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Histoire de la Terre

L'histoire de la Terre couvre approximativement 4,6 milliards d'années, depuis la formation de la Terre à partir de la nébuleuse solaire jusqu'à l'époque actuelle.

Elle est divisée en quatre périodes chronologiques, les éons, les trois premiers définissant le superéon du Précambrien :

  1. L'Hadéen dure un demi-milliard d'années. Il n'a guÚre laissé de roche en place si ce n'est des fragments dans des roches éruptives ultérieures, et est surtout connu à travers la modélisation du systÚme solaire et l'analyse comparative des compositions isotopiques des différents corps célestes ;
  2. L'Archéen dure un milliard et demi d'années. Il est marqué à la fois par l'apparition des premiÚres croûtes continentales et par l'origine de la vie mettant en place la biosphÚre. Cet éon est surtout connu par l'analyse des roches qu'il a laissées, de leur ùge et des conditions de leur formation ;
  3. Le Protérozoïque, dure deux milliards d'années. Il est marqué par l'apparition massive de l'oxygÚne dans l'atmosphÚre, remplaçant l'atmosphÚre primitive de gaz carbonique. Comme le précédent, il est surtout connu à travers les roches qui y ont été créées, dans un milieu devenu généralement oxydant ;
  4. Le Phanérozoïque, littéralement celui des « animaux visibles », organismes multicellulaires, outre les analyses des roches, est connu par les fossiles qu'ont laissés ces organismes animaux et végétaux dans ses différentes strates géologiques. C'est l'ùge de la vie, telle qu'on la connaßt aujourd'hui, qui n'a commencé qu'il y a 540 millions d'années.

L'histoire de la Terre est également jalonnée de grands épisodes catastrophiques, de basculements chimiques majeurs, comme la Grande Oxydation, ou d'extinctions massives, comme l'extinction Permien-Trias ; séparés inversement par de grandes périodes de stabilité, pendant lesquelles des rétroactions, entre biosphÚre, atmosphÚre, hydrosphÚre et lithosphÚre, stabilisent les conditions d'existence.

La planĂšte Terre, photographiĂ©e par Apollo 17, Ă  une altitude d’environ 30 000 km en : vue (de bas en haut) du pĂŽle Sud, de l’Afrique et de la pĂ©ninsule Arabique.
Calendrier de l'histoire de la Terre.

SystĂšme solaire

Une vue d'artiste du disque protoplanétaire.

−4,57 Ga : formation du Soleil

L'Ăąge de l'Univers est estimĂ© Ă  13,799 Â± 0,021 milliards d'annĂ©es[1]. La principale thĂ©orie sur la formation de l'Univers est le Big Bang : l'Univers Ă©tait un point de haute Ă©nergie qui est brutalement entrĂ© en expansion. En ralentissant et en se refroidissant progressivement, une partie de cette Ă©nergie devient de la matiĂšre sous forme d'atomes de deutĂ©rium, d'hĂ©lium 4 et de lithium 7 : c'est la nuclĂ©osynthĂšse primordiale. Des nuages de gaz de dihydrogĂšne se concentrent sous l'impulsion de la gravitation, prenant la forme de galaxies et d'Ă©toiles. Lorsqu'une sphĂšre de gaz atteint une certaine densitĂ©, une rĂ©action de fusion nuclĂ©aire devient possible, fusionnant quatre atomes d'hydrogĂšne pour former de l'hĂ©lium. Lorsque l'Ă©toile devient plus ĂągĂ©e et que la quantitĂ© d'hĂ©lium produit augmente, la fusion nuclĂ©aire produit des atomes plus lourds : carbone, oxygĂšne, etc. ArrivĂ©e Ă  un certain Ăąge, une Ă©toile peut s'effondrer sur elle-mĂȘme puis exploser en une supernova expulsant toute la matiĂšre qu'elle a produite depuis son origine.

Cette matiĂšre est Ă  l'origine de la nĂ©buleuse solaire, un nuage de gaz (ou disque d'accrĂ©tion) Ă  partir duquel le SystĂšme solaire s'est formĂ©. Celui-ci est alors un large nuage en rotation, constituĂ© de poussiĂšre, de roche et de gaz. La gravitĂ© et l'inertie l'aplatissent en un disque protoplanĂ©taire, orientĂ© perpendiculairement par rapport Ă  son axe de rotation, ce qui accĂ©lĂšre sa vitesse de rotation. L'essentiel de la masse se concentre alors au centre et commence Ă  s'Ă©chauffer, mais de petites perturbations dues aux collisions et au moment cinĂ©tique d'autres larges dĂ©bris crĂ©ent les conditions pour que des protoplanĂštes commencent Ă  se former. La chute de matĂ©riaux, l'augmentation de la vitesse de rotation et la compression liĂ©e Ă  la gravitĂ© crĂ©ent une Ă©norme quantitĂ© d'Ă©nergie cinĂ©tique au centre. L'incapacitĂ© Ă  transfĂ©rer cette Ă©nergie suffisamment rapidement Ă  l'extĂ©rieur occasionne une montĂ©e progressive de la tempĂ©rature au centre du disque. Finalement, la fusion nuclĂ©aire de l'hydrogĂšne en hĂ©lium commence Ă  nouveau et, aprĂšs contraction, une Ă©toile de type T Tauri devient notre jeune Soleil, il y a 4,57 Ga.

−4,57 Ă  −4,54 Ga : accrĂ©tion de la Terre

Pendant ce temps, alors que la gravité pousse la matiÚre à se condenser autour des objets précédemment perturbés, les particules de poussiÚre et le reste du disque protoplanétaire commencent à se séparer en anneaux. Des fragments de plus en plus gros entrent en collision les uns avec les autres et deviennent de plus gros objets, qui deviennent ultimement des protoplanÚtes. Ceux-ci incluent un groupement situé approximativement à 150 millions de kilomÚtres du centre : la Terre. C'est ainsi que le systÚme solaire a pu s'établir[2].

La similaritĂ© de composition en Ă©lĂ©ments rĂ©fractaires, entre les planĂštes telluriques, les astĂ©roĂŻdes et le Soleil lui-mĂȘme est considĂ©rĂ©e comme une preuve solide de leur origine commune[3]. Par la suite, la Terre perd dans l'espace une grande partie de l'hydrogĂšne et de l'hĂ©lium primitifs, qui peuvent dĂ©passer la vitesse de libĂ©ration du fait de leur agitation thermique. Cependant, il est possible que d'autres Ă©lĂ©ments volatils puissent ĂȘtre apportĂ©s par des Ă©pisodes ultĂ©rieurs de bombardement mĂ©tĂ©orique[3].

Le Soleil Ă  son dĂ©but irradie moins qu'Ă  prĂ©sent. À l'Ă©poque de la formation de la Terre, il n'a que 70 % de sa puissance actuelle, et gagne depuis 7 % par milliard d’annĂ©es[4] - [5].

Au moment de son accrétion, la composante gazeuse de la Terre est largement constituée d'éléments légers, hydrogÚne et hélium. Le vent solaire de cette nouvelle étoile T Tauri chasse la plus grande partie du gaz et des poussiÚres du disque, qui ne se sont pas déjà condensés en de plus gros corps, d'autant plus facilement que le noyau ne s'étant pas encore différencié, la Terre n'a pas de champ magnétique pour dévier le vent solaire et former la ceinture de Van Allen. Ces éléments légers se trouvent à présent en quantité négligeable dans l'atmosphÚre terrestre, par comparaison à leur abondance cosmique[6].

Horloge cosmique

Pour aider Ă  apprĂ©hender les valeurs relatives d'un million ou d'un milliard d'annĂ©es, ces durĂ©es peuvent ĂȘtre ramenĂ©es Ă  un « tour de cadran » de douze heures reprĂ©sentant l'histoire de la Terre, depuis son accrĂ©tion Ă  minuit, jusqu'au prĂ©sent Ă  midi. Dans cette Ă©chelle de temps, oĂč les 4,54 milliards d'annĂ©es sont reprĂ©sentĂ©s en douze heures, un million d'annĂ©es dure un peu moins de dix secondes.

L'Univers s'est ainsi formé un peu plus de 24 heures avant l'accrétion de la Terre. Le Soleil s'est allumé à minuit moins trois. Il met à peu prÚs 230 millions d'années pour faire le tour de notre galaxie, la Voie lactée, ce qui à cette échelle de temps représente à peu prÚs quarante minutes.

L'apparition en Afrique de Homo erectus a lieu dans les dix derniÚres secondes. Par rapport à l'histoire de la Terre, l'apparition de l'homme est donc à ce jour quantitativement négligeable. L'apparition de la noosphÚre est en pratique un « présent immédiat ».

HadĂ©en (de −4,5 Ă  −4 Ga)

−4,54 Ga : l'origine

Dans ces illustrations, la Terre s'agrÚge à minuit. Douze heures la séparent de notre présent.

L’histoire de la Terre primitive, entre −4,54 et −4 milliards d’annĂ©es (soit durant le premier Ă©on, l'HadĂ©en), est trĂšs mal connue.

La jeune Terre, durant l'Hadéen, est trÚs différente du monde tel que nous le connaissons aujourd'hui. Elle n'a ni océan, ni oxygÚne dans son atmosphÚre. Elle est bombardée par des planétoïdes et des matériaux issus de la formation du systÚme solaire. La Terre se forme pendant plusieurs millions d'années d'impacts et d'accrétion, puis les astéroïdes continuent à entrer en collision avec elle, ce qui a produit un fort échauffement en surface. La Terre est par ailleurs continuellement chauffée par la radioactivité interne.

Ce bombardement, combiné à la chaleur des transformations radioactives, à la chaleur résiduelle et à celle due à la pression de contraction, placent les roches de la planÚte entiÚre en état de fusion.

Les gaz provenant des roches terrestres en fusion étaient principalement, comme à présent, de l'azote, du dioxyde de carbone, de l'ammoniac, du méthane, de la vapeur d'eau et de plus petites quantités d'autres gaz. Cependant, cette atmosphÚre anoxique n'a pas de couche d'ozone, et laisse pénétrer le rayonnement ultra-violet qui dissocie les molécules les plus fragiles. Seules s'accumulent en quantité notable les plus robustes : CO2, N2 et H2O.

Le noyau se serait formĂ© en premier, en moins de 15 Ma[7].

Il est essentiellement constitué de fer métallique, mais comporte un peu de nickel et environ 10 % d'éléments plus légers (qui ne sont pas identifiés avec certitude). Les éléments métalliques qui s'y trouvaient (fer et nickel) ont fondu et coulé vers le centre de la planÚte, ce qui a dégagé encore plus de chaleur, emballant le processus. Le fer liquide contenu dans le noyau crée un véritable champ magnétique autour de celle-ci par un effet dynamo. C'est en fait ce champ qui protÚge l'atmosphÚre de la planÚte du vent solaire.

Vue d'artiste d'une Terre se refroidissant.

C'est ainsi que le noyau se forme lors des quarante premiers millions d'annĂ©es de la Terre. Pendant que les Ă©lĂ©ments les plus lourds s'enfoncent au centre, les plus lĂ©gers montent Ă  la surface, formant par diffĂ©renciation les diffĂ©rentes enveloppes de la Terre (voir « structure interne de la Terre ») et produisant ainsi de la chaleur supplĂ©mentaire. Cela conduit Ă  l'hypothĂšse que le modĂšle de l'ocĂ©an magmatique lunaire puisse ĂȘtre transposĂ© Ă  la formation initiale de la Terre dont la surface n'est alors qu'un ocĂ©an de magma gĂ©nĂ©ralisĂ© d'environ 2 000 °C[8].

Initialement, la nébuleuse solaire est formée majoritairement d'hydrogÚne, donc forme un milieu trÚs réducteur. Le carbone tend à se présenter sous forme de méthane (CH4), l'azote sous forme d'ammonium (NH4+), l'oxygÚne sous forme d'eau (H2O), le soufre sous forme de sulfure d'hydrogÚne (H2S)...

Mais le fer migrant dans le noyau sous forme réduite, le dégazage des astéroïdes primitifs, qui conduit initialement à une atmosphÚre fortement réductrice, laisse place à un dégazage plus oxydé, sous forme de dioxyde de carbone CO2 et d'eau. De leur cÎté, les gaz réduits comme le CH4 ou le monoxyde de carbone CO sont photo-dissociés dans la haute atmosphÚre et conduisent à la production d'hydrogÚne, dont la vitesse moyenne, du fait de l'agitation thermique, dépasse la vitesse de libération, si bien qu'il s'échappe dans l'espace[3]. La fuite d'hydrogÚne gazeux, réduit, sera une cause constante de la montée du degré d'oxydation de la surface terrestre tout au long de son histoire[9]. Avec cette différenciation, une nouvelle atmosphÚre terrestre est créée à partir du dégazage du magma.

Plusieurs millions d'annĂ©es plus tard, une collision importante avec une protoplanĂšte appelĂ©e ThĂ©ia ou un astĂ©roĂŻde de la taille d'une planĂšte change la direction de l'axe de la Terre. L'impact mĂ©lange, par fusion Ă  haute tempĂ©rature, les couches externes des deux planĂštes, ce qui provoque l'agrandissement de la Terre tandis que le reste des dĂ©bris forme la Lune. À la suite du chaos des premiĂšres annĂ©es de vie de la planĂšte, les collisions se font plus rares et la Terre peut se refroidir.

−4,5 Ga : formation de la Lune

Animation (qui n'est pas à l'échelle) de Théia qui se forme au point de Lagrange de la Terre, puis, perturbée par la gravité, entre en collision et aide à la formation de la Lune. L'animation progresse au rythme d'une année par image, donnant l'impression que la Terre ne bouge pas. La vue est prise du pÎle sud.
La Lune se forme Ă  minuit six.
Vue d'artiste de la collision.

L'origine de la Lune est toujours incertaine, bien que de nombreux indices accrĂ©ditent la thĂšse d'une grande collision. La Terre pourrait ne pas avoir Ă©tĂ© la seule planĂšte Ă  s'ĂȘtre formĂ©e Ă  150 millions de kilomĂštres du Soleil. Une hypothĂšse indique qu'un autre amas se serait formĂ©, dessinant un triangle Ă©quilatĂ©ral avec le Soleil et la Terre, Ă  leur quatriĂšme ou cinquiĂšme point de Lagrange. Cette planĂšte, nommĂ©e ThĂ©ia, aurait Ă©tĂ© plus petite que la Terre, approximativement de la taille et de la masse de Mars. Son orbite, qui aurait pu ĂȘtre stable dans un premier temps, se serait dĂ©stabilisĂ©e au fur et Ă  mesure que la masse de la Terre augmentait par l'accrĂ©tion de matĂ©riaux.

ThĂ©ia oscille par rapport Ă  la Terre jusqu'Ă  approximativement 4,533 milliards d'annĂ©es[10], date Ă  laquelle elle entre en collision, selon un angle oblique faible. L'angle et la vitesse ne sont pas suffisants pour dĂ©truire la Terre, mais une large portion de la croĂ»te est Ă©jectĂ©e. La majeure partie des Ă©lĂ©ments les plus lourds de ThĂ©ia s'enfoncent au cƓur de la Terre, pendant que le reste des matĂ©riaux et des Ă©jections se condensent en un seul corps en quelques semaines. Sous l'influence de sa propre gravitĂ©, celui-ci devient un corps plus sphĂ©rique : la Lune[11].

L'Ă©nergie de l'impact vaporise d'importants volumes de roche. Le sommet de cette couche gazeuse incandescente Ă©vacue la chaleur dans l'espace, Ă  une tempĂ©rature effective de 2 300 K : la Terre est alors une sphĂšre lumineuse orangĂ©e rayonnante dont le manteau vaporisĂ© forme une photosphĂšre. Ce refroidissement entraĂźne des mouvements de convection dans la photosphĂšre et la totalitĂ© de la masse du manteau terrestre doit y circuler de maniĂšre rĂ©pĂ©tĂ©e pour Ă©vacuer sa chaleur dans l’espace.

Couleur du rayonnement d'un corps noir entre 800 et 12 200 K.

Les composants du manteau se condensent progressivement aprÚs refroidissement, retrouvant dans un premier temps une phase liquide. AprÚs un millier d'années, le refroidissement ne laisse dans l'atmosphÚre que des gaz volatils, quelques centaines de bars de vapeur d'eau et une centaine de bars de CO2[12].

