ©rĂ©s comme des purificateurs.

Histoire

Origine des sacrifices

Théophraste a traité des sacrifices de chaque pays et fait voir que dans les temps anciens on offrait aux dieux que des fruits et des plantes. Il explique l'histoire des libations, notant que les plus anciennes n'étaient que de l'eau : ce liquide fut le premier dans la liturgie sacrificielle, suivi bientÎt par des céréales et graines sacrificielles[69]. Par aprÚs, on offrit du miel, puis de l'huile, et en dernier lieu du vin. Théophraste pense que le cannibalisme et le sacrifice humain apparurent avec le nomadisme. Il affirme également que l'eusébie (piété) ne consiste pas à offrir de somptueux sacrifices mais à témoigné à la divinité le respect qui lui est dû.

Le judaĂŻsme

ThĂ©ophraste a voulu montrer que les juifs recevaient des instructions et des rĂ©vĂ©lations divines ; il leur attribuait des coutumes d'immolation des victimes qui leur Ă©taient Ă©trangers. Aristote et ThĂ©ophraste partagent un philosĂ©mitisme reconnu, une ouverture aux Ă©trangers rare chez les Grecs : « ThĂ©ophraste parle des Juifs [
] comme des philosophes par naissance, en trouvant dans la loi juive une sorte de correspondance aux Lois de Platon » (Livre XII)[70] - [71]. Porphyre de Tyr relĂšve[67] que

« Les Juifs qui habitent en Syrie immolent encore aujourd'hui, dit ThĂ©ophraste dans son TraitĂ© de l'Abstinence, de la mĂȘme maniĂšre que cela a Ă©tĂ© pratiquĂ© dĂšs le principe. Si on nous enjoignait de nous conformer Ă  leur rite, nous renoncerions Ă  l’usage des sacrifices ; car sans se nourrir des viandes immolĂ©es, ils passent la nuit entiĂšre Ă  les consumer complĂštement, en faisant d’abondantes libations de miel et de vin sur les victimes, ayant soin de les rĂ©duire en cendres au plus vite, pour que l'astre qui voit tout, ne dĂ©couvre rien de cette fĂ©rocitĂ©. Les jours qui prĂ©cĂšdent et suivent cet acte religieux, sont consacrĂ©s par le jeĂ»ne et pendant tout ce temps ce peuple Ă©minemment philosophe n'a pas d'autre entretien que sur le dieu. Pendant la nuit ils observent les astres, et Ă  force de les Ă©tudier ils entendent des voix divines. Ce sont eux qui, les premiers, forcĂ©s par la nĂ©cessitĂ© et non pour satisfaire leurs passions, se sont immolĂ©s eux-mĂȘmes avant d'immoler d'autres animaux »

En l'occurrence, il se trompe quant Ă  la relation des juifs aux sacrifices humains et aux observations astrales.

Idées diverses

ThĂ©ophraste note que les puits furent dĂ©couverts par Danaos, venu d'Égypte dans cette partie de la GrĂšce qui s'appelait auparavant « Argos sans Eau »[72]. Quant aux carriĂšres, c'est Cadmos, qui les dĂ©couvrit, Ă  ThĂšbes ou, d’aprĂšs ThĂ©ophraste, en PhĂ©nicie ; les tours ont Ă©tĂ© inventĂ©es par les Cyclopes d'aprĂšs Aristote, par les Tirynthiens d'aprĂšs ThĂ©ophraste[73].

Il pense que c’est sous l’impulsion d’HĂ©rodote et Thucydide que l’on s’est mis Ă  Ă©crire l’histoire dans un style plus Ă©lĂ©gant[74] - [1]. Par ailleurs, on doit Ă  ThĂ©ophraste la premiĂšre histoire de la philosophie[75].

Timée de Tauroménion reproche à Aristote et Théophraste d'avoir donné une présentation erronée des lois et des coutumes des deux nations locriennes[76] - [77].

Théophraste contredit Héraclide du Pont au sujet de la loi de Dracon qui condamnait à mort toute personne déclarée oisive[N 6] : le premier dit que c'est une loi de Solon, et que Pisistrate l'a imitée et généralisée ; le second prétend que c'est une loi de Solon qui avait déjà été appliquée[78].

Musique

Si la tradition veut que c'est la dĂ©esse RhĂ©a qui a inventĂ© la danse, ThĂ©ophraste affirme que c’est AndrĂŽn de Catane qui le premier s’avisa d'accompagner les sons de sa flĂ»te de mouvements de son corps qui marquaient une espĂšce de cadence[79] - [80]. D'autre part, dans son traitĂ© De l’Enthousiasme, ThĂ©ophraste dit « que la musique peut guĂ©rir des maladies ; la sciatique, si l’on joue sur le mode phrygien pour enchanter le mal, et que pendant ce temps-lĂ  les malades ne sentent plus leur douleur. Ce mode a eu ce nom des Phrygiens qui l’ont inventĂ© et l’ont mis les premiers en usage »[80].

Concernant la nature du son musical, il pense que la diffĂ©rence entre graves et aigus consiste dans la qualitĂ© et non dans la quantitĂ© ; cette qualitĂ© ne peut ĂȘtre apprĂ©ciĂ©e en nombre. Il Ă©tablit par ailleurs que les trois sources de la musique sont la douleur, le plaisir, et l’inspiration divine, et que chacune de ces trois causes modifie la voix et la fait dĂ©vier de ses inflexions habituelles.

LĂ©gislation

ThĂ©ophraste a traitĂ© Ă  plusieurs reprises des lois et de lĂ©gislation[71]. Selon lui, les affaires ne se font pas en vue des lois ; il insiste sur la nĂ©cessitĂ© pour les parties d’opĂ©rer en pleine possession de leur raison ; ce sont au contraire les lois qui se font en vue des affaires[81]. Il critique de la mĂȘme façon ceux qui aiment le pouvoir pour la puissance et la richesse qui lui sont attachĂ©es, et ceux qui entendent juger les accusĂ©s selon l’affaire qui les implique et non la personne qu’ils sont[82]. Dans son TraitĂ© des lois, ThĂ©ophraste dit qu’il y a Ă  AthĂšnes deux sortes d'autels de justice : les autels de la « Vengeance » et ceux de l’« Injure », qui sont en fait des pierres sans taille faisant office de tribunes devant l’ArĂ©opage. L’autel du poursuivant s’appelait la « pierre de l’anĂ©die » (en grec ancien ጀΜαÎčΎΔία), c’est-Ă -dire celle de la vengeance inflexible, qui refuse de recevoir le prix du sang (en grec ancien Î±áŒ°ÎŽÎ”áż–ÏƒÎžÎ±Îč). Celle de l’accusĂ© s’appelait la « pierre de l’hybris » (hybris, en grec ancien ᜕ÎČρÎčς) c'est-Ă -dire de l’orgueil qui pousse au crime[83]. Platon, Aristote, ThĂ©ophraste et DĂ©mĂ©trios de PhalĂšre, auteur d’un TraitĂ© sur la lĂ©gislation athĂ©nienne, ont tous traitĂ© de lĂ©gislation. StobĂ©e rapporte une loi de ThourioĂŻ sur l’ingĂ©rence du voisinage lors d’aliĂ©nation fonciĂšre et une autre d’Enos sur les droits du propriĂ©taire issues du TraitĂ© des lois.

À ThourioĂŻ, lors de contrat d’aliĂ©nation fonciĂšre, le vendeur et l’acheteur sont obligĂ©s de donner Ă  trois des plus proches voisins une petite piĂšce de monnaie en mĂ©moire et tĂ©moignage du contrat. Les trois voisins sont lĂ©galement responsables s’ils refusent de recevoir une piĂšce de monnaie d’un contrat auquel ils sont personnellement Ă©trangers, s’ils le reçoivent deux fois du mĂȘme vendeur, et s’ils refusent d’attester le droit de l’acheteur aprĂšs l’avoir reçue.

À Enos, celui qui devient propriĂ©taire d’une maison doit sacrifier sur l’autel d’Apollon du quartier ; celui qui achĂšte un fonds de terre doit sacrifier dans le quartier oĂč il a son domicile et jurer devant le magistrat chargĂ© de l’inscription et trois habitants du quartier, qu’il a achetĂ© loyalement. Le vendeur doit Ă©galement jurer qu’il vend sans dol. À dĂ©faut de ces formalitĂ©s, le magistrat refuse l’inscription.

Sciences

Météorologie

En [N 7], ThĂ©ophraste publie Des Signes du temps (du grec ÏƒÎ·ÎŒÎ”áż–ÎżÎœ, sĂ©mĂ©ion, « signe [prĂ©curseur], marque distinctive »), premier ouvrage de prĂ©visions mĂ©tĂ©orologiques en Europe, dans lequel il parle entre autres de ClĂ©ostrate de TĂ©nĂ©dos[84] : Au sujet de la qualitĂ© de l’air et de l’atmosphĂšre sur les hauteurs : c’est pourquoi quelques bons astronomes s’établirent dans certains lieux, tels MatricĂ©tas de MĂ©thymne sur le LĂ©pĂ©tymnos, montagne de l’üle de Lesbos, ClĂ©ostrate de TĂ©nĂ©dos sur l’Ida, et PhaĂ©nos d’AthĂšnes sur le Lycabette[N 8] - [85] ; voit les mĂ©tĂ©ores comme des signes de vent[86], et dans son traitĂ© Sur le feu, pense que c'est le choc des nuages contre les montagnes qui gĂ©nĂšre la pluie.

Cosmologie

Dans ses AcadĂ©miques[87], CicĂ©ron Ă©crit d’aprĂšs ThĂ©ophraste que c’est l’astronome HicĂ©tas qui a dĂ©couvert le mouvement de rotation de la Terre sur son axe[88] : il soutint que la voĂ»te cĂ©leste est fixe, et que seule la Terre est en mouvement et tourne autour de son axe ; ce mouvement explique selon lui l’illusion du mouvement de tous les astres[89]. ThĂ©ophraste nomme « causes premiĂšres » les astres et les signes cĂ©lestes[90]. Il ne prend pas l’astrologie au sĂ©rieux, et dĂ©nonce l’art de prĂ©visions sur la vie et la mort d’autrui[91]. CicĂ©ron, qui pourtant loue souvent ThĂ©ophraste et le surnomme « le plus Ă©lĂ©gant et le plus instruit de tous les philosophes » au Livre V de ses Tusculanes, considĂšre qu'il est d’une inconsĂ©quence insupportable lorsque tantĂŽt il attribue Ă  l’intelligence le premier rang parmi les ĂȘtres divins, tantĂŽt c’est le ciel qui est la divinitĂ© suprĂȘme, puis les constellations en zodiaque et les astres[92].

