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Primates

Les primates (Primates Linnaeus, 1758) – du latin primas, -atis, signifiant « celui qui occupe la premiĂšre place » – constituent un ordre se situant au sein des mammifĂšres placentaires. Ce clade regroupe les petits singes et les grands anthropoĂŻdes, ainsi que les espĂšces de strepsirrhiniens comme les lĂ©muriens. Selon la classification phylogĂ©nĂ©tique actuelle, ils sont regroupĂ©s dans le clade intermĂ©diaire des Euarchontoglires avec les lapins, Tupaiidae ou Dermoptera.

On divise aujourd'hui les primates en deux clades : celui des strepsirrhiniens, auquel appartiennent les lĂ©murs, et celui des haplorrhiniens, auquel appartiennent les tarsiiformes et les simiiformes, qui comprennent, entre autres, les hominidĂ©s[1] - [2] dont fait partie l'ĂȘtre humain.

Les premiers primates vivaient dans les arbres des forĂȘts tropicales[3], et ils possĂšdent encore de nombreuses adaptations Ă  la vie dans cet environnement tridimensionnel. Presque tous sont au moins encore en partie arboricoles.

À l'exception des humains modernes, qui habitent tous les continents, la plupart des primates vivent dans des rĂ©gions tropicales ou subtropicales d'AmĂ©rique, d'Afrique et d'Asie[4]. Leur poids varie de 30 g pour le MicrocĂšbe de Mme Berthe Ă  200 kg pour le gorille des montagnes. Selon les dĂ©couvertes de fossiles, les ancĂȘtres primitifs des primates peuvent ĂȘtre apparus Ă  la fin du CrĂ©tacĂ© il y a environ 66 millions d'annĂ©es, le plus ancien primate connu Ă©tant Teilhardina Ă  la fin du PalĂ©ocĂšne, vers 55 Ă  58 millions d'annĂ©es[5]. Les Ă©tudes d'horloge molĂ©culaire suggĂšrent que les primates sont peut-ĂȘtre encore plus anciens, Ă©tant apparus au milieu du CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur il y a environ 85 millions d'annĂ©es[5].

Considérés comme des mammifÚres généralistes, les primates présentent un large éventail de caractéristiques. Certains primates (notamment certains grands singes et les babouins) sont plus terrestres qu'arboricoles, mais toutes les espÚces possÚdent des adaptations pour grimper aux arbres. Les techniques de déplacement utilisées comprennent le saut d'arbre en arbre, la marche sur deux ou quatre membres, la locomotion sur les articulations et le balancement entre les branches des arbres (connu sous le nom de brachiation). Les primates sont caractérisés par un grand cerveau par rapport à d'autres mammifÚres, ainsi qu'un recours accru à la vision stéréoscopique, au détriment de l'odorat, le systÚme sensoriel dominant chez la plupart des mammifÚres. Ces caractéristiques sont plus développées chez les vrais singes et nettement moins chez les loris et les lémuriens. La vision trichromatique s'est développée chez certains primates. La plupart ont aussi des pouces opposables et certains ont des queues préhensiles. De nombreuses espÚces présentent un dimorphisme sexuel, ce qui signifie que mùles et femelles diffÚrent par des traits physiques, comme la masse corporelle, la taille des canines et la coloration. Les primates ont une vitesse de croissance plus lente que les autres mammifÚres de taille similaire et atteignent la maturité plus tard mais ont une durée de vie plus longue. Selon les espÚces, les adultes peuvent vivre seuls, en couples ou dans des groupes allant jusqu'à des centaines de membres.

Les primates non-humains accusent un dĂ©clin trĂšs important au cours du XXIe siĂšcle en raison des activitĂ©s humaines et notamment du rĂ©chauffement climatique. Selon une vaste Ă©tude de 2017, 60 % des espĂšces de primates non-humains sont en danger d’extinction d'ici 2040 Ă  2070[6].

Dans leur livre Classification phylogĂ©nĂ©tique du vivant (tome 2) de 2017, Lecointre et Le Guyader dĂ©nombrent 414 espĂšces[7].