À cette Ă©poque, la Lune orbite bien plus rapidement et Ă  une distance 15 fois moindre qu'aujourd'hui[13]. On avance Ă©galement l'hypothĂšse que l'impact aurait changĂ© l'axe de la Terre pour produire sa forte inclinaison de l'axe de 23,5°, qui est responsable des saisons sur la Terre — le modĂšle idĂ©al de l'origine des planĂštes considĂšre qu'elles auraient des inclinaisons d'axe initiales proches de 0°, donc sans saison reconnaissable. L'impact pourrait aussi avoir accĂ©lĂ©rĂ© la rotation de la Terre en lui donnant un temps de rotation de 6 h[13] et initiĂ© la tectonique des plaques de la planĂšte.

Une conséquence importante de cette collision est que la Terre a capturé le noyau lunaire, la Lune étant beaucoup moins dense que la Terre parce que principalement formée par des roches du manteau. Cet échange a permis à la Terre de disposer d'un noyau plus gros, et donc d'une meilleure protection contre le vent solaire par le champ magnétique terrestre.

−4,5 Ă  −4 Ga : refroidissement

Une croûte se forme sur le magma en fusion vers 0 h 22.
Vue d'artiste de la Terre se refroidissant. À ce stade, les nuages atmosphĂ©riques ne permettent pas de voir la surface depuis l'espace.
Les images du lac de lave de l'Erta Ale sont souvent utilisées pour illustrer le refroidissement et la formation de la premiÚre croûte terrestre.
Les éruptions volcaniques auraient été courantes dans les temps qui ont suivi la formation de la Terre.

Le flux thermique de l’intĂ©rieur de la Terre Ă  ce moment est de 140 W/m2. La surface reste chaude, entre 1 800 et 2 000 K, partiellement fondue avec un peu d’écume solide[12]. La terre cessant d'ĂȘtre incandescente, des nuages d'eau se condensent au sommet de l'atmosphĂšre, limitant ainsi l'Ă©vacuation de la chaleur et entraĂźnant un effet de serre, qui ralentit le refroidissement. De plus, la Lune provoque d'importantes marĂ©es, dont l'Ă©nergie se disperse sous forme de chaleur supplĂ©mentaire.

Le CO2 est restĂ© dans l'atmosphĂšre, Ă  une pression de 100 bars, car ce composĂ© est peu soluble dans le magma Ă  cette pression, et les carbonates sont instables Ă  la tempĂ©rature de la roche en fusion, de l'ordre de 1 800 K[12].

Une Ă©cume de feldspath peut se former et constituer une croĂ»te terrestre primitive de gabbros et d'anorthosites, mais elle doit ĂȘtre constamment recyclĂ©e dans la matiĂšre fondue[8].

Une croĂ»te terrestre stable semble en place vers 4 400 Ma, comme l'indiquent les cristaux de zircon retrouvĂ©s dans l'ouest de l'Australie (datĂ©s vers 4 404 Â± 8 Ma[14]).

AprĂšs 20 millions d'annĂ©es, la surface de la Terre est suffisamment refroidie et le flux de chaleur a diminuĂ© Ă  0,5 W/m2, soit l'Ă©quivalent de la croĂ»te ocĂ©anique moderne datant d'un million d'annĂ©es[12].

L'hypothĂšse d'un ocĂ©an de magma occupant une fraction non nĂ©gligeable de la Terre pendant tout l'HadĂ©en est remise en cause par les Ă©tudes de gĂ©ochimie (datation par le samarium-nĂ©odyme, isotopes de l'hafnium dans les zircons) qui suggĂšrent qu'une croĂ»te terrestre figĂ©e basaltique (constituĂ©e de basaltes et de komatiites) ou granitique est bien antĂ©rieure aux roches terrestres les plus anciennes (en)[15]. GrĂące Ă  l'amĂ©lioration de prĂ©cision du spectromĂštre de masse, des Ă©tudes de 2005, encore controversĂ©es, semblent indiquer que cette croĂ»te primitive se serait formĂ©e vers −4,45 Ga et aurait subsistĂ© quelques centaines de millions d'annĂ©es avant d'ĂȘtre « remĂ©langĂ©e » dans le manteau[16].

La Terre s'Ă©tant suffisamment refroidie, la croĂ»te terrestre apparaĂźt vraisemblablement il y a 3,8 Ă  4 Ga, au dĂ©but de l'ArchĂ©en[17], autour de germes Ă  la surface. Des zones entrent Ă  nouveau en fusion Ă  l'occasion de gros impacts, qui interviennent Ă  des intervalles de quelques dizaines ou centaines d'annĂ©es, et seraient Ă  l'origine de diffĂ©rentiations partielles[18].

−4,2 Ga : formation des ocĂ©ans

Vers 0 h 54, les océans se forment progressivement.
Schéma (sans échelle) d'un mont hydrothermal et de la circulation associée au niveau d'une dorsale océanique rapide.

La planÚte continue à se refroidir et les pluies conduisent probablement à la formation des océans il y a 4,2 milliards d'années[19] - [20].

MĂȘme si le Soleil ne fonctionne alors qu'Ă  70 % de sa puissance actuelle, la quantitĂ© de CO2 dans l'atmosphĂšre Ă©tait suffisante pour maintenir une tempĂ©rature de surface de l'ordre de 500 K (227 °C) Ă  la surface d’une mer liquide (la pression de vapeur saturante de l'eau est de 26,5 bars Ă  500 K)[12].

L'eau chargĂ©e en CO2 forme de l'acide carbonique, qui attaque les roches volcaniques, et prolonge son action dans les ocĂ©ans Ă©galement saturĂ©s en CO2. L'acide carbonique (CO3H− + H+) est un acide faible, mais au fil des temps gĂ©ologiques, attaquant le basalte, il ronge le feldspath, par exemple l'anorthite de formule CaSi2Al2O8, les dissociant notamment en ions calcium Ca2+, normalement solubles.

Mais à ce degré de refroidissement, et dans un océan saturé en carbonates et acide carbonique, l'interaction de ce dernier avec le calcium donne du carbonate de calcium (calcaire), pratiquement insoluble[21] :

Ca2+ + CO3H− ↔ CaCO3 + H+

Les carbonates de calcium et de magnĂ©sium sont stables en surface, et peuvent prĂ©cipiter, en Ă©quilibre avec l'Ă©rosion des roches basaltiques. Cependant, ils ne sont stables que dans la rĂ©gion la plus froide (500 m) de la croĂ»te ocĂ©anique[12]. Le volume de carbonates accumulables sur cette Ă©paisseur, sur toute la surface de croĂ»te ocĂ©anique du globe, correspond Ă  la capture d'une quantitĂ© de CO2 permettant de faire baisser sa pression partielle de l'ordre de 50 bars[3].

La capacité de rétention du CO2 par les roches carbonatées est cependant limitée par la masse limitée de CaO et MgO exposée à l'érosion, l'exposition aux intempéries de la surface totale de la croûte océanique ne permettant de faire précipiter que l'équivalent d'une dizaine de bars à la fois[12]. Toute la croûte océanique doit donc passer par de nombreux cycles de subduction avant que les carbonates soient suffisamment transférés dans le manteau terrestre pour faire disparaßtre la plus grande partie du CO2 atmosphérique, permettre à la surface de refroidir en dessous de 100 °C, et permettre l'apparition de la vie.

Une fois que la majoritĂ© du CO2 est Ă©liminĂ©, s'installe un Ă©quilibre dynamique entre l'altĂ©ration des roches en surface et la capture du CO2 sur la croĂ»te ocĂ©anique pour reformer des carbonates, ce qui entretient une concentration limitĂ©e de CO2 dans l’air et dans l’ocĂ©an[12].

−4,1 Ga : grand bombardement tardif

Le Grand bombardement tardif a lieu vers une heure dix.
Image d'artiste d'une planĂšte subissant un bombardement important.

De -4 Ă  −3,8 Ga, la Terre connaĂźt une pĂ©riode de grand bombardement tardif[22], comme la Lune et les autres corps du SystĂšme solaire. Cette phase est probablement due au rĂ©arrangement du SystĂšme solaire externe.

Ce grand bombardement stĂ©rilise pĂ©riodiquement l'ocĂ©an par l'Ă©nergie qu'il transfĂšre sous forme de chaleur : un astĂ©roĂŻde de ~300 km de diamĂštre est suffisant pour vaporiser une partie de l'ocĂ©an et chauffer le reste au-delĂ  de la stĂ©rilisation ; un astĂ©roĂŻde de ~450 km de diamĂštre vaporise l'ensemble des ocĂ©ans ; par la suite, la pluie retombe lentement, de l'ordre d'un mĂštre par an, et l'ocĂ©an met quelques milliers d'annĂ©es pour se reconstituer[12]. Il reste cependant possible que des organismes vivants thermophiles subsistent dans une zone intermĂ©diaire vers mille mĂštres de profondeur dans la croĂ»te, suffisamment profond pour ne pas ĂȘtre Ă©bouillantĂ©s, et suffisamment en surface pour ne pas ĂȘtre cuits par le manteau terrestre[12].

Bien que l'histoire des Ă©lĂ©ments volatils de la Terre soit dans le dĂ©tail certainement complexe et en tout cas mal connue, il est assez bien Ă©tabli qu'une bonne part de la masse apportĂ©e par le grand bombardement tardif l'est sous forme d'Ă©lĂ©ments hydratĂ©s et de carbonates rĂ©duits, ainsi qu'une fraction significative de mĂ©tal[3]. L'impact d'astĂ©roĂŻdes mĂ©talliques relĂąche par ailleurs du fer vaporisĂ© ou liquide dans l'atmosphĂšre et l'ocĂ©an. À haute tempĂ©rature, le fer rĂ©agit sur l'eau pour s'oxyder, dĂ©gageant de l'hydrogĂšne. Cet hydrogĂšne rĂ©agit Ă  son tour avec les composants atmosphĂ©riques[12], rĂ©duisant le CO2 pour former du mĂ©thane CH4 et de l'azote N2, qui donnent de l'ammoniac, soluble dans l'ocĂ©an sous forme d'ammoniaque NH4+. D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le dĂ©gazage de cette pluie d'astĂ©roĂŻdes, que ce soit lors de leur impact ou par rejet volcanique ultĂ©rieur, conduit Ă  des hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©s dans la croĂ»te terrestre et le manteau terrestre, et produit une atmosphĂšre plus rĂ©ductrice que prĂ©cĂ©demment[3].

Cet apport tardif d'éléments réduits en surface a pour conséquence importante de réinjecter de l'azote sous forme de NH4+ directement exploitable par la chimie pré-biotique. D'autre part, les météorites ferreuses sont particuliÚrement chargées en phosphore, élément indispensable à la vie mais initialement rare sur la croûte terrestre[23] (cet élément sidérophile migre avec le noyau terrestre). De la série d'éléments « CHNOPS » indispensables à la vie et constituant la biosphÚre, seul le phosphore est un élément naturellement rare.

−4,0 Ga : premiĂšres roches datĂ©es

Les cratons australiens (rouge) de l'Archéen.

Les premiĂšres roches se distinguant de la croĂ»te ocĂ©anique sont des roches magmatiques rĂ©sultant d'Ă©ruptions volcaniques. Les roches les plus anciennes identifiĂ©es Ă  ce jour sont datĂ©es Ă  −4,03 Ga. Elles marquent la fin de l'HadĂ©en, Ă©on qui est caractĂ©risĂ© par l'absence de tĂ©moins gĂ©ologiques. Les premiĂšres roches sĂ©dimentaires sont datĂ©es de −3,8 Ga.

Des roches mĂ©tasĂ©dimentaires plus jeunes dans l’ouest de l’Australie (Jack Hills) ont rĂ©vĂ©lĂ© des zircons hadĂ©ens datĂ©s pour les plus vieux Ă  −4,4 Ga. Le zircon se forme pendant la genĂšse de roches magmatiques communes, principaux constituants "granitoĂŻdes" de l'Ă©corce terrestre, en particulier les granites et les roches alcalines telles la pegmatite ou la syĂ©nite. Il apparaĂźt avec les produits prĂ©coces de la cristallisation primaire de ces roches. La prĂ©sence de ce minĂ©ral recyclĂ© dans les roches en question indique qu’il y avait des surfaces soumises Ă  l'Ă©rosion dĂšs cette Ă©poque ; mais ces surfaces n'ont pas Ă©tĂ© retrouvĂ©es.

ArchĂ©en (de −4 Ă  −2,5 Ga)

−3,8 Ga : dĂ©buts de la vie microbienne

La vie apparaĂźt un peu avant deux heures.

Au dĂ©but de l'ArchĂ©en, l'activitĂ© solaire plus faible Ă©tait compensĂ©e par une atmosphĂšre trĂšs chargĂ©e en gaz Ă  effet de serre. La tempĂ©rature Ă©tait Ă©levĂ©e. L'eau et le gaz carbonique Ă©tant transfĂ©rĂ©s dans les ocĂ©ans et les carbonates, l'atmosphĂšre restante devient progressivement constituĂ©e majoritairement d'azote. L'effet de serre diminuant avec la perte du CO2, la tempĂ©rature de surface baisse progressivement, et atteint des valeurs (70 Ă  100 °C) oĂč les rĂ©actions chimiques des thermophiles deviennent possibles. L'analyse isotopique du silicium montre que la tempĂ©rature des ocĂ©ans a dĂ©cru de 70 °C il y a 3 500 Ma, Ă  20 °C il y a 800 Ma[24]. Si cette atmosphĂšre s'Ă©tait maintenue, la Terre ne serait plus habitable aujourd'hui.

La vie microbienne apparaĂźt Ă  cette Ă©poque. Qualitativement, un certain milieu disposant d'un gradient chimique a permis la production de composĂ©s organiques et de rĂ©actions variĂ©es. Certaines rĂ©actions conduisent Ă  des polymĂ©risations (polynuclĂ©otides), et certains composĂ©s formĂ©s agissent comme catalyseurs Ă  d'autres. Dans un tel systĂšme complexe, dĂšs qu'une chaĂźne de rĂ©actions s'auto-catalyse, elle tend Ă  dominer et Ă©puiser les ressources disponibles, et peut alors ĂȘtre Ă  la base de nouvelles complexitĂ©s.

Dans cette complexification croissante, il n'y a pas de limite franche entre un systĂšme autocatalytique et « la vie » ; dans les deux cas la compĂ©tition conduit Ă  une sĂ©lection naturelle favorisant diffĂ©rentiellement ce qui est le plus efficace en matiĂšre de reproduction et d'utilisation efficiente de ressources. DĂšs que le systĂšme devient assez stable et robuste pour assurer une reproduction suffisamment fidĂšle, dans des conditions environnementales plus variĂ©es, il peut ĂȘtre qualifiĂ© d'autopoĂŻĂ©tique : « la vie » commence et se rĂ©pand dans tous les environnements connexes, en quelques centaines ou milliers d'annĂ©es[12].

La voie exacte suivie par les origines de la vie, qui remonteraient Ă  environ 3,5 Ă  3,8 milliards d'annĂ©es, demeurent incertaines, et la date d'apparition exacte de la premiĂšre cellule n'est pas connue par les scientifiques. Mais d'une maniĂšre ou d'une autre, la vie a finalement pris la forme d'une « cellule », capable de maintenir l'intĂ©gritĂ© d'un « individu » par rapport Ă  l'environnement, capable de maintenir un mĂ©tabolisme cohĂ©rent par des Ă©changes chimiques avec le milieu environnant, et capable de se rĂ©pliquer en produisant d'autres « individus » identiques.

Ces trois fonctions de base sont essentielles à la vie. La délimitation d'un « individu » par rapport à un environnement « extérieur » renvoie à ce qu'est une membrane plasmique, capable d'assurer une telle séparation. La réplication à l'identique d'un systÚme formel renvoie au codage génétique de l'information nécessaire à cette cellule, probablement d'abord sous forme d'un monde à ARN, puis sous forme stabilisée par l'ADN. Mais c'est le métabolisme de ces cellules qui va s'avérer essentiel pour décrire leur évolution et leur influence sur l'histoire de la terre, à travers l'impact que cette biochimie aura sur l'évolution de la planÚte.

