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Trioxyde de soufre

Le trioxyde de soufre, jadis également appelé anhydride sulfurique, est un composé chimique de formule SO3. Cet oxyde du soufre, élément non métallique, est un solide cristallisé incolore fondant dÚs 16,9 °C. Il se présente souvent sous forme de particules blanches par dépÎt de ses fumées. Entre 16,9 et 44,8 °C, il est liquide, incolore et hygroscopique.

Trioxyde de soufre


Structure du trioxyde de soufre.
Identification
Nom UICPA Trioxyde de soufre
Synonymes

anhydride sulfurique

No CAS 7446-11-9
No ECHA 100.028.361
No CE 231-197-3
No RTECS WT4830000
PubChem 24682
ChEBI 29384
SMILES
InChI
Apparence liquide fumant, hygroscopique, incolore ou cristaux incolores Ă  blancs[1].
Propriétés chimiques
Formule O3SSO3
Masse molaire[2] 80,063 ± 0,006 g/mol
O 59,95 %, S 40,05 %,
Moment dipolaire 0
Propriétés physiques
T° fusion 16,9 °C
T° ébullition 45 °C[1]
Solubilité dans l'eau : réaction[1]
Masse volumique 1,9 g·cm-3[1]
Pression de vapeur saturante
Viscosité dynamique 1,820 centipoise à 25 °C
Point critique 82,1 bar, 217,85 °C[4]
Thermochimie
S0gaz, 1 bar 256,77 J/mol·K
ΔfH0gaz -397,77 kJ/mol
ΔvapH° 40,69 kJ·mol-1 (1 atm, 44,5 °C) ;

43,14 kJ·mol-1 (1 atm, 25 °C)[5]

Cp 24,02 J/mol·K
Propriétés électroniques
1re énergie d'ionisation 12,82 ± 0,03 eV (gaz)[6]
Précautions
SGH[7]
SGH05 : CorrosifSGH06 : ToxiqueSGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotiqueSGH08 : Sensibilisant, mutagÚne, cancérogÚne, reprotoxiqueSGH09 : Danger pour le milieu aquatique
Danger
H314, H318, H330, H335, H351, H411, P260, P261, P264, P271, P273, P280, P284, P320, P301+P330+P331 et P304+P340
SIMDUT[8]

Produit non classé

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.
Trioxyde de soufre

C'est un polluant majeur de l'atmosphÚre terrestre, résultant de l'oxydation du dioxyde de soufre SO2, et notamment responsable des pluies acides. Il est produit industriellement comme précurseur de l'acide sulfurique, principalement dans le cadre du procédé de contact.

Propriétés

La molĂ©cule SO3 en phase gazeuse est trigonale et plane avec une symĂ©trie D3h, comme prĂ©dit par la thĂ©orie VSEPR. En phase gazeuse, il est en Ă©quilibre avec le trimĂšre S3O9[9]. La constante d'Ă©quilibre est Kp = 1 (en atm-1) Ă  25 °C et ΔH° = 125 kJ par mole de S3O9.

Le trioxyde de soufre est un liquide hygroscopique de densité 1,92 g·cm-3, de point d'ébullition +43,7 °C, et de point de fusion +16,8 °C.

Il existe trois variétés polymorphiques du trioxyde de soufre[10] :

α-SO3 cristallise en aiguilles (apparence de fibre d’amiante[11]), fond Ă  16,83 °C et bout Ă  44,8 °C ;
ÎČ-SO3 qui est le dimĂšre (SO3)2, fond Ă  62,4 °C et se sublime vers 50 °C ;
γ-SO3 vitreux, orthorhombique, qui est le trimÚre S3O9, fond à 16,83 °C et bout à 44,8 °C, seule forme présente à l'état solide[9].

Le trioxyde de soufre réagit avec l'eau pour donner l'acide sulfurique, acide fort dans l'eau.

SO3 gaz + H2O liquide (en pratique avec excùs) → H2SO4aqueux

En milieu aqueux, le trioxyde de soufre est plus acide que le pentaoxyde d'azote N2O5 ou que le dioxyde de carbone ou gaz carbonique CO2.

Le trioxyde de soufre est un déshydratant puissant (comme l'acide sulfurique). Il déshydrate par exemple les sucres et la matiÚre organique, laissant un résidu charbonneux.

Le trioxyde de soufre pur est extrĂȘmement agressif vis-Ă -vis de la plupart des matĂ©riaux, par piqĂ»res de surface. Les attaques (Ă  chaud) de diffĂ©rents minerais par l'acide sulfurique libĂšrent lors des procĂ©dĂ©s industriels des quantitĂ©s non nĂ©gligeables de trioxyde de soufre non consommĂ©s. L'atmosphĂšre environnante gĂ©nĂ©rĂ©e, par dĂ©faut de filtres efficaces, se rĂ©vĂšle en pratique corrosive, et ceci d'autant plus que l'air en prĂ©sence peut contenir d'autres fines dispersions de poussiĂšres salines (chlorure de sodium, de potassium, sulfates....).

Autres réactions

Sa réaction avec les acides halogénohydriques (HCl, HBr
) donne l'acide halosulfurique correspondant.

SO3 + HCl → HSO3Cl

oĂč un atome Cl a remplacĂ© un groupe OH de l'acide sulfurique.


Il réagit comme acide de Lewis vis-à-vis d'une large variété de ligands inorganiques et organiques :

  • avec les oxydes il donne l'ion sulfate SO42−,
  • avec la triphĂ©nylphosphine Ph3P il donne Ph3P·SO3 avec une distance P-S de 217,6 pm.

