Sumac grimpant
Toxicodendron radicans
Le sumac grimpant, herbe Ă puce, bois de chien, sumac vĂ©nĂ©neux ou poison ivy (Toxicodendron radicans, anciennement Rhus radicans) est une liane de la famille des Anacardiaceae, comme les anacardiers et les pistachiers. C'est une plante sauvage originaire d'AmĂ©rique du Nord, oĂč elle est commune dans une grande partie des Ătats-Unis et du Canada. Il est aussi possible de la voir en AmĂ©rique du Sud et en Asie tempĂ©rĂ©e. Comme celle d'autres espĂšces proches, sa sĂšve peut ĂȘtre sensibilisante et induire de sĂ©vĂšres rĂ©actions allergiques (dermatite de contact).
Synonymes
- Rhus radicans L.
- Rhus toxicodendron sensu P.Fourn. (ne pas confondre avec Rhus toxicodendron L. qui est, en fait, Toxicodendron pubescens Mill.)
Description
- Cette plante adopte divers ports : rampante, dressée et buissonnante, ou longuement grimpante.
- Les feuilles sont pétiolées, trifoliolées, à folioles ovées ou rhomboïdales, entiÚres ou crénelées ou irréguliÚrement paucidentées.
- Les fleurs (longueur 3 mm) sont verdĂątres, en panicule axillaire lĂąche
- Le fruit est glabre, blanc.
- « Tronc » d'une liane ancienne.
- Feuillage d'automne.
- Jeunes feuilles.
- Floraison.
- Fruits immatures (fin d'été).
Reproduction
Cette espĂšce se multiplie par ses graines. Toutefois, les individus sont souvent sans fleurs et sans fruits. Lorsqu'elle a lieu, sa floraison est estivale[1].
Ăcologie
La sÚve de cette espÚce est trÚs irritante et allergÚne pour l'Homme, mais les oiseaux mangent ses fruits sans problÚmes, et divers herbivores (bétail y compris) broutent ses feuilles apparemment sans effets nocifs pour eux[1].
Les oiseaux frugivores sont considĂ©rĂ©s comme les disperseurs des graines de cette espĂšce[2]. Or ces oiseaux, comme d'autres, voient leur aire de rĂ©partition rapidement changer[3], de mĂȘme pour leurs dates de migration[4] en raison des changements climatiques (qui perturbent la phĂ©nologie des espĂšces, en ville notamment[5] surtout pour les oiseaux effectuant de longues migrations[4]), et des modifications Ă©copaysagĂšres induites par les activitĂ©s humaines (agriculture, foresterie, urbanisme, voies de circulation, Ă©clairage nocturneâŠ).
Des scientifiques cherchent Ă modĂ©liser les effets des grandes perturbations humaines (artificialisation, destruction et fragmentation des habitats naturels, urbanisation, pollution, changement climatique, etc.) sur les Ă©cosystĂšmes en gĂ©nĂ©ral, et sur les espĂšces susceptibles de poser problĂšmes pour la santĂ© et/ou de devenir invasives en particulier. Le sumac grimpant, originellement principalement associĂ© Ă certains biomes et habitats forestiers fait partie des espĂšces susceptibles d'ĂȘtre perturbĂ©es par des changements de niche Ă©cologique[6]. De plus, les incendies de forĂȘt (de plus en plus graves ou plus frĂ©quents) peuvent disperser les allergĂšnes synthĂ©tisĂ©s par cette liane.
à ce jour, selon Istvan Karsai et al. (2022), en modélisant les effets croisés de l'urbanisation et du changement climatique sur la maturation et dispersion des graines de sumac par les oiseaux (en tenant compte des pertes par chutes au sol, fruits parasités ou consommés par les oiseaux), le succÚs de germination devrait plutÎt diminuer en zone urbaine (bien que les sumacs y produisent généralement plus de fruits qu'ailleurs). Selon les scénarios climatiques, l'« inadéquation phénologique » (asynchronisme entre les rythmes biologiques des plantes et des oiseaux disperseurs de graines)[7] pourrait, plus ou moins, s'aggraver[8], au détriment des succÚs de germination du sumac, et c'est en ville qu'on s'attend aux effets les plus exacerbés du réchauffement global (avec des effets synergiques). En 2022 on manque encore de données pour bien prédire et atténuer les effets de l'anthropisation sur les sumacs[2].
