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Synonyme (taxinomie)

Dans la nomenclature scientifique du monde vivant, les synonymes sont des noms scientifiques différents pour désigner un même taxon. Ils sont la conséquence des remaniements, parfois très nombreux, apportés par les scientifiques à la classification scientifique des espèces (genres fusionnés, sous-espèces promues au rang d'espèce, doublons, coquilles, etc.). Les autorités, dates et éléments de typographie associés sont indispensables à prendre en compte pour éviter les confusions et leur interprétation varie selon les codes de nomenclature[1].

Le vampire des abysses Vampyroteuthis infernalis Chun, 1903
admet de nombreux synonymes :
• Cirroteuthis macrope Berry, 1911
• Vampyroteuthis macrope Berry, 1911
• Melanoteuthis lucens Joubin, 1912
• Watasella nigra Sasaki (en), 1920
• Danateuthis schmidti Joubin, 1929
• Hansenoteuthis lucens Joubin, 1929
• Melanoteuthis schmidt Joubin, 1929
• Melanoteuthis beebei Robson, 1929
• Retroteuthis pacifica Joubin, 1929
• Melanoteuthis anderseni Joubin, 1931.

Le nom scientifique validĂ© en dernier n'est pas forcĂ©ment celui qui a Ă©tĂ© publiĂ© le plus rĂ©cemment. Par exemple Hyperolius viridiflavus admet de nombreux synonymes, dont les derniers sont postĂ©rieurs Ă  1970, alors que le nom actuellement valide[alpha 1] est « Hyperolius viridiflavus (DumĂ©ril and Bibron, 1841) Â»[4].

Utilisation

La liste de synonymes permet de conserver une traçabilité dans le temps, depuis le nom donné à l'origine (le basionyme ou protonyme), jusqu'au dernier taxon valide[alpha 1], y compris les doublons involontaires. Elle permet de s'assurer notamment que l'on parle bien d'une même espèce quel que soit l'ouvrage, même très ancien, et cela malgré les corrections fréquentes apportées à la classification et aux taxons.

Règles nomenclaturales

Les règles nomenclaturales, fixées notamment par le Code international de nomenclature pour les algues, les champignons et les plantes et le Code international de nomenclature zoologique, sont sensiblement différentes d'une discipline à l'autre[3] - [5]. On consultera l'article Basionyme, ainsi que les deux sections suivantes, concernant les animaux et les plantes.

Synonymes en zoologie

En zoologie, on parle de synonymes quand plusieurs noms scientifiques s'appliquent au mĂŞme taxon. Tous les noms de ce taxon (le nom valide[alpha 1] inclus) sont des synonymes. Cela peut avoir deux causes :

  • soit deux (ou plusieurs) systĂ©maticiens ont crĂ©Ă© des noms diffĂ©rents pour dĂ©signer le mĂŞme taxon (le second n'ayant pas connaissance des travaux du premier), ou ils ont publiĂ© sĂ©parĂ©ment mais quasi-simultanĂ©ment des taxons homotypiques sous des noms diffĂ©rents ;
  • soit leurs deux taxons (ou plus) ont Ă©tĂ© ultĂ©rieurement "synonymisĂ©s" par la communautĂ© scientifique.

Dans le premier cas, on parle d'un « synonyme objectif » (dont la synonymie est fondée sur le même type porte-nom), dans le second, d'un « synonyme subjectif » (dont la synonymie ne résulte que d'une opinion taxonomique personnelle).

On utilise alors la règle de prioritĂ©. En principe, seul le premier nom disponible, le « synonyme plus ancien Â» (senior synonym en anglais)[6], sera reconnu comme le nom scientifique officiel (notĂ© en latin nomen validum abrĂ©gĂ© en « nom. val. Â», c'est-Ă -dire nom valide), l'autre devenant le « synonyme plus rĂ©cent Â» (junior synonym en anglais)[6], un synonyme superflu (dit «  nom. non val. Â» ou « inval. Â» - abrĂ©viation de nomen invalidum, nom invalide - suivi du numĂ©ro de l'article du code invalidant, et Ă©ventuellement du motif, en clair, de l'invalidation). Un nom qui n'est pas utilisĂ© peut ĂŞtre dĂ©clarĂ© nomen oblitum, qui en latin signifie nom oubliĂ© : ce nom n'est pas considĂ©rĂ© pour la prioritĂ©.

