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Baryum

Le baryum est l'Ă©lĂ©ment chimique de numĂ©ro atomique 56, de symbole Ba. Le mot baryum — en anglais : barium — a Ă©tĂ© forgĂ© Ă  partir du grec ÎČαρύς (« lourd »).

Baryum
Image illustrative de l’article Baryum
Échantillon de baryum.
Position dans le tableau périodique
Symbole Ba
Nom Baryum
Numéro atomique 56
Groupe 2 (IIA)
Période 6e période
Bloc Bloc s
Configuration Ă©lectronique [Xe] 6s2
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 18, 18, 8, 2
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 137,327 ± 0,007 u
Rayon atomique (calc) 215 pm (253 pm)
Rayon de covalence 215 ± 11 pm[1]
État d’oxydation 2
ÉlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) 0,89
Oxyde Base forte
Énergies d’ionisation[2]
1re : 5,211 664 eV 2e : 10,003 83 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN PĂ©riode MD Ed PD
MeV
130Ba0,106 %(0,5-2,7)×1021 a2Δ2,620130Xe
132Ba0,101 %stable avec 76 neutrons
133Ba{syn.}10,53 aΔ0,517133Cs
134Ba2,417 %stable avec 78 neutrons
135Ba6,592 %stable avec 79 neutrons
136Ba7,854 %stable avec 80 neutrons
137Ba11,23 %stable avec 81 neutrons
138Ba71,7 %stable avec 82 neutrons
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire Solide (paramagnĂ©tique)
Masse volumique 3,62 g·cm-3 (20 °C)[3]
SystÚme cristallin Cubique centré
Dureté (Mohs) 1,25
Couleur Blanc-argenté
Point de fusion 727 °C[3]
Point d’ébullition 1 897 °C[3]

1 637 °C[4]

Énergie de fusion 7,75 kJ·mol-1
Énergie de vaporisation 140 kJ·mol-1 (1 atm, 1 897 °C)[3]
Volume molaire 38,16×10-6 m3·mol-1
Pression de vapeur 0,001 3 mbar (547 °C)[4]
Vitesse du son 1 620 m·s-1 Ă  20 °C
Chaleur massique 204 J·kg-1·K-1
ConductivitĂ© Ă©lectrique 10×106 S·m-1
Conductivité thermique 18,4 W·m-1·K-1
Divers
No CAS 7440-39-3[5]
No ECHA 100.028.317
No CE 231-149-1
Précautions
SGH[6]
SGH02 : InflammableSGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotique
Danger
H261, H315, H319, H335, P231, P232, P261, P305, P338, P351 et P422
SIMDUT[7]
B6 : MatiÚre réactive inflammableD2B : MatiÚre toxique ayant d'autres effets toxiques
B6, D2B,
Transport[4]

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Historique

L'oxyde de baryum avait été découvert en 1774 dans des minerais de dioxyde de manganÚse par Carl Wilhelm Scheele, qui reconnut que cette poudre avait des propriétés analogues à celles de la chaux, notamment une affinité pour l'eau. L'Anglais Sir Humphry Davy a le premier isolé le baryum métallique par électrolyse (1808) : ayant confectionné une capsule de carbonate de baryum par déshydratation, il y ficha une électrode en platine et la remplit de mercure pour former l'anode. Sous l'action d'une pile électrique, il se forma un amalgame qui, par entraßnement au naphtalÚne, laissa au fond du tube un dépÎt métallique de baryum.

Robert Hare (1841) et Robert Bunsen ont obtenu le baryum métallique en plus grande quantité que Davy par électrolyse du chlorure de baryum : Hare à basse température[8], avec une pile galvanique de forte puissance (qu'il appelait « déflagrateur ») ; Bunsen avec une solution saturée de chlorure de baryum maintenue à 100 °C dans laquelle plongeait une cathode de platine amalgamée.

Antoine Guntz (1901) a purifié les amalgames de baryum obtenus jusque-là en les chauffant dans l'hydrogÚne et en éliminant l'hydrogÚne grùce à une pompe à vide[9].

Isotopes

Le baryum possĂšde 40 isotopes connus de nombre de masse variant entre 114 et 153, et 10 isomĂšres nuclĂ©aires. Parmi eux, six isotopes sont stables, 132Ba, 134Ba, 135Ba, 136Ba, 137Ba et 138Ba. Un septiĂšme isotope, 130Ba, est thĂ©oriquement instable mais si peu radioactif que moins d'un noyau sur cent milliards a disparu depuis leur synthĂšse dans les supernovas (c'est donc un radioisotope primordial de trĂšs trĂšs longue demi-vie). L'instabilitĂ© du baryum 130 a Ă©tĂ© dĂ©couverte en 2009 par des mĂ©thodes gĂ©ochimiques, en dĂ©tectant la prĂ©sence dans les roches de son isotope-fils, le xĂ©non 130[10] ; il se dĂ©sintĂšgre par double capture Ă©lectronique (absorbant deux Ă©lectrons et Ă©mettant deux neutrinos), avec une demi-vie comprise entre 0,5 et 2,7 Ă— 1021 annĂ©es (environ 100 milliards de fois l'Ăąge de l'univers).

