Bilateria
Les bilatériens (Bilateria) forment un des plus grands clades des métazoaires, ayant un cÎté droit et un cÎté gauche (contrairement aux méduses et aux éponges de mer). Ils incluent la majorité des animaux connus, comme les mammifÚres, les insectes, les mollusques ou les « vers ». Ils comptent environ 1 200 000 espÚces. Les bilatériens ont aussi souvent un ventre et un dos, un avant et un arriÚre, en plus d'avoir un cÎté droit et un cÎté gauche[1] - [2] - [3]. Ces axes de polarité sont hautement corrélés avec la complexification du systÚme nerveux, les mouvements de localisation des cellules étant gérés ou régulés par les gÚnes homéotiques[4]. « La polarité antéropostérieure détermine la centralisation des informations sensorielles et la céphalisation de l'animal, alors que la polarité dorso-ventrale oriente le systÚme nerveux en position soit ventrale (hyponeurien) soit dorsale (épineurien)[5] ».
Infra-rÚgnes de rang inférieur
- clade Eubilateria :
- â Proarticulata
- Triploblastica (Lankester, 1877 )
La symĂ©trie bilatĂ©rale prĂ©sente l'intĂ©rĂȘt de favoriser des dĂ©placements dans une seule direction, dĂ©veloppant la spĂ©cialisation des segments entre la tĂȘte et la queue[6].
Description et caractéristiques
Les bilatĂ©riens ou artiozoaires sont caractĂ©risĂ©s, au moins au stade larvaire, par une symĂ©trie bilatĂ©rale (cette symĂ©trie dĂ©finit des axes de polaritĂ© antĂ©ro-postĂ©rieur, dorso-ventral et transversal droite/gauche[7]) Ă l'origine de leur nom (l'adjectif grec ጠÏÏÎčÎżÏ (ĂĄrtios) signifie pair (multiple de deux)[8]), la prĂ©sence de trois feuillets embryonnaires[1] - [3] (ils sont triploblastiques) ectoderme, mĂ©soderme et endoderme (au lieu de deux pour les autres mĂ©tazoaires dits diploblastiques), et un tube digestif. Le systĂšme nerveux n'est souvent pas constituĂ© d'un plexus nerveux, et les neurones sont souvent regroupĂ©s au sein de structures diverses : ganglions, chaĂźne nerveuse ou cerveau.
Il existe deux grandes divisions de bilatĂ©riens selon que, lors du dĂ©veloppement embryonnaire, la bouche apparaĂźt avant l'anus ou le contraire : les protostomiens (bouche en premier) que sont principalement les arthropodes et les mollusques, et les deutĂ©rostomiens (bouche en second) que sont les vertĂ©brĂ©s et les Ă©chinodermes. Possiblement, les Xenacoelomorphes prĂ©sentent une troisiĂšme division des BilatĂ©riens selon les phylogĂ©nies[9] (ils sont parfois placĂ©s dans les deutĂ©rostomiens par les analyses gĂ©nĂ©tiques[10]). Les XĂ©nacoelomorphes ne possĂ©dant pas d'anus, leur dĂ©veloppement n'est ni deutĂ©rostome, ni protostome. Il faut cependant faire attention Ă bien diffĂ©rencier les clades Deuterostomia et Protostomia du development protostome (protostomie) ou deutĂ©rostome (deutĂ©rostomie). En effet, plusieurs taxons du clade Protostomia ont un development deutĂ©rostome comme les priapuliens ou les chaetognathes[11]. Ce caractĂšre peut grandement varier chez les Spiralia (Protostomia), au sein du mĂȘme phylum, par exemple chez les Brachiopoda, certains ayant un dĂ©veloppement deutĂ©rostome comme Novocrania anomala et d'autres un dĂ©veloppement protostome, comme Terebratalia transversa[12], voir au sein d'un mĂȘme genre d'annĂ©lide par exemple entre Owenia fusiformis (protostomie)[12] et Owenia collaris (deutĂ©rostomie)[13].
