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Amiante

L'amiante (nom masculin[8]), anciennement nommĂ© « asbeste »[alpha 1], est un terme dĂ©signant certains minĂ©raux Ă  texture fibreuse utilisĂ©s dans l’industrie. Ce sont des silicates magnĂ©siens ou calciques formant un agglomĂ©rat de fibrilles Ă©lĂ©mentaires extrĂȘmement fines ayant des propriĂ©tĂ©s physiques et chimiques particuliĂšres (matĂ©riau rĂ©fractaire prĂ©sentant une rĂ©sistance aux tempĂ©ratures extrĂȘmes, incombustibilitĂ©, rĂ©sistance mĂ©canique Ă©levĂ©e Ă  la traction, rĂ©sistance Ă©lectrique Ă©levĂ©e, rĂ©sistance aux agressions chimiques et aux micro-organismes, pouvoir absorbant, flexibilitĂ©, facilitĂ© Ă  ĂȘtre tissĂ©).

Amiante
Image illustrative de l’article Amiante
Amiante fibreux sur de la muscovite.
Identification
No CAS chrysotile : 132207-32-0
amosite : 12172-73-5
crocidolite : 12001-28-4
No ECHA 100.109.130
No CE 603-721-4
Propriétés chimiques
Formule Mg3Si2O5(OH)4 (chrysotile)[1]
Propriétés physiques
T° fusion chrysotile : stable jusqu'à ~550 °C.
(déshydratation complÚte à ~750 °C)
amphiboles : 400 à 600 °C (déshydratation).
900 Ă  1 000 °C (dĂ©composition)[1]
Précautions
SGH[2]
SGH08 : Sensibilisant, mutagÚne, cancérogÚne, reprotoxique
Danger
H350 et H372
SIMDUT[3] - [4] - [5]
Amiante :
D2A : MatiĂšre trĂšs toxique ayant d'autres effets toxiques
D2A,

Amosite :
D2A : MatiĂšre trĂšs toxique ayant d'autres effets toxiques
D2A,

Crocidolite :
D2A : MatiĂšre trĂšs toxique ayant d'autres effets toxiques
D2A,
Transport
[6]
Classification du CIRC
Groupe 1 : CancérigÚne pour l'homme[7]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

L'amiante a attiré l'attention de certains industriels à la fin du XIXe siÚcle pour ces nombreuses propriétés.

Sous sa forme friable, il a Ă©tĂ© utilisĂ© dans de nombreux calorifugeages et flocages, ainsi qu'en feuilles, feutres, colles, mastics, plaques cartonnĂ©es, ou tressĂ© ou tissĂ©. On le trouve aussi (forme non friable) incorporĂ© dans des produits en ciment (amiante-ciment) ou dans des liants divers (colles, peintures[alpha 2], joints, mortiers Ă  base de plĂątre, bĂ©ton bitumineux[alpha 3], matĂ©riaux de friction et mĂȘme asphaltes routiers ou d'Ă©tanchĂ©itĂ©, etc.). Il a aussi Ă©tĂ© utilisĂ© pour les patins de frein ou en garniture de chaudiĂšre ou fours Ă©lectriques, ou encore dans diverses installations Ă©lectriques (ex. : plaques chauffantes) pour ses capacitĂ©s d'isolation Ă©lectrique Ă  forte tempĂ©rature. Il a Ă©tĂ© massivement utilisĂ© dans les bĂątiments pour ses propriĂ©tĂ©s ignifuges, isolantes, sa flexibilitĂ©, sa rĂ©sistance Ă  la tension et parfois pour sa rĂ©sistance aux produits chimiques.

Cependant ce matĂ©riau est toxique. Cette dangerositĂ© est connue depuis l'AntiquitĂ© : Pline l'Ancien l'Ă©voque chez les esclaves romains dĂšs le Ier siĂšcle[9]. L'inhalation de fibres d'amiante est Ă  l'origine de l'asbestose (fibrose pulmonaire) ; de cancers broncho-pulmonaires, ainsi que de cancers de la plĂšvre (mĂ©sothĂ©liome), de cancers du larynx et des voies digestives[10]. En 2017, selon l’Anses, deux nouvelles Ă©tudes, menĂ©es en 2015 et en 2017 et basĂ©es sur des cohortes de grande taille (respectivement 2 024 personnes et 14 515 hommes), ont prouvĂ© un lien entre ingestion d'amiante et cancer colorectal (avec une relation dose-rĂ©ponse)[11] et laissent soupçonner des liens avec deux autres cancers digestifs, le cancer de l'estomac et le cancer de l'Ɠsophage[11]. Les victimes sont principalement les « travailleurs de l'amiante », mais aussi des personnes exposĂ©es de maniĂšre environnementale et souvent Ă  leur insu.

Le danger était connu dÚs les années 1890 pour l'inhalation[12] mais il a fallu prÚs d'un siÚcle (au cours des années 1980 et années 1990) pour que l'utilisation d'amiante soit interdite dans de nombreux pays, retard qui a été et sera encore la cause de la mort de dizaines de milliers de personnes. « Toute intervention sur ces matériaux peut émettre des particules et poussiÚres dangereuses » rappelle l'INRS[13].

Catégories d'amiante

Les diverses catĂ©gories d’amiante correspondent Ă  plusieurs espĂšces minĂ©rales :

Propriétés physiques

La masse volumique de l'amiante en fibres est de 1 400 kg/m3 avec une conductivitĂ© thermique de 0,168 W/(m K), et une chaleur massique de 1 045 J/(kg K).

L'amiante est un excellent matériau d'isolation thermique ignifuge. Les caractéristiques physico-chimiques (point de fusion, résistance à la traction, stabilité chimique, aptitude au filage, etc.) des amiantes en font un produit exceptionnel par rapport aux fibres artificielles comme la fibre de verre ou la laine de roche et le Kevlar.

Ce sont ses caractĂ©ristiques physico-chimiques de rĂ©sistance et de persistance dans l'organisme, associĂ©es Ă  une capacitĂ© Ă  se fractionner en particules microscopiques pour atteindre les alvĂ©oles pulmonaires, et mĂȘme migrer jusqu’à la plĂšvre, qui rendent pathogĂšne l’inhalation de particules d’amiante.

C'est, avec le verre, l'un des textiles issus d'un minéral[14].

  • Amiante.
    Amiante.
  • Amiante.
    Amiante.
  • Amiante bleu (crocidolite) provenant de Wittenoom (Australie de l'Ouest). La rĂšgle mesure 1 cm.
    Amiante bleu (crocidolite) provenant de Wittenoom (Australie de l'Ouest). La rĂšgle mesure cm.
  • Amiante bleu montrant la texture fibreuse du minĂ©ral.
    Amiante bleu montrant la texture fibreuse du minéral.

Économie

Gisements

L'amiante est exploité dans des mines, il se présente sous plusieurs formes selon son origine ; par exemple, les gisements du Québec sont riches en chrysotile, alors que l'on rencontre principalement de la crocidolite au Brésil.

Production mondiale en chiffres

En 2009, les plus gros producteurs sont, par ordre d'importance décroissant, la Russie, la Chine, le Brésil, le Kazakhstan et le Canada[15].

Pays producteurs en 2011 :

  1. Russie : 1 000 000 t ;
  2. Chine : 440 000 t ;
  3. BrĂ©sil : 302 000 t ;
  4. Kazakhstan : 223 000 t ;
  5. Canada : 50 000 t.

En 1977, ces cinq pays et le Zimbabwe assuraient prĂšs de 90 % de la production mondiale[16].

Production française

Avant l'interdiction de l'amiante, le principal producteur a été l'entreprise Eternit avec cinq usines principales à Vitry-en-Charollais (SaÎne-et-Loire), Valenciennes-Thiant (Nord), Martigues (Bouches-du-RhÎne), Albi (Tarn) et Saint-Grégoire (Ille-et-Vilaine) ainsi qu'une mine à Canari (Haute-Corse).

Production québécoise

Production d'amiante dans une mine de Thetford Mines, durant les années 1920.