Étymologie et adoption du terme

Le nom primate (du latin primas, atis, « premier » car c'est le nom donnĂ© par LinnĂ© Ă  son premier ordre de la classe des mammifĂšre qui intĂšgre les humains considĂ©rĂ©s Ă  son Ă©poque comme le sommet de l'Ă©chelle des ĂȘtres selon l'ordre divin) apparaĂźt en 1758 dans la dixiĂšme Ă©dition (en) du Systema Naturae de LinnĂ©, vaste ouvrage qui s'efforce de classer l'ensemble des espĂšces vivantes selon leurs proximitĂ©s anatomiques. Dans les Ă©ditions prĂ©cĂ©dentes de son Ɠuvre, LinnĂ© nommait ce nouvel ordre « Anthropomorpha », pour souligner qu'il s'agissait d'animaux dont le comportement et la morphologie ressemblaient Ă  ceux de l'humain (anthropomorphisme). LinnĂ© divise le groupe des primates en quatre genres : Homo (les humains), Simia (les singes), Lemur, et Vespertilio (les chauves-souris)[8].

En 1779, l'anthropologue allemand Johann Friedrich Blumenbach, dans sa premiÚre édition Handbuch der Naturgeschichte (« Manuel d'histoire naturelle »), est le premier à faire des chauve-souris un ordre distinct, les chiroptÚres. De plus, il y fait des humains un ordre à part, les bimanes qu'il oppose à celui des quadrumanes (singes et lémuriens). Cet ostracisme anthropocentrique permet ainsi de distinguer l'humain, singularité biologique culturellement essentielle pour les philosophes Rousseau et Diderot ou les naturalistes Cuvier ou Daubenton[9].

Cette division de Blumenbach est acceptée par la majorité des zoologistes jusqu'aux travaux de Thomas Henry Huxley et Charles Darwin des années 1860 qui proposent de replacer l'humain dans le groupe des primates. La classification linnéenne des primates est ainsi adoptée et complétée à la fin du XIXe siÚcle, à la différence prÚs que les chauves-souris n'en font plus partie[10].

Caractéristiques

Formule dentaire
mùchoire supérieure
3 4 1 2 2 1 4 3
3 4 1 2 2 1 4 3
mùchoire inférieure
Total : 40
Denture des premiers primates[note 1]
(diversifiée depuis).
L'hominisation se caractérise par la régression du prognathisme et une augmentation de la masse cérébrale.
Les lémuriens diffÚrent des singes notamment par leur museau allongé et la position de leurs yeux qui sont latéraux.

Les primates sont généralement caractérisés par :

