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DĂ©mocrite

DĂ©mocrite d'AbdĂšre (en grec ΔηΌόÎșρÎčÏ„ÎżÏ‚ / DĂȘmĂłkritos, « choisi par le peuple »), nĂ© vers Ă  AbdĂšre et mort en , est un philosophe grec considĂ©rĂ© comme matĂ©rialiste en raison de sa conception d'un Univers constituĂ© d'atomes et de vide.

DĂ©mocrite d’AbdĂšre
DĂ©mocrite , Ca' Rezzonico par Giuseppe Torretti
portrait d'aprĂšs original grec copie romaine

Il a Ă©tĂ© un disciple de Leucippe, le fondateur de l'atomisme ; DiogĂšne LaĂ«rce attribue injustement l'ouvrage de DĂ©mocrite Ă  propos de l'atomisme Ă  Épicure[1].

Strabon, qui se base sur l'opinion de Posidonius, dit que l'atomisme doit ĂȘtre attribuĂ© Ă  Mochus, proto-philosophe de Sidon, qui fut antĂ©rieur Ă  la guerre de Troie (qui vĂ©cut donc bien avant Leucippe et DĂ©mocrite).

Les contributions exactes de DĂ©mocrite sont difficiles Ă  dĂ©mĂȘler de celles de son mentor Leucippe, car ils sont souvent mentionnĂ©s ensemble dans les textes des doxographes. Leurs spĂ©culations sur les atomes se rapprochent de la comprĂ©hension du XIXe siĂšcle de la structure atomique. C'est pourquoi DĂ©mocrite est considĂ©rĂ© a posteriori comme le plus scientifique des philosophes grecs, voire comme le « pĂšre de la science moderne »[2], bien que ses idĂ©es reposent sur des bases trĂšs diffĂ©rentes de celle-ci. La vĂ©ritable convergence se situe dans le doute et le scepticisme de DĂ©mocrite, qu'il exprime par la phrase : « en rĂ©alitĂ©, nous ne savons rien, car la vĂ©ritĂ© est au fond du puits », proche de la dĂ©marche du chercheur moderne, toujours critique, se tenant prudemment Ă  l'Ă©cart des certitudes Ă©tablies[3].

Largement ignorĂ© dans l'AthĂšnes antique, DĂ©mocrite Ă©tait pourtant bien connu de son compatriote Aristote. Platon aussi connaissait l'atomisme dĂ©mocritĂ©en, comme on le voit dans le TimĂ©e[4] (qu'il appelait les atomistes "amis de la Terre" dans ses dialogues) oĂč des analogies Ă©videntes existent entre, d'une part, l'atomisme platonicien et sa conception de la pathologie des tissus, et d’autre part, les maladies et la mort de l'organisme vivant et du cosmos chez DĂ©mocrite[5]. De telles analogies suggĂšrent l'hypothĂšse d'une influence de DĂ©mocrite sur certaines pages du TimĂ©e. Mais, Platon ne nomme jamais DĂ©mocrite, ce qui a autorisĂ© un anti-platonicien comme AristoxĂšne Ă  formuler une explication non exempte d'une certaine tonalitĂ© polĂ©mique :

« AristoxĂšne rapporte, dans les Commentaires historiques, que Platon avait eu l'intention de brĂ»ler tous les Ă©crits de DĂ©mocrite qu'il avait pu rassembler, mais que les pythagoriciens Amyclas et Clinias l'en dĂ©tournĂšrent en lui reprĂ©sentant qu'il n'y gagnerait rien, puisqu'ils Ă©taient trĂšs rĂ©pandus. Ce qui confirme ce rĂ©cit, c'est que Platon, qui a parlĂ© de presque tous les anciens philosophes, ne cite pas une fois DĂ©mocrite, pas mĂȘme lorsqu'il serait en droit de le combattre, sans doute parce qu'il savait bien Ă  quel redoutable adversaire il aurait affaire. (DiogĂšne LaĂ«rce, IX, DĂ©mocrite, paragraphe 5)[6] - [7]. »

En tout état de cause, le silence de Platon a l'endroit de Démocrite signifie certainement quelque chose, ce n'est pas anodin. D'autant que Platon n'avait pas contre pas oublié de citer les pythagoriciens, Héraclite, Parménide...

Démocrite est souvent classé arbitrairement par les exégÚses contemporains parmi les présocratiques[8] du point de vue philosophique, bien qu'il soit un peu plus jeune que Socrate (469-399), et qu'il soit mort quelque trente années aprÚs lui.

Biographie

DĂ©mocrite mĂ©ditant sur le siĂšge de l'Ăąme par LĂ©on-Alexandre Delhomme dans le jardin du musĂ©e des beaux-arts de Lyon. Inscription sur la plaque : « Hippocrate arriva dans le temps / Que celui qu'on disait n'avoir raison ni sens / Cherchait dans l'homme et dans la bĂȘte / Quel siĂšge a la raison, soit le cƓur, soit la tĂȘte. » La Fontaine[9].

DĂ©mocrite, troisiĂšme fils d’HĂ©gĂ©sistrate, d’AthĂ©nacrite ou de Damasippe, est nĂ© Ă  AbdĂšre, dans la 80e olympiade (460–457) ou, selon d’autres, dans la 77e (en 470-469). Actif vers 433 av. J.-C., il serait mort Ă  l’ñge de 103 ans (entre 366 et 356).

Il aurait Ă©tĂ© Ă©duquĂ© par des mages perses qui lui apprirent la thĂ©ologie et l’astronomie, aprĂšs que XerxĂšs Ier, roi des Perses, eut atteint AbdĂšre en 480 av. J.-C.[10] puis fut le disciple de Leucippe, actif vers Cette anecdote est loin d'ĂȘtre clairement attestĂ©e.

Un grand voyageur

AprĂšs avoir hĂ©ritĂ© d’une forte somme d’argent de son pĂšre, il voyagea beaucoup.

DĂ©mocrite apprit la gĂ©omĂ©trie auprĂšs des prĂȘtres d’Égypte, et l’astrologie en Perse[11]. Il aurait Ă©galement voyagĂ© en Inde, oĂč il aurait rencontrĂ© les gymnosophistes, en Éthiopie et en Babylonie. Il serait mĂȘme allĂ© Ă  AthĂšnes, rencontrant Socrate sans s'en faire connaĂźtre, par indiffĂ©rence pour la gloire. Selon DiogĂšne LaĂ«rce, le personnage inconnu des Les Rivaux (dialogue apocryphe de Platon) qui discute de philosophie avec Socrate pouvait ĂȘtre DĂ©mocrite. Ce passage Ă  AthĂšnes Ă©tait nĂ©anmoins considĂ©rĂ© dĂ©jĂ  comme douteux dans l’AntiquitĂ©.

« De tous mes contemporains j’ai parcouru la plus grande partie de la terre, en Ă©tudiant les sujets les plus grands. J’ai vu le plus de ciels et de pays. J’ai entendu la plupart des hommes doctes, et personne encore ne m’a surpassĂ© dans l’art de combiner les lignes et d’en dĂ©montrer les propriĂ©tĂ©s, pas mĂȘmes les arpenteurs d’Égypte, avec qui j’ai passĂ© 80 ans en terre Ă©trangĂšre. »

— CitĂ© par (en) ClĂ©ment d'Alexandrie, Stromates (lire en ligne), I, 15, 316[12].


De son cĂŽtĂ©, l'historien Diodore de Sicile dans son ouvrage historique (livre I, XCVI) mentionne aussi son voyage en Égypte, mais avec bien peu de dĂ©tails et en termes vagues, ce qui n'accrĂ©dite pas vraiment un dĂ©placement de DĂ©mocrite - pendant une longue pĂ©riode -, dans ce Pays prestigieux au yeux des grecs. Pour certains spĂ©cialistes universitaires la citation rapportĂ©e par ClĂ©ment d'Alexandrie sur les nombreux voyages de DĂ©mocrite semblerait apocryphe.De plus dans l'antiquitĂ©, il apparaĂźt que de nombreux auteurs ont publiĂ©s leurs Ɠuvres plus ou moins fantaisistes sous le nom prestigieux de DĂ©mocrite (dont Bolos de MendĂšs l'alchimiste). NĂ©anmoins un tĂ©moignage assez fiable, accrĂ©dite les voyages de DĂ©mocrite en Asie, notamment Ă  Babylone. En effet le rhĂ©teur Elien [13] rapporte que ThĂ©ophraste loue DĂ©mocrite d'avoir rĂ©alisĂ© ses voyages dans le but d’acquĂ©rir une richesse - le Savoir - bien supĂ©rieure Ă  un projet de simples marchands phĂ©niciens.

De retour de ses voyages, ayant dilapidé sa fortune, une disgrùce imprévue l'attendait. Ses ennemis l'accusÚrent d'avoir dissipé tout son patrimoine en des voyages inutiles entrepris par une vaine curiosité. Le Philosophe parut devant le Sénat d'AbdÚre, et pour toute défense, il se contenta de lire les premiÚres pages d'un Traité nommé Grand ordre du monde qu'il venait de finir. Les Juges frappÚrent des mains, et lui donnÚrent mille louanges ainsi qu'une récompense de 500 talents. Il vécut ensuite dans la pauvreté, et fut entretenu par Damaste, son frÚre.

D’autre part, selon Pline l'Ancien, (la mĂȘme anecdote est attribuĂ©e Ă  ThalĂšs, en des termes lĂ©gĂšrement diffĂ©rents), il aurait prouvĂ© Ă  ses concitoyens qui « dĂ©nigraient les Ă©tudes auxquelles il se livrait », qu’il Ă©tait capable de s’enrichir, bien que cela ne l’intĂ©ressĂąt point car selon lui, « celui qui sait jouir du peu qu'il a est toujours assez riche ». Il aurait procĂ©dĂ© de la façon suivante : Ă©valuant sur des considĂ©rations astrologiques une hausse du cours de l’huile, il a achetĂ© la plupart des stocks pour les revendre Ă  la montĂ©e des cours. Les notables auraient alors constatĂ© tant son intelligence que son indiffĂ©rence pour le gain (et/ou son honnĂȘtetĂ©) lorsqu’il rendit la marchandise sans demander le fruit de sa spĂ©culation[14].


