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ThourioĂŻ

ThourioĂŻ, Thurii ou Thurium, en grec ancien Î˜ÎżÏÏÎčÎżÎč, Ă©tait une ville de la Grande-GrĂšce sur le Golfe de Tarente, sur le site antĂ©rieur de Sybaris. Le projet de refonder ici une ville remonte Ă  452 av. J.-C., et il est dĂ» aux descendants d'exilĂ©s de Sybaris qui souhaitaient repeupler ce site, ruinĂ© et inondĂ© une soixantaine d'annĂ©es auparavant, en 510 av. J.-C.

Thurii dans la baie de Tarente.

Histoire

PĂ©riode grecque

Une colonie panhellĂ©nique est fondĂ©e entre 446 et 443, sur les ruines de l'ancienne Sybaris. Le fondateur officiel, qu’on dĂ©signait en grec ancien du nom dâ€™ÎżáŒ°ÎșÎčÏƒÏ„ÎźÏ‚ / oikistĂšs, fut l’AthĂ©nien LampĂŽn[1]. Participent notamment Ă  cette colonisation l'historien HĂ©rodote, l'orateur Lysias et Hippodamos de Milet qui dresse les plans de la nouvelle citĂ©. DiogĂšne LaĂ«rce[2] indique que le fameux sophiste Protagoras d’AbdĂšre a Ă©tĂ© choisi par les habitants de ThourioĂŻ pour rĂ©diger la constitution dĂ©mocratique et le code de lois de cette citĂ©, que nous dĂ©crit par ailleurs Diodore de Sicile[3].

Les historiens modernes pensent que la fondation de ThourioĂŻ serait issue de la politique extĂ©rieure de PĂ©riclĂšs, durant une pĂ©riode d'« impĂ©rialisme athĂ©nien Â», mais cette thĂ©orie apparaĂźt douteuse, tant les incertitudes pĂšsent sur l’histoire intĂ©rieure d’AthĂšnes vers 446-443[1]. ThourioĂŻ voulut rompre avec le passĂ© sybarite et les descendants des Sybarites en furent exclus, les nouveaux colons craignant leurs ambitions. Les colons Ă©taient donc originaires des citĂ©s de la mer ÉgĂ©e alors sous domination d'AthĂšnes au travers de la ligue de DĂ©los. Le panhellĂ©nisme de cette colonie est donc improbable : par exemple, les Spartiates refusĂšrent d'envoyer des colons Ă  ThourioĂŻ, et les Corinthiens se montrĂšrent hostiles Ă  cette colonisation qui menaçait leurs intĂ©rĂȘts.

Les citoyens de ThourioĂŻ Ă©taient divisĂ©s en dix tribus selon leurs origines : quatre tribus Ă©taient formĂ©es de PĂ©loponnĂ©siens, deux de citoyens originaires de GrĂšce centrale, deux autres composĂ©es d’Ioniens d'Asie mineure, une de citoyens insulaires et enfin une tribu formĂ©e d’AthĂ©niens[1]. Chaque tribu eut un des douze quartiers de la ville. L’annĂ©e mĂȘme de sa fondation, ThourioĂŻ fut en guerre avec Tarente, sans qu’AthĂšnes ni Sparte n’interviennent dans le conflit. ThourioĂŻ ne cessa d’ĂȘtre une citĂ© indĂ©pendante.

C’est probablement aprĂšs le dĂ©sastre d’AthĂšnes Ă  Syracuse, en 413 av. J.-C., qu’eut lieu Ă  ThourioĂŻ un changement de rĂ©gime politique consĂ©cutif Ă  une rĂ©volution sociale que dĂ©crit Aristote. ThourioĂŻ passe alors d’une forme oligarchique d’aristocratie, Ă  une forme de dĂ©mocratie. « Comme l’accĂšs aux magistratures dĂ©pendait d’un cens trop Ă©levĂ©, l’évolution aboutit Ă  une rĂ©duction du cens et Ă  une multiplication des charges[4] » ; les notables, qui s’étaient appropriĂ© illĂ©galement la totalitĂ© des terres pour mieux s’enrichir, furent contraints d’abandonner leurs surplus de terres sous la pression du peuple qui « rĂ©ussit Ă  l’emporter sur les milices de garnison ».

PĂ©riode romaine

Comme tout le reste de l'Italie, Thurii fut conquise par les Romains lors de leur expansion en Italie, aprĂšs la guerre contre Pyrrhus en av. J.C.

Spartacus passa deux fois à Thurii avec son armée lors de la troisiÚme guerre servile (-73 - -71), d'abord lors du pillage de la Lucanie aprÚs que son armée eut quitté la Campanie, avant de partir vers le nord; puis lors du retour vers le sud, avant de partir pour la Calabre.

Lois de ThourioĂŻ

StobĂ©e rapporte une loi de ThourioĂŻ sur l’ingĂ©rence du voisinage en cas d’aliĂ©nation fonciĂšre et une autre d’Enos sur les droits du propriĂ©taire, issues du TraitĂ© des lois : Ă  ThourioĂŻ, lors d’un contrat d’aliĂ©nation fonciĂšre, le vendeur et l’acheteur sont obligĂ©s de donner Ă  trois des plus proches voisins une piĂšce de monnaie Ă  chacun en attestation et tĂ©moignage du contrat, auquel ils sont personnellement Ă©trangers. Les trois voisins peuvent ĂȘtre lĂ©galement sanctionnĂ©s s’ils refusent de recevoir la piĂšce de monnaie, s’ils la reçoivent deux fois du mĂȘme vendeur, ou s’ils refusent d’attester le droit de l’acheteur aprĂšs l’avoir reçue.

Sources

Bibliographie

(it) M. BUGNO, Da Sibari a Thurii : la fine di un impero, Naples, Centre Jean BĂ©rard, coll. « Ă‰tudes - Centre Jean BĂ©rard Â», n° 3, 1999. (Lire en ligne)

Notes

  1. Édouard Will, Le Monde grec et l’Orient, Le Ve siùcle (510-403), P.U.F., 1972, p. 278-279.
  2. DiogĂšne LaĂ«rce, Vies des philosophes, p. 51 (d'aprĂšs le TraitĂ© des lois d’HĂ©raclide du Pont)
  3. Diodore de Sicile, XII.
  4. Aristote, Politique, Livre V, chap. VII, 1307 a 27-33.
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