  • une vie arboricole ;
  • le museau rĂ©duit et la formation d'une face rĂ©duite mais prognathe. La tendance Ă©volutive vers la disparition du museau et la rĂ©gression du prognathisme facial est liĂ©e Ă  la rĂ©duction de l'appareil olfactif au profit du systĂšme tactile et visuel (adaptation Ă  la vie arboricole diurne grĂące Ă  des mains et pieds prĂ©hensiles et le dĂ©veloppement d'aires visuelles assurant une vision binoculaire stĂ©rĂ©oscopique et une meilleure coordination dans l'obscuritĂ© de la forĂȘt[11]), Ă  l'Ă©volution de l'appareil masticatoire (rĂ©gression des canines et Ă©paississement de l'Ă©mail avec un rĂ©gime alimentaire non plus exclusivement insectivore mais de plus en plus omnivore : fruits, jeunes pousses, noix, insectes prĂ©sentant une taille et une consistance trĂšs variĂ©es, etc.)[12]. Cette convergence oculaire a pour consĂ©quence une perte en ampleur du champ visuel complet, les primates ayant plus de peine Ă  dĂ©tecter un prĂ©dateur qui arrive par derriĂšre. Ce risque de prĂ©dation, associĂ© Ă  d'autres facteurs Ă©cologiques (rĂ©gime alimentaire, dispersion des sources de nourriture) semblent ĂȘtre des pressions sĂ©lectives dĂ©terminantes Ă  l'origine de la formation de groupes sociaux chez les primates (comportement de vigilance et dĂ©fense active avec des cris d'alarme)[13] ;
  • une seule paire de mamelles se dĂ©veloppant Ă  une seule extrĂ©mitĂ© de la crĂȘte mammaire, dans la rĂ©gion pectorale. La rĂ©duction du nombre de paires chez les mammifĂšres correspond Ă  un nombre plus faible de petits de la portĂ©e[14]. Dans les espĂšces Ă  mamelles nombreuses, on trouve les glandes mammaires rĂ©parties dans trois rĂ©gions (pectorale, abdominale et inguinale)[15] ;
  • le remplacement des griffes par des ongles plats (onguiculĂ©s chez la plupart des espĂšces, Ă  l'exception des Callitrichinae), l'aptitude Ă  la prĂ©hension par l'utilisation de la queue (sa rĂ©duction affecte un certain nombre de genres) ou des mains/pattes (grĂące au pouce opposable : pouce de la main, dit pollex, toujours opposable ; pouce du pied, dit hallux, Ă  pseudo-opposabilitĂ© Ă  l'exception des humains) : chez certains, les os du radius et du cubitus sont trĂšs mobiles l'un par rapport Ă  l'autre, permettant des mouvements sophistiquĂ©s (supination et pronation) de la main ;
  • un pĂ©nis pendulaire et des testicules protĂ©gĂ©s par un scrotum ;
  • des membres antĂ©rieurs et postĂ©rieurs pentadactyles qui ont gardĂ© le schĂ©ma tĂ©trapode des membres chiridiens et qui ont des coussinets tactiles ridĂ©s sous les doigts (dermatoglyphes). Le membre antĂ©rieur est mobile grĂące Ă  la clavicule ;
  • la colonne vertĂ©brale qui comprend de 26 Ă  33 Ă©lĂ©ments ;
  • une denture de type diphyodonte et hĂ©tĂ©rodonte, avec des molaires multituberculĂ©es, issue de la perte d'une incisive et d'une prĂ©molaire par rapport Ă  la denture mammalienne primitive ;
  • une vulve dissociant l'urĂštre et le vagin, complĂštement sĂ©parĂ©s, ainsi qu'un utĂ©rus ne possĂ©dant qu'une corne, qu'un corps et un col mais toujours avec deux trompes : utĂ©rus simplex ;
  • une prĂ©dominance de la vision sur l'olfaction : les orbites oculaires orientĂ©es vers l'avant (frontalisation des orbites avec barre[note 2] et cloison post-orbitaire) caractĂ©risent une vision binoculaire stĂ©rĂ©oscopique, et le dĂ©veloppement du lobe occipital du cerveau montre la prĂ©dominance de la vue sur les autres sens ;
  • un appareil auditif avec une cavitĂ© tympanique qui s'enfouit dans l'os pĂ©treux (ou rocher) Ă  partir duquel se forme la bulle tympanique[note 3] ;
  • un allongement des diffĂ©rentes phases de vie, notamment la pĂ©riode de gestation et de vie postnatale, ce qui entraĂźne un investissement parental plus important et un apprentissage par les structures sociales ;
  • une maturitĂ© sexuelle tardive.

La prĂ©sence d'un cerveau plus dĂ©veloppĂ© que chez la plupart des autres mammifĂšres est souvent avancĂ©e comme caractĂ©ristique de ce groupe mais elle n'est vĂ©rifiĂ©e que pour la super-famille des hominoĂŻdĂ©s. Elle est en outre partagĂ©e par d'autres taxons. À ces traits s'ajoute la locomotion bipĂšde, permanente chez l'humain, partielle et Ă  des degrĂ©s divers chez les autres hominidĂ©s.

Le primatologue Frans de Waal a démontré que de nombreuses émotions, allant du deuil à la joie, sont identiques chez les primates dont les humains[16].

Structures et organisations sociales

La diversité des systÚmes sociaux (structures et organisations sociales) chez les primates découle de différents facteurs de sélection sexuelle, de coercition sexuelle (en)[17] et de conditions écologiques (ressources alimentaires, prédateurs, parasites et congénÚres) : quelques espÚces sont solitaires à territoires chevauchants[18] et quelques autres forment des couples (monogamie sexuelle à la carte, séquentielle ou sociale)[19], ces modes de vie étant favorisés par la dispersion des ressources alimentaires. Les zones à forte concentration en ressources alimentaire favorisent le regroupement de la majorité des primates en : harems (en) polygynes[20] (groupes uni-mùle multi-femelles)[21], harems polyandres[22] (groupes uni-femelle multi-mùles)[23], des bandes de mùles célibataires (groupes multimùles), des bandes de femelles célibataires (groupes multifemelles constitués que des femelles et leurs enfants)[24], et des groupes multisexués[25] (sociétés multifemelles/multimùles polygynandres centrées sur les mùles ou les femelles)[26].

Chez certaines espÚces (chimpanzés, atÚles), les groupes ont une dynamique de fission-fusion[26].