Ce que l'on peut dire, c'est qu'il passa la fin de sa vie dans sa patrie AbdÚre (cité antique), dans sa maison en ville, ou il continuait a écrire, et faire ses recherches sur les animaux et le Hommes.

Ces Ă©lĂ©ments sont tirĂ© des lettres apocryphes sur DĂ©mocrite et Hippocrate le cĂ©lĂšbre mĂ©decin, Ă©crites par des rhĂ©teurs autour du Ier siĂšcle aprĂšs J.-C. si ces lettres sont peu fiables en raison des fantaisies rhĂ©toriques, elles devaient nĂ©anmoins pour ĂȘtre crĂ©dibles, prĂ©senter des Ă©lĂ©ments notoirement connus, et crĂ©dibles sur DĂ©mocrite (lettre pseudo hippocrate II, III).

DĂ©mocrite et Protagoras

Aulu-Gelle raconte que DĂ©mocrite, se promenant un jour aux environs d'AbdĂšre, rencontra un portefaix nommĂ© Protagoras, qui portait une charge de bois retenue par un seul lien et placĂ©e dans un Ă©quilibre tel que sa pesanteur en Ă©tait comme diminuĂ©e. Le philosophe demanda Ă  Protagoras qui lui avait appris Ă  mettre ainsi son fardeau en Ă©quilibre. Protagoras rĂ©pondit qu'il avait trouvĂ© lui-mĂȘme ce moyen, et, pour le prouver, il dĂ©fit Ă  l'instant son fagot et le rĂ©tablit ensuite en peu de temps avec le mĂȘme soin. FrappĂ© de l'intelligence de cet homme, DĂ©mocrite lui aurait alors proposĂ© de l'admettre au nombre de ses disciples. Protagoras aurait acceptĂ© et devint ensuite un philosophe sophiste.

Cette anecdote s'accorde toutefois mal avec les dates actuellement retenues pour DĂ©mocrite (-460, soit de 30 ans plus jeune que Protagoras), et l'hypothĂšse d'une relation entre DĂ©mocrite et Protagoras pourrait ĂȘtre elle-mĂȘme une invention tardive[15]. NĂ©anmoins le fait que ces deux personnalitĂ©s se soient frĂ©quentĂ©es parait bien plausibles (Plutarque d'ailleurs indiqua que dans ses ouvrages DĂ©mocrite citait et argumentait contre le relativisme de Protagoras)

Sciences

ThĂ©ophraste a critiquĂ© les thĂ©ories dans ses ouvrages : Selon DĂ©mocrite, « le soleil repoussant et chassant l'air le condense », ce que ThĂ©ophraste juge absurde[16]. Il reproche notamment Ă  DĂ©mocrite de ne pas tout expliquer de la mĂȘme maniĂšre, pas mĂȘme tout ce qui rentre dans le mĂȘme genre.

Un savoir encyclopédique

D’aprĂšs DĂ©mĂ©trios de PhalĂšre[17] DĂ©mocrite, passionnĂ© de connaissances, s’enferma dans une cabane au fond de son jardin pour Ă©tudier. Il possĂ©dait une vaste culture gĂ©nĂ©rale en connaissant l'Ă©thique, les mathĂ©matiques et la physique, la cosmologie et l'astrologie, la mĂ©decine, la botanique et la zoologie. Outre ses traitĂ©s scientifiques, il est l'auteur de traitĂ©s sur des sujets techniques : agriculture, peinture, techniques militaires. Autant de textes aujourd'hui perdus, dont il ne reste que les titres et de rares fragments.

Il semble avoir Ă©tĂ© partisan des pythagoriciens, et il admirait Pythagore (un des ouvrages qu'on lui attribue a pour titre Pythagore, ou de l’état de la sagesse). Peut-ĂȘtre mĂȘme fut-il en rapport avec Philolaos de Crotone. Le savoir de DĂ©mocrite Ă©tait donc immense. Cette polymathie le fit surnommer, par les abdĂ©ritains[18], le philosophe (sophia).

Ses dons d’observation, qui vont grossir l'image lĂ©gendaire d'un DĂ©mocrite capable de dĂ©ductions subtiles, fondĂ©es sur des observations qui Ă©chappent aux autres mortels et relevant plus ou moins de la magie, Ă©tonnaient ses contemporains, et plusieurs anecdotes sont rapportĂ©es Ă  ce propos :

« On dit qu’une jeune fille accompagnait Hippocrate, et que le premier jour DĂ©mocrite lui dit : « Bonjour, vierge », et le lendemain, « Bonjour, femme ». Et en effet, la jeune fille avait perdu sa virginitĂ© pendant la nuit. »

— DiogĂšne LaĂ«rce, Vies, IX, 42.

Luca Giordano, DĂ©mocrite.

Une vie de reclus

Sa popularitĂ© ne rendit pas DĂ©mocrite plus sociable. Il s'appliqua au contraire davantage Ă  l'Ă©tude ; et afin de n'ĂȘtre point dĂ©tournĂ© par les visites importunes et les conversations de parade, si ordinaires entre les savants, il rechercha la solitude et les tĂ©nĂšbres. « Rarement, dit CicĂ©ron, quittait-il son cabinet : il vivait parmi les hommes, comme s'il n'y avait point d'hommes au monde ». Une nouvelle retraite l'attira encore, et il crut qu'il y serait mieux cachĂ©. C'Ă©taient des sĂ©pulcres sombres, et Ă©loignĂ©s de la ville.

Lucien de Samosate[19] dit que Démocrite était fortement persuadé que l'ùme mourait avec le corps, et que tout ce qu'on raconte des spectres, des fantÎmes et du retour des esprits, était par conséquent une chimÚre. Dans ces tombeaux, Démocrite passait des semaines entiÚres pour étudier plus tranquillement : là il ne se livrait qu'à de profondes méditations. Des jeunes gens essayÚrent de lui faire peur ; ils se déguisÚrent en spectres, ils prirent les masques les plus affreux, et vinrent le trouver dans sa retraite avec ce qu'ils crurent le plus capable de lui inspirer de l'effroi. Mais Démocrite ne daigna pas les regarder, et se contenta de leur dire tout en écrivant : « Cessez donc de faire les fous ».

Le rire de DĂ©mocrite

Son caractÚre rieur devint légendaire et on l'opposa au caractÚre irritable d'Héraclite :

« Toute rencontre avec les hommes fournissait à Démocrite matiÚre à rire. »

— JuvĂ©nal, Satires X vers 47.

Ainsi, Rabelais, dans le 20e chapitre du Gargantua, décrit les deux personnages Eudémon et Ponocrates en train de pleurer de rire à la suite du discours captieux du sophiste Janotus de Bragmardo : « De ce fait, ils se trouvraient représenter Démocrite héraclitisant, et Héraclite démocritisant. »

Hippocrate de Cos.

Dans l'iconographie, DĂ©mocrite est souvent reprĂ©sentĂ© en train de rire car sa propension Ă  rire de tout et Ă  vivre isolĂ© du monde le fit considĂ©rer comme un fou par ses compatriotes (le rire de DĂ©mocrite est citĂ© Ă  plusieurs reprises dans l’Éloge de la folie d’Érasme) Ă  tel point qu'on fit venir le mĂ©decin Hippocrate pour le traiter. Au lieu d'un malade qui avait besoin de secours prĂ©venants, il trouva un philosophe judicieux et appliquĂ©, assis tranquillement Ă  l'ombre sur un vert gazon. Le philosophe avait une tablette d'Ă©criture sur ses genoux : plusieurs autres Ă©taient rĂ©pandus Ă  sa droite et Ă  sa gauche et comme Ă  son habitude, il rit beaucoup en discutant avec le mĂ©decin.

« Quelle est la cause de cette joie ? Mes discours ont-ils quelque chose qui vous choque ? »

AprĂšs quelques moments de silence, le philosophe commença un discours merveilleux sur les bizarreries et les disparitĂ©s du genre humain. Il fit voir que rien n'est plus comique ni plus risible que toute la vie ; qu'elle s'emploie Ă  chercher des biens imaginaires, Ă  former des projets qui demanderaient plusieurs vies ajoutĂ©es l'une Ă  l'autre ; qu'elle Ă©chappe au moment mĂȘme oĂč l'on ose le plus compter sur ses forces, oĂč l'on s'appuie davantage sur la durĂ©e, qu'elle n'est enfin qu'une illusion perpĂ©tuelle qui sĂ©duit d'autant plus vite, qui sĂ©duit d'autant plus aisĂ©ment, qu'on porte avec soi-mĂȘme le principe de la sĂ©duction.

« Je voudrais, continua DĂ©mocrite, que l'Univers entier se dĂ©voilĂąt tout d'un coup Ă  nos yeux. Qu'y verrions-nous, que des hommes faibles, lĂ©gers, inquiets, passionnĂ©s pour des bagatelles, pour des grains de sable ; que des inclinations basses et ridicules, qu'on masque du nom de vertu ; que de petits intĂ©rĂȘts, des dĂ©mĂȘlĂ©s de famille, des nĂ©gociations pleines de tromperie, dont on se fĂ©licite en secret et qu'on n'oserait produire au grand jour ; que des liaisons formĂ©es par hasard, des ressemblances de goĂ»t qui passent pour une suite de rĂ©flexions ; que des choses que notre faiblesse, notre extrĂȘme ignorance nous portent Ă  regarder comme belles, hĂ©roĂŻques, Ă©clatantes, quoiqu'au fond elles ne soient dignes que de mĂ©pris ! Et aprĂšs cela, nous cesserions de rire des hommes, de nous moquer de leur prĂ©tendue sagesse et de tout ce qu'ils vantent si fort. »

« Ce discours que j'ai abrĂ©gĂ© exprĂšs, remplit Hippocrate de surprise et d'admiration. II s'aperçut que, pour ĂȘtre vĂ©ritablement philosophe, il fallait se convaincre en dĂ©tail qu'il n'y a presque dans le monde, que des fous et des enfants. Des fous plus dignes de pitiĂ© que de colĂšre ; des enfants qu'on doit plaindre et contre lesquels il n'est jamais permis de s'aigrir, ni de se fĂącher[20]. »

AprĂšs examen, Hippocrate dĂ©clara DĂ©mocrite « sage entre les sages, seul capable d’assagir les hommes ».

