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Tetrapoda

Les tĂ©trapodes (Tetrapoda[alpha 1]) forment une super-classe d'animaux vertĂ©brĂ©s dont le squelette comporte habituellement deux paires de membres et dont la respiration est normalement pulmonaire. Les tĂ©trapodes ont Ă©voluĂ© Ă  partir du clade des tĂ©trapodomorphes qui, Ă  leur tour, descendent des poissons Ă  nageoires lobĂ©es apparus vers environ 390 millions d'annĂ©es, durant le DĂ©vonien moyen[3]. Les premiers reprĂ©sentants du groupe-couronne des tĂ©trapodes (d'un point de vue traditionnel basĂ© sur l'apomorphie) sont apparus au tout dĂ©but du CarbonifĂšre, il y a environ 350 millions d'annĂ©es[4]. Les ancĂȘtres aquatiques spĂ©cifiques des tĂ©trapodes et le processus par lequel ils ont colonisĂ© la terre ferme aprĂšs avoir quittĂ© l'eau restent flous. Le passage d'un schĂ©ma corporel pour respirer et naviguer dans l'eau Ă  un schĂ©ma corporel permettant Ă  l'animal de se dĂ©placer sur terre est l'un des changements Ă©volutifs les plus profonds connus[5] - [6]. Les tĂ©trapodes ont de nombreuses caractĂ©ristiques anatomiques et physiologiques distinctes de leurs ancĂȘtres aquatiques. Ceux-ci comprennent la structure de la mĂąchoire et des dents pour se nourrir sur terre, les ceintures et les extrĂ©mitĂ©s des membres pour la locomotion terrestre, les poumons pour la respiration dans l'air, et les yeux et les oreilles pour voir et entendre dans l'air.

Les premiers tĂ©trapodes antĂ©rieurs au groupe-couronne Ă©taient essentiellement aquatiques. Les amphibiens modernes, qui ont Ă©voluĂ© Ă  partir de groupes antĂ©rieurs, sont gĂ©nĂ©ralement semi-aquatiques : la premiĂšre Ă©tape de leur vie est celle des tĂȘtards ressemblant Ă  des poissons, et les Ă©tapes ultĂ©rieures sont en partie terrestres et en partie aquatiques. Cependant, la plupart des espĂšces de tĂ©trapodes sont aujourd'hui des amniotes, dont la plupart sont des tĂ©trapodes terrestres dont la branche a Ă©voluĂ© Ă  partir de tĂ©trapodes antĂ©rieurs au dĂ©but du CarbonifĂšre supĂ©rieur. L'innovation clĂ© chez les amniotes par rapport aux amphibiens est l'amnios, ce qui permet aux Ɠufs de conserver leur contenu aqueux sur terre, plutĂŽt que de devoir rester dans l'eau. Certains amniotes ont ensuite dĂ©veloppĂ© une fertilisation interne, bien que de nombreuses espĂšces aquatiques en dehors de l'arbre des tĂ©trapode aient Ă©voluĂ© avant l'apparition des tĂ©trapodes, par exemple Materpiscis. Certains tĂ©trapodes, tels que les serpents et les cĂ©ciliens, ont perdu tout ou une partie de leurs membres par une spĂ©ciation et une Ă©volution plus poussĂ©e. Certains n'ont cachĂ© que des ossements vestigiaux comme vestige des membres de leurs lointains ancĂȘtres. D'autres sont redevenus amphibies ou vivent autrement des vies partiellement ou entiĂšrement aquatiques, les premiers au cours de la pĂ©riode du CarbonifĂšre[7], d'autres aussi rĂ©cemment que le CĂ©nozoĂŻque[8] - [9].

Les amniotes donneront naissance ultérieurement aux sauropsides (qui comprend les lépidosaures, les dinosaures, leurs descendants oiseaux, les crocodiliens, les tortues et les parents disparus) et les synapsides (qui comprend les mammifÚres et leurs parents disparus). Les amniotes comprennent les seuls vertébrés qui ont évolué pour le vol, à savoir les oiseaux, les chauves-souris et, au Mésozoïque, les ptérosaures.

TĂ©trapodes

Tetrapoda
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
TĂ©trapodes des quatre classes actuelles: une Grenouille verte (un amphibien), un Hoazin huppĂ© (un oiseau), une Souris grise (un mammifĂšre) et un Plestiodonte Ă  tĂȘte large (un reptile).

Super-classe

Tetrapoda
Hatschek (en) & Cori, 1896[1] - [2]

Classes de rang inférieur

DĂ©finitions

Les tĂ©trapodes peuvent ĂȘtre dĂ©finis en cladistique comme l'ancĂȘtre commun le plus proche de tous les amphibiens vivants (les lissamphibiens) et de tous les amniotes vivants (reptiles, oiseaux et mammifĂšres), ainsi que de tous les descendants de cet ancĂȘtre. Il s'agit d'une dĂ©finition basĂ©e sur les nƓuds (le nƓud Ă©tant l'ancĂȘtre commun le plus proche). Le taxon est ainsi dĂ©fini en tant que groupe-couronne. Le terme tĂ©trapodomorphe est utilisĂ© pour la dĂ©finition basĂ©e sur la tige : tout animal qui est plus Ă©troitement liĂ© aux amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifĂšres vivants qu'aux dipneustes. Le groupe ainsi dĂ©fini est connu sous le nom de groupe total des tĂ©trapodes[10].

La clade Stegocephalia est un groupe plus large Ă©quivalent Ă  certaines utilisations plus larges du mot tĂ©trapode, utilisĂ© par les scientifiques qui prĂ©fĂšrent rĂ©server les tĂ©trapodes en tant que groupe-couronne, basĂ© sur l'ancĂȘtre commun le plus proche des formes vivantes[11]. Ces scientifiques utilisent le terme « proto-tĂ©trapode » pour dĂ©signer les vertĂ©brĂ©s ressemblant Ă  des tĂ©trapodes qui ne sont pas membres du groupe-couronne, y compris les poissons tĂ©trapodomorphes[12]

Les deux sous-clades du groupe-couronne des tétrapodes sont Batrachomorpha et Reptiliomorpha. Les batrachomorphes sont tous des animaux partageant une ascendance commune plus récente avec des amphibiens vivants qu'avec les amniotes (reptiles, oiseaux et mammifÚres). Les reptiliomorphes sont tous des animaux partageant une ascendance commune plus récente avec des amniotes qu'avec des amphibiens vivants[13].

Caractéristiques

Morphologie

Les tétrapodes constituent un clade au sein des sarcoptérygiens, qui regroupe aujourd'hui deux taxons : les amphibiens et les amniotes (reptiles, oiseaux, mammifÚres). Ils sont caractérisés par la présence de deux paires de membres chiridiens (deux membres antérieurs ou scapulaires et deux membres postérieurs ou pelviens) qui sont homologues des nageoires paires des poissons.