Il regarde la Voie lactĂ©e comme le point de suture des deux hĂ©misphĂšres qui rĂ©unit et forme la sphĂšre cĂ©leste ; lĂ  oĂč les hĂ©misphĂšres se rejoignent, elle est plus brillante qu'ailleurs[93].

ThĂ©ophraste accorde parfois le caractĂšre divin au systĂšme astronomique et aux cieux, ainsi qu'Ă  l’intelligence.

Chimie

Dans son traitĂ© Du Feu (en grec ancien ΠΔρ᜶ πυρός), en partie conservĂ©, ThĂ©ophraste indique que le feu est le plus subtil des corps premiers « et qu'il possĂšde une puissance spĂ©cifique », en effet il s'engendre parfois par force, se dĂ©truit lui mĂȘme, et surtout, contrairement aux autres corps Ă©lĂ©mentaires, il nĂ©cessite un « substrat ou nourriture » pour exister et croĂźtre. Il Ă©crit qu’« qu'il n'est pas irrationnel de croire que la flamme est entretenue par un souffle ou un corps aĂ©riforme ». Il s'interroge ensuite sur le feu spĂ©cifique du Soleil, qui serait une sorte de chaleur pure de la premiĂšre sphĂšre[94].

Son traité renferme aussi des discussions sur le froid et l'humidité, sur la chaleur et la sécheresse, empruntées la plupart à la doctrine d'Aristote[95].

ThĂ©ophraste parle de spĂ©cificitĂ©s des Ă©tablissements de bains au IVe siĂšcle av. J.-C. : les ÎČÎ±Î»Î±ÎœÎ”áż–Î± semblent plus chauds au nord qu’au sud, en hiver qu’en Ă©tĂ©. Selon le chimiste allemand Lippmann, le mĂ©decin et mathĂ©maticien grec du Ve siĂšcle av. J.-C. Hippocrate de Chios et ThĂ©ophraste sont les premiers Ă  dĂ©crire la technique du bain-marie[96].

Dans son TraitĂ© des eaux, ThĂ©ophraste Ă©tudie les eaux du Nil, qu’il dit trĂšs douces et trĂšs utiles Ă  la gĂ©nĂ©ration, mais qui lĂąchent le ventre, parce qu’elles sont imprĂ©gnĂ©es de nitre[97].

Physique

Des fragments de ThĂ©ophraste sont conservĂ©s chez Simplicios de Cilicie, dans son ouvrage Physique[98]. Le Destin est la propre nature de chaque homme et de chaque chose, la cause de tout ce qui arrive naturellement : le systĂšme physique de l'univers[99]. ThĂ©ophraste affirme contre Platon que l’univers est engendrĂ© et exprime ainsi des objections, mais il laisse entendre parallĂšlement que c’est peut-ĂȘtre par Ă©vidence qu’il pose comme principe qu’il est engendrĂ©.

La nature du mouvement

Selon ThĂ©ophraste, le temps est un accident du mouvement, lui-mĂȘme est une consĂ©quence nĂ©cessaire de toute activitĂ© ; il semble douter que tout changement se produit dans le temps. LĂ  oĂč Aristote place le mouvement, il dit que ce qui est mĂ» a primordialement fini de changer, parce qu’un premier changement a Ă©tĂ© effectuĂ© et accompli, niant le principe temporel comme faisant partie du mouvement[100]. ThĂ©ophraste souligne qu’il y a lĂ  un paradoxe : si le dĂ©but est divisible Ă  l’infini, et la fin indivisible, il faut les distinguer comme parties du mouvement, et comme instantanĂ©s. Platon avait dĂ©fini le temps comme « mouvement du soleil, sa course »[101]. Selon le platonicien HestiĂ©e de PĂ©rinthe, le temps est « le mouvement des astres les uns par rapport aux autres »[102].

Platon, parlant de la quantitĂ© du mouvement, a posĂ© comme principe que le temps est insĂ©parable du mouvement ; ThĂ©ophraste, au contraire, dit qu’il ne lui est pas nĂ©cessairement attachĂ©. La rĂ©alitĂ© qui a une nature de forme comprend qu’il y a une certaine position et un certain ordre par rapport Ă  la totalitĂ© de la substance. Le mouvement appartient Ă  l’essence de la chose, Ă  tous les degrĂ©s ontologiques[103]. ThĂ©ophraste dit dans son traitĂ© Des Vertiges que les choses faites pour ĂȘtre remuĂ©es gardent leur cohĂ©sion du fait de leur mouvement mĂȘme. ThĂ©ophraste pense que Platon affirme que c’est le temps qui anime et fait tourner l’univers.

Minéralogie

Fondateur de la minĂ©ralogie, ThĂ©ophraste est l’auteur du traitĂ© Sur les Pierres[104], qui a jetĂ© les bases de la classification scientifique des pierres, leur origine, propriĂ©tĂ©s physiques, magiques et pouvoir curatif. Il Ă©tablit pour les pierres une classification en trois classes minĂ©rales : les terres, roches et mĂ©taux. Cependant, fidĂšle Ă  la vision physique antique des quatre Ă©lĂ©ments (terre, eau, air, feu), il Ă©tablit ensuite une subdivision en deux sous-groupes des pierres selon l'Ă©lĂ©ment prĂ©pondĂ©rant, terre et eau, prĂ©pondĂ©rant en chacune d'elles[105]. Il pense que dans les mĂ©taux l'Ă©lĂ©ment liquide est principal, Ă  l'inverse des roches qui ont comme Ă©lĂ©ment prĂ©pondĂ©rant la terre. Puis, il essaye de diffĂ©rencier chaque type de roches selon des propriĂ©tĂ©s spĂ©cifiques telles que la couleur, la duretĂ©, le poids et la rĂ©sistance Ă  un agent extĂ©rieur (le feu, le choc
)[106].

La fin de son traitĂ© consiste en de multiples informations sur la provenance et la qualitĂ© des roches, ainsi que la description de leur extraction (le lignite, par exemple) et leur usage artisanal. Ainsi, il prĂ©cise qu’on se sert du fer pour tailler et polir les pierres prĂ©cieuses. Il distingue l’azur naturel de l’azur artificiel, qui se fabrique particuliĂšrement en Égypte.

Botanique

Historia plantarum, 1549.

La spĂ©cialitĂ© de ThĂ©ophraste Ă©tait l’étude des sciences naturelles et plus particuliĂšrement celle des plantes. Il est mĂȘme le fondateur de la botanique en tant qu'Ă©tude des plantes en elles-mĂȘmes et non pour leur utilitĂ©. Il est aussi Ă  l’origine de la diffĂ©renciation thĂ©orique entre le rĂšgne animal et le rĂšgne vĂ©gĂ©tal, distinction qui permit la naissance d’une vĂ©ritable nouvelle discipline Ă  part entiĂšre, possĂ©dant ses propres mĂ©thode et vocabulaire : la botanique.

On lui doit en particulier deux ouvrages, l'Histoire des plantes[107] et Des causes des plantes[108] - [N 9] qui traitent de la morphologie et de la classification des vĂ©gĂ©taux. Une part importante de ces livres est consacrĂ©e Ă  un inventaire raisonnĂ© des plantes, et Ă  la prĂ©sentation d'informations concernant l’influence du milieu sur leur dĂ©veloppement, sur leur mode de reproduction[109] et sur leur utilitĂ©[110].

Un grand nombre d’observations personnelles ou vĂ©rifiĂ©es par la suite impliquent l’emploi d'une mĂȘme mĂ©thode. Par exemple, ThĂ©ophraste distingue les plantes d’aprĂšs leurs parties, leurs accidents, leur naissance, leurs maniĂšres de vivre, leurs usages. Dans Histoire des plantes et Causes des plantes, on trouve les prĂ©mices de la description du systĂšme sexuel, il explique les diffĂ©rences d’aprĂšs les principes d’Aristote: dans les deux ouvrages, on trouve l’affirmation, implicite et explicite, que la nature est soumise Ă  des lois rĂ©guliĂšres.

ThĂ©ophraste a crĂ©Ă© un vocabulaire spĂ©cifique qui permet de dĂ©crire les diffĂ©rentes parties d’une plante. Il ajoute ses observations personnelles aux connaissances des auteurs plus anciens et contemporains. Il Ă©voque aussi des espĂšces Ă©trangĂšres, importĂ©es aprĂšs les conquĂȘtes d’Alexandre le Grand ou qu’il a reçues d’Égypte, et qu'il les classe en quatre groupes : les arbres (« dendron »[111]) ; les arbustes (« thamnos »[112]) ; les sous-arbrisseaux (« phruganon »[113]) ; les herbes (« poa »[114] c’est-Ă -dire les vĂ©gĂ©taux non-ligneux).

Conscient de l’aspect arbitraire de ce systĂšme et convenant qu’une plante pouvait appartenir Ă  plusieurs groupes, ThĂ©ophraste se fonde sur le fait que les plantes ont une croissance indĂ©terminĂ©e pour Ă©tablir leur singularitĂ©[115].

Il tente d'élucider la nature matérielle des plantes selon la théorie des quatre éléments connus dans la physique antique et illustré par Empédocle, en indiquant que notamment que le bois se compose de terre et d'air, raison pour laquelle le bois est combustible et non liquéfiable. Ces phénomÚnes se rattachent aux effets des causes contraires, car tout corps que le froid et le sec coagule est nécessairement liquéfié par le chaud et l'humide[116]

Dans le rĂšgne vĂ©gĂ©tal, ThĂ©ophraste reconnaĂźt le rĂŽle du sexe dans la reproduction de certaines plantes supĂ©rieures, une dĂ©couverte qui a Ă©tĂ© perdue dans les Ă©poques postĂ©rieures[117] - [118]. Ainsi c'est sans doute ThĂ©ophraste qui, le premier, distingue les angiospermes des gymnospermes (plantes Ă  graines et fleurs). Au livre VI d’Histoires des plantes, il signale la floraison prĂ©coce de l’anĂ©mone dite « des prairies »[119], ainsi que du glaĂŻeul[120]. En revanche, il mentionne une fĂ©condation possible de maniĂšre artificielle des palmiers, qui remonte Ă  la plus haute AntiquitĂ©[121].