Le chrysotile a été exploité dans les Appalaches québécoises à partir de 1877. Le Québec est ensuite devenu le plus grand producteur d'amiante au monde[16]. L'industrie fut contestée à partir des années 1970 et déclina lentement par la suite. En septembre 2012, immédiatement aprÚs l'élection du Parti québécois (PQ), le gouvernement québécois a annulé la subvention accordée par le Parti libéral du Québec (PLQ) visant à garder ouverte la derniÚre mine de chrysotile du Québec[17].

Consommation mondiale

Pays consommateurs en 2011 :

  1. Chine : 640 000 t ;
  2. Inde : 320 000 t ;
  3. Russie : 251 000 t ;
  4. BrĂ©sil : 185 000 t ;
  5. Kazakhstan : 155 000 t ;
  6. IndonĂ©sie : 120 000 t.

En 1977, le chrysotile comptait pour 99 % de la consommation industrielle[16].

Utilisations

Usages historiques

L'usage des amiantes date d'il y a plus de 4 500 ans quand les habitants de la rĂ©gion du Lac JuojĂ€rvi en Finlande renforçaient des pots de cĂ©ramique et des ustensiles avec l'amiante[18]. Leurs propriĂ©tĂ©s incombustibles utilisĂ©es pour les vĂȘtements funĂ©raires (pratique des bĂ»chers funĂ©raires ou de la crĂ©mation au cours desquels on enveloppait les corps des rois dans des linceuls afin de recueillir leurs cendres pures de tout mĂ©lange)[alpha 4] ou les mĂšches des lampes Ă  huile Ă  mĂšche, n'ont pas manquĂ© d'intĂ©resser les Grecs qui le nomment ÎŹÏƒÎČÎ”ÏƒÏ„ÎżÏ‚ (asbestos, c’est-Ă -dire « indestructible ») mais aussi chrysotile (fibre d’or, de Ï‡ÏáżĄÏƒÏŒÏ‚, « or »)[19].

Les auteurs antiques en connaissent dĂ©jĂ  les dangers ; Pline l'Ancien (qui popularise le terme amiantus), qui s’extasie devant ses propriĂ©tĂ©s[20], remarque aussi les dommages aux poumons dont souffrent des esclaves chargĂ©s du tissage de vĂȘtements d’amiante[21]. Ces Ă©toffes Ă©taient utilisĂ©es par les plus aisĂ©s parmi les Romains et les Perses comme nappes, que l’on nettoyait en les jetant au feu d’oĂč elles sortaient indemnes. Charlemagne en aurait eu une en sa possession, et aurait intriguĂ© ses invitĂ©s en jetant une nappe d'amiante sale au feu pour la nettoyer[22].

Marco Polo fait Ă©tat d’une telle pratique en Dzoungarie (province situĂ©e entre l’AltaĂŻ et le Xinjiang[alpha 5]).

En Corse, les potiers utilisent les fibres d’amiante mĂȘlĂ©es Ă  l’argile pour la confection de marmites depuis le XIVe siĂšcle[23].

En France, un dictionnaire du XVIIIe siÚcle cite aussi le « liÚge fossile » ou « liÚge de montagne »[alpha 6].

Son usage se développe surtout à la révolution industrielle en raison de sa résistance au feu et sa résistance thermique, chimique et mécanique qui lui confÚrent le statut de « matériau miracle » (magic mineral)[16]. Les chrysotiles du Québec sont découverts en 1875. Les mines de crocidolite du Cap sont ouvertes en 1893.

Durant la PremiÚre Guerre mondiale, il est trÚs utilisé par les armées et soldats[24], il est ensuite utilisé lors de la reconstruction et à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale, il se répand de maniÚre intensive dans les produits manufacturés de grande consommation (amiante en fibres en vrac[alpha 7], en plaques et feuilles[alpha 8], tressée ou tissée[alpha 9], dans les liants[alpha 10], fibrociment[alpha 11])[25].

Quelques fournisseurs

À titre d'exemple, plusieurs dizaines de fournisseurs (liste non exhaustive) ont Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©s en France par l'Institut national de recherche et de sĂ©curitĂ© (INRS)[26] et par l'Institut national de santĂ© publique du QuĂ©bec (INSPQ)[27] comme ayant vendu (durant au moins un certain temps) des produits contenant de l'amiante et susceptibles d'avoir exposĂ© des travailleurs (certains produits ont continuĂ© Ă  ĂȘtre vendus aprĂšs les dates d'interdiction sous le mĂȘme nom mais sans contenir de l'amiante).

  • 3M ;
  • Allied Signal ;
  • BASF ;
  • Bitulac ;
  • Bitumastic ;
  • Bitumes spĂ©ciaux ;
  • Blackson ;
  • Caoutchouc d'Argenteuil ;
  • Cape Industrial Products ;
  • CAPE ;
  • CECA ;
  • Celotex[28] ;
  • CFPI ;
  • Chimie du bĂątiment ;
  • Caourep SA ;
  • Dalami ;
  • Delta-Joint ;
  • DFC ;
  • Econex-Sofilex ;
  • EMFI ;
  • Eternit ;
  • Euridep ;
  • Everite ;
  • Ferlam ;
  • Ferodo Abex (matĂ©riaux de friction, amiante chrysotile) ;
  • Ferodo/Ferlam ;
  • Flertex ;
  • Forbo Sarlino (SociĂ©tĂ© rĂ©moise de linoleum) ;
  • GEB ;
  • Greggory ;
  • Isofra ;
  • Isolamiante (amosite) ;
  • Isomeca ;
  • Isothelme ;
  • Isover/Saint-Gobain ;
  • James Walker ;
  • Johns-Manville de France ;
  • Kestner ;
  • La BakĂ©lite ;
  • Lambert Industries ;
  • Latty International ;
  • Le Joint français ;
  • Miguet/Everite ;
  • Miplacol ;
  • Moulin de Saliens ;
  • Perstorp ;
  • Plastimer ;
  • Promat ;
  • Reinz ;
  • Renault ;
  • Rockwool Isolation (colle contenant du chrysotile) ;
  • SAIM (SociĂ©tĂ© des adhĂ©sifs et insonorisants modernes) ;
  • SEA ;
  • Sepreba ;
  • Siem ;
  • Sopap ;
  • SCREG ;
  • Tremco ;
  • Trouvay et Cauvin ;
  • Venilia (revĂȘtement, contenant du chrysotile).

Utilisations avant les restrictions et interdictions de l'amiante

Industrie de l'amiante. Panneau de toiture en amiante-ciment durant la PremiĂšre Guerre mondiale.
Isolation thermique

L'amiante a Ă©tĂ© utilisĂ© trĂšs tĂŽt dans l’industrie pour l’isolation, les joints ou encore les garnitures de friction (embrayage et plaquette de frein). Le coĂ»t faible de production (environ cinq fois moindre que les fibres minĂ©rales artificielles) font que ce matĂ©riau a aussi Ă©tĂ© fortement utilisĂ©, notamment dans le BTP entre 1960 et 1980.

Amiante ciment

L'application rĂ©cente la plus rĂ©pandue est l’amiante-ciment qui reprĂ©sente 90 % de l'utilisation de l'amiante. Ce produit trĂšs utilisĂ© dans le secteur du bĂątiment a contenu de l’amiante jusqu’à fin 1996. Il fut le produit phare de Eternit Suisse (l'amiante Ă©tant connu sous le nom d'Eternit), dont l'ex-PDG a Ă©tĂ© inculpĂ© fin 2009 en Italie dans le cadre de nĂ©gligence concernant l'exposition Ă  l'amiante de ses ouvriers. Certains murs anti-bruit (dits « murs coupe-son » au QuĂ©bec) ont Ă©tĂ© construits en chrysotile-ciment.