On oppose souvent le rire de DĂ©mocrite aux pleurs d'HĂ©raclite.

« Quant aux sages, Héraclite et Démocrite, ils combattaient la colÚre, l'un en pleurant, l'autre en riant. »

— StobĂ©e, FlorilĂšge, III, XX, 53.

Le rire de DĂ©mocrite Ă©tait un rire triste et satirique, une forme de rĂ©sistance. Il rit de la folie, du ridicule et plus gĂ©nĂ©ralement de la bĂȘtise des hommes. Le monde est comique pour DĂ©mocrite, tragique pour HĂ©raclite. DĂ©mocrite se contente du monde tel qu'il est et prĂ©fĂšre rire des dĂ©fauts de la sociĂ©tĂ© plutĂŽt que d'en pleurer. Il considĂšre que le spectacle du monde est immuable et que la seule alternative Ă  la mĂ©lancolie est l'hĂ©donisme.

Cécité

Il devint aveugle, sans que l’on connaisse la cause exacte de sa cĂ©citĂ© qui a pris, elle aussi, un tour lĂ©gendaire :

« [...] DĂ©mocrite s’est volontairement privĂ© de la lumiĂšre des yeux, parce qu’il estimait qu’en mĂ©ditant sur les causes naturelles, ses pensĂ©es et ses rĂ©flexions auraient plus de vigueur et de justesse s’il les dĂ©livrait des entraves apportĂ©es par les charmes sĂ©ducteurs de la vue. »

— Aulu-Gelle, Nuits attiques [dĂ©tail des Ă©ditions] (lire en ligne), X, 17.

Tertullien précise qu'il se serait aveuglé pour échapper aux simulacres des séductions féminines. Mais ce point est nié par Plutarque[21].

Fin de vie

Il mourut vers l’ñge de 90 ans, et fut enterrĂ© aux frais de l’État. Il semble s’ĂȘtre laissĂ© mourir[22], en mangeant de moins en moins, pour quitter la vieillesse qui affaiblissait sa mĂ©moire, et mourut d’épuisement. Voici une anecdote :

« On raconte que DĂ©mocrite d'AbdĂšre prit lui-mĂȘme la dĂ©cision de mettre fin Ă  ses jours en raison de sa vieillesse, et se priva de nourriture quotidienne ; c'Ă©tait l'Ă©poque oĂč avaient lieu les Thesmophories. Mais les femmes de sa maison le priĂšrent de ne pas mourir pendant la fĂȘte, afin de pouvoir se consacrer entiĂšrement Ă  sa cĂ©lĂ©bration ; et aprĂšs s'ĂȘtre laissĂ© convaincre, il leur ordonna de lui apporter un pot rempli de miel ; il survĂ©cut ainsi un nombre de jours suffisant en se contentant de humer le miel ; aprĂšs quoi, il fit enlever le miel et mourut. DĂ©mocrite aima toujours beaucoup le miel ; et Ă  un curieux qui lui demandait comment se maintenir en bonne santĂ©, il rĂ©pondit : « Humecte de miel l'intĂ©rieur, et l'extĂ©rieur d'huile ». »

— AthĂ©nĂ©e, Deipnosophistes [dĂ©tail des Ă©ditions] (lire en ligne), II, 46e.

Sa renommĂ©e Ă©tait immense et suscita la jalousie. Timon de Phlionte, trĂšs critique Ă  l’égard de presque tous les philosophes, le cĂ©lĂšbre ainsi :

« Ô le trĂšs sage DĂ©mocrite, maĂźtre du discours,
Parleur avisĂ©, parmi les meilleurs que j’ai lus. »

Timon dit Ă©galement de lui :

« Quel sage, ce Démocrite, pasteur des paroles !
J’ai lu avant tous autres ses entretiens pleins d’esprit[23]. »

Théories scientifiques et philosophiques

Démocrite a étudié des domaines trÚs variés au point qu'on le considÚre parfois comme un des premiers encyclopédistes.

Principes de la nature

Antoine Coypel, Démocrite. Huile sur toile, musée du Louvre.

Pour DĂ©mocrite, comme pour Leucippe, la nature est composĂ©e dans son ensemble de deux principes : les atomes, áŒ‚Ï„ÎżÎŒÎ±, (littĂ©ralement : « insĂ©cables », ce qui est plein) et le vide (ou nĂ©ant). L’existence des atomes peut ĂȘtre dĂ©duite de ce principe : « Rien ne vient du nĂ©ant, et rien, aprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©truit, n’y retourne. » Il y a ainsi toujours du plein, c'est-Ă -dire de l’ĂȘtre, et le non-ĂȘtre est le vide. Pour DĂ©mocrite, seuls les atomes et le vide sont rĂ©els, le reste qui apparaĂźt aux sens n’est qu’apparence[24]. D'aprĂšs ThĂ©ophraste, les atomistes distinguaient deux catĂ©gories de perceptions : l'une est conforme Ă  la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure, l'autre lui est infidĂšle. À la premiĂšre catĂ©gorie appartiennent les perceptions du lourd, du dur et du dense. À la deuxiĂšme appartiennent les perceptions de couleur, de son, de saveur, d'odeur et les tempĂ©ratures.

Il existe une quantitĂ© infinie d’atomes, c’est-Ă -dire de rĂ©alitĂ©s individuelles et irrĂ©ductibles, qui circulent au hasard dans le vide et se combinent en formations plus ou moins complexes. Les atomes sont ainsi des corpuscules solides et indivisibles, sĂ©parĂ©s par des intervalles vides, et dont la taille fait qu’ils Ă©chappent Ă  nos sens. DĂ©crits comme lisses ou rudes, crochus, recourbĂ©s ou ronds (ils sont dĂ©finis par leur forme, figure et grandeur), ils ne peuvent ĂȘtre affectĂ©s ou modifiĂ©s Ă  cause de leur duretĂ©.

Les atomes se dĂ©placent de maniĂšre tourbillonnaire dans tout l'univers, et sont Ă  l'origine de tous les composĂ©s (du soleil Ă  l'Ăąme), ce qui comprend Ă©galement tous les Ă©lĂ©ments (feu, eau, air et terre). Les atomes se meuvent Ă©ternellement dans le vide infini. Ils entrent parfois en collision et rebondissent au hasard ou s'associent selon leurs formes, mais ne se confondent jamais. La gĂ©nĂ©ration est alors une rĂ©union d’atomes, et la destruction, une sĂ©paration, les atomes se maintenant ensemble jusqu’à ce qu’une force plus forte vienne les disperser de l’extĂ©rieur. C’est sous l’action des atomes et du vide que les choses s’accroissent ou se dĂ©sagrĂšgent : ces mouvements constituent les modifications des choses sensibles. Ces agglomĂ©rations et ces enchevĂȘtrements d’atomes constituent ainsi le devenir. L’ĂȘtre n’est donc pas un, mais est composĂ© de corpuscules.

Le vide est le non-ĂȘtre dans lequel se meuvent les atomes : il y a du vide non seulement dans le monde (intervalle entre les atomes), mais en dehors de lui. Ainsi, l’ĂȘtre et le non-ĂȘtre sont tout autant rĂ©els.

Les choses formées par les atomes présentent trois sortes de différences qui les constituent :

  • Le type > forme
  • Le contact mutuel > ordre, arrangement
  • La direction > position

Cependant, ces trois caractĂ©ristiques de l’atomisme de DĂ©mocrite nous sont parvenues par l’intermĂ©diaire de son principal dĂ©tracteur, Aristote. Dans son ouvrage MĂ©taphysique[25], Aristote substitue aux termes initiaux de DĂ©mocrite « rhythmos, diathigĂš[26] et tropÚ »[27] les termes de « morphĂš, taxis et thĂ©sis » c’est-Ă -dire forme, ordre et position. C'est grĂące Ă  ce changement de vocabulaire donc de sens qu'Aristote peut ainsi rĂ©futer ensuite la thĂšse atomiste[28] Si les atomes ont des formes diffĂ©rentes en restant physiquement indivisibles, ils sont divisibles au moins par la pensĂ©e, c'est-Ă -dire mathĂ©matiquement divisibles. Aristote objecte donc que les atomistes ne savent pas distinguer l'indivisibilitĂ©, la physique et la mathĂ©matique[29].

Selon Aristote : pour Empédocle, par l'action du ciel, la Terre reste tranquille par l'effet d'un tourbillon qui l'entoure ; pour AnaximÚne, Anaxagore et Démocrite, elle est une vaste et plate huche[30].