En dehors de quelques essais de vie en colonie, « la vie » restera unicellulaire pendant tout l'Archéen et le Protérozoïque, pendant lesquels la « soupe primordiale » se transforme simplement en une soupe d'entités répliquantes, progressivement différenciées en virus, archées et bactéries, et enfin eucaryotes. Ce n'est qu'avec l'apparition de ces derniers, trois milliards et demi d'années plus tard, que « la vie » telle que nous la connaissons apparaßtra, inaugurant le Phanérozoïque.

Cycles du carbone et de l'azote

Sur le plan énergétique, la vie est trÚs probablement apparue autour d'un mont hydrothermal diffusant de l'hydrogÚne réducteur dans un milieu chargé en gaz carbonique[4] - [25] La source d'énergie primaire des cellules primitives aura été la méthanogenÚse[9] - [26], réaction d'oxydo-réduction exothermique produisant du méthane à partir d'hydrogÚne et de gaz carbonique :

CO2 + 4 H2 → CH4 + 2 H2O + 135 kJ

La fermentation prĂ©sente l'avantage d'utiliser pratiquement les mĂȘmes processus que ceux du mĂ©tabolisme mĂ©thanogĂšne prĂ©cĂ©dent, et Ă©tait donc Ă  la portĂ©e de ces cellules primitives[25]. Pour la fermentation, le moins efficace des catabolismes, ce sont des composĂ©s organiques eux-mĂȘmes qui jouent le rĂŽle d'accepteur d'Ă©lectron[27]. La fermentation de matiĂšre organique notĂ©e (CH2O) conduit Ă  rejeter du mĂ©thane (et du gaz carbonique) dans une rĂ©action qui peut se dĂ©crire schĂ©matiquement par[26] :

2 (CH2O) → CO2 + CH4

Les cellules primitives consomment du CO2, abondant dans l'environnement de l'Ă©poque, mais Ă©galement de l'hydrogĂšne plus rare, que l'on trouve dans des Ă©missions volcaniques. Cette dĂ©pendance Ă  l'hydrogĂšne est un facteur limitant, la production primaire qu'elle permet est nĂ©cessairement trĂšs limitĂ©e[12] - [28]. Le catabolisme des premiĂšres cellules ne pouvait pas s'appuyer sur la respiration cellulaire nĂ©cessitant de l'oxygĂšne libre alors absent de la planĂšte, ni sur la respiration anaĂ©robie utilisant des composĂ©s inorganiques, tels que les ions nitrates (NO3−) ou sulfates (SO42−), moins efficace que la prĂ©cĂ©dente[27].

L'existence d'une voie de catabolisme a pu permettre l'apparition des premiĂšres cellules hĂ©tĂ©rotrophes, dĂšs que l'Ă©volution des cellules leur a permis de capturer et de digĂ©rer d'autres cellules sans perdre elles-mĂȘmes leur identitĂ©.

Par ailleurs, le début de la vie est également celui du cycle de l'azote.

L'azote est un composant indispensable de la vie, constituant central par exemple des acides aminés. Cependant, l'essentiel de l'azote se présente sous forme de diazote N2, relativement inerte. Dans l'océan primitif, une autre forme stable de l'azote était l'ammonium NH4+[29], apporté par le grand bombardement tardif, ou diffusé autour des dorsales océaniques par des monts hydrothermaux. C'est cette forme qui est pour la biochimie le point d'entrée vers la matiÚre organique. Le besoin en azote fixé est donc initialement passé par un cycle non biologique, dont la biosphÚre était dépendante[30] - [31], un équilibre se faisant dans l'océan entre l'azote fixé dans la biomasse et celui restitué sous forme de NH4+ par les déchets organiques.

Effet thermostat des méthanogÚnes

Dans la haute atmosphÚre, le méthane est dissocié par le rayonnement ultraviolet et l'hydrogÚne libre s'échappe dans l'espace, contribuant à l'oxydation progressive de la surface de la Terre[9].

DĂšs que les cellules primitives mĂ©thanogĂšnes deviennent suffisamment abondantes pour que leur production puisse excĂ©der la disparition du mĂ©thane par photolyse dans la stratosphĂšre, le mĂ©thane produit se rĂ©pand dans l'atmosphĂšre, oĂč il a un effet de serre beaucoup plus efficace que le gaz carbonique. Il devient alors un important contributeur de l'effet de serre[26], et peut, par son accumulation lente, compenser sur le trĂšs long terme la baisse du CO2, progressivement transformĂ© en carbonates et immobilisĂ© dans son cycle du carbone au niveau de la lithosphĂšre[21].

Une tempĂ©rature trop Ă©levĂ©e ou trop faible peut inhiber ce processus de mĂ©thanogenĂšse, qui dĂ©croit dĂšs que la tempĂ©rature s'Ă©loigne de son optimum. De ce fait, le cycle du mĂ©thane a un effet de thermostat maintenant la tempĂ©rature effective de la biosphĂšre Ă  un niveau oĂč la production de CH4 compense juste la dissociation de celui-ci par le rayonnement ultra-violet, si bien que son accumulation est auto-rĂ©gulĂ©e. Cette rĂ©gulation est similaire Ă  celle dĂ©crite entre la teneur en CO2 et le climat, mais joue Ă  une Ă©chelle de temps beaucoup moins lente[21].

La concentration en méthane est initialement faible. Il apparaßt à ce stade une régulation positive entre la disparition géologique du CO2 et l'apparition biologique du CH4, stabilisant dans un premier temps la température à la limite haute de capacité des bactéries méthanogÚnes : si les températures baissent, la production du CH4 augmente et l'effet de serre avec elle, rétablissant la température haute.

Plus tardivement, la pression atmosphérique en CO2 a pu continuer à baisser jusqu'au point que la fugacité du méthane approche celle du gaz carbonique, ce qui conduit à la formation d'un smog d'hydrocarbones dans l'atmosphÚre[21] - [26] - [32]. Ce smog a un effet de serre négatif (similaire à celui observable sur Titan), parce que l'énergie solaire est alors absorbée dans la stratosphÚre et irradie dans l'espace sans atteindre le sol. Dans ce cas, la régulation précédente s'inverse : la température baisse, le CH4 augmente, le smog également, et la température effective de la biosphÚre chute avec un effet boule de neige. La chute des températures ne dépasse pas cependant la limite basse de capacité des bactéries méthanogÚnes. En-dessous de cette limite, en effet, la production de CH4 baisse et ne compense plus les pertes, le smog s'éclaircit, et les températures remontent vers leur seconde valeur d'équilibre[21].

Cette seconde régulation ne porte plus directement sur la température, mais sur les conditions de formation du smog. Elle peut donc permettre aux températures de continuer à baisser avec la disparition du gaz carbonique. D'autre part, l'apparition d'une couverture filtrant le rayonnement solaire[26] a pu permettre aux cellules primitives de survivre en surface, ouvrant la voie à la photosynthÚse.

−3,7 Ga : apparition de la photosynthĂšse anoxygĂ©nique

Les premiers stromatolithes fossilisés datent de plus de 3,5 milliards d'années. Ils sont la trace des premiÚres formes de vie en colonies fixées.
La photosynthĂšse apparaĂźt vers deux heures un quart.

La photosynthÚse a pu évoluer à partir de réactions photocatalytiques fournissant une voie alternative pour produire les hydrates de carbone (de formule générique CH2O) à partir de sulfures ou d'oxyde de fer.

Avec la fuite constante de l'hydrogĂšne dans l'espace, la surface de la Terre devient progressivement moins rĂ©duite, et des substances plus oxydĂ©es apparaissent, comme le sulfate ou l'oxyde ferrique. Dans un premier temps, ces substances minĂ©rales peuvent ĂȘtre utilisĂ©es comme accepteur final d'Ă©lectron, ouvrant la voie Ă  la respiration anaĂ©robie.

2 (CH2O) + SO42− → 2 CO2 + S2− + 2 H2O + Ă©nergie
2 (CH2O) + 2 Fe2O3 → CO2 + 4 FeO + H2O + Ă©nergie

Comme signalé ci-dessus, la fermentation est une voie de catabolisme assez inefficace. L'émergence de voies cataboliques plus efficaces procure donc un avantage sélectif immédiat aux cellules hétérotrophes, ce qui conduit à généraliser le processus.

Les sols schisteux et argileux sont susceptibles de contenir des pyrites (en milieu anoxique), par action de bactéries sur de la matiÚre organique. Le point de départ de cette minéralisation se trouve dans la production d'hydrogÚne sulfuré par les bactéries protéolytiques qui dégradent les protéines ou par les bactéries sulfato-réductrices qui décomposent les sulfates (produits issus de la décomposition des protéines) en hydrogÚne sulfuré. D'autres bactéries réduisent les hydroxydes ferriques (hydroxydes issu des roches ou de la matiÚre organique) et libÚrent les ions ferreux dans le milieu ambiant. En se combinant avec le fer, l'hydrogÚne sulfuré conduit à la précipitation de sulfures de fer, précurseurs de la pyrite. Lorsque la pyrite a une origine sédimentaire, elle constitue le minéral authigÚne caractéristique des environnements marins anoxiques riches en matiÚre organique[33].

La respiration anaĂ©robie est formĂ©e d'une chaĂźne de rĂ©actions liĂ©es, catalysĂ©es par des protĂ©ines, permettant d'un cĂŽtĂ© de consommer de la matiĂšre organique pour de l'autre libĂ©rer de l'Ă©nergie. Inversement, si de l'Ă©nergie est fournie Ă  l'autre bout de la chaĂźne, les Ă©quilibres se dĂ©placent dans l'autre sens, vers la synthĂšse de matiĂšre organique. Captant l’énergie du Soleil avec le bon photorĂ©cepteur, les bactĂ©ries (premiĂšres formes de vie) dĂ©veloppent un processus nouveau : la photosynthĂšse, suivant des rĂ©actions gĂ©nĂ©riques[12] :

2 CO2 + S2− + 2 H2O + hÎœ → 2 (CH2O) + SO42−
CO2 + 4 FeO + H2O + hÎœ → 2 (CH2O) + 2 Fe2O3

Cette réaction passe par la production d'une coenzyme réductrice, le NADPH, et une coenzyme qui stocke l'énergie chimique, l'ATP. Par ailleurs, les réactions indépendantes de la lumiÚre utilisent le flux de ces deux coenzymes pour absorber et réduire le dioxyde de carbone, utilisant le NADPH comme source d'électron et l'ATP comme source d'énergie.

De mĂȘme que pour l'origine de la vie, l'invention de la photosynthĂšse a eu un effet boule de neige. Les premiĂšres cellules oĂč ce mĂ©tabolisme a pu Ă©voluer Ă©taient au dĂ©part des cellules mĂ©thanogĂšnes, arrivant dans un environnement marin de faible profondeur, suffisamment Ă©clairĂ© pour permettre l'exploitation de ces ions (mais Ă  une profondeur suffisante pour se protĂ©ger des rayonnements ultra-violets). Au dĂ©part, c'est la faible disponibilitĂ© de l'hydrogĂšne H2 qui a mis une pression de sĂ©lection en faveur de l'Ă©mergence d'un cycle alternatif ; et la disponibilitĂ© plus grande du soufre et du fer permettait d'augmenter leur production primaire, constituant un avantage sĂ©lectif. La premiĂšre cellule capable de se dispenser totalement d'hydrogĂšne n'a plus Ă©tĂ© dĂ©pendante de ces sources limitĂ©es, et a pu prolifĂ©rer sur toute la planĂšte[12]. Par rapport aux sources d'Ă©nergie prĂ©cĂ©dentes, des estimations quantitatives tendent Ă  montrer que le flux du mĂ©tabolisme a pu augmenter d'un facteur cent[34].

Cette nouvelle source d'énergie est beaucoup plus disponible que l'hydrogÚne de la biochimie initiale. Elle reste cependant encore limitée par la disponibilité des accepteurs d'électrons, tels que l'hydrogÚne sulfuré ou le fer ferrique[28]. L'accÚs à l'énergie solaire permet néanmoins aux bactéries photosynthétiques de se développer en nombre, au point de laisser des traces significatives et détectables dans la sédimentation :

  • les scientifiques pensent avoir retrouvĂ© des micro-organismes fossiles dans les roches d'Isua au Groenland datĂ©s de 3,8 milliards d'annĂ©es. Mais il se pourrait que ce soit des artefacts. L'analyse isotopique des dĂ©pĂŽts de fer dans ce mĂȘme gisement montre une sur-reprĂ©sentation de 56Fe, indice d'une activitĂ© photosynthĂ©tique[35] ;
  • les plus anciens dĂ©pĂŽts de fer rubanĂ© sont datĂ©s de −3,7 Ga. Dans la mesure oĂč ils sont la marque d'un Ă©pisode d'oxydation du fer ocĂ©anique, on peut y voir la signature d'une importante activitĂ© de respiration anaĂ©robique, donc de photogĂ©nĂšse[36] ;
  • les plus anciens fossiles de cellules connus sont les stromatolithes datĂ©s de 3,5 milliards d'annĂ©es, qui sont formĂ©s par des colonies cellulaires en milieu saturĂ©.

Sur ce dernier point, il faut souligner que les stromatolithes sont structurellement formĂ©s par des voiles bactĂ©riens, mais l'origine de ces voiles peut ĂȘtre variable. De nos jours, ces voiles sont uniquement ceux de cyanobactĂ©ries, mais ceci n'implique pas que les stromatolithes fossiles ont de mĂȘme Ă©tĂ© crĂ©Ă©s par ces mĂȘmes cyanobactĂ©ries : n'importe quel procaryote susceptible de former une colonie peut tout autant ĂȘtre candidat[37]. Et, en particulier, l'apparition de stromatolithes n'implique donc aucunement une production d'oxygĂšne, dont les effets prouvĂ©s sont bien postĂ©rieurs. L'apparition de la photosynthĂšse est distincte de la photosynthĂšse oxygĂ©nique[38].

Si l'azote biodisponible n'était pas nécessairement un facteur limitant des débuts de la vie, il l'est certainement devenu avec l'apparition de la photosynthÚse anoxyque[34].

L'accĂšs Ă  l'azote fixĂ© Ă©tant un facteur limitant de la biomasse, il a pu exister dĂšs cette Ă©poque un avantage sĂ©lectif Ă  disposer d'une voie mĂ©tabolique permettant de fixer l'azote atmosphĂ©rique dissout dans la couche ocĂ©anique superficielle. De fait, la signature de l'enrichissement isotopique de l'azote dans les dĂ©pĂŽts de −3,2 Ă  −2,5 Ga tend Ă  montrer qu'une telle voie Ă©tait dĂ©jĂ  en place Ă  cette pĂ©riode[39].

−3,4 Ga (?) : apparition de la photosynthĂšse oxygĂ©nique

(en) « Schéma en Z » de l'énergie des électrons le long des réactions de la photophosphorylation non cyclique.
La photosynthÚse oxygénique apparaßt vers trois heures.

AprĂšs l'invention de la photosynthĂšse anoxygĂ©nique, les bactĂ©ries Ă©voluĂšrent, et Ă  travers la sĂ©lection naturelle, diverses versions de la rĂ©action photosynthĂ©tique ont Ă©mergĂ© permettant une adaptation optimale Ă  diffĂ©rents milieux colonisĂ©s par ces bactĂ©ries. Ces versions ont pu ĂȘtre Ă©changĂ©es par transfert de gĂšnes horizontaux d'une famille Ă  l'autre, et au hasard de ces croisements, l'ancĂȘtre des cyanobactĂ©ries (ou peut-ĂȘtre une bactĂ©rie d'une autre famille) a pu hĂ©riter de deux jeux de protĂ©ines capables de fonctionner en sĂ©rie[40]. Cette mise en sĂ©rie permet d'utiliser l'eau elle-mĂȘme comme donneur d'Ă©lectron dans les rĂ©actions redox biochimiques :

2 H2O → 4 H+ + 4 e− + O2↑

Cette transformation se déroule en deux phases : lors de la premiÚre, les réactions dépendantes de la lumiÚre captent l'énergie lumineuse et l'utilisent pour produire une coenzyme réductrice, le NADPH, et une coenzyme qui stocke l'énergie chimique, l'ATP. Ces deux coenzymes vont ensuite alimenter le métabolisme cellulaire, comme précédemment. En notant des « hydrates de carbone » par la formule générique (CH2O), la photosynthÚse peut globalement se décrire par :

CO2 + H2O + Ă©nergie lumineuse → (CH2O) + O2↑

L'apparition de la photosynthĂšse oxygĂ©nique modifie radicalement l’économie de la production primaire : pour cette nouvelle source d'Ă©nergie, le donneur d'Ă©lectron qu'est l'eau est Ă  prĂ©sent inĂ©puisable dans un environnement aquatique[28]. Le point important de ce nouveau cycle est qu'il entraĂźne la production d'une molĂ©cule d'oxygĂšne dans l'environnement.

