Synapomorphie
En phylogénétique, un caractère synapomorphique, ou synapomorphie, est un caractère dérivé (ou apomorphique), partagé par deux ou plusieurs taxons-frères. Le partage par au moins deux taxons certifie que la dérive du caractère n'est pas simplement contingente, mais est persistante et caractéristique de nouvelles espèces viables.
Une synapomorphie détermine ainsi un groupe monophylétique strict, ou clade, seul type de groupe reconnu par le cladisme. Toutefois tous les descendants peuvent ne pas partager ce caractère, en cas de dérive ultérieure de celui-ci constituant alors une nouvelle apomorphie.
La synapomorphie est une notion plus récente que celle d'homologie, qui a émergé à la suite des travaux récents des phylogénéticiens. En effet des organes anatomiques homologues sont certes l'expression d'une synapomorphie, mais la synapomorphie ne concerne pas obligatoirement des organes différenciés dont il faut détecter l'homologie : elle peut porter sur des organes parfaitement identiques, voire sur des caractères qui ne sont pas anatomiques (par exemple biochimiques).
Étymologie
Le terme synapomorphie vient du grec ancien συν / syn, « commun », απο / apo, « dérivé de » et μορφή / morphi, « forme ».
Autres cas d'isomorphie
Synapomorphie et symplésiomorphie
Un caractère partagé peut être hérité d'un ancêtre commun (homologie) mais non dérivé (c'est-à-dire n'ayant pas évolué dans une ou plusieurs 'branches' du taxon) : c'est alors une plésiomorphie, qui détermine un groupe paraphylétique — une autre partie de la descendance ayant acquis par ailleurs le caractère dérivé.
Synapomorphie et symplésiomorphie sont ainsi généralement complémentaires, l'une induisant l'autre.
Synapomorphie et convergence
Tous les organismes vivants présentant des caractères synapomorphiques peuvent être regroupés dans un même ensemble : par exemple l'existence de plumes et la transformation des clavicules en une fourchette sont des caractères synapomorphiques des oiseaux.
En revanche, la détention de caractères communs par plusieurs taxons n'est pas une garantie de synapomorphie. En effet, la convergence évolutive est susceptible de faire apparaître des caractères semblables, mais non dérivés, ni même homologues, car apparus indépendamment dans plusieurs lignées évolutives disjointes : par exemple l'apparition d'ailes chez les chauves-souris (ordre des chiroptères, mammifères), les ptérygotes (sous classe d'insectes ailés) et les oiseaux (classe des aves), qui correspond à une polyphylie.