Amiante routier

Dans les annĂ©es 1980, on a, dans plusieurs pays, dĂ©veloppĂ© et utilisĂ© des formules d'enrobĂ©s minces oĂč Ă©taient incorporĂ©es (au stade du malaxage des agrĂ©gats chauds et du bitume fondu) des fibres d'amiante. Ces derniĂšres devaient renforcer la rĂ©sistance du mĂ©lange face Ă  l'abrasion et l'Ă©chauffement, et l'auto-rĂ©paration des fissures de l'enrobĂ© exposĂ© au soleil d'Ă©tĂ© dans les pays assez chauds pour que l'asphalte ramollisse ou fonde. L'amiante a ainsi Ă©tĂ© utilisĂ© en quantitĂ©s importantes dans les amĂ©nagements routiers ou autoroutiers de divers pays dans certains « revĂȘtements routiers de bitume chargĂ© Ă  l'amiante » parfois dits EBCA (pour « enrobĂ©s bitumineux contenant de l'amiante »)[29] - [30].

En bordure de route, dans les aires de service, station-services, etc., de l’asphalte amiantĂ© a potentiellement aussi pu ĂȘtre utilisĂ© pour Ă©tancher des dalles en bĂ©ton[31] ou sous forme de « dalles asphalte-amiante (bitume ou rĂ©sine de coumarone » ainsi que des produits de collage pour ces dalles dont certains, notamment des produits noirs Ă  base de bitume, pouvaient Ă©ventuellement contenir de l’amiante (1 Ă  10 %)[31].

Au Québec
Résidus miniers de la mine Black Lake à Thetford Mines, au Québec

Au QuĂ©bec, « bien qu’il soit possible d’identifier les tronçons routiers comportant des EBCA sous la responsabilitĂ© du MTQ, il est actuellement impossible de connaĂźtre les tronçons oĂč des EBCA sont appliquĂ©s par les services de voirie de certaines villes et municipalitĂ©s »[32]. L’EBCA contiendrait selon un accord passĂ© entre les producteurs d’amiante quĂ©bĂ©cois et le gouvernement environ 1,3 % d’amiante chrysotile[33] (mais selon ce mĂȘme accord, depuis 1988, le ministĂšre des Transports quĂ©bĂ©cois (MTQ) a expĂ©rimentĂ© « divers enrobĂ©s additionnĂ©s de fibres d’amiante chrysotile »[33]. Ce sont ainsi au QuĂ©bec « 500 000 tonnes d’enrobĂ© additionnĂ© de fibres d’amiante chrysotile incorporant prĂšs de 7 000 tonnes d’amiante chrysotile » qui auraient Ă©tĂ© utilisĂ©es[33]. « Durant la saison 2001, le ministĂšre a Ă©galement mis en place quelque 130 000 tonnes d'enrobĂ© bitumineux Ă  l'amiante chrysotile. Le ministĂšre des Transports pourrait ainsi contribuer Ă  hausser la consommation annuelle de cette fibre au QuĂ©bec de 1 300 tonnes pour chaque tranche additionnelle de 100 000 tonnes d’enrobĂ© de ce type appliquĂ© sur les routes du QuĂ©bec »[33]. En 2009, l'Institut national de santĂ© publique du QuĂ©bec (INSPQ) a aussi dĂ©tectĂ© « des fibres d'actinolite dans quelques prĂ©lĂšvements effectuĂ©s lors d’opĂ©rations de retrait d’EBCA »[32].

Au QuĂ©bec, le ministĂšre des Transports a estimĂ© que 1 345 km de routes Ă©taient amiantĂ©s, et que tĂŽt ou tard, cet asphalte devra ĂȘtre remplacĂ©. « Dans l'ensemble des mesures, enlever et disposer des enrobĂ©s contenant des fibres d'amiante, on parle de 10 Ă  15 fois le coĂ»t traditionnel d'enlĂšvement d'un enrobĂ© conventionnel »[34].

Pour soutenir l’industrie nationale de l’amiante, la province de QuĂ©bec ne veut pas bannir l'usage de l'amiante dans les routes (« Le premier ministre [d'alors] Jean Charest a rĂ©itĂ©rĂ© son appui Ă  l'industrie du chrysotile »[34]). Et en juin 2002, pour soutenir deux entreprises miniĂšres « produisant annuellement au QuĂ©bec environ 300 000 tonnes d’amiante chrysotile, d’une valeur de quelque 130 millions de dollars », une « Politique d’utilisation accrue et sĂ©curitaire de l’amiante chrysotile au QuĂ©bec »[33] a mĂȘme prĂ©conisĂ© « l’utilisation accrue d’amiante dans les enrobĂ©s bitumineux. Dans ce contexte, le ministĂšre de la SantĂ© et des Services sociaux du QuĂ©bec (MSSS) a demandĂ© Ă  l’INSPQ de prĂ©parer un avis sanitaire sur ce produit »[33].

En mars 2009, l’INSPQ a publiĂ© un document de « mise Ă  jour des connaissances sur l’utilisation de l’amiante dans les enrobĂ©s bitumineux »[32].

En 2012, le Premier ministre du Canada, Stephen Harper, reconnaßt le caractÚre cancérigÚne des fibres d'amiante. Son successeur, Justin Trudeau engage le processus de sortie définitive de l'exploitation des mines et de l'utilisation de l'amiante.

En France

Plusieurs tronçons routiers contenant de l'amiante ont été identifiés. Dans le nord de la France, on a détecté de l'amiante dans l'enrobé de la rocade miniÚre (liée à « l'autoroute A21)[35] ou dans celui de l'autoroute A75 dans le Puy-de-DÎme[36].

Le retrait de ces enrobĂ©s est soumis Ă  des normes trĂšs strictes et son coĂ»t est beaucoup plus Ă©levĂ© que celui d'un enrobĂ© « classique ». Il faut notamment utiliser des engins spĂ©cifiques travaillant sous projection d’eau disposant de carters de protection et de cabines pressurisĂ©es[37] - [38].

Matériaux de substitution et utilisations subsistantes

Dans certaines applications Ă  haute tempĂ©rature et de protection contre l’incendie, l’amiante peut ĂȘtre remplacĂ© par le mica, grĂące aux qualitĂ©s de rĂ©sistance Ă  la chaleur et au feu, ainsi qu’aux propriĂ©tĂ©s d’isolant Ă©lectrique, de ce matĂ©riau. Le mica ne prĂ©sente aucun des risques liĂ©s Ă  l’amiante ; c’est un matĂ©riau inerte, non toxique, se prĂ©sentant sous forme de paillettes et non sous forme de fibres. L'amiante ne peut pas ĂȘtre remplacĂ© dans tous les cas en raison de ses propriĂ©tĂ©s uniques[39].

Le ministÚre canadien des Transports a envisagé dans les années 2000 la fibre de cellulose comme substitut à l'amiante »[33].

MĂȘme depuis que l'amiante est banni, certains usages spĂ©cifiques subsistent. Par exemple :

  • jusqu’à prĂ©sent, aucun matĂ©riau en remplacement de l’amiante n’a Ă©tĂ© approuvĂ© par la NASA. Une Ă©tude en 1988, Ă  la suite de l'explosion de Challenger, a conclu que les joints de matĂ©riaux composites (en remplacement de l’amiante) sur le rĂ©servoir auxiliaire ne supportaient pas les chaleurs extrĂȘmes d’une poussĂ©e de rĂ©acteurs nĂ©cessaire pour se soustraire Ă  la gravitĂ©. La compagnie J.M. Asbestos, de Val-des-Sources, province de QuĂ©bec, Canada, est mandataire d’un contrat exclusif de production d’amiante chrysotile de grade 1 pour les navettes spatiales et vĂ©hicules orbitaux ;

Toutefois, l'amiante n'est pas interdit dans les pays gros producteurs et dans de nombreux pays Ă©mergents oĂč l'on retrouve les utilisations classiques de ce matĂ©riau.

Traitement physico-chimique

Compte tenu de la résistance physico-chimique de ce matériau, il est généralement stocké en tant que déchet dangereux dans des décharges habilitées à les recevoir.

Certains dĂ©chets amiantĂ©s (Ă©ventuellement radioactifs) pourraient ĂȘtre vitrifiĂ©s par des torches Ă  plasma[40] - [41] - [42] - [43], mais ce procĂ©dĂ© est Ă©nergivore.