Taille et poids

Échelle des masses moyennes
EspĂšce Femelle MĂąle
Gorille105 kg205 kg
Orang-outan100 kg180 kg
Humain62,5 kg78,4 kg
Patas5,5 kg10 kg
Nasiquekg19 kg
Ouistiti pygmĂ©e120 g140 g

Leur taille varie entre 13 cm (chirogale mignon, Microcebus murinus) et 175 cm, pour une masse allant de 100 g jusqu'Ă  275 kg (gorille, Gorilla gorilla).

En , une étude parue au Journal of Human Evolution indique la découverte d'une nouvelle espÚce de primate Simiolus de l'époque du MiocÚne. Selon les chercheurs ayant participé à cette étude, cette espÚce de primate serait, en l'état actuel des recherches, le plus petit primate découvert à ce jour[27].

RĂ©gime alimentaire

Les primates ont des spĂ©cialisations anatomiques, notamment au niveau des dents, qui dĂ©terminent des rĂ©gimes alimentaires variĂ©s : les insectivores et folivores (gĂ©nĂ©ralement consommant des feuilles tendres) qui privilĂ©gient des sources alimentaires qui leur apportent des acides aminĂ©s, des vitamines et des minĂ©raux, ont des crĂȘtes dentaires plus dĂ©veloppĂ©es que les frugivores dont l'alimentation Ă  base de fruits leur fournit une source de glucides et de lipides facilement digestibles et riches en Ă©nergie[28].

La population ancestrale des Hominidae vivait probablement en forĂȘt dense (de type tropical humide voire tropical) dans la canopĂ©e leur fournissant des feuilles tendres et des fruits disponibles toutes l'annĂ©e, les humains modernes s'Ă©tant spĂ©cialisĂ©s vers une nourriture plus coriace caractĂ©ristique des mauvaises saisons[29].

Physiologie

Il n'existe des hormones de grossesse gonadotropines chorioniques que chez les équidés et les primates (chez l'espÚce humaine, il s'agit de la hCG pour human Chorionic Gonadotropin).

Distribution géographique

À l'exception de l'ĂȘtre humain anatomiquement moderne, prĂ©sent sous tous les climats, et de certains macaques, les primates actuels se trouvent essentiellement dans les rĂ©gions Ă©quatoriales, tropicales ou subtropicales. En AmĂ©rique, on trouve des primates du nord du Mexique jusqu'au sud de l'Argentine. En Afrique, on les trouve essentiellement au sud du Sahara. À Madagascar se sont dĂ©veloppĂ©es des espĂšces endĂ©miques de strepsirrhiniens (telles que les lĂ©murs). En Asie, on trouve des primates en Arabie, dans le Sous-continent indien, en Chine, au Japon et en Asie du Sud-Est. La limite est de leur expansion est Sulawesi et le Timor.

Dans les autres régions, il se trouve peu de primates en liberté (hormis les Homo sapiens). Les quelques espÚces présentes, comme les rhésus en Floride et les magots à Gibraltar ont été introduites par les humains.

Structures sociales

Les sociĂ©tĂ©s de primates sont extrĂȘmement variĂ©es : ces animaux peuvent vivre isolĂ©s, en groupes permanents ou en groupes temporaires.

Les ĂȘtres humains et les autres grands singes semblent partager une dimension sociale unique : la culture. DiffĂ©rents auteurs ont montrĂ© que certains grands singes tels que les chimpanzĂ©s pouvaient partager des particularitĂ©s culturelles, des pratiques apprises et non pas innĂ©es, transmises Ă  l'intĂ©rieur d'un groupe mais inconnues en dehors de celui-ci[30] - [31]. Cela ouvre la porte Ă  une Ă©valuation intĂ©ressante des structures sociales des primates en rapprochant l'humain des autres grands singes.

Origine

Les animaux les plus proches des primates sont les dermoptĂšres, qui appartiennent comme eux au clade des euarchonta. Les euarchonta dans leur ensemble sont assez proches des glires (lapin, liĂšvres, rongeurs, etc.) avec lesquels ils forment le clade des euarchontoglires.

└─o Euarchontoglires
  ├─o Anagalida dont les glires
  └─o Euarchonta
    ├─o Scandentia
    └─o
      ├─o Dermoptera
      └─o Primatomorpha : Plesiadapiformes†* puis Primates
* paraphylétiques

On peut supposer que les primates se sont constituĂ©s en groupe distinct voici environ, selon l'approche retenue, 85 millions d'annĂ©es - datation selon la mĂ©thode de l'« horloge molĂ©culaire »[32], ou 65 millions d'annĂ©es - analyse classique des palĂ©ontologues. PrĂ©cisons que la recherche du dernier ancĂȘtre commun est discutĂ©e : le Purgatorius, qui date d'environ 70 millions, n'est peut-ĂȘtre pas un primate, et les plus anciens fossiles relevant indiscutablement du clade des primates sont des adapidĂ©s[33] vieux de 55 millions d'annĂ©es (Donrusselia et Cantius).

