Phosphore
Le phosphore est l'élément chimique de numéro atomique 15, de symbole P. C'est un membre du groupe des pnictogÚnes.
Phosphore | |||||||||||
Ăchantillon de phosphore rouge. | |||||||||||
| |||||||||||
Position dans le tableau périodique | |||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Symbole | P | ||||||||||
Nom | Phosphore | ||||||||||
Numéro atomique | 15 | ||||||||||
Groupe | 15 | ||||||||||
Période | 3e période | ||||||||||
Bloc | Bloc p | ||||||||||
Famille d'éléments | Non-métal | ||||||||||
Configuration Ă©lectronique | [Ne] 3s2 3p3 | ||||||||||
Ălectrons par niveau dâĂ©nergie | 2, 8, 5 | ||||||||||
Propriétés atomiques de l'élément | |||||||||||
Masse atomique | 30,973 761 998 ± 5 Ă 10â9 u[1] | ||||||||||
Rayon atomique (calc) | 100 pm (98 pm) | ||||||||||
Rayon de covalence | 107 ± 3 pm[2] | ||||||||||
Rayon de van der Waals | 180 pm | ||||||||||
Ătat dâoxydation | ±3, 5, 4 | ||||||||||
ĂlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) | 2,19 | ||||||||||
Oxyde | acide faible | ||||||||||
Ănergies dâionisation[3] | |||||||||||
1re : 10,486 69 eV | 2e : 19,769 5 eV | ||||||||||
3e : 30,202 7 eV | 4e : 51,443 9 eV | ||||||||||
5e : 65,025 1 eV | 6e : 220,421 eV | ||||||||||
7e : 263,57 eV | 8e : 309,60 eV | ||||||||||
9e : 372,13 eV | 10e : 424,4 eV | ||||||||||
11e : 479,46 eV | 12e : 560,8 eV | ||||||||||
13e : 611,74 eV | 14e : 2 816,91 eV | ||||||||||
15e : 3 069,842 eV | |||||||||||
Isotopes les plus stables | |||||||||||
Propriétés physiques du corps simple | |||||||||||
Ătat ordinaire | solide | ||||||||||
Allotrope Ă l'Ă©tat standard | Phosphore noir (orthorhombique) | ||||||||||
Autres allotropes | Phosphore rouge (amorphe), phosphore blanc P4 (cubique centré), phosphore violet (monoclinique) | ||||||||||
Masse volumique | 1,82 g·cm-3 (blanc), 2,16 g·cm-3 (rouge), |
||||||||||
SystÚme cristallin | Cubique centré | ||||||||||
Couleur | blanchĂątre/rouge/noir | ||||||||||
Point de fusion | 44,15 °C (blanc)[1], 590 °C (rouge)[4] |
||||||||||
Point dâĂ©bullition | 280,5 °C (blanc)[1] | ||||||||||
Ănergie de fusion | 0,657 kJ·mol-1 | ||||||||||
Ănergie de vaporisation | 12,4 kJ·mol-1 (1 atm, 280,5 °C); 14,2 kJ·mol-1 (1 atm, 25 °C)[1] |
||||||||||
Volume molaire | 17,02Ă10-6 m3·mol-1 | ||||||||||
Pression de vapeur | 20,8 Pa à 20,85 °C | ||||||||||
Chaleur massique | 769 J·kg-1·K-1 | ||||||||||
ConductivitĂ© Ă©lectrique | 1,0Ă10-9 S·m-1 | ||||||||||
Conductivité thermique | 0,235 W·m-1·K-1 | ||||||||||
Solubilité | sol. dans l'ammoniac[5] | ||||||||||
Divers | |||||||||||
No CAS | (rouge) |
(jaune)||||||||||
No CE | 231-768-7 | ||||||||||
Précautions | |||||||||||
SGH[6] | |||||||||||
Phosphore blanc[7] : Danger Phosphore rouge[8] : Danger |
|||||||||||
SIMDUT[9] - [10] | |||||||||||
Phosphore blanc : B4, D1A, E, Phosphore rouge : B4, |
|||||||||||
Transport | |||||||||||
Phosphore blanc[7] : Phosphore rouge[8] :
|
|||||||||||
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire. | |||||||||||
Le corps simple phosphore se présente sous plusieurs formes de couleurs différentes : blanc-jaune, rouge et violet-noir. TrÚs pur, le phosphore « blanc » est transparent ; plus généralement il est blanc ambré, légÚrement malléable avec une faible odeur d'ail. Les formes rouge et noire peuvent se présenter en poudre ou cristallisées.
Le nom dĂ©rive du mot grec ÏÏÏÏÎżÏÎżÏ (phosphoros), qui signifie « porteur de lumiĂšre » et Ă©voque la planĂšte VĂ©nus, l'Ă©toile du berger. Cette origine a Ă©tĂ© attribuĂ©e au fait que le phosphore blanc Ă©met de la lumiĂšre visible dans l'obscuritĂ© quand il est exposĂ© Ă l'air, par chimiluminescence.
En raison du fait qu'il est indispensable à la vie et d'une consommation mondiale qui pourrait dépasser les ressources disponibles avant une centaine d'années, l'ONU et divers scientifiques le classent comme matiÚre premiÚre minérale critique, qu'il faudrait apprendre à économiser et mieux recycler.
Histoire
Lors de la découverte du phosphore, seulement 13 autres éléments chimiques étaient déjà connus (tableau ci-dessous), contre 118 aujourd'hui (cf. Liste des éléments chimiques). Comme les autres éléments, il ne fut reconnu comme tel que grùce aux travaux de Lavoisier, quelques années plus tard[11].
ĂlĂ©ment | C | S | Cu | Au | Ag | Fe | Sn | Sb | Hg | Pb | As | Zn | Bi |
Année | ? | ? | -5000 | -3000 | -3000 | -2500 | -2100 | -1600 | -1500 | -1000 | 1250 | 1500 | 1500 |
Ses diffĂ©rents dĂ©couvreurs lui donnĂšrent beaucoup de noms diffĂ©rents : Phosphorus fulgurans ou Lumen conflans (Kunckel), Noctiluca aĂ«rea (Boyle), Lumiere condensĂ©e ou encore Phosphorus igneus puis Phosphorus pyropus par Leibnitz. Tous ses noms sont en rapport avec la forte lumiĂšre que celui-ci produit lors de sa combustion Ă lâair libre.