Histoire, usages médicinaux anciens
C'est au feu maréchal de Croy que la ville de Valenciennes et moi furent redevables du Rhus-radicans ou Toxicodendron.
Selon le médecin valenciennois André Ignace Joseph Dufresnoy :
« cette plante avait toujours passĂ© pour inutile et mĂȘme dangereuse en mĂ©decine. Un jeune fleuriste Ă©tant venu dans le jardin botanique de Valenciennes, un jour de leçon publique, pour y voir des plantes exotiques et Ă©trangĂšres que j'avais rĂ©cemment reçues de Hollande ; il me fit, aprĂšs la leçon, plusieurs questions sur le Rhus radicans dont je venais de faire la dĂ©monstration. Je n'avais pas omis, dans ma dĂ©monstration, de parler des prĂ©cautions Ă prendre mĂȘme pour cueillir cette plante et se prĂ©server de ses effets nuisibles : mais un Ă©lĂšve trĂšs-instruit et qui broit impunĂ©ment cette mĂȘme plante avec ses mains, n'eut pas de peine Ă persuader au jeune Fleuriste, que le Rhus radicans n'avait point en France les mauvaises qualitĂ©s que je venais de lui attribuer. Pour prouver son assertion, il en prit une poignĂ©e de feuilles, les brisa, s'en frotta mĂȘme les mains et les poignets, comme il avait dĂ©jĂ fait plusieurs fois, sans en ressentir la plus lĂ©gĂšre incommoditĂ©.
Le Fleuriste , convaincu que j'avais, voulu l'amuser, renchĂ©rit sur mon Ă©lĂšve, en affectant de broyer cette plante plus long-temps dans ses mains, et ne tarda point Ă se repentir de son imprudence. Le lendemain il se plaignit d'une dĂ©mangeaison incommode aux mains et aux poignets. Mon Ă©lĂšve, qu'il consulta, prit cette dĂ©mangeaison pour l'indice de la galle, qu'il avait, lui dit-il, sans doute prise dans le voyage qu'il venait de faire. Il lui conseilla, pour arrĂȘter les progrĂšs de cette maladie, de se frotter, le mĂȘme jour, les mains et les poignets, avec une demionce d'onguent citrin, et de se purger le lendemain avec des pilules mercurielles. Ces conseils, furent suivis ; mais le jour de la purgation, les dĂ©mangeaisons augmentĂšrent, et les poignets ainsi que les mains, commencĂšrent Ă gonfler et se couvrir d'un grand nombre de petits boutons, qui lui firent croire que c'Ă©tait rĂ©ellement la galle. L'Ă©lĂšve, consultĂ© de nouveau, s'applaudit d'avoir bien devinĂ©, lui fit frotter les mĂȘmes parties, comme Ă©tant le siĂšge de la maladie, avec le double d'onguent, afin d'aller plus vĂźte. Le lendemain de la deuxiĂšme friction, les mains et les poignets, dont le gonflement avait augmentĂ© pendant la nuit, Ă©taient couverts d'une grande quantitĂ© de petits vĂ©sicules, qui se remplirent, en grossissant de plus en plus pendant sept ou huit jours, d'une sĂ©rositĂ© jaunĂątre qui annonçait un Ă©rĂ©sipĂšle fĂącheux. MalgrĂ© les saignĂ©es, les bains, les fomentations Ă©mollientes et les boissons dĂ©layantes, la tĂȘte s'enfla si fort qu'il fut aveugle, par le gonflement prodigieux des paupiĂšres, pendant plus de vingt-quatre heures. Les dĂ©mangeaisons se portĂšrent ensuite sur toutes les parties du corps, principalement les chevelues et celles de la gĂ©nĂ©ration, qu'il se mit en piĂšces Ă force de se gratter.
Au bout de dix jours les accidens cessĂšrent ; les poignets, qui avaient jetĂ© beaucoup de sĂ©rositĂ©s, se dĂ©pouillĂšrent de leur Ă©piderme , et le malade fut fort Ă©tonnĂ© de se voir guĂ©ri d'une dartre qu'il portait Ă l'un de ses poignets depuis plus de six ans. Cette dartre avait Ă©ludĂ© les frictions, le sublimĂ© corrosif Ă la plus forte dosĂ©, ĂȘte les remĂšdes prescrits par les personnes de l'art, les plus Ă©clairĂ©es de la province : depuis elle n'a plus reparu.