Des chercheurs chimistes ont dĂ©veloppĂ© une autre forme d'inertage, basĂ©e sur l'utilisation de « verre de silicate » sans danger environnemental, par dĂ©composition thermique Ă  une tempĂ©rature supĂ©rieure Ă  1 250 °C.

La combinaison de l'acide oxalique et de puissants ultrasons permet également de dégrader totalement les fibres de chrysotile[44].

Risques Ă©cologiques

Reste de la mine d'amiante de Canari (Corse), source de dispersion de fibres d'amiante dans l'environnement.

Les effets environnementaux de l'amiante sont encore trÚs mal mesurés[45].

Libéré dans l'environnement en grandes quantités, il est parfois trouvé dans l'eau potable (ayant circulé dans des tuyaux en amiante-ciment[46] ou contaminée en amont[47] - [48]) et présent dans certaines eaux de ruissellement et leurs sédiments (périodiquement curés et régalés sur les champs dans certaines régions), mais peu d'études semblent avoir porté sur ses impacts éventuels sur la faune, la flore, la fonge ou les écosystÚmes.

On sait que les carriÚres et usines d'amiantes sont des sources importantes de contamination de leur environnement (biotique et abiotique ; sédiments notamment) par des fibres[49] (avec par exemple une contamination de la chair d'escargots[50]). Dans les années 1970, on a développé des méthodes de détection des fibres dans le sédiment[51]. En milieu urbain, l'amiante est présent dans les eaux et sédiments[52]. Une étude (2004) a ainsi pu se baser sur les concentrations en fibres d'amiante chrysotile de sédiments lacustres pour reconstituer les variations passées de la teneur de l'air en amiante[53].

Il existe plusieurs méthodes permettant de quantifier le nombre de fibres d'amiante présentes au sein de divers organes[54] - [55] mais elles nécessitent de tuer l'animal, et elles n'ont pas été utilisées pour évaluer la contamination environnementale par l'amiante.

Effets sur la faune

  • Chez des mollusques filtreurs (clams asiatiques adultes ; Corbicula sp. exposĂ©s (de 96 heures Ă  30 jours) Ă  une eau contenant de 0 Ă  108 fibres d'amiante chrysotile par litre. Plusieurs paramĂštres biologiques ont Ă©tĂ© mesurĂ©s (activitĂ© de siphonnage, croissance des tissus et de la coquille, absorption de fibre, structure de la branchie, libĂ©ration et taux de mortalitĂ© des larves)[56]. RĂ©sultats : les animaux exposĂ©s ont filtrĂ© moins d'eau, dĂšs 96 heures dans une eau sans apport de nourriture, et aprĂšs trente jours si de la nourriture Ă©tait disponible. La croissance de la coquille Ă©tait rĂ©duite corrĂ©lativement Ă  la rĂ©duction de l'activitĂ© de siphonnage. Les Corbicules exposĂ©s Ă  108 fibres/l ont accumulĂ© 69,1 fibres/mg de poids sec (lorsqu'on leur donnait de la nourriture), mais ne semblaient pas en accumuler pour des taux de fibre plus bas (exposition de 96 heures ou de 30 jours). Dans une eau Ă  108 fibres/l durant trente jours, les clams adultes ont accumulĂ© 147,3 fibres/mg dans l'organe branchial (physiquement altĂ©rĂ©[alpha 12]), et bien plus (903,7 fibres/mg) dans les viscĂšres. Il semble que l'animal puisse Ă©liminer les grandes fibres, alors que les fibres minces et petites s'accumulent (principalement dans les tissus viscĂ©ral et branchiaux). La progĂ©niture des adultes exposĂ©s Ă  une eau contenant 104 Ă  108 fibres/l a subi une importante augmentation de son taux de mortalitĂ© larvaire, et le nombre de larves libĂ©rĂ©es (par mg de poids sec d'adulte) Ă©tait moindre. Les corbicules peuvent donc servir d'indicateur de la contamination de l'eau par l'amiante[56].
  • Une Ă©tude a montrĂ© que des Ă©pinoches Ă  trois Ă©pines vivant dans l'amont de la riviĂšre Sumas (Colombie-Britannique) contaminĂ©e par d'Ă©pisodiques glissements de terrain (roche riche en fibres d'amiante chrysotile contenant des taux naturellement Ă©levĂ©s de Ni, Cr, Co et Mn) Ă©taient trĂšs fortement (nettement plus que ce qui Ă©tait attendu selon la littĂ©rature) contaminĂ©es par ces mĂ©taux (Mn et Ni notamment) et ce d'autant plus qu'elles Ă©taient proches du lieu du glissement de terrain. Les auteurs n'ont pas observĂ© d'autre anomalie chez les poissons[57] - [58]. En 1987, Schreier avait dĂ©jĂ  notĂ© que les apports naturels d'amiante dans ce cours d'eau Ă©taient corrĂ©lĂ©s Ă  des apports en mĂ©taux toxiques (notamment pour le Ni, et un peu moins pour le Cr, Co et Mn prĂ©sents dans presque tous les types d'amiante), ce qui Ă©tait d'autant plus prĂ©occupant que l'eau de cette riviĂšre devient plus acide vers l'aval[59] En 2012, Homes et al. ont montrĂ© que ce mĂȘme amiante Ă©parpillĂ© dans la plaine inondable et soumis Ă  des acides organiques naturels libĂšre ses mĂ©taux et devient une source de pollution supplĂ©mentaire. Ils signalent aussi qu'avec le temps la couche de brucite de la fibre d'amiante perd plus d'Ă©lĂ©ments que la couche de silice tĂ©traĂ©drique ; elle devient plus lisse en perdant progressivement son revĂȘtement amorphe rugueux). Les auteurs de cette Ă©tude plaident pour des opĂ©rations de dĂ©pollution prenant aussi en compte cette pollution mĂ©tallique[58]. En France, la mine d'amiante de Canari en Corse (1948-1965) a dispersĂ© une grande quantitĂ© de fibres dans l'environnement (le littoral a gagnĂ© jusqu'Ă  plusieurs centaines de mĂštres dont en pied de falaises sur plus de cinq kilomĂštres et un herbier marin de posidonies a Ă©tĂ© enfoui sous les dĂ©bris miniers. Une plage (de Campana) est apparue au nord de la zone de dĂ©charge en 1973. Mais un phĂ©nomĂšne de diagenĂšse par cĂ©mentation (visible sur la plage de Nonza) a par chance inertĂ© ces matĂ©riaux dans des conditions alcalines et de prĂ©cipitation des carbonates peu propices Ă  la libĂ©ration des mĂ©taux toxiques liĂ©s Ă  l'amiante[60].

Les nombreuses études ayant utilisé des animaux de laboratoires montrent que les risques liés à l'inhalation et à l'ingestion de fibre sont comparables chez tous les mammifÚres, mais peu d'études concernent d'autres espÚces, aquatiques notamment (hormis pour la propension de l'amiante à provoquer un stress oxydatif chez diverses espÚces, dont l'Homme[61]), et encore moins les plantes ou champignons.