Diverses Ă©tudes suggĂšrent que l'apparition de la photosynthĂšse date de −3,4 Ga[41] - [42] - [43] - [44]. Mais cette date fait l'objet de discussions critiques, la date d'apparition de la photosynthĂšse oxygĂ©nique variant d'un « au plus tĂŽt » associĂ©e aux premiers stromatolithes Ă  3,5, jusqu'Ă  un « au plus tard » marquĂ© par la Grande Oxydation, Ă  −2,4 Ga.

Un indice signalant une production photosynthétique d'oxygÚne provient de la signature isotopique du carbone dans les dépÎts archéens. En effet, la fixation du carbone à travers le cycle de Calvin conduit à une séparation isotopique significative, appauvrissant de plusieurs parties pour mille le 13C par rapport au 12C. L'appauvrissement en masse de la biosphÚre en 13C conduit symétriquement à un enrichissement de l'hydrosphÚre et de l'atmosphÚre, dont le niveau est enregistré lors de la précipitation des carbonates marins[9].

−3,26 Ga : cratĂšre d'impact de Barberton

Formation d'un archipel (Hawaï) par un panache sous la croûte océanique.

La tectonique des plaques est majoritairement propulsĂ©e par l'enfoncement gravitaire de la lithosphĂšre dans des zones de subduction : la croĂ»te ocĂ©anique de plus de 30 Ma est plus dense (de ~1%) que l'asthĂ©nosphĂšre, et y sombre en s'enfonçant dĂšs que possible. Mais cette inversion de densitĂ© actuelle n'Ă©tait pas aussi marquĂ©e pendant l'ArchĂ©en, parce que la tempĂ©rature plus Ă©levĂ©e du manteau devait entraĂźner une lithosphĂšre plus fine[45]. En outre, pour dĂ©marrer et entretenir un tel mouvement, il ne suffit pas de l'amorcer par une simple fosse de subduction ; il faut que se mette en place tout un systĂšme de dorsales et de failles transformantes, qui une fois en place peut se poursuivre dynamiquement[45]. De plus, pour qu'une subduction s'initie suivant ce modĂšle, il faut que le mouvement soit tirĂ© par la plaque qui s'enfonce, et donc que la subduction ait dĂ©jĂ  commencĂ©[46]

Avant le dĂ©marrage de la tectonique des plaques, pendant la plus grande partie de l'ArchĂ©en, la surface de la Terre Ă©tait probablement dans le mĂȘme Ă©tat que celle des autres planĂštes ou planĂ©toĂŻdes telluriques : sous l'hydrosphĂšre ocĂ©anique, une lithosphĂšre basaltique forme un « couvercle » relativement continu sur l'asthĂ©nosphĂšre. Des panaches peuvent occasionnellement percer cette croĂ»te ocĂ©anique et provoquer un volcanisme en surface, la surcharge Ă©tant susceptible de crĂ©er un systĂšme de fractures[46]. Des morceaux de croĂ»te peuvent s'enfoncer localement et dans l'asthĂ©nosphĂšre, puis Ă©ventuellement ĂȘtre recyclĂ©s ultĂ©rieurement par le volcanisme[45]. L'Ă©volution naturelle de ce type de croĂ»te est qu'elle Ă©paissit en bloc avec le refroidissement de la planĂšte[45].

Les premiers éléments de croûte continentale peuvent avoir été formés à partir de grands plateaux basaltiques et leur érosion ultérieure[47]. On ne connaßt cependant pas de dépÎt sédimentaire carbonaté datant de l'éon Hadéen.

En , les scientifiques ont déclaré avoir trouvé des preuves du plus grand événement d'impact de météore terrestre à ce jour prÚs de la ceinture de roches vertes de Barberton. Ils ont estimé que l'impact a eu lieu il y a environ 3,26 milliards années et que l'impacteur avait un diamÚtre d'environ 37 à 58 kilomÚtres, cinq fois plus que l'impact du cratÚre de Chicxulub dans la péninsule du Yucatan. L'impacteur a heurté la Terre en libérant une quantité énorme d'énergie, déclenchant l'équivalent de tremblements de terre de magnitude 10,8, et de Mégatsunami de milliers de mÚtres de haut. Le cratÚre de cet événement (en), s'il existe encore, n'a pas encore été trouvé.

La modĂ©lisation montre qu'une tectonique des plaques peut ĂȘtre initialisĂ©e par l'impact d'un astĂ©roĂŻde de l'ordre de 500 km de diamĂštre[45], voire Ă  partir de 100 km[46]. Mais l'impact de Barberton n'est pas de cette classe, mĂȘme s'il peut avoir Ă©tĂ© une partie de l'histoire. Il est Ă©galement possible qu'un panache suffisamment actif puisse crĂ©er une province magmatique majeure de plus de 1 000 km de diamĂštre, dont l'effondrement Ă  la suite de l'inversion de densitĂ© est susceptible d'initialiser un mouvement de plaque[45]. Mais mĂȘme dans ce cas, il n'est pas sĂ»r que ce mouvement perdure jusqu'Ă  prĂ©sent : une tectonique de plaques a pu ĂȘtre initiĂ©e Ă  plusieurs reprises sur la Terre, sĂ©parĂ©es par des Ă©pisodes de couvercle continu[45], conduisant Ă  des traces gĂ©ologiques alternant prĂ©sence et absence de subduction[46].

Lente agonie du Protérozoïque

Produit de la course à la productivité cellulaire, l'OxygÚne détruit l'écologie du Protérozoïque : disparition des ressources environnementales, poison violent, destructeur des gaz à effet de serre protecteurs.

Le dĂ©gazement d'oxygĂšne Ă©tait alors un dĂ©chet du cycle, poison pour les organismes anaĂ©robies. Mais la production d'O2 dans l'ocĂ©an ne signifie pas que sa teneur augmente, car l'oxygĂšne est un corps trĂšs rĂ©actif ; dans l'environnement rĂ©ducteur oĂč il est Ă©mis, de nombreux « puits » sont capables de le faire rĂ©agir et disparaĂźtre : en solution, l'ammoniaque, le fer, les sulfures. Pendant plus d'un milliard d'annĂ©es, l'oxygĂšne dĂ©gagĂ© par ces activitĂ©s photosynthĂ©tiques est consommĂ© par des « puits Ă  oxygĂšne », essentiellement l'oxydation des substances rĂ©ductrices contenues dans les eaux marines (fer et autres mĂ©taux, matiĂšre organique) et Ă  la surface des terres Ă©mergĂ©es, et celle du mĂ©thane atmosphĂ©rique[48].

Il peut sembler paradoxal que l'apparition de l'oxygĂšne dans l'atmosphĂšre, la Grande Oxydation, que l'on date Ă  −2,4 milliards d'annĂ©es, ne soit survenue que prĂšs d'un milliard d'annĂ©es aprĂšs l'apparition de la photosynthĂšse oxygĂ©nique[26]. C'est qu'en rĂ©alitĂ©, l'oxygĂšne est un oxydant redoutable pour l'Ă©cologie du ProtĂ©rozoĂŻque, qui a entraĂźnĂ© une sĂ©rie de catastrophes rĂ©duisant presque Ă  nĂ©ant la biosphĂšre telle qu'elle existait Ă  cette Ă©poque :

  • celle-ci a Ă©tĂ© d'abord rĂ©duite Ă  famine, par la suppression de l'azote fixĂ© sous forme d'ammoniaque, point d'entrĂ©e du cycle de l'azote biologique ;
  • quand cet obstacle a pu ĂȘtre levĂ© par la fixation biologique de l'azote, la production a sĂ©vĂšrement rĂ©duit la biodisponibilitĂ© du fer, indispensable aux enzymes fixant l'azote ou Ă  la photosynthĂšse, rĂ©duisant une fois encore la biomasse ;
  • la biosphĂšre a ensuite Ă©tĂ© massivement intoxiquĂ©e, l'oxygĂšne dissout Ă©tant un poison pour le mĂ©tabolisme mĂ©thanogĂšne de cette Ă©poque, en particulier le fonctionnement de la nitrogĂ©nase prĂ©cĂ©demment mise au point ;
  • quand aprĂšs un milliard d'annĂ©es de survivance Ă  cette intoxication chronique, ces deux obstacles ont Ă©tĂ© surmontĂ©s, avec la photosynthĂšse doublĂ©e de la respiration aĂ©robie, la biosphĂšre a pu se dĂ©velopper Ă  un point permettant la Grande Oxydation — supprimant l'effet de serre protecteur, et dĂ©clenchant une troisiĂšme catastrophe sous la forme de la Grande Glaciation, pendant laquelle l'activitĂ© biologique a Ă©tĂ© pratiquement annihilĂ©e.

Il faut pour commencer que la production d'oxygĂšne soit plus importante que la production d'Ă©lĂ©ments rĂ©duits par les dorsales ocĂ©aniques. Au-delĂ , le carbone rĂ©duit que constitue la matiĂšre organique est lui-mĂȘme un « puits ». Que ce soit par respiration aĂ©robie ou par oxydation de matiĂšre morte, la rĂ©oxydation de matiĂšre organique inverse le processus de photosynthĂšse, consommant l'oxygĂšne pour transformer le carbone rĂ©duit en gaz carbonique. Il ne peut y avoir une accumulation significative d'oxygĂšne dans l'atmosphĂšre que si une quantitĂ© Ă©quivalente de carbone est enfouie pour ĂȘtre soustraite Ă  l'oxydation[38].

−3 Ga : premiers continents

Les premiers continents apparaissent il y a trois milliards d'années.
Formation d'un arc volcanique sur une zone de subduction de la croûte océanique.

On estime que 80 % de la croĂ»te continentale terrestre s'est formĂ©e entre −3,2 et −2,5 Ga[49]. Elle est alors marquĂ©e par un changement de rĂ©gime, passant d'intrusions formĂ©es de granitoĂŻdes sodiques Ă  des granites potassiques[50] - [51] - [52].

Cette coïncidence entre les changements observés dans la composition et l'épaisseur de la croûte terrestre et l'oxydation progressive de la surface terrestre due à l'invention de la photosynthÚse (anoxygénique puis oxygénique) suggÚre qu'il y a eu un lien entre les processus géochimiques et la production biologique[53], mais la nature de ce lien reste obscure.

C'est le dĂ©but de l'importance de la tectonique des plaques. Avec la formation de croĂ»te continentale, les carbonates peuvent y ĂȘtre accumulĂ©s dans la lithosphĂšre, qui sert alors de puits dans le cycle du carbone. La croissance continue de la croĂ»te continentale expose de plus en plus de surface Ă  l'Ă©rosion de l'acide carbonique, accĂ©lĂ©rant progressivement la capture du CO2 atmosphĂ©rique[26].

Sur le fond des océans, la circulation hydrothermale autour des dorsales océaniques fournit un mécanisme régulateur pour la concentration en CO2 et l'acidité de l'océan. L'eau des océans, plus ou moins chargée de CO2, attaque le basalte et se charge en cations, puis précipite sous forme de carbonates en formant un mont hydrothermal à son retour dans l'océan[54] - [55].

La subduction conduit à la formation d'arcs volcaniques, qui s'accrÚtent en début de croûte continentale. Les carbonates entraßnés par la subduction se décomposent en profondeur, et le volcanisme de l'arc relargue en partie le carbone sous forme de CO2.

Dans le cas de plaques portant beaucoup de sĂ©diments, les arcs insulaires peuvent ĂȘtre doubles :

Les premiers « continents » sont datés de cette époque. Ils sont hypothétiques, et prennent la forme de « super-cratons » de taille comparable à l'Australie :

  • Vaalbara, qui a commencĂ© Ă  se former il y a 3,6 Ga et a existĂ© de −3,1 Ă  2,5 Ga ;
  • Ur, formĂ© il y a environ trois milliards d'annĂ©es pendant l'ArchĂ©en ;
  • Kenorland, formĂ© durant l’ùre nĂ©oarchĂ©enne, il y a environ 2,7 milliards d'annĂ©es (2,7 Ga).

−2,9 Ga : crise de l'azote, glaciation de Pongola et nitrogĂ©nase

La glaciation de Pongola a lieu vers quatre heures vingt.

L'oxygÚne produit réagit immédiatement avec ces composés réducteurs, ce qui capture l'oxygÚne et limite les possibilités de vie à la prolifération des seuls organismes anaérobies.

Le premier affecté est le cycle de l'azote. Dans l'océan primitif, l'ammoniaque est stable et sert de source d'azote à la biosphÚre. Tant que le milieu océanique est un milieu réducteur riche en ammoniaque, l'oxygÚne ne peut pas s'échapper dans l'atmosphÚre, mais oxyde cet ammoniaque, restituant l'azote sous forme de diazote. La réaction est globalement :

4 NH3 + 3 O2 → 2 N2 ↑ + 6 H2O

Cet ammoniaque est un puits consommant l'oxygÚne dissout dans l'océan primitif[29] - [56], mais inversement, cette neutralisation est un puits pour l'azote disponible, parce qu'elle transfÚre progressivement l'azote, accumulé dans l'océan sous forme d'ammoniaque, vers sa forme inerte de diazote qui s'accumule dans l'atmosphÚre. La production d'oxygÚne a donc conduit à une pénurie d'azote biologiquement assimilable.

L'Ă©quilibre dans l'ocĂ©an, entre l'azote fixĂ© dans la biomasse et celui restituĂ© sous forme de NH4+ par les dĂ©chets organiques, se dĂ©place alors vers moins d'azote disponible, et donc moins de biomasse. Cette asphyxie progressive dĂ©clenche une crise Ă©cologique majeure. En l'absence d’ammoniaque dissout, la biomasse n'est alors plus Ă©quilibrĂ©e que par le flux de NH3 issu des dorsales ocĂ©aniques (et la production rĂ©sultant d'une fixation primitive par la biomasse). Inversement, cette rĂ©duction de la biomasse limite par consĂ©quent directement le flux d'oxygĂšne, faute de biomasse pour le produire. Il s'Ă©tablit Ă  ce stade une rĂ©troaction entre le cycle de l'oxygĂšne et le cycle de l'azote, la production d'oxygĂšne s'Ă©quilibrant finalement avec celle nĂ©cessaire pour consommer celle de l'azote produit, faisant disparaĂźtre l'oxygĂšne produit.

La limitation est d'autant plus sĂ©vĂšre que le flux des dorsales est en prioritĂ© consommĂ© sur place par les organismes mĂ©tabolisant l'hydrogĂšne, alors que la production d'oxygĂšne se dĂ©roule en surface, oĂč la concentration en NH3 est rĂ©duite. La biosphĂšre perd de ce fait une partie substantielle de sa capacitĂ© Ă  produire du mĂ©thane. Il se peut que cette crise ait Ă©tĂ© Ă  l'origine de la glaciation de Pongola : l'insuffisance de la production de mĂ©thane ne lui permet plus de jouer son rĂŽle de « thermostat » ; elle entraĂźne une diminution de l'effet de serre et une chute des tempĂ©ratures moyennes du globe.

Structure du cofacteur Fe-Mo dans la nitrogénase.

L'environnement ocĂ©anique archĂ©en a donc dĂ» exercer une trĂšs forte pression de sĂ©lection sur les organismes photosynthĂ©tiques par rapport Ă  la dĂ©pendance Ă  l'ammoniaque. De ce fait, la capacitĂ© Ă  catalyser la rĂ©duction du N2 en NH3 a constituĂ© un avantage adaptatif, poussant vers l'Ă©mergence d'une nitrogĂ©nase de plus en plus performante, et l'avantage sĂ©lectif apportĂ© par un mĂ©tabolisme autotrophe capable de transformer l'azote N2 en ammoniaque assimilable, rĂ©alisant la fixation biologique du diazote, a Ă©tĂ© dans un premier temps immĂ©diat, puisqu'un tel organisme a pu s'Ă©tendre sans ĂȘtre liĂ© Ă  une source ammoniaquĂ©e[29].