Exemples d'informations et indication d'espĂšces botaniques

Théophraste classe les champignons en quatre grands types : les champignons poussant sous terre appelés « hydnon » (comme les truffes); ceux en forme de coupe, comme les pézizes; de forme arrondie, comme les vesses-de loup; et les champignons qu'il appelle « mykÚs »[122], catégorie qui englobe tous les champignons à chapeau et à pied .

On lui doit aussi :

  • la racine du nom en grec de la plaquemine[123] - [124] et la famille de ce fruit vient de ThĂ©ophraste ;
  • ThĂ©ophraste, en parlant du sĂ©neçon commun, remarque que l’erigeron fleurit presque toute l'annĂ©e et que c'est une plante potagĂšre peu estimĂ©e[125] ;
  • le premier dans l’Histoire, il dĂ©cline les quatre sortes de laitue cultivĂ©e ;
  • il dĂ©crit des arbustes Ă©pineux que l'on pense ĂȘtre des lyciums ;
  • ThĂ©ophraste rapporte que les hĂȘtres, dont les troncs mesuraient une trentaine de mĂštres, constituaient Ă  eux seuls la quille d'un navire tyrrhĂ©nien ;
  • dans ses Recherches sur les plantes, ThĂ©ophraste dĂ©nomme Strychnos manicos une plante qui pourrait bien ĂȘtre le datura stramoine ou stramoine officinal[N 10] ;
  • des pommes : il dĂ©crit six variĂ©tĂ©s, dont la pomme appelĂ©e « de Perse ou de MĂ©die » ;
  • l’ortie est citĂ©e par ThĂ©ophraste parmi les plantes comestibles aprĂšs cuisson[126] ;
  • des roses : il dĂ©crit une variĂ©tĂ© Ă  nombreux pĂ©tales cultivĂ©e dans les jardins, forme de rosa canina ;
  • ThĂ©ophraste est le premier Ă  mentionner l'orpiment et la sandaraque ;
  • l'Ă©pithĂšte spĂ©cifique thapsus a Ă©tĂ© empruntĂ©e Ă  ThĂ©ophraste (en grec ancien ÎžÎŹÏˆÎżÏ‚)[127], qui l'employait pour dĂ©signer une herbe non spĂ©cifiĂ©e de la ville grecque antique de Thapsos, prĂšs de la Syracuse actuelle en Sicile[128] - [127], bien qu'elle soit souvent assimilĂ©e Ă  Thapsos, ancienne ville de Tunisie)[129]. Dans le genre Verbascum, l'espĂšce est classĂ©e dans la section Bothrosperma subsect. Fasciculata[130].

Informations erronées ou plus ou moins excentriques

À cĂŽtĂ© de ces observations trĂšs pertinentes - connaissant maintenant les composĂ©s actifs de la plante - on trouve dans les textes d’autres considĂ©rations trĂšs dĂ©concertantes pour un homme moderne.

Par exemple, ThĂ©ophraste rapporte, avec un certain scepticisme, les indications de droguistes et d'arracheurs de racines, selon qui lors de la cueillette de la mandragore, il faut « circonscrire la mandragore par trois fois avec une Ă©pĂ©e et [
] la couper en regardant le couchant », tandis que « le second opĂ©rateur danse en rond autour d'elle et prononce le plus possible de paroles Ă©rotiques »[131] - [132].

Il pensait que les truffes étaient des végétaux engendrés par les pluies d'automne accompagnées de coups de tonnerre[133] : réfuté par Amigues.

  • ThĂ©ophraste prend le tubercule pour un fruit[134].
  • ThĂ©ophraste se trompe en pensant qu'une herbacĂ©e comme Malva sylvestris se transforme en une plante Ă  haute tige comme Althaea rosea[135].
  • La rouille dĂ©truit la farine dans le grain, et ThĂ©ophraste l’a dĂ©finie comme une pourriture[136] - [137].

Le monde animal

FidÚle aux travaux d'Aristote, il poursuit l'étude du vivant en publiant une série de traités techniques sur les animaux[138], dont certains fragments subsistent dans des écrits d'auteurs postérieurs[139].

  • Sur les animaux qui mordent ou qui frappent
  • Sur les animaux marins qui s'attardent hors de l'eau
  • Sur les animaux qui changent de couleurs
  • Sur les animaux qui hibernent.

Priscien, dans la question IX de son ouvrage, reprend parfois textuellement ou dans l'esprit les éléments concernant les reptiles fournis par Théophraste dans son traité sur les animaux qui mordent[140].

Il y est mentionné tout un développement sur les substances mortifiÚres qu'utilisent certains animaux tels que les serpents.

Une définition, et les actions de ces substances animales étaient détaillées dans ce traité.

Théophraste se demandait si par la morsure le venin injecté était une sorte de substances dite sanie, ou plutÎt une sorte de souffle, couplé à un pouvoir spécial.

[réf. nécessaire]

Dans son traitĂ© des animaux qui changent de couleurs il prend comme illustration de son propos le camĂ©lĂ©on : « l'animal emprunte toutes les couleurs sauf le blanc et le rouge, et il ne prend pas seulement les couleurs des choses sur lesquelles il se trouve, mais tout seul il change de couleur si quelqu’un le touche »[141]. ThĂ©ophraste pensait que le phĂ©nomĂšne de changement de couleur du camĂ©lĂ©on — qu’il appelle mĂ©tamorphose — vient de ce qu'il a le corps rempli d'air : comme les poumons occupent toute la place ou presque, l'air prĂ©domine et facilite son changement de couleur[142].

Biologie

Dans Sur les Sensations, ThĂ©ophraste affirme que ce qui possĂšde la mĂȘme tempĂ©rature que notre chair ne produit pas de sensations. ThĂ©ophraste dit que l'organe sensoriel, pour certains sens en tout cas, semble ĂȘtre du mĂȘme genre que les sensibles : la langue les saveurs par l'humide, lou'ĂŻe par l'air en mouvement ; il se demande si l'ouĂŻe et le goĂ»t sont les deux seuls cas de similaires, ce qu'il en est des autres sens, utilisant le mot « transaudible » pour l'ouĂŻe, et « transodorant » pour nommer le pouvoir commun Ă  l'eau et l'air en tant que transporteurs d'odeurs.

ThĂ©ophraste Ă  propos d’AlcmĂ©on de Crotone

Selon ThĂ©ophraste — d’accord avec son maĂźtre Aristote — les sens sont l’origine et la source de toute connaissance. AlcmĂ©on de Crotone serait le premier Ă  dĂ©terminer ce qui diffĂ©rencie les animaux et les hommes : « L’homme est le seul Ă  disposer de la conscience, alors que les autres ont des sensations sans avoir la conscience ». ThĂ©ophraste est d'accord avec AlcmĂ©on de Crotone « Ce qui distingue l’homme des autres animaux, c'est qu’il est le seul Ă  disposer de la conscience, alors que les autres ont des sensations sans avoir la conscience »[143]. Aristote dĂ©clarait que les animaux se plaçaient loin en dessous des humains dans la chaĂźne des ĂȘtres, Ă  cause de leur prĂ©tendue irrationalitĂ© et parce qu'ils n'auraient pas d'intĂ©rĂȘt propre. ThĂ©ophraste exprima son dĂ©saccord, se positionnant contre la consommation de viande en allĂ©guant qu'elle privait les animaux de leur vie, et qu'elle Ă©tait donc injuste. Les animaux, selon ThĂ©ophraste, peuvent raisonner, sentir, et ressentir de la mĂȘme maniĂšre que les ĂȘtres humains[144] ; ils sont dotĂ©s de raisonnement. Cet avis ne prĂ©valut pas, et c'est la position d'Aristote — selon laquelle les humains et les non-humains vivaient dans des rĂšgnes moraux diffĂ©rents parce que les uns Ă©taient douĂ©s de raison et non les autres — qui persista largement jusqu'aux contestations de certains philosophes dans les annĂ©es 1970. Sur le rĂšgne animal, dans son ÉpitomĂ© zoologique[145], Aristophane de Byzance commente ThĂ©ophraste : « Les animaux qui piquent occasionnent une douleur qui n’est pas due Ă  une substance injectĂ©e par leur dard mais Ă  la finesse de leur dard ; c’est pourquoi les animaux qui ont des dents trĂšs fines produisent eux aussi une douleur particuliĂšrement vive »[146]. ThĂ©ophraste accorde aux animaux une vie psychologique, et dit des animaux qu’ils ont une pensĂ©e infĂ©rieure Ă  celle de l’homme. Concernant la thĂ©orie de la gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e, ThĂ©ophraste admet une gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e chez les plantes et une gĂ©nĂ©ration normale, par les graines - celles-ci parviennent selon lui plus rapidement Ă  terme[147].

Exemples discutés ou erronés de théories scientifiques de Théophraste

  • ThĂ©ophraste dit les scilles maritimes apotropaĂŻques dans Histoire des plantes[148]. Dans Les CaractĂšres, le Superstitieux, caractĂšre XVI[N 11] convoque des prĂȘtresses Ă  qui il demande de le purifier en traçant un cercle autour de lui avec la plante.
  • Une bonne odeur est, selon ThĂ©ophraste, le produit de la coction des humeurs par la chaleur naturelle[149].
  • Aulu-Gelle[150] rapporte l’attachement d’un dauphin pour un enfant : « Les dauphins sont voluptueux et enclins Ă  l’amour, ainsi que l'attestent des exemples anciens, et mĂȘme rĂ©cents. En effet, sous les premiers CĂ©sars, dans la mer de Pouzzoles, selon le rĂ©cit d’Apion, et plusieurs siĂšcles auparavant, prĂšs de Naupacte, comme le rapporte ThĂ©ophraste, on a vu, de maniĂšre Ă  n’en pouvoir douter, plusieurs de ces animaux donnant des marques Ă©videntes de l’amour le plus passionnĂ© ».
  • On trouve un deuxiĂšme extrait de ThĂ©ophraste chez Aulu-Gelle, dans son ouvrage Nuits attiques[151] : « Chose surprenante qu’on lit dans ThĂ©ophraste, Ă  l’égard des perdrix. Trait Ă  peu prĂšs semblable que ThĂ©opompe a laissĂ©, concernant les liĂšvres. ThĂ©ophraste, le philosophe par excellence, assure que dans la Paphlagonie, toutes les perdrix ont deux cƓurs ; et ThĂ©opompe rapporte que, dans la Bisaltie, les liĂšvres ont deux foies ».