Les membres chiridiens sont divisés en trois parties :

  • stylopode : humĂ©rus sur le membre antĂ©rieur, fĂ©mur sur le membre postĂ©rieur ;
  • zeugopode : radius/cubitus sur le membre antĂ©rieur, tibia/pĂ©ronĂ© sur le membre postĂ©rieur ;
  • autopode : carpes-mĂ©tacarpes-phalanges (membre antĂ©rieur), tarses-mĂ©tatarses-phalanges (membre postĂ©rieur).

Ce schéma de base a subi de trÚs nombreuses variations en relation avec l'adaptation à divers modes de locomotion des tétrapodes (vol, nage, saut, course, fouissage...).

Autres caractÚres dérivés propres :

  • conduit lacrymal entre Ɠil et sac nasal ;
  • tĂȘte sĂ©parĂ©e du reste du corps par un cou ;
  • os hyomandibulaire de la mĂąchoire passant dans les os de l'audition ;
  • premiĂšre vertĂšbre cervicale devenant l'atlas.

Place des tétrapodes dans le monde animal

La dĂ©finition des tĂ©trapodes n'est pas facile. Entre les premiers sarcoptĂ©rygiens, poissons Ă  nageoires charnues d'une part, et les tĂ©trapodes ayant conquis l'autonomie terrestre (amniotes) d'autre part, il existe de nombreux types intermĂ©diaires, dits amphibiens. Au sein des vertĂ©brĂ©s, les tĂ©trapodes se caractĂ©risent par leur histoire Ă©volutive : celle de la conquĂȘte du milieu terrestre.

Biodiversité

Dans la nature actuelle, les tĂ©trapodes « sont reprĂ©sentĂ©s par plus de 33 000 espĂšces comprenant les amphibiens « modernes », ou lissamphibiens (apodes, salamandres, tritons, grenouilles, crapauds), et les amniotes (oiseaux, mammifĂšres ainsi que chĂ©loniens, squamates et crocodiliens, ces trois derniers groupes reprĂ©sentant ce que l’on appelait naguĂšre les reptiles). Au cours de leur longue histoire de prĂšs de 400 millions d’annĂ©es, certains tĂ©trapodes, comme les serpents, ont perdu leurs membres locomoteurs et les ont compensĂ©s par l’adaptation Ă  la reptation. D’autres, comme les cĂ©tacĂ©s, ont perdu leurs membres postĂ©rieurs pour mieux se dĂ©placer dans l’eau. Les tĂ©trapodes comptent Ă©galement un grand nombre de groupes Ă©teints, pour la plupart d’ñge palĂ©ozoĂŻque (540 Ă  250 millions d'annĂ©es), qui Ă©taient des tĂ©trapodes basaux ou des formes primitives apparentĂ©es soit aux lissamphibiens (c’est le cas, probablement, des temnospondyles et certainement des lepospondyles), soit aux amniotes (anthracosaures, seymouriamorphes)[14] ».

Estimation du nombre d'espÚces actuelles de Tétrapodes sur la Terre, réalisée par l'IUCN en 2014[15]
Groupe de Tétrapodes Illustration Classe phylogénétique Nombre estimé
d'espÚces décrites
EspÚces menacées
selon la liste rouge de l'UICN
Pourcentage
d'espÚces décrites
Meilleure estimation
du pourcentage
d'espÚces menacées
Anamniotes
VertĂ©brĂ©s amphibies pondant leurs Ɠufs dans l'eau
Amphibiens 7 302 1 957 88 % 41 %
Amniotes
VertĂ©brĂ©s terrestres et aĂ©riens pondant leurs Ɠufs sur terre
Sauropsides
(reptiles et oiseaux)
20 463 2 300 75 % 13 %
Synapsides
(mammifĂšres)
5 513 1 199 100 % 26 %
Total 33 278 5 456 80 % ?

Arbre phylogénétique simplifié des tétrapodes

Cladogramme des tétrapodes établissant les relations phylogénétiques entre les différents groupes.
Cladogramme des amniotes.

« Les archives fossiles, tout comme l'Ă©tude des vertĂ©brĂ©s actuels, suggĂšrent que le tronc des tĂ©trapodes s'est scindĂ© trĂšs tĂŽt en deux branches principales — les amphibiens et les amniotes (reptiles, oiseaux et mammifĂšres)[16]. »

L'apparition de l'Ɠuf amniotique va permettre une large radiation Ă©volutive des tĂ©trapodes, sans faire pour autant disparaĂźtre les tĂ©trapodes non amniotiques (Lissamphibia). Tous les vertĂ©brĂ©s terrestres actuels sont donc un groupe monophylĂ©tique descendant des premiers tĂ©trapodes du DĂ©vonien terminal, et Ă©tant donc considĂ©rĂ© comme clade en cladistique[17]. La phylogĂ©nie ci-dessous reprĂ©sente une des trois hypothĂšses concurrentes, selon laquelle les lissamphibiens dĂ©rivent des temnospondyles[18]. Selon les deux autres hypothĂšses, les amphibiens actuels dĂ©rivent soit des lĂ©pospondyles[19], soit Ă  la fois des temnospondyles et des lĂ©pospondyles (ils sont alors polyphylĂ©tiques)[20].

o TÉTRAPODES
├─o Temnospondyli (Arbre dĂ©taillĂ©)
│ └─o Lissamphibia (batraciens modernes - Arbre dĂ©taillĂ©)
│   ├─o Gymnophiones
│   └─o
│     ├─o Urodùles (tritons et salamandres)
│     └─o Anoures (grenouilles et crapauds)
└─o
  ├─o Lepospondyli (Ă©teint - Arbre dĂ©taillĂ©)
  └─o Reptiliomorpha
    └─o AMNIOTA (Arbre dĂ©taillĂ©)
      ├─o Synapsida
      │ └─o MammifĂšres (Arbre dĂ©taillĂ©)
      └─o Sauropsida
        ├─o Anapsida
        │ └─? Testudines (Tortues - Arbre dĂ©taillĂ©)
        └─o Diapsida
          ├─o Ichthyosauria (Ă©teint)
          └─o Sauria
            ├─o
            │ ├─o Plesiosauria (reptiles marins Ă©teints)
            │ └─o Lepidosauria (Arbre dĂ©taillĂ©)  
            │   ├─o Rhynchocephalia (Sphenodon)
            │   └─o Squamata (serpents et lĂ©zards)
            └─o Archosauria
              ├─o Crocodilia (crocodiles - Arbre dĂ©taillĂ©)
              └─o
                ├─o Pterosauria (reptiles volants Ă©teints)
                └─o Dinosauria (dinosaures - Arbre dĂ©taillĂ©)
                  └─o Aves (oiseaux - Arbre dĂ©taillĂ©)

Apparition de la respiration aérienne

La respiration pulmonaire, c'est-à-dire la capacité à respirer directement l'oxygÚne de l'air grùce à un poumon, (à l'origine plutÎt un sac pulmonaire), est une caractéristique importante des tétrapodes, une de celle qui leur a permis de coloniser les milieux terrestres.

Cette adaptation est cependant plus ancienne que les tĂ©trapodes, puisqu'elle remonte au-delĂ  de 400 Ma, mĂȘme si ceux-ci sont aujourd'hui presque les seuls vertĂ©brĂ©s Ă  avoir encore un ou des poumons.

