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De natura deorum

Le De natura deorum (en français De la nature des dieux) est un traitĂ© philosophique de CicĂ©ron Ă©crit en 45 av. J.-C. et dĂ©diĂ© Ă  Brutus, un ami de CicĂ©ron. De sujet religieux, il prĂ©sente et oppose les visions thĂ©ologiques des diffĂ©rents courants philosophiques grecs prĂ©sents Ă  Rome, le stoĂŻcisme, l’épicurisme et l’acadĂ©misme, et se compose de trois livres.

Couverture de l'Ă©dition de la Cambridge University Press de 1880.

Date

La rĂ©daction du De natura deorum suit la publication de deux ouvrages moraux, le De finibus bonorum et malorum et les Tusculanes. Elle commence vers la fin du mois d’aoĂ»t 45 av. J.-C.. CicĂ©ron Ă©crivit Ă  Atticus pour lui demander l'essai Des Dieux (ΠΔρ᜶ Ï‘Î”áż¶Îœ, peri theon) du maĂźtre de l'Ă©cole Ă©picurienne PhĂšdre [1], et utilisa cette Ɠuvre pour l'aider Ă  rĂ©diger le premier livre du De Natura Deorum. Sur cette base, il dĂ©veloppa non seulement son analyse de la doctrine Ă©picurienne, mais aussi celle de philosophes plus anciens. La fin de rĂ©daction n’est pas datĂ©e avec prĂ©cision, elle se place avant la mort de CĂ©sar qui survient en mars 44, il est possible qu’elle se situe beaucoup plus tĂŽt[2].

Contenu

CicĂ©ron place le dialogue fictif entre trois personnages importants dont il aurait Ă©tĂ© tĂ©moin en 77 ou 76 av. J.-C., pendant la fĂȘte religieuse des FĂ©ries latines Ă  Rome[2].

Dans le premier livre, CicĂ©ron fait l’introduction, mais ne prend pas une part active dans la suite. Caius Velleius expose la thĂ©orie d’Épicure, et nie l’intervention des dieux dans les affaires humaines, qui seraient des figurants oisifs et passifs. Ce point de vue est ensuite critiquĂ© par Caius Cotta, qui dĂ©nonce l’athĂ©isme sous-jacent de la thĂ©orie Ă©picurienne[3].

Dans le second livre, Quintus Lucilius Balbus prĂ©sente la doctrine stoĂŻcienne : les dieux gouvernent le monde et interviennent dans les affaires humaines. Selon les stoĂŻciens, l’intelligence dont est dotĂ© l’esprit humain implique l’existence d’une Ăąme qui ne peut venir de la matiĂšre inerte, mais doit avoir une origine divine. Le monde ne peut s’expliquer sans une intervention qui rend la vie possible et modĂšre les tempĂȘtes, et l’harmonie du mouvement des astres prouve l’existence d’une raison crĂ©atrice[3].

Dans le troisiÚme livre, Cotta dont Cicéron fait le porte-parole de la position des néo-académiciens conclut à nouveau de façon critique. Si les arguments stoïciens étaient valides, ils aboutiraient à une entité divine parfaite et unique, en contradiction avec la pluralité des dieux. Si les dieux prolifÚrent, leur différenciation annule leur perfection, et lesquels choisir dans cette multitude ? Les apologistes chrétiens puiseront des arguments dans les attaques ainsi formulées par Cotta[4].

AprĂšs une lacune de plusieurs chapitres dans le texte, Cotta poursuit par dĂ©veloppement contre la Providence, notant que les bienfaits des dieux sont largement compensĂ©s par les malheurs qu’ils permettent, et pour quelques ex-votos de marins rescapĂ©s de naufrage, plus nombreux sont les disparus qui n’ont pas laissĂ© de tĂ©moignage. Cotta cite contre l'existence d'une Providence divine la mort de tant d'hommes de bien durant la guerre civile ; Ă  l'objection que leurs assassins ont Ă©tĂ© punis par Sylla, il rĂ©torque qu'il aurait mieux valu sauver des innocents plutĂŽt que punir des assassins[5] - [6]. Cotta qui est pontife ne rĂ©fute toutefois pas toute la religion, car la fondation et les succĂšs de Rome prouvent que les dieux lui ont Ă©tĂ© favorables. Pour croire Ă  cette tradition transmise par les ancĂȘtres, la raison stoĂŻcienne n’est pas nĂ©cessaire[3].

Il faut constater l'extrĂȘme discrĂ©tion de l'attitude de CicĂ©ron : il est persuadĂ© que le culte de l’existence des dieux et de leur action sur le monde doit exercer une profonde influence sur la vie, et qu’il est donc d’une importance fondamentale pour le gouvernement d’un État. Il doit pour cela ĂȘtre maintenu vivant parmi le peuple. CicĂ©ron ne trouve pas les arguments rationalistes des stoĂŻciens trĂšs convaincants, et les critique par l’intermĂ©diaire de Cotta. Enfin, il se dĂ©clare enclin Ă  croire que les dieux existent et qu’ils gouvernent le monde: il le croit parce que c’est une opinion commune Ă  tous les peuples. Ce consensus universel Ă©quivaut pour lui Ă  une loi de la nature « consensus omnium populorum lex naturae putanda est ».

Notes et références

  1. Cicéron, Epistulae ad Atticum, xiii. 39
  2. Grimal 1986, p. 365
  3. Grimal 1986, p. 366
  4. Muller 1990, p. 321
  5. Cicéron, De Natura Deorum, III, XXXII, 3
  6. Grimal 1986, p. 55

Bibliographie

Éditions
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Ouvrages généraux
  • Philippe Muller, CicĂ©ron : un philosophe pour notre temps, Lausanne, L'Âge d'homme, , 316 p. (ISBN 2-8251-0033-1, lire en ligne).
  • Pierre Grimal, CicĂ©ron, Fayard, (ISBN 978-2-213-01786-0).
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