Subdivisions

Les primates constituent le groupe de mammifĂšres le plus riche en espĂšces aprĂšs les rongeurs et les chauves-souris[34].

Phylogénie

La phylogénie du groupe, autrement dit la formation et le développement des espÚces, est bien établie et sa structure est relativement bien connue.

Primates
├───Strepsirrhini
│     ├──Lemuriformes
│     │    ├──Daubentoniidae
│     │    │
│     │    └──Lemuroidea
│     │         ├──Cheirogaleidae
│     │         ├──Lepilemuridae
│     │         └──N.N.
│     │             ├──Indriidae
│     │             └──Lemuridae
│     │
│     └──Lorisiformes
│          ├──Lorisidae
│          └──Galagonidae
│
└──Haplorrhini
     │
     ├──Tarsiiformes
     │
     └──Simiiformes
           ├──Platyrrhini
           │     ├──Pitheciidae
           │     └──N.N.
           │         ├──Atelidae
           │         └──N.N.
           │             ├──Callitrichidae
           │             └──N.N.
           │                ├──Aotidae
           │                └──Cebidae 
           │
           └──Catarrhini
                 ├──Cercopithecoidea
                 │    └──Cercopithecidae
                 │
                 └──Hominoidea
                      ├──Hylobatidae
                      └──Hominidae

Classification

Selon BioLib (4 décembre 2018)[35] :


Le sous-ordre des strepsirrhiniens

Peigne dentaire : les 4 incisives et 2 canines sont rapprochées (voire collées) à la maniÚre d'un peigne (voir en:Toothcomb).

Le sous ordre des strepsirrhiniens correspond aux lorisiformes (comme les loris) et aux lémuriformes (comme les lémurs). Ils sont arboricoles, souvent nocturnes et insectivores (caractÚres primitifs ancestraux).

D'une maniÚre générale, ce sont des vertébrés munis d'une queue recouverte de fourrure, d'un museau et d'yeux ronds. Ils ont 5 doigts aux mains et aux pieds. La caractéristique principale qui les distingue des autres primates est la présence d'un « peigne dentaire » à l'avant de leur denture : c'est un ensemble de 6 dents constitué des 4 incisives et des 2 canines, toutes allongées et orientées vers l'avant ; il sert à récupérer la gomme des arbres dont ils se nourrissent, mais également à l'épouillage.

Les lorisiformes

Les lorisiformes constituent l'un des deux infra-ordres des strespisrrhiniens : de petite taille, rencontrés en Afrique et en Asie, ils regroupent les familles suivantes :

Les lémuriformes

Exemple de lémurien (Maki catta).

Les lémuriformes constituent l'autre infra-ordre : ils vivent tous à Madagascar, qu'ils ont colonisée en l'absence d'autres primates plus compétitifs. On les classe en diverses familles :

Les haplorrhiniens

Les haplorrhiniens regroupent les singes (ou simiiformes) et les tarsiers.

Les singes

Exemple de platyrhinien, un ouistiti Ă  toupet blanc.

Parmi les singes, on distingue :

Comme pour les lĂ©muriens, l'origine des singes du Nouveau Monde n'est pas claire. Les Ă©tudes molĂ©culaires de sĂ©quences nuclĂ©aires concatĂ©nĂ©es ont donnĂ© une pĂ©riode de divergence entre platyrrhiniens et catarrhiniens trĂšs variable, allant de 33 Ă  70 millions d'annĂ©es, tandis que les Ă©tudes basĂ©es sur des sĂ©quences mitochondriales donnent une pĂ©riode plus Ă©troite de 35 Ă  43 millions d'annĂ©es[5] - [37]. Il est possible que les platyrhiniens aient traversĂ© l'ocĂ©an Atlantique d'Afrique en AmĂ©rique du Sud Ă  l’ÉocĂšne en passant d'Ăźle en Ăźle, passage facilitĂ© par des dorsales de l'ocĂ©an Atlantique et une baisse du niveau des mers[38]. Une autre hypothĂšse, une seule traversĂ©e en rafting pourrait aussi expliquer cette colonisation transocĂ©anique. En raison de la tectonique des plaques, l'ocĂ©an Atlantique n'Ă©tait pas aussi large qu'aujourd'hui Ă  l'Ă©poque[38]. Les Ă©tudes suggĂšrent qu'un petit primate d'environ kg aurait pu avoir survĂ©cu 13 jours sur un radeau de vĂ©gĂ©tation[39]. Compte tenu des vitesses estimĂ©es des courants et des vents, cela aurait suffi pour faire le voyage entre les continents.

