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Lemuriformes

Les lĂ©muriens (Lemuriformes) forment un infra-ordre de primates strepsirrhiniens endĂ©miques de l'Ăźle de Madagascar. Leur nom dĂ©rive de celui des lĂ©mures (des fantĂŽmes ou esprits de la mythologie romaine) en raison de leurs vocalisations rappelant les bruits attribuĂ©s aux fantĂŽmes, de leurs grands yeux rĂ©flĂ©chissant la lumiĂšre et des habitudes nocturnes de certaines espĂšces. Bien que les lĂ©muriens soient souvent confondus avec les premiers primates, ils ne sont pas les ancĂȘtres des primates anthropoĂŻdes (singes, grands singes et humains) avec lesquels ils partagent des caractĂšres morphologiques et comportementaux trouvĂ©s chez les primates primitifs.

Lemuriformes
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Différents lémuriens

Infra-ordre

Lemuriformes
Gregory, 1915

Statut CITES

Sur l'annexe  I  de la CITES Annexe I , Date de révision inconnue
Toutes les espĂšces[1]

Les lĂ©muriens sont arrivĂ©s sur Madagascar depuis le continent africain, il y a de cela de 62 Ă  65 millions d'annĂ©es, en traversant la mer sur des tapis de vĂ©gĂ©tation Ă  une Ă©poque oĂč les courants ocĂ©aniques Ă©taient favorables Ă  une dispersion vers l'Ăźle. Depuis cette Ă©poque, les lĂ©muriens ont Ă©voluĂ© pour faire face Ă  un environnement extrĂȘmement saisonnier et leur capacitĂ© d'adaptation leur a donnĂ© une diversitĂ© qui rivalise avec celle de tous les autres groupes de primates. Il y a prĂšs de 2 000 ans, peu aprĂšs l'arrivĂ©e des humains Ă  Madagascar, il y avait encore sur l'Ăźle des lĂ©muriens de la taille d'un gorille mĂąle. Aujourd'hui, on y dĂ©nombre une centaine d'espĂšces de lĂ©muriens, et la plupart de ces espĂšces ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes (ou promues au rang d'espĂšce Ă  part entiĂšre) dans les annĂ©es 1990, mais leur classification taxonomique est controversĂ©e et dĂ©pend de la notion utilisĂ©e pour dĂ©finir une espĂšce. MĂȘme la taxonomie de niveau supĂ©rieur est contestĂ©e, certains experts prĂ©fĂ©rant placer la plupart des lĂ©muriens dans l'infra-ordre des lĂ©muriformes, tandis que d'autres regroupent tous les strepsirrhiniens actuels dans les Lemuriformes, et placent tous les lĂ©muriens dans la super-famille des Lemuroidea et tous les loris et les galagos dans la super-famille des Lorisoidea.

Leur poids varie de 30 grammes Ă  9 kilogrammes et ils partagent de nombreux traits de base des primates, comme des doigts opposables aux mains et aux pieds, et des ongles au lieu de griffes pour la plupart des espĂšces. Cependant, la taille du cerveau par rapport Ă  leur corps est infĂ©rieure Ă  celle des primates anthropoĂŻdes et, comme d'autres primates strepsirrhiniens, ils ont un rhinarium. Les lĂ©muriens sont gĂ©nĂ©ralement les plus sociaux des primates strepsirrhiniens et communiquent davantage avec les odeurs et les vocalisations qu'avec la vue. Les lĂ©muriens ont des mĂ©tabolismes de base relativement faibles et peuvent avoir une reproduction saisonniĂšre, une dormance (comme l'hibernation ou la lĂ©thargie), ou une femelle dominante socialement. Leur rĂ©gime alimentaire est gĂ©nĂ©ralement composĂ© d'une grande variĂ©tĂ© de fruits et de feuilles, mais certains ont une alimentation plus spĂ©cialisĂ©e. Bien que de nombreuses espĂšces de lĂ©muriens aient des rĂ©gimes alimentaires similaires, les diffĂ©rentes espĂšces de lĂ©muriens occupent des niches distinctes dans les mĂȘmes forĂȘts.

La recherche sur les LĂ©muriens axĂ©e sur la taxonomie et la collection de spĂ©cimens a commencĂ© au cours des XVIIIe et XIXe siĂšcles. Nous avons connaissance des quelques observations des premiers explorateurs. Si d'autres ou encore les populations prĂ©sentes les avaient prĂ©alablement Ă©tudiĂ©s, leurs donnĂ©es ne nous sont pas parvenues. Les Ă©tudes rĂ©centes sur leur Ă©cologie et leur comportement n'ont vĂ©ritablement commencĂ© qu'en 1950 et 1960. Initialement entravĂ©es par l'instabilitĂ© et les troubles politiques Ă  Madagascar au milieu des annĂ©es 1970, les Ă©tudes de terrain ont repris dans les annĂ©es 1980 et ont grandement amĂ©liorĂ© la comprĂ©hension de ces primates. Les installations de recherche comme le Centre sur les LĂ©muriens de Duke ont fourni des moyens de recherche sous des paramĂštres contrĂŽlĂ©s. Les lĂ©muriens sont importants pour la recherche car leur mĂ©lange de caractĂšres primitifs et de traits communs aux primates anthropoĂŻdes peut apporter un Ă©clairage nouveau sur l'Ă©volution des primates et de l'homme. Cependant, de nombreuses espĂšces de lĂ©muriens sont menacĂ©es d'extinction en raison de la rĂ©gression de leur habitat et de la chasse. MĂȘme si les traditions locales aident gĂ©nĂ©ralement Ă  protĂ©ger les lĂ©muriens et leurs forĂȘts, l'abattage illĂ©gal, la pauvretĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e et l'instabilitĂ© politique empĂȘchent et sapent les efforts de conservation.

Étymologie

Carl von LinnĂ©, le fondateur de la nomenclature binominale moderne, a donnĂ© leur nom aux lĂ©muriens dĂšs 1758, dans son ouvrage Systema Naturae. Il dĂ©crivait trois espĂšces dans le genre Lemur : Lemur tardigradus (le Loris paresseux, maintenant connu sous le nom de Nycticebus coucang), Lemur catta (le LĂ©mur catta) et Lemur volans (le GalĂ©opithĂšque, maintenant connu sous le nom de Cynocephalus volans)[2]. Bien que le terme « lĂ©muriens » ait apparemment Ă©tĂ© d'abord destinĂ© Ă  dĂ©signer les loris, le nom a rapidement Ă©tĂ© limitĂ© aux primates endĂ©miques Ă  Madagascar, qui sont maintenant connus sous le nom de « lĂ©muriens »[3]. Le nom dĂ©rive du terme latin lemures[4] qui dĂ©signe des spectres ou des fantĂŽmes qui Ă©taient exorcisĂ©s pendant la fĂȘte de Lemuria[5]. LinnĂ© connaissait les habitudes nocturnes et l'aspect fantomatique des lĂ©muriens et des loris[6], ainsi que leurs mouvements silencieux la nuit, le pouvoir rĂ©flĂ©chissant de leurs grands yeux et leurs cris de fantĂŽmes. Il se peut Ă©galement qu'il ait eu connaissance des lĂ©gendes colportĂ©es par certains peuples malgaches selon lesquelles les lĂ©muriens Ă©taient les Ăąmes de leurs ancĂȘtres[7]. Familier des Ɠuvres de Virgile et d'Ovide et trouvant lĂ  une analogie qui cadrait avec son schĂ©ma de nommage, LinnĂ© a adoptĂ© le terme de « Lemur » pour dĂ©signer ces primates nocturnes[8].

Histoire Ă©volutive

Les lĂ©muriens sont des primates prosimiens appartenant au sous-ordre des Strepsirrhini. Comme d'autres primates strepsirrhiniens, tels que les loris, le potto et les galagos, ils partagent des traits ancestraux avec les premiers primates. À cet Ă©gard, les lĂ©muriens sont souvent prĂ©sentĂ©s comme les ancĂȘtres des primates, mais il n'en est rien et la lignĂ©e des lĂ©muriens n'a pas engendrĂ© celle des Haplorrhini, qui inclut les hominidĂ©s. Ils ont Ă©voluĂ© de façon indĂ©pendante dans l'isolement de Madagascar[9]. Traditionnellement, tous les strepsirrhiniens modernes, dont les lĂ©muriens, sont considĂ©rĂ©s comme ayant Ă©voluĂ© Ă  partir des primates primitifs connus sous le nom d'Adapiformes au cours de l'ÉocĂšne (il y a 56 Ă  34 millions d'annĂ©es) ou au PalĂ©ocĂšne (il y a de 65 Ă  56 millions d'annĂ©es)[9] - [10] - [11]. Toutefois les Adapiformes n'avaient pas l'arrangement spĂ©cial de dents, connu sous le nom de peigne dentaire, que presque tous les strepsirrhiniens vivants possĂšdent[12] - [13] - [14]. Une hypothĂšse plus rĂ©cente veut que les lĂ©muriens descendent des primates Lorisiformes. Cette hypothĂšse rĂ©sulte des Ă©tudes comparatives du gĂšne du cytochrome b et de la prĂ©sence du peigne dentaire dans les deux groupes[14] - [15]. Au lieu d'ĂȘtre les ancĂȘtres directs des lĂ©muriens, les Adapiformes ont peut-ĂȘtre donnĂ© naissance Ă  la fois aux lĂ©muriens et aux Lorisiformes, une division qui serait soutenue par des Ă©tudes de phylogĂ©nĂ©tique molĂ©culaire[14]. La sĂ©paration entre lĂ©muriens et loris se serait produite il y a 62 Ă  65 Ma selon les Ă©tudes molĂ©culaires[16], bien que d'autres tests gĂ©nĂ©tiques et les gisements de fossiles en Afrique suggĂšrent des estimations plus prudentes datant cette divergence de 50 Ă  55 millions d'annĂ©es[17].

Jadis partie du supercontinent Gondwana, l'Ăźle de Madagascar a Ă©tĂ© isolĂ©e aprĂšs s'ĂȘtre sĂ©parĂ©e de l'Afrique orientale (il y a environ 160 millions d'annĂ©es), de l'Antarctique (il y a entre 80 et 130 millions d'annĂ©es) et de l'Inde (il y a 80 Ă  90 millions d'annĂ©es)[18] - [19]. Comme les premiers lĂ©muriens sont probablement venus d'Afrique il y a autour de 62 Ă  64 millions d'annĂ©es, ils ont dĂ» traverser le canal de Mozambique, un chenal profond entre l'Afrique et Madagascar, d'une largeur minimale d'environ 560 km[14]. En 1915, le palĂ©ontologue William Diller Matthew note que la biodiversitĂ© des mammifĂšres de Madagascar (lĂ©muriens compris) ne peut s'expliquer que par le hasard de dispersion par radeau de vĂ©gĂ©tation, oĂč de trĂšs petites populations de petits animaux venus d'Afrique proche ont Ă©tĂ© portĂ©es sur des tapis de vĂ©gĂ©taux enchevĂȘtrĂ©s partis Ă  la mer depuis l'embouchure de grands fleuves et sont arrivĂ©es sur l'Ăźle[20]. Cette forme de dispersion biologique a pu se produire de façon alĂ©atoire sur des millions d'annĂ©es[14] - [21]. Dans les annĂ©es 1940, le palĂ©ontologue amĂ©ricain George Gaylord Simpson a inventĂ© le terme d'« hypothĂšse de la loterie » pour ces Ă©vĂ©nements alĂ©atoires[22]. Le radeau de vĂ©gĂ©tation est depuis l'explication la plus acceptĂ©e pour la colonisation de Madagascar par les lĂ©muriens[23] - [24] mais, jusqu'Ă  rĂ©cemment, on pensait que ce voyage Ă©tait trĂšs peu probable car les courants ocĂ©aniques ont tendance Ă  Ă©loigner les objets de l'Ăźle[25]. En , un rapport a dĂ©montrĂ© que, il y a environ 60 millions d'annĂ©es, Madagascar et l'Afrique Ă©taient toutes deux Ă  1 650 km plus au sud que leurs positions actuelles, les plaçant dans des courants ocĂ©aniques diffĂ©rents, inverses de ce qu'ils sont aujourd'hui. Les courants ocĂ©aniques auraient Ă©tĂ© encore plus forts qu'aujourd'hui, ce qui aurait poussĂ© un radeau vĂ©gĂ©tal plus vite, raccourcissant le temps de voyage Ă  30 jours ou moins, dĂ©lai assez court pour que de petits mammifĂšres puissent survivre facilement. Comme les plaques continentales ont dĂ©rivĂ© vers le nord, les courants ont progressivement changĂ©, et au bout de 20 millions d'annĂ©es, la fenĂȘtre pour la dispersion ocĂ©anique a Ă©tĂ© fermĂ©e, isolant les lĂ©muriens et le reste de la faune terrestre malgache de l'Afrique continentale[25]. IsolĂ©s sur Madagascar avec seulement un nombre limitĂ© de concurrents chez les mammifĂšres, les lĂ©muriens n'ont pas eu Ă  rivaliser avec d'autres mammifĂšres arboricoles comme les Ă©cureuils dans leur Ă©volution[26]. Ils n'ont pas eu Ă©galement Ă  rivaliser avec les singes, qui ont Ă©voluĂ© plus tard en Afrique. En effet, l'intelligence, l'agressivitĂ© et la rouerie des singes leur a donnĂ© un avantage sur les autres primates dans l'exploitation de l'environnement[4] - [13].

Phylogénie au sein de l'ordre

Phylogénie des infra-ordres actuels de primates, d'aprÚs Perelman et al. (2011)[27] :

Primates
Haplorrhini

Simiiformes (singes)



Tarsiiformes (tarsiers)



Strepsirrhini

Lorisiformes (loris, galagos
)




Chiromyiformes (l'aye-aye)



Lemuriformes (lémuriens)





Note: l'Aye-Aye est ici classé en dehors des lémuriformes.

Répartition et diversité

Reconstitution d'un lémurien paresseux Babakotia radofilai, éteint il y a moins de deux mille ans.

Depuis leur arrivĂ©e sur Madagascar, les lĂ©muriens se sont adaptĂ©s pour occuper de nombreuses niches Ă©cologiques disponibles[13] - [26]. Leur diversitĂ© de comportements et de morphologie sont comparables Ă  celle des singes du reste du monde[4]. D'un poids allant de 30 g pour le MicrocĂšbe de Mme Berthe, le plus petit primate du monde[28], Ă  160-200 kg pour Archaeoindris fontoynonti rĂ©cemment Ă©teint[29], les lĂ©muriens ont Ă©voluĂ© selon diverses formes de locomotion, diffĂ©rents niveaux de complexitĂ© sociale, et des adaptations uniques aux conditions climatiques locales[13] - [30].

Les lémuriens n'ont pas de traits communs qui les distingueraient des autres primates[31]. Les différents types de lémuriens ont évolué en des combinaisons uniques de caractéristiques inhabituelles pour faire face au climat rude et saisonnier de Madagascar. Ces caractéristiques peuvent inclure le stockage saisonnier de graisses, l'hypométabolisme (y compris la léthargie et l'hibernation), les groupes de petite taille, la faible encéphalisation, la cathéméralité (activité de jour comme de nuit entrecoupée de périodes de repos) et les saisons de reproduction strictes[10] - [30]. Les importantes limitations de ressources et la reproduction saisonniÚre sont également considérées comme ayant donné lieu à trois autres traits relativement courants chez les lémuriens : la dominance sociale féminine, le monomorphisme sexuel et la concurrence entre mùles avec de faibles niveaux d'agonisme, tels que la compétition spermatique[32].