Quelques considĂ©rations a finalitĂ©s mĂ©dicales conservĂ©es dans ses Ɠuvres

Les concepts biologiques ou tĂ©lĂ©ologiques, de Aristote et ThĂ©ophraste, ainsi que l’accent mis par eux sur une sĂ©rie d’axiomes plutĂŽt que sur l'observation empirique, ont eu un impact qu’on ne peut ignorer sur la mĂ©decine hippocratique, puis la mĂ©decine occidentale.

Théophraste prétend que la digestion se fait plus rapidement sur le cÎté droit, et plus difficilement sur le dos[152].

Il connaissait deux espĂšces de thym, l’un blanc, mĂ©dicinal et trĂšs mellifĂšre, l’autre noir, « qui corrompt l’organisme et suscite la bile »[153].

Il soutient que le cyclamen peut ĂȘtre utilisĂ© pour stimuler la libido et favoriser la conception[154]. Sa conviction se fonde Ă  partir de la forme de la fleur, qui ressemble Ă  celle de l’utĂ©rus.

Il a fait part aussi d'observations légendaires ou farfelues quand il en vient à écrire qu'on peut guérir les morsures de vipÚre avec les sons de flûte, si le joueur est habile[155].

Par ailleurs Ă  ThourioĂŻ — colonie athĂ©nienne en pays sybarite — l'eau du fleuve Crathis blanchit, et celle du Sybaris noircit les bestiaux qui en boivent. Ces eaux opĂšrent aussi sur les hommes : les eaux du Sybaris rendent les cheveux crĂ©pus ; les consommateurs des eaux du Crathis ont, Ă  l’inverse les cheveux pendants[156].

Théophraste rapporte que les geckos[157] comme les serpents se dépouillent leur vieille peau, des restes animaux qui serait un remÚde contre l'épilepsie [158].

  • ThĂ©ophraste rapporte que la racine de mandragore traite les maladies de peau et la goutte, que les feuilles sont efficaces pour soigner les blessures, favoriser la fertilitĂ© des femmes[159].
  • ThĂ©ophraste conseille le vinaigre de racine de mandragore comme inducteur du sommeil et signale aussi ses propriĂ©tĂ©s aphrodisiaques[160].
  • Les racines de la vigne sauvage[161] ont un effet Ă©chauffant et entrent dans la prĂ©paration de cosmĂ©tiques[N 12]

Des pivoines : c’est une plante magique, dont la cueillette est entourĂ©e de pratiques rituelles, dĂ©concertantes ; ainsi ThĂ©ophraste Ă©crit-il : « Cette plante, que l'on appelle aussi glukusidĂȘ, doit ĂȘtre arrachĂ©e la nuit ; si on l'arrache de jour, et que l'on est vu par un pivert en train de cueillir le fruit, on risque de perdre les yeux, et si on coupe la racine, on risque la procidence de l’anus »[162].

Doctrine

Selon ThĂ©ophraste, la beautĂ© des objets cĂ©lestes a fait naĂźtre la philosophie dans l’esprit des hommes. Les vertus et les qualitĂ©s qui germent et fleurissent chez les jeunes gens se fortifient par les Ă©loges, et vont toujours croissant Ă  mesure que se dĂ©veloppe en eux le sens et le courage. Selon ThĂ©ophraste, PromĂ©thĂ©e, homme devenu sage, communiqua le premier aux hommes la philosophie, d’oĂč vint la fable mĂ©taphorique qu’il leur avait donnĂ© le feu. ThĂ©ophraste faisait de PromĂ©thĂ©e le premier philosophe, ce qui est simplement une application du littĂ©ralisme pĂ©ripatĂ©ticien Ă  une remarque de Platon[163] - [164] - [165]. D’aprĂšs Alcinoos de Smyrne, ThĂ©ophraste, au Livre VI des Causes des plantes, fait Ă  peu prĂšs la mĂȘme division des saveurs que Platon : la douce, l’acide, l’aigre, l’austĂšre, la salĂ©e, l’acre, et l’amĂšre[166].

Penseur aristotĂ©licien, ThĂ©ophraste suit la tendance spĂ©culative. Les deux Ă©lĂšves d'Aristote qu'Ă©taient ThĂ©ophraste et DicĂ©arque s'opposĂšrent sur la question de savoir s’il fallait opter pour une vie selon l’intellect ou pour une vie engagĂ©e dans la CitĂ© ; ThĂ©ophraste est adepte de la ÎœÎżáżŠÏ‚ χωρÎčστός d’Aristote, position en faveur de la vie contemplative, s’opposant ainsi Ă  DicĂ©arque, adepte du ÎČÎŻÎżÏ‚ πραÎșτÎčÎșός. Il enseignait avec un Ă©gal succĂšs la rhĂ©torique et la philosophie ; il s’est occupĂ© de grammaire ; en logique, il a commentĂ© presque toutes les parties de l’Organon. En morale, il plaçait la vie spĂ©culative au-dessus de la vie pratique[167] ; l’adversitĂ©, les chagrins, les grandes souffrances sont incompatibles avec le bonheur de la vie. ThĂ©ophraste insistait sur la nĂ©cessitĂ© de joindre les biens extĂ©rieurs Ă  la vertu pour vivre heureux, et maintenait que la vertu mĂ©rite d’ĂȘtre recherchĂ©e pour elle-mĂȘme[168]. ThĂ©ophraste nomme dieu tantĂŽt le ciel, tantĂŽt l'esprit[169]. TantĂŽt il attribue Ă  l’intelligence le premier rang parmi les ĂȘtres divins, tantĂŽt c’est le ciel qui est la divinitĂ© suprĂȘme, puis les constellations en zodiaque et les astres[170]. ThĂ©ophraste dit dans son enseignement que les choses qu’enseigne la religion ont Ă©tĂ© prouvĂ©es comme Ă©tant fausses non pas dans l’ensemble de l’ouvrage, mais prĂ©cisĂ©ment Ă  l’endroit oĂč il a Ă©tĂ© montrĂ© que les dieux ne sauraient ĂȘtre. Ainsi, la position de ThĂ©ophraste est sceptique, et l’examen dĂ©bouche sur un aveu d’ignorance concernant tout ce qui dĂ©passe l’évidence immĂ©diate des sens. On retrouve le mĂ©pris pour les liturgies entre autres Ă©vĂ©nements religieux chez Socrate, que l’on accuse entre autres d’introduire de nouveaux dieux ; chez Platon, qui traite des idĂ©es de son maĂźtre dans son MĂ©nexĂšne ; chez ThĂ©ophraste, qui commente les liturgies et autres Ă©vĂ©nements religieux, et finalement chez DĂ©mĂ©trios de PhalĂšre : Scientifique, on peut se poser des questions sur la foi dans l’enseignement de ThĂ©ophraste, quand on sait que son Ă©lĂšve DĂ©mĂ©trios de PhalĂšre une fois au pouvoir Ă  AthĂšnes fit abolir les liturgies. Alors qu’il critique par le CaractĂšre de l’Avare[171] le coĂ»t des sacrifices, ThĂ©ophraste caricature les croyances par le Superstitieux[171] en le dĂ©montrant face Ă  une divinitĂ© introduite tardivement dans les coutumes de la vie. D’aprĂšs les livres Contre Jovinien de JĂ©rĂŽme de Stridon, ThĂ©ophraste a Ă©crit contre le mariage ; aprĂšs avoir retracĂ© en dĂ©tail les ennuis du mariage et ses inquiĂ©tudes, il se prononce contre : selon lui, le sage ne doit pas se marier[172]. ThĂ©ophraste, qui pourtant exhortait les hommes Ă  mettre leur espĂ©rance dans l’instruction plutĂŽt que dans les richesses, dit dans son livre De la richesse que l’avantage du riche est de pouvoir se permettre les somptuositĂ©s des fĂȘtes fastueuses donnĂ©es au peuple. ThĂ©ophraste affirme l’établissement de ses doctrines comme dĂ©coulant de leur nature elle-mĂȘme, Ă©troitement attachĂ©e aux sens ; sa position est ambiguĂ« : parfois, il semble ĂȘtre conscient de son ambiguĂŻtĂ©. Ce faisant, son enseignement se situe lui-mĂȘme sur le terrain de l’opinion, ne dĂ©coule pas des arguments et des dĂ©monstrations avancĂ©s dans chaque cas[173], mais de l’inexistence des dieux, Ă©tablie Ă  partir de l’expĂ©rience : les dieux des religions ne sont pas sensibles, et on ne saurait donc s'en faire une idĂ©e, et ce qui ne peut ĂȘtre connu par sa nature mĂȘme « n’est pas ».

Les trois piliers de sa démarche sont :

  • description ;
  • dĂ©nomination ;
  • classification[174].

Selon ThĂ©ophraste, la connaissance certaine vient par les sens ; l'intellect matĂ©riel Ă©tait une substance ni engendrable ni corruptible, tandis que les intelligibles existant en lui en acte. Selon ThĂ©ophraste, le sentiment est le principe de la foi[175]. Il a Ă©tabli que croire n’est pas connaĂźtre : si l’on croit, on ne connaĂźt pas ; si l’on connaĂźt, on ne croit pas, mais on sait[176]. Cette pensĂ©e n’est pas sans rappeler celle de Platon : ce que l’homme connaĂźt il ne le cherche pas parce qu’il le connaĂźt, et sachant cela il n’a nul besoin de le chercher ; mais ce qu’il ne connaĂźt pas, il ne le cherche pas non plus, parce qu’il ne saurait pas ce qu’il doit chercher[177]. Plutarque[178] cite ThĂ©ophraste : « Un gĂ©nĂ©ral doit mourir en capitaine et pas en soldat »[N 13]. Selon Épicure puis Aristote et enfin ThĂ©ophraste, la raison tout entiĂšre est tirĂ©e des sens, et toutes les pensĂ©es Ă©manent d’eux. LĂ  oĂč Platon admet l’ñme comme une substance qui n’est pas perçue par les sens, mais semblablement par le seul entendement et la pensĂ©e, ThĂ©ophraste remarque qu'affirmer que l’ñme est conçue par le seul entendement signifie nier absolument qu’elle puisse ĂȘtre comprise, puisqu’il n’y a rien dans l’entendement qui n’a pas Ă©tĂ© prĂ©alablement dans les sens[179]. ThĂ©ophraste rĂ©duit Ă  des mouvements les Ă©nergies de l'Ăąme. ThĂ©ophraste explique par la thĂ©orie aristotĂ©licienne des quatre causes (matiĂšre, forme, cause efficiente et cause finale) et enseigne qu’il y a trois sources de connaissance[180] :

  • la connaissance certaine et Ă©vidente ;
  • la conjecture et l’opinion ;
  • la foi.