Les tarsiers

Les tarsiers, considérés autrefois comme des prosimiens[40], appartiennent au clade des haplorrhiniens : ils ne possÚdent pas de rhinarium mais leurs facultés olfactives sont meilleures que celles des catarhiniens.

Enjeux Ă©thiques et politiques

Anatomie comparée, humain et gorille.

Le fait que l'humain fasse partie de l'ordre des primates donne Ă  ce groupe d'animaux un caractĂšre particulier. Cette idĂ©e est dĂ©fendue par exemple par Peter Singer, l'auteur du Projet grands singes visant Ă  reconnaĂźtre un statut spĂ©cial pour les singes anthropomorphes[41]. Peter Singer voudrait en effet accorder certains droits aux grands singes (les plus proches de l'humain gĂ©nĂ©tiquement) et ainsi crĂ©er, comme pour l'humain avec sa charte des Droits de l'homme, une charte dĂ©finissant les droits des primates. Ce point de vue est liĂ© au mouvement de « libĂ©ration animale » ; dans le mĂȘme ordre d'idĂ©es, on peut citer le documentaire Koko, le gorille qui parle (1978) de Barbet Schroeder, mettant en scĂšne un gorille Ă  qui l'on apprend la langue des signes, et qui se met Ă  inventer des mots en accolant des mots dĂ©jĂ  appris. Ce dĂ©bat est l'un des plus houleux du moment, car certains gradistes voient cela comme un "rabaissement" de l'humain au niveau des autres primates, ce qui pose certaines questions quant Ă  la nature profonde de l'humain et notamment dans les questions abordĂ©es : finalement qu'est-ce qu'un humain ? L'humain peut-il lui-mĂȘme dĂ©finir l'humain ? Ce sont des questions plus philosophiques, et qui entraĂźnent divers problĂšmes Ă©thiques.

DĂ©clin et protection

Déclin lié aux activités humaines

Assistant de recherche observant des primates en CĂŽte d'Ivoire.

Si l’ordre des primates n’a connu aucune extinction au cours du XXe siĂšcle, quatre espĂšces de grands singes sur six sont proches de la disparition selon la mise Ă  jour de l'Union internationale pour la conservation de la nature de 2016[34]. Selon une Ă©tude publiĂ©e dans Science Advances en , la plus vaste jamais conduite, dressĂ©e par 31 primatologues internationaux, 60 % des espĂšces de primates sont en danger d’extinction d'ici 25 Ă  50 ans en raison d’activitĂ©s humaines, et 75 % des populations accusent dĂ©jĂ  un dĂ©clin[34].

Les habitats des primates disparaissent sous la pression de l’agriculture (qui affecte 76 % des espĂšces), de l’exploitation forestiĂšre (60 %), de l’élevage (31 %), de la construction routiĂšre et ferroviaire, des forages pĂ©troliers et gaziers et de l’exploitation miniĂšre (de 2 % Ă  13 %)[34]. La chasse et le braconnage touchent directement 60 % des espĂšces[34].

Les changements climatiques causĂ©s par les humains entraĂźnent des changements dans l’ampleur et l’intensitĂ© des phĂ©nomĂšnes mĂ©tĂ©orologiques extrĂȘmes. Les ouragans et les sĂ©cheresses sont des exemples de tels Ă©vĂ©nements. Ces Ă©vĂ©nements ont un impact considĂ©rable sur la population mondiale de primates. Une Ă©tude de 2019 montre que 16% des taxons de primates sont vulnĂ©rables aux cyclones, en particulier Ă  Madagascar, et 22% Ă  la sĂ©cheresse, en particulier aux taxons de la pĂ©ninsule malaisienne, du nord de BornĂ©o, de Sumatra et des forĂȘts tropicales humides de l'Afrique de l'Ouest[42].