Effets sur les végétaux

  • Les lieux oĂč les roches serpentines affleurent les milieux naturels sont parfois dĂ©sertĂ©s par tout ou partie de la flore mĂȘme s'il existe quelques plantes (ou sous-espĂšces) qui se sont adaptĂ©es Ă  ces milieux[62] - [63]. Les mĂ©taux prĂ©sents dans ces sols et leur carence en calcium sont une partie de la cause, mais quelques Ă©tudes se sont penchĂ©es sur la phytotoxicitĂ© de l'amiante ou sur son Ă©ventuelle gĂ©notoxicitĂ© et/ou mutagĂ©nicitĂ© pour les plantes : Toutes concluent que les fibres d'amiantes dispersĂ©es dans le sol sont phytotoxiques.
  • L'une (en 2004) a portĂ© sur des plantes aquatiques (avec Lemna gibba comme espĂšce modĂšle). Des populations de cette lentille d'eau ont Ă©tĂ© exposĂ©es Ă  des taux de fibres d'amiante chrysotile comparables Ă  ceux trouvĂ©s dans des Ă©chantillons d'eau, de sĂ©diments et de plantes aquatiques effectuĂ©s autour d'une usine de fabrication d'amiante-ciment[64]. Elles ont Ă©tĂ© exposĂ©es Ă  deux taux (0,5 et 5,0 ÎŒg de chrysotile dans 5,0 ÎŒl d'eau bidistillĂ©e) deux fois par semaine pendant 28 jours et cultivĂ©es dans un milieu contenant 0,1 g de chrysotile/l, et comparĂ©es Ă  des tĂ©moins vivant dans une eau dĂ©pourvue d'amiante[64]. Les auteurs ont constatĂ© une inhibition de croissance foliaire (moins de frondes) et des racines (plus courtes) avec rĂ©duction de la biomasse. Le taux de chlorophylle, carotĂ©noĂŻdes, sucre total libre, amidon et protĂ©ine a diminuĂ©. Des preuves de stress oxydatif et de phytotoxicitĂ© de l'amiante chrysotile sur cette espĂšce[64].
  • En 2011, une autre Ă©tude a profitĂ© de la contamination dĂ©croissante (par des fibres d'amiante chrysotile) d'un sol pĂ©dologiquement homogĂšne entourant une usine d'amiante-ciment[65]. Trois espĂšces vivriĂšres de l'agro-Ă©cosystĂšme environnant (blĂ©, pois et moutarde) ont Ă©tĂ© cultivĂ©es dans des Ă©chantillons de sol venant de un, deux et cinq kilomĂštres de l'usine, et comparĂ©es aux mĂȘmes plantes poussant dans un sol agronomiquement comparable mais exempt d'amiante (prĂ©levĂ© Ă  dix kilomĂštres de l'usine)[65]. L'Ă©tude a montrĂ© que « le taux de germination des graines a significativement diminuĂ© avec l'exposition graduelle aux fibres d'amiante chrysotile ; la toxicitĂ© de cet amiante Ă©tait Ă©galement perceptible sur la hauteur de la pousse, la longueur des racine, la biomasse et la chlorophylle produits, ainsi que sur la teneur en protĂ©ines des plantes exposĂ©es. Les auteurs ont conclu qu les fibres d'amiante chrysotile prĂ©sentes dans le sol sont toxiques pour les plantes cultivĂ©es prĂšs de l'usine »[65].
  • Une autre Ă©tude soupçonne des effets possibles sur les arbres (quadruplement du taux d'aberrations chromosomiques accrues et du nombre de grains de pollen stĂ©riles, et diminution de l'activitĂ© mitotique (d'un facteur 1,5), mais dans ce cas probablement en lien avec d'autres polluants routiers et industriels[66].
  • Des groupes de bulbes d'Oignon (Allium cepa L.) ont Ă©tĂ© exposĂ©s en laboratoire respectivement Ă  0,5, 1,0, 2,0 et 5,0 ÎŒg/ml d'amiante chrysotile. Puis leurs cellules ont Ă©tĂ© observĂ©es Ă  des intervalles de 24 heures (durant 96 heures) et comparĂ©es Ă  des bulbes de plantes-tĂ©moin. RĂ©sultats : plusieurs paramĂštres cytogĂ©nĂ©tiques ont Ă©tĂ© altĂ©rĂ©s : la progression du stade de prophase a Ă©tĂ© altĂ©rĂ©e, le nombre de cellules en mĂ©taphase a augmentĂ© au lieu de ralentir avec le temps ; le nombre de cellules en phase anaphase et tĂ©lophase a diminuĂ© au lieu d'augmenter avec le temps, et l'index mitotique a aussi diminuĂ© avec le temps. Enfin les cellules de plantes exposĂ©es prĂ©sentaient plus de micronoyaux, de noyaux interphasiques, de perturbations du fuseau et d'anomalies chromosomiques prouvant que l'amiante est gĂ©notoxique pour cette plante.

Effets sur les micro-organismes

  • Ils ne semblent pas avoir Ă©tĂ© trĂšs Ă©tudiĂ©s. En 2015, une Ă©tude des colonies microbiennes prospĂ©rant dans le sĂ©diment d'une carriĂšre en partie inondĂ©e du groupe Vermont Asbestos Group (milieu pauvre en nutriments vitaux et riche en mĂ©taux (magnĂ©sium et arsenic notamment), au pH trĂšs alcalin et trĂšs riche en fibres d'amiante) a trouvĂ© des bactĂ©ries extrĂȘmophiles, typique d'environnement stressants ; presque 60 % des bactĂ©ries Ă©taient extrĂȘmophiles (alcaliphiles et psychrophiles) et/ou pathogĂšnes (pour les poissons et les plantes)[67]. Plusieurs isolats se sont en outre montrĂ©s multirĂ©sistants aux antibiotiques ou producteurs d'antibiotiques[67].

Risques sanitaires

Toutes les variétés d'amiante sont cancérigÚnes selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) en 1996. Le chrysotile et le crocidolite sont clairement identifiés comme la cause de pathologies mortelles.

Les caractĂ©ristiques physico-chimiques de l'amiante, associĂ©es Ă  une capacitĂ© Ă  se fractionner en particules microscopiques pour atteindre les alvĂ©oles pulmonaires, et mĂȘme migrer jusqu’à la plĂšvre, font que l’inhalation importante de particules d’amiante est dangereuse. La rĂ©glementation fixe qu'un travailleur ne doit pas inhaler plus de 0,1 fibre par centimĂštre cube sur une heure[68], mais le rapport INSERM 2006 sur l’amiante a Ă©tabli que : « Il n'y a pas de limite sous laquelle on peut considĂ©rer que l'amiante n'est pas cancĂ©rogĂšne ».

Les pathologies peuvent se dĂ©clarer jusqu’à plus de cinquante ans aprĂšs les premiĂšres expositions aux fibres d’amiante. Ce caractĂšre relativement tardif explique aussi le retard dans la prise en compte des dangers de l'amiante : les victimes sont souvent assez ĂągĂ©es. Environ 125 millions de personnes sont exposĂ©es Ă  l’amiante professionnellement dans le monde, et 90 000 en meurent chaque annĂ©e. DĂšs les annĂ©es 1980, on constate que les personnes ayant beaucoup de fibres d’amiante dans les poumons en ont aussi dans d’autres organes[69] oĂč ils sont parfois aussi source de cancers.

Plaques pleurales

Les plaques pleurales sont des lĂ©sions, le plus souvent asymptomatiques, de la plĂšvre pariĂ©tale qui apparaissent en gĂ©nĂ©ral plus de quinze ans aprĂšs la premiĂšre exposition Ă  l’amiante. Elles sont trĂšs frĂ©quentes, puisque dĂ©crites chez 20 Ă  60 % des personnes exposĂ©es[70]. En fonction de leur taille, de leur localisation et si elles sont calcifiĂ©es, elles peuvent provoquer des douleurs thoraciques. La question des plaques pleurales demeure toutefois controversĂ©e : vĂ©ritable maladie pour les uns, en particulier les victimes et leurs associations, simple cicatrice pour les autres.

Épaississements pleuraux

Ils constituent une pathologie Ă  l’origine de douleurs, voire d’une altĂ©ration de la fonction respiratoire.

Asbestose

L’asbestose et toutes les autres maladies qui en dĂ©coulent seraient principalement dues Ă  une inflammation chronique du poumon, avec accumulation de macrophages ayant phagocytĂ© des fibres d'amiante.