Enfin, un nom non prioritaire au regard de sa date de publication peut parfois faire l'objet d'une mesure de conservation, votée par la Commission internationale de nomenclature zoologique, notamment lorsque ce nom est passé dans l'usage.

Exemple de synonyme zoologique :

  • Le cheval de Przewalski a trois noms synonymes qui diffèrent selon que le processus de spĂ©ciation est considĂ©rĂ© comme abouti ou non.
    • Equus przewalskii : Ă©levant le cheval de Przewalski au rang d'espèce Ă  part entière du genre Equus ;
    • Equus ferus przewalskii : si on le considère comme une sous-espèce du Cheval sauvage (Equus ferus) ;
    • Equus caballus przewalskii : si on le considère comme une sous-espèce du Cheval domestique (Equus caballus) .
  • L'espèce de poissons « Rasbora heteromorpha Duncker, 1904 Â» a Ă©tĂ© recombinĂ©e en 1999 dans le genre Trigonostigma Ă  l'occasion d'une rĂ©vision de la classification des CyprinidĂ©s d'Asie du Sud-Est[7], c'est devenu un synonyme de « Trigonostigma heteromorpha (Duncker, 1904) Â»[8]:
    • Rasbora heteromorpha Duncker, 1904 sur la base taxonomique ITIS[9] :
      • Taxonomic Status: = invalid - original name/combination
      • Valid Name: = Trigonostigma heteromorpha (Duncker, 1904)
    • Trigonostigma heteromorpha (Duncker, 1904) sur la base taxonomique ITIS[10] :
      • Taxonomic Status: = valid
      • Synonym(s): = Rasbora heteromorpha Duncker, 1904

Notez que dans le nouveau nom, le nom de l'auteur a été mis entre parenthèses pour préciser que, depuis l'identification originale de Duncker, le nom a été changé.

Synonymes en botanique et mycologie

Taraxacum officinale (pissenlit)

En nomenclature botanique, un synonyme est un nom latin différent pour désigner un même taxon botanique ou mycologique. C'est-à-dire que tous les noms scientifiques autres que le nom correct, désignant une même algue, une même plante ou un même champignon[alpha 2] sont des synonymes[alpha 3].

On distingue en botanique et en mycologie deux catégories de synonymes :

  • Les « synonymes nomenclaturaux » (ou homotypiques), qui ont un mĂŞme type nomenclatural et que l'on peut noter Ă  l'aide du symbole « ≡ » (triple signe Ă©gal), qui signifie « identique Ă  ».
  • Les « synonymes taxinomiques » (ou hĂ©tĂ©rotypiques) qui ne font pas rĂ©fĂ©rence Ă  un seul et unique type nomenclatural, et que l'on notera simplement Ă  l'aide du symbole « = » (signe Ă©gal).

Synonymes nomenclaturaux en botanique et mycologie

Les synonymes nomenclaturaux (dits aussi « obligatoires » ou homotypiques), ont le même type. Cela signifie que le matériel de typification (le spécimen conservé en herbier ou tout autre élément de référence désigné[alpha 4]) auxquels ces différents noms de taxons se réfèrent, est identique[1].

  • La plupart des synonymes nomenclaturaux sont des combinaisons issues d'un mĂŞme basionyme. Cela se produit Ă  la suite d'un transfert dans un autre genre ou Ă  un autre rang taxinomique. L'Ă©pithète spĂ©cifique est alors identique (seule la terminaison latine peut varier pour respecter l'accord avec le nom du genre). Par exemple :
    • Albizia falcataria (L.) Fosberg ≡ Paraserianthes falcataria (L.) I.C. Nielsen.
    • Polygonum lapathifolium L. ≡ Persicaria lapathifolia (L.) Delarbre
  • Parfois, dans le cadre d'une recombinaison, une autre espèce portait dĂ©jĂ  la mĂŞme Ă©pithète dans le nouveau genre, une nouvelle Ă©pithète spĂ©cifique doit alors ĂŞtre attribuĂ©e Ă  l'espèce transfĂ©rĂ©e.
  • D'autres synonymes sont des noms nouveaux (nomina nova). Leur Ă©pithète peut donc ĂŞtre quelconque. Par exemple : Leontodon taraxacum L. (1753) ≡ Taraxacum officinale F.H. Wigg. (1780).

