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Histoire Ă©volutive du vivant

L'histoire évolutive du vivant, ou histoire de l'évolution, est l'histoire des processus par lesquels des populations d'organismes vivants ont acquis et transmis des traits biologiques nouveaux de génération en génération. La répétition de ces processus sur une grande échelle de temps explique l'apparition de nouvelles variétés et espÚces, et finalement la vaste diversité du monde vivant. Les espÚces biologiques contemporaines sont reliées entre elles par une ascendance commune et sont le produit de l'évolution et de la spécialisation sur plusieurs milliards d'années.

Représentation visuelle de l'évolution de la faune et de la flore au cours des temps géologiques.

Chronologie simple

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Conditions géologiques et chimiques avant l'apparition de la vie

La naissance de la Terre

La masse terrestre s’est constituĂ©e il y a environ 4,6 milliards d’annĂ©es. Entre −4,5 et −3,9 milliards d’annĂ©es il n’y avait ni terre ferme ni ocĂ©ans ni lacs. À –3,9 milliards d’annĂ©es la surface de la Terre s’était suffisamment refroidie pour former une fine pellicule qui reposait sur le manteau encore en fusion[9]. À partir de –3,9 milliards d’annĂ©es et pendant 1,3 milliard d’annĂ©es la surface de la Terre a entamĂ© son refroidissement. La tempĂ©rature est passĂ©e de 1 000 °C Ă  environ 300 °C[10].

La « soupe primitive »

L’hydrogĂšne (de symbole H) est l’élĂ©ment le plus simple et le plus abondant dans l’Univers[11]. Il est trop lĂ©ger pour ĂȘtre retenu seul dans l’atmosphĂšre terrestre, mais il se combine Ă  d’autres Ă©lĂ©ments de l’atmosphĂšre. Avec l’oxygĂšne (O) il forme l’eau (H2O), avec le carbone (C) du mĂ©thane (CH4), avec l’azote (N) de l’ammoniac (NH3), etc. ; ces quatre Ă©lĂ©ments (HOCN) sont Ă  la base la matiĂšre vivante[10].

La Terre est situĂ©e Ă  proximitĂ© d’une source d’énergie, le Soleil, mais elle en est suffisamment Ă©loignĂ©e pour que ses constituants ne s’échappent pas sous forme de gaz et que puissent coexister des corps liquides, solides et gazeux. La situation de la Terre est spĂ©cifique : sa distance au Soleil permet le maintien de l’eau sous les formes liquide, solide et gazeuse.

AprĂšs −3,9 milliards d’annĂ©es et pendant des centaines de millions d’annĂ©es, les conditions Ă  la surface terrestre (tempĂ©rature, pression, dĂ©charges Ă©lectriques, rayonnement, tourbillons...) rendent possible les rĂ©actions chimiques. Les gaz riches en hydrogĂšne, venus de l'intĂ©rieur de la Terre, rĂ©agissent avec les gaz riches en carbone de l'atmosphĂšre. Les premiĂšres biomolĂ©cules Ă  l'origine de la vie sur Terre se forment : glucides, acides aminĂ©s, ARN, ADN[12].

L’ARN et l’ADN ont la capacitĂ© de se rĂ©pliquer. La rĂ©plication est, d’un point de vue molĂ©culaire, un processus chimique courant[13].

Origine de la vie

Les plus anciens micro-organismes fossiles sont datĂ©s d'au moins 3,5 milliards d'annĂ©es, durant le PalĂ©oarchĂ©en. L’origine de la vie sur Terre demeure incomprise, et les processus qui y ont conduit sont souvent hypothĂ©tiques.

L'Archéen et l'évolution des premiÚres cellules

Il y a 4 milliards d'années débute l'Archéen, période au cours de laquelle les cyanobactéries vont apparaßtre et constituer les stromatolithes actuelles. Ces procaryotes (unicellulaires) immobiles (sans flagelle) longtemps appelés algues bleue-vertes sont les premiers organismes à posséder les 2 photosystÚmes leur permettant de pratiquer la photosynthÚse à l'origine de la Grande Oxydation puis de la couche d'ozone qui a pour effet d'absorber la plus grande partie du rayonnement solaire ultraviolet biocide, stimulant ainsi le développement de la biodiversité. Elles participent de ce fait à la réduction de la concentration en CO2 atmosphérique et à l'augmentation de la proportion en oxygÚne. Selon la théorie de l'endosymbiose plastidiale, elles seraient à l'origine des plastes dans les végétaux supérieurs intégrés par symbiose dans leurs cellules.