Une triple découverte
La découverte de cet élément est attribuée à l'alchimiste allemand Hennig Brandt en 1669 à partir de l'urine. Le procédé resta longtemps secret, mais malgré tout, le chimiste allemand Jean Kunckel, puis le physicien anglais Robert Boyle réussirent peu de temps aprÚs à trouver leur propre voie de synthÚse.
Au cours de ses recherches de la pierre philosophale, c'est-Ă -dire l'art de convertir les mĂ©taux vils ou imparfaits en or et en argent, Brandt s'Ă©tait imaginĂ© qu'en ajoutant de l'extrait d'urine aux mĂ©taux dont il voulait opĂ©rer la transmutation, il rĂ©ussirait plus sĂ»rement dans son entreprise. Mais au lieu d'obtenir ce qu'il cherchait avec tant d'ardeur, il obtint un corps nouveau, blanc, lumineux par lui-mĂȘme et brĂ»lant avec une Ă©nergie sans exemple : le phosphore.
Surpris de l'apparition de ce corps, il en envoya un échantillon à Kunckel, chimiste allemand, qui s'empressa de le montrer à son ami Kraft de Dresde (de). Celui-ci le trouva si merveilleux qu'il se rendit immédiatement à Hambourg dans l'intention d'acheter le secret de sa préparation. Il l'obtint moyennant deux cents rischedales[13] (ancienne monnaie d'Europe du Nord) et son silence. Mais Kunckel désirait lui aussi vivement le connaßtre, et voyant que Kraft, malgré leur amitié, ne le lui confierait pas, il se résolut à le découvrir par la voie de l'expérience. Il y parvint en 1674, aprÚs beaucoup de tentatives infructueuses et devint ainsi le deuxiÚme découvreur du phosphore, et se vantait dans le 44e chapitre de son Laboratoire chimique de savoir en synthétiser un plus pur que son ami[13].
La troisiÚme personne à découvrir une méthode pour l'isoler est le chevalier Boyle. En 1679, il avait pu voir un morceau de phosphore apporté par Kunckel pour le montrer au roi et à la reine d'Angleterre et réussir à savoir que le phosphore était une substance tirée du corps humain[13]. Ses essais portÚrent leurs fruits en 1680.
En 1692 Ă Paris, Homberg donne dans un MĂ©moire Ă lâAcadĂ©mie royale des sciences[14] la recette de prĂ©paration du phosphore brĂ»lant de Kunckel : faire Ă©vaporer sur un petit feu de lâurine jusquâĂ ce quâil reste une matiĂšre noire. Mettez Ă putrĂ©fier celle-ci dans une cave, puis rajoutez du sable (ou de lâargile) et de lâeau et distillez. AprĂšs avoir produit du flegme, du sel volatile et dâhuile noire, « enfin la matiĂšre du phosphore viendra en forme de nuĂ©es blanches qui sâattacheront aux parois du rĂ©cipient comme une petite pellicule jaune » (Hombert[14]).
Dans son Cours de chymie qui connut un immense succÚs, Nicolas Lémery donna la recette de la préparation du phosphore, non pas dans les premiÚres éditions (1675, 1677, 1679, 1681, 1683) mais à partir des rééditions de 1687[15].
DĂ©couverte publique
Hellot dans les MĂ©moires de l'AcadĂ©mie pour l'annĂ©e 1737[13] fait une description publique dĂ©taillĂ©e d'une mĂ©thode de synthĂšse du phosphore Ă partir de l'urine. Il explique le comment un Ă©tranger divulgua pour la premiĂšre fois tout le mystĂšre du procĂ©dĂ© qui jusqu'ici Ă©tait jalousement gardĂ© par ses premiers inventeurs. Celui-ci l'exĂ©cuta en prĂ©sence de quatre commissaires nommĂ©s par l'AcadĂ©mie des Sciences, Duhamel, Dufay, Geoffroy et, lui-mĂȘme.
La recette Ă©tait enfin devenue publique.
Dans la mĂȘme annĂ©e, Rouelle la rĂ©pĂ©ta dans ses Cours de Chimie. Tout le monde y a accĂšs depuis ce temps[13]. Cette prĂ©paration consiste Ă faire Ă©vaporer Ă siccitĂ© l'urine putrĂ©fiĂ©e, et Ă chauffer ensuite fortement le rĂ©sidu dans une cornue de grĂšs dont le col, par une allonge, plongeait dans l'eau. Il Ă©tait ensuite moulĂ© en cylindres et stockĂ© dans de l'eau prĂ©alablement bouillie et Ă l'abri de la lumiĂšre[16].
MĂȘme si Margrall ajouta quelques annĂ©es aprĂšs un sel de plomb (nitrate de plomb[16]) Ă l'urine Ă©paissie par Ă©vaporation, c'est ainsi que, pendant longtemps, le phosphore fut prĂ©parĂ©. Le phosphore resta encore longtemps une curiositĂ©, et un des objets les plus prĂ©cieux que l'on pouvait voir. On ne le trouvait que dans les laboratoires des principaux chimistes, et les cabinets de quelques gens riches, amateurs de nouveautĂ©s.
DĂ©mocratisation
En 1769, le SuĂ©dois Johan Gottlieb Gahn dĂ©couvrit que le phosphore Ă©tait prĂ©sent dans la poudre d'os calcinĂ©e puis dĂ©composĂ©e par l'acide sulfurique. Peu de temps aprĂšs, il publia, avec Scheele, un procĂ©dĂ© qui lui permit de s'en procurer des quantitĂ©s assez considĂ©rables Ă partir d'os de bĆufs ou de moutons[17].
Ce nouveau protocole[17] consiste Ă faire brĂ»ler les os jusquâĂ ce quâils soient friables, puis mĂ©langĂ©s avec du carbonate de calcium (CaCO3) et dâautres sels. On ajoute ensuite lâacide sulfurique. Puis aprĂšs rĂ©action et lavages, on le sĂšche avec du charbon, avant de faire chauffer le tout dans une cornue remplie dâeau.