Théophraste et les Présocratiques / Platon

ThalĂšs

Théophraste résume la théorie de ThalÚs qui voulait que la vie anime la matiÚre en parlant de « mouvement éternel » ; pour Théophraste, tous les changements de la matiÚre en dépendent.

DiogĂšne d'Apollonie

Théophraste a reproché à DiogÚne d'Apollonie des points de vue irréconciliables : si toutes choses ne dérivaient pas d'un principe unique, il n'y aurait ni agir ni pùtir. Dans son ouvrage Sur les Sens, il pose la question quant à savoir pourquoi les oiseaux ne nous dépassent-ils pas en raison si c'est la pureté de l'air respiré qui décide de la finesse et de l'excellence des dons intellectuels, et pourquoi le cours des pensées ne change-t-il pas du tout au tout chaque fois que nous changeons de demeure, et selon que nous respirons l'air des montagnes ou celui des marécages.

DĂ©mocrite

Il reproche notamment Ă  DĂ©mocrite de ne pas tout expliquer de la mĂȘme maniĂšre, pas mĂȘme tout ce qui rentre dans le mĂȘme genre. ThĂ©ophraste a discutĂ© les points de vue de DĂ©mocrite, dans Causes des plantes[181], dans Sur les sensations[182] ainsi que dans De DĂ©mocrite et Sur DĂ©mocrite. Aristote et ThĂ©ophraste citent explicitement DĂ©mocrite comme Ă©tant Ă  l’origine de la thĂ©orie atomiste. ThĂ©ophraste attribue Ă  Leucippe l’ouvrage Grande organisation du monde, que l’on dit ĂȘtre de DĂ©mocrite.

D’accord avec Anaxagore et MĂ©trodore de Lampsaque, un atomiste, ThĂ©ophraste dit que l’eau de mer filtrant Ă  travers la Terre et la lessivant devient salĂ©e, parce que c’en est l’une des saveurs[183].

HĂ©raclite

ThĂ©ophraste attribue Ă  l’humeur impulsive d’HĂ©raclite l’imperfection de certaines parties de son ouvrage et ses contradictions ; selon ThĂ©ophraste, l'obstination d’HĂ©raclite l’avait conduit parfois Ă  des exposĂ©s incomplets et contradictoires. ThĂ©ophraste attribue deux sortes d’exhalaisons Ă  HĂ©raclite : la sĂšche et l'humide.

Parménide

Selon ThĂ©ophraste, ParmĂ©nide dit que la connaissance a lieu suivant que ce soit l’ñme ou la pensĂ©e qui l’emporte sur l’autre. La pensĂ©e est meilleure et plus pure lorsque le chaud prĂ©domine, celle qui a lieu par le chaud est meilleure et plus pure. La proportion du chaud et du froid joue sur dĂ©pendent la mĂ©moire et l’oubli. Le semblable est senti par le semblable le cadavre ne sent rien du fait de l’absence de chaleur. ThĂ©ophraste dit encore que ParmĂ©nide reconnaĂźt l’infĂ©rioritĂ© des sens et l’opinion sur la pensĂ©e, ne fait pas encore de distinction entre sensation et raison.

Gorgias

ThĂ©ophraste a Ă©crit qu’il fut l’élĂšve d’EmpĂ©docle d'Agrigente avec qui il apprit la rhĂ©torique. Il en tient aussi une conception de la connaissance qui dit que les corps Ă©mettent des particules. Or, les appareils sensitifs sont munis de pores. La sensation ne se produit que lorsque les pores des organes sensoriels sont d'un calibre conforme Ă  celui des particules qui les rencontrent : trop larges ils les laissent filtrer, trop Ă©troits ils les retiennent[184]. Cette thĂ©orie est, d'aprĂšs ThĂ©ophraste, celle de Gorgias hĂ©ritĂ©e de son maĂźtre.

Empédocle

ThĂ©ophraste dit qu'EmpĂ©docle fut l’émule de ParmĂ©nide[185], dont il imita les poĂšmes, et que selon lui, c’est le sang qui dĂ©termine la pensĂ©e, car c'est surtout dans le sang que se tempĂšrent rĂ©ciproquement les divers Ă©lĂ©ments[186]. Tout un chapitre de Sur les Sensations critique ParmĂ©nide et Platon, et un autre est entiĂšrement est consacrĂ© Ă  souligner les nombreuses erreurs d'EmpĂ©docle[187].

Anaximandre

Anaximandre relie l’engendrement non pas Ă  l’altĂ©ration de l’élĂ©ment, mais Ă  la sĂ©paration des contraires Ă  travers le mouvement Ă©ternel[188].

ThĂ©ophraste rapporte ce qu’AlcmĂ©on de Crotone pensait de chacun des sens :

  • l’ouĂŻe : pour AlcmĂ©on de Crotone, le vide contenu dans les oreilles rĂ©percute les sons par vibration ;
  • l’odorat : par le nez, le souffle parvient jusqu'au cerveau ;
  • le goĂ»t ;
  • la vision : elle se produit Ă  travers l'eau qui est dans les yeux ;
  • le toucher : selon ThĂ©ophraste, AlcmĂ©on ne dit rien de ce sens, ni comment ni par quoi il se produit ;
  • d’aprĂšs ThĂ©ophraste[189], AlcmĂ©on rejetait la thĂšse qui explique la sensation par le semblable.

AprĂšs la mort de ThĂ©ophraste, le LycĂ©e n’a plus produit d’Ɠuvre originale.

Platon

ThĂ©ophraste dit que Platon fut le premier par la renommĂ©e et le gĂ©nie, tout en Ă©tant le dernier dans la chronologie. Comme il avait vouĂ© la majeure partie de son activitĂ© Ă  la philosophie premiĂšre, il se consacra aussi aux apparences et aborda l’histoire naturelle, dans laquelle il voulut Ă©tablir deux principes : l’un subissant, comme la matiĂšre, est appelĂ© rĂ©cepteur universel, l’autre agissant, comme une cause, est rattachĂ© Ă  la puissance du dieu et du bien.

ThĂ©ophraste commente Ă©galement la remarque La RĂ©publique, « entre amis tout est commun » : si on suit cette voie, les amis des amis doivent l’ĂȘtre au premier chef, et avant de choisir ses amis, il faut les juger. En parallĂšle, selon ThĂ©ophraste, il ne faut juger les Ă©trangers quand on les aime, mais les juger avant de les aimer.

Il critique Platon Ă  propos du plaisir. Pour ThĂ©ophraste, contrairement Ă  Platon, il n’existe pas de plaisir vrai ou faux: que tous les plaisirs sont vrais. Car pour ThĂ©ophraste, s’il existait un plaisir faux, ce serait un plaisir qui n'est pas un plaisir. AssurĂ©ment, rien de tel ne s’ensuivra ; en effet, l’opinion fausse n’en est pas moins une opinion. Mais mĂȘme s’il s’ensuit cela, ThĂ©ophraste se demande ce qu’il y aurait d’absurde Ă  ce que le plus bas plaisir, semblant un plaisir, n’en soit pas un. C’est qu’il existe aussi un ĂȘtre entendu autrement, qui n’est pas l’ĂȘtre entendu simplement ; ainsi, ce qui est engendrĂ© n’est pas l’ĂȘtre en tant que tel. En effet, mĂȘme Aristote pense qu’il existe certains plaisirs relatifs et non en tant que tels, comme ceux des malades qui goĂ»tent l’amer comme le doux. D’aprĂšs ThĂ©ophraste, le faux se prĂ©sente sous trois formes : Soit comme un caractĂšre feint, soit comme un discours, soit comme une chose qui est. ThĂ©ophraste se demande relativement Ă  quoi le plaisir est-il donc faux, car selon lui le plaisir n’est ni un caractĂšre, ni un discours, ni un ĂȘtre qui n’est pas, car telle est la chose fausse, caractĂ©risĂ©e par le fait qu’elle n’est pas. Il faut rĂ©torquer que le plaisir faux est relatif Ă  ces trois dĂ©finitions ; car le plaisir est feint s’il vient du caractĂšre feint, irrationnel, quand l’opinion s’égare et se dirige vers le faux au lieu du vrai et y trouve son plaisir, et n’existant pas quand il est imaginĂ© en l’absence de la douleur, et cela sans que rien d’agrĂ©able soit prĂ©sent.

Catalogue des Ɠuvres de ThĂ©ophraste

Dans le cinquiĂšme livre des Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, DiogĂšne LaĂ«rce donne le catalogue des Ɠuvres: « Il a laissĂ© des livres, lui aussi, le plus grand nombre qui est possible. Eux aussi, j'ai jugĂ© lĂ©gitime d'en donner la liste parce qu'ils regorgent d'excellence en tous domaines »[190]. Le catalogue prĂ©sente en fait des listes par ordre alphabĂ©tique, bien que l'ordre soit bouleversĂ© Ă  plusieurs reprises et que sa MĂ©taphysique ne soit pas mentionnĂ©e[191]. DiogĂšne indique que cela reprĂ©sente 230 850 lignes, un nombre peu vraisemblable, car les comparaisons avec les ratios lignes/nombre de livre pour Aristote et Straton, indiqueraient des Ă©carts beaucoup trop Ă©levĂ©s[191].

On attribue Ă  ThĂ©ophraste un traitĂ© Sur la MĂ©taphysique, que l'on soupçonne d'ĂȘtre le ΠΔρ᜶ Ï„áż¶Îœ áŒÏ€Î»áż¶Îœ ÎŽÎčÎ±Ï€ÎżÏÎ·ÎŒÎŹÏ„Ï‰Îœ αÊč du catalogue rapportĂ© par DiogĂšne LaĂ«rce[192]. Nicolas de Damas attribue l'ouvrage Ă  ThĂ©ophraste ; Brandis en 1823, Wimmer en 1854, et Usener en 1890 en fixent le texte, et l'authentifient. Fobes et Ross, de l'UniversitĂ© d'Oxford, publient en 1929 leurs travaux de traduction et commentaires de la MĂ©taphysique de ThĂ©ophraste. Jules Tricot, dans sa traduction de la MĂ©taphysique de ThĂ©ophraste, considĂšre que les travaux de Fobes et Ross sont de qualitĂ© supĂ©rieure Ă  ce qui a Ă©tĂ© fait jusqu'alors. Cette attribution Ă ThĂ©ophraste n'est pas contestĂ©e.