Toxicité et danger de manipulation

Le corps gazeux ou liquide pur est toxique et trĂšs dangereux. Comme il peut ĂȘtre souvent manipulĂ© en simple capsule ou ampoule de verre, casser accidentellement le petit rĂ©cipient Ă©tanche entraĂźne la libĂ©ration du gaz, la contamination de l'air (irrespirable), l'agression des mains et des muqueuses des opĂ©rateurs sans compter l'attaque oxydante des matĂ©riaux Ă  son voisinage.

Production

La production amĂ©ricaine annuelle de ce composĂ© (hors production pour l'acide sulfurique) est de 90 000 tonnes[9].

La production française est d'environ 2 millions de tonnes par an, exclusivement par le procĂ©dĂ© de contact, Ă©galement appelĂ© procĂ©dĂ© Bayer. Sa production est quasi intĂ©gralement transformĂ©e en acide sulfurique.

Production industrielle

Le trioxyde de soufre est produit comme intermĂ©diaire de la production industrielle d'acide sulfurique par le procĂ©dĂ© de contact, Ă©galement appelĂ© procĂ©dĂ© Bayer. Le dioxyde est oxydĂ© par le dioxygĂšne en prĂ©sence de pentoxyde de divanadium V2O5 comme catalyseur. Chaque rĂ©acteur industriel en contient environ 80 tonnes. Ce dernier est constituĂ© de kieselguhr enrobĂ© d'un mĂ©lange de VOSO4 et de KHSO4 qui produit V2O5 lors de l'oxydation de SO2[12].

2 SO2 + O2 2 SO3.

En sortie de réacteur, le trioxyde de soufre est absorbé par de l'acide sulfurique initialement à 98,5 %, et non par de l'eau car la réaction,

SO3 + H2O H2SO4

bien que trĂšs exothermique (ΔH = −88 kJ mol−1), est lente.

La solution rĂ©sultante de trioxyde de soufre dans l'acide sulfurique s'appelle olĂ©um. L'acide sulfurique pouvant ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un mĂ©lange particulier de 1 H2O avec 1 SO3, l'olĂ©um est donc un mĂ©lange de 1 H2O avec x SO3 (x > 1). Le trioxyde de soufre est infiniment soluble dans l'acide sulfurique.

Le trioxyde de soufre et l'acide sulfurique sont en Ă©quilibre avec l'acide disulfurique H2S2O7 :

H2SO4 (l) + SO3 (g) H2S2O7 (l).

Détail du procédé Bayer

Le procédé Bayer consiste à faire passer le mélange de dioxyde de soufre et d'air dans un premier lit de catalyseur. La transformation est de 90 %. Le mélange passe dans un second lit ce qui pousse le taux de conversion à 98 %. AprÚs le 4e lit la conversion est quasiment totale (99,6 %) et le trioxyde de soufre formé est refroidi à 200 °C. Il est alors conduit dans une tour d'absorption. Cette succession de lits permet d'une part d'augmenter le rendement du procédé, mais surtout de limiter les rejets de dioxyde de soufre à 350 ppm dans l'atmosphÚre.

Histoire de la production de SO3

Le procédé des chambres de plomb préexistait au procédé Bayer. En 1954, il permettait encore 55 % de la production de trioxyde de soufre. En 1979, seul 1 % de cet oxyde était produit par les chambres de plomb, procédé maintenant totalement disparu[12].

Au laboratoire

Le trioxyde de soufre peut ĂȘtre obtenu au laboratoire par une double distillation de l'olĂ©um dans un appareillage en verre. Une petite quantitĂ© de permanganate de potassium est gĂ©nĂ©ralement ajoutĂ©e pour oxyder les traces de dioxyde de soufre[9].

Autres productions

Le trioxyde peut ĂȘtre produit par thermolyse de sulfates Ă  tempĂ©rature Ă©levĂ©e[9]. Ce procĂ©dĂ© n'est pas industriel.

Le trioxyde de soufre est produit pour lui-mĂȘme en quantitĂ© faible au regard de ce qui est converti en acide sulfurique. Il lui est adjoint un additif pour l’empĂȘcher de polymĂ©riser. Il s'agit le plus souvent d'oxyde de bore B2O3[9].

Notes et références

  1. TRIOXYDE DE SOUFRE, Fiches internationales de sécurité chimique .
  2. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, USA, McGraw-Hill, , 7e Ă©d., 2400 p. (ISBN 0-07-049841-5), p. 2-50.
  4. (en) « Properties of Various Gases », sur flexwareinc.com (consulté le ).
  5. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-4200-9084-0).
  6. (en) David R. Lide, Handbook of chemistry and physics, CRC, , 89e Ă©d., 2736 p. (ISBN 978-1-4200-6679-1), p. 10-205.
  7. (en) « Sulphur trioxide », sur European Chemicals Agency (ECHA) (consulté le )
  8. « Trioxyde de soufre » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009.
  9. (en) Greenwood N.N. & Eanrshaw A (2003) Chemistry of the elements. 2rd Ed. Elsevier.
  10. (en) CRC Handbook of Chemistry and Physics. Physical constants of inorganic compounds.
  11. [Douanes suisses, Produits chimiques inorganiques ; composés inorganiques ou organiques de métaux précieux, d'éléments radioactifs, de métaux des terres rares ou d'isotopes, chap. 28].
  12. (en) J. L. Vigne, A. G. Kapala, (2009). Données industrielles, économiques, géographiques sur les principaux produits chimiques, métaux et matériaux. 8e éd. SFC Eds. http://www.societechimiquedefrance.fr/extras/Donnees/acc.htm

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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