Contraintes adaptatives

La respiration pulmonaire est au départ non pas une adaptation à la vie hors de l'eau, mais à une vie dans des milieux aquatiques pauvres en oxygÚne. « Pourquoi [...] certains poissons ont-ils évolué vers une respiration à l'air libre ? [...] La forme de leur crùne nous donne un premier indice : le crùne est aplati, ce qui suggÚre qu'ils vivaient dans des eaux peu profondes[21]. »

« Au Dévonien, certaines plantes se sont diversifiées et multipliées, et nombre d'entre elles ont acquis à cette époque des feuillages caducs [qui tombent de façon saisonniÚre]. Le bois et autres feuilles mortes produits par ces végétaux ont alors encombré, voire saturé, les milieux aquatiques peu profonds. [...] De surcroßt, les eaux chaudes sont moins oxygénées que les eaux froides[21]. » Les eaux chaudes ont une capacité de dissolution de l'oxygÚne de l'air qui est plus faible, et la végétation pourrissante consomme (par oxydation) l'oxygÚne restant, un phénomÚne appelé eutrophisation.

Les eaux des marais chauds et encombrĂ©s de vĂ©gĂ©tation pourrissante sont donc pauvres en oxygĂšne. De nombreuses lignĂ©es de poissons vivant dans ces milieux ont donc dĂ©veloppĂ© des adaptations spĂ©cifiques pour capter directement l'oxygĂšne de l'air. Il en va ainsi des anabantidĂ©s, qui ont dĂ©veloppĂ© un organe appelĂ© labyrinthe. D'autres poissons « pipent » l'air en surface et le stockent dans leurs intestins, d'oĂč l'oxygĂšne passe dans le sang. Certains SarcoptĂ©rygiens ont ainsi dĂ©veloppĂ© un organe spĂ©cifique, le poumon. Celui-ci est une exaptation dĂ©rivant de la vessie natatoire.

Les poumons primitifs des sarcoptérygiens, tels qu'ils existent encore chez les dipneustes ou les lissamphibiens modernes (amphibiens), diffÚrent peu de ceux des reptiles ou de ceux des mammifÚres. Les cÎtes ne bougent en effet pas, et ne jouent aucun rÎle lors de l'inspiration puis lors de l'expiration. C'est le mouvement de la bouche, plus précisément les mouvements du plancher buccal, qui envoient l'air dans les poumons[22], un fonctionnement appelé « pompe buccale ».

Date de l'apparition des poumons

Les sarcoptĂ©rygiens sont apparus vers la fin du Silurien (-444 Ă  -416 Ma). Bien que probablement apparus en milieu marin, des lignĂ©es se spĂ©cialisent rapidement en eau douce. Les deux lignĂ©es principales que sont les actinistiens (dont les descendants sont les cƓlacanthes) et les rhipidistiens (dont les descendants sont les tĂ©trapodes et les dipneustes), divergent au dĂ©but du DĂ©vonien (-416 Ă  -359 Ma)[23].

Aujourd'hui, les dipneustes sont des poissons, cousins des tétrapodes, qui ont des poumons (non-alvéolés) parfaitement fonctionnels au cÎté de branchies. La date de divergence d'avec la lignée qui mÚne aux tétrapodes étant supérieure à 400 Ma, l'apparition des poumons remonte donc au moins à cette date.

Par ailleurs, les cƓlacanthes, redevenus purement marins, ont un organe vestigial qui est souvent considĂ©rĂ© comme les restes d'un ancien poumon, aujourd'hui non fonctionnel. Si cette interprĂ©tation est la bonne, l'apparition des poumons, ou au moins de sacs pulmonaires primitifs, remonte encore quelques millions d'annĂ©es plus tĂŽt, avant la sĂ©paration entre les actinistiens et les rhipidistiens, c'est-Ă -dire tout au dĂ©but du DĂ©vonien.

TĂ©trapodomorphes

AprÚs leur apparition à la fin du Silurien, les sarcoptérygiens ont connu un succÚs adaptatif important au Dévonien (-416 à -359 Ma). « Au cours de cet ùge géologique [...], les poissons sarcoptérygiens dominaient toutes les mers, ne laissant guÚre qu'une portion congrue aux placodermes (poissons recouverts de plaques osseuses), aux acanthodiens (poissons à épines) et aux chondrichthyens (requins primitifs) [...][les] actinoptérygiens, les poissons tels que nous les connaissons, étaient alors trÚs peu représentés[24] ».

TrÚs présents également en eau douce (dont les sarcoptérygiens marins étaient au moins partiellement originaires), le groupe connaßt différentes radiations évolutives. L'une des plus importantes, les rhipidistiens, va voir apparaßtre, aprÚs -400 Ma un groupe de poissons dit « tétrapodomorphes » qui annonce déjà les tétrapodes par certaines de leurs évolutions osseuses, en particulier au niveau des nageoires, dont certaines caractéristiques commencent à annoncer les pattes des premiers tétrapodes.

Ci-dessous un arbre généalogique simplifié des sarcoptérygiens (tous les taxons connus n'y apparaissent pas). On y voit la parenté étroite entre les dipneuste et les poissons tétrapodomorphes.

Sarcoptérygiens
  |--+--Onychodontiformes
  |  `--Actinistia (CƓlacanthes)
  `--Rhipidistia (dipneustes et tétrapodes)
     |--Dipnomorpha (dipneustes)
     `--Tetrapodomorphes
        |--Rhizodontiformes
        `--Osteolepiformes 
           |--Tristichopteridae 
           |  |--Eusthenopteron
           |  `--+--Cabonnichthys
           |     `--Mandageria
           `--Elpistostegalia
              |--Panderichthys 
              `--TETRAPODES

Évolution des nageoires

Homologie entre la structure de l'endosquelette ichtyen (pterygium) des vertébrés à membres charnus et celui chiridien (chiridium) des premiers tétrapodes.
Panderichthys (-385 Ma). Un poisson tétrapodomorphe à poumon dont les nageoires ont déjà des caractéristiques osseuses annonçant les pattes des tétrapodes.

Chez les poissons les membres pairs, c'est-Ă -dire les nageoires pectorales et abdominales, consistent en lames aplaties et Ă©largies, soutenues par une tige squelettique plurisegmentĂ©e mais non articulĂ©e, portant latĂ©ralement une sĂ©rie de rayons. Ces membres que les biologistes appellent pterygium ont des structures variĂ©es qui donnent le nom aux principaux groupes de poissons (-ptĂ©rygiens). Les membres chiridiens (appendices locomoteurs pairs et articulĂ©s, polydactyles puis pentadactyles[25], caractĂšre ancestral plĂ©siomorphique issu du membre chiridien[26]) des VertĂ©brĂ©s tĂ©trapodes est homologue au pterygium des poissons, la principale diffĂ©rence Ă©tant que ses segments sont unis par de nombreuses articulations mobiles. La transformation des nageoires des ancĂȘtres aquatiques des ostĂ©olepiformes des TĂ©trapodes en membres chiridiens permet la mise en place de la quadrupĂ©die, mode de locomotion terrestre initial largement privilĂ©giĂ©[27].