Avant l'arrivĂ©e des humains, il y a environ 1 500 Ă  2 000 ans, on trouvait les lĂ©muriens sur toute l'Ăźle[26]. Cependant, les premiers colons ont rapidement transformĂ© les forĂȘts en riziĂšres et en prairies par le biais d'abattis-brĂ»lis (connus localement sous le nom de « tavy »), restreignant le territoire des lĂ©muriens Ă  environ 10 % de la superficie de l'Ăźle, soit environ 60 000 km2[33]. Aujourd'hui, la diversitĂ© et la complexitĂ© des communautĂ©s de lĂ©muriens croit avec la biodiversitĂ© vĂ©gĂ©tale et les prĂ©cipitations et est la plus Ă©levĂ©e dans les forĂȘts tropicales de la cĂŽte Est, qui sont les plus arrosĂ©es et montrent la plus grande richesse floristique[11]. En dĂ©pit de leurs adaptations Ă  une adversitĂ© extrĂȘme, la destruction de leurs habitats et la chasse ont entraĂźnĂ© une forte baisse des populations de lĂ©muriens, et leur diversitĂ© a diminuĂ©, avec l'extinction rĂ©cente d'au moins 17 espĂšces dans huit genres[26] - [29] - [34], connues collectivement comme les « lĂ©muriens subfossiles ». La plupart des quelque 100 espĂšces et sous-espĂšces de lĂ©muriens sont menacĂ©es ou en voie de disparition. Sauf changement de tendance, les extinctions sont susceptibles de continuer[35].

Jusqu'Ă  rĂ©cemment, les lĂ©muriens gĂ©ants vivaient Ă  Madagascar. Maintenant, on ne les trouve plus que par les restes rĂ©cents ou sub-fossiles, alors qu'ils Ă©taient des formes modernes qui faisaient autrefois partie de la riche diversitĂ© de lĂ©muriens qui vivaient sur l'Ăźle. Certaines de leurs adaptations Ă©taient diffĂ©rentes de celles trouvĂ©es dans leurs familles actuelles[26]. Les 17 lĂ©muriens Ă©teints Ă©taient plus grands que les espĂšces actuelles, certains pesant jusqu'Ă  200 kg[4] et on pense qu'ils Ă©taient actifs durant la journĂ©e[36]. Non seulement ils Ă©taient diffĂ©rents en taille et en apparence, mais ils occupaient en plus des niches Ă©cologiques qui n'existent plus ou sont restĂ©es vides[26]. Une grande partie de Madagascar, qui est maintenant dĂ©pourvue de forĂȘts et de lĂ©muriens, accueillait autrefois diverses communautĂ©s de primates avec plus de 20 espĂšces de lĂ©muriens couvrant la gamme complĂšte de taille des lĂ©muriens[37].

Classification taxonomique et phylogénie interne

D'un point de vue taxonomique, le terme « lémur » désigne à l'origine le genre Lemur, qui ne contient actuellement que le lémur catta. Le terme est maintenant utilisé dans le sens familier pour nommer tous les primates malgaches[39].

La taxonomie des lĂ©muriens est controversĂ©e et les experts ne sont pas d'accord, surtout avec l'augmentation rĂ©cente du nombre d'espĂšces reconnues[31] - [40] - [41]. Selon Russell Mittermeier, le prĂ©sident du Conservation International (CI), le taxonomiste Colin Groves et d'autres, il y aurait prĂšs de 100 espĂšces ou sous-espĂšces actuelles reconnues de lĂ©muriens, divisĂ©es en cinq familles et quinze genres[42]. Comme les donnĂ©es gĂ©nĂ©tiques indiquent que les lĂ©muriens sub-fossiles rĂ©cemment Ă©teints Ă©taient Ă©troitement liĂ©s aux lĂ©muriens actuels[43], trois autres familles, huit genres et dix-sept espĂšces peuvent ĂȘtre inclus dans le total[29] - [34]. En revanche, d'autres experts contestent cette inflation taxonomique[41], n'admettant qu'un total proche de 50 espĂšces[31].

La classification des lĂ©muriens dans le sous-ordre des Strepsirrhini est tout aussi controversĂ©e, bien que la plupart des experts s'entendent sur le mĂȘme arbre phylogĂ©nĂ©tique. Dans une taxonomie publiĂ©e par Colin Groves, l'Aye-aye a Ă©tĂ© placĂ© dans son propre infra-ordre, les Chiromyiformes, tandis que le reste des lĂ©muriens a Ă©tĂ© placĂ© dans celui des lĂ©muriformes[44]. Dans une autre taxinomie, les lĂ©muriformes contiennent tous les strepsirrhiniens rĂ©partis en deux super-familles, les Lemuroidea pour tous les lĂ©muriens et les Lorisoidea pour les loris et les galagos[17].

Deux classifications des Strepsirrhini en infra-ordres et super-familles
3 infra-ordres, 2 super-familles[44] 1 infra-ordre, 2 super-familles[17] - [45]
Lepilemur sahamalazensis a été identifié comme espÚce à part entiÚre en 2006.

La taxonomie des lĂ©muriens a considĂ©rablement changĂ© depuis la premiĂšre classification de Carl von LinnĂ© en 1758. Un des plus grands dĂ©fis a Ă©tĂ© la classification de l'aye-aye, sujet Ă  controverse jusqu'Ă  trĂšs rĂ©cemment[4]. Avant que Richard Owen publie une Ă©tude anatomique dĂ©taillĂ©e en 1866, les naturalistes ne savaient pas si l'aye-aye (genre Daubentonia) Ă©tait un primate, un rongeur ou un marsupial[46] - [47] - [48]. Toutefois, le classement de l'aye-aye dans le Primates est restĂ© problĂ©matique jusqu'Ă  trĂšs rĂ©cemment. Sur la base de son anatomie, les chercheurs ont trouvĂ© un argument pour placer le genre Daubentonia comme un indriidĂ© spĂ©cialisĂ©, un groupe sƓur de tous les strepsirrhiniens, et un taxon indĂ©terminĂ© au sein de l'ordre des Primates[15]. Des tests molĂ©culaires ont montrĂ© que les Daubentoniidae Ă©taient Ă  la base de tous les lĂ©muriformes[15] - [49] et en 2008, Russell Mittermeier, Colin Groves et autres ont abandonnĂ© la taxonomie de niveau supĂ©rieur et dĂ©fini les lĂ©muriens comme monophylĂ©tique et contenant cinq familles, dont les Daubentoniidae[42].

Les relations entre les familles de lĂ©muriens se sont Ă©galement avĂ©rĂ©es problĂ©matiques et ne sont pas encore dĂ©finitivement Ă©tablies[15]. Pour compliquer davantage la question, plusieurs primates fossiles du PalĂ©ocĂšne ayant vĂ©cu hors de Madagascar, comme Bugtilemur, ont Ă©tĂ© classĂ©s comme des lĂ©muriens[50]. Toutefois, un consensus scientifique s'est fait pour n'accepter que des preuves gĂ©nĂ©tiques[15] - [49] et, par consĂ©quent, on admet gĂ©nĂ©ralement que les primates malgaches sont monophylĂ©tiques[15] - [23] - [38]. Un autre sujet de discorde est la relation entre les Lepilemuridae et les Megaladapidae aujourd'hui disparus. RegroupĂ©s auparavant dans la mĂȘme famille en raison des similitudes dans leur dentition[51], ils ne sont plus considĂ©rĂ©s comme Ă©tant Ă©troitement liĂ©s grĂące aux Ă©tudes gĂ©nĂ©tiques[38] - [52].

Le plus grand nombre de changements taxonomiques a eu lieu au niveau des genres et, mĂȘme si ces rĂ©visions se sont pas dĂ©finitives, elles sont souvent appuyĂ©es sur des analyses gĂ©nĂ©tiques et molĂ©culaires. Les rĂ©visions les plus notables portent sur la scission progressive du genre Lemur en genres distincts : l'actuel genre Lemur qui ne contient plus que le LĂ©mur catta, le genre Varecia (lĂ©murs Ă  criniĂšre) et le genre Eulemur qui se distinguent par de nombreux caractĂšres morphologiques[53] - [54].

En raison de plusieurs révisions taxonomiques par Russell Mittermeier, Colin Groves et autres, le nombre d'espÚces de lémuriens reconnues est passé de 33 espÚces et sous-espÚces en 1994 à environ 100 en 2008[31] - [42] - [55]. Avec le progrÚs des recherches de cytogénétique et de génétique moléculaire, ainsi que des études de terrain en cours, en particulier avec les espÚces cryptiques et minuscules appartenant au genre Microcebus, le nombre d'espÚces reconnues de lémuriens est susceptible de continuer à croßtre[31]. Toutefois, l'augmentation rapide du nombre d'espÚces a ses détracteurs parmi les taxonomistes spécialistes des lémuriens. Cette classification dépendra finalement de la définition donnée à la notion d'espÚce, les écologistes sont souvent favorables à des définitions qui aboutissent à la séparation de populations génétiquement distinctes en espÚces distinctes afin d'obtenir une protection accrue de l'environnement. D'autres penchent pour des différences plus importantes[31] - [41].

Anatomie et physiologie

Les lĂ©muriens varient fortement en taille. Ils comprennent les plus petits primates du monde et, jusqu'Ă  rĂ©cemment, incluaient Ă©galement certains des plus grands. Ils se situent actuellement dans une Ă©chelle de poids allant d'environ 30 g pour le microcĂšbe de Mme Berthe (Microcebus berthae) jusqu'Ă  7 Ă  9 kg pour l'indri (Indri indri) et le PropithĂšque Ă  diadĂšmes (Propithecus diadema)[56] - [57]. Si l'on y inclut les espĂšces rĂ©cemment disparues, l'Ă©chelle de taille va jusqu'Ă  160 Ă  200 kg, le poids d'un gorille mĂąle adulte pour Archaeoindris fontoynonti[4] - [29].

Gros plan sur la griffe de toilette d'un lémurien Varecia variegata au niveau du deuxiÚme orteil gauche ; les autres doigts portent des ongles.

Comme tous les primates, les lémuriens ont cinq doigts opposables avec des ongles (dans la plupart des cas) aux mains et aux pieds. La plupart des lémuriens possÚdent un ongle long, épais, comprimé latéralement, appelé une griffe de toilette, trÚs souvent sur le deuxiÚme orteil et utilisée par l'animal pour se gratter et se toiletter[47] - [58]. En plus de la griffe de toilette, les lémuriens partagent un certain nombre de traits avec d'autres strepsirrhiniens qui sont un rhinarium, un organe voméro-nasal fonctionnel et permettant donc de détecter les phéromones ; ils ont une barre post-orbitaire mais il existe une ouverture post-orbitaire, la cavité orbitaire n'étant pas complÚtement fermée à l'arriÚre, les orbites ne sont pas entiÚrement orientées vers l'avant ; les branches gauche et droite de leur mandibule (mùchoire inférieure) ne sont pas entiÚrement fusionnées, et le rapport du poids du cerveau au poids du corps est bas[14] - [59].

Ils partagent d'autres traits avec des primates prosimiens (primates strepsirrhiniens et tarsiers) comme un utĂ©rus bicorne (Ă  deux cornes) et une implantation du placenta Ă©pithĂ©liochoriale[12] - [59]. Parce que leurs pouces ne sont pas complĂštement opposables, ils sont moins indĂ©pendants des autres doigts que chez les autres primates[58], leurs mains sont loin d'ĂȘtre parfaites pour saisir et manipuler des objets[19]. Aux pieds, au contraire, ils ont un gros orteil largement sĂ©parĂ© des autres doigts ce qui facilite la prĂ©hension des branches[47]. Contrairement Ă  une croyance trĂšs rĂ©pandue, les lĂ©muriens n'ont pas une queue prĂ©hensile, ce caractĂšre Ă©tant limitĂ© aux singes du Nouveau Monde, en particulier chez les atĂ©lidĂ©s[58]. Les lĂ©muriens comptent aussi beaucoup sur leur sens de l'odorat, comme la plupart des autres mammifĂšres et primates primitifs, mais pas beaucoup sur l'orientation visuelle comme c'est le cas les primates Ă©voluĂ©s[19].

Les lĂ©muriens sont un groupe diversifiĂ© de primates en termes de morphologie et de physiologie[31]. Certains lĂ©muriens, comme les lĂ©pilĂ©muridĂ©s et les indriidĂ©s, ont des membres postĂ©rieurs plus longs que les membres antĂ©rieurs, ce qui en fait d'excellents sauteurs[60] - [61] - [62]. Les indriidĂ©s ont aussi un systĂšme digestif adaptĂ© Ă  leur rĂ©gime wikt:folivore, prĂ©sentant de grandes glandes salivaires, un estomac spacieux et un cĂŠcum allongĂ© ce qui facilite la fermentation[11] - [13] - [57] - [63] - [64]. Le Chirogale Ă  oreilles velues (Allocebus trichotis) aurait une langue trĂšs longue, ce qui lui permet de se nourrir de nectar[47]. De mĂȘme, le LĂ©mur Ă  ventre roux (Eulemur rubriventer) a une langue en forme de brosse couverte de poils, conçue pour se nourrir uniquement de nectar et de pollen[11]. L'aye-aye a quelques traits qui sont uniques chez les primates, et qui le met Ă  part chez les lĂ©muriens. Ce sont une croissance permanente, des dents antĂ©rieures de rongeurs pour ronger le bois et les graines coriaces, un majeur trĂšs mobile filiforme pour pouvoir extraire des aliments des petits trous, de grandes oreilles de chauve-souris pour dĂ©tecter des cavitĂ©s dans les arbres[13] - [26] - [47] - [65] et d'utiliser des sons qu'il Ă©met pour prospecter[46].

Les lémuriens sont inhabituels dans ce qu'ils ont une grande variabilité dans leur structure sociale, mais ils n'ont généralement pas de dimorphisme sexuel en taille et en morphologie des canines[11] - [39]. Cependant, certaines espÚces ont tendance à avoir des femelles plus grosses que les mùles[46] et deux espÚces d'Eulémurs, Eulemur cinereiceps et E. rufus, présentent des différences de taille dans les canines[66]. Certains lémuriens présentent un dichromatisme sexuel (différence sexuelle de coloration de la fourrure)[39] mais cette différence varie de l'évidence, comme chez le lémur noir (E. macaco), à trÚs peu de chose dans le cas du Lémur fauve (E. fulvus)[66].

L'incapacitĂ© pour les humains de distinguer visuellement entre deux ou plusieurs espĂšces a Ă©tĂ© dĂ©couverte rĂ©cemment chez les lĂ©muriens, en particulier chez les lĂ©pilĂ©murs et les microcĂšbes. Chez les lĂ©pilĂ©murs, les sous-espĂšces sont traditionnellement dĂ©finies sur la base de lĂ©gĂšres diffĂ©rences morphologiques, mais de nouvelles preuves gĂ©nĂ©tiques ont donnĂ© un vĂ©ritable statut d'espĂšce Ă  des populations rĂ©gionales[52]. Dans le cas des lĂ©muriens, le MicrocĂšbe mignon (M. murinus), le MicrocĂšbe brun-dorĂ© (M. ravelobensis), et le MicrocĂšbe de Goodman (M. lehilahytsara) Ă©taient considĂ©rĂ©s comme appartenant Ă  la mĂȘme espĂšce jusqu'Ă  rĂ©cemment, lorsque des tests gĂ©nĂ©tiques les ont identifiĂ©s comme des espĂšces cryptiques[67].

Denture

Denture déciduale et définitive des lémuriens
FamilleFormule dentaire déciduale[51] - [68]Formule dentaire définitive[39] - [47]
[69] - [70]
Cheirogaleidae, Lemuridae2.1.32.1.3 × 2 = 242.1.3.32.1.3.3 × 2 = 36
Lepilemuridae2.1.32.1.3 × 2 = 240.1.3.32.1.3.3 × 2 = 32
† Archaeolemuridae2.1.32.0.3 × 2 = 222.1.3.31.1.3.3 × 2 = 34
† Megaladapidae1.1.32.1.3 × 2 = 220.1.3.32.1.3.3 × 2 = 32
Indriidae, † Palaeopropithecidae2.1.22.1.3 × 2 = 22[N 1]2.1.2.32.0.2.3 × 2 = 30[N 2]
Daubentoniidae1.1.21.1.2 × 2 = 161.0.1.31.0.0.3 × 2 = 18

La denture des lémuriens est hétérodonte (les dents ont des morphologies différentes) et dérive d'une denture permanente des premiers primates de formule : 2.1.3.32.1.3.3. Les indriidés, les lépilémuridés, l'aye-aye, et les lémuriens aujourd'hui disparus qu'étaient les Palaeopropithecidae, les Archaeolemuridae et les Megaladapidae ont des dentures réduites, ayant perdu une partie de leurs incisives, canines ou prémolaires[72]. La denture primitive temporaire avait la formule suivante : 2.1.32.1.3 mais les jeunes indriidés, aye-ayes, Palaeopropithecidae, Archaeolemuridae et Megaladapidae avaient sans doute moins de dents de lait[51] - [68].