On note que combinĂ© Ă l'hydrogĂšne, il produit un gaz inflammable. Cela peut expliquer les feux-follets causĂ©s par la dĂ©composition de matiĂšres riches en phosphore dans les marais[16]. On comprend aussi que c'est sa prĂ©sence qui fait luire dans le noir certaines matiĂšres organiques telles que la laitance et les Ćufs de poissons, la chair de certains mollusques (huĂźtres), certains squelettes frais de poissons, la substance cĂ©rĂ©brale ou le foie de certains animaux. On lui attribue aussi (Ă tort parfois) la phosphorescence de certains organismes marins et « des eaux mĂȘmes de la mer, dans quelques cas au moins »[16].
TroisiĂšme mode de synthĂšse
La mĂ©thode de synthĂšse actuelle a Ă©tĂ© mise au point en 1867 par les chimistes E. Aubertin et M. Boblique[18]. Elle permet dâextraire le phosphore de roches phosphorĂ©es. Cela permet de se procurer du phosphore en plus grande quantitĂ© et Ă un meilleur prix.
Le protocole consiste Ă chauffer les roches entre 1400-1500 °C avec du sable et du coke. Il se forme alors le phosphore blanc P4 selon la rĂ©action : 2 Ca3(PO4)2 + 6 SiO2 + 10 C â 6 CaSiO3 + 10 CO + P4
En pratique, le minerai est ordinairement une phosphorite, de formule générale 3 Ca3(PO4)2, Ca(OH,F,Cl)2 :
- avec le minerai le plus courant, l'hydroxyapatite (la mĂȘme phosphorite que dans les os et les dents), la rĂ©action est :
- 3 Ca3(PO4)2, Ca(OH)2 + 10 SiO2 + 25 C â 10 CaSiO3 + 25 CO + H2 + 1,5 P4 ;
- si le minerai contient de la fluorapatite, elle réagit selon :
- 3 Ca3(PO4)2, CaF2 + 9 SiO2 + 24 C â 9 CaSiO3 + CaF2 + 24 CO + 1,5 P4.
Le procĂ©dĂ© initial a Ă©tĂ© amĂ©liorĂ© par J.B. Readman en 1888[19] en ajoutant lâutilisation dâun four Ă©lectrique. MalgrĂ© un rendement de prĂšs de 90 %, la formation dâune tonne de phosphore blanc par cette mĂ©thode requiert tout de mĂȘme 15 MWh environ.
Travaux importants
Grands noms
Le phosphore étant devenu plus commun, les chimistes purent plus facilement en étudier les propriétés.
Les travaux les plus remarquables qui aient été faits sur ce corps sont dus à :
- Pelletier, qui l'a combiné avec le soufre et beaucoup de métaux[20] ;
- Lavoisier, qui nous a fait connaĂźtre ses combinaisons avec l'oxygĂšne[20] ;
- M. Dulong et à M. Davy, qui ont étudié ses divers acides[20] ;
- M. Berzelius, qui a étudié non seulement ceux-ci, mais encore leurs combinaisons avec les bases[20].
PremiĂšre utilisation : l'allumette
Les premiÚres allumettes (fósforo en espagnol[21]) utilisaient du phosphore blanc dans leur composition, la toxicité du phosphore les rendait d'ailleurs assez dangereuses : leur usage entraßna des empoisonnements accidentels.
De plus, l'inhalation des vapeurs de phosphore entraßnait, chez les ouvriers des fabriques d'allumettes, une nécrose des os de la mùchoire, connue sous le nom de nécrose phosphorée.
Lorsque le « phosphore rouge » fut découvert, son inflammabilité et sa toxicité plus faibles poussÚrent à son adoption comme une alternative moins dangereuse pour la fabrication des allumettes.
Propriétés
Les phosphores blancs et rouges ont une structure quadratique.
Il existe un « phosphore noir » allotrope, ayant une structure similaire à celle du graphite : les atomes sont arrangés en couches hexagonales, et il est conducteur électrique.
Le phosphore blanc est constitué de molécules tétraédriques P4. C'est un corps toxique qui s'oxyde lentement à l'air à température ambiante. On le conserve toujours sous l'eau. Le phosphore blanc se transforme en phosphore rouge sous l'influence de la lumiÚre.
Le phosphore rouge est constitué de molécules de longueur indéterminée, mais trÚs grande. On peut lui donner à titre d'exemple la formule P2 000. Il n'est ni toxique ni facilement inflammable. Le phosphore rouge se transforme en phosphore blanc (gazeux) sous l'influence de la chaleur, soit 280 °C.
Production
Gisements
Les phosphates sont des minéraux assez fréquents en quantité faible et dispersée, dont la concentration a généralement une origine animale (guano d'oiseaux ou de chauve-souris accumulés durant des milliers ou millions d'années sur des sites dortoirs ou de reproduction).
Le phosphore provient de roche phosphatée transformée chimiquement. Entre 120 et 170 millions de tonnes de roches sont extraites chaque année depuis les trente derniÚres années, correspondant à 20 à 30 millions de tonnes de phosphore purifié par an[22].
Les roches phosphatĂ©es exploitables se concentrent cependant en peu d'endroits : Maroc (plus du tiers des rĂ©serves mondiales), Chine (un peu plus du quart des rĂ©serves mondiales), Afrique du Sud, Ătats-Unis. De plus ces rĂ©serves pourraient ĂȘtre Ă©puisĂ©es avant un siĂšcle[23]. Les ressources prouvĂ©es sont de 71 milliards de tonnes en 2012 selon l'USGS[24] et la production annuelle est d'environ 191 millions de tonnes extraites en 2011[24].
Une future pénurie
Les gisements géologiques accessibles de vingt-six éléments du tableau de Mendeleïev sont en voie de raréfaction, comme le cuivre, l'or, le zinc, le platine, l'uranium, le phosphore⊠or le phosphore est crucial pour l'agriculture et plus largement pour la vie sur terre[25] - [26].