PersuadĂ© que le jeune homme dont je viens de parler, ne devait point sa guĂ©rison Ă longuent citrin, comme il le croyait, mais qu'il en Ă©tait redevable au Rhus-radicans, j'ai cru pouvoir l'employer intĂ©rieurement, sur plusieurs personnes attaquĂ©es de diffĂ©rentes espĂšces de dartres. J'ai commencĂ© par faire sur moi-mĂȘme l'essai de l'infusion de cette plante. Je n'avais point de dartres ; mais je voulus m'assurer des effets qu'elle pouvait produire sur l'estomac. Je fis donc infuser une foliole fraĂźche dans une livre d'eau bouillante, et je commençai par en prendre, soir et matin, une cuillerĂ©e Ă bouche. Cette dose ne me produisant pas d'effets sensibles, j'augmentai le nombre des folioles jusqu'Ă douze, pour la mĂȘme quantitĂ© d'eau. J'observai qu'Ă cette dose mon estomac me faisait un peu de mal, que ma transpiration et mes urines Ă©taient plus abondantes.
Convaincu, par ma propre expérience, que l'infusion du Rhus-radicans, prise intérieurement, ne pouvait produire aucun effet dangereux, je n'hésitai point à l'employer contre les affections dartreuses. Non-seulement ce remÚde me réussit ; mais on verra par les observations que je vais rapporter, que les succÚs que j'obtins contre ce genre de maladie, me conduisirent à la découverte de ses effets salutaires contre la paralysie des extrémités inférieures, ou la paraplexie »
â AndrĂ© Ignace Joseph Dufresnoy (1799), Des caractĂšres de traitement et de la cure des dartres
Dufresnoy explique qu'il avait d'abord souhaité vérifier l'efficacité de la plante sur une vingtaine de malades avant de publier ces résultats, mais il les a publiés plus tÎt (dÚs 1788) car un article en préparation à Paris présentait la plante comme trÚs dangereuse, ce qui risquait de priver certains malades de son effet bénéfique à leur égard.
Dufresnoy ajoute qu'aprÚs cette premiÚre publication, « des médecins qui, non-seulement n'avoient jamais employé cette plante, mais qui vraisemblablement n'en avaient jamais entendu parler, ou qui ne la connaissaient que de nom, avant que j'en eusse annoncé les vertus, se déchaßnÚrent avec aussi peu de raison que ceux qui se récriÚrent pendant si long-temps contre la Cigue, et sur le danger de l'employer en médecine »[9].
Dufresnoy affirma plus tard avoir toujours utilisĂ© avec succĂšs les extraits de Rhus radicans[10] contre les dartres et contre certaines paralysies. Il a utilisĂ© l'eau distillĂ©e des feuilles du Rhus radicans, parfois « dans une lĂ©gĂšre infusion de feuilles de laurier-cerise » ou mĂȘlĂ©e le matin avec du lait, et le soir avec un peu d'eau sucrĂ©e.
Dufresnoy utilisait une infusion de feuilles fraßches ou séchées (remplacée durant l'hiver par l'infusion de tiges du Sumac Rhus-radicans). Selon Dufresnoy (1799), ce médicament se montrait également efficace contre certaines formes de paralysie[9].
Il évoque aussi un possible effet antidépresseur ou euphorisant :
« La malade ne s'est aperçu de rien depuis la guĂ©rison. Elle m'a dit, qu'Ă©tant d'un caractĂšre enclin Ă la tristesse, elle se trouvait gaie et toujours mieux disposĂ©e au travail, aussitĂŽt qu'elle avait avalĂ© son infusion de Rhus radicans Les autres malades, qui en ont fait usage depuis, m'ont fait le mĂȘme aveu »
â AndrĂ© Ignace Joseph Dufresnoy (1799), Des caractĂšres de traitement et de la cure des dartres
SĂšve allergĂšne
Le fauchage ou l'utilisation d'un rotofil jambes nues et sans vĂȘtement de protection est Ă proscrire.
SymptĂŽmes
Le contact direct avec la sĂšve de Toxicodendron radicans ou tout contact indirect avec des vĂȘtements (ex. : une simple Ă©tiquette de vĂȘtement d'origine indienne, ayant reçu de la rĂ©sine de Semecarpus anacardium[11]), des outils, des animaux prĂ©sentant des traces d'urushiol, suffisent Ă dĂ©clencher une allergie cutanĂ©e.