Cosmologie

Anaxarque qui professait les thĂ©ories de DĂ©mocrite, croyait notamment en la pluralitĂ© des Mondes. La cosmologie du philosophe abdĂ©ritain admettait en effet une infinitĂ© de mondes. Les mondes existent dans le vide et sont en nombre infini, de diffĂ©rentes grandeurs et disposĂ©s de diffĂ©rentes maniĂšres dans l'espace : ils sont plus ou moins rapprochĂ©s, et, dans certains endroits, il y a plus ou moins de mondes. Certains de ces univers sont entiĂšrement identiques. Ils sont engendrĂ©s et pĂ©rissables, chacun Ă©tant soumis Ă  l'Ă©volution qui les fait naĂźtre, atteindre une acmĂ©, puis mourir. Quand un monde meurt, d’autres se constituent autour des noyaux crĂ©Ă©s par la rencontre fortuite d'atomes voyageurs[31]. Certains sont dans des phases d'accroissement, d'autres disparaissent, ou bien encore ils entrent en collision les uns avec les autres et se dĂ©truisent. Les mondes sont ainsi gouvernĂ©s par des forces crĂ©atrices aveugles, et il n'y a pas de providence. Les causes du vieillissement, du dĂ©clin et de la disparition des mondes anciens nous sont connues par trois textes de la doxographie de DĂ©mocrite. C'est d'abord saint Hippolyte qui dit que « les mondes pĂ©rissent les uns par les autres en tombant les uns sur les autres »[32]. Ensuite deux textes d'AĂ©tius affirment que dans le systĂšme de DĂ©mocrite, certains atomes ont les dimensions de tout un cosmos[33], et que les mondes pĂ©rissent du fait que les plus grands sont vainqueurs des plus petits[34]. Comme tous les corps composĂ©s dans la physique de DĂ©mocrite, les mondes rayonnent des nuages d'atomes qui peuvent rencontrer d'autres mondes plus petits et les faire pĂ©rir ; il s'ensuit une pluie d'atomes hĂ©tĂ©rogĂšnes et Ă©trangers qui se dĂ©verse alors sur notre cosmos, et qui frappe les organismes de notre monde. C'est ce qu'on pourrait appeler la pathologie du cosmos selon DĂ©mocrite. Hostile au mythe et au merveilleux, ce philosophe a en effet Ă©mis l'hypothĂšse d'un agent pathogĂšne d'origine extra-terrestre[35] pour expliquer certaines maladies rares. Car la structure des tissus organiques dans la biologie de DĂ©mocrite rend les ĂȘtres vivants trĂšs vulnĂ©rables Ă  la projection de corpuscules supĂ©rieurs de taille Ă  ceux dont ils sont composĂ©s[36]. C'est ainsi que les ĂȘtres vivants de notre monde finissent par ĂȘtre affectĂ©s des maladies Ă©tranges auxquelles Plutarque fait allusion[37] quand il prĂȘte Ă  DĂ©mocrite ou Ă  ses partisans une menace sous la forme de particules de provenance extra-cosmique. Par la suite, Platon, voulant Ă©viter Ă  son univers unique de pĂ©rir, dĂ©clara son intention d'Ă©carter de sa physique les causes qui ruinent les mondes de DĂ©mocrite[38].

Dans certains univers, on retrouve des ĂȘtres vivants (animaux, plantes), d'autres en sont privĂ©s et sont privĂ©s d'eau (d'humiditĂ©). Selon DĂ©mocrite, dans certains de ces univers, il n'y a ni soleil ni lune, et dans ceux qui en possĂšdent, ils sont de tailles diffĂ©rentes. L'univers dans son ensemble se dĂ©veloppe jusqu'Ă  ce qu'il ne puisse plus rien englober.

Psychologie

Comme chez DiogĂšne d'Apollonie, pour DĂ©mocrite l'Ăąme est composĂ©e d'atomes d'air, d'oĂč la nĂ©cessitĂ© de respirer pour rĂ©gĂ©nĂ©rer l’ñme en permanence et se maintenir en vie.

Biologie et physique

DĂ©mocrite expose une hypothĂšse de gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e des espĂšces vivantes. Sa vision de la nature fut reprise par Épicure et inspira LucrĂšce pour son ouvrage De rerum natura (De la nature).

Sur le problÚme de la semence (comment un individu adulte composé de diverses substances peut-il naßtre d'une substance apparemment homogÚne ?), Démocrite est probablement le premier à avancer l'idée que la semence étant extraite de toutes les parties du corps, les contient déjà toutes[39] (théorie de la préformation). Cette doctrine est admise et adoptée dans le Corpus Hippocratique[39].

Le concept d'atome de DĂ©mocrite, Ă©crit en grec ancien « áŒĄ áŒ‚Ï„ÎżÎŒÎżÏ‚ ጰΎέα », « E atomos idea », est composĂ© de « idĂ©e » et de « insĂ©cable » ou « indivisible ». Mais « áŒ‚Ï„ÎżÎŒÎżÏ‚ », adjectif accordĂ© en genre et en nombre, peut ĂȘtre traduit par « non-coupĂ© » ou « non-sĂ©cable »[40], plutĂŽt que par « atome » en tant que substantif du genre neutre au sens moderne. Le substantif « atome » est apparu plus tard avec le sens de « partie de matiĂšre indivisible », chez Aristote, dans le Nouveau Testament, etc. Ce sont les physiciens modernes qui ont conçu « un atome » petit, corpusculaire, et nommĂ© ainsi parce qu'initialement supposĂ© par erreur « insĂ©cable ». En grec moderne, le mot « Ï„Îż ÎŹÏ„ÎżÎŒÎż » (to atomo), substantif neutre, signifie surtout, trĂšs communĂ©ment « individu, personne ».

Théorie de la connaissance

La thĂ©orie atomiste de la matiĂšre est nommĂ©ment attribuĂ©e Ă  DĂ©mocrite par Aristote dans son traitĂ© De la GĂ©nĂ©ration et de la corruption[41] - [42]. À en croire Aristote, on peut, en substance, rĂ©sumer son argumentation comme suit :

« Si tout corps est divisible à l'infini, de deux choses l'une : ou il ne restera rien, ou il restera quelque chose. Dans le premier cas, la division ne saurait aboutir à un néant pur et simple, car alors la matiÚre n'aurait qu'une existence virtuelle, dans le second cas on se pose la question : que reste-t-il ? La réponse la plus logique, c'est l'existence d'éléments réels, indivisibles et insécables appelés donc atomes. »

Puisqu’il n’y a dans la nature que des atomes et du vide, les qualitĂ©s sensibles sont des conventions. Les choses visibles, tout ce qui est perceptible par les sens, sont constituĂ©s de corpuscules. Par cette vision du monde, DĂ©mocrite fait figure de pĂšre de la science moderne. Il ne s'est pas lancĂ© dans un programme de recherches, mais dans des discussions d'un niveau d'abstraction Ă©levĂ©, oĂč ce qui comptait, ce n'Ă©tait pas tant les donnĂ©es empiriques en faveur d'une thĂ©orie, que l'Ă©conomie et la cohĂ©rence des arguments qui la fondent[43]. Selon G. Lloyd, « En donner une apprĂ©ciation Ă©quitable est cependant un problĂšme, dont la difficultĂ© est aggravĂ©e par la tentation d'assimiler l'atomisme ancien aux thĂ©ories modernes qui portent le mĂȘme nom en dĂ©pit des diffĂ©rences fondamentales qui les sĂ©parent »[44].

Démocrite distingue deux formes de connaissance : la connaissance par les sens, qu'il critique et appelle bùtarde et obscure, et la connaissance par l'intellect, qu'il appelle légitime et véritable. C'est la raison qui est le critÚre de la connaissance légitime.

Toutes nos sensations sont des conventions c'est-Ă -dire des choses dĂ©terminĂ©es par nos opinions et nos affections. Sont donc vrais et intelligibles les seuls Ă©lĂ©ments dont est composĂ©e toute la nature, les atomes et le vide, i.e. quelque chose qui n’est pas sensible. La position, la forme et l’ordre ne sont alors que des accidents.

Mais il faut ajouter plusieurs considérations sur nos capacités de connaßtre au moyen des sens :

  • nous n’avons pas connaissance de toutes nos sensations : un grand nombre reste inaperçu.
  • les impressions sensibles varient selon les animaux, d’un individu Ă  un autre, et mĂȘme pour un seul individu. Mais, dans ce cas, il est impossible de savoir quelles impressions sont vraies ; toutes sont Ă©galement vraies : la vĂ©ritĂ© et l’apparence sont identiques : tout ce qui apparaĂźt Ă  un individu et qui lui semble exister est vrai.
  • DĂ©mocrite en conclut Ă©galement que soit la vĂ©ritĂ© n’existe pas, soit elle nous est cachĂ©e.
« Nous ne connaissons en rĂ©alitĂ© rien de certain, mais seulement ce qui change selon la disposition de notre corps, et selon ce qui pĂ©nĂštre en lui ou ce qui lui rĂ©siste. [
] Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© qu’en rĂ©alitĂ© nous ne savons pas ce que chaque chose est ou n’est pas. [
] Il est impossible de connaĂźtre la nature rĂ©elle de chaque chose. » (CitĂ© par Sextus Empiricus, Contre les professeurs, VII, 135)
« En réalité, nous ne savons rien, car la vérité est au fond du puits. »

Éthique et Anthropologie

La physique atomiste n'accepte que le vide et le plein, les hommes n'ont donc plus Ă  craindre ni la nature ni la mort ; le matĂ©rialisme mĂ©caniste des philosophes atomistes aurait dĂ», thĂ©oriquement, Ă©liminer toute rĂ©fĂ©rence au divin ; exemplaire par son athĂ©isme aux yeux du grand nombre, DĂ©mocrite a pourtant admis l’existence objective des dieux ; il est vrai que ces dieux, entitĂ©s matĂ©rielles mĂ©caniquement crĂ©Ă©es, n’ont place ni dans sa cosmologie, ni dans son anthropologie, ni dans son Ă©thique, qui demeure conformiste et traditionnelle. Le jugement de ces dieux n’est donc plus Ă  craindre : ils ne sont plus tout-puissants puisque matĂ©riels, ne sont pas immortels et n’exercent aucune action dans le monde[45]. Les hommes peuvent donc agir pour changer le cours des choses. Il s'ensuit un ensemble de sentences morales appelĂ©es ÎłÎœáż¶ÎŒÎ±Îč, gnĂŽmai, destinĂ©es Ă  permettre au sage d’atteindre une existence sereine en se dĂ©barrassant des craintes (de la mort par exemple), des angoisses et autres fictions qui empĂȘchent la tranquillitĂ© de l'Ăąme. Dans la pensĂ©e Ă©thique de DĂ©mocrite, en effet, une vie bonne se dĂ©finit Ă  partir d’un bien intĂ©rieur au sujet, un Ă©tat d’esprit dĂ©signĂ© en grec par la notion d’euthymie (Î”áœÎžÏ…ÎŒÎŻÎ±), bonne humeur, parfois traduit par tranquillitĂ© (littĂ©ralement "bon thumos" ) . Ce bien intĂ©rieur a son siĂšge dans l’ñme, la raison est apte Ă  le prĂ©server, et sa possession est le principe d’actions bonnes. L’éthique socratique semble ainsi prĂ©figurĂ©e[46]. S'il existe une philosophie hĂ©doniste chez DĂ©mocrite, elle rĂ©side dans la joie comme finalitĂ© de la morale, Ă  quoi s'ajoute l'utilitĂ© comme critĂšre du bien.