« Il suffit de penser que cet Ă©lĂ©ment forme la structure mĂȘme de l'ADN, qu'il pilote la respiration - ainsi que la photosynthĂšse chez les plantes - ou encore le mĂ©tabolisme cellulaire. C'est pourquoi chaque ĂȘtre humain en rĂ©clame Ă peu prĂšs deux grammes par jour. [âŠ] Au vu de la consommation actuelle couplĂ©e Ă l'Ă©puisement des gisements de qualitĂ© Ă travers le monde, les chercheurs de l'Institute for sustainable futures (Australie) annoncent un pic de production du phosphore au milieu des annĂ©es 2030, et estiment les rĂ©serves Ă 340 ans. Cette prĂ©vision, quoique controversĂ©e, suscite nĂ©anmoins une vive angoisse : pourra-t-on extraire assez de phosphore pour nourrir les 9 milliards d'habitants prĂ©vus en 2050 ? De plus, avertit Jean-Claude Fardeau, de l'Institut national de la recherche agronomique, il n'y a aucun substitut possible au phosphore, vĂ©ritable facteur limitant du vivant. Indispensable Ă l'homme et surtout Ă l'agriculture, ignorer ce problĂšme [celui d'une future pĂ©nurie en phosphore] pourrait mettre en pĂ©ril la sĂ©curitĂ© alimentaire mondiale conclut Andrea Ulrich, de l'Institute for Environment Decisions (Ăcole polytechnique fĂ©dĂ©rale de Zurich). Car, si les ressources s'Ă©puisent, il est bien certain que la demande en phosphore ne disparaĂźtra jamais[25]⊠»
En 2009, la Chine produisait 35 % du phosphore mondial, les Ătats-Unis 17 %, et le Maroc (et dans une moindre mesure le Sahara Occidental) 15 %. Les Ătats-Unis ont mis fin Ă leurs exportations, cependant que la Chine les a fortement rĂ©duites[27].
La plupart des engrais Ă base de phosphore sont dĂ©rivĂ©s du phosphate naturel extrait en Chine, aux Ătats-Unis, au Maroc et au Sahara occidental. Câest une ressource non-renouvelable : aux taux dâextraction actuels, on estime que la Chine et les Ătats-Unis disposent chacun dâun approvisionnement dâenviron 30 ans dans leurs rĂ©serves rĂ©cupĂ©rables connues de phosphate naturel. La plupart des pays sont des importateurs nets de minerai.
Une source alternative potentielle de phosphore est le recyclage des déchets en contenant. Ces déchets sont principalement des urines, os, déchets alimentaires, eaux usées et excréments. Les lieux densément habités et les zones d'élevage en produisent beaucoup. Ils sont également proches de zones agricoles qui recherchent du phosphore comme engrais. Vers 2015, dans le monde 72% environ des zones cultivées sont riches en fumier.
Vers 2015, 68% des rĂ©gions cultivĂ©es peuplĂ©es sont situĂ©es dans des pays tributaires des importations de phosphore (ex : Inde, BrĂ©sil et une grande partie de lâEurope). Des chercheurs estiment que ces pays pourraient devenir autarciques en phosphore, amĂ©liorer leur sĂ©curitĂ© alimentaire, et avoir un dĂ©veloppement plus soutenable en recyclant le phosphore prĂ©sent dans leurs propres dĂ©chets[28].
Récupération de phosphore dans les eaux usées et les effluents d'élevage
Une tonne de fumier contient de 2 à 3 kg de phosphore (et également 4 à 5 kg d'azote et 5 à 6 kg de potassium)[29]. Dans ces conditions, des associations (telles que Zero Waste France) refusent de voir les biodéchets (qui pourraient en outre fournir du biogaz dans le cadre de la méthanisation) finir en décharge ou dans des incinérateurs[30].
Des solutions de compostage des dĂ©chets humains ou utilisation des excreta (en y intĂ©grant l'urine) permettraient de produire des fertilisants contenant du phosphore plus facilement accessible aux plantes. Dans le digestat de mĂ©thanisation issus d'effluents d'Ă©levage, le phosphore peut ĂȘtre prĂ©sent Ă raison de 9 Ă 20 g/kg de matiĂšre sĂšche, et ĂȘtre aussi disponible pour les plantes que le triple superphosphate[31].
En France, la station d'Ă©puration de NĂźmes a testĂ© en 2016 un procĂ©dĂ© de rĂ©cupĂ©ration du phosphore (dĂ©phosphatation) dit « Extraphore »[32] - [33] avec des tests qui en 2016 ont confirmĂ© un possible dĂ©veloppement Ă Ă©chelle industrielle[34]. Dâautres travaux sont menĂ©s Ă Irstea pour dĂ©velopper des procĂ©dĂ©s biologiques dâacidification des boues d'Ă©puration (mais aussi des effluents d'Ă©levage) permettant le relargage du phosphore accumulĂ© par les bactĂ©ries dĂ©phosphatantes. La voie biologique adoptĂ©e par les chercheurs permet de diminuer les coĂ»ts du phosphore recyclĂ© par rapport aux mĂ©thodes chimiques, rendant ce produit aussi compĂ©titif que les engrais chimiques importĂ©s[35]. Le dĂ©ploiement du procĂ©dĂ© Ă l'Ă©chelle semi-industriel est en cours en 2018.
Aliments Ă forte teneur en phosphore
- Lentille : verte 160 mg/100 g, blonde 120 mg/100 g, corail 110 mg/100 g
- Sodas (ceux riches en acide phosphorique ont environ 20 mg/100 ml)
- Bacon 190 mg/100 g, cervelle d'agneau 337 mg/100 g, foie de génisse 485 mg/100 g
- Fromages : à pùte molle et croûte lavée 396 mg/100 g, à pùte dure 458 mg/100 g parmesan, emmental, comté, gruyÚre, gouda, Edam, morbier, cantal
- Poudre de lait entier
- Sardine, saumon, morue, carpe, seiche
- Datte
- Noix de cajou, noix du Brésil, pignon, pistache
- Noix de coco
- Germe de soja, contient environ 700 mg de phosphore dans 100 g
- Son de blé, avoine, millet
Selon une idée reçue, le poisson serait bon pour la mémoire car il contiendrait beaucoup de phosphore. Cette idée reçue est fausse[36].
Dans l'organisme humain, le phosphore est prĂ©sent dans les cellules oĂč il sert de support Ă l'Ă©nergie (adĂ©nosine triphosphate).
La phosphorémie est le taux de phosphore sous forme phosphate inorganique présent dans le plasma. Un excÚs de phosphore alimentaire déclenche une hyperphosphatémie appelée aussi l'hyperphosphorémie temporaire qui inhibe la synthÚse de vitamine D.
Utilisation
Phosphore
- Allumettes et pyrotechnie : le phosphore sous sa forme rouge est l'élément igniteur des allumettes et d'un grand nombre de dispositifs pyrotechniques.
