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MĂ©tal alcalino-terreux

Les métaux alcalino-terreux (ou alcalinoterreux)[1] sont les six éléments chimiques du 2e groupe du tableau périodique : béryllium 4Be, magnésium 12Mg, calcium 20Ca, strontium 38Sr, baryum 56Ba et radium 88Ra. Leurs propriétés sont trÚs semblables : ils sont blanc argenté, brillants, et chimiquement assez réactifs à température et pression ambiantes. Leur configuration électronique contient une sous-couche s saturée avec deux électrons, qu'ils perdent facilement pour former un cation divalent (état d'oxydation +2).

Leur nom provient du terme « métaux de terre » utilisé en alchimie et décrivant les métaux qui résistent au feu, les oxydes de métaux alcalino-terreux demeurant solides à température élevée.

Propriétés

Les mĂ©taux alcalino-terreux sont caractĂ©risĂ©s par un Ă©clat argentĂ©, une masse volumique peu Ă©levĂ©e, une tempĂ©rature de fusion Ă  peine supĂ©rieure Ă  celles des mĂ©taux pauvres (et une tempĂ©rature d'Ă©bullition infĂ©rieure Ă  certains d'entre eux), une grande mallĂ©abilitĂ©, ainsi qu'une certaine rĂ©activitĂ© avec les halogĂšnes, conduisant Ă  des sels ioniques — Ă  l'exception du chlorure de bĂ©ryllium BeCl2, qui est covalent — ainsi qu'avec l'eau (hormis le bĂ©ryllium), moins facilement cependant qu'avec les mĂ©taux alcalins, pour former des hydroxydes fortement basiques. La rĂ©activitĂ© de ces Ă©lĂ©ments croĂźt avec leur numĂ©ro atomique.

Le béryllium et le magnésium sont plutÎt gris car ils se recouvrent d'une pellicule d'oxyde BeO et MgO protectrice passivante, tandis que le calcium, le strontium, le baryum et le radium sont plus brillants et plus mous. La surface de ces métaux se ternit rapidement à l'air libre.

Par exemple, alors que le sodium et le potassium réagissent avec l'eau à température ambiante, le calcium ne réagit qu'avec l'eau chaude, et le magnésium seulement avec la vapeur d'eau :

Mg + 2 H2O → Mg(OH)2 + H2.

Le béryllium fait exception à ces comportements : il ne réagit pas avec l'eau liquide ni avec la vapeur d'eau, et ses halogénures sont covalents. Ainsi, le fluorure de béryllium BeF2, a priori le plus ionique des halogénures de béryllium, est essentiellement covalent, avec une température de fusion d'à peine 553,85 °C et une faible conductivité électrique à l'état liquide.

Les ions M2+ issus des alcalino-terreux Ca, Sr et Ba peuvent ĂȘtre caractĂ©risĂ©s de maniĂšre qualitative par un test de flamme : Lorsqu'on traite un sel d'un alcalino-terreux avec de l'acide chlorhydrique concentrĂ© (ce qui donne un chlorure mĂ©tallique volatil), et qu'on le chauffe fortement dans la flamme non Ă©clairante d'un bec Bunsen, on observe une couleur de flamme caractĂ©ristique. Cette flamme est rouge orangĂ©e pour Ca (mais vert pĂąle Ă  travers du verre bleu), pourpre pour Sr (mais violette Ă  travers du verre bleu), et vert pomme pour Ba.

ÉlĂ©ment Masse
atomique
Température
de fusion
Température
d'Ă©bullition
Masse
volumique
Rayon
atomique
Configuration
Ă©lectronique
[2]
Énergie
d'ionisation
ÉlectronĂ©gativitĂ©
(Pauling)
BĂ©ryllium 9,012 183 1 u 1 287 °C 2 469 °C 1,85 g·cm-3 112 pm [He] 2s2 899,5 kJ·mol-1 1,57
MagnĂ©sium 24,305 5 u 650 °C 1 091 °C 1,738 g·cm-3 160 pm [Ne] 3s2 737,7 kJ·mol-1 1,31
Calcium 40,078(4) u 842 °C 1 484 °C 1,55 g·cm-3 197 pm [Ar] 4s2 589,8 kJ·mol-1 1,00
Strontium 87,62(1) u 777 °C 1 377 °C 2,64 g·cm-3 215 pm [Kr] 5s2 549,5 kJ·mol-1 0,95
Baryum 137,327(7) u 727 °C 1 845 °C 3,51 g·cm-3 222 pm [Xe] 6s2 502,9 kJ·mol-1 0,89
Radium [226] 700 °C 1 737 °C 5,5 g·cm-3 — [Rn] 7s2 509,3 kJ·mol-1 0,9

Les éléments de cette série possÚdent deux électrons dans leur couche de valence, et leur configuration électronique la plus stable s'obtient par la perte de ces deux électrons pour former un cation doublement chargé.