Il y a aussi des diffĂ©rences notables dans la morphologie et la topographie dentaire entre les lĂ©muriens. Les Indriis, par exemple, ont des dents qui sont parfaitement conçues pour couper les feuilles et broyer les graines[57]. Dans le peigne dentaire de la plupart des lĂ©muriens, les incisives et les canines sont orientĂ©es vers l'avant plutĂŽt que vers le haut et sont finement espacĂ©es, fournissant ainsi un outil utilisĂ© pour le toilettage ou l'alimentation[14] - [51] - [72]. Par exemple, les indriis utilisent leur peigne, non seulement pour la toilette, mais aussi pour extraire les grosses graines difficiles Ă  sĂ©parer de la pulpe des fruits de Beilschmiedia[73], tandis que les lĂ©muriens du genre Phaner utilisent leur peigne relativement long pour mordre Ă  travers l'Ă©corce des arbres jusqu'Ă  atteindre la sĂšve[47]. Seul l'aye-aye, Daubentonia robusta, et les plus grands des Palaeopropithecidae n'avaient pas de peigne fonctionnel[72] - [70]. Dans le cas de l'aye-aye, la morphologie des incisives temporaires, qui sont perdues peu aprĂšs la naissance[74], indique que ses ancĂȘtres avaient un peigne. Ces dents de lait sont remplacĂ©es par des incisives Ă  racine ouverte et Ă  croissance continue (dents hypselodontes)[72].

Peigne dentaire de Maki catta.

Le peigne des lĂ©muriens se compose normalement de six dents (quatre incisives et deux canines), mais les indriidĂ©s, les Archaeolemuridae et certains Palaeopropithecidae ont ou avaient seulement un peigne Ă  quatre dents en raison de la perte soit de deux canines soit de deux incisives[14] - [72]. Lorsque la canine infĂ©rieure est incluse dans le peigne ou perdue, la denture infĂ©rieure peut ĂȘtre difficile Ă  dĂ©chiffrer, surtout lorsque la premiĂšre prĂ©molaire (P2) est en forme de canine pour remplir le rĂŽle de la canine disparue[51]. Chez les lĂ©muriens folivores, Ă  l'exception des indriidĂ©s, les incisives supĂ©rieures sont rĂ©duites ou absentes[51] - [72]. UtilisĂ© en association avec le peigne de la mandibule (mĂąchoire infĂ©rieure), cet ensemble n'est pas sans rappeler celui des ruminants[72].

Les lĂ©muriens ont la particularitĂ© chez les primates d'avoir un dĂ©veloppement dentaire rapide, en particulier pour les plus grandes espĂšces. Par exemple, la croissance du corps des indriidĂ©s est relativement lente, mais la formation et l'Ă©ruption des dents extrĂȘmement rapide[75]. En revanche, les primates anthropoĂŻdes prĂ©sentent un dĂ©veloppement dentaire plus lent associĂ© Ă  la croissance et au dĂ©veloppement de l'individu[72]. Les lĂ©muriens ont Ă©galement un dĂ©veloppement dentaire prĂ©coce Ă  la naissance, et ont leur denture permanente complĂšte au moment du sevrage[30].

Les lĂ©muriens ont gĂ©nĂ©ralement un Ă©mail dentaire plus mince que celui des primates anthropoĂŻdes. Cela peut entraĂźner une usure supplĂ©mentaire et des bris de la partie antĂ©rieure des dents en raison de l'usage important qui en est fait dans la toilette, l'alimentation et les combats. On a peu d'informations sur la santĂ© dentaire des lĂ©muriens, en dehors des lĂ©muriens sauvages de la rĂ©serve privĂ©e de Berenty oĂč l'on a observĂ© parfois des abcĂšs dentaires (considĂ©rĂ©s comme des plaies ouvertes sur le museau) et des caries, probablement en raison de la consommation d'aliments introduits[72].

Sens

L'odorat est un sens trĂšs important chez les lĂ©muriens et est frĂ©quemment utilisĂ© dans leurs communications[11] - [13] - [19]. Les lĂ©muriens ont un museau plus long que celui des haplorrhiniens ce qui est traditionnellement considĂ©rĂ© comme leur permettant d'avoir un meilleur criblage des odeurs[13] bien que cela ne se traduise pas nĂ©cessairement par une meilleure acuitĂ© olfactive puisque ce n'est pas la taille relative de la cavitĂ© nasale qui est corrĂ©lĂ©e Ă  l'acuitĂ© de l'odorat mais la densitĂ© des rĂ©cepteurs olfactifs[76] - [77]. À noter cependant qu'un museau allongĂ© peut faciliter la mastication[77].

Les lémuriens ont généralement un rhinarium, ainsi qu'un museau plus long que celui des primates anthropoïdes.

Le rhinarium, est un organe partagé avec les autres strepsirrhiniens et de nombreux autres mammifÚres, mais pas avec les primates haplorrhiniens[47]. Bien que l'on prétende qu'il serve à renforcer l'odorat[59], c'est surtout un organe du toucher associé à un organe voméronasal bien développé. Comme les phéromones sont généralement des molécules de grande taille, non-volatiles, le rhinarium sert à toucher un objet possédant des phéromones et à les transférer par le philtrum (la fente sous-nasale centrale) jusqu'à l'organe voméronasal via le foramen incisif situé dans le palais osseux[12].

Pour communiquer par l'odorat, ce qui est utile la nuit, les lémuriens marquent les lieux avec de l'urine ainsi qu'avec des glandes odorantes situées sur les poignets, à l'intérieur du coude, les régions génitales ou le cou[12] - [59]. La peau du scrotum de la plupart des lémuriens mùles a des glandes odorantes[78]. Les lémuriens Varecia et les propithÚques mùles possÚdent une glande à la base du cou[12] - [47], tandis que le grand hapalémur (Prolemur simus) et le lémur catta ont des glandes à l'intérieur des bras, prÚs des aisselles[12]. Les lémurs catta mùles possÚdent également des glandes odorantes à l'intérieur de leur avant-bras, à cÎté d'un éperon pointu, dont ils se servent comme gouge lorsqu'ils marquent les branches de leur empreinte olfactive[47]. Ils peuvent également frotter leur queue contre leurs avant-bras, puis s'engager dans un combat odorant en agitant la queue devant leur adversaire[12].

Les lĂ©muriens (et les strepsirrhiniens en gĂ©nĂ©ral) sont considĂ©rĂ©s comme s'orientant moins visuellement que les primates supĂ©rieurs mais dĂ©pendent trĂšs fortement de leur sens de l'odorat et de la dĂ©tection des phĂ©romones. La fovĂ©a rĂ©tinienne, qui donne une bonne acuitĂ© visuelle supĂ©rieure, n'est pas bien dĂ©veloppĂ©e. La paroi postorbitaire (la fermeture osseuse derriĂšre l'Ɠil) des primates haplorrhiniens est considĂ©rĂ©e comme stabilisant lĂ©gĂšrement l'Ɠil, permettant l'Ă©volution de la fovĂ©a. Avec seulement une barre postorbitaire, les lĂ©muriens ont Ă©tĂ© incapables d'utiliser une fovĂ©a[79]. Par consĂ©quent, quelle que soit leur pĂ©riode d'activitĂ© (nocturne, cathĂ©mĂ©rale ou diurne), les lĂ©muriens ont une faible acuitĂ© visuelle et une haute sommation rĂ©tinienne[30]. Les lĂ©muriens ont cependant un champ visuel plus large que les primates anthropoĂŻdes en raison d'une lĂ©gĂšre diffĂ©rence dans l'angle entre les deux yeux, comme indiquĂ© dans le tableau suivant[80] :

Angle des yeux et champs visuels[80]
Angle des yeux Champ binoculaire Champ visuel total
LĂ©muriens 10–15° 114–130° 250–280°
Anthropoïdes 0° 140–160° 180–190°

Bien que dĂ©pourvus de fovĂ©a, certains lĂ©muriens diurnes ont une zone riche en cĂŽnes, bien que moins bien regroupĂ©s que dans la fovĂ©a, l'area centralis[79]. On a constatĂ© que cette zone de la rĂ©tine a cependant un rapport cellules Ă  bĂątonnet / cellules Ă  cĂŽnes Ă©levĂ© chez de nombreuses espĂšces diurnes Ă©tudiĂ©es jusqu'Ă  prĂ©sent, alors que les anthropoĂŻdes diurnes n'ont pas de cellules Ă  bĂątonnet dans leur fovĂ©a. Encore une fois, cela suggĂšre une acuitĂ© visuelle infĂ©rieure des lĂ©muriens par rapport aux anthropoĂŻdes[81]. En outre, ce rapport de cellules peut ĂȘtre variable, mĂȘme chez les espĂšces diurnes. Par exemple, le sifaka de Verreaux (Propithecus verreauxi) et l'indri (Indri indri) ont seulement quelques grands cĂŽnes dispersĂ©s dans leur rĂ©tine dominĂ©e par les bĂątonnets. Les yeux du lĂ©mur catta contiennent un cĂŽne pour cinq bĂątonnets. Par contre, les lĂ©muriens nocturnes comme les microcĂšbes et les cheirogales ont des rĂ©tines entiĂšrement composĂ©es de bĂątonnets[12].

Les Aye-ayes ont les yeux qui sont brillants la nuit car ils ont une couche de tissu qui rĂ©flĂ©chit la lumiĂšre dans l'Ɠil, le tapetum lucidum.

Comme les cellules à cÎne permettent la vision des couleurs, la prévalence élevée de cellules à bùtonnet dans les yeux des lémuriens suggÚre qu'ils n'ont pas évolué dans la vision des couleurs[12]. Chez le lémurien le plus étudié, le Lémur catta, on a démontré la possibilité de distinguer les couleurs bleu et jaune, mais aussi leur incapacité à voir le rouge et le vert[82]. En raison du polymorphisme des gÚnes du chromosome X qui codent les opsines, les protéines réceptives à la couleur, on peut quelquefois trouver quelques femelles de lémuriens tels que le sifaka de Coquerel (Propithecus coquereli) et le Maki vari roux (Varecia rubra) qui ont une vision trichromatique. La plupart des lémuriens, par conséquent, ont soit une vision monochromatique (ne voient qu'une couleur) soit une vision dichromatique[12].

La plupart des lĂ©muriens ont conservĂ© leur tapetum lucidum, une couche rĂ©flĂ©chissante situĂ©e dans l'Ɠil, que l'on retrouve chez de nombreux vertĂ©brĂ©s[39]. Ce trait est absent chez les primates haplorrhiniens et sa prĂ©sence limite l'acuitĂ© visuelle chez les lĂ©muriens[30] - [81]. Le tapetum des strepsirrhiniens est unique chez les mammifĂšres car il est constituĂ© de riboflavine cristallisĂ©e, et la diffusion rĂ©sultante de la lumiĂšre est le facteur limitant de leur acuitĂ© visuelle[81]. Bien que le tapetum soit considĂ©rĂ© comme omniprĂ©sent chez les lĂ©muriens, il semble y avoir des exceptions chez les EulĂ©murs, comme le lĂ©mur noir et le LĂ©mur brun commun, ainsi que les lĂ©muriens huppĂ©s[12] - [30] - [81]. Mais comme la riboflavine a tendance Ă  se dissoudre et disparaĂźtre lors des traitements pour examen histologique, ces exceptions sont encore discutables[12].

MĂ©tabolisme

Les lĂ©muriens ont un mĂ©tabolisme de base (MB) rĂ©duit, ce qui les aide Ă  conserver leur Ă©nergie pendant la saison sĂšche, quand l'eau et la nourriture sont rares[11] - [62]. Ils peuvent optimiser leur consommation d'Ă©nergie en abaissant leur besoins mĂ©taboliques Ă  20 % en dessous des valeurs prĂ©dites pour les mammifĂšres de masse corporelle similaire[83]. Le LĂ©pilĂ©mur Ă  queue rousse (Lepilemur ruficaudatus), par exemple, a un des mĂ©tabolismes les plus bas chez les mammifĂšres. Son faible mĂ©tabolisme peut ĂȘtre liĂ© Ă  son rĂ©gime alimentaire folivore et Ă  sa masse corporelle relativement faible[62]. Les adaptations comportementales des lĂ©muriens complĂštent ces explications, comme leur exposition au soleil, leur tenue assise dos voĂ»tĂ©, le fait de se blottir groupĂ©s et le partage du nid pour rĂ©duire les pertes de chaleur et Ă©conomiser les calories[83]. Les cheirogales et les microcĂšbes prĂ©sentent une pĂ©riode de dormance pour Ă©conomiser l'Ă©nergie[83]. Avant la saison sĂšche, ils accumulent des graisses Ă  la base de la queue et dans leurs pattes arriĂšre, doublant ainsi leur poids[28] - [84] - [85]. Des lĂ©muriens qui ne connaissent pas la dormance sont Ă©galement en mesure d'arrĂȘter certains aspects de leur mĂ©tabolisme pour conserver leur Ă©nergie[83].

Comportement

Le comportement des lémuriens est aussi variable que leur morphologie. Les différences dans le régime alimentaire, les systÚmes sociaux, les types d'activité, la locomotion, les communications, les tactiques d'évitement des prédateurs, les systÚmes d'élevage des petits et les niveaux d'intelligence aident à différencier les taxons lémuriens de chaque espÚce. Bien que la tendance soit souvent de distinguer les petits lémuriens nocturnes des grands lémuriens diurnes, il y a souvent des exceptions qui contribuent à illustrer le caractÚre unique et diversifié de ces primates malgaches.

Alimentation

Les microcÚbes mangent surtout des fruits mais leur régime alimentaire peut contenir aussi des insectes.

L'alimentation des lémuriens est trÚs variable et montre un haut degré de plasticité[86] bien que la tendance générale soit que les plus petites espÚces consomment surtout des fruits et des insectes (omnivore) et que les plus grandes soient plutÎt herbivores[36]. Comme tous les primates, les lémuriens affamés peuvent manger tout ce qui est comestible que ce soit ou non l'un de leurs aliments préférés[12]. Par exemple, le Lémur catta se nourrit d'insectes et de petits vertébrés en cas de besoin[36] - [53] et, par conséquent, il est généralement considéré comme un omnivore opportuniste[72]. Le MicrocÚbe de Coquerel (Mirza coquereli) est surtout frugivore mais il peut consommer des sécrétions d'insectes pendant la saison sÚche[36].

Une hypothĂšse courante en mammalogie est que les petits mammifĂšres ne peuvent pas subsister en consommant uniquement des vĂ©gĂ©taux et doivent avoir un rĂ©gime alimentaire riche en calories pour survivre. En consĂ©quence, on pensait que le rĂ©gime alimentaire des plus petits primates devaient ĂȘtre riches en protĂ©ines et donc contenir des insectes (insectivores). La recherche a montrĂ© toutefois, que les microcĂšbes, les plus petits primates actuels, consomment plus de fruits que d'insectes, ce qui contredit l'hypothĂšse populaire[12] - [36].