Cependant, aucune rĂ©fĂ©rence Ă  la MĂ©taphysique n’est connue entre le temps de ThĂ©ophraste et le Ier siĂšcle ; CicĂ©ron ne parle jamais de cet ouvrage. AprĂšs le temps d’Andronicos de Rhodes, quelques commentateurs, dont Nicolas de Damas, semblent avoir composĂ© une Î˜Î”Ï‰ÏÎŻÎ± Ï„ÎżáżŠ ገρÎčÏƒÏ„ÎżÏ„Î­Î»ÎżÏ…Ï‚ ΌΔτᜰ τᜰ ΊυσÎčÎșÎŹ / Theoria tou Aristotelous meta ta physika, titre qui fait apparaĂźtre l'expression qui allait devenir le nom du texte d’Aristote : ΜΔτᜰ τᜰ ΊυσÎčÎșÎŹ / Meta ta physika. On a attribuĂ© ce titre Ă  Andronicos de Rhodes, mais on le trouve dans un fragment de ThĂ©ophraste sur la philosophie premiĂšre.

Le traitĂ© moral πΔρ᜶ áŒĄÎŽÎżÎœáż†Ï‚ (Sur le Plaisir) est Ă©galement attribuĂ© Ă  ThĂ©ophraste, mais pourrait avoir Ă©tĂ© un ouvrage de ChamĂ©lĂ©on d'HĂ©raclĂ©e, autre disciple d’Aristote citĂ© par AthĂ©nĂ©e. Ce qui nous reste de ThĂ©ophraste a Ă©tĂ© publiĂ© par Camerarius en 1541, Daniel Heinsius (Éd. Leyde en 1613) et par Johann Gottlob Schneider en 1818 (Éd. Leipsick, 5 vols.).

Les CaractĂšres ont Ă©tĂ© traduits en français en 1688, puis adaptĂ©s et imitĂ©s par Jean de La BruyĂšre : longtemps on n'a possĂ©dĂ© que 28 chapitres de cet ouvrage ; on a dĂ©couvert en 1786 les chapitres 29 et 30. Ce traitĂ© inspira Ariston de CĂ©os, Jean de La BruyĂšre[193] et Jean de La Fontaine, entre autres ; l’Anthologie Palatine cite un philosophe pĂ©ripatĂ©ticien nommĂ© Satyros d'Olynthe, Ă©galement disciple d'Aristote, qui rivalisa avec ThĂ©ophraste en Ă©crivant des CaractĂšres.

Proclos considĂšre que Du ciel est l’Ɠuvre de ThĂ©ophraste[194]. D’aprĂšs PhilodĂšme de Gadara, le premier livre des Économiques d’Aristote a Ă©tĂ© Ă©crit par ThĂ©ophraste, et est inspirĂ© de l'ouvrage homonyme Ă©crit par XĂ©nophon[195]. Certains fragments d’un ouvrage pĂ©ripatĂ©ticien intitulĂ© Sur les couleurs a Ă©tĂ© attribuĂ© Ă  ThĂ©ophraste[196]. Dans ses livres Contre Jovinien, JĂ©rĂŽme de Stridon cite un Livre de la nuit, dont il parle au Livre XIV ; Priscien cite un TraitĂ© sur l'Imagination et l'Intelligence[197].

Une lettre du pseudo-ThĂ©ophraste circule, extraite du Manuscrit 483 du Vatican parmi les lettres de CratĂšs de ThĂšbes, un philosophe cynique. Au cours de l’AntiquitĂ©, les travaux de ThĂ©ophraste furent prolongĂ©s par ceux de Pline l'Ancien et de Dioscoride, mais dĂ©jĂ  aprĂšs les conquĂȘtes moyenne-orientales d’Alexandre le Grand, la pensĂ©e magique mĂ©sopotamienne et Ă©gyptienne avait commencĂ© Ă  contaminer la pensĂ©e hellĂšne. Mettant un terme Ă  cette pĂ©riode riche en observations suivra, jusqu’à la Renaissance, ou la pĂ©riode du Moyen Âge, pendant laquelle les Ă©tudes botaniques ne seront plus que la reprise des travaux anciens, sans nouveautĂ©.

Signe de son rĂŽle prĂ©curseur en botanique, l’IPNI a attribuĂ© Ă  ThĂ©ophraste une abrĂ©viation en botanique, chose trĂšs rare pour un auteur d’avant le XVIe siĂšcle.

Notes et références

Notes

  1. Lorsqu’il prit la direction de l’école, il avait 49 ans, selon les MĂ©moires de l’AcadĂ©mie des sciences, arts et belles lettres de Dijon, p. 12 - Éd. de 1840.
  2. Sophocle, fils d’Amphiclide, à ne pas confondre avec le poùte.
  3. Et encore, parmi d'autres disciples: MĂ©troclĂšs de MaronĂ©e / Érasistrate de CĂ©os / DamoclĂšs / ArcĂ©silas de Pitane / LyncĂ©e et son frĂšre Douris, de Samos / Stilpon de MĂ©gare / Dinarque / Praxiphane / DĂ©mĂ©trios de PhalĂšre / MĂ©troclĂšs.
  4. CallisthĂšne, frag. 493, Fortenbaugh.
  5. Cet avis ne prĂ©valut pas, et c’est la position d’Aristote — selon laquelle les humains et les non-humains vivaient dans des rĂšgnes moraux diffĂ©rents parce que les uns Ă©taient douĂ©s de raison et non les autres — qui persista largement jusqu’aux contestations de certains philosophes dans les annĂ©es 1970.
  6. C'est-à-dire dont on ne peut définir ou deviner ni la condition ni les ressources.
  7. Théophraste séjourna un temps à Thasos vers 300.
  8. PhaĂ©nos d’AthĂšnes, maĂźtre de MĂ©ton, Ă©tait mĂ©tĂšque.
  9. En grec ancien, respectivement ΠΔρ᜶ ÎŠÏ…Ï„áż¶Îœ Î™ÏƒÏ„ÎżÏÎŻÎ±Ï‚ et ΠΔρ᜶ ÎŠÏ…Ï„áż¶Îœ ΑጰτÎčáż¶Îœ.
  10. On lui doit la description, entre autres, du chrysocolle, du cinabre, du saphir.
  11. Victime de Deisidaimonia, obsessionnel dont le nom est proche d’un synonyme de religion (en grec ancien ΎΔÎčσΎαÎčÎŒÎżÎœÎčα).
  12. Histoire des plantes, IX, 20, 3 : ΞΔρΌαΜτÎčÎș᜞Μ ÎŽáœČ Îșα᜶ ΎρÎčÎŒáœș Îșα᜶ Ï„áż†Ï‚ áŒ€ÎŒÏ€Î­Î»ÎżÏ… Ï„áż†Ï‚ áŒ€ÎłÏÎŻÎ±Ï‚ áŒĄ ῄίζα˙ ÎŽÎč᜞ Îșα᜶ Δጰς ÏˆÎŻÎ»Ï‰ÎžÏÎżÎœ Ï‡ÏÎźÏƒÎčÎŒÎżÎœ Îșα᜶ áŒÏ†Î·Î»ÎŻÎŽÎ±Ï‚ áŒ€Ï€ÎŹÎłÎ”ÎčΜ˙ Ï„áż· ÎŽáœČ ÎșÎ±ÏÏ€áż· ψÎčÎ»ÎżáżŠÏƒÎč τᜰ ΎέρΌατα) « Comme drogue Ă©chauffante et Ăącre, il y a encore la racine de la vigne sauvage, utilisĂ©e par consĂ©quent comme dĂ©pilatoire et pour Ă©liminer les taches de rousseur ; le fruit sert Ă  dĂ©piler les peaux ».
  13. On peut y voir une interprétation de Platon qui dit au Livre Ier de sa République : « Le pilote, au sens strict, est le dirigeant des matelots, et non pas un matelot. » (342d).