Certains bilatĂ©riens comme les Ă©chinodermes ne prĂ©sentent une symĂ©trie bilatĂ©rale qu'au stade larvaire qu'ils perdent une fois adulte pour une morphologie radiaire. De mĂȘme, les gastĂ©ropodes ont perdu la symĂ©trie bilatĂ©rale de leurs organes internes.
Le plus ancien reprĂ©sentant connu des bilatĂ©riens serait Vernanimalcula guizhouena, apparu durant l'Ădiacarien, il y a 555 millions d'annĂ©es[14].
Phylogénie
Cladogramme selon les études de Philippe, Marlétaz et Yamazaki[15] - [16] - [17] :
Bilateria | |
Origine évolutive des bilatériens
L'ancĂȘtre hypothĂ©tique des bilatĂ©riens est souvent appelĂ© Urbilateria et des discussions subsistent sur les diffĂ©rents caractĂšres que possĂ©dait cet organisme[18].
Plusieurs hypothÚses sont suggérées pour expliquer l'origine des bilatériens[19].
- L'hypothĂšse planuloĂŻde selon laquelle les bilatĂ©riens auraient pour origine une larve planula similaire Ă celle trouvĂ©e chez les cnidaires. Selon cette hypothĂšse l'ancĂȘtre des bilatĂ©riens Ă©tait acoelomate.
- L'hypothĂšse archicoelomate ou gastrulation amphistomique (gastrulation Ă deux orifices)[12] selon laquelle l'ancĂȘtre diploblastique des bilatĂ©riens possĂ©dait une bouche en forme de fente qui se serait refermĂ©e en son milieu, donnant ainsi deux orifices : un antĂ©rieur, la bouche, et un postĂ©rieur, l'anus. Selon cette hypothĂšse l'ancĂȘtre des bilatĂ©riens Ă©tait coelomate par internalisation de poches gastriques.
- L'hypothĂšse de la mĂ©tamĂ©rie primaire, selon laquelle la mĂ©tamĂ©rie des bilatĂ©riens provient de la rĂ©pĂ©tition de poches gastriques ancestrales d'un ancĂȘtre diploblastique. Selon cette hypothĂšse, l'ancĂȘtre des bilatĂ©riens Ă©tait coelomate et mĂ©tamĂ©risĂ©.
- L'hypothĂšse coloniale primaire selon laquelle l'origine des bilatĂ©riens serait une colonie d'organismes diploblastiques chacun donnant un segment. Selon cette hypothĂšse, l'ancĂȘtre des bilatĂ©riens Ă©tait coelomate et mĂ©tamĂ©risĂ©.
Ces hypothĂšses se basent sur la palĂ©ontologie et l'embryologie[19], cependant aujourd'hui la phylogĂ©nie a aussi pris une place cruciale dans cette discussion[20], et une des questions qu'il reste difficile Ă rĂ©soudre est de savoir si l'ancĂȘtre des bilatĂ©riens Ă©tait un organisme relativement complexe[21] et segmentĂ©[22] - [23] ou acoelomate et relativement simple[24], voire microscopique[25]. Ă ce titre, la position phylogĂ©nĂ©tique des Xenacoelomorpha ainsi qu'une bonne connaissance de l'Ă©volution interne de ce groupe sont cruciales pour soutenir ou pas l'hypothĂšse d'une origine acoelomate des bilatĂ©riens[26] - [27]. De plus les organismes non bilatĂ©riens peuvent aussi apporter des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse, comme les cnidaires dont la larve planula possĂšde une symĂ©trie bilatĂ©rale, ainsi que la cavitĂ© digestive des anthozoaires. Certains auteurs estiment donc que la symĂ©trie bilatĂ©rale serait donc un caractĂšre plĂ©siomorphe des bilatĂ©riens (ce caractĂšre serait apparu avant l'origine des bilatĂ©riens)[18] - [28].