Les vĂ©gĂ©taux constituent la majoritĂ© des rĂ©gimes de la plupart des lĂ©muriens. Les lĂ©muriens exploitent au moins 109 familles de plantes poussant Ă  Madagascar (soit 55 % de la vĂ©gĂ©tation malgache). Comme les lĂ©muriens sont principalement arboricoles, la plupart d'entre eux consomment des parties de plantes ligneuses, comme les arbres, les arbustes ou les lianes. Seul le LĂ©mur catta, les hapalĂ©murs (genre Hapalemur), et le Maki vari noir et blanc (Varecia variegata) consomment des herbes. Bien que Madagascar soit riche en fougĂšres variĂ©es, les lĂ©muriens en mangent rarement. Une raison possible est que les fougĂšres n'ont pas de fleurs, de fruits ou graines, des produits alimentaires courants dans les rĂ©gimes de lĂ©muriens. On trouve aussi les fougĂšres prĂšs du sol alors que les lĂ©muriens passent le plus clair de leur temps dans les arbres. Enfin, les fougĂšres ont un goĂ»t dĂ©sagrĂ©able en raison de la haute teneur en tanins dans leurs frondes. De mĂȘme, les mangroves semblent ĂȘtre rarement exploitĂ©es par des lĂ©muriens en raison de leur forte teneur en tanins[86]. Quelques lĂ©muriens semblent s'ĂȘtre adaptĂ© aux plantes possĂ©dant des moyens de dĂ©fense usuels comme les tanins et les alcaloĂŻdes[73]. L'HapalĂ©mur dorĂ© (Hapalemur aureus), par exemple, mange du bambou gĂ©ant (Cathariostachys madagascariensis), qui contient des concentrations Ă©levĂ©es en cyanure. Ce lĂ©murien peut consommer quotidiennement douze fois la dose lĂ©tale pour la plupart des mammifĂšres. Les mĂ©canismes physiologiques qui le protĂšgent contre l'empoisonnement au cyanure sont inconnus[11]. Au centre de lĂ©muriens de Duke aux États-Unis, des lĂ©muriens qui errent dans des enclos extĂ©rieurs mangent du Sumac grimpant (Taxicodendron radicans) sans montrer d'effets nĂ©fastes[58].

Les bambous représentent jusqu'à plus de 95 % de l'alimentation des Prolemur[53].

Bon nombre d'espĂšces de lĂ©muriens consomment des feuilles (folivorie)[86] notamment les indriidĂ©s[60]. Certains lĂ©muriens plus petits, comme les genres Lepilemur et les Avahi, mangent aussi beaucoup de feuilles, faisant d'eux les plus petits primates Ă  le faire[62]. Les plus petits des lĂ©muriens n'en consomment gĂ©nĂ©ralement pas beaucoup[86]. On a constatĂ© que l'ensemble des lĂ©muriens consommaient au moins 82 familles de plantes indigĂšnes et 15 familles de plantes exotiques. Les lĂ©muriens ont tendance Ă  ĂȘtre sĂ©lectifs dans les parties et l'Ăąge des feuilles et des pousses qu'ils consomment. Souvent, ils prĂ©fĂšrent les jeunes feuilles aux feuilles matures[86].

De nombreux lĂ©muriens qui mangent des feuilles ont tendance Ă  le faire pendant les pĂ©riodes oĂč les fruits sont rares, ce qui entraine parfois des pertes de poids[87]. La plupart des espĂšces de lĂ©muriens, dont la plupart des plus petits mais pas certains indriidĂ©s, mangent surtout des fruits lorsqu'il y en a de disponibles. Des Ă©tudes ont montrĂ© que, collectivement, les lĂ©muriens consommaient les fruits d'au moins 86 familles de plantes indigĂšnes et de 15 familles de plantes exotiques. Comme chez la plupart des animaux qui consomment des fruits tropicaux, les diffĂ©rentes espĂšces de figues constituent le fruit prĂ©fĂ©rĂ© des lĂ©muriens[86]. Chez de nombreux anthropoĂŻdes, les fruits sont une des principales sources de vitamine C, mais Ă  la diffĂ©rence des anthropoĂŻdes, les lĂ©muriens (et tous les strepsirrhiniens) peuvent synthĂ©tiser la vitamine C[88]. Les premiers lĂ©muriens Ă©levĂ©s en captivitĂ© ont eu des rĂ©gimes qui comportaient beaucoup de fruits riches en vitamine C ce qui pouvait provoquer une hĂ©mosidĂ©rose, une maladie par surcharge en fer, la vitamine C augmentant l'absorption du fer. Cependant la plupart des lĂ©muriens ne sont pas sujets Ă  cette maladie, dont la frĂ©quence varie selon les lieux d'Ă©levage et peut dĂ©pendre de l'alimentation, des protocoles d'Ă©levage et des caractĂ©ristiques gĂ©nĂ©tiques. Les hypothĂšses relatives au problĂšme doivent ĂȘtre testĂ©s sĂ©parĂ©ment pour chaque espĂšce[89]. Le lĂ©mur catta, par exemple, semble ĂȘtre moins enclin Ă  la maladie que d'autres espĂšces de lĂ©muriens[90].

On connait seulement huit espĂšces de lĂ©muriens qui consomment des graines (granivores), mais cela peut ĂȘtre sous-estimĂ©, car la plupart des observations qui rapportent la consommation de fruits ne semblent pas avoir Ă©tudiĂ© la consommation de graines. Ces lĂ©muriens incluent certains indriidĂ©s, comme le PropithĂšque Ă  diadĂšmes(Propithecus diadema), le PropithĂšque Ă  couronne dorĂ©e (Propithecus tattersalli), l'indri[11] - [64] et l'aye-aye. L'aye-aye, qui se spĂ©cialise dans une alimentation difficile, peut broyer des graines de Canarium, qui sont trop dures pour ĂȘtre cassĂ©es par les singes du Nouveau Monde[46]. Les lĂ©muriens consomment les graines d'au moins 36 genres de 23 familles de plantes[86].

Les lémuriens allant des minuscules microcÚbes aux relativement grands Varecia consomment les inflorescences (grappes de fleurs) d'au moins 60 familles de plantes. Si elles ne consomment parfois pas les fleurs, certaines espÚces en consomment le nectar (nectarivores) ou/et le pollen (pollinivores). Au moins 24 espÚces indigÚnes de 17 familles de plantes servent à la consommation de nectar ou de pollen par les lémuriens[86].

Quelques espÚces de lémuriens consomment l'écorce et la gomme des arbres. 18 espÚces de plantes sont ainsi utilisées pour leur sÚve et ce seulement dans les régions sÚches du sud et de l'ouest de Madagascar. Seul le Phaner à fourche (Phaner furcifer) et le MicrocÚbe de Coquerel consomment réguliÚrement la gomme des arbres. Les écorces n'ont jamais été signalées comme une denrée alimentaire importante dans l'alimentation des lémuriens, mais au moins quatre espÚces en mangent : l'aye-aye, le Lépilémur à queue rousse (Lepilemur ruficaudatus), le Lémur brun (Eulemur fulvus) et le PropithÚque de Verreaux (Propithecus verreauxi). Dans la plupart des cas la consommation d'écorce est directement liée à l'absorption de gommes, sauf pour les écorces d'Afzelia bijuga consommées par les aye-ayes dans la région de Nosy Mangabe au nord de Madagascar[86].

Les lémuriens consomment aussi de la terre (géophagie) ce qui aide probablement à la digestion, apporte des minéraux et des sels, et aide à absorber les toxines. Les propithÚques mangent des termitiÚres, absorbant éventuellement une flore intestinale qui facilitera la digestion de la cellulose des feuilles[58].

Les systĂšmes sociaux

Les lĂ©muriens sont des animaux sociaux qui vivent en groupes comprenant habituellement moins de 15 individus[11]. Les modĂšles sociaux observĂ©s comprennent les types « solitude, mais sociabilitĂ© », « fission-fusion », « vie de couple » et « groupe multi-mĂąles »[91]. Les lĂ©muriens nocturnes sont souvent solitaires, mais sociaux, recherchant leur nourriture seuls la nuit, mais nichant souvent en groupe pendant la journĂ©e. Le degrĂ© de socialisation varie selon l'espĂšce, le sexe, le lieu et la saison[26] - [36]. Chez de nombreuses espĂšces nocturnes, par exemple, les femelles, avec leurs petits, partagent leurs nids avec d'autres femelles et peut-ĂȘtre un mĂąle, dont le territoire vital contiendrait une ou plusieurs femelles reproductrices. Chez les lĂ©pilĂ©murs et les phaners, une ou deux femelles peuvent partager un mĂȘme territoire, Ă©ventuellement avec un mĂąle. En plus de partager les mĂȘmes nids, ils peuvent Ă©galement interagir vocalement ou physiquement avec leurs petits pendant qu'ils cherchent leur nourriture au cours de la nuit[36]. Les lĂ©muriens diurnes prĂ©sentent de nombreux systĂšmes sociaux analogues Ă  ceux des singes[11] - [36] vivant de façon relativement permanente et cohĂ©rente en groupes sociaux. Les groupes Ă  plusieurs mĂąles sont les plus communs, comme chez la plupart des primates anthropoĂŻdes. Les eulĂ©murs utilisent ce systĂšme social, vivant souvent en groupes de dix individus ou moins. On a constatĂ© que les Varecia vivaient en systĂšme fission-fusion[36] et les indris vivent en couple[91].

Les chirogales sont des animaux solitaires mais sociaux, cherchant leur nourriture seuls mais dormant en groupes.

Certaines espĂšces de lĂ©muriens femelles sont philopatres, les femelles vivant sur leur lieu de naissance et les mĂąles Ă©migrant lorsqu'ils atteignent l'Ăąge adulte, alors que chez d'autres espĂšces les deux sexes vont migrer[11]. Dans certains cas, la philopatrie des femelles comme trouvĂ©e chez le LĂ©mur catta, le propithĂšque de Milne-Edwards (Propithecus edwardsi) et le propithĂšque de Verreaux. Leurs ancĂȘtres Ă©taient peut-ĂȘtre plus solitaires, avec des femelles qui vivaient en dyades mĂšre-fille. Au fil du temps, ces dyades ont pu s'allier entre dyades voisines afin de pouvoir mieux dĂ©fendre des ressources rĂ©parties sur un plus vaste territoire. Si cela est vrai, les groupes multi-mĂąles des lĂ©muriens peuvent ĂȘtre fondamentalement diffĂ©rents dans leur structure interne de ceux des primates catarrhiniens (singes du Vieux Monde et grands singes)[92].

La dominance sociale des femelles retrouvée chez les lémuriens les met à l'écart de la plupart des autres primates et des mammifÚres[11] - [36] - [39] - [93] ; chez la plupart des primates, les mùles sont dominants sauf lorsque les femelles se mettent ensemble pour les chasser[94]. Cependant, de nombreuses espÚces d'eulémurs font exception[36] - [66] et le grand hapalémur (Prolemur simus) ne connait pas de dominance des femelles[95]. Lorsque les femelles sont dominantes au sein d'un groupe, la façon dont elles exercent leur domination varie. Les lémurs catta mùles agissent docilement, qu'il y ait ou non des signes d'agressivité des femelles alors que les lémurs couronnés mùles (Eulemur coronatus), ne se montreront soumis que si les femelles se montrent agressives à leur égard. L'agressivité des femelles est souvent associée à, mais sans s'y limiter, l'alimentation[96].

Il y a eu de nombreuses hypothĂšses pour tenter d'expliquer pourquoi, chez les lĂ©muriens, la dominance sociale est assurĂ©e par les femelles alors que ce n'est pas le cas chez les autres primates ayant des structures sociales similaires[11] - [93] mais il n'y a toujours aucun consensus aprĂšs des dĂ©cennies de recherche. L'opinion dominante dans la littĂ©rature est que la domination fĂ©minine est une caractĂ©ristique avantageuse compte tenu des coĂ»ts reproductifs et de la raretĂ© des ressources disponibles[93]. En effet, on a montrĂ© que la domination des femelles est liĂ©e Ă  une augmentation de l'investissement maternel[94]. Toutefois, lorsqu'on a comparĂ© ce mode de vie dans des conditions de coĂ»ts reproductifs et d'extrĂȘme saisonnalitĂ© des ressources avec celui des autres primates, les autres primates ont une dominance mĂąle mĂȘme dans des conditions plus difficiles que celles rencontrĂ©es par les lĂ©muriens. En 2008, une nouvelle hypothĂšse a vu le jour en utilisant la thĂ©orie des jeux simples. On a fait valoir que, lorsque deux individus de force Ă©quivalente se battent, celui qui a le plus besoin de gagner remporte le conflit car c'est lui qui a le plus Ă  perdre. Par consĂ©quent, la femelle, qui a besoin de plus de ressources pour sa grossesse, son allaitement et les soins maternels, est plus susceptible de gagner dans les conflits avec des mĂąles de taille Ă©gale. Ceci, cependant, suppose un monomorphisme entre les sexes[93]. L'annĂ©e suivante, une nouvelle hypothĂšse a Ă©tĂ© proposĂ©e pour expliquer ce monomorphisme, expliquant que la plupart des femelles n'Ă©tant rĂ©ceptives sexuellement que pendant un jour ou deux par an, les mĂąles peuvent utiliser une forme plus passive de gardiennage : les bouchons copulateurs, qui bloquent l'appareil reproducteur fĂ©minin et qui empĂȘchent les autres mĂąles de s'accoupler avec elle avec succĂšs, et rĂ©duisent donc le besoin d'agressivitĂ© et la nĂ©cessitĂ© d'une Ă©volution vers un dimorphisme sexuel[32].

L'épouillage mutuel a de nombreux rÎles dans la vie sociale des lémuriens.

En gĂ©nĂ©ral, le niveau d'agressivitĂ© a tendance Ă  ĂȘtre corrĂ©lĂ© Ă  la longueur relative des canines. Le lĂ©mur catta a de longues canines pointues Ă  la mĂąchoire supĂ©rieure chez les deux sexes et un niveau Ă©levĂ© d'agonisme. Au contraire, l'Indri, qui a des canines plus petites, a un comportement moins agressif[30]. Lorsque des groupes voisins de la mĂȘme espĂšce s'affrontent pour dĂ©fendre leurs territoires, le conflit peut prendre une forme ritualisĂ©e. Chez les propithĂšques, ces combats ritualisĂ©s comportent des affrontements du regard, des grognements, des marquages odorants et des sauts pour occuper certaines parties de l'arbre. L'indri dĂ©fend son territoire par des combats de « chants rituels »[11](appelĂ©s chants d’EurĂ©lien).

Comme chez les autres primates, les lĂ©muriens s'Ă©pouillent mutuellement pour apaiser les tensions et amĂ©liorer les relations. Ils s'Ă©pouillent en guise de salutation, au rĂ©veil, au moment d'aller dormir, entre mĂšre et enfant, dans les relations entre jeunes et pour des avances sexuelles[97]. Contrairement aux primates anthropoĂŻdes, qui Ă©cartent les poils avec les mains et ramassent les parasites avec les doigts ou la bouche, les lĂ©muriens Ă©pouillent avec la langue et en grattant les poils avec leur peigne dentaire[11] - [97]. MalgrĂ© les diffĂ©rences dans la technique, les lĂ©muriens s'Ă©pouillent avec la mĂȘme frĂ©quence et pour les mĂȘmes raisons que les anthropoĂŻdes[97].

Rythmes d'activité

La pĂ©riode d'activitĂ© se situe gĂ©nĂ©ralement la nuit chez les petits lĂ©muriens et le jour chez la plupart des plus grands. On ne trouve pas d'activitĂ© diurne chez tous les autres prosimiens[26]. Il existe une activitĂ© cathĂ©mĂ©rale -oĂč un animal est actif sporadiquement jour et nuit- chez quelques-uns des plus grands lĂ©muriens. Rares sont les autres primates prĂ©sentant ce genre de cycle d'activitĂ©[98], rĂ©gulier ou irrĂ©gulier suivant les conditions changeantes d'environnement[11]. Les lĂ©muriens Ă  cycle cathĂ©mĂ©ral les mieux Ă©tudiĂ©s sont les eulĂ©murs[39] - [99]. MĂȘme si le lĂ©mur mongos (Eulemur mongoz) est l'exemple le mieux documentĂ©, toutes les espĂšces Ă©tudiĂ©es de ce genre ont montrĂ© un certain taux de comportement cathĂ©mĂ©ral[66] bien que l'activitĂ© nocturne soit souvent limitĂ©e par la possibilitĂ© d'avoir une certaine luminositĂ© et soit donc dĂ©pendante du cycle lunaire[12]. Ce type de comportement a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© dans les annĂ©es 1960 chez des espĂšces d'eulĂ©murs ainsi que d'autres espĂšces de Lemuridae, comme les Varecia et les Hapalemur. Initialement dĂ©fini comme « crĂ©pusculaire » (actif Ă  l'aube et au crĂ©puscule), ce comportement a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© par des recherches supplĂ©mentaires effectuĂ©es par l'anthropologue Ian Tattersall qui a inventĂ© le nouveau terme « cathĂ©mĂ©ral »[98], bien que de nombreux non-anthropologues prĂ©fĂšrent les termes « circadiens » ou « journaliers »[12].