DĂ©mocrite Ă©labora aussi une anthropologie sociale marquĂ©e par l’optimisme du progrĂšs. Comme le sophiste Protagoras[47], il admit l’idĂ©e qu’il ne saurait y avoir de sociĂ©tĂ© si certains de ses membres Ă©taient incapables d’observer la loi commune du respect et de la justice. Mais cette anthropologie sociale est, chez DĂ©mocrite, dĂ©pourvue de tout principe transcendantal et conçue en termes strictement humains : le juste et l’injuste y sont des valeurs purement utilitaires. La sociĂ©tĂ© serait donc fondĂ©e Ă  se dĂ©fendre contre toute agression externe ou interne au groupe, et Ă  mettre Ă  mort le mĂ©chant, comme on tue un animal nuisible[48]. C’est dans ce mĂȘme esprit d’équilibre social et de cohĂ©sion du groupe que DĂ©mocrite a condamnĂ© la thĂ©saurisation et prĂ©conisĂ© les prĂȘts entre particuliers : « Lorsque ceux qui possĂšdent osent prĂȘter de l’argent Ă  ceux qui n’ont pas, les aider et leur rendre service, en cela se manifestent dĂ©jĂ  la compassion, la fin de la solitude, la constitution d’amis, la dĂ©fense rĂ©ciproque et la concorde entre les citoyens[49]. »

ƒuvres

Selon DiogĂšne LaĂ«rce, Thrasylle de MendĂšs avait composĂ© des ProlĂ©gomĂšnes Ă  la lecture des livres de DĂ©mocrite[50] et avait classĂ© l'Ɠuvre sous la forme de treize tĂ©tralogies, de la mĂȘme maniĂšre qu'avec Platon, soit 52 ouvrages. Mais, ceux-ci se sont perdus ou ont Ă©tĂ© dĂ©truits, notamment au IIIe siĂšcle apr. J.-C. Ses pensĂ©es ainsi que quelques fragments de son Ɠuvre nous ont Ă©tĂ© transmis par de nombreux doxographes dont Simplicius, Aristote, DiogĂšne LaĂ«rce ou Plutarque. Les Anciens nous disent que DĂ©mocrite « avait Ă©crit sur tout » : sur les mathĂ©matiques, il avait composĂ© des traitĂ©s remarquables, selon le tĂ©moignage d'ArchimĂšde qui donne des exemples des dĂ©couvertes mathĂ©matiques de DĂ©mocrite. Il avait aussi Ă©crit sur la biologie, en savant qui avait pratiquĂ© la dissection, sur la physique, sur la philologie, l'histoire littĂ©raire et la musique, et formulĂ© son systĂšme de la nature[51]. Son Ɠuvre sur la morale se trouve dans deux collections qui comptent plus de deux cents maximes et courts textes, citations ou extraits d’anthologies publiĂ©es aprĂšs sa mort[46]. Concernant son Ɠuvre, par recoupement de divers tĂ©moignages anciens, DĂ©mocrite Ă©tait notoirement connu pour avoir Ă©crit :

  • le Grand systĂšme du Monde
  • le Petit SystĂšme du Monde
  • Des Choses de l'HadĂšs ( livres I, II et autres ? )
  • Des changements de Rythmes, ou de formes physiques
  • GĂ©ographie ( phĂ©nomĂšnes produits a la surface de la terre ) et Description des PĂŽles ( ? )
  • des Astres et de la sphĂšre des fixes
  • Ouranographie ( ou description des constellations du ciel ? )
  • De la tranquillitĂ© ou du bien-ĂȘtre
  • Causes relatives aux animaux (livres I, II, III)
  • Des mots
  • Tactique (et combat en armes ?)
Un ouvrage collectif Ă©crit par 2 auteurs ?

Aristote, et son école possédait cet ouvrage. Théophraste l'attribuait d'ailleurs à Leucippe. Toute la volumineuse doxographie aristotélicienne provient ainsi d'une connaissance directe de l'ouvrage de Démocrite.

Cependant le Philosophe Stagirique quand il décrit les théories atomistes, mentionne la plupart du temps Leucippe et Démocrite conjointement, ou alternativement.

Comment comprendre cette incertitude ? Cela pourrait s'expliquer par la présence des deux noms d'auteurs dans l'ouvrage du Grand SystÚme du Monde.

On pourrait ainsi imaginer un ouvrage collectif, initié par Leucippe de Milet, compagnon de Démocrite qui aurait disparu prématurément avant d'avoir pu achever la rédaction de cet ouvrage.

Démocrite, son ami ou disciple, se chargeant de mettre la derniÚre main à l'ouvrage, et citant son ami et maßtre a l'initiative de ces théories.

Une mort prématurée de Leucippe pourrait aussi expliquer pourquoi les commentateurs anciens ne possédaient quasiment aucun élément biographique a son égard.

Un autre Ă©lĂ©ment indirect peut aussi ĂȘtre pris en compte :

On apprend que Démocrite avait écrit le Petit systÚme du Monde, quand il était en encore jeune, ce qui suppose que l'ouvrage le Grand systÚme du Monde a été conçu antérieurement.

Cela s'accorderait bien pour une théorie atomiste novatrice, et aboutie qui proviendrait à l'origine d'une personne plus avancée dans la spéculation philosophique, alors que Démocrite était encore jeune.

Cette personne Ă  l'origine de cette thĂ©orie atomistique, peut raisonnablement ĂȘtre Leucippe " maĂźtre " de DĂ©mocrite.

Une théorie atomiste novatrice

Cependant d'autres auteurs ont relatés cet écrit. Tel Basile de Césarée, écrivain chrétien, qui a transmis une synthÚse doxographique épurée, dans son homélie I -sur l'Hexameron[52]- :

« Recourant Ă  des causes matĂ©rielles, les uns ont attribuĂ© l'origine du monde aux Ă©lĂ©ments du monde mĂȘme;

les autres ont cru que les choses visibles sont composĂ©es de corps simples, d'atomes plus ou moins rapprochĂ©s, que de leur rĂ©union ou de leur sĂ©paration rĂ©sulte la gĂ©nĂ©ration ou la dissolution des ĂȘtres, que l'adhĂ©sion plus ferme et plus durable de ces mĂȘmes atomes forme ce qu'on appelle les corps durs. »

Leucippe et Démocrite des Précurseurs de la Théorie cosmologique moderne des multi univers ?


Basile de Césarée reprend sur un ton polémiste, l'image frappante d'un jet d'eau (idée exprimée soit un tourbillon d'atomes) dans une vasque de fontaine (dans l'espace de l'univers ) qu'avait utilisé Démocrite dans le Grand SystÚme du Monde pour justifier la création par la Nature de plusieurs mondes sur l'Hexameron Homélie III la création du firmament :

« Parmi eux [ DEMOCRITE], il en est qui supposent des cieux et des mondes Ă  l'infini. C'est lorsque cette opinion aura Ă©tĂ© attaquĂ©e et dĂ©truite comme absurde par les philosophes [ les Platoniciens et AristotĂ©liciens ] qui emploient les preuves les plus imposantes, qui prĂ©tendent Ă©tablir, par des dĂ©monstrations gĂ©omĂ©triques, qu'il est contraire Ă  la nature qu'il y ait plus d'un monde; c'est alors que nous nous moquerons davantage des inepties mathĂ©matiques et savantes de ces philosophes (DĂ©mocrite sic), si, voyant que, par une seule et mĂȘme cause, des bulles se forment sur l'eau en grand nombre, ils concluent aprĂšs cela que la puissance crĂ©atrice ait pu donner l'ĂȘtre Ă  plusieurs mondes; ces mondes dont la force et la grandeur ne diffĂšrent guĂšre de ces gouttes d'eau qui s'enflent sur la surface des fontaines, [si on les compare Ă  la puissance infinie de Dieu]. Ainsi leur raison de cette possibilitĂ© est ridicule. »

une vision artistique de la cosmologie "des multivers" des Atomismes de la GrĂšce antique

Petit systĂšme du monde

Cet ouvrage, assez célÚbre dans l'Antiquité (au moins jusqu'au IIe siÚcle aprÚs JC ), semble avoir été une vaste synthÚse décrivant la formation de la Terre, et des astres proches (soleil, lune), puis la naissance de la vie, et enfin un vaste récit du début de la civilisation humaine.

7 sources antiques nous renseignent sur ce livre :

  • LucrĂšce De la Nature des Choses Livre V vers 622 et suivants
  • EusĂšbe de CĂ©sarĂ©e prĂ©paration Ă©vangĂ©lique livre XV, chapitre 32
  • Diodore de Sicile Histoire Livre I, chapitres 7-8
  • Hermippe de Smyrne Astronomie fragment repris par Jean CatrarĂšs livre II 1,4
  • Jean TzezĂšs Scolie Ă  HĂ©siode III,58
  • Vitruve, Livres sur l'Architecture Livre II, chapitre 1
  • DiogĂšne d'Oenoanda TraitĂ© physique II

La crĂ©ation de la Terre et des astres proches suit un rĂ©cit proche d' Anaxagore, comme semble ĂȘtre la description fournie par Diodore de Sicile.

Il est possible que sur le début du récit du monde, la version de Démocrite soit proche d'Anaxagore sur certains points. Nous savons que dans son livre Démocrite contestait certains principes philosophiques de son aßné, notamment sur la création premiÚre du monde, ainsi que sa théorie des éclipses lunaires (DiogÚne Laërce sur Démocrite). Création du Monde

Création du Monde

Au commencement il y eu séparation des corps physiques, puis la matiÚre ignée plus légÚre fut entraßnée sur la partie supérieure des Cieux lors du tourbillon universel primordial.