Registre fossile
La plus ancienne preuve d'existence de bilatérien provient de fossiles découverts dans des sédiments d'ùge édiacarien. Jusqu'en 2020, un fossile de Kimberella était considéré comme celui du premier bilatérien, et daté de 555 millions d'années environ[30]. En mars 2020 une étude parue dans la revue PNAS[31] indique la découverte à plus de 100 mÚtres sous la premiÚre apparition de Kimberella à Nilpena et aux Flinders Ranges (en Australie) de fossiles d'Ikaria wariootia (en), un animal vermiforme, considéré dÚs lors comme le plus ancien bilatérien connu - fossiles datés de 555 millions d'années[32].
Les fossiles antérieurs sont controversés. Un fossile de Vernanimalcula (entre 600 et 580 millions d'années) a été présenté comme le premier bilatérien connu, mais sa morphologie a été attribuée par certains spécialistes à des cristallisations de phosphates[33] - [34]. Des terriers créés par des formes de vie bilatérales ont été trouvés dans la formation de Tacuarà en Uruguay et datés de 585 millions d'années[35], cependant l'ùge des roches a été contesté[32].
Le stade vermiforme
Caractérisation fonctionnelle des types vermiformes
L'organisation de type « ver » est une nouvelle rĂ©ponse apportĂ©e Ă une question centrale du rĂšgne animal, celle de l'alimentation. La stratĂ©gie de base des organismes de type « ver » (vermiforme) est de se dĂ©placer pour aller chercher la nourriture, au lieu d'attendre qu'elle passe Ă portĂ©e. Cette stratĂ©gie permet notamment d'exploiter des dĂ©chets organiques, qui peuvent ĂȘtre Ă haute valeur nutritive, mais ne se dĂ©placent pas.
Ainsi, une grande majoritĂ© des animaux ou mĂ©tazoaires (exception faite de quelques grands groupes Ă l'origine Ă©volutive ancienne comme les Ă©ponges et les Cnidaires) sont des bilatĂ©riens, qui dĂ©rivent d'un schĂ©ma fondamental : le tube. Le dĂ©veloppement est organisĂ© autour d'un axe tĂȘte/queue d'une part, mais aussi dos/ventre d'autre part chez de nombreux groupes. Ces deux axes conduisent Ă un plan d'ensemble oĂč les cĂŽtĂ©s droits et gauche tendent Ă ĂȘtre symĂ©triques, d'oĂč le nom de bilatĂ©rien.
CaractÚres propres des bilatériens
La principale caractéristique propre aux bilatériens est invisible : il s'agit des gÚnes de développement HOX, qui régulent le développement différencié des organes d'avant en arriÚre, et leur coordination avec le systÚme nerveux. Ce systÚme permet l'apparition d'une anatomie différenciée, et la coordination opérationnelle de son activité par le traitement de flux d'informations, qui ouvre la voie à une céphalisation évolutive.
Les vers les plus simples marquent une étape qualitative supplémentaire par rapport aux cnidaires : les cellules nerveuses s'organisent en un systÚme nerveux cohérent, prototype de ce qui deviendra le cerveau dans les animaux supérieurs. C'est cette capacité de déplacement et de réaction à l'environnement qui fait considérer que le degré d'organisation vermiforme est le premier stade indiscutablement « animal ».
La deuxiÚme caractéristique majeure propre aux vers (absente chez les vers plats) est la présence d'un canal alimentaire et d'une fonction digestive : à une extrémité, une bouche absorbe la nourriture, à l'autre, un anus excrÚte les déchets. Entre le « tube extérieur » qui forme la peau (ectoderme) et le « tube intérieur » (endoderme) qu'est le canal alimentaire, un tissu intermédiaire, le mésoderme, peut se développer et former des organes internes de plus en plus complexes.
L'évolution du tube digestif à partir de la cavité gastrique ancestrale semble avoir été faite en deux étapes principales. Chez les protostomiens, les deux orifices du canal alimentaire sont formés à partir du blastopore, dont les lÚvres se rapprochent pour former un canal par soudure longitudinale. Chez les deutérostomiens, l'orifice du blastopore devient l'anus, le canal alimentaire étant formé par un percement ultérieur qui évoluera vers la bouche.