Un lémurien au Zoo de Beauval, en France.

Afin d'Ă©conomiser l'Ă©nergie et l'eau dans un environnement trĂšs variable selon les saisons[83] - [100], les microcĂšbes et les chirogales ont des cycles saisonniers avec une pĂ©riode de dormance, oĂč le mĂ©tabolisme et la tempĂ©rature corporelle sont abaissĂ©s. Ce sont les seuls primates connus Ă  le faire[83]. Ils accumulent des rĂ©serves de graisse dans leurs pattes postĂ©rieures et la base de leur queue avant la saison sĂšche, avant que la nourriture et l'eau deviennent rares[28] - [84], ils peuvent prĂ©senter des pĂ©riodes de torpeur courtes ou prolongĂ©es pendant la saison sĂšche. Les pĂ©riodes courtes durant moins de 24 heures alors que les pĂ©riodes prolongĂ©es durent en moyenne deux semaines et voient les animaux prĂ©senter des signes d'hibernation[83]. Les microcĂšbes ont des pĂ©riodes de torpeur courtes qui se rĂ©pĂštent plusieurs jours consĂ©cutifs, tandis que les chirogales hibernent pendant six Ă  huit mois chaque annĂ©e[26] - [28] - [85] en particulier sur la cĂŽte ouest de Madagascar[100].

Les chirogales sont les seuls primates connus pour hiberner pendant des pĂ©riodes prolongĂ©es[83] - [101]. Contrairement Ă  d'autres mammifĂšres qui hibernent dans les rĂ©gions tempĂ©rĂ©es et qui se rĂ©veillent rĂ©guliĂšrement pendant quelques jours, ces lĂ©muriens peuvent hiberner profondĂ©ment pendant cinq mois en continu (de mai Ă  septembre). Avant et aprĂšs cette longue pĂ©riode d'hibernation, il y a deux mois (avril et octobre) de transition, oĂč ils se nourrissent de façon limitĂ©e pour Ă©viter d'utiliser leurs rĂ©serves de graisse[100]. Contrairement aux autres mammifĂšres qui hibernent chez qui la tempĂ©rature corporelle reste basse et stable, leur tempĂ©rature varie en fonction de la tempĂ©rature ambiante[28] - [85] - [100].

Les lĂ©muriens qui ne prĂ©sentent pas de pĂ©riode de dormance Ă©conomisent leur Ă©nergie en sĂ©lectionnant des microhabitats thermorĂ©gulĂ©s (tels que des trous d'arbres), partageant les mĂȘmes nids et rĂ©duisant les surfaces du corps exposĂ©es au froid en se tenant si possible assis, courbĂ©s et blottis les uns contre les autres. En outre, le lĂ©mur catta, le Varecia et les propithĂšques s'exposent au soleil, utilisant le rayonnement solaire au lieu de la chaleur mĂ©tabolique pour chauffer leur corps[83].

Locomotion

Un PropithÚque de Verreaux se déplaçant latéralement par bonds sur le sol.

Le mode de dĂ©placement des lĂ©muriens, actuels ou disparus, est trĂšs variĂ© et sa diversitĂ© dĂ©passe celle des anthropoĂŻdes[36]. Les postures et les comportements adaptĂ©s pour se dĂ©placer comportent l'accrochage vertical et le saut (y compris la marche par bonds), trouvĂ© chez les indriidĂ©s et les hapalĂ©murs[36] - [60] ; la locomotion lente dans les arbres en utilisant les quatre membres (comme retrouvĂ©e chez les actuels loris) appliquĂ©e autrefois par Mesopropithecus[102] ; les dĂ©placements rapides dans les arbres retrouvĂ©s chez les eulĂ©murs et les VarĂ©cias[36] - [103] ; l'intermittente marche Ă  quatre pattes du LĂ©mur catta ; l'habituelle marche Ă  quatre pattes trouvĂ©e autrefois chez les Archaeolemuridae comme Hadropithecus[36] et le lent dĂ©placement en suspension, autrefois utilisĂ© par de nombreux Palaeopropithecidae, comme Palaeopropithecus[11] - [36] L'HapalĂ©mur gris d'Alaotra (Hapalemur alaotrensis) est mĂȘme considĂ©rĂ© comme un bon nageur[11]. Parfois, ces types de locomotion sont utilisĂ©s pour partager les lĂ©muriens en deux groupes : les lĂ©muriens Ă  accrochage vertical et saut et ceux se dĂ©plaçant avec leurs quatre membres dans les arbres ou sur le sol[58].

Les prouesses de saut des indriidĂ©s sont bien connues et sont un sujet d'attraction des Ă©cotouristes visitant Madagascar[104]. Avec leurs longues pattes arriĂšre puissantes, ils se propulsent en l'air pour arriver en position verticale sur un arbre voisin, accrochant le nouveau support vertical des deux mains et des deux pieds[13]. Les IndriidĂ©s peuvent ainsi parcourir jusqu'Ă  10 m en sautant rapidement de tronc d'arbre en tronc d'arbre[13] - [63], une caractĂ©ristique appelĂ©e « sauts en ricochets »[73]. Le PropithĂšque de Verreaux (Propithecus verreauxi) parvient Ă  se dĂ©placer ainsi dans les forĂȘts Ă©pineuses du sud de Madagascar. On ne sait pas comment il Ă©vite de s'empaler les paumes sur les troncs couverts d'Ă©pines des arbres tels que les Alluaudia[13]. Lorsque la distance entre les arbres est trop grande, ces propithĂšques vont descendre sur le sol et se dĂ©placer sur le sol sur plus de 100 m, debout, en bondissant sur le cĂŽtĂ©, les bras Ă©cartĂ©s et en balançant de haut en bas la moitiĂ© supĂ©rieure du corps et la tĂȘte, sans doute pour des questions d'Ă©quilibre[13] - [63]. On appelle parfois ce mode de dĂ©placement « danse-saut »[13].

Communication

Fichiers audio
Duo d'Indris
Le chant lamentatif d'indris.
Grincements suraigus et rapides d'un microcĂšbe mignon
Appel d'alarme, Ă©mis en cas de surprise (microcĂšbe mignon).
CaquÚtement d'un lémur catta
Vocalise de défense, en cas de confrontation (lémur catta).
ChƓur de grognements et hurlements de varis
Signal d'espacement entre groupes (varis).
Trois types de clics suivis de jappements bruyants
Alerte avisant d'un mammifÚre prédateur, par un lémur catta.
Braillements pulsés de forte intensité
Alerte avisant d'un mammifÚre prédateur, par un vari.
Des difficultés à utiliser ces médias ?
Des difficultés à utiliser ces médias ?
Des difficultés à utiliser ces médias ?

Les lĂ©muriens peuvent communiquer par la voix, la vue et l'odorat. Le lĂ©mur catta, par exemple, utilise des comportements complexes fortement stĂ©rĂ©otypĂ©s tels que les marquages odorants et les vocalisations[82]. Ils utilisent probablement moins les signaux visuels car il leur manque la plupart des muscles utilisĂ©s par les autres primates pour les expressions faciales[80]. Du fait de leur mauvaise vue, les postures du corps entier sont probablement plus efficaces. Toutefois, le lĂ©mur catta possĂšde plusieurs expressions faciales, telles que la fixitĂ© du regard pour la menace, les lĂšvres tirĂ©es vers l'arriĂšre pour la soumission et les oreilles tirĂ©es en arriĂšre avec les narines dilatĂ©es pendant qu'ils marquent un endroit de leur odeur[82]. On a observĂ© aussi que cette espĂšce utilisait le bĂąillement comme signe de menace[105] - [106]. Leur queue rayĂ©e sert Ă©galement Ă  communiquer Ă  distance, mettant en garde les troupes voisines et aidant Ă  localiser les membres de la troupe[82]. On sait que les propithĂšques se tiennent bouche ouverte pour jouer[107] de mĂȘme qu'ils font une grimace en montrant les dents en signe de soumission dans les confrontations agressives[64].

Les lémuriens communiquent par des marquages odorants de leur territoire.

L'odorat est particuliÚrement important chez les lémuriens[11] sauf pour l'indri qui n'a pas la plupart des glandes odoriférantes des autres lémuriens et a une région olfactive considérablement réduite dans le cerveau[73]. L'olfaction peut servir à transmettre des informations sur l'ùge, le sexe, le statut de reproduction, ainsi que pour marquer les limites d'un territoire, ce qui est trÚs utile pour communiquer entre animaux qui se rencontrent rarement[46]. Les petits lémuriens nocturnes marquent leur territoire avec de l'urine, tandis que les plus grands, les espÚces diurnes, utilisent des glandes odoriférantes situées sur différentes parties de leur anatomie. Le lémur catta se livre à des « combats de puanteur » en frottant leur queue sur les glandes odorantes de leurs poignets, puis en effleurant de leur queue d'autres adversaires mùles. Certains lémuriens défÚquent dans des endroits spécifiques, comportement connu comme « comportement des latrines ». De nombreux animaux présentent ce comportement mais il est rare chez les primates. Ce comportement peut correspondre à un marquage territorial et une signalisation inter espÚces[12].

Par rapport Ă  d'autres mammifĂšres, les primates sont en gĂ©nĂ©ral trĂšs vocalisateurs et les lĂ©muriens ne font pas exception[12]. Quelques espĂšces de lĂ©muriens ont de vastes rĂ©pertoires vocaux, comme le Lemur catta et les Varecias[82] - [108]. Certains des appels les plus courants entre lĂ©muriens sont des cris d'alarme contre les prĂ©dateurs. Les lĂ©muriens rĂ©pondent non seulement aux appels d'urgence de leur propre espĂšce, mais aussi aux cris d'alarme des autres espĂšces et des oiseaux non-prĂ©dateurs. Le LĂ©mur catta et quelques autres espĂšces ont diffĂ©rents appels et rĂ©actions Ă  certains types spĂ©cifiques de prĂ©dateurs[36]. Dans les appels d'accouplement, on a dĂ©montrĂ© que les microcĂšbes qui ne peuvent se voir rĂ©agissent plus fortement Ă  l'appel de leur propre espĂšce, en particulier lorsqu'ils entendent des appels d'autres microcĂšbes que ceux qu'ils rencontrent normalement dans leur domaine vital[67]. L'appel des lĂ©murs peut aussi ĂȘtre trĂšs fort et parcourir de longues distances. Les VarĂ©cias utilisent plusieurs appels bruyants qui peuvent ĂȘtre entendus jusqu'Ă  km par journĂ©e claire et calme[108]. Le plus bruyant est l'Indri, dont les appels peuvent ĂȘtre entendus jusqu'Ă  km ou plus[47] - [57] et qui peut donc communiquer efficacement jusqu'aux frontiĂšres de son territoire qui couvre 34 Ă  40 hectares[73]. Les varĂ©cias et les indris ont des appels contagieux oĂč un individu ou un groupe commence Ă  appeler fort et d'autres individus ou groupes vont se joindre Ă  eux[57] - [108]. Le chant des indris peut durer de 45 secondes Ă  plus de 3 minutes et tend Ă  se coordonner pour former des duos comparables Ă  ceux des gibbons[57] - [62].

La communication tactile (toucher) est principalement utilisĂ©e par les lĂ©muriens pour le toilettage, bien que les lĂ©murs cattas se regroupent pour dormir (dans un ordre dĂ©terminĂ© par leur rang), tendent la main et le bras Ă  ceux d'Ă  cĂŽtĂ© et en calottent d'autres. Chez cette espĂšce tendre la main pour toucher un autre individu est un signe de soumission, effectuĂ© par les animaux les plus jeunes ou plus ĂągĂ©s soumis Ă  des membres dominants de la troupe. Le toilettage rĂ©ciproque, toutefois, semble se produire plus frĂ©quemment entre individus de rang plus Ă©levĂ©, une caractĂ©ristique partagĂ©e par d'autres espĂšces de primates[109]. Contrairement aux primates anthropoĂŻdes, le toilettage des lĂ©muriens semble ĂȘtre plus intime et mutuel, souvent directement rĂ©ciproque. Chez les anthropoĂŻdes, d'autre part, l'utilisation du toilettage des autres peut servir Ă  gĂ©rer les interactions agressives[110]. Le Lemur catta est connu pour son besoin de toucher passant entre 5 et 11 % de son temps au toilettage[109].

Prédation

Tous les lĂ©muriens subissent une certaine pression de la part des prĂ©dateurs[111] mais ils ont un systĂšme de dĂ©fense commun en ayant recours Ă  des cris d'alarme et au harcĂšlement de l'ennemi[112], surtout chez les lĂ©muriens diurnes[36]. Leur possibilitĂ© de sauter d'arbre en arbre semble ĂȘtre une Ă©volution pour Ă©viter des prĂ©dateurs plutĂŽt qu'un vĂ©ritable systĂšme de dĂ©placement selon une Ă©tude de cinĂ©matique[113]. Les lĂ©muriens nocturnes sont difficiles Ă  voir et Ă  suivre Ă  la trace la nuit et ils diminuent leur visibilitĂ© en cherchant leur nourriture seuls. Ils cherchent Ă©galement Ă  Ă©viter les prĂ©dateurs en dormant dans des lieux bien cachĂ©s, comme des nids, des trous d'arbres ou de la vĂ©gĂ©tation dense[36] et en utilisant des lieux de couchage multiples[28]. MĂȘme les Ă©tats de torpeur ou d'hibernation des cheirogalidĂ©s peuvent ĂȘtre dus en partie Ă  des risques Ă©levĂ©s de prĂ©dation[111]. Les jeunes sont protĂ©gĂ©s lorsque les parents partent en quĂȘte de nourriture, soit en les laissant dans le nid ou en les laissant dans une cache oĂč ils restent immobiles en l'absence du parent[36].

Les lĂ©muriens diurnes sont bien visibles pendant la journĂ©e, mais ils vivent en groupes, augmentant ainsi le nombre d'yeux et d'oreilles aidant Ă  la dĂ©tection des prĂ©dateurs. Ils utilisent et rĂ©pondent aux cris d'alarme, mĂȘme Ă  ceux d'autres espĂšces de lĂ©muriens et d'oiseaux non-prĂ©dateurs. Le lĂ©mur catta a diffĂ©rents types d'appels et de rĂ©actions selon les diffĂ©rentes classes de prĂ©dateurs : oiseaux prĂ©dateurs, mammifĂšres ou serpents[36]. Certains lĂ©muriens, tels que l'Indri, utilisent le camouflage utiliser pour se cacher. On les entend souvent mais on les voit difficilement dans les arbres en raison de leur pelage tachetĂ©, qui leur a valu la rĂ©putation d'ĂȘtre des « fantĂŽmes de la forĂȘt »[73].

Reproduction

À part l'aye-aye et l'HapalĂ©mur gris d'Alaotra, les lĂ©muriens ont une reproduction saisonniĂšre[11] - [39] avec une pĂ©riode d'accouplement trĂšs courte et une saison des naissances influencĂ©es par la disponibilitĂ© trĂšs saisonniĂšre des ressources de leur environnement. La saison des amours dure habituellement moins de trois semaines chaque annĂ©e[36], le vagin de la femelle ne s'ouvrant que pendant quelques heures ou quelques jours au moment oĂč elle est le plus fĂ©condable[78]. Ces pĂ©riodes de reproduction et de possibilitĂ© de grossesse courtes pourraient se rapporter Ă  leurs pĂ©riodes de gestation courte, Ă  leur dĂ©veloppement rapide et Ă  faible mĂ©tabolisme de base, ainsi qu'au coĂ»t Ă©levĂ© d'Ă©nergie demandĂ© aux femelles qui se reproduisent. Il pourrait Ă©galement ĂȘtre en relation avec un taux de mortalitĂ© relativement Ă©levĂ© chez les femelles adultes et une proportion plus forte de mĂąles adultes dans certaines populations de lĂ©muriens, deux caractĂšres inhabituels chez les primates. Chez l'aye-aye et l'HapalĂ©mur gris d'Alaotra, la pĂ©riode des naissances s'Ă©tale sur une pĂ©riode de six mois[11].