Un résumé de la création du Monde tiré de l'ouvrage de doxographie (stromates) du pseudo Plutarque (repris par EusÚbe de Césarée) mentionne une description mécaniste et atomique "frappante" :


"Le Monde, avec sa forme convexe, s'est formĂ© de la façon suivante. Comme les corps insĂ©cables avaient un mouvement imprĂ©visible et fortuit [le tourbillon atomique], qu'ils se mouvaient sans cesse et trĂšs rapidement, beaucoup de corps s'agglomĂ©rĂšrent, variĂ©s, de ce fait mĂȘme, en forme et en grandeur. Dans ces assemblages d’atomes, les plus grands et les plus pesants de tous, occupaient le rang infĂ©rieur; tandis que ceux qui Ă©taient petits, sphĂ©riques, polis et glissants, Ă©tant pressurĂ©s dans le conflit [mutuels] des corps, se portĂšrent vers les hauteurs. Lorsque la force de frappe eut cessĂ© de les soulever, que le choc ne les conduisit plus vers le haut, et qu'ils se trouvĂšrent empĂȘchĂ©s de se porter en bas, ils furent [dĂšs lors] contraints de se diriger vers les lieux capables de les recevoir; or c'Ă©taient ceux du pourtour [de l'espace]. [dans le mĂȘme temps], le grand nombre des corps se broyaient en s'entrelaçant les uns aux autres dans ce mĂ©lange [amas], ils engendrĂšrent le ciel.

Faits d'une mĂȘme nature, les atomes, qui, on l'a dit [ petits, polis], Ă©taient de toute sorte [ de formes], furent repoussĂ©s vers le haut et produisirent enfin les astres. [Cependant] la quantitĂ© des corps en exhalaison frappait l'air et l'Ă©puisait (?); devenu fluide aĂ©riforme dans son mouvement, il [cette quantitĂ© d'atomes] a enveloppĂ© les astres, les a entraĂźnĂ©s dans sa ronde et a maintenu dans les hauteurs leur rĂ©volution.

AprĂšs quoi [ en conclusion], les atomes du bas donnĂšrent naissance Ă  la terre; ceux qui s'Ă©levaient, au ciel, au feu, Ă  l’air".

La matiÚre terreuse et humide se reporta ainsi vers le bas et fut a l'origine de la création de la Terre. la chaleur fournie sur cette Terre originelle par le soleil, permit a la surface de la Terre de produire la différenciation de la matiÚre en océan, terre et montagne.

( voir les témoignages de Pseudo Plutarque, Hermippe, Diodore de Sicile)

Naissance de la Vie

dans les endroits marécageux, des membranes humides et boueuses sous l'action du soleil se divisÚrent en laissant échapper les premiers plantes et animaux.

DĂ©mocrite pour explique la premiĂšre origine de la vie prĂ©suppose alors un principe de gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e unique ( ensuite selon son explication la Terre Ă©tant plus mure " et fatiguĂ©e" seule le principe de reproduction entre espĂšce pu gĂ©nĂ©rer la pĂ©rennitĂ© de la Vie. À ce moment tardif le Terre ne peut plus gĂ©nĂ©rer spontanĂ©ment que certaines plantes (Hermippe Astronomie 10). Lors de la gĂ©nĂ©ration originelle les principes matĂ©riels vont Ă©tablir les diffĂ©rents rĂšgnes animaux : quand l'Ă©lĂ©ment ignĂ© prĂ©domine dans ces premiers ĂȘtres, ils gĂ©nĂšrent les espĂšces volantes, ou terrestres mobiles ( tel l'Homme trĂšs mobile car prĂ©domine en lui une Ăąme ignĂ©e rapide, ou d'autres animaux rapide comme le lion ). Quand l'Ă©lĂ©ment terreux et humide prĂ©domine il y a formation des reptiles, Quand l'Ă©lĂ©ment humide prĂ©domine, il y a crĂ©ation des poissons et autres crĂ©atures marines ( Voir Diodore de Sicile Histoire I,7). toute cette diffĂ©renciation permet aux animaux de se rassembler selon leur nature.


Les début de la survie et société des Hommes

Cette partie de l'ouvrage de Démocrite concernant l'Homme semble avoir été plus détaillée, précise.

les premiers Hommes Ă©taient naĂŻfs sans expĂ©rience ( ni de la mort, ni des techniques) , ne connaissant mĂȘme pas trĂšs bien le monde, ni comment conserver leur nourriture difficilement trouvĂ©e. La seule relation sociale primitive pratiquĂ©e Ă©tait l'entraide en raison de la nĂ©cessitĂ© face a une vie difficile et dangereuse. Ils se prĂȘtaient main forte dans leur combat pour survivre face aux bĂȘtes fĂ©roces. Ils Ă©taient nus et luttaient ensemble pour survivre.

Subissant les orages et intempéries, les hommes eurent l'idée de se protéger le corps avec des feuilles ou des peaux, puis se réfugier dans des abris (DiogÚne d'Oenoanda).

Progressivement instruits par la nécessité, ils prirent l'habitude de dormir dans ces abris et grottes, et ils apprirent aussi à conserver leurs aliments. Grace à l'observation des arbres prenant feu sous l'impact de la foudre, et autres phénomÚnes les hommes apprirent enfin a générer le feu ( voir Vitruve Livre II,1 ). Ils purent ensuite cuire, et mieux conserver leurs aliments. l'observation des animaux leur permirent de créer des habitats plus ingénieux ( en observant les hirondelles faisant leur nids dans divers recoins)

Ils conçurent eux mĂȘme avec le temps divers inventions dont les mĂ©tiers a tisser. Toutes ces techniques ont Ă©tĂ© engendrĂ©es par les besoins et circonstances, aucune intervention des Dieux n'a Ă©tĂ© nĂ©cessaire ( DiogĂšne d'Oenoanda ).

La création du langage fut progressive, est différemment sur tous les points du Globe ( expliquant la multiplicité des langues humaines ). le langage permis alors le circulation des idées, inventions ou expériences, et développa en conséquence la civilisation humaine. Selon le témoignage de DiogÚne d'Oenoanda; les mots ne se sont pas imposés par la seule instruction ( ou comment un seul homme pourrait instruire une multitudes de foules diverses )

Leurs vies était encore des plus simples, ignorant les rois, les magistrats, les guerres. Au départ seuls de modestes pillages entre hommes pouvaient survenir, motivés par l'entraide.

Puis progressivement plus avancée dans la réflexion, ils commencÚrent a construire des outils plus élaborés, et des maisons plus sophistiquées passant de simples huttes de branchages, et feuilles, en abris de terre, ou de pierre. ( voir témoignage de Vitruve déjà cité )


Démocrite attribuait à la nécessité un puissant moteur pour développer les sociétés humaines ( voir Diodore I,8). Pr ailleurs il attribuait a l'observation des animaux un autre moteur pour les idées ingénieuses humaines.

Des choses de l'HadĂšs ( livres I et II )

Grùce au témoignage de Proclus ( commentaire de le République de Platon II,113-6) on sait que cet ouvrage traitait de la mort sous l'angle de le recherche. Quelques fragments conservés décrivent aussi l'attitude psychologique des Hommes face à la mort ( dans le deuxiÚme livre ?).

DĂ©mocrite avait Ă©tabli une enquĂȘte sur les gens que l'ont a cru mort, et qui ont ressuscitĂ©s :

Il tenta d'expliquer ce phĂ©nomĂšne Ă©tonnant; en dĂ©crivant une extinction de vie parfois comme un simple Ă©vanouissement, au cours duquel les liens de l’ñme demeurent encore enracinĂ©s dans la rĂ©gion de la moelle, et dans lequel "le cƓur gardait encore dans sa profondeur comme un tison de vie qui couvait", et en raison de la subsistance de ces liens [de vie profonde], le corps prĂȘt au retour Ă  la vie, en venait Ă  se rĂ©animer.

Autre partie de l'ouvrage sur les effets de l'idée de la mort sur l'action humaine

" Les insensés qui prétendent détester la vie, n'en veulent pas moins vivre par crainte de l'HadÚs" (Stobée, florilÚge III, IV 74)

" En fuyant la mort, les Hommes se lancent à sa poursuite" (Stobée florilÚge III, Iv 77).

" Ensuite lorsque la vision de la mort s'impose a eux avec évidence, [elle les frappent par surprise] (..) ils se laissent cerner complÚtement et se condamnent nécessairement à faire feu de tout bois" ( PhilodÚme De la mort XXXIX,9)

" la putréfaction entraßne une forte émotion, parce qu'on se représente l'image défigurée de ce qui dégage de telles odeurs, car c'est la putréfaction qui attend les ombres de ceux qui meurent avec une mine saine et florissante" (PhilodÚme De la Mort XXIX,27)

Description des PĂŽles et du Globe (ou des choses a la surface de la Terre)

Il s'agissait vraisemblablement d'un Ouvrage de gĂ©ographie Physique. Diodore de Sicile dans sa BibliothĂšque Historique (livre a conservĂ© un prĂ©cieux fragment de cette Ɠuvre dans la BibliothĂšque Historique (Livre I, XXXIX)

« la masse de neige dans la région nordique persiste, gelée lors du solstice d'hiver, et en été les glaces fondant sous l'effet de la chaleur, il se produit une forte liquéfaction, ce qui entraßne la naissance de nombreux nuages épais dans la région supérieure de l'atmosphÚre, car la vapeur est entraßnée vers le haut en grande quantité.Ces nuages sont poussés par les vents étésiens jusqu'à ce qu'ils heurtent des hautes montagnes en Ethiopie, et brisés avec violence par ces montagnes élevées, ils produisent de trÚs fortes pluies qui font ensuite monter le niveau du Nil, surtout pendant la saison des vents étésiens. »

De plus le Papyrus d'Hibeb - un fragment probable du du traité de l'Eau de Théophraste - détaillent les arguments utilisés par Démocrite pour expliquer la salinité de la Mer.

À la lecture de ce texte, on voit que DĂ©mocrite avait Ă©crit un livre de savant, plus que de philosophe. Il avait recherchĂ© Ă  comprendre la crue du Nil par des Ă©lĂ©ments matĂ©riels, et physique sur la circulation de l'eau a la surface de la Terre.