- Alliage : involontaire dans l'acier, car Ă©tant prĂ©sent dans les minerais de fer, il provoque un effondrement des caractĂ©ristiques mĂ©caniques, en particulier de la rĂ©silience Ă basse tempĂ©rature, et parfois un alliage volontaire est rĂ©alisĂ© avec le bronze, oĂč il permet une usinabilitĂ© amĂ©liorĂ©e. Par contre les piĂšces en bronze phosphoreux soudĂ©es ou brasĂ©es donnent une trĂšs mauvaise tenue mĂ©canique.
Phosphate
De loin, les utilisations les plus répandues du phosphore sont :
- engrais minéraux : élément essentiel entrant dans la composition des engrais minéraux (NPK), sous forme monohydrogénophosphate CaHPO4 ou dihydrogénophosphate Ca(H2PO4)2. Cette utilisation du phosphore représenterait à elle seule 80 % de l'utilisation totale[22] ;
- pùte dentifrice : agent polisseur sous forme de dihydrogénophosphate et comme apporteur de fluor Na2PO3F ;
- additif stabilisant (E339, E340) : des phosphates de sodium ou de potassium, substances « tampons » ont un effet stabilisateur dans des compositions alimentaires ;
- par les ĂȘtres vivants : le phosphore entre dans la composition de lâATP et de lâADP, de certains lipides tels que les lĂ©cithines, et est un constituant des molĂ©cules d'ADN.
Acide phosphorique : H3PO4
L'acide phosphorique a de nombreuses applications :
- détartrant : la solution d'acide phosphorique est un des détartrant pour les appareils sanitaires et ménagers, tels les cafetiÚres électriques ;
- additif alimentaire (E338) : agent acidifiant dans les boissons gazeuses ;
- nutriment : dans le traitement des eaux, le phosphore est ajouté à un réacteur biologique pour assurer la survie et la croissance des bactéries ;
- protection contre la corrosion des aciers par trempage des piÚces dans cet acide (opération dite de phosphatation). Il en résulte une pellicule noire, fine, stable et poreuse qui est une excellente base dans l'accrochage des peintures anti-rouille.
Usages militaires
Les bombes, obus et grenades incendiaires au phosphore ont été largement utilisées pendant et depuis la Seconde Guerre mondiale, par exemple lors du bombardement de Dresde.
Le protocole III de la Convention sur certaines armes classiques (CCAC), entrĂ© en vigueur en 1983, interdit les armes incendiaires contre des civils, et mĂȘme contre des bases militaires situĂ©es « Ă lâintĂ©rieur dâune concentration de civils ».
Le phosphore blanc peut aussi servir à créer des écrans de fumée permettant de couvrir ses troupes sur un théùtre d'opérations.
Explosion d'un obus au phosphore (PremiĂšre Guerre mondiale). |
Dosage
Un protocole de dosage a été validé en France par l'AFNOR[37].
Les ions phosphate réagissent avec une solution acide contenant des ions molybdate et antimoine pour former un complexe antimonyl-phosphomolybdate. Ce complexe est ensuite réduit par l'acide ascorbique pour former un complexe de bleu de molybdÚne de couleur vive. L'absorbance est alors mesurée pour déterminer la concentration.
Ăcologie
Cycle du phosphore
Le phosphore tend Ă ĂȘtre lessivĂ© vers les mers sous l'action du lessivage par les pluies, du haut du bassin versant vers la mer. L'Ă©rosion Ă©olienne peut transporter des quantitĂ©s significatives de phosphore vers des zones trĂšs Ă©loignĂ©es (dont du Sahara jusqu'en Amazonie, via des aĂ©rosols visibles de satellite).
Autrefois, c'Ă©taient surtout les migrations d'oiseaux marins ou piscivores (via leurs fientes enrichies en phosphore) et plus encore les migrations de saumons qui constituaient le mĂ©canisme principal de « retour Ă la terre » du phosphore. AprĂšs leur phase de croissance en mer et leur remontĂ©e, en mourant par dizaines de millions dans les riviĂšres des hauts de bassin versant aprĂšs y avoir pondu, les saumons remontaient et libĂ©raient des quantitĂ©s importantes de phosphore recyclĂ©es dans les Ă©cosystĂšmes situĂ©s en amont des bassins versants, via leurs squelettes et cadavres particuliĂšrement riches en phosphore, et via les urines et excrĂ©ments des animaux qui chassaient ou pĂȘchaient les saumons lors de leur remontĂ©e (ours en particulier). Aujourd'hui les saumons ont fortement rĂ©gressĂ© ou ont disparu sur une grande partie de leur ancienne aire de rĂ©partition, et l'agriculture intensive se fournit en phosphates de guano ou de synthĂšse, importĂ©s.
Eutrophisation
Le phosphore, abondamment gaspillé par l'agriculture intensive et certaines unités de traitement des eaux usées, et fortement présent dans les lessives notamment dans les années 1980, est avec le nitrate un des grands responsables de l'eutrophisation.
En France, depuis les années 1970 l'amélioration des pratiques culturales a permis de réduire significativement les apports en engrais minéraux phosphatés par unité de surface, et les bandes enherbées (localement obligatoires le long de cours d'eau) pourraient encore contribuer à le réduire dans l'environnement[38]. Malgré cela, la teneur en phosphore des sols agricoles augmente globalement, bien que de maniÚre inégale selon les régions : augmentation en Bretagne, Pays de la Loire, Champagne-Ardenne et Aquitaine, et diminution au nord, au centre et à l'ouest. En Bretagne, par exemple, cette hausse est causée par l'emploi des effluents issus de l'élevage intensif pour la fertilisation des sols[39].
Le mécanisme eutrophisant du phosphore est complexe, variant selon les environnements et différent de celui des nitrates avec lesquels il interfÚre aussi. Selon une étude faite dans de vrais lacs et dans des « lacs expérimentaux », la charge du milieu en phosphore n'est un bon prédicteur de l'eutrophisation que si l'on introduit un facteur de correction tenant bien compte du renouvellement de l'eau, alors que la correction selon le sédiment a un rÎle mineur[40].
Toxicologie, Ă©cotoxicologie
Le phosphore est un oligoĂ©lĂ©ment indispensable â sous forme de sels â pour de nombreux organismes vivants, et sous forme de phosphate notamment pour les plantes. Sous formes solubles et solubilisĂ©es notamment, le phosphore a servi de mĂ©dicament (extrait de l'urine humaine jusqu'en 1774). Mais quand il est pur, et sous certaines de ses formes, c'est un puisant toxique et corrosif de l'organisme. On le sait depuis longtemps.