Cancers broncho-pulmonaires

Les cancers broncho-pulmonaires reprĂ©sentent la premiĂšre cause de mortalitĂ© des sujets ayant Ă©tĂ© exposĂ©s Ă  l’amiante. Le temps de latence entre la premiĂšre exposition et le dĂ©veloppement de la maladie dĂ©passe en gĂ©nĂ©ral vingt ans. Aucune particularitĂ© clinique ou radiologique ne les distingue des cancers broncho-pulmonaires d’autres origines et leur dĂ©veloppement est indĂ©pendant d’une fibrose pulmonaire. Le risque d’atteinte tumorale est majorĂ© par l’exposition Ă  d’autres agents cancĂ©rogĂšnes, le tabac, mais aussi des produits cancĂ©rogĂšnes que l'on peut retrouver dans le milieu de travail. Pour un risque Ă©gal Ă  1, associĂ© Ă  une personne non exposĂ©e Ă  l’amiante et ne fumant pas, ce risque est multipliĂ© par cinq pour une exposition Ă  l’amiante, par dix pour un fumeur et par cinquante pour un fumeur exposĂ© Ă  l’amiante. Il existe une relation dose/effet entre l’intensitĂ© de l’exposition Ă  l’amiante et le risque de cancer bronchique, sans qu’il soit possible de proposer de valeur seuil. En l’état actuel des Ă©valuations Ă©pidĂ©miologiques, on estime entre 1 800 et 4 000 l’incidence annuelle de cancers broncho-pulmonaires attribuables Ă  l’amiante.

Selon un rapport du Haut Conseil de la santĂ© publique (HCSP) paru en aoĂ»t 2014[71], « l'estimation du nombre de dĂ©cĂšs attendus entre 2009 et 2050 par cancers du poumon liĂ©s Ă  l'exposition Ă  l'amiante Ă  venir serait de l'ordre de 50 000 Ă  75 000, auxquels s'ajoutent de 18 000 Ă  25 000 cancers dus au mĂ©sothĂ©liome, sans compter d'autres cancers tels que ceux du larynx ou des ovaires pour lesquels la responsabilitĂ© de l'amiante a Ă©tĂ© confirmĂ©e. » Ce rapport propose que le plafond de cinq fibres d'amiante par litre d'air passe Ă  deux fibres d'ici 2020[72].

Mésothéliome

Le mĂ©sothĂ©liome, cancer de la plĂšvre ou, plus rarement, du pĂ©ritoine, est spĂ©cifique de l'amiante et le pronostic est fatal assez rapidement. Lorsque le mĂ©sothĂ©liome est dĂ©couvert, la durĂ©e de survie est d'un an. Il peut apparaĂźtre vingt Ă  cinquante ans aprĂšs l’inhalation des fibres.

Cancers digestifs

Les études épidémiologiques démontrent une augmentation significative des cancers digestifs, en particulier colorectaux, avec le niveau d'exposition à l'amiante[73].

Exposition au risque

Exposition des travailleurs

Nombre de maladies professionnelles liées à l'amiante officiellement reconnues par le systÚme de santé en France.

Selon l'époque, le type d'activité, leur formation, l'information donnée et les précautions prises, le risque de mortalité à la suite de l'inhalation d'amiante varie mais certaines professions sont plus vulnérables et exposées.

Les travailleurs les plus exposés sont :

  • personnels des mines d'amiante ;
  • personnels des usines d'amiante ;
  • travailleurs impliquĂ©s dans la mise en Ɠuvre, surtout dans le BTP (l'amiante est encore trĂšs utilisĂ© en AmĂ©rique du Sud, au Vietnam, etc.) ;
  • personnels impliquĂ©s dans l’entretien et la rĂ©paration de lieux ou produits contenant de l'amiante ;
  • travailleurs du secteur de la dĂ©molition (de bĂątiments, de certaines machines, de chaudiĂšres industrielles, de navires, d'avions, de locomotives, etc.) et des entreprises de dĂ©samiantage ;
  • salariĂ©s du BTP chargĂ©s de la rĂ©habilitation ;
  • professionnels du second Ɠuvre du BTP, de l'entretien ou de la maintenance (plombier, Ă©lectricien, chauffagiste, ascensoriste, peintre, etc.) ;
  • salariĂ©s travaillant dans le traitement des dĂ©chets (dont le transport et la mise en dĂ©charge des dĂ©chets, et la gestion des dĂ©charges) ;
  • personnels de nettoyage de zones Ă  risque

  • tout salariĂ© intervenant sur des terrains amiantifĂšres


Les travailleurs indĂ©pendants ou intĂ©rimaires, nombreux dans le secteur du BTP, et plus encore les travailleurs au noir souffrent en outre de moindre protection juridique[74]. Ils ont souvent Ă©tĂ© exposĂ©s sans le savoir, en particulier lorsque les risques de l’amiante Ă©taient inconnus (c'est-Ă -dire bien avant la Seconde Guerre mondiale, le Royaume-Uni mettant en place une lĂ©gislation spĂ©cifique pour prĂ©venir des risques contre l'amiante dĂšs les annĂ©es 1930). À titre d’exemple, en France, l’Institut de veille sanitaire (InVS) a estimĂ© en 2007[75] que 50 % des artisans français mis Ă  la retraite en 2004 ont Ă©tĂ© exposĂ©s Ă  de l’amiante lors de leur vie professionnelle. Ceux qui ont fait l’objet de cette Ă©tude venaient des rĂ©gions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes, qui ne sont pas les plus industrielles. Ils travaillaient pour moitiĂ© dans le BTP, et pour le reste dans la rĂ©paration automobile, marine ou ferroviaire, la chaudronnerie, la ferronnerie, etc. Un bilan et un suivi mĂ©dical ont Ă©tĂ© proposĂ©s aux artisans par le programme Espri (ÉpidĂ©miologie et surveillance des professions indĂ©pendantes), pour Ă©ventuelle indemnisation. Cette Ă©tude a montrĂ© qu’une personne sur quatre lors du bilan prĂ©sentait au moins une anomalie ou pathologie (gĂ©nĂ©ralement bĂ©nigne) pouvant ĂȘtre induite par l’amiante. L’InVS a recommandĂ© l’extension du suivi Ă  toute la France. La Haute et Basse-Normandie, le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie devaient faire l’objet d’un suivi des artisans (volontaires) en 2008.

En France, interdit depuis 1997, l'amiante reste en 2010 un risque important pour diverses professions selon l'INRS : « Les maladies liĂ©es Ă  l’amiante reprĂ©sentent aujourd’hui la deuxiĂšme cause de maladies professionnelles et la premiĂšre cause de dĂ©cĂšs liĂ©s au travail (hors accidents du travail) »[13].

DĂ©pistage

La Société de pneumologie de langue française préconise une tomodensitométrie (TDM ou scanner) thoracique à partir de l'ùge de cinquante ans. Cet examen est plus sensible que la radiographie pulmonaire de face pour diagnostiquer des formes discrÚtes de fibrose pulmonaire ou pleurale. Il est beaucoup moins irradiant que jadis, depuis la survenue du scanner spiralé (hélicoïdal).

DĂ©samiantage

Le Code du travail français impose Ă  tout donneur d'ordres prĂ©voyant des travaux de retrait de matĂ©riaux amiantĂ©s de les confier Ă  une entreprise certifiĂ©e[76] ; de mĂȘme toute intervention susceptible de libĂ©rer des fibres d'amiante doit ĂȘtre faite par une entreprise dont les salariĂ©s justifient d'une qualification particuliĂšre[77].

En 2005, une Ă©tude menĂ©e par l’inspection du travail, la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariĂ©s (CNAMTS) et l’Institut national de recherche et de sĂ©curitĂ© (INRS) sur 784 chantiers de dĂ©samiantage en France a rĂ©vĂ©lĂ© que dans « 67 % des cas, des anomalies plus ou moins graves ont Ă©tĂ© constatĂ©es, donnant lieu notamment Ă  41 procĂšs-verbaux, 84 arrĂȘts de chantiers, 6 injonctions et 390 courriers d’observations »[78]. L’étude Ă©quivalente menĂ©e en 2006 sur 936 chantiers a rĂ©vĂ©lĂ© que 76 % des chantiers de dĂ©samiantage Ă©taient non conformes Ă  la rĂ©glementation. Elle a donnĂ© lieu Ă  86 arrĂȘts de chantier[79]. Les rapports du SĂ©nat sur la question, en France, mettent en Ă©vidence le fait que si la rĂ©glementation existe, son application est trĂšs mal contrĂŽlĂ©e : contrĂŽles peu frĂ©quents, sanctions peu dissuasives, sociĂ©tĂ©s de dĂ©samiantage perdant leur habilitation et qui renaissent sous un autre nom. Tout dĂ©samiantage ou dĂ©molition d’un bĂątiment amiantĂ© doit faire l’objet d’un plan de retrait dĂ©posĂ© Ă  la Direction dĂ©partementale du travail. En cas de dĂ©samiantage « sauvage », le recours consiste en un appel Ă  l’inspection du travail pour faire cesser le chantier.