De cette Ɠuvre extrĂȘmement vaste, il ne nous reste pas un seul ouvrage entier, nous avons conservĂ© une liste des titres de ses ouvrages :

Physique

  • Le Grand Diacosme (ou Grand SystĂšme du Monde). ThĂ©ophraste l'attribue Ă  Leucippe[50].
  • Le Petit Diacosme (ou Petit SystĂšme du Monde)
  • Description du monde
  • Des PlanĂštes
  • De la Nature
  • De la Nature humaine ou de la Chair (deuxiĂšme livres). Les Ă©diteurs sont assez divisĂ©s sur le statut des livres De la Nature et De la chair, pouvant former peut-ĂȘtre trois traitĂ©s diffĂ©rents[53].
  • De l'Esprit
  • Des Sensations. Selon DiogĂšne, les deux traitĂ©s prĂ©cĂ©dents sont quelquefois regroupĂ©s sous le titre De l'Ame[54]
  • Des Saveurs
  • Des Couleurs
  • Des Figures diffĂ©rentes
  • De la Transformation des Figures. Les figures doivent se comprendre comme des composĂ©s et peut ĂȘtre des atomes, pourtant immuables[54].
  • Le Fortifiant ou discours justifiant les prĂ©cĂ©dents. Il s'agit de justifications critiques ou d'une thĂ©orie de la connaissance physique qui ne concernait que les ouvrages de DĂ©mocrite[54].
  • Sur les simulacres ou sur la Providence
  • Sur les questions de logique ou Canon, trois livres. Plusieurs manuscrits marquent Ă  la place De la Peste[54].
  • Des Choses douteuses

Les livres suivant selon DiogÚne sont donnés hors de la liste ordonnée[55].

  • Causes cĂ©lestes
  • Causes de l’air
  • Causes de la terre
  • Causes du feu et de son contenu
  • Causes des sons
  • Causes des germes
  • Des plantes et des fruits
  • Causes des animaux, trois livres
  • Causes mĂȘlĂ©es
  • De la Pierre d'aimant

Éthique

  • Pythagore
  • Sur la disposition d'esprit du sage
  • Des Enfers
  • La TritogĂ©nie. C'est l'un des surnoms d'AthĂ©na, signifiant « DĂ©esse Ă  la triple naissance »[56].
  • Du Courage ou De la Vertu
  • De la Corne d'abondance ou Corne d'AmalthĂ©e
  • Commentaires de morale
  • Sur l'Ă©galitĂ© d'Humeur
  • Du Bonheur. DiogĂšne LaĂ«rce dĂ©clare que le livre n'est pas mentionnĂ© au catalogue car introuvable[50].

Mathématiques

  • De la DiffĂ©rence du gnomon ou de la tangence du cercle et de la sphĂšre
  • De la GĂ©omĂ©trie
  • Questions gĂ©omĂ©triques
  • Les nombres
  • Des nombres et des solides irrationnels, deux livres
  • Projections. Il faut comprendre des projections de solides sur un plan[55].
  • La Grande annĂ©e ou les rĂšgles de l'astronomie. Selon le calendrier astronomique fragmentaire de DĂ©mocrite, la Grande AnnĂ©e dĂ©signe une pĂ©riode oĂč tous les astres se retrouvent dans la mĂȘme position[55]
  • DĂ©bat sur la clepsydre. Selon une conjecture, le traitĂ© aurait Ă©tĂ© une comparaison avec le temps astronomique[57].
  • Description du ciel
  • Description de la terre
  • Description du pĂŽle
  • Description des rayons

DĂ©mocrite Ă©tait rĂ©putĂ© dans plusieurs domaines mathĂ©matiques, y compris l'astronomie. Il Ă©crivit des ouvrages traitant des nombres, des lignes continues et des solides, tous disparus et dont seuls les titres nous sont connus[58]. Ses travaux gĂ©omĂ©triques ont pu marquer significativement leur Ă©poque, avant la parution des ÉlĂ©ments d'Euclide. Selon ArchimĂšde, c'est DĂ©mocrite qui a dĂ©couvert que le volume d'un cĂŽne ou d'une pyramide est le tiers du volume du cylindre ou du prisme ayant la mĂȘme base et la mĂȘme hauteur, en considĂ©rant le cĂŽne comme un empilement de fines tranches. Eudoxe en a ensuite apportĂ© la preuve[59].

Beaux-arts

  • Des Rythmes et de l'Harmonie
  • De la PoĂ©sie[60]
  • De la BeautĂ© Ă©pique
  • De la Consonance et de la Dissonance
  • Des lettres d'HomĂšre ou De la justesse des vers et des termes
  • Du Chant
  • De la Diction
  • Questions de vocabulaire

MĂ©tier

  • De la PrĂ©vision mĂ©dicale
  • Du RĂ©gime de vie ou Le DiĂ©tĂ©tique
  • Le Jugement mĂ©dical
  • Causes des choses qui sont de saison et de celles qui sont hors de saison
  • Sur l'agriculture ou De l'arpentage
  • De la Peinture
  • De la tactique
  • De l'emploi des armes

Aide-mémoire

Selon DiogÚne, ces extraits sont parfois édités séparément[57].

  • Sur les Ă©critures sacrĂ©es de Babylone
  • Sur ce qu'on trouve Ă  MĂ©roĂ©
  • Voyage autour de l'OcĂ©an
  • Sur l'histoire
  • Discours chaldaĂŻque
  • Discours phrygien
  • Sur la fiĂšvre et sur les toux pathologiques
  • Causes concernant les lois et coutumes. Des manuscrits divergents proposent Sur les pestilences[57]
  • ProblĂšmes concernant les informations faites Ă  la main. Le traitĂ© concerne les remĂšdes ou des opĂ©rations thĂ©rapeutiques, le titre souffre d'une corruption manuscrite[57]

Postérité

À cause de son matĂ©rialisme, DĂ©mocrite fut l’un des savants les plus vilipendĂ©s de l'antiquitĂ©. Sa philosophie de l’atomisme lançait un dĂ©fi fondamental Ă  la conception tĂ©lĂ©ologique du monde esquissĂ©e par Anaxagore puis dĂ©veloppĂ©e par Platon dans le TimĂ©e et au Livre X des Lois. À court terme, cette philosophie rencontra donc l’opposition dĂ©terminĂ©e de Platon mais aussi celle d’Aristote et de leurs successeurs. À l’époque romaine, elle heurta les StoĂŻciens. Plus tard, du VIe au VIIIe siĂšcle, la tradition atomiste entra en conflit avec les intĂ©rĂȘts des lettrĂ©s chrĂ©tiens, qui la condamnĂšrent et firent le choix de nous transmettre l’hĂ©ritage intĂ©gral des Ɠuvres de Platon mais rien de l’Ɠuvre non moins vaste de DĂ©mocrite[61] - [62]. La Fontaine a Ă©voquĂ© les railleries que la doctrine atomiste valut Ă  DĂ©mocrite auprĂšs du peuple, chez les AbdĂ©ritains, qui le tenaient pour fou[63]. Le peintre Camille Corot reprĂ©sente DĂ©mocrite et les AbdĂ©ritains dans un paysage prĂ©sentĂ© au Salon de 1841, conservĂ© au musĂ©e des Beaux-Arts de Nantes[64].

Cependant, DĂ©mocrite fut admirĂ© par les plus grands philosophes. CicĂ©ron disait de lui : « Il n’est rien dont il ne traite ». SĂ©nĂšque le considĂ©rait comme « le plus subtil de tous les Anciens ». Aristote, ThĂ©ophraste, Tertullien, Épicure puis son compagnon MĂ©trodore de Chio, les stoĂŻciens ClĂ©anthe et SphĂŠros du Bosphore ont tous consacrĂ© des traitĂ©s entiers Ă  discuter de son systĂšme. Ramus et plus tard Spinoza considĂ©raient qu'on avait sous-estimĂ© l'importance de son Ɠuvre qui serait, selon Jean-Paul Dumont, Ă  l'origine de l'« atomisme dogmatique des Ă©picuriens », du « nihilisme radical » d'un MĂ©trodore de Chio et du relativisme phĂ©nomĂ©niste de Protagoras et Pyrrhon. À l’époque moderne, la contribution de DĂ©mocrite au dĂ©veloppement du rationalisme en Ă©thique fut remarquable ; selon Nietzsche, « DĂ©mocrite est le pĂšre de toutes les tendances de l'AufklĂ€rung et du rationalisme ». Marx choisit comme sujet de sa thĂšse de doctorat en 1841 : DiffĂ©rence de la philosophie de la nature chez DĂ©mocrite et Épicure. Un savant moderne, le physicien J.-C. Feinberg, a Ă©tabli un parallĂ©lisme Ă©logieux entre Albert Einstein prĂ©voyant la fission de l’atome, et DĂ©mocrite imaginant la thĂ©orie atomiste comme rĂ©alitĂ© primordiale de la matiĂšre. Car la gloire de DĂ©mocrite tient Ă  ce que, le premier, il a utilisĂ© le mot d’atome, et conçu la matiĂšre comme corpusculaire plutĂŽt que continue.

Le Pseudo-DĂ©mocrite

Parmi les fragments attribuĂ©s Ă  DĂ©mocrite, certains appartiennent Ă  un autre auteur, que les savants croient identifier avec Bolos de MendĂšs (200 av. J.-C.), en particulier celui qui a Ă©crit De l’Agriculture ou le GĂ©orgique. Ce Bolos a laissĂ© divers Ă©crits sur l'alchimie (et les teintures), la magie, les propriĂ©tĂ©s occultes.

« Bolos de MendĂšs, pythagoricien [spĂ©cialiste en sciences occultes]. ƒuvres : Des questions tirĂ©es de la lecture des enquĂȘtes qui attirent notre attention, Des prodiges et Les Drogues naturelles. Ce dernier ouvrage comprend le TraitĂ© des pierres sympathiques et antipathiques et le TraitĂ© des signes tirĂ©s du Soleil, de la Lune, de l'Ourse, de la lampe et de l'arc-en-ciel. Bolos, philosophe dĂ©mocritĂ©en. »

— Suidas, article « Bolos ».