DĂšs le premier contact avec l'urushiol du sumac grimpant (sensibilisation), il est possible de dĂ©velopper une dermatite de contact. La fumĂ©e issue d'un feu de forĂȘt ou plus encore issue du brĂ»lage direct de la plante, ou de dĂ©chets de tonte, de fauchage ou dĂ©broussaillage mĂ©caniques contenant la plante, peut libĂ©rer l'olĂ©orĂ©sine dans l'air et provoquer une rĂ©action allergique[12]. Les feuilles mortes de la plante, mĂȘme aprĂšs quelques annĂ©es (5 ans) peuvent provoquer une rĂ©action allergique chez les plus sensibles.
Une premiĂšre exposition entraĂźne gĂ©nĂ©ralement un prurit et un Ă©rythĂšme, suivis d'une Ă©ruption papulovĂ©siculaire, d'un ĆdĂšme et d'un suintement dans les 10 Ă 14 jours[13]. En cas de rĂ©exposition, les symptĂŽmes seront plus aigus et apparaissent en 24 Ă 72 heures[13]. Des taches noires sont parfois prĂ©sentes sur la peau ou sur les vĂȘtements (urushiol oxydĂ© Ă la suite de son exposition Ă l'air)[14] - [15] - [16] - [17]. Vues au dermoscope, ces taches apparaissent comme des lĂ©sions de couleur brun foncĂ©, bordĂ©es de rouge[16].
Au premier contact, des cellules T sont activĂ©es, ce qui entraĂźne la production de cellules T CD4 et CD8 sensibles Ă l'urushiol. Ces derniĂšres vont activer une rĂ©ponse immunitaire plus vive et robuste lors des prochaines expositions Ă l'urushiol. Les kĂ©ratinocytes et les monocytes semblent Ă©galement jouer un rĂŽle dans la libĂ©ration de cytokines locales et de mĂ©diateurs pro-inflammatoires[18] - [19]. Beaucoup de ces voies peuvent ĂȘtre bloquĂ©es ou inhibĂ©es par un traitement corticoĂŻde[13].
ĂpidĂ©miologie
Le contact avec le suc de cette plante est l'une des causes les plus frĂ©quentes de dermatite de contact (dermatose bulleuse dans les cas les plus sĂ©vĂšres) aux Ătats-Unis[20] et la cause la plus frĂ©quente est le contact avec le suc de cette espĂšce et de 3 autres espĂšce proches[21].
Cette dermatite peut survenir à tout ùge, dans toutes les ethnies et sur tout type de peau ; environ 25 à 40 millions de cas étaient traités par an dans les années 1980[22] - [23]. Les travailleurs exposés (services forestiers notamment) sont couramment touchés, aux extrémités le plus souvent[23] - [24] - [25].
MĂ©canisme allergique
Quand la sĂšve ou le suc du sumac entre en contact avec la peau humaine, elle provoque une rĂ©action allergique extrĂȘmement irritante (impliquant une libĂ©ration de cytokines locales via des cellules prĂ©sentatrices d'antigĂšne (APC), et d'autres mĂ©diateurs inflammatoires aigus qui initient la sensibilisation, via les mastocytes)[26] - [13], avec dans les cas graves des lĂ©sions bulleuses pouvant se surinfecter.
Le composĂ© allergĂšne du suc est rapidement absorbĂ© dans la peau car trĂšs lipophile. Il est captĂ© par les cellules de Langerhans de l'Ă©piderme (ce pourquoi le lavage doit ĂȘtre fait rapidement)[27]. La dermatite de contact apparaĂźt gĂ©nĂ©ralement 24 Ă 48 heures aprĂšs le contact, et parfois jusqu'Ă 2 semaines plus tard.
Les symptÎmes disparaissent au mieux dans les 2 à 5 jours et aprÚs quelques semaines dans les cas sévÚres non soignés. Il est fréquemment indiqué que le premier contact ne provoque pas d'effet autre que de sensibiliser l'individu chez lequel un contact ultérieur provoquera la réaction allergique.
L'agent irritant est un « phénol dihydrique » du groupe des urushiols, appartenant à la famille des « lipides phénoliques non isoprénoïdes », qui sont des lipides contenant des phénols monohydriques, biosynthétisés par la voie des polykétides[28]. Ils sont produits par certaines plantes, mais aussi par des insectes. D'autres composés de ce groupe sont les cardols, les alc(én)ylrésorcinols, et les acides phénoliques dont par exemple les acides anacardiques[28].