Références

  1. Aulu-Gelle, Nuits attiques [détail des éditions] (lire en ligne) Livre XIII, 5.
  2. Pellegrin 2014, p. 12.
  3. Des Vents, fragments 31 et 59.
  4. Frag. 59, Éd. Wimmer.
  5. De natura deorum, Livre I.
  6. Plutarque : Contre ColotĂšs, 1110-1111.
  7. Amigues 2010, p. 246.
  8. MĂ©moires de l’AcadĂ©mie des sciences, arts et belles lettres de Dijon p. 12, Ă©d. de 1840.
  9. DiogÚne Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne), Livre 5.
  10. 1988 Duhot, p. 76.
  11. Jaeger 1997, p. 114 et 446-447.
  12. Plutarque, Contre ColotĂšs
  13. Plutarque, Qu’il n’est pas mĂȘme possible de vivre agrĂ©ablement selon la doctrine d’Épicure, XV.
  14. Jaeger 1997, p. 114 et note 24 p. 446.
  15. « Anthologie - Le testament d’Aristote | La Vie des Classiques », sur www.laviedesclassiques.fr (consultĂ© le )
  16. Carlo Natali in Jacques Brunschwig et Geoffrey Lloyd (Dir.), Le savoir grec, Dictionnaire critique, Flammarion, 1996, 238-239.
  17. DiogÚne Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, Livre V, 39.
  18. 2015, p. 292-293.
  19. Marguerite Yourcenar 2015, p. 292.
  20. Grand Larousse encyclopédique en 10 volumes (juillet 1963) : Strya - Zyth (p. 298)
  21. Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne) (I)
  22. Habicht 2006, p. 90-91.
  23. Blair 2010, p. 17.
  24. DiogÚne Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, sous la direction de M.-O. Goulet-Cazé, Paris, Le Livre de Poche, coll. « La PochothÚque », 1999, p. 614 (Livre V, 52-53)
  25. Jaeger 1997, p. 325-326.
  26. Strabon, Géographie, [détail des éditions], XIII, § 54. [lire en ligne (page consultée le 8 mail 2022)]
  27. Aulu Gelle, Nuits attiques, Livre II, ch. XVII [lire en ligne (page consultée le 8 mai 2022)], et Adolphe Granier de Cassagnac, Histoire des classes ouvriÚres et des classes bourgeoises, 1838, p. 341.
  28. DiogÚne Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, sous la direction de M.-O. Goulet-Cazé, Paris, Le Livre de Poche, coll. « La PochothÚque », 1999, p. 594, 615, 616 (Livre V, 36, 54, 55)
  29. La BruyĂšre, Les CaractĂšres, Le Livre de poche, 2004, introduction p. 16.
  30. CaractĂšre XVIII.
  31. CaractĂšre IV.
  32. Zehnacker et Fredouille (2005) p. 142.
  33. De la vertu et du vice (en grec ancien : ΠΔρ᜶ áŒ€ÏÎ”Ï„áż†Ï‚ Îșα᜶ ÎșαÎșÎŻÎ±Ï‚).
  34. Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne) : Livre I, 38.
  35. Guillaume Rocca-Serra, Jean-François Balaudé, et al., L'animal dans l'Antiquité, Paris, Vrin, 2000, p. 384. [lire en ligne (page consultée le 8 mai 2022)]
  36. Georges Chapouthier, « Le respect de l’animal dans ses racines historiques: de l’animal-objet Ă  l’animal sensible », sur fondation-droit-animal.org, (consultĂ© le )
  37. D’aprĂšs le TraitĂ© de l’abstinence de Porphyre de Tyr.
  38. Aulu-Gelle, Nuits attiques [détail des éditions] (lire en ligne) Livre VIII, 9 : « Que le philosophe Théophraste, l'homme le plus éloquent de son temps, voulant un jour adresser quelques mots aux Athéniens, se trouva tellement intimidé qu'il garda le silence. »
  39. Élien, Histoires variĂ©es, VIII, 12. [lire en ligne (page consultĂ©e le 8 mai 2022)]
  40. Édouard Will, Claude MossĂ©, Paul Goukowsky, Le Monde grec et l'Orient, Le IVe siĂšcle et l'Ă©poque hellĂ©nistique, PUF, 1975, p. 606.
  41. DiogÚne Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne), Livre V.
  42. Ammonios, Scholies.
  43. Galien, De placitis Hippocratis et Platonis, Livre V.
  44. Pernot 2000, p. 84.
  45. De oratore, 79.
  46. Mémoires sur les anciens orateurs de Denys d'Halicarnasse, Chap. « Isocrate » [3].
  47. De l’InterprĂ©tation d'Aristote, Hermippe de Smyrne, frag.35.
  48. Frag. 3 de Diels.
  49. Théophraste, Second livre des Topiques.
  50. Physique, livre IV, 4.
  51. Essai sur la dialectique de Platon, de Paul Janet, 1855, chapitre II, p. 121.
  52. Proclos, Commentaire sur le Parménide, livre premier, 13.
  53. Plutarque, ƒuvres morales [dĂ©tail des Ă©ditions] [lire en ligne] « Livre II Â».
  54. Pernot 2000, p. 89.
  55. D’aprùs le Livre Premier des Saturnales de Macrobe.
  56. Anton Dumitriu - History of Logic - Tunbridge Wells, Abacus Press, 1977 - vol. I, p. 207-208.
  57. soit chaque chose en particulier.
  58. Aristote ne signale que quatre indémontrables dans la premiÚre figure
  59. Théophraste, Métaphysique, p. 310, éd. Brandis.
  60. Werner Jaeger 1997, p. 359-360.
  61. Simon 1839, p. 141.
  62. Voir Simon Karsten, philologue : Parmenid. Eleat. reliq., p. 126 de l’édition en anglais.
  63. Les CaractĂšres, XXIX.
  64. Selon ThĂ©ophraste, « l’orgueil est le mĂ©pris de tout, sauf de soi mĂȘme »
  65. ThĂ©Ă©tĂšte, aux Éd. La BibliothĂšque Ă©lectronique du QuĂ©bec, Collection Philosophie, volume 9 (p. 39 de l’édition traduite et commentĂ©e par Émile Chambry).
  66. Préparation évangélique (IV, 14).
  67. Porphyre de Tyr : Sur l'abstinence de la chair des animaux
  68. Angus Taylor, Animals and Ethics : Broadview Press, p. 35.
  69. Marcel Detienne, p. 174.
  70. p. 203 de Feldman 1992.
  71. Flavius JosĂšphe, Contre Apion, Livre I, 22.
  72. Pline l'Ancien, Histoire naturelle (Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne] : Livre VII).
  73. Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne] (VII, 56).
  74. Cicéron, De oratore (II, 13).
  75. Suzanne Saïd et al., Histoire de la littérature grecque, Paris, PUF, coll. « Quadrige Manuels », 4e éd. mise à jour, 2019, p. 368
  76. Histoires de l’historien Polybe de MĂ©galopolis, qui prend sa dĂ©fense au Livre XII (fragment XIV).
  77. Histoires, notes de Denis Roussel pour la BibliothÚque de la Pléiade (éd. Gallimard), 1970.
  78. Traité des lois (XXV).
  79. Annie BĂ©lis, « Les mouvements des musiciens dans l’AntiquitĂ© », dans Marie-HĂ©lĂšne Delavaud-Roux (dir.), Musiques et danses dans l'AntiquitĂ©, Renne, Presses universitaires de Renne, (1re Ă©d. 2011), 336 p. (ISBN 978-2-753-56790-0, lire en ligne), p. 23-44; v. § 38-39
  80. Athénée de Naucratis, Deipnosophistes (I, 22). [lire en ligne (page consultée le 8 mai 2022)]
  81. Traité des lois, III.
  82. CaractĂšres, XXVI, 1 et XXIX, 4.
  83. Cf. SchƓmann, Griechische Staais alterthĂŒmer, t. I, p. 471 ; voir Dugit, Étude sur l’ArĂ©opage athĂ©nien, p. 120.
  84. Hermann Diels : Die Fragmente der Vorsokratiker, frag. 70.
  85. Des Signes du temps, Frag. 4 et 5 [Diels].
  86. Essai sur l’influence des comĂštes sur les phĂ©nomĂšnes de la terre, Thomas Forster, 1836 p. 101.
  87. Cicéron, Académiques (IV, 39).
  88. AĂ©tius, Opinions (III, IX, 1 - 2).
  89. Cicéron, Premiers académiques, II, XXXIX, 123.
  90. MĂ©taphysique : Livre I ; AbrĂ©gĂ© de l’origine de tous les cultes, chapitre II.
  91. Des Signes du Temps, frag. 194, Diehl.
  92. Cicéron, De la nature des dieux, XIII.
  93. Macrobe, Commentaire du songe de Scipion, chapitre XV.
  94. Aristote ThĂ©ophraste Straton, La thĂ©orie des ĂȘtres divins de David LEFEBVRE UniversitĂ© Clermont Auvergne centre lĂ©on Robin.
  95. « La matiÚre antique : le principe de toute chose », sur cosmovisions.com, Imago mundi (consulté le ).
  96. (de) Edmund von Lippmann, « Zur Geschichte des Wasserbades », Abhandlungen und VortÀge zur Geschichte der Naturwissenschaft (2 vols.), 1906-1913, cité par (Patai 1995, p. 62).
  97. Traité des eaux, 41 f.
  98. Livre VI
  99. Cicéron, Tusculanes, V, 9.
  100. Alexandre d'Aphrodise, Commentaire sur la Physique d'Aristote, Livres IV Ă  VIII.
  101. Platon, ƒuvres complùtes, Flammarion, sous la direction de Luc Brisson, Paris, 2008 (p. 288).
  102. Stobée, EclogÊ PhysicÊ : IX, § 40 (traduction de Marie-Nicolas Bouillet).
  103. Exemple : un animal sans vie n'est plus un animal, s'il est mort. (Tricot).
  104. En grec ancien, ΠΔρ᜶ Î›ÎŻÎžÏ‰Îœ.
  105. Valentin Rose (classiciste allemand), Fragmenta, Leipzig, 1886, frg. 254.
  106. Geoffrey E.R Lloyd, Une histoire de la Science Grecque, Paris, Ă©dition Point Sciences La DĂ©couverte, , 428 p. (ISBN 2-02017765-X), p. 187.
  107. ThĂ©ophraste (trad. Suzanne Amigues), Recherches sur les plantes. À l'origine de la botanique, Belin, , 420 p..
  108. ThĂ©ophraste, Sur les Plantes, trad. Émile Egger et EugĂšne Fournier, Paris, Éd. Leroux, 1887.
  109. Olivier Lafont, « L’histoire des plantes de ThĂ©ophraste : Suzanne Amigues, (Trad.) ThĂ©ophraste, Recherches sur les plantes, livres VII et VIII », Revue d’histoire de la pharmacie, vol. 92, no 341,‎ , p. 132 (lire en ligne).
  110. Guy Ducourthial, Flore magique et astrologique de l'Antiquité, Belin, .
  111. en grec ancien : ÎŽÎ­ÎœÎŽÏÎżÎœ.
  112. en grec ancien : ÎžÎŹÎŒÎœÎżÏ‚.
  113. en grec ancien : Ï†ÏÏÎłÎ±ÎœÎżÎœ.
  114. en grec ancien Ï€ÎżÎ±.
  115. VoirJoëlle Magnin-Gonze, Histoire de la botanique, Lonay (Suisse)/Paris, Delachaux & Niestlé, (ISBN 2-603-01495-1).
  116. Alexandre d'Aphrodise, Commentaire des Météorologiques d'Aristote, livre IV (30).
  117. Mayr 2010, p. 90, 91.
  118. Mason 1962, p. 46.
  119. A. coronaria et A. pavonina.
  120. Amigues 2010, p. 244.
  121. René Desfontaines, Inst. Mém. scienc. t. V, p. 162.
  122. en grec ancien ”ύÎșης : de ce mot dĂ©rive le mot mycologie.
  123. « diospyros », en grec ancien ΔÎčÏŒÏƒÏ€Ï…ÏÎżÏ‚.
  124. Harvard.
  125. Amigues 2010, p. 270, 271, 278.
  126. Amigues 2010, p. 270
  127. A. Carnoy, Dictionnaire Ă©tymologique des noms grecs de plantes, Louvain, Publications Universitaires, (OCLC 3284108).
  128. (sv) Den virtuella Floran : Verbascum thapsus, consulté le .
  129. Michael L. Charters, « Plant name: T », sur Calflora.net (consulté le ).
  130. (en) Nels R. Lersten et John D. Curtis, Anatomy and Distribution of Foliar Idioblasts in Scrophularia and Verbascum (Scrophulariaceae), vol. 84, (DOI 10.2307/2446461), chap. 12, p. 1638-1645.
  131. Histoire des plantes, Livre IX, 8, 8.
  132. Amigues 2010, p. 350.
  133. Histoire de la truffe..
  134. Sur les plantes, livre 1.
  135. Théophraste : Sur les plantes : Livre 1.
  136. σαπρότης.
  137. Causes des plantes, Livre III (22).
  138. DiogÚne Laerce, Vies des philosophes illustres , article « Théophraste » , liste de son catalogue
  139. Priscien dans Questions philosophiques adressé a Chorsroem Persus, et Photius dans sa Bibliotheque.
  140. Arnaud ZUCKER, « ThĂ©ophraste a mots dĂ©couverts : sur les animaux qui piquent ou qui frappent », HAL archives ouvertes.fr,‎ .
  141. Traduction de l’AbbĂ© Gedoyn, Extraits de Photios, Paris, Imprimerie royale, 1743.
  142. Plutarque, De l'intelligence des animaux, Arléa, 2011, p. 83.
  143. Alcméon de Crotone, cité par Théophraste : Des Sens (25).
  144. Angus Taylor, Animals and Ethics (Broadview Press, p. 35.).
  145. Épit. I, 147.
  146. Arnaud Zucker, professeur de littĂ©rature grecque Ă  l’universitĂ© de Nice et directeur adjoint du CEPAM, spĂ©cialiste de la biologie et l’astronomie antiques, et de la tradition encyclopĂ©dique : ThĂ©ophraste Ă  mots dĂ©couverts, 2008, p. 8..
  147. Hendrik Cornelius Dirk De Wit, Histoire du DĂ©veloppement de la Biologie, Volume III, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, Lausanne, 1994, p. 370 (ISBN 2-88074-264-1).
  148. Livre VII (13, 4).
  149. Plutarque, Vie d’Alexandre.
  150. Les Nuits attiques (6, Ch. VIII).
  151. Livre XVI, Ch. 15.
  152. Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, livre XXVII, chapitre 13-15.
  153. Histoire des plantes, livre IX.
  154. Théophraste, Recherches sur les plantes (IX, 3).
  155. Aulu-Gelle, Nuits attiques [détail des éditions] (lire en ligne), livre IV (13).
  156. Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, livre XXXI, chapitre 9-10.
  157. en grec ancien ÏƒÏ„Î·Î»Î»áŒ°ÎżÎœ [stellion])
  158. Histoire Naturelle, livre VIII, cCh. XLIX.
  159. Amigues 2010, p. 350, 351.
  160. Recherches sur les plantes, (IX, 8, 8).
  161. áŒ„ÎŒÏ€Î”Î»ÎżÏ‚ áŒ€ÎłÏÎŻÎ± / Ă  corriger (áŒĄ)
  162. Histoire des plantes (IX, 8, 6).
  163. d’aprùs le scholiaste d’Apollonios de Rhodes (II, 1248).
  164. PhilĂšbe (16c, 6).
  165. [9,2] Chapitre II, Livre II, Porphyre de Tyr : Sur l’abstinence de la chair des animaux.
  166. d’aprùs Alcinoos de Smyrne : De la Doctrine de Platon (Livre VI).
  167. Cicéron : De finibus (XXVI).
  168. Cicéron, Académiques (I, 10) ; Tusculanes (V, 9).
  169. Clément d'Alexandrie, Discours aux Gentils.
  170. Cicéron, De la nature des dieux (XIII).
  171. CaractĂšre XXII.
  172. Contre Jovinien (Livre XIV).
  173. démarche aristotélicienne par excellence.
  174. CaractĂ©ristiques de l’école pĂ©ripatĂ©ticienne.
  175. Clément d'Alexandrie, Stromates, Livre II, chapitre 2.
  176. Des Sensations : I, II, frag. 28 ; I [46]
  177. MĂ©non (80e).
  178. Vie de Sertorius (13).
  179. Des Sensations (IV, II, f. 438 ; II, 586).
  180. Des Sensations (I, VI, frag. 96 ; I, 138).
  181. Livres II, XI (7-8).
  182. Sur les sensations (50-53 et passim)
  183. Vors. 397, 37-41.
  184. MĂ©non de Platon (76d).
  185. d’aprĂšs DiogĂšne LaĂ«rce (VIII, Chapitre 2)
  186. Des Sensations (10)
  187. Des Sensations (12-24).
  188. Fragment A9 (traduction de Giorgio Colli 11 [B1]) d’Opinions des Philosophes (Fragment 2, traduction de Giorgio Colli, in La Sagesse grecque, Édition de L'Éclat, 1997). Extrait de Catherine Golliau, La PensĂ©e antique, des prĂ©socratiques Ă  saint Augustin.
  189. Des Sens (25-26).
  190. DiogÚne Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, édité sous la dir. de Marie-Odile Goulet-Cazé, Paris, Le Livre de poche, coll. « La PochothÚque », 1999, p. 600.
  191. DiogÚne Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, Le livre de poche, coll. « La PochothÚque », , p. 600-612 (numérotation : V, 42-50). Cette traduction est utilisée pour les titres de certains ouvrages.
  192. Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres : Article sur Théophraste, 46.
  193. Oscar Navarre, « ThĂ©ophraste et La BruyĂšre », Revue des Études Grecques, vol. 27, no 125,‎ , p. 384–440 (DOI 10.3406/reg.1914.6817, lire en ligne, consultĂ© le )
  194. Simon 1839, p. 57.
  195. Gourinat et Romeyer-Dherbey 2000, p. 263
  196. W. S. Hett, Aristotle. Minor Works, Ă©ditions Loeb, Cambridge (Mass., 1963).
  197. Ennéades, Tome II.