Notes et références

  1. DiogÚne Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne) X
  2. Pamela Gossin, Encyclopedia of Literature and Science, 2002.
  3. Article « La vérité sort du puits » dans :
  4. Platon, TimĂ©e [dĂ©tail des Ă©ditions] [lire en ligne], 33 a et 81 c-d ; lire aussi la notice par Albert Rivaud, sociĂ©tĂ© d’édition « Les Belles Lettres », 1949, pages 85 et 110.
  5. Charles Mugler, « DĂ©mocrite et l’irradiation cosmique », Revue d’histoire des sciences, tome XX, 1967, p. 227-228.
  6. « Démocrite », sur remacle.org,
  7. Michel Onfray, Les Sagesses antiques, Contre-histoire de la philosophie, tome I, Grasset (2006), p. 58.
  8. Michel Onfray conteste cette appellation de présocratique car elle fait de Socrate la référence de base. Il préfÚre l'appellation « Philosophe Abdéritain ».
  9. Livre VIII, fable XXVI, Démocrite et les Abdéritains.
  10. Selon DiogÚne Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne), IX.
  11. D’aprĂšs AntisthĂšne de Rhodes (DiogĂšne LaĂ«rce, IX, 34).
  12. [lire en ligne]
  13. Elien, Histoire variée, Paris, Les Belles Lettres (la roue à livre), , 269 p. (ISBN 2-251-33911-6), livre 4,20
  14. Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne], XVIII, 48, 9.
  15. Mauro Bonazzi, « Protagoras d'AbdÚre », dans Jean-François Pradeau (dir), Les Sophistes, vol. 1, Paris, Flammarion, coll. « GF-Flammarion », 2009, 592 p. (ISBN 2-08-120713-3), p. 43-50 et 443-472.
  16. Sur les Sens, 53
  17. DiogÚne Laërce, IX, 36.
  18. Histoires diverses de Claude Élien (Claudius Aelianus), par AndrĂ© Dacier, lire en ligne.
  19. Dictionnaire des hommes illustres : Suite du premier volume, volumes 1-2 - Honoré Lacombe de Prézel - La Combe, 1758.
  20. Histoire critique de la philosophie oĂč l'on traite de son origine, de ses progrĂšs, & des diverses rĂ©volutions qui lui sont arrivĂ©es jusqu'Ă  notre tems, Volume 2 - Deslandes (AndrĂ© François, M.)- Chez F. Changuion, 1756.
  21. Plutarque, De la curiosité, 12, 521.
  22. LucrĂšce, III, v. 1039.
  23. Voir DiogÚne Laërce.
  24. John Dillon, « L’Être et les rĂ©gions de l’Être » dans Le Savoir grec, Jacques Brunschwig et Geoffrey Lloyd (en), Flammarion, 1996, p. 98-99.
  25. Aristote, MĂ©taphysique, A 985 b 16-17.
  26. Ce mot est donné comme douteux dans les dictionnaires de grec ancien.
  27. Rythme, contact mutuel, tournure.
  28. Heinz Wismann Les avatars du vide, DĂ©mocrite et les fondements de l’atomisme, Paris, Hermann, 2010, p. 28.
  29. G.E.R Lloyd, Une histoire de la science grecque, Paris, Seuil, coll. « Points - Sciences », , 425 p. (ISBN 2-02-017765-X), p. 200-201
  30. Aristote, Du Ciel, II, 3, et Platon, Phédon, 99 b.
  31. Charles Mugler, Deux thÚmes de la cosmologie grecque, Devenir cyclique et pluralité des mondes, Paris, 1953, chapitre I et IV.
  32. Refutatio, I, 13, 3 ; Hermann Diels et Walther Kranz, Die Fragmente der Vorsokratiker, 68 A, 40.
  33. AĂ©tius, I, 12, 6 ; Diels et Kranz, Fragm. der Vorsokratiker, 68 A, 47.
  34. AĂ©tius, II, 4, 9.
  35. Charles Mugler, « Démocrite et les dangers de l'irradiation cosmique », Revue d'histoire des sciences, t. XX, 1967, p. 222-223.
  36. Charles Mugler, « Les théories de la vie et de la conscience chez Démocrite », Revue de philologie, tome XXX, 1956, p. 231-241.
  37. Plutarque, QuĂŠstiones convivales, livre VIII, chap. IX, 731 B Ă  733 D.
  38. Platon, Timée [détail des éditions] [lire en ligne], 33 a et 81 c-d.
  39. G.E.R Lloyd, op. cit., p.81.
  40. On sait que « atome » signifie « indivisible », cf. Dictionnaire grec-français Bailly (langue grecque ancienne, d’HomĂšre Ă  la koinĂš).
  41. Aristote, De la Génération et de la corruption, livre I, chap. 2, 9 à 19.
  42. David Furley, « Démocrite », dans Jacques Brunschwig et Geoffrey Lloyd (en), Le Savoir grec, Flammarion, 1996, p. 623.
  43. G.E.R Lloyd 1990, op. cit., p.66.
  44. G.E.R Lloyd 1990, op. cit., p.62.
  45. Louis Gernet et André Boulanger, Le Génie grec dans la religion, Albin Michel, 1970, p. 316.
  46. Monique Canto-Sperber, « Éthique » in : Jacques Brunschwig et Geoffrey Lloyd (en), Le Savoir grec, Flammarion, 1996, p. 137-138.
  47. Platon, Protagoras, 322 d.
  48. Édouard Will, Le Monde grec et l’Orient, le Ve siùcle, PUF, 1972, p. 483-484.
  49. Démocrite, fragment B 255 ; François Vannier, Sagesse, richesse et pouvoir selon Démocrite In: Dialogues d'histoire ancienne, vol. 14, 1988. pp. 109-116.
  50. Édition DiogĂšne LaĂ«rce 1999, p. 1082.
  51. AndrĂ© Bonnard, D’Antigone Ă  Socrate, Union GĂ©nĂ©rale d’Éditions, Le monde en 10/18, 1963, p. 81.
  52. ModĂšle {{Lien web}} : paramĂštre « url » manquant. Philippe REMACLE, « Basile de CĂ©sarĂ©e Ɠuvres traduites du grec », sur remacle.org, (consultĂ© le )
  53. Édition DiogĂšne LaĂ«rce 1999, p. 1082-1083. Les corrections sont spĂ©culatives car il semble que le catalogue de ThĂ©ophraste Ă©tait corrompu lors de sa copie par DiogĂšne..
  54. Édition DiogĂšne LaĂ«rce 1999, p. 1083.
  55. Édition DiogĂšne LaĂ«rce 1999, p. 1084.
  56. Édition DiogĂšne LaĂ«rce 1999, p. 1082. La mythologie de cette naissance eu diverses interprĂ©tations, DĂ©mocrite en donna une dans un fragment (DK 68 B 2).
  57. Édition DiogĂšne LaĂ«rce 1999, p. 1085.
  58. À savoir Nombres, Sur la gĂ©omĂ©trie, Sur les tangentes, Sur les irrationnels. Cf. Jean-Paul Colette, Histoire des mathĂ©matiques, Vuibert, 1973, p. 56.
  59. Morris Kline, Mathematical from ancient to modern times, Oxford University Press, 1972, p. 37.
  60. Édition DiogĂšne LaĂ«rce 1999, p. 1085. Les thĂ©ories de DĂ©mocrite sur la poĂ©sie sont plutĂŽt proches de Platon (DK 68 B 17-18).
  61. David Furley, « Démocrite » in Jacques Brunschwig et Geoffrey Lloyd (en), Le Savoir grec, Flammarion, 1996, p. 622 et 630.
  62. AndrĂ© Bonnard, D’Antigone Ă  Socrate, Union GĂ©nĂ©rale d’Éditions, Le monde en 10/18, chap. III, p. 88.
  63. La Fontaine, Fables, Livre VIII, 26.
  64. Corot, Musée de Nantes

Annexes

Fragments : traduction

  • DĂ©mocrite et l'atomisme ancien. Fragments et tĂ©moignages, prĂ©sentation de la traduction de Maurice Solovine, revue et complĂ©tĂ©e, avec introduction, notes et dossier, Paris, Pocket, 1993, 208 p.
  • Jean-Paul Dumont et al., Les PrĂ©socratiques, Gallimard, coll. « La PlĂ©iade », Paris, 1988, p. 747-936.
  • DiogĂšne LaĂ«rce, Vies et doctrines des philosophes illustres, Le livre de poche, coll. « La PochothĂšque », . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
    L'Ă©tude du catalogue renvoi Ă  celle de D. O'Brien dans DPhA II.

Études

  • Victor Brochard, Études de philosophie ancienne et moderne, Vrin, Paris, 1930
  • Charles Mugler, « DĂ©mocrite et les dangers de l'irradiation cosmique », Revue d'Histoire des sciences et de leurs applications, vol. 20, no 3,‎ , p. 221 Ă  228 (lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Charles Mugler, « Les thĂ©ories de la vie et de la conscience chez DĂ©mocrite », dans Revue de Philologie, XXX, 1956, p. 231-241.
  • Charles Mugler, « L’invisibilitĂ© des atomes. À propos d’un passage d’Aristote », Revue des Études grecques, vol. 76, nos 361-363,‎ , p. 397-403 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • François Vannier, « Sagesse, richesse et pouvoir selon DĂ©mocrite » In : Dialogues d'histoire ancienne, vol. 14, 1988. pp. 109-116. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article Lire en ligne
  • (it) V.E. Alfieri, Atomos Idea, Florence, 1953
  • Friedrich Nietzsche, Sur DĂ©mocrite, MĂ©tailiĂ©, Paris, 1990.
  • Pierre-Marie Morel, DĂ©mocrite et la recherche des causes, Klincksieck, 1996.
  • David Furley, « DĂ©mocrite », dans Jacques Brunschwig et Geoffrey Lloyd (en) (prĂ©f. Michel Serres), Le Savoir grec, Flammarion, (ISBN 208210370-6), p. 622 Ă  630 Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Michel Onfray, Contre-histoire de la philosophie, t.1 : Les Sagesses antiques, Grasset, Paris, 2006, (ISBN 2-246-64791-6), p. 53-76.
  • Jean Salem, DĂ©mocrite. Grains de poussiĂšre dans un rayon de soleil, Vrin, 1996.
  • Karl Marx, DiffĂ©rence de la philosophie de la nature chez DĂ©mocrite et Épicure, 1841. 1re partie et 2e partie
  • Heinz Wismann, Les Avatars du vide. DĂ©mocrite et les fondements de l'atomisme, collection « Le Bel Aujourd'hui », Hermann, 2010.


Articles universitaires sur quelques thÚmes spécifiques

  • Charles Mugler "DĂ©mocrite et les postulats cosmologiques du DĂ©miurge" in Revue des Etudes Anciennes 1969 Tome 67 n°1-2 pages 50-58

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