Protection

Toutes les espÚces de primates, hormis l'humain, sont inscrites à l'annexe II ou pour les plus menacées à l'annexe I de la CITES.

Pour remĂ©dier Ă  leur dĂ©clin, les auteurs de l'Ă©tude de Sciences Advances appellent Ă  associer les populations locales Ă  la gestion des forĂȘts, Ă  lutter contre leur pauvretĂ©, Ă  limiter la croissance dĂ©mographique, Ă  agir pour la reforestation et pour l’expansion des zones protĂ©gĂ©es[34].

Notes et références

Notes

  1. Attestée chez les Adapiformes et les Omomyiformes primitifs.
  2. Jonction des os frontal et zygomatique.
  3. L'ectotympanique (en) est également un caractÚre discriminant : soudé à la bulle tympanique chez les lorisiformes, suspendu à la bulle tympanique chez les lémuriformes, allongé en conduit externe chez les tarsiiformes.

Références

  1. « Phylogénie des primates », sur http://www.whozoo.org/ (consulté le )(en)
  2. Note : voir aussi l'arbre complet dans l'article Primates (classification phylogénétique)
  3. (es) « Los primeros parientes de los primates vivían en el Ártico », sur Infoterio Noticias | Ciencia y Tecnología (consulté le )
  4. (en) Primate : EncyclopĂŠdia Britannica Online, EncyclopĂŠdia Britannica, Inc., (lire en ligne)
  5. Helen J. Chatterjee, Simon Y.W. Ho, Ian Barnes et Colin Groves, « Estimating the phylogeny and divergence times of primates using a supermatrix approach », BMC Evolutionary Biology, vol. 9,‎ , p. 259 (PMID 19860891, PMCID 2774700, DOI 10.1186/1471-2148-9-259)
  6. (en) Alejandro Estrada, Paul A. Garber, Anthony B. Rylands et Christian Roos, « Impending extinction crisis of the world’s primates: Why primates matter », Science Advances, vol. 3, no 1,‎ , e1600946 (ISSN 2375-2548, PMID 28116351, PMCID PMC5242557, DOI 10.1126/sciadv.1600946, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. « La classification phylogĂ©nĂ©tique du vivant – Tome 2 – 4e Ă©dition », sur Belin Editeur (page 527), (consultĂ© le )
  8. Carl von Linné, Systema naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonimis locis, tome I, Impensis L. Salvii, , p. 20-32
  9. Claude Blanckaert, Michel Porret et Fabrice Brandli, L'encyclopédie méthodique (1782-1832). Des lumiÚres au positivisme, Librairie Droz, , p. 76
  10. (en) J. David. Archibald, Aristotle's Ladder, Darwin's Tree. The Evolution of Visual Metaphors for Biological Order, Columbia University Press, (lire en ligne), p. 105
  11. La migration des orbites vers l'avant assure en outre une meilleure vision binoculaire stĂ©rĂ©oscopique. Il existe cependant au sein des primates une grande variabilitĂ© sur le degrĂ© de convergence orbitale et la taille du champ binoculaire mais il semble que cette convergence et la vision binoculaire correspondent aux ancĂȘtres des primates. Ces derniers Ă©taient des insectivores avec cette vision adaptĂ©e pour mieux discerner le camouflage de leurs proies habitant un environnement nocturne. D'aprĂšs (en) Callum F.Ross, « Allometric and functional influences on primate orbit orientation and the origins of the anthropoidea. J Hum Evol 29: », Journal of Human Evolution, vol. 29, no 3,‎ , p. 201–227 (DOI 10.1006/jhev.1995.1057).
  12. Robert Boyd, Joan Silk, L'aventure humaine. Des molécules à la culture, De Boeck Supérieur, , p. 264.
  13. (en) Lynne A. Isbell, « Predation on primates: Ecological patterns and evolutionary consequences », Evolutionary Anthropology, vol. 3, no 2,‎ , p. 61-71 (DOI 10.1002/evan.1360030207).
  14. Chez la chienne et la souris, il existe deux chaĂźnes mammaires comportant chacune cinq mamelles, deux paires chez la vache et la chamelle, trois paires chez la musaraigne et l'ourse, quatre paires chez la chatte, cinq Ă  huit chez la truie, mais une seule paire chez la plupart des grands mammifĂšres (Ă©lĂ©phant, rhinocĂ©ros, jument, hippopotame, cĂ©tacĂ©s), chez la chĂšvre, la brebis et les sirĂ©niens. D'aprĂšs Alain Froment, Anatomie impertinente. Le corps humain et l’évolution, Odile Jacob, , p. 178.