Ces sept isotopes reprĂ©sentent la totalitĂ© du baryum naturel, le plus abondant Ă©tant 138Ba (71,70 %), suivi de 137Ba (11,23 %), 136Ba (7,85 %), 135Ba (6,59 %) et 134Ba (2,42 %), 132Ba et 130Ba reprĂ©sentant chacun 0,1 %. La masse atomique standard attribuĂ©e au baryum est donc de 137,327(7) u.

  • Baryum dendritique conservĂ© sous argon.
    Baryum dendritique conservé sous argon.
  • WithĂ©rite (ou carbonate de baryum, toxique).
    Withérite (ou carbonate de baryum, toxique).

Caractéristiques

C'est un métal alcalino-terreux mou argenté qui fond à 850 °C. Il se trouve dans la nature sous forme de barytine BaSO4, de benstonite (Ba,Sr)6(Ca,Mg,Mn)7(CO3)13, de norséthite BaMg(CO3)2, de sanbornite BaSi2O5 et de withérite BaCO3. On ne trouve pas le baryum sous la forme d'élément natif en raison de sa trÚs grande réactivité avec l'oxygÚne.

Son protoxyde BaO est appelé baryta ou baryte anhydre.

Utilisations

Le baryum métallique, de par sa grande oxydabilité, n'est utilisable que sous film protecteur et, comme réactif, il est inférieur au sodium dont la préparation est plus facile. Il est utilisé pur pour le piégeage des gaz résiduels dans les tubes cathodiques ou comme révélateur de présence d'air dans les capteurs solaires thermiques à tube sous vide.

  • De faibles quantitĂ©s de sels de cet Ă©lĂ©ment (acĂ©tate, carbonate, chlorate, chlorure, hydroxyde, nitrate, oxyde, perchlorate, peroxyde, polysulfure, sulfate ou sulfure) sont utilisĂ©es dans de nombreuses fabrications, notamment :
    • du papier photographique,
    • de lubrifiant rĂ©sistant Ă  haute tempĂ©rature ;
  • dans les verres, cĂ©ramiques, Ă©maux et porcelaines et leurs vernis et glaçures, des silicates de baryum sont produits en ajoutant des composĂ©s de baryum, exemples :
BaSO4 + SiO2 → BaSiO3 + SO3 (trĂšs haute tempĂ©rature)
BaCO3 + SiO2 → BaSiO3 + CO2
Ba(NO3)2 + SiO2 → BaSiO3 + N2O5
BaO + SiO2 → BaSiO3,

Dangerosité

Le baryum métallique s'enflamme facilement par friction, et l'eau ne l'éteindra pas : au contraire, le dihydrogÚne produit peut s'enflammer ou exploser.

Ba + 2 H2O → H2 + Ba(OH)2

Le baryum rĂ©agit violemment avec l'eau en donnant l'hydroxyde de baryum Ba(OH)2, ou baryta hydratĂ©, qui est trĂšs toxique et dont les rĂ©actions avec les acides sont violentes. Le baryum rĂ©agit violemment avec les oxydants et certains solvants, particuliĂšrement ceux qui sont oxydants (ex. : trioxyde de soufre, tĂ©traoxyde de diazote, peroxyde d'hydrogĂšne) ceux qui ont un atome d'halogĂšne (ex. : tĂ©trachloromĂ©thane, hexafluorure de soufre), ou des liaisons oxygĂšne-azote (ex. : isoxazolidine), ou encore ceux qui sont un peu acides comme ceux avec un atome d'hydrogĂšne sur un azote (ex. : ammoniaque, amines, amides), un soufre (ex. : thiols), un oxygĂšne (ex. : alcool, phĂ©nol, acide carboxylique), ou un halogĂšne (ex. : bromure d'hydrogĂšne), ou mĂȘme seulement un hydrogĂšne sur un atome liĂ© Ă  un groupe carbonyle (ex. : acĂ©tone, acĂ©taldĂ©hyde, acĂ©tate), nitrile (acĂ©tonitrile), nitro (nitromĂ©thane), nitroso, nitrone, etc.

Les composĂ©s insolubles comme le sulfate et les silicates ne sont gĂ©nĂ©ralement pas dangereux. Mais le baryum (Ba+2, rayon ionique 149 pm)[11] en solution bloque les canaux potassiques (K+1, 152 pm)[11] nĂ©cessaires aux cellules vivantes.

En cas de doute, consulter la fiche toxicologique de l'INRS[12].

ÉcotoxicitĂ©

On retrouve le baryum sous plusieurs formes, entre autres sous forme de sel. Lorsque les sels de baryum sont absorbĂ©s, ils se dĂ©gradent et le baryum s’incruste dans divers tissus, en particulier les os. Comme la plupart des sels de baryum sont solubles dans l’eau, les animaux peuvent en ingĂ©rer via l’eau qu’ils boivent. L’étude rĂ©alisĂ©e par l’INRS sur les rats, les souris et les lapins dĂ©montre qu’une exposition rĂ©guliĂšre au baryum provoque une augmentation de la taille du foie et une augmentation du nombre de dĂ©cĂšs. La NOAEL (dose sans effet toxique observable) varie en fonction du type de chronicitĂ©[12]. L'IRSN a produit une fiche pĂ©dagogique sur le 133Ba (radioisotope synthĂ©tique) et l'environnement[13].