Des nageoires lobées charnues, soutenues sur les os plutÎt que les nageoires renforcées des raies, semblent avoir été un trait original des poissons osseux (Osteichthyes), groupe au sein duquel se sont individualisés les sarcoptérygiens. Le groupe le plus primitif avec des nageoires de raie, les bichirs, possÚde toujours des nageoires frontales charnues.

Les tétrapodes primitifs et leur membre chiridien se sont développés à partir d'un tétrapodomorphe, avec un cerveau à deux lobes dans un crùne aplati, une bouche large et un museau court, et dont les yeux dirigés vers le haut indique qu'il vivait sur le fond. Ses nageoires pectorales et pelviennes monobasales (un seul os s'articule avec la ceinture[28]) montraient déjà des signes d'adaptation avec des bases et des os charnus.

Un tĂ©trapodomorphe encore plus proche des premiers tĂ©trapodes Ă©tait Panderichthys (-385 Ma), qui possĂ©dait mĂȘme des choanes. Ce poisson utilisait ses nageoires comme des pagaies, car il vivait dans des eaux peu profondes envahies de plantes et de dĂ©tritus. Il est possible qu'il ait utilisĂ© ses nageoires pour s'accrocher aux plantes ou Ă  autre chose pendant qu'il se tenait en embuscade attendant ses proies. Panderichthys est un Elpistostegalia, comme les tĂ©trapodes, mais il en est plus un cousin qu'un ancĂȘtre direct.

Les tétrapodomorphes vivent dans tous les milieux : eau douce, eau saumùtre (estuaires) et eau salée, et aussi bien dans le grand continent du sud à l'époque, le Gondwana, que le petit continent du nord, l'Euramérique.

Au dĂ©vonien supĂ©rieur (-383 Ă  -359 Ma), les tĂ©trapodes encore aquatiques semblent avoir surtout vĂ©cu dans des eaux saumĂątres (estuaires, marais cĂŽtiers). L'analyse isotopiques de « fossiles des premiers tĂ©trapodes et de leur faune associĂ©e, provenant du Groenland et de Chine [... a] dĂ©montrĂ© que ces tĂ©trapodes vivaient dans des eaux saumĂątres. [...] Les premiers tĂ©trapodes Ă©taient donc capables de tolĂ©rer une grande gamme de salinitĂ©s, Ă  l’instar de nombreux poissons actuels vivant dans ces milieux, comme les anguilles ou les saumons[29] ». Cette capacitĂ© Ă  occuper des milieux trĂšs diversifiĂ©s auraient facilitĂ© leur rapide dispersion sur tous les continents, prĂ©lude Ă  la terrestrialisation de certaines lignĂ©es.

Eusthenopteron foordi, un autre poisson tétrapodomorphe à poumon.

Toujours vers -385 Ma, on connaßt également le genre Eusthenopteron, qui montre des formes de dents et d'os du crùne typique des tétrapodes postérieurs, ainsi que des choanes.

Premiers tétrapodes

Un paysage du DĂ©vonien.

L'apparition de proto-pattes est le principal signe du passage des tétrapodomorphes comme Panderichthys (-385 Ma) aux premiers véritables tétrapodes, encore totalement aquatiques.

Contrairement à une idée reçue courante, les membres chiridiens sont d'abord apparus chez des organismes entiÚrement aquatiques. Les premiÚres pattes fossiles apparaissent ainsi comme des sortes de pagaies, bien adaptées au déplacement (écarter, agripper) dans l'encombrement végétal des rives immergées et des marécages.

Secondairement, ces « pattes » aquatiques ont été réutilisées pour permettre le déplacement hors de l'eau, comme le montre l'étude des deux espÚces de tétrapodes fossiles, Acanthostega et Ichthyostega.

Les caractĂ©ristiques universelles des tĂ©trapodes : membres antĂ©rieurs tournĂ©s vers l'arriĂšre en direction du coude et membres postĂ©rieurs tournĂ©s vers l'avant en direction du genou, peuvent ĂȘtre dĂ©jĂ  repĂ©rĂ©es chez les premiers tĂ©trapodes qui vivaient en eau peu profonde.

Neuf genres de tétrapodes dévoniens ont été décrits, plusieurs ne sont connus, en totalité ou en partie, que par ce qui reste de la mùchoire inférieure. Tous vivaient dans le supercontinent nord-américain-européen, qui comprenait l'Europe, l'Amérique du Nord et le Groenland. La seule exception est un genre unique du Gondwana, Metaxygnathus, qu'on a trouvé en Australie.

Le premier tétrapode dévonien asiatique identifié a été reconnu à partir d'une mùchoire fossile décrite en 2002. Le tétrapode chinois Sinostega pani a été découvert au milieu de plantes tropicales fossilisées et de sarcoptérygiens dans les sédiments de grÚs rouges du Ningxia Hui, région autonome de la Chine du nord-ouest. Cette découverte a considérablement étendu la distribution géographique de ces animaux et a soulevé de nouvelles questions sur leur distribution dans le monde et sur la grande diversité taxinomique à laquelle ils ont abouti en un temps relativement court.

À l'Ă©poque du dĂ©vonien supĂ©rieur, les plantes terrestres avaient stabilisĂ© les habitats d'eau douce, permettant ainsi de se dĂ©velopper aux premiers Ă©cosystĂšmes de zone humide, avec des rĂ©seaux alimentaires de plus en plus complexes qui offraient de nouvelles possibilitĂ©s. Les habitats d'eau douce n'Ă©taient pas les seuls endroits oĂč l'on pouvait trouver de l'eau remplie de matiĂšres organiques en liaison avec une vĂ©gĂ©tation dense prĂšs du bord de l'eau. Les habitats marĂ©cageux comme les zones humides peu profondes, les lagunes cĂŽtiĂšres et les grands deltas salĂ©s des fleuves existaient aussi Ă  cette Ă©poque, et bien des spĂ©cialistes suggĂšrent que c'est dans un tel environnement que les tĂ©trapodes ont Ă©voluĂ©. Des fossiles des plus anciens tĂ©trapodes ont Ă©tĂ© dĂ©couverts dans les sĂ©diments marins et puisqu'on en a retrouvĂ© tout autour du monde, ils doivent avoir fait leur extension en suivant les lignes cĂŽtiĂšres - ils ne sauraient donc n'avoir vĂ©cu que dans l'eau douce.