L'analyse des sĂ©diments et de leur enrichissement en azote 15N, par rapport Ă  sa version courante 14N, suggĂšre qu'un cycle mĂ©tabolique de fixation de l'azote Ă©tait Ă  l’Ɠuvre entre 3,2 et 2,5 Ga[39].

Avec l'apparition des bactĂ©ries fixatrices d'azote, un Ă©quilibre s'Ă©tablit dans les ocĂ©ans entre les concentrations en azote et phosphate assimilable, le ratio [ NO2- ]:[ PO43- ] s'Ă©tablissant sensiblement Ă  15 : 1, soit sensiblement la stƓchiomĂ©trie correspondant Ă  des particules de matiĂšre organique en dĂ©composition dans la colonne d'eau[57] (voir Rapport de Redfield). Cette stabilisation provient de la compĂ©tition entre les bactĂ©ries fixatrices d'azote et les autres formes de la biosphĂšre, et dĂ©coule du coĂ»t mĂ©tabolique Ă©levĂ© de cette fixation : lorsque l'azote disponible augmente, les bactĂ©ries fixatrices d'azote sont handicapĂ©es par leur coĂ»t mĂ©tabolique Ă©levĂ©, ce qui fait chuter leur biomasse et de lĂ  la fixation d'azote ; inversement, lorsque l'azote est moins disponible que le phosphate, les bactĂ©ries fixatrices d'azote peuvent utiliser le phosphate plus efficacement, ce qui augmente leur biomasse et fait remonter la fixation d'azote, puis la disponibilitĂ© de l'azote dans les particules en dĂ©composition[57]. Globalement, l'Ă©quilibre s'Ă©tablit autour de la stƓchiomĂ©trie de la matiĂšre organique, avec un lĂ©ger dĂ©ficit relatif en NO3- compensant le handicap mĂ©tabolique des bactĂ©ries fixatrices d'azote[57].

ProtĂ©rozoĂŻque (de −2,5 Ă  −0,54 Ga)

−2,5 Ga : prĂ©cipitation du fer

Fer rubanné plissé

L'apparition de la nitrogénase a permis la fixation biologique de l'azote et la production d'oxygÚne à des niveaux plus importants.

Cependant, une production nette d'oxygĂšne n'est possible que si de la matiĂšre organique est capturĂ©e dans la lithosphĂšre. En effet, en prĂ©sence d'oxygĂšne, la matiĂšre organique (gĂ©nĂ©riquement notĂ©e C(H2O)) est elle-mĂȘme un puits Ă  oxygĂšne lorsqu'elle s'oxyde en libĂ©rant du gaz carbonique[32] :

C(H2O) + O2 → CO2 ↑ + H2O

Un autre puits à oxygÚne est la consommation de la pyrite FeS2, formée par la réaction globale[58] :

2 Fe2O3 + 8 SO42− + 16 H+ ↔ 15 O2 + 4 FeS2 + 8 H2O

Cette réaction globale est la superposition de trois processus, qui sont la photosynthÚse anoxygénique produisant de la matiÚre organique, la réduction anoxique de sulfates en H2S en utilisant cette matiÚre organique comme agent réducteur, et la précipitation de pyrite par réaction de H2S sur Fe2O3.

Dans un deuxiÚme temps, l'oxygÚne réagit principalement avec les métaux comme le fer ferreux, pour précipiter en hématite et magnétite. La production anaérobie produit de l'oxygÚne, et cette production détruit la production anaérobie. S'ensuit un cycle d'instabilité : la mort des organismes anaérobies consomme et fixe de l'O2 et en réduit la teneur, rendant les bassins et plateaux continentaux anoxiques et désertifiés. Pendant un événement anoxique océanique, les organismes morts sont enfouis, et le carbone correspondant est transféré vers la lithosphÚre, avec les oligo-éléments associés. Mais l'érosion apportant de nouveaux oligo-éléments, la disparition du poison permet aux organismes anaérobiques de proliférer à nouveau, déclenchant les conditions de leur nouvelle disparition. Cette instabilité se traduit dans les dépÎts par des dépÎts de fer rubané, alternativement noirs et rouges. L'oxygÚne produit a ainsi largement été absorbé par des minéraux et séquestré dans le sol. Ces précipitations, qui reflÚtent ici des bouffées de production d'oxygÚne, alternent avec des dépÎts de schiste argileux et de carbonates siliceux déposés dans des conditions plus anoxiques, qui sont eux de couleur rougeùtre. C'est l'origine des grands gisements de fer rubanés.

De ce fait, l'oxygĂšne libre n'existait pas dans l'atmosphĂšre jusqu'Ă  il y a environ 2 400 Ma, lorsque, au PalĂ©oprotĂ©rozoĂŻque, la plus grande partie de ces formes rĂ©duites du fer furent oxydĂ©es.

Crise du fer et Grande Oxydation

Le fer biologiquement fixé est un composant essentiel pour la photosynthÚse : le photosystÚme I contient douze atomes de fer. En outre, c'est un composant indispensable à la formation de la nitrogénase, donc à la fixation biologique de l'azote[59]. Mais ce fer n'est disponible biologiquement que lorsqu'il est en solution.

Avec la précipitation des composés ferreux, la disponibilité du fer est devenue un facteur limitant de la biosphÚre[59].

L'équilibre chimique de la dissolution du fer se déplaçait à la suite de la réduction de la concentration en fer et l'augmentation concomitante de la concentration de O2 dans l'océan, par suite de la photosynthÚse, en a progressivement fait un milieu oxydant, alors qu'il était initialement réducteur.

Lorsque, au PalĂ©oprotĂ©rozoĂŻque, la plus grande partie des formes rĂ©duites du fer ont Ă©tĂ© oxydĂ©es, la sĂ©dimentation de gisements de fer rubanĂ© s'est rarĂ©fiĂ©e et la teneur en O2 a alors augmentĂ© dans les ocĂ©ans d'abord, dans l'atmosphĂšre ensuite, pour se rĂ©vĂ©ler hautement toxique pour les organismes anaĂ©robies, au cours de la Grande Oxydation. L'oxygĂšne Ă©tait en effet toxique pour les organismes anaĂ©robies de l'Ă©poque, la biomasse Ă©tait empoisonnĂ©e par ses propres dĂ©chets et s'est effondrĂ©e une fois encore. En s'accumulant, l'oxygĂšne a fait pĂ©ricliter les archĂ©es mĂ©thanogĂšnes pour qui il Ă©tait un poison[21], mettant pratiquement Ă  l’arrĂȘt la production de mĂ©thane.

La transition n'a pris fin qu'à l'apparition de cellules capables de vivre dans un environnement oxygéné. Sont alors apparus, sur le plan géologique, des dépÎts rouges, marquage de fer ferrique, et les roches sédimentaires sont passées d'une dominante noire au rouge.

Respiration aérobie

Par ailleurs, l’oxygĂšne est une source d’énergie extrĂȘmement efficace, bien plus que la fermentation, qui ouvre la voie Ă  de nouveaux dĂ©veloppements. Le vivant se complexifie. Certaines bactĂ©ries apprennent Ă  utiliser l’oxygĂšne : c’est l’apparition de la respiration.

Les cyanobactĂ©ries elles-mĂȘmes se sont adaptĂ©es Ă  un environnement contenant cet oxygĂšne qu'elles produisent. L'oxygĂšne Ă©tant particuliĂšrement rĂ©actif, il permet un catabolisme beaucoup plus efficace qu'avec la respiration anaĂ©robique.

Il semble que la capacité d'utiliser l'oxygÚne dans la respiration aérobie, qui implique une enzyme oxygÚne-réductase, a pu faire l'objet de transferts de gÚnes horizontaux d'un groupe à l'autre de bactéries. Le transfert horizontal de gÚnes semble également répandu parmi les archées[60].

Du fait d'un transfert horizontal de gÚnes toujours possible, il faut rester prudent devant les analyses de dérive génétique ou de classification phylogénique plaçant l'apparition de telle capacité dans tel groupe ou à telle date.

Bien que tous les mĂ©tabolismes font usage d'oxygĂšne d'une maniĂšre ou d'une autre, certains de ses composĂ©s apparaissant dans des cycles mĂ©taboliques peuvent ĂȘtre toxiques. Le DioxygĂšne O2 est paramagnĂ©tique et prĂ©sente deux Ă©lectrons de spin parallĂšle. Dans la respiration aĂ©robie, ceci rend dĂ©licates les rĂ©actions avec l'O2, parce que le donneur d'Ă©lectron doit pouvoir inverser le spin avant de pouvoir donner un Ă©lectron. Pour contourner le problĂšme, l'oxygĂšne est combinĂ© Ă  un mĂ©tal paramagnĂ©tique (par exemple du cuivre ou de fer), ou reçoit des Ă©lectrons supplĂ©mentaires. De ce fait, la rĂ©duction de O2 en H2O passe par des superoxydes comme ⋅O2−, le peroxyde d'hydrogĂšne H2O2, ou le radical hydroxyle ⋅OH. Ces radicaux libres constituent une menace potentielle pour l'Ă©quilibre cellulaire[61]

Multicellularité des cyanobactéries

Voile de cyanobactéries sur une berge.

L'analyse des dérives génétiques des cyanobactéries montre que la multicellularité y a évolué peu avant la grande oxydation[62] - [63].

Initialement, le fait pour des cellules de rester collĂ©es ensemble constitue un dĂ©savantage, parce que le voisinage d'une autre cellule est nĂ©cessairement moins chargĂ© en nutriments et plus chargĂ© en dĂ©chets qu'une zone moins peuplĂ©e. Mais ce dĂ©savantage nutritif est largement compensĂ© en prĂ©sence de prĂ©dateurs capables de capturer et digĂ©rer des bactĂ©ries libres par phagocytose. Dans ce contexte, la multicellularitĂ© constitue un avantage sĂ©lectif, parce que le groupe multicellulaire devient trop gros pour ĂȘtre capturĂ©.

Cette production d’oxygĂšne va avoir un impact dĂ©cisif sur l’évolution de la planĂšte.

L’oxygĂšne des bactĂ©ries est produit en si grande quantitĂ© que les ocĂ©ans en sont saturĂ©s. L’oxygĂšne s’échappe dans l’atmosphĂšre, devenant un de ses composants. C'est ce que l'on appelle la Grande Oxydation.

−2,4 Ga : Grande Oxydation

Pour l'essentiel de l'histoire de la Terre, il n'y a pas eu d'organismes pluricellulaires sur terre. Des parties de sa surface peuvent avoir vaguement ressemblé à cette vue de Mars, une des planÚtes voisines de la Terre.
L'oxygÚne commence à se répandre dans l'atmosphÚre vers six heures moins vingt.

La production de dioxygĂšne atmosphĂ©rique a commencĂ© avec l'apparition de la photosynthĂšse chez les cyanobactĂ©ries, dĂšs −3,5 Ga. Mais des mĂ©canismes divers d'oxydation conduisaient Ă  capturer l'O2 sans qu'il ne puisse rĂ©ellement s'accumuler dans la couche supĂ©rieure de l'ocĂ©an, ni dans l'atmosphĂšre. L'oxygĂšne a d'abord Ă©tĂ© consommĂ© par ses rĂ©actions sur les Ă©lĂ©ments rĂ©ducteurs de l'ocĂ©an : oxydation du NH4+ puis du Fe2+, limitant ses rejets dans l'atmosphĂšre. Tant que le niveau d'oxygĂšne sortant des eaux de surface reste faible, il est consommĂ© par le mĂ©thane prĂ©sent dans l'atmosphĂšre, dont le niveau est rĂ©gulĂ© principalement par l'Ă©quilibre qu'il crĂ©Ă© entre l'effet de serre et la production des bactĂ©ries mĂ©thanogĂšnes.

Le modÚle océanique de Canfield suppose que l'eau des grands fonds marins est demeurée anoxique longtemps aprÚs la Grande Oxygénation.

Mais Ă  partir du moment oĂč l'ocĂ©an rĂ©ducteur a Ă©tĂ© suffisamment oxydĂ©, le flux d'oxygĂšne vers l'atmosphĂšre a fortement augmentĂ©.

À partir du moment oĂč le flux de sortie devient plus important que celui de la capture de l'O2 par le CH4, la concentration d'O2 devient significative dans l'atmosphĂšre, et il peut commencer Ă  former une couche d'ozone. La formation de cette couche a un effet boule de neige, parce que le blocage du rayonnement ultraviolet par la haute atmosphĂšre diminue la dissociation du mĂ©thane prĂ©sent, et donc inhibe la capture de celui-ci par l'oxygĂšne, qui peut alors renforcer encore plus la couche d'ozone[64].

L'existence de cette oxygĂ©nation se lit dans la sĂ©paration isotopique des sulfures, qui permet de montrer que jusqu'Ă  −2,45 Ga le niveau d'oxygĂšne Ă©tant au plus un cent-milliĂšme du prĂ©sent, alors qu'il monte Ă  1 Ă  10 % du niveau prĂ©sent Ă  partir de −2,33 Ga[64]. On voit de mĂȘme dĂ©cliner Ă  cette Ă©poque dans les sables sĂ©dimentaires les dĂ©pĂŽts de minĂ©raux sensibles Ă  l'oxygĂšne comme l'uranite, la pyrite ou la sidĂ©rite[37].

Avec la montĂ©e de la teneur en oxygĂšne, le mĂ©thane reste initialement prĂ©sent, continuant Ă  jouer son rĂŽle dans l'effet de serre, mais l'oxygĂšne produit s'accumule Ă©galement dans la couche supĂ©rieure de l'ocĂ©an. Il en rĂ©sultera, Ă  −2,4 Ga, une crise Ă©cologique appelĂ©e la « Grande oxydation ». Le modĂšle ocĂ©anique de Canfield considĂšre cependant que l'eau des grands fonds marins est demeurĂ©e anoxique longtemps aprĂšs la Grande OxygĂ©nation.

Dans un premier temps, il oxyde les substances rĂ©duites pouvant ĂȘtre prĂ©sentes dans l'atmosphĂšre, les eaux de surface ou les sols altĂ©rĂ©s[65]. L'oxygĂšne a rĂ©agi avec les grandes surfaces oxydables prĂ©sentes Ă  la surface de la Terre (principalement, le fer).

Le niveau d'oxygĂšne semble avoir initialement atteint des teneurs Ă©levĂ©es lors de l'« Ă©vĂšnement Lomagundi », qui enregistre un excĂšs de 13C dans des dĂ©pĂŽts ĂągĂ©s de 2,2 Ă  2,3 Ga[28]. L'origine en est peut-ĂȘtre que l'oxygĂšne Ă©mis par les cyanobactĂ©ries permettait d'oxyder plus complĂštement des dĂ©pĂŽts de matiĂšre organique, libĂ©rant ainsi l'azote fixĂ© contenu. Cet apport d'azote a pu conduire en retour Ă  une prolifĂ©ration supplĂ©mentaire de cyanobactĂ©ries, faisant boule de neige[28]. Ce n'est qu'aprĂšs avoir Ă©puisĂ© ces ressources fossiles que l'azote est redevenu un facteur limitant, et que la biomasse de cyanobactĂ©ries a Ă©tĂ© lentement rĂ©duite, sous l'effet de la dĂ©nitrification progressive en milieu anaĂ©robie, et de l'oxydation directe de l'ammoniaque par l'oxygĂšne. Avec cet Ă©touffement des cyanobactĂ©ries, l'oxygĂšne n'a plus Ă©tĂ© produit en quantitĂ©s significatives, et s'est alors lentement Ă©liminĂ© avec l'oxydation de la surface terrestre et des gaz volcaniques, jusqu'Ă  un niveau permettant le rĂ©tablissement du fonctionnement de la nitrogĂ©nase, redonnant Ă  la nitrogĂ©nase son avantage sĂ©lectif.