En juillet 2009, un arrĂȘt de la Cour de cassation rappelle aux employeurs qu'ils ont envers leurs salariĂ©s une obligation de rĂ©sultat en matiĂšre de sĂ©curitĂ©, dont concernant les maladies professionnelles contractĂ©es par les salariĂ©s du fait de produits fabriquĂ©s ou utilisĂ©s dans l'entreprise. Manquer Ă  cette obligation revĂȘt un caractĂšre inexcusable au sens de l'article L. 452-1 du Code de la sĂ©curitĂ© sociale « lorsque l'employeur avait ou aurait dĂ» avoir conscience du danger auquel Ă©tait exposĂ© le salariĂ©, et qu'il n'a pas pris les mesures nĂ©cessaires pour l'en prĂ©server »[80].

DĂ©but 2017, la direction gĂ©nĂ©rale du travail (DGT) avait considĂ©rĂ©[81] que l'article R4412-96 dĂ©finissant le donneur d'ordre assujetti Ă  la rĂ©glementation amiante comme le chef d'entreprise utilisatrice, le maĂźtre d'ouvrage ou l'armateur n'incluait pas les particuliers ni les agriculteurs. Ceci pouvait laisser penser qu'ils n'Ă©taient pas soumis Ă  l'obligation de recourir Ă  des entreprises certifiĂ©es pour les travaux de dĂ©samiantage (en contradiction avec les objectifs de prĂ©vention nationaux). La DGT a dans une nouvelle note (du 24 aoĂ»t 2017) a finalement prĂ©cisĂ© que l'agriculteur et le particulier peuvent ĂȘtre juridiquement considĂ©rĂ©s comme maĂźtre d'ouvrage et donc donneur d'ordre, devant donc faire appel Ă  une entreprise certifiĂ©e en cas de dĂ©samiantage ou travaux Ă  risque « amiante ».
Deux exceptions persistent : celles de l'agriculteur ou du particulier qui rĂ©alisent aux-mĂȘme ces travaux « dans leurs propres locaux d'habitation », qui ont nĂ©anmoins Ă  respecter les dispositions protĂ©geant leur santĂ© et la population, dont en Ă©vacuant les dĂ©chets amiantĂ©s conformĂ©ment aux Codes de la santĂ© publique et de l'environnement[82].

Exposition des bricoleurs

Les bricoleurs peuvent Ă©galement ĂȘtre exposĂ©s Ă  l'amiante, lorsqu'ils interviennent sur des Ă©lĂ©ments de leur logement contenant de l'amiante[83].

Dénomination de matériaux amiantés les plus présents dans les logements Apparence Emplacement
Calorifugeage : enveloppe isolante de canalisations Diverses formes : bourrelets, tresses, coquilles, etc. Souvent protégé par un autre matériau éventuellement non amianté : tissu, plùtre, tÎle, etc. Chauffage, eau chaude sanitaire et tuyauteries (principalement dans les sous-sols et les garages)
Flocage : matériau d'isolation par projection Fibreux, duveteux ou velouté. Différentes couleurs : gris, blanc, bleu, etc. Conduits de ventilation ou de chauffage, plafonds, parois (principalement dans les sous-sols et garages)
Amiante-ciment en plaques Plaques ondulĂ©es ou planes, de couleur grise Ardoises de couleur grise en toiture Ardoises ou bardage en façade de toutes couleurs Toitures (garage, abri de jardin, maison, immeuble) ou bardages de façade Panneaux intĂ©rieurs de façade lĂ©gĂšre Panneaux de protection contre l’humiditĂ© des murs (sous-sols)
Amiante ciment en tubes ou conduits Tuyaux d’aspect rugueux gris Canalisations de descente des eaux pluviales ou usĂ©es, gaines de ventilation, conduits de vide-ordure
Dalles en vinyle-amiante (DVA) RevĂȘtements de sols en dalles, gĂ©nĂ©ralement de 30 cm de cĂŽtĂ© (toutes couleurs, unies ou marbrĂ©es) Sols des logements (salles de bain, toilettes, cuisines mais Ă©galement sĂ©jours et chambres) et des parties communes

La santĂ© publique dĂ©conseille fortement d'intervenir sur des matĂ©riaux amiantĂ©s et en particulier les flocages et les calorifugeages — En France, l'intervention sur des produits amiantĂ©s engage la responsabilitĂ© sur les consĂ©quences possibles pour les intervenants et le voisinage — Dans tous les cas, ce genre de bricolage nĂ©cessite de nombreuses prĂ©cautions : Comme les fibres d’amiante s’accrochent aux vĂȘtements, il est nĂ©cessaire de porter une combinaison et des gants jetables. Pour la respiration, un masque adaptĂ© au risque est indispensable. Pour rĂ©duire la quantitĂ© de poussiĂšre, le matĂ©riau doit ĂȘtre mouillĂ© Ă  cƓur, sans utiliser de jet sous pression. Les travaux doivent Ă©galement ĂȘtre limitĂ©s dans leur nature (rupture, dĂ©coupe, mouvements brusques) afin d'Ă©viter les dĂ©placements de poussiĂšres. En particulier les outils Ă  moteur notamment la perceuse, ou la scie circulaire, ne doivent pas ĂȘtre utilisĂ©s[83].

Exposition une fois le chantier terminé

Une fois le chantier terminĂ©, les locaux et l'outillage contiennent de la poussiĂšre[83]. Cette poussiĂšre doit ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©e avec un chiffon humide, en Ă©vitant de brasser l'air et d'Ă©parpiller la poussiĂšre comme pourrait le faire un balai ou un aspirateur. Toutes les surfaces doivent ĂȘtre traitĂ©es y compris le matĂ©riel utilisĂ© au cours de l'intervention. Le chiffon chargĂ© des poussiĂšres d'amiante doit ensuite impĂ©rativement ĂȘtre jetĂ©[83].

L'ensemble des dĂ©chets, notamment les matĂ©riaux contenant de l'amiante et les Ă©quipements de protection combinaison, masque, et gants et les dĂ©chets issus du nettoyage comme les chiffons sont des dĂ©chets dangereux. Ils doivent ĂȘtre placĂ©s dans des sacs Ă©tanches avec une mention « amiante » afin de pouvoir ĂȘtre Ă©liminĂ©s dans les filiĂšres rĂ©glementaires. En particulier certaines dĂ©chetteries prennent l'amiante-ciment. Lors du transport des sacs Ă©tanches de dĂ©chet, les envols de fibres doivent ĂȘtre limitĂ©s, par exemple en bĂąchant les remorques[83].

Une fois les interventions terminĂ©es et les vĂȘtements jetĂ©s, les diffĂ©rentes personnes exposĂ©es doivent se doucher, et en particulier nettoyer leurs cheveux afin d'Ă©liminer les particules pouvant s'y trouver[83].

Exposition de proximité (riverains de sites industriels, familles de travailleurs exposés, proximité d'un affleurement naturel)

En janvier 2009, un rapport de l’InVS concluait à une exposition actuelle globalement faible des riverains de roches amiantifùres[84] - [85].

Une autre Ă©tude[86] devait initialement Ă©valuer (via l'incidence des mĂ©sothĂ©liomes dans la population ayant vĂ©cu autour de 553 sites industriels et 1 119 chantiers navals) l'exposition de riverains d'anciens sites industriels, Ă  la demande de la Direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© (DGS) en 2003. Faute d'un nombre suffisant, la puissance statistique de l'Ă©tude n'a pas permis un travail exhaustif ni de produire des Ă©valuations prĂ©cises du risque, mais l’InVS a nĂ©anmoins trouvĂ© une augmentation non significative du risque de mĂ©sothĂ©liome, chez les femmes, et non chez les hommes. L'InVS estime avoir assez d'indices pour conclure qu’il existe bien des pathologies dues Ă  l’amiante parmi les riverains d’anciens sites industriels.