Ces composés ont des propriétés biologiques particuliÚres[28] ; l'urushiol est trÚs tenace et non volatil, il peut occasionner des lésions par contact direct ou indirect avec des feuilles, tiges ou racines coupées, meurtries ou blessées de la plante.
Des expériences faites sur le modÚle animal murin[29] (application sur la peau des composants de l'huile d'urushiol de sumac vénéneux, espÚce proche du Sumac grimpant) ont montré que la souris est sensible au suc de la plante durant environ 25 jours. L'analyse de sérums prélevés quand la réponse de sensibilisation de contact diminuait chez ces animaux, a montré que l'allergie disparaissait quand l'induction de la sensibilisation au 3-n-pentadécylcatéchol(PDC), un composant de l'urushiol, diminuait ; le facteur sérique suppressif est un composé spécifique, présent en plus grande quantité 25 jours aprÚs la sensibilisation, mais qui n'est plus détectable 40 jours aprÚs la sensibilisation. Il s'est montré transférable à une autre souris pour prévenir l'allergie (désensibilisation) : une seule dose de 0,6 ml de la fraction IgG purifiée administrée 7 jours avant la sensibilisation d'une souris suffit.
Une autre étude a montré que les fractions d'immunoglobulines IgG sériques de sujets humains hyposensibilisés au sumac vénéneux (par administration orale d'urushiol) suppriment l'induction de réponses d'hypersensibilité de type retardé (DTH) chez la souris à cet haptÚne[30].
Degré de susceptibilité individuelle
En Amérique du Nord, environ 50 à 70 voire 75 % de la population serait sensible au suc de cette plante[31]. Des causes génétiques ou d'histoire de vie peuvent expliquer ces variations de susceptibilité selon l'individu ou le moment de la vie.
En particulier, beaucoup d'allergÚnes et de sensibilisants cutanés connus (ou leurs variantes chimiques) sont ingérés via l'alimentation ou d'autres sources[32]. Or l'exposition orale à des substances antigéniques peut entraßner une tolérance[33] ; ce qui explique que la consommation/ingestion de sensibilisants peut avoir un impact sur le degré (étendue, durée et force) de la sensibilisation cutanée, surtout si le sensibilisant a été consommé tÎt dans la vie, avant le premier contact avec la peau[32]. Une revue récente (2020) de la littérature clinique et épidémiologique humaine a porté sur ce sujet[32].
Possibles allergies croisées
Chez les patients sensibilisĂ©s Ă l'urushiol, un risque d'allergie croisĂ©e est possibles avec la sĂšve ou les produit (fruits ; mangue, noix de cajouâŠ) de plusieurs autres espĂšces de la famille des noix de cajou/sumac ou Anacardiaceae ; de mĂȘme avec le ginkgo biloba[2].
Prise en charge
ImmĂ©diatement, si possible, laver Ă l'eau froide et au savon (ou avec un dĂ©tergent doux) les parties du corps ayant Ă©tĂ© en contact avec le suc[27], c'est la mĂ©thode la plus raisonnable (par rapport Ă d'autres plus coĂ»teuses et/ou difficilement applicables rapidement car moins rapidement accessibles pour le patient). Il est cependant important de penser Ă nettoyer sous les ongles et de conserver Ă l'esprit que les cheveux, la barbe, moustache doivent aussi ĂȘtre lavĂ©s si l'on pense qu'ils ont Ă©tĂ© directement ou indirectement exposĂ©s au suc de la plante[34].
On lit parfois qu'il est prĂ©fĂ©rable de ne pas utiliser de savon car il contribuerait Ă Ă©taler la sĂšve toxique et/ou enlever la couche lipidique qui protĂšge naturellement la peau ; le lavage au savon n'annulant pas complĂštement l'effet, mais pouvant le diminuer[35]. Il y a consensus sur le fait que les vĂȘtements Ă©ventuellement contaminĂ©s par le suc de la plante doivent ĂȘtre retirĂ©s dĂšs que possible et soigneusement lavĂ©s. Les outils contaminĂ©s sont aussi une source possible d'allergĂšne.
Par la suite, la calamine et les pansements humides peuvent soulager les démangeaisons.