L'oxygĂšne reste alors Ă  un niveau limitĂ©, de l'ordre de 2 Ă  10 % de la concentration actuelle[66]. La nitrogĂ©nase, qui catalyse la sĂ©quence complĂšte des rĂ©actions au cours desquelles la rĂ©duction de diazote N2 conduit Ă  la formation d'ammoniac NH3, est une protĂ©ine fer-soufre qui est irrĂ©versiblement oxydĂ©e et inactivĂ©e par le dioxygĂšne (O2)[66] - [56] - [28] De ce fait, le dĂ©bit d'oxygĂšne gĂ©nĂ©rĂ© par la photosynthĂšse est limitĂ© par la capacitĂ© des sols Ă  s'oxyder : si la biosphĂšre produit trop d'oxygĂšne, celui-ci dĂ©truit trop rapidement la nitrogĂ©nase, rĂ©duisant la biodisponibilitĂ© de l'azote et par lĂ , rĂ©duisant l'expansion de la biosphĂšre elle-mĂȘme.

−2,4 Ă  −2,1 Ga : grande glaciation

Vue d'artiste d'une Terre boule de neige.
La grande glaciation dure prĂšs d'une heure et finit vers 6 h 26.

Le mĂ©thane disparaĂźt progressivement de l'atmosphĂšre, le potentiel rĂ©ducteur de l'hydrogĂšne le faisant rĂ©agir avec l'oxygĂšne nouvellement formĂ© pour former du gaz carbonique et de l'eau. Mais le mĂ©thane est un gaz Ă  effet de serre beaucoup plus puissant que le gaz carbonique[26]. Cette substitution entraĂźne une forte diminution de la tempĂ©rature du globe, aggravĂ©e par le fait que le Soleil, toujours dans sa premiĂšre jeunesse, n'Ă©met encore que 85% de sa puissance actuelle[4]. S'ensuit un Ă©pisode de glaciation globale, la glaciation huronienne. Le pouvoir rĂ©flĂ©chissant de la terre, actuellement d’une valeur de 0,3 passe Ă  des valeurs bien plus Ă©levĂ©es, de 0,6 Ă  0,8, quand la planĂšte prend la forme d'une « terre boule de neige ». Cette montĂ©e de l'albĂ©do avec l'apparition des premiĂšres calottes glaciaires renforce encore la glaciation, qui finit par s'Ă©tendre durablement sur toute la planĂšte[21].

Sous l'effet de la glaciation globale, l'altération des roches par l'acide carbonique ne peut plus avoir lieu, et le cycle du carbone chimique se fige, cessant de consommer le gaz carbonique de l'atmosphÚre.

Les indicateurs montrent que la biosphĂšre a Ă©tĂ© pratiquement rĂ©duite Ă  nĂ©ant pendant cette pĂ©riode. L'analyse isotopique du fractionnement entre C12 et C13 reflĂšte l'activitĂ© de la biosphĂšre, parce que les vitesses de rĂ©action du mĂ©tabolisme cellulaire sont lĂ©gĂšrement diffĂ©rentes suivant l'isotope concernĂ©, entraĂźnant un fractionnement du carbone Ă  l'entrĂ©e dans la biosphĂšre. Or, pour ces pĂ©riodes, on n'observe plus ce fractionnement, le taux de C13 reste identique Ă  celui de la source volcanique, ce qui montre pour cette Ă©poque une quasi-disparition de la biosphĂšre[21]. On observe le mĂȘme phĂ©nomĂšne de fractionnement de soufre dans les dĂ©pĂŽts de sulfures[67].

Le méthane n'est plus produit par la biosphÚre, et le méthane résiduel de l'atmosphÚre continue à s'échapper, accentuant la glaciation.

Cependant, en amont, le gaz carbonique continue Ă  ĂȘtre produit en faibles quantitĂ©s par le volcanisme, et s'accumule trĂšs progressivement dans l'atmosphĂšre. AprĂšs 300 millions d'annĂ©es, au Rhyacien, l'effet de serre devient suffisant pour dĂ©clencher un rĂ©chauffement faisant fondre la glace. La perte d'albĂ©do qui en rĂ©sulte accĂ©lĂšre le processus, et la Terre passe assez brutalement d'une glaciation complĂšte Ă  un climat tropical gĂ©nĂ©ralisĂ©[4] Ă  l'Orosirien.

Thermostat continental

La fin d'une glaciation par l'effet de serre permet la reprise massive de l'Ă©rosion, qui absorbe le CO2 en excĂšs.

Au sortir de cette grande glaciation, le retrait des glaciers laisse exposés des continents dénudés et déclenche une érosion massive, qui dissout les silicates, absorbe le CO2 en excÚs, et le fait précipiter dans les océans sous forme de silicates. Cette élimination du CO2 atténue le fort effet de serre qui avait permis de sortir de la glaciation, et permet le retour à des températures plus modérées.

D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, sur le long terme, la teneur de l'atmosphĂšre en CO2, et de lĂ  la tempĂ©rature et le pH de l'ocĂ©an, sont contrĂŽlĂ©s par le cycle du carbone minĂ©ral, par un « thermostat » qui prendra de plus en plus d'importance avec la croissance des continents. La teneur de l'atmosphĂšre en gaz carbonique va ĂȘtre rĂ©gulĂ©e par la capacitĂ© des surfaces continentales Ă  consommer ce CO2, la teneur d'Ă©quilibre Ă©tant d'autant plus faible que la surface de croĂ»te continentale exposĂ©e est grande.

  • Si la teneur en CO2 augmente au-delĂ  de sa valeur d'Ă©quilibre, l'effet de serre augmente, faisant monter la tempĂ©rature moyenne du globe.
  • Sur la croĂ»te continentale, les tempĂ©ratures atmosphĂ©riques Ă©levĂ©es entraĂźnent une Ă©rosion accĂ©lĂ©rĂ©e des silicates, entraĂźnant la capture du CO2 en excĂšs[32] - [54].
  • D'autre part, dans l'ocĂ©an, un rĂ©chauffement de la planĂšte conduit Ă  des mers chaudes, oĂč les carbonates prĂ©cipitent, accĂ©lĂ©rant le cycle du carbone chimique[21].

Cette régulation est plus aléatoire que celle résultant de l'émission de méthane, parce que l'équilibre découlant du total des surfaces continentales dépend de la disposition géographique effective des différents cratons de croûte continentale :

  • Lorsque les cratons forment un supercontinent unique, l'Ă©rosion effective ne porte que sur la marge de celui-ci, et non sur le centre gĂ©nĂ©ralement dĂ©sertique. Les surfaces ainsi neutralisĂ©es ne peuvent pas participer Ă  l'Ă©rosion, conduisant gĂ©nĂ©ralement Ă  une hausse des tempĂ©ratures par rapport Ă  l'Ă©quilibre thĂ©orique.
  • Lorsqu'une partie de la croĂ»te continentale est couverte par des inlandsis sous l'effet de glaciation ou de latitude polaire, son oxydation est de facto neutralisĂ©e, diminuant localement l'effet de l'Ă©rosion. Cependant, la formation d'un inlandsis fait baisser le niveau de l'ocĂ©an, dĂ©couvrant par ailleurs plus de surface offertes Ă  l'Ă©rosion, s'il reste des Ă©lĂ©ments de croĂ»te continentale Ă  des latitudes clĂ©mentes. L'effet peut ĂȘtre positif ou nĂ©gatif suivant la gĂ©ographie effective du moment.
  • Lorsqu'un supercontinent se dĂ©sagrĂšge, les surfaces prĂ©cĂ©demment dĂ©sertiques contribuent Ă  nouveau Ă  la rĂ©gulation, ce qui conduit, toutes choses Ă©gales par ailleurs, Ă  une baisse des tempĂ©ratures. Cette baisse peut ĂȘtre d'autant plus attĂ©nuĂ©e que tout ou partie de la croĂ»te continentale migre vers des latitudes Ă©levĂ©es et se recouvrent alors d'inlandsis : la tempĂ©rature est alors rĂ©gulĂ©e par la formation de cet inlandsis : celui-ci bloque l'Ă©rosion, qui bloque la capture de CO2, limitant par lĂ  la perte d'effet de serre et la baisse de tempĂ©rature globale.

Niveau zéro des mers

Provinces géologiques du monde présent. Les plateaux continentaux sont actuellement trÚs réduits par rapport aux plaines continentales.

Un autre aspect de l'Ă©rosion est qu'elle tend Ă  ramener la croĂ»te continentale au niveau zĂ©ro de ce que marque l'ocĂ©an mondial : tout ce qui est en relief par rapport au niveau de la mer tend Ă  ĂȘtre Ă©rodĂ©, et les alluvions correspondantes se dĂ©posent en milieu marin, contribuant aux dĂ©pĂŽts sĂ©dimentaires.

Inversement, et en nĂ©gligeant les dĂ©pĂŽts sur la croĂ»te ocĂ©anique profonde, tout ce qui est en-dessous du niveau moyen de la mer tend Ă  ĂȘtre progressivement empĂątĂ© par des dĂ©pĂŽts sĂ©dimentaires, qui en font remonter l'altitude.

Globalement, un équilibre (et un non-changement des profils) n'est atteint que lorsque l'épaisseur de la croûte continentale est telle qu'elle compense globalement, par le volume occupé, la perte de surface subie par l'océan global, du fait de l'accumulation des cratons. L'équilibre global de l'époque, entre dépÎt et érosion, est atteint quand dans la croûte continentale, la partie émergée est (en gros) équivalente à la partie immergée, aux orogenÚses en cours prÚs.

Avec l'accumulation progressive des cratons sur des masses continentales de plus en plus importantes, on assistera donc en parallÚle, en moyenne, à un approfondissement progressif des océans. Par ailleurs, on assistera à un équilibre global entre la surface du plateau continental et celle de la croûte continentale exposée à l'érosion.

Cette logique perdure aux temps présents : actuellement nous sommes en fin de glaciation, le niveau des mers est en-dessous de son équilibre, et la remontée naturelle des eaux océaniques recouvrira de nombreuses surfaces considérées géologiquement comme des « plaines océaniques ».

−2,2 Ă  −1,6 Ga : premiers essais pluricellulaires et supercontinent Columbia

Columbia commence Ă  se former vers 6 h 11 et disparaĂźt vers 7 h 46.
Une des plus anciennes formes de vie multicellulaire.
DatĂ© de −2,02 Ga, le dĂŽme de Vredefort est le plus grand cratĂšre d'impact connu sur Terre. Il est situĂ© sur le territoire de la province de l'État-Libre, en Afrique du Sud.
Le bassin de Sudbury situĂ© sur le bouclier canadien a Ă©tĂ© formĂ© par l'impact d'une comĂšte il y a 1,849 Ga.

À −2,2 Ga, l'augmentation du ÎŽ13Corg dans les carbonates s'explique par une fossilisation de matiĂšre organique plus importante, notamment dans les stromatolites, des structures en carbonate de calcium probablement Ă©difiĂ©es par des cyanobactĂ©ries. L'activitĂ© photosynthĂ©tique a pour effet d'enrichir l'atmosphĂšre en dioxygĂšne.

Le groupe fossile de Franceville, datĂ© de −2,1 Ga, montre une vie multicellulaire complexe et organisĂ©e au dĂ©but de l'Orosirien[68]. Cette apparition est restĂ©e sans lendemain, en raison peut-ĂȘtre, des impacts de Vredefort (−2,02 Ga) et de Sudbury (1,849 Ga), et de la baisse ultĂ©rieure du taux d'oxygĂšne. De tous les cratĂšres d'impact identifiĂ©s, ces deux impacts sont en effet les plus importants, nettement supĂ©rieurs Ă  celui de Chicxulub dont on pense qu'il mit fin au rĂšgne des dinosaures. Des impacts de ce niveau Ă©jectent de la poussiĂšre et des cendres, provoquant un hiver d'impact durable, et la chute de la photosynthĂšse faute de luminositĂ©. Les formes de vie complexes sont dĂ©pendantes de la respiration aĂ©robie, et n'auront pas survĂ©cu Ă  ces catastrophes.

Columbia est l'un des premiers supercontinents, qui s'est formĂ© tout au long d'une pĂ©riode de collision et d'orogenĂšse Ă  grande Ă©chelle s'Ă©tendant de −2,2 Ă  1,8 Ga, pendant l'Ăšre palĂ©oprotĂ©rozoĂŻque. À partir de −1,8 Ga, les palĂ©osols s'enrichissent en fer. La pression partielle de dioxygĂšne est de l'ordre de 15 % de l'actuelle.

À la suite de son assemblage final, au StathĂ©rien, le continent a subi une croissance de longue durĂ©e (1,8 Ă  1,3 Ga) avec des zones de subduction au niveau des marges continentales principales[69], Ă  l'origine d'une large ceinture d'accrĂ©tion magmatique.

La fragmentation de Columbia a commencĂ© vers −1,6 Ga, au dĂ©but du Calymmien, et s'est prolongĂ©e jusqu'Ă  la disparition du continent, entre −1,3 et −1,2 Ga, Ă  la fin de l'Ectasien.

Reconstitution de Columbia (ou Nuna), il y a environ 1,6 milliard d'années.

Eucaryotes et reproduction sexuée

Transferts horizontaux de cellules procaryotes.
Quelques-uns des chemins par lesquels les diffĂ©rents endosymbiotes peuvent ĂȘtre apparus.

Les domaines de protĂ©ines spĂ©cifiquement associĂ©s aux eucaryotes sont datĂ©s de −1,5 Ga, sensiblement la date d'apparition des protĂ©ines spĂ©cifiques aux capsides des virus (−1,6 Ga)[70], ce qui suggĂšre un Ă©vĂšnement dĂ©clencheur commun dans l'Ă©cologie bactĂ©rienne.

Le microfossile le plus ancien indiscutablement eucaryote est datĂ© de −1,45 Ga[71].

Vers −1,2 Ga, la prĂ©sence d'eucaryotes, les algues rouges Bangiomorpha pubescens, est attestĂ©e par les micro-fossiles de la formation de Hunting, dans l'Ăźle de Somerset, au Canada. C'est le plus ancien organisme multicellulaire complexe connu, capable de reproduction sexuĂ©e[72]. La multicellularitĂ© complexe est diffĂ©rente de la multicellularitĂ© "simple", celle de colonies d'organismes vivant ensemble. Les vrais organismes multicellulaires prĂ©sentent des cellules spĂ©cialisĂ©es dans diffĂ©rentes fonctions. C'est une caractĂ©ristique essentielle de la reproduction sexuĂ©e, car les gamĂštes mĂąles et femelles sont elles-mĂȘmes des cellules spĂ©cialisĂ©es. Les organismes qui se reproduisent sexuellement doivent pouvoir engendrer un organisme entier Ă  partir d'une cellule germinale unique.

La structure des eucaryotes permet par exemple des mouvements d'évitement variés[73]

−1,1 Ă  −0,75 Ga : supercontinent Rodinia

Rodinia commence Ă  se former vers 9 h 6 et disparaĂźt vers 10 h 1.
Volvox aureus est considéré comme un organisme similaire aux premiÚres plantes pluricellulaires.

Le supercontinent Rodinia commence Ă  se former au dĂ©but du StĂ©nien, Ă  −1,1 Ga. Il y a 750 millions d'annĂ©es, vers la fin du Tonien, il se scinde en huit continents et leur dĂ©rive provoquera sa dislocation.

Les microfossiles du Tonien témoignent de la premiÚre radiation évolutive des Acritarches.

La rupture de ce continent serait Ă  l'origine de la pĂ©riode glaciaire du CryogĂ©nien et de la rapide Ă©volution de la vie Ă  l'Édiacarien et au Cambrien.

Les cratĂšres majeurs trĂšs anciens sont d'approche difficile sur Terre, parce que l'Ă©rosion et la tectonique des plaques brouillent et effacent les traces qu'ils ont pu laisser ; mais l'Ă©tude des cratĂšres lunaires et leur datation permet de reconstituer une pluie d'astĂ©roĂŻdes survenue sur le systĂšme Terre-Lune vers −0,8 Ga, ce qui sur terre marque l'entrĂ©e dans le CryogĂ©nien[74]. L'extrapolation sur la Terre du flux d'astĂ©roĂŻdes relevĂ© sur la Lune donnerait une sĂ©rie d'impacts apportant collectivement l'Ă©quivalent d'un astĂ©roĂŻde de 30 Ă  40 km de diamĂštre[74].