Pour trancher le dĂ©bat sur la dominante eau douce, eau salĂ©e ou eau saumĂątre des premiers tĂ©trapodes aquatiques, l'Ă©quipe de Jean Goedert et Christophe LĂ©cuyer a publiĂ© dans la revue Nature du un article[30] ou elle analyse les rapports entre isotopes de l’oxygĂšne, du soufre et du carbone de fossiles, sachant que ces rapports varient en fonction de la salinitĂ© du milieu. Leur conclusion est que « les tĂ©trapodes dĂ©voniens Ă©taient des animaux adaptĂ©s Ă  des milieux de salinitĂ© variable oĂč se trouvent des proies marines, en d’autres termes aux estuaires, aux lagunes et autres marais salĂ©s que l’on rencontre sur les cĂŽtes partout sur la planĂšte[31] ». Le « rapport isotopique de l’oxygĂšne 18 [...] s’avĂšre bien plus bas que celui de l’eau de mer trĂšs oxygĂ©nĂ©e, ce qui suggĂšre un environnement pauvre en oxygĂšne[31] ». Si la mer n'Ă©tait pas le milieu dominant des tĂ©trapodes aquatiques, la tolĂ©rance aux milieux salĂ©s leur a cependant permis une extension rapide sur la planĂšte.

TĂ©trapodes aquatiques

Tiktaalik roseae, à la frontiÚre entre les poissons tétrapodomorphes et les tétrapodes.

L'apparition des tétrapodes aquatiques date de « la fin du dévonien moyen, dans une fourchette étroite comprise entre 375 et 380 Ma[21] ». Tous les scientifiques ne sont pas d'accord avec cette ancienneté, non pas pour des incertitudes de datation, mais plutÎt pour des raisons de définition de ce qui fonde la différence entre un tétrapodomorphe et un tétrapode. Certains voient ainsi plutÎt l'apparition des tétrapodes vers -370 Ma, avec l'apparition des premiers humérus[32].

On suppose traditionnellement que les premiers tétrapodes ont évolué dans des habitats d'eau douce, peu profonds et marécageux.

Un des plus anciens fossiles connus proches des tétrapodes est celui de Tiktaalik roseae, daté de 380 à 375 Ma[33]

À cĂŽtĂ© d'attributs caractĂ©ristiques des poissons osseux (Ă©cailles, nageoires pectorale et pelvienne munis de rayons), les robustes nageoires pectorales de Tiktaalik Ă©taient rigidifiĂ©es par un squelette osseux articulĂ©. « Sa morphologie est similaire Ă  celle des poissons mais l’articulation de ses nageoires pectorales suggĂšre que le Tiktaalik pouvait supporter le poids de son corps. L’épaule et le coude sont flexibles, contrairement aux poissons, expliquent les chercheurs dans la revue Nature[33] ». Ces caractĂ©ristiques anatomiques, qui devaient lui permettre d'Ă©merger ponctuellement de l'eau, en font un possible maillon Ă©volutif entre les poissons (comme Panderichthys) et les tĂ©trapodes plus affirmĂ©s (comme Acanthostega).

Quelques scientifiques le considĂšrent donc comme un tĂ©trapode trĂšs primitif, quand d'autres le voient encore comme un tĂ©trapodomorphe, simplement plus avancĂ© que Panderichthys (-385 Ma) sur la voie de l'apparition des pattes. Un de ses dĂ©couvreurs, Neil Shubin, l'a mĂȘme qualifiĂ© de fishapod, contraction de fish (poisson) et tĂ©trapode[34].

Datant de quelques millions d'annĂ©es aprĂšs Tiktaalik, « le plus ancien humĂ©rus fossile au monde aurait Ă©tĂ© dĂ©couvert par des chercheurs [...]. Vieux de plus de 370 Ma, ce dernier offrirait la preuve aux scientifiques que les membres ont d’abord Ă©voluĂ© dans l’eau [...]. AprĂšs l’analyse de ce fossile, Neil Shubin et ses collĂšgues de l’UniversitĂ© de Chicago (États-Unis) ont constatĂ© que les caractĂ©ristiques que les palĂ©ontologues attribuent d’habitude Ă  la vie dans le monde terrestre sont plutĂŽt d’un environnement aquatique. Cet humĂ©rus appartenant Ă  une nageoire aurait permis, selon eux, Ă  l’animal supporter le corps et, d’autre part l’aurait aidĂ© Ă  relever la tĂȘte[32] », peut-ĂȘtre pour la sortir de l'eau afin de respirer l'air.

Un tétrapode aquatique, Acanthostega.

Vers -363 Ma, Acanthostega est un tĂ©trapode purement aquatique, dont les membres ont huit doigts, mais dĂ©jĂ  assez Ă©voluĂ©s, avec ses quatre pattes nageuses, qui devaient lui permettre de se dĂ©placer en agrippant la dense vĂ©gĂ©tation aquatique des berges. Acanthostega est assez tardif, puisqu'il date de peu avant la grande disparition des tĂ©trapodes du DĂ©vonien terminal. Mais il est un bon modĂšle des tĂ©trapodes aquatiques. Il est possible qu'il ait utilisĂ© ses pattes de devant afin de prendre appui sur un support (branches immergĂ©es, fonds peu profonds), afin de hisser sa lourde tĂȘte hors de l'eau pour mieux respirer, mais le dessin de ses cĂŽtes et de ses pattes exclut une sortie de l'eau[24]. En effet, « les membres d'Acanthostega Ă©taient trop faibles et mal orientĂ©s pour lui permettre de marcher sur la terre ferme[35] »

La reconstitution (partiellement hypothĂ©tique) d'un tĂ©trapode aquatique sortant peut-ĂȘtre parfois de l'eau, Tulerpeton.

Vers la mĂȘme Ă©poque qu'Acanthostega, Tulerpeton (-363 Ma) est un autre tĂ©trapode aquatique reconstituĂ© par un squelette fragmentaire retrouvĂ© Ă  Tula, en Russie. Les pattes, Ă©paules antĂ©rieures et une partie du museau ont seuls Ă©tĂ© retrouvĂ©s. L'animal avait 6 doigts[36], et ses membres ressemblent plus Ă  des pagaies aquatiques qu'Ă  des pattes marcheuses. NĂ©anmoins, les doigts sont relativement longs et fins, ce qui suggĂšre un habitat plus terrestre que celui d’Acanthostega. Les os de l'Ă©paule sont eux aussi plus robustes, ce qui aurait pu faciliter Ă©galement des sorties de l'eau. Enfin, s'il est risquĂ© de dĂ©finir prĂ©cisĂ©ment le mode de vie de Tulerpeton, les ossements retrouvĂ©s semblent ceux d'un animal Ă  dominante aquatique, quoique pouvant mieux sortir de l'eau qu’Acanthostega.

PremiĂšres sorties de l'eau

Ichthyostega, « le plus ancien des vertébrés connus présentant des adaptations pour une locomotion autre que la nage[21] ».

Les premiÚres sorties de l'eau connues dateraient du Dévonien supérieur, vers -365 Ma, avec Ichthyostega, « le plus ancien des vertébrés connus présentant des adaptations pour une locomotion autre que la nage[21] ».