La cellule

Les biomolĂ©cules se sont concentrĂ©es. Des composĂ©s chimiques prĂ©sents dans la soupe primitive, (les phospholipides), Ă©taient capables d’enfermer dans une membrane une gouttelette d’eau et son contenu. Ce sont ainsi formĂ©es des vĂ©sicules. La membrane permettait les Ă©changes entre l’extĂ©rieur et l’intĂ©rieur. Plusieurs centaines de millions d’annĂ©es plus tard des molĂ©cules d’ADN et d’ARN ont pĂ©nĂ©trĂ© dans les vĂ©sicules, les transformant en cellules[14]. En fabriquant des protĂ©ines et en produisant encore plus d’ADN ces cellules pouvaient se reproduire[13]. Le premier ĂȘtre unicellulaire, LUCA, ancĂȘtre commun Ă  tout ce qui est vivant sur la Terre, aurait ainsi vĂ©cu il y a 3,5 Ă  3,8 milliards d’annĂ©es[12].

Les bactéries

La bactĂ©rie est un organisme unicellulaire. Elle n’a pas de noyau. Son patrimoine gĂ©nĂ©tique fondĂ© sur l’ADN et l’ARN est dispersĂ© dans le milieu aqueux de la cellule[15]. Les premiĂšres bactĂ©ries datent d’il y a environ −3,8 milliards d’annĂ©es. Elles Ă©taient capables de vivre dans l’eau de surface oĂč la tempĂ©rature Ă©tait encore de plus de 90 °C. Des fossiles de bactĂ©ries ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s dans des sĂ©diments d’environ −3,5 milliards d’annĂ©es[12].

Des traces de vie microbienne ont aussi été trouvées dans des roches sédimentaires continentales ùgées de 3,2 milliards d'années, qui se seraient formées dans un lit de riviÚre. Ces microorganismes étaient déjà adaptés au milieu terrestre, et notamment aux sécheresses épisodiques ainsi qu'aux rayonnements ionisants (la couche d'ozone n'existait pas à cette époque)[16].

Déploiement des bactéries

Pendant 1,3 milliard d’annĂ©es, les bactĂ©ries vont s’étendre sur la planĂšte sous forme de colonies. Du fait de son petit nombre de gĂšnes, une bactĂ©rie n’est pas Ă  mĂȘme d’assurer toutes les rĂ©actions chimiques nĂ©cessaires au maintien de la vie et Ă  la reproduction. Elle doit donc vivre en Ă©quipe Ă  l’intĂ©rieur desquelles les gĂšnes s’échangent. Les Ă©quipes sont composĂ©es de diffĂ©rentes souches. Chaque souche comprend un trĂšs grand nombre d’exemplaires. Les souches de bactĂ©ries vivant Ă  proximitĂ© viennent apporter leur contribution en gĂšnes ou en nutriments utiles. Avec le temps la sĂ©lection naturelle rend l’équipe stable et capable de maintenir des fonctions complexes. Les Ă©quipes se dispersent et finissent par occuper toutes les parties habitables de la planĂšte[17].