Le nom Taraxacum officinale est un synonyme nomenclatural de Leontodon taraxacum. Ces deux noms, bien que rapportés à des genres différents, ont le même type et correspondent à un seul et même taxon. Une épithète ne peut répéter le nom du Genre avec lequel elle est combinée ; les tautonymes comme Taraxacum taraxacum ne sont pas acceptés.

Synonymes taxinomiques en botanique et mycologie

Les synonymes taxinomiques (dits aussi « facultatifs » ou hétérotypiques) ont des types différents. Par exemple, selon la systématique phylogénétique (classification APG II (2003)), le nom de famille Capparaceae est traité en synonyme taxinomique du nom de famille Brassicaceae. De telles synonymies sont dues à une différence de sensibilité individuelle entre les différents taxinomistes quant à la circonscription de l'espèce, et selon l'importance accordée par l'auteur à certains caractères, ou encore due à la différence de méthode utilisée, comme dans l'exemple ci-dessus. C'est pourquoi elle est dite « facultative », car elle peut toujours être remise en question[1]. Pour l'exemple donné ci-dessus : Capparaceae = Brassicaceae.

Abréviations botaniques conventionnelles

Les abréviations correspondantes les plus usitées pour ces deux catégories de synonymes sont « syn. nomencl. » et « syn. tax. », lesquelles sont souvent remplacées, notamment dans le Code et les études taxinomiques, par les notations symboliques, ≡ (« identique à ») et = (signe égal).

Notes et références

Notes

  1. Le statut taxinomique de « valide » n'est utilisé qu'en zoologie. Il est équivalent aux termes « accepté » ou « correct » employés dans d'autres disciplines biologiques[2] - [3].
  2. Bien que les organismes fongiques n'appartiennent plus au règne végétal, les noms de champignons continuent de relever de la nomenclature botanique.
  3. Cette dernière restriction ne s'applique pas aux synonymes de noms d'animaux.
  4. Un type est désigné par l'auteur dans la publication, par un auteur postérieur ou par conservation.

Références

  1. Guy Redeuilh (2002) - « Vocabulaire nomenclatural », Bull. Soc. Mycol. France 118(4) : 299-326;
  2. (en) John David, George M. Garrity, Werner Greuter, David L. Hawksworth, Regine Jahn, Paul M. Kirk, John McNeill, Ellinor Michel, Sandra Knapp, David J. Patterson, Brian J. Tindall, Jonathan A. Todd, Jan van Tol et Nicholas J. Turland, « Biological nomenclature terms for facilitating communication in the naming of organisms », ZooKeys, no 192,‎ , p. 67-72 (ISSN 1313-2989, DOI 10.3897/zookeys.192.3347, lire en ligne).
  3. Damien Aubert, Classer le vivant : Les perspectives de la systématique évolutionniste moderne, Paris, Ellipses, , 496 p. [détail de l’édition] (ISBN 978-2-340-01773-3), chap. I (« La diversité du monde vivant : 1.2. Les codes de nomenclature »), p. 20-30.
  4. (en) Hyperolius viridiflavus sur Amphibian Species of the World, consulté le 5 février 2016
  5. (en) Kipling Will, « Principles of Phylogenetics : Classification V – nomenclature ; Zoological & Botanical Codes ; practical systematics, monography », notes de cours de biologie intégrative [PDF], Integrative Biology 200A, sur berkeley.edu, University of California, Berkeley, (consulté le ).
  6. (fr+en) 4e édition (1999) du CINZ, sur le site de l’American Association for Zoological Nomenclature, p. 253.
  7. (en) Kottelat, M. and K.E. Witte, 1999. Two new species of Microrasbora from Thailand and Myanmar, with two new generic names for small Southeast Asian cyprinid fishes (Teleostei: Cyprinidae). J. South Asian Nat. Hist. 4(1):49-56.
  8. (en) Synonyms of Trigonostigma heteromorpha (Duncker, 1904), dans Fishbase, consulté le 8 juillet 2019.
  9. page ITIS sur l'ancien nom Rasbora heteromorpha Duncker, 1904 (en), consulté le 8 juillet 2019.
  10. page ITIS sur le nouveau nom Trigonostigma heteromorpha (Duncker, 1904) (en), consulté le 8 juillet 2019.

Annexes

Articles connexes

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