Ichthyostega n'est pas un tĂ©trapode pleinement terrestre, mais il montre de nouvelles adaptations Ă  la vie hors de l'eau. En effet, aprĂšs l'apparition des poumons chez certains SarcoptĂ©rygiens, de choanes chez les tĂ©trapodomorphes et de pattes/nageoires chez les premiers tĂ©trapodes aquatiques, Ichthyostega a trois adaptations majeures : des pattes antĂ©rieures capables de supporter son poids hors de l'eau, des cotes allongĂ©es Ă©vitant l'Ă©crasement des poumons par le poids du corps hors de l'eau, et « une chaine d'os descendant jusqu'au milieu de la poitrine. Jennifer Clark, une des auteurs de l’étude, prĂ©cise dans la revue Nature "que ces os au niveau de la poitrine constituent la premiĂšre apparition, dans l'Ă©volution, d'un sternum corporel. Une telle structure devait renforcer la cage thoracique d'Ichthyostega, lui permettant ainsi de soutenir une partie du poids de son corps au niveau de la poitrine pendant ses mouvements sur terre" [37]».

Ces 3 évolutions permettent ainsi à l'animal de respirer avec son corps hors de l'eau, alors que les précédents tétrapodes aquatiques comme Acanthostega ne pouvaient pas sortir de l'eau.

À ce titre, « Ichthyostega est le plus ancien tĂ©trapode connu adaptĂ© Ă  la fois Ă  la nage et Ă  une forme de locomotion terrestre. Il semble qu'il se dĂ©plaçait Ă  terre comme un phoque, c'est-Ă -dire en projetant en avant ses pattes antĂ©rieures et sa tĂȘte avant de traĂźner la partie arriĂšre de son corps. Manifestement, l'arriĂšre du corps, avec sa large queue capable d'onduler et ses membres postĂ©rieurs en forme de pagaie, avait une vocation aquatique[21] ».

Il est probable qu'Ichthyostega ne venait que trĂšs partiellement Ă  terre. D'une part, son corps est mal adaptĂ© Ă  la vie terrestre, avec une mobilitĂ© Ă  terre assez rĂ©duite et, d'autre part, sa taille pouvant atteindre 1,35 mĂštre devait rendre difficile de trouver de la nourriture sur terre. À cette Ă©poque-lĂ , d'ailleurs, celle-ci Ă©tait surtout peuplĂ©e d'arthropodes. Il est possible que les jeunes se soient nourris de ces derniers, mais ceux-ci ne pouvaient sans doute pas suffire Ă  nourrir un adulte, par ailleurs trĂšs lent Ă  terre. Le mode de vie de l'animal est inconnu, et on ne peut donc que supposer les raisons adaptatives de la venue Ă  terre. Celle-ci Ă©tait peut-ĂȘtre motivĂ©e par le besoin d'un refuge contre les prĂ©dateurs.

Hynerpeton, un autre tétrapode de la fin du Dévonien, encore trÚs aquatique.

Si le squelette de Ichthyostega est assez bien connu, d'autres tétrapodes du Dévonien terminal (entre -365 et -360 Ma) sont connus par des fossiles plus lacunaire, comme Hynerpeton.

ConquĂȘte du milieu terrestre au CarbonifĂšre

Multiples sorties des eaux au sein de plusieurs groupes d'organismes vivants.

La raison pour laquelle les tétrapodes ont commencé à s'installer sur la terre ferme est toujours un sujet de discussion. Mais si elle est encore hésitante au Dévonien tardif (-360 Ma), l'adaptation au milieu terrestre devient trÚs affirmée au cours du CarbonifÚre (-359 à 299 Ma).

Lacune de Romer

À partir de -360 Ma commence la pĂ©riode connue sous le nom de « lacune de Romer[38] ». Celle-ci dure une vingtaine de millions d'annĂ©es, et est marquĂ©e par une disparition des fossiles de tĂ©trapodes. « En gĂ©nĂ©ral, le phĂ©nomĂšne est attribuĂ© Ă  une nouvelle crise globale, connue sous le nom de crise du DĂ©vonien-CarbonifĂšre[24] ».

La cause de l'extinction pourrait cependant ĂȘtre plus spĂ©cifique. La dĂ©rive des continents a en effet fortement rapprochĂ© les palĂ©o-continents du Gondwana et de l'EuramĂ©rique. La grande majoritĂ© des tĂ©trapodes connus vivaient sur ce dernier continent. « Des poissons tĂ©trapodomorphes sont entrĂ©s en compĂ©tition avec les tĂ©trapodes euramĂ©ricains dĂšs que le Gondwana s'est rapprochĂ© assez de l'EuramĂ©rique[24] ». Pour les tĂ©trapodes de l'Ă©poque, encore totalement (Acanthostega) ou largement (Ichtyostega) aquatiques, la compĂ©tition semble avoir Ă©tĂ© trop rude, puisque leurs lignĂ©es disparaissent. « Ainsi, il semble qu'aucun des groupes de tĂ©trapodes connus au DĂ©vonien n'ait dĂ©passĂ© la limite sĂ©parant le DĂ©vonien et le CarbonifĂšre. [...] Un irrĂ©ductible petit groupe a toutefois subsistĂ© dans quelques niches Ă©cologiques, oĂč les gros poissons prĂ©dateurs ne s'aventuraient pas. S'agissait-il de la partie amont des rĂ©seaux fluviaux encombrĂ©s de plantes et de bois[24] ? ».

« Les rares tĂ©trapodes peuplant la lacune de Romer ressemblent aux tĂ©trapodes postĂ©rieurs Ă  cette lacune, qui sont d'un type bien diffĂ©rent de ceux du DĂ©vonien[24] ». Les animaux comme Ichthyostega ou Acanthostega ne sont ainsi pas les ancĂȘtres des tĂ©trapodes postĂ©rieurs. Une lignĂ©e encore inconnue a manifestement survĂ©cu Ă  l'extinction des tĂ©trapodes il y a 360 Ma, mais a mis quelque 20 millions d'annĂ©es pour s'adapter pleinement Ă  son nouveau milieu terrestre, et pour s'y rĂ©pandre.

Depuis sa mise en évidence par Romer en 1956, cette lacune a été progressivement comblée avec les découvertes de tétrapodes précoces du CarbonifÚre tels que Pederpes[39] - [40] et Crassigyrinus

Descendants des sarcoptérygiens pélagiques

Au Dévonien, certains poissons à nageoires lobées comme l'Eusthenopteron, bien que dotés déjà de nageoires dont le squelette interne évoque celui des tétrapodes, restent pélagiques ou strictement aquatiques. Des poissons tétrapodomorphes connaissent une diversification importante mais restent inféodés à des environnements cÎtiers (estuaires, lagunes) et d'eau douce (fleuves, riviÚres, mares), tout en présentant plusieurs adaptations qui leur permettent de se déplacer épisodiquement sur terre : Panderichthys rhombolepis, Tiktaalik, Acanthostega, Ichthyostega.
Des poumons rudimentaires sont dĂ©jĂ  prĂ©sents chez les premiers poissons Ă  nageoires lobĂ©es Ă  la fin du Silurien. Leur conservation sous forme vestigiale chez le cƓlacanthe actuel tĂ©moigne de leur longue histoire Ă©volutive et de leur statut de caractĂšre commun Ă  l'ensemble des sarcoptĂ©rygiens.