Milieu sans oxygĂšne

Les bactĂ©ries peuvent vivre dans des milieux trĂšs divers et dans des solutions salines qui seraient meurtriĂšres pour d’autres organismes[18]. Elles ont pris naissance dans un milieu sans oxygĂšne. Elles tiraient alors leur Ă©nergie du glucose, abondant dans la soupe primitive. Lorsque le glucose s’est fait rare elles l’ont synthĂ©tisĂ© elles-mĂȘmes en utilisant l’énergie solaire et le sulfure d’hydrogĂšne. D’autres bactĂ©ries ont tirĂ© leur Ă©nergie du gaz carbonique Ă  la place du sulfure d’hydrogĂšne. Dans cette derniĂšre opĂ©ration, de l’oxygĂšne est libĂ©rĂ©. Comme elles ont prolifĂ©rĂ© le taux d’oxygĂšne dans l’eau et dans l’atmosphĂšre s’est accru. Il est passĂ© de l’ordre de 2 % dans l’atmosphĂšre il y a trois milliards d’annĂ©es Ă  21 % actuellement. L’augmentation de la concentration en oxygĂšne a induit une nouvelle fonction, la respiration. Celle-ci fournit un meilleur rendement que le glucose[19].

Capacités évolutives

Les bactĂ©ries sont des organismes sans noyau. Une cellule bactĂ©rienne peut contenir trois cents fois moins de gĂšnes permanents qu’une cellule Ă  noyau. Elle ne possĂšde qu’un nombre minime d’instructions, juste pour se rĂ©pliquer et se maintenir. Mais grĂące Ă  la permĂ©abilitĂ© de leur membrane, les bactĂ©ries Ă©changent constamment entre elles leurs ADN porteurs de gĂšnes. La facilitĂ© et la vitesse de la propagation de l’information gĂ©nĂ©tique sont proches de celles des tĂ©lĂ©communications modernes, compte tenu de la complexitĂ© et de la valeur biologique de l’information transfĂ©rĂ©e. Ces Ă©changes sont une source de combinaisons et d’évolutions permanentes. Ils permettent une adaptation rapide lorsqu’elles sont confrontĂ©es Ă  un autre environnement. Lorsqu’elles se trouvent dans un milieu particulier, elles reçoivent des particules gĂ©nĂ©tiques d’autres cellules se trouvant dĂ©jĂ  dans ce milieu et porteuses des gĂšnes qui leur sont spĂ©cifiques. Il en rĂ©sulte une grande adaptabilitĂ©[20].

Cela ne suffit pas dans les processus d’évolution. L’ADN doit ĂȘtre modifiĂ© pour la transmission aux gĂ©nĂ©rations suivantes. La modification se rĂ©alise par mutation. Vu la rapiditĂ© oĂč les bactĂ©ries se multiplient, elles subissent de nombreuses mutations. Une bactĂ©rie rapide se divise environ toutes les vingt minutes. En moins d’un jour, elle peut se multiplier en cinq milliards d’exemplaires. Une division sur un million environ donne naissance Ă  une mutation. La plupart des mutants meurent. Mais certaines mutations sont porteuses d’une fonctionnalitĂ© nouvelle. Une bactĂ©rie mutante apportant une novation positive peut rapidement s’étendre Ă  tout son habitat[21].

Adaptation à l’environnement

AprĂšs avoir atteint une certaine dimension, les Ă©quipes bactĂ©riennes se dispersent. Chacune s’ajuste aux conditions locales. Dans le nouveau milieu se trouvent dĂ©jĂ  des bactĂ©ries adaptĂ©es Ă  cet environnement. Elles fournissent leurs gĂšnes Ă  la nouvelle Ă©quipe. Le transfert a lieu trĂšs rapidement. Les bactĂ©ries se rĂ©pandent ainsi dans toutes les parties habitables de la planĂšte[22].

Modification de l’environnement

Durant leurs deux premiers milliards d’annĂ©es, les bactĂ©ries ont constamment transformĂ© la surface et l’atmosphĂšre terrestres. Elles ont modifiĂ© la composition de l’eau en produisant des gaz. En dĂ©composant l’eau pour produire de l’énergie, elles ont dĂ©gagĂ© de l’oxygĂšne[23]. Cet oxygĂšne n’a pas seulement induit la respiration. Il a Ă©galement crĂ©Ă© une couche d’ozone dans l’atmosphĂšre. Celle-ci intercepte des rayons solaires et a permis le refroidissement de la Terre. La respiration dĂ©gage du gaz carbonique[19]. Ce processus a modifiĂ© la composition de l’atmosphĂšre en oxygĂšne et en gaz carbonique[24].