La période l'accouplement et de naissance afin que la période de sevrage des lémuriens sont synchronisées pour correspondre à la période de plus grande disponibilité des aliments[78] - [87]. Le sevrage se produit avant ou peu aprÚs l'éruption des premiÚres molaires permanentes chez les lémuriens[30]. Les microcÚbes sont en mesure d'adapter leur cycle de reproduction sur la saison des pluies, alors que les grandes lémuriens, comme les propithÚques, doit allaiter pendant deux mois de saison sÚche[87]. Chez certaines espÚces comme le propithÚque de Milne-Edward, la survie infantile est directement en relation avec les conditions environnementales et le rang, l'ùge et la santé de la mÚre. La saison de reproduction est également affectée par la situation géographique. Par exemple, les microcÚbes mettent bas entre septembre et octobre dans leur habitat naturel de l'hémisphÚre sud, mais de mai à juin en captivité dans l'hémisphÚre nord[78].

Les Avahis sont des animaux nocturnes qui donnent généralement naissance à un petit qu'ils transportent avec eux lorsqu'ils cherchent leur nourriture.

Les odeurs jouent un rĂŽle trĂšs important dans la reproduction de lĂ©muriens. Les marquages odorants s'intensifient au cours de la saison des amours. Les phĂ©romones peuvent synchroniser le calendrier de reproduction pour que les femelles deviennent fĂ©condes[78]. L'accouplement peut ĂȘtre monogame ou de promiscuitĂ© tant pour les mĂąles que pour les femelles, et peut aller jusque avec des individus extĂ©rieurs au groupe[11] - [36]. Les principaux lĂ©muriens monogames sont le LĂ©mur Ă  ventre roux (Eulemur rubriventer) et le LĂ©mur mongos (Eulemur mongoz), quoiqu'on ait observĂ© chez ce dernier des manquements Ă  la rĂšgle[36]. La monogamie est trĂšs courante chez les espĂšces nocturnes, mĂȘme s'il une certaine dĂ©monstration de puissance, mise Ă  l'Ă©cart sexuel des subordonnĂ©s, ou compĂ©titions entre mĂąles qui permettent d'Ă©viter des combats directs[30]. Chez les microcĂšbes, les mĂąles utilisent des bouchons spermatiques, ont les testicules qui gonflent au cours de la saison des amours et dĂ©veloppent un dimorphisme de taille (probablement en liaison avec le gonflement des testicules). Ce systĂšme de reproduction se rencontre chez les espĂšces oĂč les mĂąles ne peuvent pas dĂ©fendre les femelles ou ne disposent pas d'arguments pour les sĂ©duire[114].

La période de gestation varie chez les lémuriens, allant de 9 semaines chez les MicrocÚbes, 9 à 10 semaines chez les Chirogales à 18 à 24 semaines chez les autres lémuriens[78]. Les plus petits, les lémuriens nocturnes, comme les MicrocÚbes, les Mirzas et les Chirogales, donnent généralement naissance à plusieurs petits, alors que les plus grands, les lémuriens diurnes, comme les Phaners, les Lépilémurs et l'aye-aye ont généralement un seul petit[26]. Les Chirogales et les MicrocÚbes peuvent avoir jusqu'à quatre petits mais n'en ont le plus souvent que deux. Les Varecias sont les seuls grands lémuriens diurnes à toujours donner naissance à deux ou trois petits. Tous les autres lémuriens ne donnent naissances qu'à un seul petit. Les jumeaux chez les lémuriens sont normalement dizygotes, et on sait que cela se produit toutes les cinq à six mises bas chez le lémur catta et certains Eulemur[78].

Les petits nĂ©s, la mĂšre peut soit les transporter ou les cacher pendant qu'elle cherche sa nourriture. Lors du transport, les nourrisson sont, soit accrochĂ©s Ă  la fourrure de la mĂšre soit transportĂ©s dans la bouche saisis par la peau du cou. Chez certaines espĂšces, comme les Hapalemur, les bĂ©bĂ©s sont portĂ©s par la bouche jusqu'Ă  ce qu'ils soient capables de s'accrocher Ă  la fourrure de leur mĂšre[115]. Les espĂšces qui cachent leur progĂ©niture sont les espĂšces nocturnes (par exemple, les microcĂšbes, les lĂ©pilĂ©murs et les chirogales), le hapalĂ©murs et les varĂ©cias[26] - [115]. Chez les varecias, les jeunes sont nidicoles et les mĂšres construisent des nids pour eux, un peu comme chez les plus petits lĂ©muriens nocturnes[11]. Les avahis ont un comportement particulier pour des lĂ©muriens nocturnes, car ils vivent en groupes familiaux soudĂ©s et emmĂšnent leurs petits avec eux plutĂŽt que de les laisser dans un nid[60] - [61]. La pluriparentalitĂ© a Ă©tĂ© rapportĂ©e dans toutes les familles de lĂ©muriens, sauf les lĂ©pilĂ©murs et l'aye-aye. On l'a retrouvĂ© aussi entre familles[116]. MĂȘme les mĂąles prennent soin des petits dans les espĂšces telles que le LĂ©mur Ă  ventre roux, le LĂ©mur mongos[66], l'HapalĂ©mur gris, le Sifaka soyeux[116], le Chirogale moyen[117] et les Varecia[118].

Pourtant, un autre trait qui caractĂ©rise la plupart des lĂ©muriens en dehors des primates anthropoĂŻdes est leur longue durĂ©e de vie ainsi que leur taux de mortalitĂ© infantile Ă©levĂ©[87]. Beaucoup de lĂ©muriens comme le Lemur catta, se sont adaptĂ©s Ă  un environnement hautement saisonnier, qui affecte leur taux de natalitĂ©, d'arrivĂ©e Ă  l'Ăąge adulte et de gĂ©mellitĂ© (r-sĂ©lection). Cela les aide Ă  se remettre rapidement d'un effondrement de population[82]. En captivitĂ©, les lĂ©muriens peuvent vivre deux fois plus longtemps qu'Ă  l'Ă©tat sauvage, bĂ©nĂ©ficiant d'une nutrition consistante qui rĂ©pond Ă  leurs besoins alimentaires, de soins mĂ©dicaux et d'une meilleure comprĂ©hension de leurs besoins en logement. En 1960, on pensait que les lĂ©muriens pouvaient vivre entre 23 et 25 ans. On sait maintenant que les plus grandes espĂšces peuvent vivre plus de 30 ans, sans signes de vieillissement (sĂ©nescence) et ĂȘtre encore capable de se reproduire[78].

Les aptitudes cognitives et d'utilisation d'outils

Les lĂ©muriens sont traditionnellement considĂ©rĂ©s comme moins intelligents que les primates anthropoĂŻdes[119], dĂ©crits comme Ă©tant plus malins[13]. De nombreuses espĂšces de lĂ©muriens, tels que les propithĂšques et le lĂ©mur catta, ont obtenu des notes infĂ©rieures aux singes Ă  des tests conçus pour les singes ou non[13] - [97]. Ces comparaisons ne peuvent pas ĂȘtre justes puisque les lĂ©muriens prĂ©fĂšrent manipuler des objets avec la bouche (plutĂŽt qu'avec les mains) et ne s'intĂ©ressent pas aux objets quand ils sont en captivitĂ©[97]. On n'a jamais vu de lĂ©muriens utiliser d'outils Ă  l'Ă©tat sauvage mais on a montrĂ©, qu'en captivitĂ©, le LĂ©mur fauve et le LĂ©mur catta sont en mesure de comprendre l'utilisation et d'utiliser des outils[12].

Quelques lémuriens ont un cerveau relativement grand. Hadropithecus, aujourd'hui disparu, était grand comme un babouin mùle et avait un cerveau de taille comparable, ce qui lui donne aussi la plus grande taille relative de cerveau par rapport à la taille du corps chez tous les prosimiens[120]. L'Aye-aye a également un grand rapport cerveau-corps, ce qui peut indiquer qu'il a un niveau plus élevé d'intelligence[39]. Cependant, en dépit d'un outil intégré sous la forme de son mince doigt majeur de forme allongée, qu'il utilise pour attraper les larves d'insectes, l'aye-aye a de mauvais résultats aux tests d'utilisation d'outils externes[12].

Écologie

Madagascar n'a que deux zones climatiques radicalement diffĂ©rentes : les forĂȘts tropicales de l'est et les rĂ©gions sĂšches de l'ouest[11] mais aussi des pĂ©riodes de sĂ©cheresse prolongĂ©es ainsi que des inondations Ă  la suite de cyclones tropicaux[121]. Ces conditions climatiques et gĂ©ographiques, ainsi que les sols pauvres, la faible productivitĂ© des plantes, les vastes zones d'Ă©cosystĂšmes complexes et le manque rĂ©gulier d'arbres fruitiers (tels que les figuiers) ont conduit Ă  une immense diversitĂ© morphologique et comportementale des lĂ©muriens[10] - [11] - [30] - [87]. Leur survie a exigĂ© qu'ils soient capables de supporter des extrĂȘmes persistants[121].

Le fossa (en haut) et le GymnogÚne de Madagascar (en bas) sont des prédateurs de nombreuses espÚces de lémuriens[111].

Les lĂ©muriens occupent ou ont occupĂ© les niches Ă©cologiques normalement occupĂ©es par des singes, les Ă©cureuils, les pics et les pĂąturages des ongulĂ©s[13]. La diversitĂ© des adaptations pour des niches Ă©cologiques spĂ©cifiques, les sĂ©lections d'habitat entre familles de lĂ©muriens et certains genres souvent trĂšs distincts, minimisent la concurrence[11]. Parmi les lĂ©muriens nocturnes vivant dans les forĂȘts de l'ouest de l'Ăźle, cinq espĂšces peuvent coexister pendant la saison humide en raison de l'abondance de la nourriture. Cependant, pour supporter les pĂ©riodes de sĂ©cheresse extrĂȘme, trois des cinq espĂšces utilisent des habitudes alimentaires et des caractĂ©ristiques physiologiques qui leur permettent de coexister : Les Phaner se nourrissent de la gomme des arbres, les Lepilemur des feuilles, et les Mirzas parfois de sĂ©crĂ©tions d'insectes. Les deux autres espĂšces, le MicrocĂšbe mignon et le Chirogale moyen (Cheirogaleus medius), Ă©vitent la concurrence par une activitĂ© rĂ©duite. Le MicrocĂšbe mignon prĂ©sente des Ă©pisodes de torpeur, tandis que le Chirogale moyen hiberne complĂštement[26]. De mĂȘme, sur la cĂŽte est des genres entiers ont des aliments spĂ©cifiques pour Ă©viter trop de chevauchement dans la niche. Les EulĂ©murs et les Varecias sont frugivores, les indriidĂ©s sont folivores et les HapalĂ©murs se nourrissent presque exclusivement de bambous et d'autres graminĂ©es. Une fois de plus, des diffĂ©rences saisonniĂšres de rĂ©gime alimentaire ainsi que de subtiles diffĂ©rences dans les prĂ©fĂ©rences alimentaires, les strates de forĂȘt utilisĂ©es, les pĂ©riodes d'activitĂ©, l'organisation sociale permettent aux diffĂ©rentes espĂšces de lĂ©muriens de coexister, mais cette fois-ci, les espĂšces sont plus Ă©troitement liĂ©es et ont des niches Ă©cologiques similaires[11]. Un exemple classique concerne le partage des ressources entre les trois espĂšces d'HapalĂ©murs qui vivent proches les unes des autres sur de petites surfaces : l'HapalĂ©mur dorĂ©, le grand HapalĂ©mur et l'Hapalemur gris. Chacun utilise des espĂšces diffĂ©rentes de bambou, diffĂ©rentes parties de la plante ou de Ă©tages diffĂ©rents dans la forĂȘt[13] - [51]. La teneur en Ă©lĂ©ments nutritifs et en toxines (comme le cyanure) aide aussi Ă  rĂ©guler le choix des aliments[11], mĂȘme si des prĂ©fĂ©rences alimentaires suivant les saisons jouent Ă©galement un rĂŽle[51].

Les rĂ©gimes alimentaires des lĂ©muriens comprennent la consommation de feuilles, de fruits ou un rĂ©gime omnivore, certains Ă©tant trĂšs capables de s'adapter tandis que d'autres se spĂ©cialisent sur les denrĂ©es alimentaires telles que les gommes d'arbre ou les bambous[122]. Dans certains cas, les modes d'alimentation des lĂ©muriens sont bĂ©nĂ©fiques Ă  la vie des plantes indigĂšnes. Lorsque les lĂ©muriens consomment du nectar, ils peuvent agir comme pollinisateurs pour autant que les parties fonctionnelles de la fleur ne soient pas endommagĂ©es[86]. En fait, plusieurs plantes malgaches montrent des traits spĂ©cifiques pour la pollinisation par les lĂ©muriens et les Ă©tudes montrent que certaines espĂšces de lĂ©muriens diurnes, telles que le lĂ©muriens Ă  ventre roux et les varecias, agissent comme d'importants pollinisateurs[11]. On peut citer deux exemples d'espĂšces de plantes qui dĂ©pendent des lĂ©muriens pour leur pollinisation : l'Arbre du voyageur (Ravenala madagascariensis)[54] et une espĂšce de liane, Strongylodon cravieniae[11]. Les lĂ©muriens fournissent un autre service aux plantes : la dispersion des graines. AprĂšs avoir traversĂ© l'intestin des lĂ©muriens, les graines d'arbres et de lianes lĂšvent plus facilement et germent plus rapidement[87]. Le comportement pour dĂ©fĂ©quer de certains lĂ©muriens peut aussi aider Ă  amĂ©liorer la qualitĂ© des sols et Ă  faciliter la dispersion des graines[12]. En raison de leur importance dans le maintien de la santĂ© des forĂȘts, les lĂ©muriens frugivores peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des espĂšces clĂ©s de voĂ»te[87].

Tous les lĂ©muriens, en particulier les plus petites espĂšces, sont victimes de prĂ©dateurs[26] - [111] et ils sont des proies importantes pour eux[114]. L'homme est le prĂ©dateur le plus important de lĂ©muriens diurnes, malgrĂ© les tabous qui de temps en temps interdisent la chasse et la consommation de certaines espĂšces de lĂ©muriens[11]. Parmi les autres prĂ©dateurs les eupleridĂ©s, comme les fossas, les chats sauvages, les chiens domestiques, les serpents, les oiseaux de proie diurnes, les hiboux et les crocodiles. Des aigles gĂ©ants aujourd'hui disparus, comme une ou deux espĂšces du genre Aquila et l'aigle malgache couronnĂ©(Stephanoaetus Mahery), ainsi que le Fossa gĂ©ant (Cryptoprocta spelea), sont connus pour s'ĂȘtre nourris de lĂ©muriens, peut-ĂȘtre mĂȘme de lĂ©muriens subfossiles gĂ©ant ou du moins de leur progĂ©niture subadulte[26] - [111]. L'existence de ces animaux gĂ©ants disparus suggĂšre que des interactions prĂ©dateur-proies Ă©taient plus complexes que ce qu'elles sont aujourd'hui[11]. Aujourd'hui, la taille des hiboux ne leur permet que de s'attaquer aux lĂ©muriens les plus petits, pesant gĂ©nĂ©ralement 100 g ou moins, tandis que les lĂ©muriens diurnes peuvent ĂȘtre victimes de grands oiseaux de proie diurnes, tels que le GymnogĂšne de Madagascar (Polyboroides radiatus) et la Buse de Madagascar (Buteo brachypterus)[111].