Toxicité chez l'humain

L’intoxication aiguĂ« au baryum chez l’homme se manifeste par plusieurs signes et symptĂŽmes tels que des douleurs abdominales intenses, des diarrhĂ©es sanglantes, des troubles cardio-vasculaires. L’intoxication aiguĂ« peut aussi se solder par la mort, soit Ă  cause d’une insuffisance respiratoire, soit en provoquant un problĂšme cardiaque[12].

Sources alimentaires

La noix du Brésil est relativement riche en baryum.

Dosage

La quantitĂ© de baryum dans diffĂ©rents milieux est quantifiable par diffĂ©rentes mĂ©thodes analytiques. Pour dissocier le baryum de la matrice de son milieu, il faut, la plupart du temps, effectuer une digestion Ă  l’aide d’un acide (en gĂ©nĂ©ral l’acide nitrique et/ou l’acide chlorhydrique). Le centre d’expertise en analyse environnementale du QuĂ©bec utilise des techniques couplĂ©es : l’ICP-MS pour les analyses dans la chair de poissons et des petits invertĂ©brĂ©s ; l’ICP-OES pour les analyses dans l’eau[14] qui doit prĂ©alablement ĂȘtre acidifiĂ©e.

Entartrage

Le tartre qui se forme avec les oxydes de baryum (sulfate de baryum) est l'un des plus difficiles à dissoudre. Il se forme notamment dans les conduits des forages pétroliers et gaziers profonds ou les pipelines qui les alimentent. Il peut boucher ces tuyaux ou se former dans certaines vannes qu'il peut endommager, ce qui est particuliÚrement problématique dans le cas de vannes de sécurité. On cherche donc à prévenir sa formation par l'adjonction d'additifs (polyacrylates par exemple) organiques ou inorganiques[15], dits « inhibiteurs de tartre » (scale inhibitors pour les anglophones).

La recherche (chimie verte) vise notamment à produire des inhibiteurs d'entartrage qui ne favorisent pas la corrosion des métaux, et qui soient biodégradables (polyaspartates par exemple), également efficaces pour les tartres à base de carbonate de calcium, sulfate de calcium et sulfate de baryum, sulfure de zinc ou de plomb qu'on peut aussi trouver dans certains forages profonds[15].

Références

  1. (en) Beatriz Cordero, VerĂłnica GĂłmez, Ana E. Platero-Prats, Marc RevĂ©s, Jorge EcheverrĂ­a, Eduard Cremades, Flavia BarragĂĄn et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,‎ , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j).
  2. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC, , 89e Ă©d., p. 10-203.
  3. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0).
  4. EntrĂ©e « Barium Â» dans la base de donnĂ©es de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sĂ©curitĂ© et de la santĂ© au travail) (allemand, anglais), accĂšs le 13 fĂ©vrier 2010 (JavaScript nĂ©cessaire).
  5. Base de données Chemical Abstracts interrogée via SciFinder Web le (résultats de la recherche).
  6. (en) SIGMA-ALDRICH.
  7. « Baryum » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009.
  8. Robert Hare, « On the Extrication of the Alkalifiable Metals, Barium, Strontium, and Calcium », Transactions of the American Philosophical Society, vol. 7,‎ , p. 31-41.
  9. Marcel Guntz, « Antoine Nicolas Guntz (1859-1935) », Journal de la SociĂ©tĂ© Chimique de France, no 307,‎ (lire en ligne)
  10. (en) « Xenon in Archean barite: Weak decay of Ba-130, mass-dependent isotopic fractionation and implication for barite formation | INSTITUT DE PHYSIQUE DU GLOBE DE PARIS », sur www.ipgp.fr (consulté le ).
  11. (en) R. D. Shannon, « Revised effective ionic radii and systematic studies of interatomic distances in halides and chalcogenides », Acta Crystallogr., vol. A32,‎ , p. 751–767 (DOI 10.1107/S0567739476001551, Bibcode 1976AcCrA..32..751S).
  12. INRS, Baryum et composés, Fiche no 125, 2012.
  13. IRSN, Fiche radionucléide - Baryum 133 et environnement[PDF], .
  14. Centre d'expertise en analyse environnementale du QuĂ©bec, DĂ©termination des mĂ©taux dans l’eau : mĂ©thode par spectromĂ©trie d’émission au plasma d’argon[PDF], MA. 203 - MĂ©t. 3.2, .
  15. (en) Robert J. Ross, Kim Low et James E. Shannon, « Polyaspartate Scale Inhibitors-Biodegradable Alternatives to Polyacrylates} », Materials Performance, vol. 36, no 4,‎ (lire en ligne). (article prĂ©sentĂ© Ă  la confĂ©rence CORROSION 96, Denver, Colorado, mars 1996)

Voir aussi

Liens externes



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