Raisons de l'Ă©volution

Le ou les groupes restreints qui ont survécu à l'extinction de la fin du Dévonien ont progressivement acquis des adaptations beaucoup plus fortes à la vie terrestre, en particulier quatre pattes pleinement marcheuses, ce que n'avait pas Ichtyostega.

Une premiĂšre raison pourrait ĂȘtre la forte concurrence des poissons tĂ©trapodomorphes aquatiques, qui en occupant les milieux originels des tĂ©trapodes euramĂ©ricains auraient forcĂ© la sĂ©lection des variants les plus adaptĂ©s au milieu terrestre, dĂ©nuĂ© de concurrents.

Il a été posé comme hypothÚse que les jeunes auraient été parmi les premiers à coloniser ce milieu, les adultes étant plus aquatiques faute de nourriture suffisante à terre. Si les milieux terrestres semblent en effet avoir été pauvres en nourriture pour de gros animaux, les insectes qui les peuplaient pouvaient plus facilement convenir à des jeunes de petite taille.

De plus, les jeunes sont aussi les plus vulnĂ©rables, et donc les plus Ă  mĂȘme de bĂ©nĂ©ficier d'un refuge terrestre. MĂȘme sans sortie intĂ©grale de l'eau, les eaux peu profondes prĂšs de la terre ferme offraient aussi aux jeunes un refuge. On peut d'ailleurs remarquer que les jeunes poissons actuels (et les amphibiens) passent souvent la premiĂšre partie de leur vie dans la sĂ©curitĂ© relative d'eaux peu profondes, comme les rives, les roseaux ou les mangroves, oĂč les gros prĂ©dateurs ne peuvent accĂ©der.

Finalement, la terre ferme, avec son absence totale de prédateurs, a sans doute offert des opportunités pour des animaux qui avaient développé des adaptations (poumons et pattes) spécifiques à des milieux aquatiques particuliers, mais réutilisables à terre, un phénomÚne connu en théorie de l'évolution sous le nom d'exaptation.

Quatre pattes marcheuses

L'un des premiers tĂ©trapodes bien conservĂ© et parfaitement adaptĂ© Ă  la vie terrestre date ainsi de -345 Ma[41], juste un peu avant la fin de la « lacune de Romer », qu'il contribue Ă  combler. Le Pederpes finneyae Ă©tait une « crĂ©ature, munie de dents, de quatre pattes et estimĂ©e longue de 90 centimĂštres. [...] Pederpes finneyae pouvait marcher sur la terre ferme, mais Ă©galement Ă©voluer dans l'eau[35] ». « Il ressemblait Ă  un crocodile un peu disgracieux[41] ».

S'il n'est pas totalement terrestre, l'animal n'en est pas moins bien adaptĂ© Ă  la vie sur terre, mĂȘme s'il se reproduisait encore certainement dans l'eau. Ses quatre pattes marcheuses (contre seulement deux pattes marcheuses chez Ichtyostega) sont pleinement fonctionnelles. Elles ont dĂ©jĂ  5 doigts, une caractĂ©ristique propres aux tĂ©trapodes modernes, alors que Acanthostega avait huit doigts, et que Ichthyostega en avait sept.

CaractĂšres ancestraux et autres adaptations

Un exemple de branchies chez un jeune batracien moderne.

Les tĂ©trapodes ancestraux ne sont dĂ©jĂ  plus tout Ă  fait des poissons, mais ne sont pas encore complĂštement indĂ©pendants du milieu aquatique. À ce titre, ils conservent encore des branchies au cĂŽtĂ© de leurs poumons, et ce mĂȘme Ă  l'Ăąge adulte. La disparition (ou la quasi-disparition) des branchies Ă  l'Ăąge adulte n'est pas bien documentĂ©e, mais date forcĂ©ment du CarbonifĂšre, durant lequel apparaissent les reptiles[42].

Au-delĂ  des adaptations les plus visibles : poumons, pattes/nageoires puis pattes marcheuses, choanes, cĂŽtes protĂ©geant les poumons de l'Ă©crasement par le poids du corps, les tĂ©trapodes ont aussi acquis des adaptations essentielles Ă  la vie dans un milieu aĂ©rien (mĂȘme si celui-ci n'est que partiel au dĂ©but) :

  • le cou devient articulĂ© : l'attache des membres antĂ©rieurs recule, se dĂ©solidarisant de la tĂȘte. Les premiĂšres vertĂšbres se spĂ©cialisent pour permettre des mouvements du crĂąne indĂ©pendants du tronc ;
  • l'oreille (qui Ă©tait primitivement consacrĂ©e Ă  l'Ă©quilibre) se spĂ©cialise pour permettre Ă©galement l'audition dans l'air ;
  • le dĂ©veloppement du museau et le recul des orbites oculaires favorisent l'olfaction terrestre[43]. L'agrandissement des yeux, capables d'accommodation, est Ă©galement une adaptation au milieu aĂ©rien[44]. Ils se couvrent d'une paupiĂšre protectrice, et un liquide lacrymal assure leur maintien en milieu humide ;
  • les membres se renforcent, et permettent des mouvements performants en milieu aĂ©rien.

La conquĂȘte du milieu terrestre est donc bien amorcĂ©e dĂšs la premiĂšre moitiĂ© du carbonifĂšre (-340 Ma), mais les tĂ©trapodes primitifs conservent alors un mode de vie proche de celui des actuels batraciens, avec une forte dĂ©pendance aux milieux aquatiques, en particulier pour la reproduction (ponte des Ɠufs). MalgrĂ© certaines ressemblances dans les modes de vie (partiellement aquatiques), de ponte (Ɠufs aquatiques) ou de respiration (branchies, au moins chez les jeunes), ces tĂ©trapodes primitifs ne sont cependant pas des amphibiens au sens moderne du terme. Le taxon lissamphibia est en effet d'apparition plus tardive, et porte des Ă©volutions qui ne sont pas encore prĂ©sentes chez les premiers tĂ©trapodes. En ce sens, les batraciens actuels ne sont pas des tĂ©trapodes primitifs, ni mĂȘme n'en sont des approximations, mĂȘme s'ils ont souvent conservĂ© des caractĂšres partiellement aquatiques.

Apparition de l'Ɠuf amniotique

Le reptiliomorphe Westlothiana incarne une forme de transition entre les amphibiens et les amniotes.

La fonctionnalitĂ© dĂ©cisive qui permettra aux quadrupĂšdes de s'Ă©manciper du milieu aquatique est l'invention de l'Ɠuf amniotique, qui incorpore Ă  l'Ɠuf un micro-milieu aquatique nĂ©cessaire au dĂ©veloppement de l'embryon.

Cet Ɠuf Ă  coquille, avec une poche liquide Ă  l'intĂ©rieur, protĂšge l'embryon du dessĂšchement, alors mĂȘme que l'Ɠuf est pondu dans un milieu aĂ©rien. Cette Ă©volution n'est pas la seule Ă  signer l'apparition des premiers amniotes. Elle s'accompagne aussi d'une peau Ă©cailleuse sĂšche et relativement Ă©tanche, qui ralentit beaucoup la perte d'humiditĂ© Ă  travers la peau semi-permĂ©able des premiers tĂ©trapodes amphibiens.