Protérozoïque et apparition de multicellularité

L'existence d'Úres glaciaires généralisées il y a 850 à 630 millions d'années environ, une Úre que l'on appelle le Cryogénien, aurait favorisé le regroupement des colonies bactériennes (ou des animalcules les plus primitifs) autour « d'oasis » de vies dans des sources hydrothermales sous-marines ou affleurant en surface. La planÚte étant plongée dans un manteau de glaces, ce qui rend les comportements « individualistes » des micro-organismes défavorables.

Les cellules Ă  noyau

Le bond en avant

La division fondamentale entre les formes de vie sur Terre ne rĂ©side pas entre les plantes et les animaux mais entre les cellules sans noyau et les cellules avec noyau. Durant leurs deux premiers milliards d’annĂ©es, les cellules sans noyau ont transformĂ© la surface et l’atmosphĂšre terrestres. Cette phase, trĂšs importante pour le dĂ©veloppement du vivant, a durĂ© prĂšs de deux fois plus longtemps que la phase suivante. Tous les systĂšmes chimiques essentiels de la vie y ont Ă©tĂ© composĂ©s et miniaturisĂ©s[25].

La symbiose

Origine des eucaryotes selon la théorie endosymbiotique.

Avec le temps, les populations de bactĂ©ries coĂ©voluaient. Elles Ă©taient devenues des communautĂ©s Ă©troitement interdĂ©pendantes. Elles ne se contentaient pas d’échanges. Des cellules s’accolaient puis fusionnaient. Une cellule pouvait pĂ©nĂ©trer dans une autre. Elle pouvait conserver sa membrane, formant ainsi un noyau. D’autres ont perdu leur membrane et ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es dans le milieu aqueux de la cellule. Toutes emmenaient leur ADN avec elles. De nouvelles entitĂ©s complexes sont nĂ©es de ces fusions. Les cellules Ă  noyau avaient jusqu’à mille fois plus d’ADN que les bactĂ©ries[26].

La transition entre les bactĂ©ries et les cellules Ă  noyau a Ă©tĂ© si soudaine qu’elle ne peut pas ĂȘtre expliquĂ©e par les mutations. Celles-ci s’étalent dans le temps et les changements sont graduels. Le passage au noyau n’a pu se faire que par symbiose, c’est-Ă -dire par absorption d’une cellule par une autre. La symbiose crĂ©e sans transition de nouvelles espĂšces. La symbiose a Ă©tĂ© une source majeure d’innovation dans l’évolution du vivant. Ainsi celle-ci s’est rĂ©alisĂ©e par coopĂ©ration, interactions fortes et dĂ©pendances mutuelles et pas seulement par concurrence[27].

L’autonomie

Certaines bactĂ©ries pratiquaient la photosynthĂšse. Elles en tiraient l’énergie. Quand la teneur du milieu en oxygĂšne a augmentĂ©, d’autres bactĂ©ries ont acquis la capacitĂ© de respirer. La respiration accroĂźt considĂ©rablement le rendement Ă©nergĂ©tique. Lorsque les bactĂ©ries ont fusionnĂ© pour former des cellules Ă  noyau celles-ci ont possĂ©dĂ© les deux fonctions, celle de photosynthĂšse et celle de respiration. Elles ont Ă©galement, grĂące au noyau, mais pas seulement, enrichi leur patrimoine gĂ©nĂ©tique. Ces cellules Ă©taient devenues autonomes. Il s’agit lĂ  d’une innovation majeure reprĂ©sentant un grand bond en avant[28]. La nouvelle cellule pouvait Ă©voluer en n’utilisant que ses propres moyens. Elle allait donner naissance aux vĂ©gĂ©taux et aux animaux[29].