Il a néanmoins été utilisé dans des expériences de « physique amusante » ou de magie en causant des blessures parfois sérieuses chez les expérimentateurs.
Puis certains mĂ©decins lui ont attribuĂ© des vertus mĂ©dicales merveilleuses, notamment administrĂ© sous forme de « Pilules lumineuses » contenant une poudre de phosphore finement divisĂ©e associĂ©e Ă d'autres ingrĂ©dients, dont Kunckel semble avoir eu l'idĂ©e ; il Ă©tait rĂ©putĂ© prolonger la vieillesse, revigorer l'organisme, « rallumer, pour ainsi dire le flambeau de la vie ». On l'a prĂ©tendu fĂ©brifuge, anti-rhumatismal, anti-goutteux, anti-chlorolique, et semble-t-il parfois efficace contre des « fiĂšvres intermittentes », certaines « fiĂšvres graves », « malignes », « fiĂšvres asthĂ©niques », « fiĂšvre pĂ©tĂ©chiale » ou « bilieuses », etc., mais sa toxicitĂ© a rapidement Ă©tĂ© manifeste chez l'Homme (1/8e de grain suffit parfois Ă dĂ©terminer des « accidents funestes » (Observation de M. Loebelstein-Loebel, d'IĂ©na. On se demanda ensuite si ces effets mĂ©dicaux sont vraiment dus au phosphore, oĂč Ă ses sels, ou aux synergies avec d'autres ingrĂ©dients ; ainsi en 1798, la sociĂ©tĂ© de mĂ©decine de Paris questionne « les propriĂ©tĂ©s mĂ©dicamenteuses du phosphore, des acides phosphoriques et phosphoreux » (question restĂ©e sans rĂ©ponse). [âŠ] « Du systĂšme nerveux dont il exalte d'abord la sensibilitĂ©, il parait rĂ©pandre son action sur les principaux systĂšmes de l'Ă©conomie, accĂ©lĂ©rer ainsi la circulation, augmenter la chaleur, accroĂźtre au plus haut degrĂ© l'irritabilitĂ© musculaire, d'aprĂšs les expĂ©riences de Fr. Pilger (Ann. clin, de Montp., XXXVII, 360) ; enfin agir souvent aussi sur les exhalants cutanĂ©s, la sĂ©crĂ©tion urinaire, dont le produit devient quelquefois phosphorescent, peut exhaler l'odeur du soufre ou de la violette, enfin et surtout, exciter puissamment l'appareil gĂ©nital. Ce dernier phĂ©nomĂšne, qui peut aller jusqu'au priapisme, est le plus constant et le plus remarquable de ses effets physiologiques : A. Leroy et M. le docteur Bouttatz l'ont eux-mĂȘmes Ă©prouvĂ© ; M. Boudet (Il lâavait observĂ© chez un vieillard ; B. Pelletier l'avait vu chez les canards, dont le mĂąle n'a cessĂ© qu'Ă la mort de couvrir ses femelles) nous assure que le contact prolongĂ© de la peau avec le phosphore suffit pour le faire naĂźtre : aussi a-t-on cru pouvoir rapporter Ă la prĂ©sence du phosphore dans les poissons la vertu aphrodisiaque qu'on leur attribue »[16].
F.V. MĂ©rat et A.J. de Lens, dans leur Dictionnaire universel de matiĂšre mĂ©dicale et de thĂ©rapeutique (vol. 3[16] rappellent qu'aprĂšs que le phosphore ait Ă©tĂ© dĂ©couvert dans l'urine, puis utilisĂ© comme mĂ©dicament, sa toxicitĂ© a Ă©tĂ© largement observĂ©e chez l'Homme et confirmĂ©e expĂ©rimentalement chez l'animal par M. LĆbelstein-LĆbel sur des chiens, M. Bouttatz sur des chats, des cochons d'Inde, des poules et des pigeons, des jeunes coqs et des grenouilles, enfin MM. Orfila, Brera, Mugetti, Worbe et Bogros sur des chiens, prouvent, la plupart, que le phosphore agit Ă la maniĂšre des poisons corrosifs ; que les accidents une fois dĂ©veloppĂ©s ne peuvent que difficilement ĂȘtre entravĂ©s par les secours de l'art. (âŠ) Dissous ou divisĂ© dans l'huile, et aussi Ă l'Ă©tat de fusion dans l'eau chaude (M. Worbe), la combustion, qui en est rapide produit, semble-t-il, de l'acide phosphorique ; l'inflammation est alors des plus vives, les douleurs atroces, les vomissements opiniĂątres, et la mort arrive au milieu des mouvements convulsifs les plus horribles. InjectĂ©e dans les veines ou dans la plĂšvre, cette mĂȘme huile phosphorĂ©e donne lieu, dans l'espace de quelques minutes, Ă des flots de vapeurs blanches chargĂ©es d'acide phosphatique, qui Ă chaque expiration s'Ă©chappent de la gueule de l'animal (Magendie, AlĂ©m. pour servira Phi* t. de la transpiration pulmonaire ; Bibl. mĂ©d., XXXII, 19) : la mort dans ce cas a lieu par asphyxie et rĂ©sulte de l'inflammation subite des poumons[16].
Son usage s'est ensuite fortement réduit, mais il a été utilisé dans les armes chimiques et munitions incendiaires, et son isotope radioactif a été utilisé comme « radiotraceur », dans des éléments solides (métal ou alliage par exemple[41]) ou chez des espÚces vivantes (pour le suivi de la pollinisation par exemple, via des pollens marqués au soufre ou au phosphore radioactif[42], pour le suivi de microbes ou virus dans l'organisme[43]) ou encore pour le suivi de mouches afin d'étudier leur rÎle épidémiologique (1957)[44]. On a aussi tenté de l'utiliser comme médicament dans les années 1950, aux débuts de la médecine nucléaire, par exemple contre la leucose chronique (1955)[45] ou pour traiter des tissus calcifiés (1958)[46] ou pour détecter des néoplasmes intraoculaires[47], comprendre ou traiter des cancers[48], ou pour l'étude de certaines maladies (ex. : maladie de Vaquez (1967)[49] ou de cancers (1946)[50]).
Mutagénicité : un autre problÚme environnemental est posé par la radioactivité de certains isotopes du phosphore.