Applications

Barres de combustible nucléaire pour le réacteur CANDU, produites par brasage à induction faisant intervenir du béryllium.

Le béryllium est utilisé essentiellement dans des applications militaires[3]. Il est également utilisé comme dopant de type p pour certains semiconducteurs, tandis que l'oxyde de béryllium BeO est utilisé comme isolant électrique et conducteur thermique résistant. En raison de sa légÚreté et de ses propriétés générales, le béryllium est utilisé dans les applications pour lesquelles rigidité, légÚreté et stabilité tridimensionnelle sont requises dans un intervalle de températures étendues.

Le magnĂ©sium a Ă©tĂ© largement utilisĂ© dans l'industrie avec un rĂŽle structurel dans la mesure oĂč ses propriĂ©tĂ©s dans ce domaine sont meilleures que celles de l'aluminium ; son utilisation a cependant Ă©tĂ© rĂ©duite en raison des risques d'inflammation qu'il prĂ©sente. Il est souvent alliĂ© Ă  l'aluminium ou au zinc pour former des matĂ©riaux aux propriĂ©tĂ©s intĂ©ressantes. Le magnĂ©sium intervient Ă©galement dans la production d'autres mĂ©taux, comme le fer, l'acier et le titane.

Le calcium intervient comme rĂ©ducteur dans la sĂ©paration d'autres mĂ©taux de leurs minerais, comme l'uranium. Il est Ă©galement alliĂ© Ă  d'autres mĂ©taux, comme l'aluminium et le cuivre, et peut ĂȘtre utilisĂ© pour la dĂ©soxydation de certains alliages. Il est utilisĂ© par ailleurs dans la production de mortier et de ciment.

Le strontium et le baryum ont moins d'applications que les métaux alcalino-terreux plus légers. Le carbonate de strontium SrCO3 est utilisé pour produire des feux d'artifice rouges, tandis que le strontium pur est utilisé pour l'étude de la libération des neurotransmetteurs par les neurones[4] - [5]. Le baryum est utilisé pour faire le vide dans les tubes électroniques, tandis que le sulfate de baryum BaSO4 est utilisé dans l'industrie pétroliÚre, ainsi que dans d'autres types d'applications[6].

Le radium a Ă©tĂ© utilisĂ© jadis dans de nombreuses applications, mais a Ă©tĂ© remplacĂ© depuis par d'autres matĂ©riaux en raison de sa radioactivitĂ©, qui le rend dangereux. Il a ainsi Ă©tĂ© utilisĂ© pour produire des peintures luminescentes (en)[7], et fut mĂȘme ajoutĂ© dans les annĂ©es 1930 Ă  l'eau de table, Ă  des dentifrices et Ă  des cosmĂ©tiques en vertu des propriĂ©tĂ©s rajeunissantes et bienfaisante alors prĂȘtĂ©es Ă  la radioactivitĂ©. De nos jours, il n'a plus aucun usage, pas mĂȘme en radiologie, oĂč des sources radioactives plus puissantes et plus sĂ»res sont utilisĂ©es Ă  sa place.

RĂŽle biologique

Apparence des métaux alcalino-terreux.

Les métaux alcalino-terreux ont un rÎle biochimique trÚs variable, certains étant indispensables, d'autres hautement toxiques, ou encore indifférents :

  • Le bĂ©ryllium Ă©tant faiblement soluble dans l'eau, il n'est que trĂšs rarement prĂ©sent dans les cellules vivantes. On ne lui connaĂźt aucun rĂŽle biologique, et il est gĂ©nĂ©ralement trĂšs toxique pour les ĂȘtres vivants.
  • Le magnĂ©sium et le calcium sont trĂšs largement prĂ©sents dans tous les organismes vivants connus, et y jouent un rĂŽle vital. Par exemple, le magnĂ©sium intervient comme cofacteur de bon nombre d'enzymes et les sels de calcium jouent un rĂŽle structurel dans les os des vertĂ©brĂ©s et dans les coquilles des mollusques. Les gradients de concentration des ions Mg2+ et Ca2+ Ă  travers les membranes cellulaires ou intracellulaires (enveloppant les organites) sont rĂ©gulĂ©s par des pompes ioniques qui interagissent avec plusieurs processus biochimiques fondamentaux.
  • Le strontium et le baryum sont assez rares dans la biosphĂšre et ont par consĂ©quent un rĂŽle biologique marginal. Le strontium joue nĂ©anmoins un rĂŽle important chez les animaux marins, notamment le corail, oĂč il intervient dans la synthĂšse de l'exosquelette. Ces Ă©lĂ©ments sont parfois utilisĂ©s en mĂ©decine, le strontium Ă©tant employĂ© dans certains dentifrices tandis que le baryum, administrĂ© aux patients dans des prĂ©parations barytĂ©es, est employĂ© comme substance de marquage dans l'imagerie mĂ©dicale aux rayons X pour amplifier les contrastes et faciliter le diagnostic.