Les cellules sexuelles

La pĂ©nĂ©tration d’un spermatozoĂŻde dans un ovule est caractĂ©ristique des cellules Ă  noyau. La sexualitĂ© est une forme de symbiose. Les biologistes estiment que la sexualitĂ© biparentale s’est maintenue parce qu’elle augmente la variĂ©tĂ© et accĂ©lĂšre l’évolution. Selon Lynn Margulis, elle ne serait pas cruciale dans le processus de l’évolution. Margulis estime que les organismes complexes sont reliĂ©s Ă  la synthĂšse de l’ADN, de l’ARN et des protĂ©ines et non directement au caractĂšre biparental de la sexualitĂ©. La sexualitĂ© a Ă©tĂ© contournĂ©e par la parthĂ©nogenĂšse. D’autres formes de multiplication asexuĂ©e existent ou auraient pu ĂȘtre crĂ©Ă©es beaucoup plus Ă©conome en Ă©nergie que la reproduction sexuĂ©e[30].

Les végétaux

Certaines cellules sans noyau ont acquis des pigments bleu-vert. Des bactĂ©ries ont intĂ©grĂ© en plus un pigment jaune ce qui les a rendues proches des vĂ©gĂ©taux. Ces bactĂ©ries Ă©taient devenues autonomes capables de capter l’énergie solaire et possĂ©dant les fonctions de respiration et de photosynthĂšse. Elles nageaient grĂące Ă  leurs flagelles et ont commencĂ© Ă  dominer les ocĂ©ans et autres lieux humides de la planĂšte. Elles ont pris la forme d’algues et de phytoplancton. Le rĂšgne vĂ©gĂ©tal a commencĂ©[31].

La sortie de l’eau

Les algues existaient dĂ©jĂ  en tant qu’organismes sans noyau dans le milieu liquide depuis 1 900 millions d’annĂ©es[32]. Leur sortie de l’eau date d’il y a environ 460 millions d’annĂ©es.

Elles habitaient dans les eaux peu profondes exposĂ©es au soleil. De temps en temps, ces zones s’assĂ©chaient. Elles conservaient leur humiditĂ© interne tout en sĂ©chant Ă  l’extĂ©rieur. Certaines ont survĂ©cu et se sont multipliĂ©es. Elles n’avaient ni tige ni feuille[33].

Les mousses

Les mousses sont les premiers vĂ©gĂ©taux terrestres. Elles datent d’il y a environ 480 millions d’annĂ©es. Elles dĂ©rivent d’algues vertes proches de la surface qui se sont retrouvĂ©es Ă©mergĂ©es et ont rĂ©ussi Ă  s’adapter. Elles ne possĂšdent encore ni racines ni vraies feuilles. Certaines ont des Ă©cailles qui captent l’eau sur toute la surface. Les symbioses avec des bactĂ©ries leur ont fourni des fonctions qui assureront leur dĂ©veloppement : assimilation de l’eau et des sels minĂ©raux, production de lignine. Celle-ci leur donne une rigiditĂ© qui permettra l’édification du systĂšme vasculaire[34].

Les fougĂšres

Les fougĂšres sont apparues il y a 400 millions d’annĂ©es. GrĂące Ă  la formation de lignine, les racines et les tiges ont pu se dĂ©velopper. Le tissu vasculaire permet de faire circuler dans toute la plante l’eau et les sels minĂ©raux du sol ainsi que les nutriments Ă©laborĂ©s dans les feuilles. Les feuilles se couvrent d'une couche de cire qui limite l’évaporation. Elles se dotent Ă©galement de stomates qui, en s’ouvrant ou en se refermant, rĂ©gulent les Ă©changes gazeux[34].

Les plantes Ă  graines

Les plantes Ă  graines datent d’il y a 350 millions d’annĂ©es[32]. Le manque d’eau posait aux plantes un dĂ©fi vital. Le dĂ©veloppement des graines a fourni une solution Ă  ce problĂšme. La graine, rĂ©sistante, permit Ă  l’embryon de la plante d’attendre le moment le plus propice pour se dĂ©velopper[35]. Les graines Ă©taient dissĂ©minĂ©es par le vent et les insectes[36].