Outre la possibilitĂ© d'un hiver d'impact et une perturbation majeure de la composition et de la tempĂ©rature des ocĂ©ans, cet impact aurait pu avoir une influence significative sur le cycle du phosphore. La teneur en phosphore des dĂ©pĂŽts Ă  cette fin du Tonien est en effet quatre fois plus Ă©levĂ©e que celle des dĂ©pĂŽts prĂ©cĂ©dents ; et l'apport d'un tel volume sous forme de Chondrite CI, oĂč le phosphore est prĂ©sent Ă  un taux de l'ordre de 1‰, aurait entraĂźnĂ© un apport d'un ordre de grandeur supĂ©rieur au contenu actuel des ocĂ©ans[74].

−720 Ă  −635 Ma : Terre boule de neige

Des glaciations marquent la Terre de 10 h 6 jusqu'Ă  10 h 20.
Glaciations au Néoprotérozoïque
(millions d'années)
-800 —
–
-750 —
–
-700 —
–
-650 —
–
-600 —
–
-550 —
Estimation récente des périodes glaciaires du Protérozoïque[75].

À la fin du ProtĂ©rozoĂŻque, il y a 800 millions d'annĂ©es, le supercontinent Rodinia qui, Ă  l'Ă©poque, Ă©tait centrĂ© sur l'Ă©quateur et s'Ă©tendait du 60e degrĂ© de latitude nord au 60e degrĂ© de latitude sud, a commencĂ© Ă  se disloquer sous l'effet de points chauds. Cet Ă©vĂ©nement s'est accompagnĂ© de l'ouverture d'ocĂ©ans et de bras de mer qui ont permis aux pluies d'atteindre l'ensemble des masses continentales. Le CO2 atmosphĂ©rique, prĂ©sent dans les pluies sous forme d'acide carbonique, reprend son travail d'Ă©rosion, solubilisant les roches sous forme de bicarbonates, puis prĂ©cipitant dans l'ocĂ©an, piĂ©gĂ© dans les sĂ©diments sous forme de carbonates. D'autre part, les Ă©normes Ă©coulements de laves associĂ©s Ă  la fracture de Rodinia ont formĂ© de larges surfaces basaltiques Ă  la surface des continents. Or ces surfaces, altĂ©rĂ©es sous l'effet de l'humiditĂ©, consomment huit fois plus de carbone qu'une mĂȘme surface granitique.

Ces circonstances entraßnent une importante diminution du taux de dioxyde de carbone dans l'atmosphÚre, diminuant l'effet de serre du gaz carbonique, et entraßnant une chute des températures. Par ailleurs, le Soleil était plus jeune et diffusait 6 % de chaleur en moins.

En gĂ©nĂ©ral, quand la Terre se refroidit, le refroidissement ralentit ces rĂ©actions d'altĂ©ration. Mais au CryogĂ©nien, les continents Ă©taient Ă  des latitudes tropicales, ce qui a rendu moins efficace cette rĂ©gulation, l'Ă©rosion continuant Ă  des niveaux Ă©levĂ©s mĂȘme sur une Terre plus froide. Tous ces facteurs ont pu entraĂźner une pĂ©riode glaciaire particuliĂšrement intense ayant recouvert la surface terrestre de glaciers jusqu'aux latitudes 30°. Une fois ces limites atteintes, l'albĂ©do global est alors tel que cela met en place une boucle auto-amplificatrice qui permet de voir la totalitĂ© de la planĂšte se recouvrir de glace. Le dĂ©but de la glaciation est marquĂ© par une forte baisse de la valeur ÎŽ13Corg dans les sĂ©diments, ce qui peut ĂȘtre attribuĂ© Ă  la chute de la productivitĂ© biologique, en raison des tempĂ©ratures froides et des ocĂ©ans recouverts de glace.

Dans le scĂ©nario prĂ©cĂ©dent de la grande glaciation huronienne, le « thermostat », initialement assurĂ© essentiellement par le mĂ©thane, avait entiĂšrement disparu, et la glaciation avait durĂ© tant que l'accumulation du CO2 atmosphĂ©rique ne permettait pas d'atteindre un effet de serre suffisant. Ici, au contraire, le « thermostat » terrestre est dĂšs le dĂ©part assurĂ© par le gaz carbonique, dont le niveau initial part de celui permettant le dĂ©but de la glaciation. La reconstitution par les Ă©missions volcaniques du niveau de CO2 nĂ©cessaire pour sortir de la glaciation est donc plus rapide. À la fin d'une pĂ©riode de glaciation, la boucle de rĂ©troaction positive peut faire fondre la glace en trĂšs peu de temps Ă  l'Ă©chelle gĂ©ologique, peut-ĂȘtre moins de 1 000 ans. À la fin de la glaciation, la fonte des glaciers libĂšre d'importantes quantitĂ©s de dĂ©pĂŽts glaciaires. Les sĂ©diments rĂ©sultant fournis Ă  l'ocĂ©an seraient riches en Ă©lĂ©ments nutritifs, comme le phosphore, qui, associĂ© Ă  l'abondance de CO2, dĂ©clenchent une explosion dĂ©mographique de cyanobactĂ©ries, ce qui entraĂźnerait une rĂ©oxygĂ©nation accĂ©lĂ©rĂ©e de l'atmosphĂšre. Mais le rĂ©approvisionnement de l'oxygĂšne atmosphĂ©rique et l'Ă©puisement du CO2 en excĂšs peut prendre des dizaines ou des centaines de millĂ©naires.

Cette élimination du CO2 a pu conduire ensuite à de nouveaux épisodes glaciaires, tant que les surfaces basaltiques n'ont pas été suffisamment altérées. La fin du néoprotérozoïque est ainsi marquée de trois (ou quatre?) glaciations d'amplitude décroissante.

Une bouffĂ©e d'oxygĂ©nation a eu lieu entre −0,8 Ga et −0,65 Ga, l'oxygĂ©nation du NĂ©oprotĂ©rozoĂŻque (Neoproterozoic Oxyenation Event, NOE)[39]. Les ocĂ©ans cessent d'ĂȘtre anoxiques pour devenir riches en sulfates. Cette oxygĂ©nation peut avoir contribuĂ© Ă  l'apparition de la faune de l'Ediacaran, une concentration plus Ă©levĂ©e en oxygĂšne permettant Ă  de grandes formes de vie multicellulaires de se dĂ©velopper.

−600 Ă  −540 Ma : supercontinent Pannotia et faune de l'Édiacarien

Le supercontinent Pannotia dure de 10 h 24 Ă  10 h 34.
Pannotia (−0,6 Ga, centrĂ©e sur le pĂŽle sud).
Faune de l'Édiacarien.

La Pannotia ou Pannotie est un ancien supercontinent qui aurait existé à la fin du Précambrien, de -600 à -540 millions d'années (Ma) environ et au début du Cambrien. Ce supercontinent hypothétique s'intÚgre dans le modÚle des cycles de Wilson qui expliqueraient la périodicité des épisodes de formation des chaßnes de montagnes, les orogenÚses. Il s'est formé à la suite de plusieurs collisions, lors de l'orogenÚse panafricaine dont l'orogenÚse brésilienne en Amérique du Sud et l'orogenÚse cadomienne en Amérique du Nord et en Europe de l'Ouest sont une phase locale.

La faune marine de l'Édiacarien, vieille de 600 Ma, serait une preuve de l'existence de ce supercontinent. On a retrouvĂ© des fossiles de cette faune dans des rĂ©gions actuellement trĂšs Ă©loignĂ©es les unes des autres (Australie, Namibie, etc.). Ces animaux ne pouvaient pas parcourir de grandes distances, ils devaient vivre sur les marges continentales d'un seul continent.

Cette faune de l'Édiacarien est apparue de plus en plus Ă©nigmatique. Actuellement, le classement de ces espĂšces est sujet Ă  controverse. DĂ©terminer l'emplacement des organismes de l'Édiacarien dans l'arbre de la vie s'est rĂ©vĂ©lĂ© difficile ; il n'est pas certain qu'il s'agissait d'animaux et ils pourraient ĂȘtre des lichens, des algues, des foraminifĂšres, des champignons, des colonies microbiennes ou des intermĂ©diaires entre les plantes et les animaux. La morphologie de certains taxons suggĂšre un lien de parentĂ© avec les Ă©ponges, les ctĂ©nophores voire les cnidaires[76]. Si certains de ces fossiles, comme Kimberella, Bomakellia et Xenusion, ou mĂȘme certaines faunes de petits coquillages, peuvent ĂȘtre rattachĂ©s Ă  des formes de vie du Cambrien, beaucoup d'autres, par exemple en forme de goutte, de disque, de fronde ou de domino, n'ont pas de relations connues avec une faune postĂ©rieure. La plupart des macro-fossiles sont morphologiquement distincts des formes de vie ultĂ©rieures : ils ressemblent Ă  des disques, des tubes ou des sacs molletonnĂ©s. Du fait des difficultĂ©s pour Ă©tablir des relations entre ces organismes certains palĂ©ontologues ont suggĂ©rĂ© qu'ils pourraient reprĂ©senter une forme de vie Ă©teinte ne ressemblant Ă  aucun organisme vivant, une sorte d'« expĂ©rience manquĂ©e » de la vie multicellulaire[77]. Le palĂ©ontologue Adolf Seilacher a proposĂ© un nouveau rĂšgne appelĂ© « Vendozoa Â» pour regrouper ces organismes Ă©nigmatiques[78]. Plus rĂ©cemment beaucoup de ces animaux ont Ă©tĂ© regroupĂ©s dans les Petalonamae, un groupe prĂ©sentant des affinitĂ©s avec les ctĂ©nophores[79].

Les fragments issus de Pannotia forment plus tard la Pangée.

−565 Ma : cristallisation du noyau

Les enregistrements palĂ©omagnĂ©tiques de l'Édiacarien relevĂ©s Ă  Sept-Îles et datant de ~565 Ma dĂ©notent un champ magnĂ©tique terrestre extrĂȘmement faible, dispersĂ© en direction, et un taux d'inversion trĂšs Ă©levĂ©[80]. Ce comportement palĂ©omagnĂ©tique rappelle celui du Jurassique supĂ©rieur (~165 Ma), au cours duquel le champ gĂ©omagnĂ©tique a subi plus de deix inversions par million d'annĂ©es, mais ici le champ paraĂźt cinq fois plus faible en force que celui du Jurassique. Avec un champ aussi faible, la magnĂ©topause se serait stabilisĂ©e Ă  moins de 4,5 rayons terrestres, moins que la valeur observĂ©e pendant une tempĂȘte solaire sĂ©vĂšre[80].

Cette faiblesse du champ magnĂ©tique peut ĂȘtre rapprochĂ©e de la modĂ©lisation de la dynamo terrestre, pour laquelle le refroidissement progressif du cƓur de la planĂšte conduit Ă  une quasi-disparition du champ rĂ©sultant, avant que le noyau ne cristallise[80]. Si tel est le cas, la nuclĂ©ation du noyau interne a peut-ĂȘtre eu lieu juste Ă  temps pour recharger la dynamo et restaurer le bouclier magnĂ©tique de la Terre[81], donnant la protection nĂ©cessaire Ă  l'explosion cambrienne.

PhanĂ©rozoĂŻque (depuis −541 Ma)

−541 Ma : explosion cambrienne

Vers dix heures et demie apparaissent les premiers pluricellulaires.

Il y a 550 millions d’annĂ©es a eu lieu l’explosion cambrienne. Les premiers poissons pourvus d’arĂȘtes sont apparus ; ils sont les ancĂȘtres de tous les vertĂ©brĂ©s actuels.

GrĂące Ă  l’oxygĂšne, la couche d'ozone se forme ; elle protĂšge les ĂȘtres vivants des radiations, permettant Ă  ceux-ci de s’aventurer sur la terre ferme : l'extinction de l'Ordovicien-Silurien et celle du DĂ©vonien, marquĂ©es par d'importantes crises biologiques qui appauvrissent la vie jusque-lĂ  exclusivement marine favorisent la conquĂȘte des terres Ă©mergĂ©es par les plantes chlorophylliennes et plusieurs grands groupes animaux, essentiellement les arthropodes et les vertĂ©brĂ©s. Ce processus d'adaptation est appelĂ© la sortie des eaux.

C'est lors de l'Ordovicien supérieur que les plantes non vasculaires s'installent et se développent sur la terre ferme[82]. Cette modification majeure de la biosphÚre aurait accéléré le processus d'altération des silicates sur les continents. Ce processus, en fixant de trÚs grandes quantités de dioxyde de carbone, aurait conduit à la baisse des températures de la Terre et au développement des calottes polaires[82].

−445 Ma : extinction Ordovicien-Silurien

L'extinction Ordovicien-Silurien a lieu vers 10 h 49.

L'Ordovicien est corrĂ©lĂ© Ă  une explosion d'activitĂ© volcanique, qui a dĂ©posĂ© de nouvelles roches silicatĂ©es, lesquelles extraient du CO2 de l'air Ă  mesure qu'elles s'Ă©rodent. Il en rĂ©sultĂ© une baisse du dioxyde de carbone atmosphĂ©rique (de 7 000 Ă  4 400 ppm).

L'apparition et le dĂ©veloppement des plantes terrestres et du microphytoplancton, qui consommaient du dioxyde de carbone atmosphĂ©rique, a diminuĂ© l'effet de serre et favorisĂ© la transition du systĂšme climatique vers le mode glaciaire. L'Ă©tude d'anciens sĂ©diments marins datant d'environ 444 Ma (fin de l'Ordovicien) montre une grande abondance de dĂ©rivĂ©s de la chlorophylle, dont la composition isotopique de l'azote coĂŻncide avec celle des algues modernes. En quelques millions d'annĂ©es seulement les quantitĂ©s d'algues mortes sĂ©dimentĂ©es ont plus que quintuplĂ©. Ces algues auraient prospĂ©rĂ© aux dĂ©pens des autres espĂšces et notamment des cyanobactĂ©ries. Au moins deux fois plus grandes que ces derniĂšres, les algues mortes se seraient rapidement accumulĂ©es au fond des ocĂ©ans au lieu de voir leur carbone recyclĂ©, entraĂźnant Ă  la fois une rarĂ©faction des organismes marins (et Ă  cette Ă©poque la vie Ă©tait essentiellement limitĂ©e au milieu marin) et une grande glaciation (par diminution de l'effet de serre)[83] - [84].

Le Gondwana était alors situé sur le pÎle sud, ce qui a entraßné une glaciation continentale rapide, la glaciation de l'Ordovicien supérieur. La baisse résultante de niveau dans l'océan mondial a fait émerger les plateaux continentaux et les bassins peu profond faisant disparaßtre la principale niche du biotope ordovicien, et plaçant toute la biosphÚre en situation de stress.

De mĂȘme que pour d'autres Ă©pisodes d'extinction de masse, cette situation de crise a rencontrĂ© des facteurs dĂ©clenchant, sous forme d'une grande phase de volcanisme ou d'impact d'astĂ©roĂŻde, obscurcissant l'atmosphĂšre et conduisant Ă  un hiver d'impact. La rĂ©duction de la photosynthĂšse supprime la production primaire et dĂ©truit les chaĂźnes alimentaires qui en dĂ©pendent.

L'extinction de l'Ordovicien-Silurien aboutit à la disparition de 27 % des familles et de 57 % des genres d'animaux marins[85]. Elle est considérée comme la seconde plus importante des cinq grandes extinctions massives du Phanérozoïque aprÚs celle du Permien-Trias qui interviendra environ 200 millions d'années plus tard.

Le taux de disparition de familles d'animaux marins dans la partie supérieure de l'Ordovicien, sur environ 20 millions d'années est le plus élevé jamais enregistré au cours de l'histoire de la Terre, il est de l'ordre de 20 familles par million d'années[86].

−440 Ma : sortie de l'eau et seconde oxygĂ©nation

Arbre phylogénétique des plantes, montrant les principaux clades et les groupes traditionnels.

À partir de −440 Ma, au Silurien, les algues sortent de l'eau, et ces formes primitives de plantes multicellulaires envahissent les terres et commencent Ă  y laisser des dĂ©pĂŽts organiques. Quelques rares arthropodes migrent vers la terre, et inaugurent des classes d'arthropodes terrestres : arachnides (−435 Ma), myriapodes (−428 Ma).