Les antihistaminiques (topiques ou oraux) ont un effet provisoirement sédatif contre le prurit, mais ne guérissent pas la lésion, car le processus biochimique en cause n'est pas dû à une libération d'histamine[13].
Des corticostéroïdes, administrés sous forme de médicaments topiques ou sous forme systémique (à dose modérée à élevée)[36] sont utiles au début de l'évolution des lésions, surtout si appliqués avant l'apparition de papules ou de vésicules[37] - [38].
Dans les cas sévÚres, une prescription de prednisone est utile, mais à dose décroissante en commençant par 1 mg/kg/jour chez l'adulte moyen (0,5 mg/kg/jour chez les enfants) pour une dose maximale de 60 mg/jour et diminuer chaque semaine pendant trois semaines pour prévenir la dermatite de rebond[39] - [40].
Les alternatives pour les patients qui pourraient ne pas supporter les corticostéroïdes systémiques sont l'application de corticostéroïdes topiques (à dose modérée) avec un pansement occlusif pendant 24 heures, ensuite renouvelé 48 heures aprÚs l'application initiale[41].
Une crÚme à base de cortisone aide à assécher les lésions bulleuses.
Le Buro (topique Ă base d'acĂ©tate d'aluminium vendu en pharmacies) soulagera l'inflammation de la peau. AprĂšs application du Buro-Sol, une crĂšme d'hydro-cortisone peut ĂȘtre appliquĂ©e sur la peau sĂšche.
Prévention
Les personnes travaillant ou se rendant dans des environnements riches en sumac devraient apprendre à identifier la plante, à s'en protéger et disposer de quoi se soigner rapidement en cas de contact avec le suc de la plante. Différentes barriÚres de protection topiques (crÚmes, nomades) ont été testées, dont l'une à base d'argile absorbante (bentonite)[42] - [43].
Biochimie
Dans la seconde partie du XXe siÚcle, des méthodes ont été développées pour améliorer l'analyse et l'étude des fractions d'urushiol d'extraits de différentes parties de plantes, pour améliorer notamment l'analyse GLC directe des congénÚres catéchol C15 alcényle de la chaßne latérale contenus dans la fraction urushiol d'autres plantes et des homologues C17 du sumac vénéneux ; plusieurs phases liquides en ont été étudiées, à divers degrés de séparation[44]. « Les effets de l'extraction avant et aprÚs séchage ont démontré qu'un plus grand pourcentage d'urushiol était obtenu lorsque le matériel végétal frais était extrait avec de l'éthanol »[44].
Aspects éco-génomiques
En 2015, des chercheurs ont séquencé et publié le génome entier de cette plante. Ils ont également annoté 11 bactéries endophytes (endobactéries) des tissus de Toxicodendron radicans, dont cinq appartiennent au genre Pseudomonas et six sont des membres uniques d'autres genres[45]. Ce génome comprend 454 874 194 paires de bases, réparties en 42 021 gÚnes[46].
Selon les auteurs[45], il serait intéressant d'étudier l'éventuelle capacité de ces souches bactériennes à métaboliser l'huile d'urushiol car l'importance du groupe des Pseudomonas endophytes isolées par cette étude, comme c'est aussi le cas pour d'autres plantes, dont notamment la vigne[47], y compris dans ses fleurs[48] ou encore dans les graines d'épinette de NorvÚge (11), peut faire évoquer une relation symbiotique mutualiste avec la plante (ces bactéries favorisent la croissance de la plante qui en échange leur offre un habitat et des sucres via la photosynthÚse[49]).
Notes et références
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Voir aussi
Bibliographie
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Articles connexes
- Urushiol
- LĂ©sion bulleuse
- Dermatose bulleuse
- Grande herbe Ă poux (qui pourrait dans les esprits ĂȘtre confondue avec l'herbe Ă puces)
Liens externes
- (en) Référence Flora of Missouri : Toxicodendron radicans
- (en) Référence Catalogue of Life : Toxicodendron radicans (L.) Kuntze (consulté le )
- (fr) Référence Tela Botanica (France métro) : Toxicodendron radicans (L.) Kuntze, 1891
- (fr+en) Référence ITIS : Toxicodendron radicans (L.) Kuntze
- (en) Référence NCBI : Toxicodendron radicans (taxons inclus)
- (en) Référence GRIN : espÚce Toxicodendron radicans (L.) Kuntze
- Pourquoi 2 types d'herbes Ă la puce?