L'isotope 90Sr est un produit de fission de l'uranium. Lors d'un accident nucléaire (fuite de déchets, explosion nucléaire, etc.), il risque de contaminer la nature pour finir par s'incorporer dans les os avec le phosphate de calcium.

  • Le radium est Ă  la fois rare dans le milieu naturel et trĂšs radioactif, de sorte qu'il est absent des organismes vivants et leur est radiotoxique.

Étymologie

Les noms de ces éléments proviennent de leurs oxydes, les terres alcalines. Les anciens termes qui désignaient ces oxydes étaient béryllia (oxyde de béryllium), magnésia, chaux vive, strontia et baryta.

L'appellation alcalino-terreux est due au fait que les oxydes de ces métaux sont intermédiaires entre ceux des métaux alcalins et ceux des terres rares. L'utilisation du terme « terreux » pour classifier des substances à l'apparence inerte remonte à des temps anciens. Le plus ancien systÚme connu est celui de la GrÚce antique, et consistait en un systÚme de quatre éléments classiques, incluant la terre. Des philosophes et alchimistes firent évoluer ce systÚme par la suite, notamment Aristote, Paracelse, John Becher et George Stahl.

En 1789, Antoine Lavoisier dans son TraitĂ© Ă©lĂ©mentaire de chimie, nota que ces terres Ă©taient en fait des composĂ©s chimiques. Il les appela alors substances simples salifiables terreuses. Par la suite il suggĂ©ra que les terres alcalines seraient peut-ĂȘtre des oxydes de mĂ©taux, mais il admit que ceci n'Ă©tait qu'une simple conjecture. En 1808, Humphry Davy continua le travail de Lavoisier et fut le premier Ă  obtenir des Ă©chantillons de mĂ©tal par Ă©lectrolyse de leurs terres en fusion.

Notes et références

  1. selon les Annexe:Rectifications orthographiques du français en 1990
  2. (en) CRC Handbook of Chemistry and Physics, section 1 : Basic Constants, Units, and Conversion Factors, sous-section : Electron Configuration of Neutral Atoms in the Ground State, 84e Ă©dition en ligne, CRC Press, Boca Raton, Floride, 2003.
  3. (en) GĂŒnter Petzow, Fritz Aldinger, Sigurd Jönsson, Peter Welge, Vera van Kampen, Thomas Mensing et Thomas BrĂŒning, « Beryllium and Beryllium Compounds », Ullmann's Encyclopedia of Industrial Chemistry,‎ (DOI 10.1002/14356007.a04_011.pub2, lire en ligne)
  4. (en) R. Miledi, « Strontium as a Substitute for Calcium in the Process of Transmitter Release at the Neuromuscular Junction », Nature, vol. 212, no 5067,‎ , p. 1233-1234 (PMID 21090447, DOI 10.1038/2121233a0, Bibcode 1966Natur.212.1233M, lire en ligne)
  5. (en) Donald J. Hagler Jr. et Yukiko Goda, « Properties of synchronous and asynchronous release during pulse train depression in cultured hippocampal neurons », Journal of Neurophysiology, vol. 85, no 6,‎ , p. 2324-2334 (PMID 11387379, lire en ligne)
  6. (en) Robert Kresse, Ulrich Baudis, Paul JĂ€ger, H. Hermann Riechers, Heinz Wagner, Jochen Winkler et Hans Uwe Wolf, « Barium and Barium Compounds », Ullmann's Encyclopedia of Industrial Chemistry,‎ (DOI 10.1002/14356007.a03_325.pub2, lire en ligne)
  7. (en) James G. Terrill, Jr., Samuel C. Ingraham, II et Dade W. Moeller, « Radium in the healing arts and in industry. Radiation exposure in the United States », Public Health Reports, vol. 69, no 3,‎ , p. 255-262 (PMID 2024184, PMCID 13134440, JSTOR 4588736)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes



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