Les plantes Ă  fleurs

Les Angiospermes datent d’il y a 150 millions d’annĂ©es[32]. Elles ont protĂ©gĂ© leurs ovules dans un ovaire qui donnera le fruit. Elles se sont rapidement rĂ©pandues sur l’ensemble des terres Ă©mergĂ©es. Elles dominent la flore actuelle. C’est le rĂ©sultat d’une grande diversitĂ© d’adaptation Ă©volutive[36]. Elles ont pu se doter de fruits durs et de noyaux afin de protĂ©ger leurs embryons. Les coĂ©volutions avec les insectes ont Ă©tĂ© un facteur important de dĂ©veloppement. Elles ont permis la dissĂ©mination des graines. Les animaux ont stoppĂ© certaines de leurs croissances exubĂ©rantes en mangeant leurs fruits et leurs feuilles. Elles ont rĂ©pliquĂ© en Ă©laborant des molĂ©cules toxiques pour se protĂ©ger[37].

Les animaux

Les animaux seraient apparus il y a environ 750 millions d'annĂ©es[38] - [39]. Ils Ă©taient dĂ©nuĂ©s de parties dures. Les cellules s’accolaient progressivement. Elles prenaient des formes globuleuses ressemblant Ă  des vers. Ces animaux se nourrissaient de bactĂ©ries et de cellules sans noyau. Certains associĂ©s par symbiose Ă  des microalgues ont construit des massifs coralliens. D’autres se dĂ©veloppaient sur les tapis microbiens se trouvant aux bords des ocĂ©ans. Peut-ĂȘtre Ă  cette Ă©poque existaient dĂ©jĂ  des Ă©toiles de mer et des oursins. Les premiĂšres parties dures se sont formĂ©es il y a 580 millions d’annĂ©es. Elles Ă©taient nĂ©cessaires lors du passage Ă  la terre ferme pour se protĂ©ger des rayons solaires. L’adaptation Ă  la vie terrestre impliquait pour les animaux des changements trĂšs importants concernant la respiration et pour parer Ă  la sĂ©cheresse. Bien qu’apparus plus tĂŽt que les plantes, les animaux auront besoin de 35 millions d’annĂ©es de plus qu’elles pour passer Ă  la terre ferme. Les premiers insectes non ailĂ©s datent d’il y a 400 millions d’annĂ©es. Dans l’eau existaient dĂ©jĂ  des poissons Ă  mĂąchoires et sur terre des plantes vasculaires. De mĂȘme, lorsque sont apparus les premiers mammifĂšres au sang chaud, les plantes Ă  fleurs commençaient dĂ©jĂ  Ă  se dĂ©velopper[40].

Des changements majeurs Ă©taient nĂ©cessaires pour le passage Ă  la terre ferme. La concentration de l’oxygĂšne dans l’air gazeux Ă©tait des milliers de fois supĂ©rieures Ă  celles prĂ©sentes dans l’eau. L’appareil respiratoire qui fonctionne dans l’air Ă©tait Ă  crĂ©er. Un revĂȘtement externe, peau ou carapace, devenait nĂ©cessaire pour se protĂ©ger des rayons du Soleil qui brillait directement sans filtre. Surtout, sur la terre, la sĂ©cheresse Ă©tait une menace mortelle permanente. Les organismes qui ont survĂ©cu Ă©taient ceux qui d’une maniĂšre ou d’une autre transportaient avec eux de l’eau. Seul un petit nombre de reprĂ©sentants du rĂšgne animal a rĂ©ussi Ă  s’adapter Ă  la vie en milieu terrestre. Les animaux d’aujourd’hui sont issus de trois ou quatre groupes d’animaux aquatiques. Certaines espĂšces vivant aujourd’hui sont retournĂ©es Ă  leur environnement maritime. Il en est ainsi de certains reptiles, des phoques et des otaries[41].

Les champignons

Les champignons constituent la troisiĂšme voie de l’évolution des cellules Ă  noyau. Leurs cellules peuvent contenir plusieurs noyaux. Leur milieu liquide peut couler plus ou moins librement de cellule en cellule. Ils se nourrissent en absorbant de prĂ©fĂ©rence des substances chimiques. Ils ont coĂ©voluĂ© avec les plantes avec lesquelles ils vivent en symbiose. Leur rĂŽle dans le dĂ©veloppement des plantes est crucial. On en a retrouvĂ© des fossiles dans des tissus vĂ©gĂ©taux remontant Ă  plus de 300 millions d’annĂ©es. Sans eux les plantes mourraient par manque de minĂ©raux essentiels[42].