Recherche

Les similitudes que les lémuriens partagent avec les primates anthropoïdes, comme l'alimentation et l'organisation sociale, ainsi que leurs caractéristiques propres, ont fait des lémuriens les mammifÚres les plus étudiés de Madagascar[11] - [56]. Les recherches portent surtout sur les liens entre l'écologie et l'organisation sociale, mais aussi sur leur comportement et leur morphophysiologie (l'étude de l'anatomie par rapport au fonctionnement)[11]. L'étude de leurs traits de caractÚre, de leur comportement et de leur relation avec le milieu environnant aide à comprendre l'évolution des primates, car on pense qu'il existe une certaine similitude entre leurs traits et ceux des premiers primates.

Les lĂ©muriens ont fait l'objet d'une sĂ©rie de monographies, de plans d'action, de guides de terrain et d'Ɠuvres classiques en Ă©thologie[56]. Quelques espĂšces ont Ă©tĂ© soigneusement Ă©tudiĂ©es Ă  ce jour mais la plupart des recherches ont Ă©tĂ© seulement amorcĂ©es et limitĂ©es Ă  une seule localitĂ©[11]. Ce n'est que rĂ©cemment que de nombreux articles scientifiques ont Ă©tĂ© publiĂ©s pour expliquer les aspects fondamentaux du comportement et de l'Ă©cologie d'espĂšces peu connues. Les Ă©tudes de terrain ont donnĂ© un aperçu sur la dynamique des populations et l'Ă©cologie Ă©volutive de la plupart des genres et de nombreuses espĂšces[56]. La recherche Ă  long terme axĂ©e sur des individus identifiĂ©s en est Ă  ses dĂ©buts et n'a Ă©tĂ© lancĂ©e que pour quelques populations. Toutefois, les possibilitĂ©s d'Ă©tude diminuent au fur et Ă  mesure que la destruction de leurs habitats et d'autres facteurs menacent leur existence Ă  travers l'Ăźle[11].

A dirt road runs under a decorated, arching sign demarcating the Berenty Private Reserve.
La réserve privée Berenty au sud de Madagascar est à la fois une destination touristique et un centre de recherche.

Les lĂ©muriens sont mentionnĂ©s dans des journaux de voyage de marins dĂšs 1608 et, en 1658, au moins sept espĂšces de lĂ©muriens ont Ă©tĂ© dĂ©crites en dĂ©tail par le marchand français, Étienne de Flacourt, qui semble ĂȘtre le seul occidental Ă  avoir vu et dĂ©crit un lĂ©murien gĂ©ant (aujourd'hui disparu) qu'il a appelĂ© le « tretretretre ». À partir de 1703 des marchands et des marins ont commencĂ© Ă  ramener des lĂ©muriens en Europe, parmi lesquels James Petiver, un apothicaire londonien, qui a dĂ©crit et dessinĂ© le LĂ©mur mongos. À partir de 1751, l'illustrateur George Edwards a commencĂ© Ă  dĂ©crire et dessiner certaines espĂšces de lĂ©muriens, dont quelques-uns ont Ă©tĂ© inclus dans les diffĂ©rentes Ă©ditions du Systema Naturae de Carl von LinnĂ©. Dans les annĂ©es 1760 et 1770, les naturalistes français Buffon et Daubenton ont commencĂ© Ă  dĂ©crire l'anatomie de plusieurs espĂšces de lĂ©muriens. Le premier naturaliste Ă  ĂȘtre allĂ© sur place voir les lĂ©muriens a Ă©tĂ© Philibert Commerson en 1771 mais c'est Pierre Sonnerat qui a dĂ©crit le plus grand nombre d'espĂšces de lĂ©muriens cours de ses voyages[121] - [123].

Au cours du xixe siĂšcle, il y a une explosion de nouvelles descriptions et dĂ©nominations de lĂ©muriens ce qui demandera des dĂ©cennies pour rĂ©gler tous les problĂšmes. Pendant ce temps, les collectionneurs professionnels recueillent des spĂ©cimens pour les musĂ©es, les mĂ©nageries et les vitrines. Parmi les plus grands collectionneurs de l'Ă©poque on peut citer Johann Maria Hildebrandt et Charles Immanuel Forsyth Major. GrĂące Ă  ces collections, ainsi qu'Ă  l'augmentation des observations de lĂ©muriens dans leur habitat naturel, les systĂ©maticiens de musĂ©es Albert GĂŒnther et John Edward Gray contribuent Ă  crĂ©er de nouveaux noms pour de nouvelles espĂšces de lĂ©muriens. Cependant, les contributions les plus remarquables de ce siĂšcle sont dues aux travaux d'Alfred Grandidier, un naturaliste et un explorateur qui se consacre Ă  l'Ă©tude de l'histoire naturelle de Madagascar et de sa population locale. Avec l'aide d'Alphonse Milne-Edwards, il dessine la plupart des lĂ©muriens diurnes. Toutefois, la nomenclature taxonomique lĂ©murien ne prend sa forme moderne que dans les annĂ©es 1920 et 1930, qui est normalisĂ©e par Ernst Schwarz en 1931[121] - [123].

MĂȘme si la taxonomie des lĂ©muriens est au point, il faut attendre les annĂ©es 1950 et 1960 pour que les Ă©tudes du comportement in-situ des lĂ©muriens commencent Ă  fleurir. Jean-Jacques Petter et Arlette Petter-Rousseaux visitent Madagascar en 1956 et 1957, dressent les zones de peuplement de nombreuses espĂšces de lĂ©muriens et font des observations importantes sur leurs comportements sociaux et leur reproduction. En 1960, l'annĂ©e de l'indĂ©pendance de Madagascar, David Attenborough fait connaitre les lĂ©muriens au monde occidental par un film commercial. Sous la direction de Jean-Janusch Buettner, qui crĂ©e le centre des lĂ©muriens Duke en 1966, Alison Jolly se rend Ă  Madagascar en 1962 pour Ă©tudier le comportement alimentaire et social des lĂ©murs catta et des propithĂšques de Verreaux Ă  la RĂ©serve privĂ©e de Berenty. Jolly et Petters ouvrent une nouvelle Ăšre d'intĂ©rĂȘt pour l'Ă©tude Ă©cologique des lĂ©muriens et ils sont suivis de peu par les anthropologues Alison Richard, Robert Sussman, Ian Tattersall et autres. AprĂšs la crise politique du milieu des annĂ©es 1970 et la rĂ©volution malgache, les Ă©tudes de terrain reprennent dans les annĂ©es 1980, en partie grĂące Ă  l'engagement renouvelĂ© du Centre Duke sous la direction de Simons Elwyn et des efforts de protection de Patricia Wright[11] - [121] - [123]. Dans les dĂ©cennies qui suivent, des progrĂšs considĂ©rables sont accomplis dans la connaissance des lĂ©muriens et de nombreuses espĂšces nouvelles sont dĂ©couvertes[4].

Les recherches ex-situ sont Ă©galement populaires parmi les chercheurs qui essaient de rĂ©pondre Ă  des questions difficiles Ă  tester sur le terrain. Par exemple, le sĂ©quençage du gĂ©nome du MicrocĂšbe mignon aidera les chercheurs Ă  comprendre quels traits gĂ©nĂ©tiques le sĂ©parent des primates et autres mammifĂšres et d'en dĂ©duire quels sont les traits du gĂ©nome humain qui distinguent l'homme des autres primates[31]. Un de ces centres de recherche est le centre des lĂ©muriens Duke Ă  Durham, en Caroline du Nord. Il est le plus important centre de lĂ©muriens captifs en dehors de Madagascar, oĂč ils sont l'objet de recherches non-invasives et de reproduction en captivitĂ©[124]. De nombreux projets de recherche importants y ont Ă©tĂ© menĂ©s, y compris des Ă©tudes sur leurs vocalisations[125], leurs modes de dĂ©placement[126], la cinĂ©matique de leur dĂ©placement bipĂ©de[127], le rĂŽle du raisonnement transitif dans leur sociĂ©tĂ© complexe[128] et les Ă©tudes pour comprendre comment les lĂ©muriens organisent et rĂ©cupĂšrent les Ă©vĂšnements dans leur mĂ©moire[129]. D'autres centres, tels que la Fondation pour la protection des lĂ©muriens, situĂ© prĂšs Myakka City, en Floride, ont Ă©galement organisĂ© des projets de recherche, comme celui qui s'est penchĂ© sur la capacitĂ© de lĂ©muriens Ă  prĂ©fĂ©rer les outils en se basant sur leurs qualitĂ©s fonctionnelles[130].

Conservation

Destruction de la forĂȘt d'Ă©pineux au sud de Madagascar (en haut) et charbon de bois prĂȘt Ă  ĂȘtre vendu[36](en bas).

Les lĂ©muriens sont menacĂ©s par nombre de problĂšmes environnementaux, notamment la dĂ©forestation, la chasse pour la viande de brousse, le commerce d'animaux exotiques[131] et les changements climatiques[87]. Toutes les espĂšces sont rĂ©pertoriĂ©es Ă  l'Annexe I par la CITES, qui interdit le commerce de ces spĂ©cimens par entier ou parties, sauf Ă  des fins scientifiques[1]. En 2005, l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a classĂ© 16 % de toutes les espĂšces de lĂ©muriens comme en danger critique, 23 % en voie de disparition, 25 % comme vulnĂ©rables, 28 % « DonnĂ©es insuffisantes » et seulement 8 % prĂ©occupation mineure[124]. Au cours des cinq derniĂšres annĂ©es, au moins 28 espĂšces ont Ă©tĂ© identifiĂ©es mais aucune n'a vu son Ă©tat de conservation Ă©valuĂ©[42]. Beaucoup d'entre elles doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme menacĂ©es car ces nouvelles espĂšces de lĂ©muriens sont gĂ©nĂ©ralement confinĂ©es Ă  de petits territoires[132]. Étant donnĂ© la vitesse de destruction actuelle des habitats, des espĂšces pourraient s'Ă©teindre avant d'avoir Ă©tĂ© identifiĂ©es[56]. Depuis l'arrivĂ©e des humains sur l'Ăźle il y a environ 2 000 ans, toutes les espĂšces de vertĂ©brĂ©s endĂ©miques de Madagascar de plus de 10 kg ont disparu[35] soit 17 espĂšces, 8 genres et 3 familles de lĂ©muriens[34] - [37]. La Commission sur la survie des espĂšces de l'UICN (UICN/CSE), la SociĂ©tĂ© internationale de primatologie (IPS) et Conservation International (CI) ont inclus cinq lĂ©muriens dans leur tableau biennal du « Top 25 des primates les plus menacĂ©s »". La liste 2008-2010 inclut le grand hapalĂ©mur, Eulemur cinereiceps, le LĂ©mur aux yeux turquoises (Eulemur flavifrons), le LĂ©pilĂ©mur du nord (Lepilemur septentrionalis) et le Sifaka soyeux[133].

Madagascar est l'un des pays les plus pauvres au monde[134] - [135] avec un taux de croissance dĂ©mographique de 2,5 % par an et prĂšs de 70 % de la population vivant dans la pauvretĂ©[36] - [134]. Le pays est Ă©galement handicapĂ© par ses lourdes dettes et ses ressources limitĂ©es[135]. Ces questions socio-Ă©conomiques compliquent les efforts de conservation, mĂȘme si l'Ăźle de Madagascar est reconnue par l'UICN/SSC comme une rĂ©gion cruciale pour les primates depuis plus de 20 ans[132]. En raison de sa relativement faible superficie (587 045 km2) comparĂ©e aux autres rĂ©gions de biodiversitĂ© de haute prioritĂ© et de ses niveaux Ă©levĂ©s d'endĂ©misme, le pays est considĂ©rĂ© comme l'un des points les plus importants de la biodiversitĂ© mondiale, la conservation de lĂ©muriens Ă©tant considĂ©rĂ©e comme d'une haute prioritĂ©[124] - [132]. MalgrĂ© l'accent mis sur leur conservation, il n'y a aucune indication que les extinctions qui ont commencĂ© avec l'arrivĂ©e des humains soient finies[35].

Menaces sur la faune sauvage

En 2020, à cause principalement de la déforestation et parfois de la chasse illégale, sur les 107 espÚces de lémuriens de Madagascar, la quasi-totalité (103) sont menacées de disparition[136]. La liste des 25 primates les plus menacés au monde publiée tous les 2 ans depuis l'an 2000 mentionne 18 espÚces de lémuriens en grand danger d'extinction.

DĂ©forestation

La principale prĂ©occupation pour la survie des lĂ©muriens est la destruction et la dĂ©gradation de leurs habitats[36] - [1]. La dĂ©forestation prend la forme d'une utilisation pour la subsistance des habitants, tels que l'agriculture sur brĂ»lis (appelĂ©e « tavy » en malgache), la crĂ©ation de pĂąturages pour le bĂ©tail par les incendies, la collecte lĂ©gale et illĂ©gale de bois pour la production de bois de chauffage ou de charbon de bois, la recherche miniĂšre et l'exploitation illĂ©gale des bois prĂ©cieux pour les marchĂ©s Ă©trangers[36] - [131] AprĂšs des siĂšcles d'utilisation sans gestion, et l'augmentation rapide de la destruction des forĂȘts depuis 1950[124], moins de 60 000 km2 soit 10 % de la superficie de Madagascar sont encore boisĂ©es. Seules 17 000 km2 ou 3 % de la superficie de l'Ăźle sont protĂ©gĂ©es en raison de conditions Ă©conomiques dĂ©sastreuses et de l'instabilitĂ© politique, la plupart des aires protĂ©gĂ©es sont gĂ©rĂ©es et dĂ©fendues inefficacement[131] - [132]. Certaines zones sont naturellement protĂ©gĂ©es par leur distance, leur isolement, souvent au sommet de falaises abruptes. D'autres, telles que les forĂȘts sĂšches et les forĂȘts Ă©pineuses de l'ouest et du sud, peu protĂ©gĂ©es, sont en grave danger de destruction[36].

Certaines espĂšces de lĂ©muriens peuvent ĂȘtre en danger d'extinction, mĂȘme sans le dĂ©boisement complet, comme les Varecias, qui sont trĂšs sensibles aux perturbations de leur habitat[56]. Si on enlĂšve les arbres Ă  gros fruits, la forĂȘt peut nourrir moins d'individus d'une espĂšce et leur chance de reproduction peut ĂȘtre affectĂ©e pendant des annĂ©es[87]. Les petites populations peuvent ĂȘtre en mesure de persister sur des parcelles de forĂȘts isolĂ©es pendant 20 Ă  40 ans Ă  cause de longue durĂ©e de vie, mais Ă  long terme, ces populations peuvent ne pas ĂȘtre viables[137]. De petites populations isolĂ©es peuvent Ă©galement disparaitre Ă  la suite de catastrophes naturelles ou d'Ă©pidĂ©mies (Ă©pizooties). Deux maladies qui sont mortelles pour les lĂ©muriens et pourraient peser lourdement sur les populations de lĂ©muriens isolĂ©s sont la toxoplasmose, qui se transmet par les chats sauvages, et l'herpĂšs simplex transmis par l'homme[138].

Two Malagasy hunters stand near a stream, one holding a gun, the other holding a lemur with a white head.
Les lémuriens comme ce Lémur à front blanc sont tués par les chasseurs à Madagascar.

Les changements climatiques et les catastrophes naturelles climatiques menacent aussi la survie des lĂ©muriens. Au cours des 1 000 derniĂšres annĂ©es, les rĂ©gions montagneuses de l'Ouest ont connu de plus en plus de sĂ©cheresses et, au cours des derniĂšres dĂ©cennies, les pĂ©riodes de sĂ©cheresse sont devenues beaucoup plus frĂ©quentes. Il y a des signes montrant que la dĂ©forestation et la fragmentation des forĂȘts accĂ©lĂšrent ce dessĂšchement progressif[87]. Les effets de la sĂ©cheresse se font encore sentir dans les forĂȘts tropicales. Avec la diminution de la pluviomĂ©trie, les grands arbres qui forment la voĂ»te de la forĂȘt souffrent, ce qui augmente leur mortalitĂ©, supprime les fruits et diminue la production de nouvelles feuilles, qui sont la nourriture prĂ©fĂ©rĂ©e des lĂ©muriens folivores. Les cyclones tropicaux peuvent dĂ©folier une rĂ©gion, abattre les arbres de la canopĂ©e et crĂ©er des glissements de terrain et des inondations. Cela peut laisser les populations de lĂ©muriens sans fruits ou feuilles jusqu'au printemps suivant, les obligeant Ă  consommer des aliments utilisĂ©s seulement en cas de crise, tels que les Ă©piphytes[139].