Les plantes vasculaires sortent de l'eau Ă  leur tour vers −420 Ma, au dĂ©but du DĂ©vonien. Contrairement aux algues, les plantes vasculaires ont un systĂšme de racines avec lesquelles elles puisent des nutriments dans la lithosphĂšre. Les sols rĂ©sultent de la transformation de la couche superficielle de la roche-mĂšre, dĂ©gradĂ©e et enrichie en apports organiques par les processus vivants de pĂ©dogenĂšse, constituant progressivement la pĂ©dosphĂšre. Les premiers hexapodes apparaissent sur terre vers −395 Ma, et maĂźtrisent le vol vers −380 Ma.

L'apparition des végétaux terrestres rend caduque la régulation par la nitrogénase de la teneur en oxygÚne, parce que la production aérienne d'oxygÚne par ces plantes devient indépendante de la fixation de l'azote dans les sols et les environnements aquatiques[28]. Il en résulte une montée progressive de la teneur atmosphérique en oxygÚne, entraßnant une nouvelle crise dans la biosphÚre.

En rĂ©ponse au taux plus Ă©levĂ© d'oxygĂšne, les cyanobactĂ©ries qui vivent en colonies cohĂ©rentes (en trichomes formant des films, amas ou filaments) fixent l'azote de l'air via des cellules spĂ©cialisĂ©es dites hĂ©tĂ©rocystes qui fonctionnent indĂ©pendamment des autres cellules, en anaĂ©robiose[28]. Certaines font preuve d'une trĂšs bonne rĂ©sistance au froid, au chaud et aux rayonnements ionisants ou ultraviolets ce qui leur permet notamment de vivre en zone polaire[87]. Quand les nitrates ou l'ammoniac manquent, une partie des cellules de ces cyanobactĂ©ries (10 % environ) Ă©paississent leurs parois, excrĂštent leur pigments et synthĂ©tisent une enzyme (nitrogĂ©nase) qui fixe l'azote (stockĂ© sous forme de glutamine qui peut ĂȘtre utilisĂ©e par d'autres cellules vivant elles en aĂ©robie).

Des variations rĂ©pĂ©tĂ©es et significatives du niveau de la mer et du climat, ainsi que l'apparition d'un couvert vĂ©gĂ©tal important sur les continents, pourraient ĂȘtre Ă  l'origine de phĂ©nomĂšnes d'anoxie des ocĂ©ans et de crises biologiques majeures, conduisant Ă  l'extinction du DĂ©vonien. Les causes de ces changements sont encore dĂ©battues.

RĂ©gulation du niveau d'oxygĂšne

L'évolution des plantes terrestres au début du Dévonien entraßna une élévation à long terme du niveau d'oxygÚne par photosynthÚse, construisant des hydrates de carbone génériquement représentés par C(H2O) :

CO2 + H2O + hÎœ → C(H2O) + O2 ↑

Mais par elle-mĂȘme, la photosynthĂšse ne permet pas Ă  l'oxygĂšne de s'accumuler tant que la matiĂšre organique reste exposĂ©e Ă  l'oxydation chimique ou Ă  la respiration cellulaire, qui consomment cet oxygĂšne et restituent le gaz carbonique :

C(H2O) + O2 → CO2 ↑ + H2O + Ă©nergie

L'oxygÚne ne peut s'accumuler dans l'atmosphÚre que si de la matiÚre organique disparaßt dans la sédimentation, capturée dans la lithosphÚre.

Cet enfouissement conduit à une régulation à long terme de la teneur atmosphérique en oxygÚne, via la fraction de matiÚre organique produite qui reste piégée dans les sédiments. Cette fraction est actuellement trÚs faible (de l'ordre de 0.1%) du fait de l'efficacité de la décomposition aérobique[88] ; cette sédimentation compensant globalement l'oxydation des roches nouvellement exposées, ce qui interdit une accumulation supplémentaire d'oxygÚne. Une chute dans la teneur atmosphérique diminuerait l'efficacité de la décomposition, permettant une plus grande sédimentation des matiÚres organiques. En particulier, si les fonds océaniques tendent à devenir anoxiques, il ne peuvent plus permettre la décomposition des particules organiques en provenance de la surface.

−359 Ă  −299 Ma : CarbonifĂšre

Le CarbonifÚre débute vers 11 h 3.
Reconstruction de La flore houillùre du bassin de Saint-Étienne.

Le CarbonifĂšre est une pĂ©riode d’orogenĂšse active: la PangĂ©e est en cours de formation. AprĂšs le refroidissement amorcĂ© durant le DĂ©vonien, la tempĂ©rature reste tiĂšde, malgrĂ© un taux de CO2 estimĂ© Ă  0,9 % (soit trente fois celui du XIXe siĂšcle) et stable durant la premiĂšre partie du CarbonifĂšre, pendant la seconde partie du CarbonifĂšre le climat se refroidit Ă  nouveau.

Cette période est caractérisée par les premiers grands arbres. Le fort taux de CO2 de l'atmosphÚre a certainement favorisé la croissance de la végétation. Les larges dépÎts de charbon sont dus à deux facteurs :

  • l’apparition d’arbres Ă  Ă©corces et en particulier ceux Ă  Ă©corces ligneuses ;
  • le niveau des mers, peu Ă©levĂ©, comparĂ© Ă  celui du DĂ©vonien, qui a permis l’extension de vastes marĂ©cages.

On a Ă©mis l’hypothĂšse que l’enfouissement de grandes quantitĂ©s de bois est dĂ» au fait que les bactĂ©ries n’étaient pas encore assez Ă©voluĂ©es pour ĂȘtre capables de digĂ©rer et de dĂ©composer les nouveaux ligneux. La lignine est en effet difficile Ă  dĂ©composer. Elle n’est pas soluble, et peut rester dans le sol pendant des centaines d’annĂ©es et inhiber la dĂ©composition d’autres substances vĂ©gĂ©tales[89].

L’enfouissement massif de carbone a pu conduire Ă  un surplus d’oxygĂšne dans l’air allant jusqu’à 35 %[90] mais des modĂšles rĂ©visĂ©s considĂšrent ce chiffre comme irrĂ©aliste et estiment que le pourcentage d’oxygĂšne dans l’air devait se situer entre 15 et 25 %[91]. Des taux Ă©levĂ©s d’oxygĂšne sont une des causes avancĂ©es au gigantisme de certains insectes et amphibiens dont la taille est corrĂ©lĂ©e Ă  leur capacitĂ© Ă  absorber de l’oxygĂšne. De grandes fougĂšres arborescentes, atteignant 20 mĂštres de hauteur, accompagnĂ©es de lycopodes de 30 Ă  40 mĂštres, dominaient les forĂȘts du CarbonifĂšre qui prospĂ©raient dans des marais de type Ă©quatorial, des Appalaches Ă  la Pologne, puis, plus tard, sur les pentes des monts de l’Oural.

Le charbon a arrĂȘtĂ© de se former il y a prĂšs de 290 millions d’annĂ©es (fin du CarbonifĂšre). Selon une Ă©tude ayant comparĂ© l’horloge molĂ©culaire et le gĂ©nome de 31 espĂšces de basidiomycĂštes (agaricomycetes : « pourriture blanche », groupe qui contient aussi des champignons ne dĂ©gradant pas la lignine — pourriture brune — et des espĂšces ectomycorrhiziennes), cet arrĂȘt de formation du charbon semble pouvoir ĂȘtre expliquĂ© par l'apparition de nouvelles espĂšces de champignons lignivores (dits aussi xylophages) capables de dĂ©grader la totalitĂ© de la lignine grĂące Ă  des enzymes (les lignine peroxydases)[92] - [93].

La haute teneur en oxygĂšne et la haute pression atmosphĂ©rique permirent des mĂ©tabolismes plus Ă©nergĂ©tiques qui favorisĂšrent l’émergence des grands vertĂ©brĂ©s terrestres et de trĂšs grands insectes volants.

−360 Ă  −260 Ma : glaciation du Karoo

Extension de la glaciation du Karoo, en bleu, sur le supercontinent Gondwana durant le CarbonifĂšre et le Permien.

DÚs le début de cette Úre carbonifÚre, l'assemblage des plaques tectoniques de la Laurussia et du proto-Gondwana, formant la Pangée, généra une importante masse continentale dans la région Antarctique ; la fermeture de l'océan Rhéique et de l'océan Iapétus perturba la circulation des courants chauds dans la Panthalassa et l'océan Thétys, ce qui entraßna un refroidissement progressif des étés ainsi que des accumulations de neige en hiver, ce qui fit croßtre la taille des glaciers qui couvrirent la majeure partie du Gondwana. De plus, avec la capture du carbone, le taux global de dioxyde de carbone se réduit. Le CarbonifÚre est marqué par une tendance au refroidissement et à la formation d'inlandsis sur les continents polaires. Au moins deux épisodes majeures de glaciation ont été identifiés.

La chute de tempĂ©rature limita la pousse des plantes, et le niveau Ă©levĂ© d'oxygĂšne favorisa les incendies ; mĂȘme humides, les plantes pouvaient brĂ»ler. Ces deux phĂ©nomĂšnes contribuĂšrent Ă  relĂącher du dioxyde de carbone dans l'atmosphĂšre, freinant l'effet « Terre boule de neige » et gĂ©nĂ©rant un rĂ©chauffement par effet de serre.

−300 Ă  −250 Ma : PangĂ©e

Le CarbonifÚre se termine vers 11 h 12 tandis que se forme la Pangée.

La Pangée, qui apparaßt au début du Permien, est formée à la fin du CarbonifÚre de la collision de la Laurussia et du Protogondwana. Toutes les masses de terre, à l'exception d'une portion de l'Asie du Sud-Est, se sont agglomérées en un seul supercontinent, qui s'étendait de l'équateur aux pÎles, entouré par un océan nommé Panthalassa (la « mer universelle »).

Le niveau moyen de la mer est resté assez bas durant le Permien.

La formation du supercontinent Pangée a eu des conséquences importantes sur la vie : la longueur des cÎtes, et donc la superficie des eaux cÎtiÚres qui abritent la majorité des espÚces marines, ont été considérablement réduites. La réunion de tous les continents en un seul supercontinent fait disparaßtre les plateaux continentaux, abritant un grand nombre d'espÚces, aux niveaux de la collision formant la chaine hercynienne ; puis, le passage de plusieurs continents à un seul, s'il peut conserver la surface totale de terres émergées, diminue nettement la longueur totale des cÎtes. Les zones cÎtiÚres, soumises à un climat océanique, sont donc alors plus restreintes. Enfin, sur terre, l'éloignement des terres de la Pangée centrale (Amérique du Nord, Amérique du Sud et Afrique) par rapport à la mer a conduit à une forte baisse des précipitations dans ces régions et, donc, à l'expansion de gigantesques déserts.

La PangĂ©e commence Ă  se fracturer dĂšs la fin du Permien (−252 Ma) mais de maniĂšre vĂ©ritablement intense uniquement Ă  la fin du Trias (~200 millions d'annĂ©es), par des systĂšmes de rifts sĂ©parant l'AmĂ©rique du Nord et l'Afrique. Au Trias, il s'est morcelĂ© en Laurasia au nord et Gondwana au sud.

−252 Ma : extinction Permien-Trias (Grande Extinction)

L'Ăšre primaire se termine par l'extinction Permien-Trias Ă  onze heures vingt.

Une intense activitĂ© volcanique continentale (trapps d'Emeishan en Chine, Ă  environ −258 Ma) ; et une activitĂ© trĂšs importante des dorsales ocĂ©aniques de l'ocĂ©an TĂ©thys produisant un volume considĂ©rable de laves basaltiques, Ă  l'origine d'une transgression affectant les cĂŽtes de la PangĂ©e, sur une dizaine de millions d'annĂ©es.

L'événement catastrophique est vraisemblablement l'éruption d'un supervolcan en Sibérie[94] - [95] (provoquée par l'arrivée à la surface de la Terre d'un point chaud et dont les trapps de Sibérie sont la trace), qui aurait libéré dans l'atmosphÚre des quantités phénoménales de gaz sulfureux, et accompagnée d'une forte acidification des océans[96].

D'autres hypothÚses envisagent un ou plusieurs impacts de météorites ou la soudaine libération de CO2 et d'hydrates de méthane à partir des océans, ayant comme conséquence une baisse importante de la teneur de l'atmosphÚre en O2. Le cratÚre d'impact Bedout, au large de la cÎte nord-ouest de l'Australie, date de cette époque. C'est le troisiÚme plus grand cratÚre d'impact sur Terre. Certains scientifiques estiment qu'il pourrait s'agir de l'impact d'une météorite géante qui aurait provoqué cette extinction.

Cette extinction est marquée par la disparition de 95 % des espÚces marines (essentiellement des espÚces littorales tels les coraux, brachiopodes, échinodermes, etc.) et de 70 % des espÚces vivant sur les continents (notamment par la diminution de nombreux groupes de végétaux et d'animaux, y compris des insectes), ce qui en fait la plus grande extinction massive ayant affecté la biosphÚre. En conséquence, retrouver un niveau de biodiversité équivalent a pris beaucoup plus de temps que pour les autres extinctions massives[97]. Cet événement a été décrit par le paléobiologiste Douglas Erwin (en) comme « la mÚre de toutes les extinctions de masse »[98].

−201 Ma : extinction Trias-Jurassique

L'Ăšre secondaire s'achĂšve sur l'extinction Trias-Jurassique Ă  onze heures et demie.

−66 Ma : extinction du CrĂ©tacĂ©

L'Úre tertiaire se termine sur l'extinction Crétacé-PaléogÚne à midi moins dix.

Un autre candidat potentiel serait le cratĂšre Shiva, datant de la mĂȘme Ă©poque, un peu antĂ©rieur Ă  la formation des trapps du Deccan.

La Terre, qui est progressivement ralentie par l'effet de marée induit par la Lune, tournait plus vite à cette époque, et une année comprenait alors 372 jours[99].

−2,58 Ma : glaciations quaternaires

La fin de l'Úre tertiaire est marquée par les glaciations quaternaires 35 secondes avant midi.

D'aprÚs l'analyse de l'ADN, en particulier l'horloge moléculaire, la branche qui a conduit à l'Homme diverge de celle des primates supérieurs il y a environ 7 millions d'années[100].

Lucy, fossile de l'espÚce Australopithecus afarensis date d'environ 3,2 millions d'années.

Homo habilis, hominidé moderne, émerge en Afrique orientale il y a environ 2 millions d'années.

L’Homo sapiens moderne apparaĂźt en Afrique il y a quelque 300 000 ans.

−0,6 Ma : fin de Homo erectus

La noosphĂšre apparaĂźt six secondes avant midi.
Quatre milliards et demi d'années aprÚs la formation de la planÚte, une des formes de vie de la Terre quitte la biosphÚre. Pour la premiÚre fois dans l'Histoire, la Terre est observée directement depuis l'espace.

Il y a 0,079 Ma, un mĂ©tĂ©ore percute le sud-Laos[101].

À partir de −10 000 ans environ, les hommes se regroupent en sociĂ©tĂ©s organisĂ©es. C'est Ă©galement Ă  ce moment que l'agriculture et l'Ă©levage naissent, notamment en Europe et au Proche-Orient. Les premiĂšres citĂ©s apparaissent dans le Croissant fertile (exemple : Babylone) vers 5000 avant J.C.), puis l'Ă©criture rĂ©volutionne l’HumanitĂ© vers -3000 et donne naissance aux premiers royaumes (Égypte ancienne
) : c'est le dĂ©but de l'AntiquitĂ©.

Puis les civilisations modernes se dĂ©veloppent en MĂ©diterranĂ©e et au Proche-Orient avec les citĂ©s grecques puis plus tard avec l'empire romain qui durera jusqu'en 476. Les premiers liens entre les civilisations mĂ©diterranĂ©ennes et les civilisations d'extrĂȘme Orient durant l'AntiquitĂ© se firent notamment grĂące aux conquĂȘtes d'Alexandre le Grand vers -330 et permirent de faire rayonner la culture grecque jusqu'en Iran actuel. Plus tard, c'est Marco Polo puis les grands explorateurs maritimes (Christophe Colomb, Magellan, Vasco de Gama
) qui permirent la dĂ©couverte (europĂ©enne) de l'Asie, des cĂŽtes Africaines puis de l'AmĂ©rique enclenchant le dĂ©but de l'Ă©poque moderne Ă  partir du XVe siĂšcle.

Notes et références

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Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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