- Les terrils ou crassiers de phosphogypse découlant de la production industrielle d'engrais contiennent des éléments radioactifs, et que les engrais phosphatés sont aussi une source de cadmium toxique qui s'accumule dans les champs ou pollue l'environnement.
- L'isotope radioactif stable du phosphate est sous certaines formes (phosphates) trÚs bioassimilable (il est notamment incorporé dans l'adénosine triphosphate[51]) ; il est mutagÚne[52].
Le phosphore en excĂšs a aussi des effets Ă©cotoxiques en tant qu'eutrophisant.
Notes et références
- (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0)
- (en) Beatriz Cordero, VerĂłnica GĂłmez, Ana E. Platero-Prats, Marc RevĂ©s, Jorge EcheverrĂa, Eduard Cremades, Flavia BarragĂĄn et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,â , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
- (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, TF-CRC, , 87e Ă©d. (ISBN 0849304873), p. 10-202
- (en) R. Thomas Sanderson, « Phosphorus (P) », sur britannica.com.
- (en) T.A. Czuppon et al., Kirk-Othmer encyclopedia of chemical technology 4th ed. : Ammonia, vol. 2, John Wiley & Sons.
- Numéro index rÚglement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008) dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du
- Entrée « Phosphorus, white » dans la base de données de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sécurité et de la santé au travail) (allemand, anglais), accÚs le 30 juin 2018 (JavaScript nécessaire)
- Fiche Sigma-Aldrich du composĂ© Phosphorus, red â„99.99% trace metals basis, consultĂ©e le 22 aoĂ»t 2018.
- « Phosphore jaune » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
- « Phosphore rouge » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
- (en) F. Krafft, « Phosphorus : From Elemental Light to Chemical Element », Angewandte Chemie International Edition, vol. 8, no 9,â , p. 660-671 (DOI 10.1002/anie.196906601, lire en ligne)
- Stephane Pereck, « Les Elements chimiques, date de découverte », sur elementschimiques.fr, 2012-2013 (consulté le ).
- Jean Hellot, « Le phosphore de HĂŒkel et analyse de l'Urine », Histoire de l'acadĂ©mie royale des Sciences avec les MĂ©moires de MathĂ©matique & de Physique,â , p. 342-378 (lire en ligne)
- M. Homberg, « ManiĂšre de faire la phosphore brĂ»lant de Kunkel », MĂ©moires de mathĂ©matique et de physique: tirĂ© des registres de l'AcadĂ©mie Royale des Sciences,â (lire en ligne).
- Cours 1697.
- F. V. Mérat et A. J. de Lens, Dictionnaire universel de matiÚre médicale et de thérapeutique, vol. 3, Société Belge de Librairie (Bruselas), 1837 (Lien via Google Livres ou Livre retapé)
- M.F.-E. Guerin, Dictionnaire pittoresque d'histoire naturelle et des phénomÚnes de la nature, vol. 7, Imprimerie de Cosson, , 640 p. (lire en ligne), p. 405-406.
- Dehérain, Pierre-Paul., Cours de chimie agricole : Professé à l'école d'agriculture de Grignon., BnF-P, (ISBN 978-2-346-05142-7 et 2-346-05142-X, OCLC 1041020319), §138
- (en) J.B. Readman, « An account of the manufacture of phosphorus », The journal of the Society of the chemical industry, vol. 9, no 2,â , p. 163-211 (lire en ligne).
- Louis Jacques Thénard (Barón.), Traité de chimie élémentaire, théorique et pratique, suivi d'un essai sur la philosophie chimique et d'un précis sur l'analyse, Louis Hauman et Compagnie, 1836. Livre numérique Google
- « Reverso », sur dictionnaire.reverso.net (consulté le ).
- Commission européenne : utilisation du phosphore
- Vaccari D, http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/f/fiche-article-phosphore-une-crise-imminente-23913.php Phosphore : une crise imminente], Pour la Science, janvier 2010, p. 36-41
- USGS, Phosphate Rock (consulté le 13 mai 2012).
- Sciences et Vie, no 1136, mai 2012, Alerte à la pénurie, p. 62
- Phosphore : une crise imminente Pour la Science.fr, janvier 2010, p. 36-41. David Vaccari directeur du DĂ©partement d'ingĂ©nierie civile, environnementale et ocĂ©anographique de l'Institut de technologie Stevens (New Jersey, Ătats-Unis)
- (en) Richard Heinberg, The end of growth : adapting to our new economic reality, Gabriola Island, BC, Canada, New Society Publishers, coll. « Books to build a new society », , 288 p. (ISBN 978-1-55092-483-1, OCLC 742512623), p. 133-136.
- [Animal poo could propel nations towards food independence Manure, food waste and similar sources could be recycled to curb reliance on imported phosphate rock used for agriculture], Nature, Biogeochemistry 25 mars 2019 | Earthâs Future
- Le guide Clause (guide pratique complet de jardinage), 36e Ă©d., p. 607.
- Biodéchets, sur cniid.org
- J Michaud, Q Laurent, L Jordan-Meille, X Salducci, C Morel, T Nesme et B Plat, « Meth@+.com - ModĂ©liser le dĂ©veloppement dâun systĂšme innovant de mĂ©thanisation collective et Ă hautes performances environnementales Ă lâĂ©chelle dâun micro-territoire », Innovations Agronomiques, no 71,â , p. 275-293.
- « Extraphore : une méthode novatrice de recyclage du phosphore dans le traitement des eaux usées », Saur, 20 octobre 2016
- « Extraphore optimise la déphosphatation », Environnement magazine, 10 août 2016
- Le groupe Saur a testĂ© sur la station dâĂ©puration de NĂźmes son procĂ©dĂ© Extraphore pour rĂ©cupĂ©rer dans les boues d'Ă©puration le phosphore, 25 octobre 2016.
- « Les boues dâĂ©puration : une nouvelle mine de phosphore », sur Irstea, (consultĂ© le )
- Idée reçue fausse : manger du poisson ne participe pas forcément au développement de la mémoire.
- AFNOR, 1990, Dosage des orthophosphates, des phosphates et du phosphore total. In: AFNOR (Ăd.), Eaux MĂ©thodes d'essais, Paris, p. 87â97.
