Ecdysozoa
Le super-embranchement des Ecdysozoa, ou Ecdysozoaires, est un clade d'animaux représentant la division des protostomiens dont le développement s'effectue par une ou plusieurs mues cuticulaires.
Les groupes les plus connus chez les Ecdysozoaires sont les arthropodes (comprenant notamment les insectes et les crustacés) et les nématodes.
Ce clade rend obsolète l'ancienne notion d'articulés (en) (classification de Georges Cuvier en 1817), qui regroupait arthropodes et annélides sur l'idée que la segmentation était un caractère ancestral[1]. Les données génétiques montrent que la segmentation s'est développée de façon indépendante chez les ecdysozoaires et les lophotrochozoaires. C'est bien la mue qui constitue un caractère ancestral et justifie de regrouper des ecdysozoaires, la segmentation étant une convergence évolutive[2].
La mue des arthropodes est déclenchée par l'ecdysone, mais cette hormone n'est probablement pas présente chez tous les Ecdysozoaires : le nématode Caenorhabditis elegans utilise une autre hormone stéroïde.
Parmi les autres synapomorphies des ecdysozoaires, on peut mentionner :
- le pharynx à musculature triradiée,
- une cuticule composée de 3 couches : l'épicuticule, l'exocuticule (composée de chitine) et l'endocuticule,
- la perte des cils locomoteurs de l’épiderme.
Étymologie
Ecdysozoa vient du grec ancien ἔκδυσις / ékdusis, « mue » et ζῷον / zôion, « animal ». Le premier mot a aussi donné le mot « ecdysis », signifiant "mue".
Histoire
Le groupe des Ecdysozoa a été proposé par Aguinaldo et al. en 1997 sur la base d'une analyse phylogénétique moléculaire de séquences 18S. Ce clade comprenait initialement les Onychophora, les Tardigrada, les Nematoda, les Nematomorpha, les Kinorhyncha et les Priapulida[1]. Il n'existait pas encore de données moléculaires pour les Loricifera qui ont été inclus au sein des Ecdysozoa par la suite. Cette étude a grandement participé à renverser l'hypothèse des Articulata[3] - [4] formulée par Cuvier en 1817, qui regroupait les Annelida et les Arthropoda en raison de leur segmentation.
La synapomorphie principale de ce groupe est la présence d'une croissance par mue. Aguinaldo et al. discutent également d'autres hypothèses, comme la perte des cils locomoteurs de l'épiderme. Ce caractère est absent chez tous les ecdysozoaires, mais il l'est également chez d'autres groupes de prostostomiens (chaetognathes et acanthocéphales), qui ont pu le perdre par convergence[1].
Phylogénie
Cladogramme selon une étude réalisée par Yamasaki en 2015[5]:
Liste des embranchements actuels
Selon ITIS (19 juillet 2017)[6] :
- super-embranchement Scalidophora
- Kinorhyncha Reinhard, 1881
- Loricifera Kristensen, 1983
- Nematoda Diesing, 1861
- Nematomorpha Vejdovsky, 1886
- Priapulida Delage & Hérouard, 1897
- clade Panarthropoda
- Arthropoda Latreille, 1829
- Onychophora Grube, 1853
- Tardigrada Spallanzani, 1777
- Echinoderes hwiizaa, un Kinorhyncha
- Onychophora sp., un onichophore
Liens externes
- (en) Référence Animal Diversity Web : Ecdysozoa (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Ecdysozoa (consulté le )
- (en) Référence Tree of Life Web Project : Ecdysozoa (consulté le )
- (en) Référence Paleobiology Database : clade Ecdysozoa † (Syn. de Ecdysozoa) (consulté le )
Référence
- Aguinaldo AMA, Turbeville JM, Lindford LS, Rivera MC, Garey JR, Raff RA, Lake JA, « Evidence for a clade of nematodes, arthropods and other moulting animals », Nature, vol. 387, , p. 489-93 (DOI 10.1038/387489a0, lire en ligne)
- Denis Poinsot, Maxime Hervé, Bernard Le Garff, Mael Ceillier, Diversité animale. Histoire, évolution et biologie des Métazoaires, De Boeck Superieur, (lire en ligne), p. 60
- Gerhard Scholtz, « The Articulata hypothesis – or what is a segment? », Organisms Diversity & Evolution, vol. 2, , p. 197-215
- Gonzalo Giribet et Gregory D. Edgecombe, « Current Understanding of Ecdysozoa and its Internal Phylogenetic Relationships », Integrative and Comparative Biology, vol. 57, , p. 455–466 (DOI 10.1093/icb/icx072)
- Hiroshi Yamasaki, Shinta Fujimoto et Katsumi Miyazaki, « Phylogenetic position of Loricifera inferred from nearly complete 18S and 28S rRNA gene sequences », Zoological Letters, vol. 1, , p. 18 (PMCID 4657359, DOI 10.1186/s40851-015-0017-0, lire en ligne)
- Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 19 juillet 2017