Accueil🇫🇷Chercher

Eusthenopteron

Eusthenopteron est un genre Ă©teint de sarcoptĂ©rygiens, le poisson fossile le plus connu pour son anatomie proche du groupe des tĂ©trapodes. La plupart des reconstitutions de l'animal le montrent sortant de l'eau pour se dĂ©placer sur le sol ; cependant les scientifiques s'accordent Ă  dire Ă  prĂ©sent que ce poisson Ă©tait pĂ©lagique, c'est-Ă -dire qu'il vivait en pleine mer. On sait qu'Eusthenopteron a vĂ©cu il y a 385 millions d'annĂ©es, au DĂ©vonien supĂ©rieur, dans des eaux salĂ©es et douces du nord de l'AmĂ©rique et de l'Europe.

Eusthenopteron
Description de cette image, également commentée ci-après
Reconstitution d'un Eusthenopteron foordi par le paléoartiste Nobu Tamura

Genre

† Eusthenopteron
Whiteaves, 1881

Espèces de rang inférieur

L'une des deux espèces, Eusthenopteron foordi, a été décrite pour la première fois par J. F. Whiteaves, en 1881. Elle faisait partie d'une grande collection de poissons fossiles découverts à Miguasha, au Québec.

Étymologie

Eusthenopteron signifie en grec « aux bonnes vigoureuses nageoires » et foordi rend hommage au paléontologue Arthur Foord.

Description anatomique

Fossile d'Eusthenopteron foordi.

D'un point de vue anatomique, Eusthenopteron possède plusieurs traits communs avec les tétrapodes. Il possède le même modèle d'os crâniens qu'Ichthyostega et Acanthostega. Eusthenopteron, comme d'autres poissons de la classe des Tetrapodomorpha, possède des narines internes, appelées choanes, une caractéristique que l'on retrouve seulement chez les animaux terrestres et chez les sarcoptérygiens[1]. Il avait également la denture de tétrapodes primitifs, comparable à celle des espèces proches des anciens amphibiens que l'on classait autrefois parmi les Labyrinthodontia. Comme d'autres sarcoptérygiens, Eusthenopteron possédait un crâne en deux parties, qui pivotait à la moitié de l'articulation intracrânienne.

Évolution de la nageoire chez les sarcoptérygiens et du membre chiridien chez les tétrapodes : A. Eusthenopteron[2], B. Gogonasus, C. Panderichthys, D. Tiktaalik[3], E. Acanthostega, F. Ichthyostega, G. Tulerpeton.

La notoriété d'Eusthenopteron vient du patron de son endosquelette, qui porte un humérus, une ulna et un radius (sur la nageoire avant) et un fémur, un tibia et une fibula (sur la nageoire arrière). Ce patron est caractéristique chez les tétrapodes. À présent, on sait que c'est une caractéristique générale chez les nageoires des sarcoptérygiens fossilisés.

La présence de véritables choanes (narines internes) indique que ces animaux possèdent sans doute des poumons mais la présence d’opercules osseux au niveau des joues laisse supposer l’existence simultanée de branchies[4].

On a trouvĂ© des Ă©lĂ©ments squelettiques tels que des parties du toit crânien, mâchoires, etc. qui indiquent clairement que la taille pouvait dĂ©passer les 120 centimètres. Sa queue Ă©tait caractĂ©ristique, puisque son profil Ă©tait courbĂ© et s'achevait en trois pointes, Ă  la manière d'un trident. La nageoire postĂ©rieure a dĂ» fournir Ă  l'animal la capacitĂ© de rĂ©aliser des Ă©lans rapides, indispensables pour la chasse et pour la fuite.