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

Ouvrages de Théophraste

Théophraste.
  • (grc + fr) ThĂ©ophraste (trad. du grec ancien par O. Navarre), CaractĂšres, Paris, Les Belles Lettres, coll. « BudĂ©-SĂ©rie grecque » (no 5), (1re Ă©d. 1921), 104 p. (ISBN 978-2-251-00623-9). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article Texte Ă©tabli par le traducteur. RĂ©Ă©d. 1964Texte en ligne
  • Les CaractĂšres (trad. du grec ancien par Nicolas Waquet, prĂ©f. Nicolas Waquet), Paris, Payot & Rivages, coll. « La Petite BibliothĂšque », , 112 p. (ISBN 978-2-7436-2138-4)
  • ThĂ©ophraste (trad. du grec ancien par Suzanne Amigues), Des Pierres, Paris, Les Belles Lettres, coll. « BudĂ©-SĂ©rie grecque », , 136 p. (ISBN 978-2-251-00623-9). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • ThĂ©ophraste (trad. Jules Tricot), MĂ©taphysique, Éditions Vrin, (1re Ă©d. 1948), 56 p. (ISBN 978-2-7116-0698-6). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • A. Laks, G. W. Most, Ch. Larmore, E. Rudolph et M. Crubellier (texte Ă©tabli et traduit), MĂ©taphysique, Paris, Les Belles Lettres, 1993, LXXXII-132 p.
  • Hermann Diels, Opinions des philosophes de la nature (Ă©dition des fragments en grec), Doxographi Graeci, Berlin, 1879, rĂ©Ă©d. 1958, p. 475-495. Titre latin : Physicorum opiniones.
    Hermann Diels a tentĂ© de reconstituer l'histoire des Ă©tats textuels successifs d'Ɠuvre hĂ©ritiĂšre lointaine, selon lui (voir Doxographi GrĂŠci, p. 102-118), des Opinions des Philosophes de ThĂ©ophraste.
  • TraitĂ© des lois. ThĂ©ophraste : TraitĂ© des lois., 1870 (ƒuvre numĂ©risĂ©e)
  • ThĂ©ophraste, Marc Szwajcer (numĂ©risation), Sur les Sensations, 1930.
  • ThĂ©ophraste, Marc Szwajcer (numĂ©risation), Le livre des Pierres.
  • ThĂ©ophraste, Suzanne Amigues (texte Ă©tabli et traduit), ThĂ©ophraste. Les Signes du temps, Paris, Les Belles Lettres, 2019, L + 238 p.
  • ThĂ©ophraste, Suzanne Amigues (texte Ă©tabli et traduit), Les Pierres, Paris, Les Belles Lettres, 2018, XX + 160 p.
  • ThĂ©ophraste, (texte Ă©tabli et traduit par Suzanne Amigues), Recherches sur les plantes (Historia plantarum), Paris, Les Belles Lettres. Tome 1 : Livres I-II. LVIII-211 p. 1988. Tome 2 : Livres III-IV.X-423 p. 1989. Tome 3 : Livres V-VI. XII-264 p. 1993. Tome 4 : Livres VII-VIII. XII-237 p. 2003. Tome 5 : Livre IX. Index. 399 p. 2006.
    Cette Ă©dition, qui s’appuie complĂštement sur l’Urbinas, renouvelle la comprĂ©hension de ThĂ©ophraste tant au niveau de ses concepts que de l’identification des plantes, rĂ©visĂ©e avec l’aide de plusieurs botanistes, dont Pierre QuĂ©zel et Werner Greuter. Les notes permettent au lecteur d’en faire un usage critique.
  • ThĂ©ophraste (trad. du grec ancien par Suzanne Amigues), Recherches sur les plantes : À l’origine de la botanique, Paris, Belin, , 432 p. (ISBN 978-2-7011-4996-7). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • ThĂ©ophraste, (texte Ă©tabli et traduit par Suzanne Amigues), Les causes des phĂ©nomĂšnes vĂ©gĂ©taux (De causis plantarum), Paris, Les Belles Lettres, 2012, Livres I et II. 237 p. ; 2015, Livres III et IV. 225 p. ; 2017, Livres V et VI. 259 p.
  • ThĂ©ophraste, Paul Chemla (traduction), De la vertu et du vice (en grec ancien : ΠΔρ᜶ áŒ€ÏÎ”Ï„áż†Ï‚ Îșα᜶ ÎșαÎșÎŻÎ±Ï‚), Ă©d. Mille et Une Nuits (2002) (ISBN 2-84205-670-1).
  • Sur les signes du temps, Ă©di. D. Sider et C. W. Brunschön, Theophrastus of Eresus: On Weather Signs, Leyde, Brill, 2007.

Études sur ThĂ©ophraste

Sources

Articles connexes

Liens externes

Theophr. est l’abrĂ©viation botanique standard de ThĂ©ophraste.

Consulter la liste des abréviations d'auteur ou la liste des plantes assignées à cet auteur par l'IPNI

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.