  15. Robert Barone, Anatomie comparée des mammifÚres domestiques, Vigot, , p. 423.
  16. « Ce que révÚle le grand tabou des émotions animales », sur Les Inrocks,
  17. « La coercition sexuelle se dĂ©finit comme l'usage de la menace ou de la force par un mĂąle dans le but d'accroĂźtre ses chances de copuler avec une femelle lorsqu’elle devient fertile et de rĂ©duire ses chances qu'elle copule avec d'autres mĂąles, au risque pour la femelle d’en subir un coĂ»t ». L'intensitĂ© de la coercition masculine chez les primates n'est pas liĂ©e au type d'habitat ou au degrĂ© de dimorphisme sexuel, mais Ă  l'asymĂ©trie dans l'investissement reproductif, qui incombe de plus en plus aux femelles du fait de l'anisogamie. Cf (en) B. B. Smuts & R. W. Smuts, « Male aggression and sexual coercion of females in nonhuman primates and other mammals: Evidence and theoretical implications », Advances in the Study of Behavior, vol. 22, no 1,‎ , p. 2-3 (DOI 10.1016/S0065-3454(08)60404-0).
  18. Galagos, orangs-outans
  19. Indris, gibbons.
  20. Il peut s'agir « de harems avec des femmes apparentées (harem sororal), de harems sous surveillance active ou de harems trÚs coercitifs avec isolement et séquestration (gynécée). »
  21. SemnopithĂšque entelle, gorilles.
  22. Le harem fraternel est une « structure polyandre composée d'une femme et de plusieurs hommes qui sont frÚres ou liés par de fortes affinités de parenté ».
  23. Tamarin empereur, ouistitiss.
  24. Plusieurs espĂšces de microcĂšbes (les plus petits primates vivants) mais les femelles fourragent en solitaire.
  25. SociĂ©tĂ©s pouvant ĂȘtre caractĂ©risĂ©es par une philopatrie et une hiĂ©rarchie de dominance : ChimpanzĂ©s, Bonobos, Babouins hamadryas et GĂ©ladas.
  26. Pascal Picq, Et l'évolution créa la femme, Odile Jacob, (lire en ligne), n.p.
  27. (en) James B. Rosie et Andrew Hill, « A new species of Simiolus from the middle Miocene of the Tugen Hills, Kenya » (consulté le ).
  28. (en) Richard F Kay, William L Hylander, « The dental structure of mammalian folivores with special reference to Primates and Phalangeroidea (Marsupialia) », The ecology of arboreal folivores,‎ , p. 173-191
  29. (en) K. Milton, « Diet and Primate Evolution », Scientific American, vol. 269, no 2,‎ , p. 86–93 (DOI 10.1038/scientificamerican0893-86)
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  31. A. Whiten et Ch. Boesch, « La culture des chimpanzĂ©s », in Sur les traces de nos ancĂȘtres, dossier Pour la Science, pages 43 Ă  49, octobre-dĂ©cembre 2007
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  33. Voir pour le moment l'article en anglais Adapid(en)
  34. Audrey Garric, « Les singes pourraient disparaĂźtre d’ici vingt-cinq ans Ă  cinquante ans », sur lemonde.fr, (consultĂ© le ).
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  40. Malgré les analyses rapprochant ceux-ci des simiens, certains travaux récents classent encore le tarsier parmi les prosimiens. Voir Schwartz JH. 1986, Primate systematics and a classification of the order, in: Swindler DR. Erwin J. editors, Comparative Primate Biology I. Systematics, Evolution, and Anatomy, New York, Alan R. Liss, p. 1-42.
  41. Peter Singer et Paola Cavalieri, The Great Ape Project: Equality Beyond Humanity, Fourth Estate, London, 1993.
  42. Zhang, L., Ameca, E. I., Cowlishaw, G., Pettorelli, N., Foden, W., & Mace, G. M. (2019). Global assessment of primate vulnerability to extreme climatic events. Nature Climate Change, 9, 554–561. https://doi.org/10.1038/s41558-019-0508-7

Annexes

Articles connexes

Romans liés au sujet

Bibliographie

  • (en) Sharon Lisa Gursky, K. A. Kimberly Anne-Isola Nekaris, Primate Anti-Predator Strategies ; Springer, - 420 pages, (ISBN 978-0387348070).

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