- Duchemin, M. et Majdoub, R. (2004), Les bandes végétales filtrantes : de la parcelle au bassin versant, Vecteur Environnement, 37(2), 36-50.
- Commissariat général au développement durable, Le phosphore dans les sols, nécessité agronomique, préoccupation environnementale, juin 2009
- Schindler, D.W., Fee, E.J. et Ruszczynski, T. (1978), Phosphorus input and its consequences for phytoplankton standing crop and production in the Experimental Lakes Area and in similar lakes, Journal of the Fisheries Board of Canada, 35(2), 190-196 (résumé)
- Schuehmacher, J.J. et Guiraldenq, P. (1983), Ătude comparĂ©e de l'autodiffusion du fer et du phosphore dans l'alliage amorphe Fe40 Ni40 P14 B6 Ă l'aide de radiotraceurs (59Fe-32P), Acta Metallurgica, 31(12), 2043-2049.
- Charrier A. (1971), Ătude de le pollinisation des cafĂ©iers cultive sur la cĂŽte-Est malgache par marquage du pollen au phosphore et au soufre radioactifs. In L'Ă©nergie nuclĂ©aire et ses applications biologiques Ă Madagascar : colloque mai 1971âŠ, no 12, p. 229, Ăcole nationale supĂ©rieure agronomique.
- Colimon, R. et Mazeron, M.C. (1984), Méthodes de diagnostic direct appliquées à la mise en évidence du cytomégalovirus dans le sang, Revue Française de Transfusion et Immuno-hématologie, 27(3), 323-329
- Chura-Bura, B. L. (1957), Emploi des isotopes radioactifs dans l'étude du rÎle épidémiologique des mouches, Journal of Hygiene, Epidemiology, Microbiology, and Immunology, 249.
- Degand, C. E. (1955), Ătude de l'action du phosphore radio-actif sur 75 cas de leucoses chroniques (thĂšse de doctorat)
- Dallemagne, M.J. et Fabry, C. (1958), Ătude critique de l'emploi des isotopes radioactifs dans le problĂšme des tissus calcifiĂ©s, Orca, 169.
- Thomas CI, Stroraasli JP et Friedell HL (1965), Radioactive phosphorus in the detection of intraocular neoplasms: A report of 150 cases, American Journal of Roentgenology, 95(4), 935-941.
- Rivier, J. (1957), Valeur clinique de la rétention phosphorée chez les cancéreux, Oncology, 10(1), 29-53.
- Koulischer, L., FrĂŒhling, J. et Henry, J. (1967), Observations cytogĂ©nĂ©tiques dans la maladie de Vaquez, European Journal of Cancer (1965), 3(3), 193-201.
- Forssberg, A. (1946), A study of the distribution of radioactive phosphorus in three cases of cancer, Acta Radiologica [Old Series], 27(1), 88-92.
- Poulaert, G. et Chantrenne, H. (1952), Introduction de phosphore radio-actif dans l'acide adénosinetriphosphorique, Archives of Physiology and Biochemistry, 60(4), 550-551.
- De Loose R. (1963), L'action mutagĂšne du Phosphore radio-actif (32P) chez Dactylis glomerata Lemba RvP, Revue de l'agriculture, 947.
Voir aussi
Bibliographie
- Castillon P. (2005), Le phosphore : sources, flux et rÎles pour la production végétale et l'eutrophisation, Productions animales Paris-INRA , 18(3), 153.
- Dupas, Rémi (2015), Identification et modélisation des processus à l'origine des transferts de phosphore dissous dans un bassin versant agricole, thÚse de doctorat, université européenne de Bretagne, 407 p.
- Gangbazo, G., Cluis, D. et Buon, E. (2002), Transport des sédiments en suspension et du phosphore dans un bassin versant agricole (Suspended sediments and phosphorus transport in an agricultural watershed), Vecteur environnement, 35(1), 44.
- La Jeunesse I. (2001), Ătude intĂ©grĂ©e dynamique du phosphore dans le systĂšme bassin versant-lagune de Thau, thĂšse de doctorat, universitĂ© d'OrlĂ©ans.
- Ribeyreix-Claret C. (2001), Agriculture et environnement en Gascogne gersoise : érosion du sol et pollution diffusé par le phosphore : le cas du bassin versant d'Aurade (Gers), thÚse de doctorat, université de Toulouse 2 (résumé).
- Turpin, N., Vernier, F. et Joncour, F. (1997), Transferts de nutriments des sols vers les eaux - Influence des pratiques agricoles-SynthÚse bibliographique, Ingénieries-EAT, (11), p-3.
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives à la santé :
- DrugBank
- (en) Medical Subject Headings
- (no + nn + nb) Store medisinske leksikon
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (en) « Technical data for Phosphorus » (consulté le ), avec en sous-pages les données connues pour chaque isotope.
- Table périodique - Phosphore Impact sur l'environnement.
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | ||||||||||||||||
1 | H | He | |||||||||||||||||||||||||||||||
2 | Li | Be | B | C | N | O | F | Ne | |||||||||||||||||||||||||
3 | Na | Mg | Al | Si | P | S | Cl | Ar | |||||||||||||||||||||||||
4 | K | Ca | Sc | Ti | V | Cr | Mn | Fe | Co | Ni | Cu | Zn | Ga | Ge | As | Se | Br | Kr | |||||||||||||||
5 | Rb | Sr | Y | Zr | Nb | Mo | Tc | Ru | Rh | Pd | Ag | Cd | In | Sn | Sb | Te | I | Xe | |||||||||||||||
6 | Cs | Ba | La | Ce | Pr | Nd | Pm | Sm | Eu | Gd | Tb | Dy | Ho | Er | Tm | Yb | Lu | Hf | Ta | W | Re | Os | Ir | Pt | Au | Hg | Tl | Pb | Bi | Po | At | Rn | |
7 | Fr | Ra | Ac | Th | Pa | U | Np | Pu | Am | Cm | Bk | Cf | Es | Fm | Md | No | Lr | Rf | Db | Sg | Bh | Hs | Mt | Ds | Rg | Cn | Nh | Fl | Mc | Lv | Ts | Og | |
8 | 119 | 120 | * | ||||||||||||||||||||||||||||||
* | 121 | 122 | 123 | 124 | 125 | 126 | 127 | 128 | 129 | 130 | 131 | 132 | 133 | 134 | 135 | 136 | 137 | 138 | 139 | 140 | 141 | 142 |