Systématique

Descendants des sarcoptérygiens pélagiques

Au Dévonien, certains poissons à nageoires lobées comme l'Eusthenopteron, bien que dotés déjà de nageoires dont le squelette interne évoque celui des tétrapodes, restent pélagiques ou strictement aquatiques. Des poissons tétrapodomorphes connaissent une diversification importante mais restent inféodés à des environnements côtiers (estuaires, lagunes) et d'eau douce (fleuves, rivières, mares), tout en présentant plusieurs adaptations qui leur permettent de se déplacer épisodiquement sur terre : Panderichthys rhombolepis, Tiktaalik, Acanthostega, Ichthyostega.
Des poumons rudimentaires sont déjà présents chez les premiers poissons à nageoires lobées à la fin du Silurien. Leur conservation sous forme vestigiale chez le cœlacanthe actuel témoigne de leur longue histoire évolutive et de leur statut de caractère commun à l'ensemble des sarcoptérygiens.

Eusthenopteron diffère des tĂ©trapodes de la pĂ©riode Carbonifère postĂ©rieure dans l'absence apparente d'Ă©tat larvaire reconnu et d'une mĂ©tamorphose dĂ©finitive. MĂŞme chez le plus petit spĂ©cimen connu d' Eusthenopteron foordi (29 millimètres), le Lepidotrichia (aileron composĂ© de rayons osseux et segmentĂ©s) couvre toutes les nageoires, ce qui ne se produit pas vers la fin de la mĂ©tamorphose chez les espèces de la famille des Polyodontidae. Cela peut signifier que l'Eusthenopteron se dĂ©veloppait directement, avec la forme gĂ©nĂ©rale du corps de l'adulte dĂ©jĂ  prĂ©sente chez les alevins.

Paléobiologie

Durant le Dévonien, les saisons sèches et chaudes étaient très rudes, provoquant de grands problèmes pour beaucoup d'espèces aquatiques. Quand le niveau des lacs a baissé, les poissons se sont retrouvés avec peu de dioxygène, et sont morts probablement par anoxie, avant l'assèchement total de la zone. Cette situation a exercé une pression sélective que seuls des poissons comme l'Eusthenopteron étaient préparés à supporter.

Espèces

  • E. foordi
  • E. savesoderberghi

Notes et références

  1. Erik Jarvik et le prince de Miguasha
  2. Les nageoires paires, nageoires pectorales et pelviennes, montrent une base charnue dotée d’une ossature dichotomique monobasale (un seul os s'articule avec la ceinture : les nageoires pectorales sont articulées à la ceinture scapulaire par l'humérus, les nageoires pelviennes à la ceinture pelvienne par le fémur), annonçant le membre chiridien des tétrapodes, et elles sont soutenues à leur extrémité par des rayons dermiques en éventail
  3. La nageoire pectorale possède plusieurs séries d'os s'articulant distalement à l'ulna : ces os appelés radiaux, sont disposés en trois rangées transversales et se segmentent, processus qui pourrait être à l'origine des métacarpiens et des phalanges. D'après (en) N. H. Shubin & P. Alberch, « A morphogenetic approach to the origin and basic organization of the tetrapod limb », Evolutionary Biology, vol. 20, no 1,‎ , p. 319–387
  4. Jean-Pierre Lehman, Les preuves paléontologiques de l'évolution, Presses universitaires de France, , p. 71.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) S. Cote, R. Carroll, R. Cloutier, and L. Bar-Sagi, « Vertebral development in the Devonian Sarcopterygian fish Eusthenopteron foordi and the polarity of vertebral evolution in non-amniote tetrapods », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 22, no 3,‎ , p. 487–502 (DOI 10.1671/0272-4634(2002)022[0487:VDITDS]2.0.CO;2)
  • (en) R. Cloutier, Devonian Fishes and Plants of Miguasha, Quebec, Canada, Dr. Friedrich Pfeil, MĂĽnchen, , « Taxonomic review of Eusthenopteron foordi. », p. 487–502
  • (en) E. Jarvik, Basic Structure and Evolution of Vertebrates, Academic Pess,

Articles connexes

Lien externe

Références taxinomiques

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.