Les champignons transfĂšrent aux plantes de l’eau et des sels minĂ©raux. Ils ont aidĂ© les premiĂšres plantes terrestres il y a 400 Ă  450 millions d’annĂ©es Ă  coloniser les terres Ă©mergĂ©es. Ils communiquent avec les racines des plantes soit par contact soit par pĂ©nĂ©tration. Ils prĂ©lĂšvent dans le sol de l’azote organique et minĂ©ral qu’ils fournissent aux plantes sous forme de vitamines, d’antibiotiques ou d’hormones. Ils leur transmettent de mĂȘme du phosphore, aprĂšs l’avoir transformĂ© en phosphore organique. Ils Ă©laborent des acides aminĂ©s ainsi que bien d’autres Ă©lĂ©ments tels que le zinc, le manganĂšse, le cuivre, le calcium, le potassium[43].

Paléozoïque et la colonisation du milieu terrestre

Lignées passées au milieu terrestre

Cénozoïque : histoire évolutive récente

L’homme

On retrouve chez l’homme les traces aquatiques tĂ©moignant d’une existence ancestrale dans l’eau. Le passage des animaux Ă  la vie terrestre s’est effectuĂ© en transportant leur environnement aquatique avec eux. L’embryon des animaux et de l’homme se dĂ©veloppe en flottant dans l’humiditĂ© primordiale d’une matrice. La concentration du sel dans l’eau de mer et dans le sang est, d’un point de vue pratique, identique. La proportion respective de sodium, de potassium et de chlorates dans les tissus humains est Ă©tonnamment similaire Ă  celle des ocĂ©ans. Ces sels sont des composĂ©s que les animaux ont transportĂ© avec eux au cours de leur voyage vers la terre ferme[44].

Évolution aujourd'hui

L'Ă©volution, bien que lente et rarement observable Ă  l'Ă©chelle humaine, peut parfois ĂȘtre dĂ©celĂ©e chez les espĂšces Ă  reproduction rapide. Ainsi, les moustiques sont parfois localement devenus rĂ©sistants Ă  des insecticides. Il en va de mĂȘme pour les bactĂ©ries responsables de pathologies humaines, souvent multirĂ©sistantes aux antibiotiques.

Enfin, on peut constater le résultat d'une évolution divergente récente dans le cas de la colonie de crabes découverte sous Rome[45]. Ainsi qu'un changement de régime alimentaire et l'apparition de sous-espÚces chez certains lézards, comme Podarcis sicula, avec modifications anatomiques internes et externes.

Le vivant sur une autre planĂšte

Des composĂ©s organiques ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s dans des mĂ©tĂ©orites. Ce n’est pas forcĂ©ment un signe de vie en un autre lieu. Il suffit de mettre l’hydrogĂšne, lorsqu’il est en grande quantitĂ©, en prĂ©sence de carbone avec des sources d’énergie pour produire, selon les rĂšgles de la chimie, les constituants de la vie[46].

Six Ă©lĂ©ments seulement constituent le dĂ©nominateur commun de toute la vie et reprĂ©sentent 99 % du poids sec de tout ĂȘtre vivant. Ce sont, outre l’hydrogĂšne et le carbone, l’oxygĂšne, l’azote, le phosphore et le soufre. La proportion de ces Ă©lĂ©ments dans les acides aminĂ©s est constante. Elle se retrouve dans toutes les formes de vie, depuis les bactĂ©ries jusqu’au corps humain. Les spĂ©cificitĂ©s de la Terre ne rĂ©sident pas dans ses composants mais dans les conditions de son milieu : humiditĂ©, tempĂ©ratures douces, champ de gravitation. Ce sont ces spĂ©cificitĂ©s qui ont favorisĂ© certaines combinaisons chimiques plus que d’autres[47]. Les combinaisons molĂ©culaires se forment lorsque sont disponibles l’énergie et le temps[19].