Les « vers » sont Ă l'origine d'une seconde innovation majeure de l'Ă©volution : la segmentation (mĂ©tamĂ©rie). L'apparition de ce processus semble Ă©galement s'ĂȘtre produite dans plusieurs branches diffĂ©rentes.
- Les types d'organisation prĂ©sentĂ©s ici sont des grades Ă©volutifs ne correspondant gĂ©nĂ©ralement pas Ă des groupes monophylĂ©tiques, mais paraphylĂ©tiques (ne comportant pas tous les descendants d'un mĂȘme ancĂȘtre â exemple : les descendants d'ancĂȘtres vermiformes ne sont pas tous aujourd'hui des vers, etc.).
- En jaune : les principales explosions radiatives.
Explosion radiative des vers
La formule « bilatérien » est un type d'organisation polyvalent, qui a servi de base à des explorations fonctionnelles et à des groupes animaux majeurs :
- les mollusques dĂ©veloppent la langue rĂąpeuse, la radula, qui leur permet de brouter. Ils ont initialement explorĂ© la fonction de protection qu'apportaient des plaques calcaires sur l'Ă©piderme, mĂȘme si ce n'est plus la caractĂ©ristique essentielle du groupe ;
- les arthropodes, segmentés et disposant d'une carapace de chitine, développent la marche et la préhension, rendue possible par des pattes articulées. Cette formule a été un succÚs immédiat, conduisant à l'explosion radiative des arthropodes ;
- les poissons ont acquis et dĂ©veloppĂ© la capacitĂ© Ă nager en pleine eau. Plus tard; avec l'apparition des tĂ©trapodes et la conquĂȘte de la terre ferme par les amniotes, ce groupe a subi une deuxiĂšme explosion radiative, avec, par exemple, les sauropsides et les mammifĂšres ;
- les Ăchinodermes ont perdu la symĂ©trie bilatĂ©rale d'origine dans la forme adulte et sont gĂ©nĂ©ralement Ă symĂ©trie radiaire ;
- enfin, certains bilatériens comme les entoproctes ou les tuniciers, ont abandonné à l'ùge adulte la fonctionnalité essentielle des vers, la mobilité, pour retourner à un mode de vie fixé caractéristique des éponges.
EXPLOSION RADIATIVE DES ANIMAUX | |||||||||||||||||
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EUKARYOTES |
se nourrissent d'organismes dont ils sont dissociés | ||||||||||||||||
ââo Ăponges |
hydres, méduses symétrie bilatérale | ||||||||||||||||
PROTOSTOMIENS | DEUTĂROSTOMIENS | ||||||||||||||||
LOPHOTROCHOZOAIRES : | notochorde | ||||||||||||||||
vers plats vers Ă anneaux | |||||||||||||||||
crĂąne squelette mĂąchoires squel. osseux Ă©mail | |||||||||||||||||
double coquille reptation crùne, bec corné | |||||||||||||||||
ECDYSOZOAIRES : | mues cuticulaires |
|
pattes et doigts sac amniotique | ||||||||||||||
carapace externe | |||||||||||||||||
chélicÚres |
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lézards, serpents | |||||||||||||||||
araignées, scorpions | |||||||||||||||||
mandibules | |||||||||||||||||
OISEAUX | adaptation au vol | ||||||||||||||||
crabes, langoustes | |||||||||||||||||
6 pattes, larves |
gl. sudoripares, néocortex |
Liste des infra-rĂšgnes
Selon ITIS (31 janvier 2014)[36] :
- infra-rĂšgne Deuterostomia
- infra-rĂšgne Protostomia
Selon Paleobiology Database (31 janvier 2014)[37] :
- Acoelomorpha
- Eubilateria
- genre Vetustovermis
Groupes subordonnés
Références taxinomiques
- (en) Référence Animal Diversity Web : Bilateria
- (fr+en) Référence ITIS : Bilateria
- (en) Référence Tree of Life Web Project : Bilateria
- (en) Référence Paleobiology Database : clade Bilateria
- (en) Référence NCBI : Bilateria (taxons inclus)
Notes et références
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Voir aussi
Bibliographie
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