Chasse illégale

Les lĂ©muriens sont chassĂ©s pour leur chair par les villageois malgaches, soit pour leur propre subsistance[4] - [131] soit pour fournir le marchĂ© de la viande de luxe dans les grandes villes[140]. La plupart des ruraux malgaches ne comprennent pas le « danger » de ces mĂ©thodes, car la plupart d'entre eux ne savent pas que la chasse des lĂ©muriens est illĂ©gale ou que les lĂ©muriens ne vivent qu'Ă  Madagascar[141]. Beaucoup de malgaches ont des tabous, ou « fady », vis-Ă -vis de la chasse et de la consommation des lĂ©muriens mais cela n'empĂȘche pas leur chasse dans de nombreuses rĂ©gions[11]. MĂȘme si la chasse a Ă©tĂ© une menace pour les populations de lĂ©muriens dans le passĂ©, elle est rĂ©cemment devenue une menace beaucoup plus grave car les conditions socio-Ă©conomiques se dĂ©tĂ©riorent[131]. Les difficultĂ©s Ă©conomiques ont amenĂ© les gens Ă  se dĂ©placer dans le pays Ă  la recherche de travail ce qui conduit Ă  abandonner les traditions locales[56] - [1] - [141]. La sĂ©cheresse et la famine peuvent Ă©galement faire oublier les « fady » qui protĂšgent les lĂ©muriens[56]. Les espĂšces les plus grandes, telles que les propithĂšques et les varĂ©cias, sont des objectifs communs, mais mĂȘme les espĂšces plus petites sont aussi chassĂ©es ou capturĂ©es accidentellement dans des piĂšges destinĂ©s Ă  des proies plus grosses[4] - [1]. Des chasseurs expĂ©rimentĂ©s organisent des parties de chasse Ă  l'aide d'armes Ă  feu, de piĂšges et de sarbacanes, tuant jusqu'Ă  huit Ă  vingt lĂ©muriens en une seule chasse. Ces parties de chasse et la pose de piĂšges Ă  lĂ©muriens peuvent ĂȘtre trouvĂ©es dans les zones non-protĂ©gĂ©es et dans les parties les plus reculĂ©es des zones protĂ©gĂ©es[56]. Les parcs nationaux et autres aires protĂ©gĂ©es ne sont pas suffisamment protĂ©gĂ©es par les organismes chargĂ©es de faire appliquer la loi[141]. Souvent, il y a trop peu de gardes forestiers pour couvrir une vaste zone et parfois le terrain du parc est trop accidentĂ© pour ĂȘtre vĂ©rifiĂ© rĂ©guliĂšrement[142].

Autre : le commerce d'animaux

Bien qu'elle ne soit pas aussi nuisible que la déforestation et la chasse, le maintien en captivité de certains lémuriens tels que les Lémurs couronnés et d'autres espÚces gardés comme animaux de compagnie exotiques par les Malgaches est un élément négatif[47] - [124]. Les Hapalémurs sont également capturés pour servir d'animaux de compagnie[124] alors qu'ils ne survivent que deux mois au maximum[143]. La capture d'animaux vivants pour le commerce d'animaux exotiques vers les pays riches ne sont pas normalement considérés comme une menace en raison des rÚgles strictes de contrÎle de leur exportation[124] - [1].

D’ici Ă  2070, 95 % de l’habitat des lĂ©muriens de Madagascar pourrait ĂȘtre dĂ©truits en raison du rĂ©chauffement climatique et de la dĂ©forestation[144].

Efforts de conservation

Eight rosewood logs lying at the riverside with nearby workers, a truck, and a cart
Troncs de palissandre exportés illégalement de parcs nationaux comme le Parc national de Marojejy.

Les lĂ©muriens ont beaucoup attirĂ© l'attention sur Madagascar et ses espĂšces en voie de disparition. À ce titre, ils agissent comme des espĂšces phares[56] - [124], le plus cĂ©lĂšbre d'entre eux Ă©tant le LĂ©mur catta qui est considĂ©rĂ© comme une icĂŽne du pays[54]. La prĂ©sence de lĂ©muriens dans les parcs nationaux permet la pratique de l'Ă©cotourisme[124] qui aide notamment Ă  vivre les communautĂ©s locales situĂ©es Ă  proximitĂ© des parcs nationaux, car elle leur offre des possibilitĂ©s d'emploi et les communautĂ©s reçoivent la moitiĂ© des droits d'entrĂ©e dans les parcs. Dans le cas du parc national de Ranomafana, les salaires et autres revenus liĂ©s Ă  la recherche rivalisent avec les revenus de l'Ă©cotourisme[145].

À partir de 1927, le gouvernement malgache a dĂ©clarĂ© « protĂ©gĂ©es » toutes les espĂšces de lĂ©muriens[65] en crĂ©ant des zones classĂ©es Ă  l'heure actuelle en trois catĂ©gories : les Parcs Nationaux, les RĂ©serves Naturelles IntĂ©grales et les RĂ©serves SpĂ©ciales. Il y a actuellement 18 parcs nationaux, 5 rĂ©serves naturelles et 22 rĂ©serves spĂ©ciales, ainsi que plusieurs autres petites rĂ©serves privĂ©es, comme la rĂ©serve de Berenty et la rĂ©serve privĂ©e Sainte Luce, toutes les deux situĂ©es prĂšs de Fort-Dauphin[124]. Toutes les zones protĂ©gĂ©es reprĂ©sentent environ 3 % de la surface des terres de Madagascar et sont gĂ©rĂ©es par Madagascar National Parks, anciennement connue sous le nom d'Association Nationale Pour la Gestion des Aires ProtĂ©gĂ©es (ANGAP), ainsi que d'autres Organisations Non-Gouvernementales (ONG), notamment Conservation International (CI), la Wildlife Conservation Society (WCS) et le Fonds mondial pour la nature (WWF)[124] - [132]. La plupart des espĂšces de lĂ©muriens vivent dans ce rĂ©seau d'aires protĂ©gĂ©es et mĂȘme quelques espĂšces peuvent ĂȘtre trouvĂ©es dans de nombreux parcs ou rĂ©serves[132].

La protection est également facilitée par le Madagascar Fauna Group (MFG), une association de prÚs de 40 zoos et organisations connexes, comme le Centre des lémuriens Duke, la Durrell Wildlife Conservation Trust, le Zoo de San Diego et le Parc zoologique de Saint-Louis. Cette ONG internationale soutient le Parc Ivoloina à Madagascar, aide à protéger la réserve de Betampona et d'autres zones protégées et encourage les recherches sur le terrain, les programmes de sélection, la planification de la protection et la formation des soigneurs dans les jardins zoologiques[146]. Un de leurs grands projets est la remise dans la nature de lémurs catta et varécias nés en captivité pour aider à compenser la diminution de population dans la réserve de Betampona[146] - [147].

A landscape showing a lush, green rice paddy surrounded by barren, dry hills
Les riziÚres ont progressivement remplacé l'habitat des lémuriens en particulier dans la partie centrale de l'ßle.

Des corridors sont nĂ©cessaires pour relier ces zones protĂ©gĂ©es afin que de petites populations ne soient pas isolĂ©es[132]. En , Ă  Durban, en Afrique du Sud, l'ancien prĂ©sident de Madagascar, Marc Ravalomanana avait promis de tripler en cinq ans la superficie des aires protĂ©gĂ©es sur l'Ăźle[131]. Cela est maintenant connu sous le nom de « Vision de Durban »[124]. En , le ComitĂ© du patrimoine mondial classe une partie importante des forĂȘts tropicales de l'est de Madagascar en tant que nouveau site du patrimoine mondial de l'UNESCO[31].

L'allĂ©gement de la dette de Madagascar peut aider le pays Ă  protĂ©ger sa biodiversitĂ©[135]. Avec la crise politique de 2009, l'exploitation forestiĂšre illĂ©gale a prolifĂ©rĂ© et menace maintenant les forĂȘts tropicales dans le nord-est de l'Ăźle, y compris leurs lĂ©muriens et l'Ă©cotourisme sur lequel les collectivitĂ©s locales comptent pour leur subsistance[134].

Des populations de lémuriens sont conservées en captivité dans de nombreux zoos à l'extérieur de Madagascar mais que la diversité des espÚces est limitée. Les propithÚques, par exemple, ne survivent pas bien en captivité, aussi peu de centres zoologiques en ont[11] - [57]. La plus importante population captive de lémuriens se trouve au centre des lémuriens Duke dont la mission inclut la recherche non-invasive, la conservation (par exemple l'élevage en captivité), et l'éducation publique[124].

Références culturelles

Dans la culture malgache, les lĂ©muriens et les animaux en gĂ©nĂ©ral, ont une Ăąme (« ambiroa ») qui peut se venger si on se moque d'eux de leur vivant ou s'ils sont tuĂ©s de maniĂšre cruelle. Pour cette raison, les lĂ©muriens, comme beaucoup d'autres Ă©lĂ©ments de la vie quotidienne, ont Ă©tĂ© une source de tabous, connue localement sous le nom de « fady », qui peut reposer sur l'une des quatre croyances de base suivantes : Un village ou une rĂ©gion peut croire qu'un certain type de lĂ©muriens est l'ancĂȘtre du clan. Les gens croient Ă©galement que l'Ăąme d'un lĂ©murien peut se venger. L'animal peut apparaĂźtre aussi comme un bienfaiteur. Les lĂ©muriens peuvent donner leurs qualitĂ©s, bonnes ou mauvaises, aux bĂ©bĂ©s humains[148]. En gĂ©nĂ©ral, le « fady » s'Ă©tend au-delĂ  de l'interdit, pouvant comprendre des Ă©vĂ©nements qui portent malheur[74].

A medium-size lemur clings to a tree while looking over its shoulder. It has a very short tail and its face, hands, and upper back are black while the rest of it is white.
L'indri est connu localement sous le nom de « babakoto », qu'on peut traduire par « AncĂȘtre de l'Homme ».

Un exemple de « fady » sur les lémuriens a circulé dans les années 1970 vient d'Ambatofinandrahana, dans la province de Fianarantsoa. Selon ce fady, un homme a pris au piÚge un lémurien vivant. Ses enfants voulaient le garder comme animal de compagnie, mais lorsque le pÚre leur a dit que ce n'était pas un animal domestique, les enfants ont demandé à le tuer. AprÚs avoir été torturé par les enfants, l'animal meurt et est mangé. Un peu plus tard, tous les enfants sont morts de maladie. En conséquence, le pÚre a déclaré que quiconque torture les lémuriens pour le plaisir « sera anéanti et n'aura pas de descendants »[148].

Le fady peut ne pas forcĂ©ment aider Ă  protĂ©ger les lĂ©muriens et leurs forĂȘts dans les situations socio-Ă©conomiques stables, mais il peut aussi conduire Ă  sa discrimination et Ă  sa persĂ©cution, si un lĂ©murien est connu pour apporter le malheur, par exemple, s'il se promĂšne en ville[56] - [148]. De plus, le fady ne protĂšge pas tous les lĂ©muriens de la mĂȘme maniĂšre. Par exemple, alors que la chasse et la consommation de certaines espĂšces peut ĂȘtre taboue, d'autres espĂšces peuvent ne pas partager la mĂȘme protection et sont donc tuĂ©es Ă  leur place[11] - [148]. Le fady peut varier d'un village Ă  l'autre dans la mĂȘme rĂ©gion[65]. Si les gens dĂ©mĂ©nagent vers un nouveau village ou une autre rĂ©gion, le fady peut ne pas s'appliquer Ă  des espĂšces de lĂ©muriens qui sont prĂ©sents localement, ce qui les rend disponibles pour la consommation. Les restrictions sur la consommation de viande de lĂ©muriens peuvent ĂȘtre assouplies en pĂ©riode de famine et de sĂ©cheresse[56].

L'aye-aye est presque universellement considĂ©rĂ© de façon dĂ©favorable dans tout Madagascar[74] mĂȘme si les contes varient de village en village et de rĂ©gion en rĂ©gion. Si les gens voient une aye-aye, ils peuvent le tuer et pendre le cadavre Ă  un poteau prĂšs d'une route Ă  l'extĂ©rieur de la ville (pour que les autres puissent emporter le mauvais sort avec eux) ou brĂ»ler leur village et aller s'installer ailleurs[48] - [65]. Les superstitions veulent que les ayes-ayes tuent et mangent les poulets ou les personnes, tuent les gens dans leur sommeil en leur coupant l'aorte[56] ou, au contraire, qu'ils incarnent les esprits des ancĂȘtres[65] ou qu'ils protĂšgent de la maladie, la mort ou la malchance dans la famille[47] - [48]. En 1970, la population du district de Marolambo dans la province de Toamasina craint l'aye-aye, car elle croit qu'il a des pouvoirs surnaturels. De ce fait, personne n'avait le droit de s'en moquer, de tuer ou d'en manger[148].

Il y a aussi des fadys rĂ©pandus sur les indris et les propithĂšques. Ils sont souvent protĂ©gĂ©s de la chasse et de la consommation en raison de leur ressemblance avec les humains et leurs ancĂȘtres, principalement en raison de leur grande taille et de leur posture debout. La ressemblance est encore plus forte pour les Indris, qui n'ont pas la longue queue retrouvĂ©e chez la plupart des lĂ©muriens vivants[57] - [75]. Connu localement sous le nom de « babakoto » (« ancĂȘtre de l'homme »), l'indri est parfois considĂ©rĂ© comme l'ancĂȘtre de la famille ou du clan. Il y a aussi des histoires d'un indri qui a aidĂ© un homme tombĂ© d'un arbre, de sorte qu'ils sont considĂ©rĂ©s comme des bienfaiteurs[148]. D'autres fadys de lĂ©muriens incluent la croyance qu'une femme aura des enfants laids si son mari tue un avahi ou que si une femme enceinte mange un MoicrocĂšbe, son bĂ©bĂ© aura de grands yeux ronds[148].

Les lĂ©muriens sont Ă©galement devenus populaires dans la culture occidentale ces derniĂšres annĂ©es. Le film d'animation Madagascar sorti en 2005 a Ă©tĂ© vu par 100 millions de personnes dans les salles et 200 Ă  300 millions de personnes dans le monde entier sur DVD[55]. Avant ce film, Zoboomafoo, une sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e pour les enfants distribuĂ©e par Public Broadcasting Service (PBS) de 1999 Ă  2001[149], a aidĂ© Ă  populariser les propithĂšques en prĂ©sentant un propithĂšque de Coquerel du Centre des lĂ©muriens Duke[150]. Une sĂ©rie de vingt Ă©pisodes, appelĂ©e le « Royaume des lĂ©muriens » (aux États-Unis) ou la « Rue des lĂ©muriens » (au Royaume-Uni et au Canada) a Ă©tĂ© diffusĂ©e en 2008 sur Animal Planet. Elle combine le documentaire animalier typique Ă  la narration dramatique pour raconter l'histoire de deux groupes de lĂ©murs catta Ă  la rĂ©serve de Berenty[151] - [152] - [153] - [154]. Un lĂ©murien de compagnie, en France, apparaĂźt dans le film Les Amours d'AnaĂŻs (2021) : les personnages le dĂ©signent Ă  l'occasion comme « le singe » mais sont bien conscients qu'il s'agit en fait d'un lĂ©murien.

Annexes

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Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Aucun reste de jeune Mesopropithecus, Babakotia ou Archaeoindris n'a été trouvé et on sait peu de choses sur celui de Palaeopropithecus. Les modÚles proposés ici sont empruntés à leurs plus proches parents, les indriidae[71].
  2. Chez les indriidĂ©s, ni les canines ni les incisives infĂ©rieures ne sont remplacĂ©es. Il existe diffĂ©rentes explications Ă  ce phĂ©nomĂšne particulier. Par consĂ©quent une autre formule dentaire possible pour cette famille est : 2.1.2.31.1.2.3 × 2 = 30[51].

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