La biosphĂšre, c’est-Ă -dire le milieu des ĂȘtres vivants, terre, eau, air, s’est dĂ©veloppĂ©e grĂące Ă  la respiration. Celle-ci consomme de grandes quantitĂ©s d’oxygĂšne. Il y a plus de deux milliards d’annĂ©es l’atmosphĂšre terrestre contenait cependant trĂšs peu d’oxygĂšne, seulement 2 %. La vie a pu cependant s’y dĂ©velopper. En l’absence d’oxygĂšne, les bactĂ©ries ont d’abord utilisĂ© la fermentation du glucose. Le glucose Ă©tait abondant dans la soupe primitive. Certaines bactĂ©ries Ă©taient capables de vivre dans les conditions de la soupe primitive oĂč la tempĂ©rature de l’eau de surface Ă©tait encore de plus de 90 °C[48]. Il a Ă©tĂ© retrouvĂ© des bactĂ©ries Ă  plus de trois kilomĂštres sous la surface. Elles vivaient totalement isolĂ©es de l’énergie solaire. Elles produisaient des composants cellulaires en oxydant l’hydrogĂšne et le mĂ©thane et en rĂ©duisant le gaz carbonique prĂ©sent dans les calcaires. Cette dĂ©couverte a confirmĂ© la probabilitĂ© que la vie existe, sous des formes diffĂ©rentes, sur d’autres planĂštes[49].

Dans l'enseignement

L'histoire Ă©volutive est gĂ©nĂ©ralement abordĂ©e en Europe, comme au collĂšge de France[50] Ă  Paris, sous un double angle : biologie historique et Ă©volutionnisme. On Ă©tudie l’histoire de la vie sur Terre et les mĂ©canismes sous-jacents Ă  cette histoire, ainsi que les diffĂ©rentes interprĂ©tations de cette histoire et de ces mĂ©canismes. Ces interprĂ©tations ont variĂ© dans l'espace et dans le temps selon les contextes et les cultures ou religions.

Notes et références

Notes

    Références

    1. (en) S A Wilde,J W Valley, W H Peck,C M Graham, « Evidence from detrital zircons for the existence of continental crust and oceans on the Earth 4.4 Gyr ago », Nature, no 409,‎ , p. 175–178 (DOI 10.1038/35051550).
    2. (en) Matthew S. Dodd, Dominic Papineau, Tor Grenne, John F. Slack, Martin Rittner, Franco Pirajno, Jonathan O’Neil & Crispin T. S. Little, « Evidence for early life in Earth's oldest hydrothermal vent precipitates », Nature, vol. 543, no 7643,‎ , p. 60–64 (DOI 10.1038/nature21377).
    3. (en) C. Bounama, S. Franck, W. Von Bloh, « The fate of Earth's ocean », Hydrology and Earth System Sciences, vol. 5, no 4,‎ , p. 569-576.
    4. (en) Allen P. Nutman, Vickie C. Bennett, Clark R. L. Friend, Martin J. Van Kranendonk et Allan R. Chivas, « Rapid emergence of life shown by discovery of 3,700-million-year-old microbial structures », Nature, vol. 537, no 7621,‎ 22 septembre 2016 (publication en ligne : 31 aoĂ»t 2016), p. 535-538 (DOI 10.1038/nature19355, lire en ligne).
    5. David Larousserie, « Les plus anciennes traces de vie dĂ©couvertes au Groenland », Le Monde,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consultĂ© le ).
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    7. (en) El Albani et coll., « Large colonial organisms with coordinated growth in oxygenated environments 2.1 Gyr ago », Nature, no 466,‎ , p. 100-104 (DOI 10.1038/nature09166).
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    12. Suty 2014, p. 6
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    Voir aussi

    Bibliographie

    • Lydie Suty, Les vĂ©gĂ©taux, Ă©volution, dĂ©veloppement et reproduction, Ă©ditions QuĂŠ, 2014.
    • Lydie Suty, Les vĂ©gĂ©taux, des symbioses pour mieux vivre, Ă©ditions QuĂŠ, 2015b.
    • Lynn Margulis, L’Univers bactĂ©riel, Albin Michel, 1989.

    Articles connexes

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