L'Ɠuf amniotique Ă  coquille et la peau Ă©tanche des premiers reptiles vont trĂšs fortement augmenter l'indĂ©pendance aux milieux aquatiques des tĂ©trapodes, et permettront l'explosion radiative des amniotes.

Ces deux évolutions laissant peu de traces paléontologiques, l'apparition des premiers reptiles est quelque peu difficile à dater, mais elle est généralement estimée à -320 Ma.

Hylonomus lyelli, le premier reptile clairement identifié, vers -315 Ma.

Westlothiana lizziae, dĂ©couvert en 1989 dans un niveau de -338 Ma[45], soit juste Ă  la fin de la lacune de Romer, est un animal de 20 cm de long, qui montre de nettes Ă©volutions osseuses vers les reptiles[46], mais il est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme une forme intermĂ©diaire plus proche des batraciens primitifs que des vĂ©ritables amniotes, ou au moins comme une espĂšce indĂ©terminĂ©e dans sa classification[47].

Vers -315 Ma, Hylonomus lyelli est le premier animal identifiĂ© pour lequel existe un consensus scientifique sur le fait qu'il Ă©tait un reptile pondant des Ɠufs amniotiques[48].

À partir de cette Ă©poque, les sauropsides vont se diversifier, donnant naissance Ă  de nombreux groupes : archosauriens (parmi lesquels les actuels crocodiliens et oiseaux, mais aussi les anciens dinosaures ou ptĂ©rosauriens), tortues, lĂ©zards et les serpents.

Le dimétrodon et l'un des nombreux représentant des synapsides, un groupe contenant les mammifÚres et leurs parents éteints.

Un autre groupes majeurs d'amniotes, les synapsides (souvent appelés reptiles mammaliens en raison de leurs apparences mais ce taxon ne regroupe en aucun cas des reptiles), seront les premiers représentant de ce clade à se diversifier. L'un des sous-groupes, les thérapsides, vont donner naissance aux mammifÚres, faisant de ces animaux, les seuls représentants actuels de cette lignée, tous les autres groupes étant désormais éteints.

Les tĂ©trapodes sans Ɠufs amniotiques n'ont cependant pas disparu, donnant naissance aux trois grands groupes modernes de Lissamphibia (batraciens) que sont les gymnophiones (ou apodes), les urodĂšles et les anoures.

Ammoniaque et urée

L'ancĂȘtre commun de tous les gnathostomes actuels vivait dans l'eau douce et c'est plus tard qu'il est retournĂ© vers la mer. Pour lutter contre la salinitĂ© beaucoup plus haute de l'eau marine, ses descendants ont acquis la capacitĂ© de transformer les dĂ©chets ammoniacaux en urĂ©e inoffensive, et de conserver cette derniĂšre dans le corps afin de rendre le sang aussi salĂ© que l'eau marine, sans empoisonner l'organisme.

Par la suite les actinoptérygiens sont revenus à l'eau douce et ont perdu cette possibilité. Comme leur sang contenait plus de sel que l'eau douce, ils pouvaient simplement se débarrasser de l'ammoniaque par leurs branchies. Et quand, une nouvelle fois, ils sont finalement revenus à la mer, il ne leur a pas été possible de récupérer le vieux systÚme qui consistait à transformer l'ammoniaque en urée et il leur a fallu à la place élaborer des glandes qui excrétaient le sel.

Les dipneustes font de mĂȘme: quand ils vivent dans l'eau, ils produisent de l'ammoniaque et pas d'urĂ©e ; mais quand l'eau s'assĂšche et qu'ils sont forcĂ©s de se creuser un abri dans la boue, ils recommencent Ă  produire de l'urĂ©e. À la maniĂšre des poissons cartilagineux, le cƓlacanthe peut conserver l'urĂ©e dans son sang, comme le peuvent les seuls amphibiens que l'on connaisse capables de vivre pendant de longues pĂ©riodes dans l'eau salĂ©e (le crapaud Rhinella marina et la grenouille Fejervarya cancrivora). Il s'agit de traits qu'ils ont hĂ©ritĂ© de leurs ancĂȘtres.

Si les premiers tétrapodes avaient vécu dans l'eau douce, ils auraient perdu la capacité de produire de l'urée et n'auraient plus utilisé que l'ammoniaque, ils auraient donc dû par la suite élaborer de nouveau cette capacité perdue à partir de zéro. Or, de tous les actinoptérygiens actuels, pas une seule espÚce n'a été capable de le faire, il n'est donc pas probable que les tétrapodes l'auraient fait.

S'ils ne pouvaient produire que de l'ammoniaque les animaux terrestres seraient obligĂ©s de boire sans arrĂȘt, ce qui rendrait impossible la vie sur la terre ferme (quelques exceptions existent, comme certains cloportes terrestres qui peuvent excrĂ©ter leurs dĂ©chets azotĂ©s sous forme de gaz d'ammoniaque). Cela a dĂ» probablement poser problĂšme au dĂ©but, au moment oĂč les tĂ©trapodes ont commencĂ© Ă  vivre une partie du temps hors de l'eau, mais finalement c'est le systĂšme de l'urĂ©e qui l'a complĂštement emportĂ©. Pour cette raison il est fort douteux qu'ils soient venus de l'eau douce (Ă  moins qu'ils n'aient d'abord Ă©migrĂ© dans les habitats d'eau douce et soient ensuite passĂ©s sur la terre ferme au cours d'une deuxiĂšme Ă©migration suivant de peu la prĂ©cĂ©dente, alors qu'ils n'avaient pas encore oubliĂ© comment faire de l'urĂ©e), mĂȘme si certains qui ne sont jamais allĂ©s sur la terre ferme (ou des espĂšces primitives Ă©teintes qui sont revenues Ă  la vie aquatique) pourraient Ă©videmment s'ĂȘtre adaptĂ©s aux lacs et aux riviĂšres d'eau douce.

Notes et références

Notes

  1. Du grec ancien τΔτρα / tetra « quatre » et Ï€ÎżÏÏ‚ / poĂșs « pied », pour donner littĂ©ralement « quatre pieds ».

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  25. Les amphibiens possÚdent cinq doigts à leurs pattes arriÚre, quatre à leurs pattes avant. Les amniotes (oiseaux, reptiles, mammifÚres) présentent le modÚle ancestral de cinq doigts (avec parfois des modifications superposées à cet état initial : quatre orteils pour les oiseaux, voire moins chez les mammifÚres à sabots que forment les ongulés). « L'embryologie montrerait qu'à l'origine cette disposition secondaire est bien acquise à partir d'un membre pentadactyle ». Cf Guillaume Lecointre, Hervé Le Guyader, Classification phylogénétique du vivant, Belin, , p. 9.
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  28. Les nageoires pectorales sont articulées à la ceinture scapulaire par l'humérus, les nageoires pelviennes à la ceinture pelvienne par le fémur.
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Articles connexes

Bibliographie

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