Une exposition indirecte peut ĂȘtre Ă©galement dĂ©lĂ©tĂšre : les Ă©pouses des travailleurs de l'amiante ont un risque augmentĂ© de faire un mĂ©sothĂ©liome, probablement parce que s'occupant du soin des vĂȘtements imprĂ©gnĂ©s en poussiĂšre du mari[87].

Chronologie

ModÚle de protÚge-plat en amiante utilisé dans les pays développés et émergents dans les années 1950 afin de diffuser la source de chaleur émise par un fourneau de cuisine (plaque électrique ou à gaz).

Le premier cas mortel a été décrit en 1899[88]. En 1906, Denis Auribault, inspecteur du travail, signale pour la premiÚre fois en France la forte mortalité des ouvriers exposés à l'amiante dans l'usine de filature de Condé-sur-Noireau prÚs de Caen ouverte en 1890. Il dénonce dans son étude la non-application de la loi du 12 juin 1893 concernant l'hygiÚne et la sécurité des travailleurs dans les établissements industriels, ce qui a entraßné la mort d'une cinquantaine d'ouvriers et d'ouvriÚres[89]. Il faudra attendre 1945 et le tableau 25 des maladies professionnelles « des affections professionnelles consécutives à l'inhalation des poussiÚres de silice et amiantifÚres » pour une premiÚre reconnaissance des pathologies liées à l'amiante[90].

Malgré ses effets mortels, l'amiante a été utilisé de maniÚre trÚs importante en France, notamment comme isolant dans les bùtiments publics (le flocage a été interdit par décret en 1978) et les habitations individuelles (flocage interdit en 1977) et nombre de processus industriels. On rencontre deux acteurs principaux, Eternit France qui a exploité le seul gisement d'amiante en France jusqu'en 1965, et Saint-Gobain qui sous le nom d'Everite fabrique du fibrociment. Jusque dans les années 1990, les industriels de l'amiante regroupés au sein du Comité permanent amiante se sont largement employés, en l'absence d'une volonté politique des pouvoirs publics, à sous-estimer les risques liés à ce matériau.

En 1996, l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva) est créée et engage des procédures judiciaires. Des procÚs ont lieu, qui aboutissent à la condamnation d'industriels pour « faute inexcusable de l'employeur » devant les tribunaux des affaires sociales et sanitaires, les entreprises qui ont « mis en danger » la vie de leurs salariés en connaissance de cause.

En 1997, le gouvernement français interdit l'usage des fibres d'amiante.

Cependant le procÚs pénal de l'amiante n'a toujours pas été jugé 24 ans aprÚs le dépÎt de plainte.

RĂ©glementation

L'incapacité du secteur privé à gérer le risque amiante a conduit à la mise en place de réglementations.

Scandale

Aujourd'hui, analystes et commentateurs s'accordent à définir l'utilisation de l'amiante en France comme un scandale de santé publique[91]. L'amiante a, en effet, été utilisé de maniÚre trÚs importante en France, notamment comme isolant dans les bùtiments publics et les habitations individuelles. Par ailleurs, les pouvoirs publics ont progressivement interdit son usage.

Le monument en mémoire des « Victimes de l'amiante » à Brest (FinistÚre).

Le scandale de l'amiante a Ă©clatĂ© durant les annĂ©es 1990 : l'amiante n'a Ă©tĂ© longtemps pensĂ© que comme un risque couru par des travailleurs du bĂątiment ayant Ă©tĂ© exposĂ©s Ă  de fortes doses d’amiante pendant leurs annĂ©es d’activitĂ©. C'est lorsque l'amiante a Ă©tĂ© perçu comme un risque environnemental menaçant toutes les populations que son usage intensif a Ă©tĂ© dĂ©fini comme un problĂšme majeur de santĂ© publique. En cessant de n'ĂȘtre considĂ©rĂ© que comme un risque professionnel, l'usage de l'amiante est ainsi devenu un scandale public[92]. Le campus de Jussieu a Ă©tĂ©, en particulier, un des lieux symboliques des risques posĂ©s par l'utilisation de l'amiante en France, et de l'inertie des pouvoirs publics : la mobilisation du personnel de Jussieu fera prendre conscience Ă  l'opinion publique que l'amiante reprĂ©sente un risque sanitaire majeur. AprĂšs d'importantes polĂ©miques, Claude AllĂšgre y voyant par exemple un « phĂ©nomĂšne de psychose collective »[93], son dĂ©samiantage a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©.

Le prĂ©sident Jacques Chirac dĂ©cide d’interdire totalement l’amiante en 1997 et les pouvoirs publics mĂšnent des chantiers de dĂ©samiantage de bĂątiments publics. Par ailleurs, des procĂšs ont lieu entre industriels et ouvriers qui condamnent les entreprises qui ont « mis en danger » la vie de leurs salariĂ©s en connaissance de cause.

Selon un rapport parlementaire, 35 000 dĂ©cĂšs survenus entre 1965 et 1995 seraient dus Ă  des expositions aux fibres d’amiante et quelques dizaines de milliers de dĂ©cĂšs sont prĂ©vus entre 2005 et 2030[94].

En dĂ©cembre 2009, le tribunal de Turin a ouvert un procĂšs contre les anciens propriĂ©taires des usines Eternit d'Italie (mises en faillite en 1986), avec plus de 6 000 parties civiles. En juillet 2011, le parquet rĂ©clamait douze ans de prison et huit autres supplĂ©mentaires, pour prendre en compte les dĂ©cĂšs futurs liĂ©s Ă  des mĂ©sothĂ©liomes induits par cet amiante. En fĂ©vrier 2012, « au nom du peuple italien », le tribunal a finalement jugĂ© les responsables des usines Eternit italiennes de Casale Monferrato, Cavagnolo, Bagnoli et Rubiera, Stephan Ernest Schmidheiny (actionnaire d'Eternit-Italie de 1976 Ă  1986) et Louis Cartier de Marchienne (actionnaire minoritaire et administrateur d'Eternit-Italie au dĂ©but des annĂ©es 1970), « coupables des dĂ©lits qui leur sont reprochĂ©s » (« catastrophe sanitaire et environnementale permanente » Ă  la suite d'une infraction Ă  la sĂ©curitĂ© au travail ayant conduit Ă  la mort d’environ 3 000 ouvriers ou habitants proches des usines). Le tribunal a retenu une peine de seize ans de prison, soit quatre ans de moins (pour prescription des dĂ©lits dans deux des anciens sites Eternit) que la durĂ©e requise par le procureur[95]. C'est la premiĂšre fois que les dirigeants d'une multinationale Ă©copent d'une peine de prison ferme Ă  la suite de la mort de salariĂ©s et de riverains du fait de l'activitĂ© industrielle. Le verdict a Ă©tĂ© saluĂ© par la presse internationale et de trĂšs nombreuses organisations de victimes comme un Ă©vĂ©nement historique ouvrant la voie Ă  une Ă©ventuelle transposition dans d'autres contextes nationaux[96]. Mais en 2014 la Cour suprĂȘme italienne annule la procĂ©dure en arguant de la prescription des faits.

Au Royaume-Uni

  • Une des premiĂšres dĂ©couvertes sur la nocivitĂ© de l’amiante est faite par Lucy Deane Streatfeild en 1898, alors inspectrice du travail pour le gouvernement : elle en fait Ă©tudier la poussiĂšre et fait le lien entre la prĂ©sence de ces particules dans l’environnement des travailleurs et leurs effets sur la santĂ©[97] - [98].
  • Le docteur Montague Murray observe le premier cas de maladie des poumons due Ă  l’amiante en 1899 ; il signale en 1906 la mort suspecte de plusieurs travailleurs de l’amiante.
  • En 1931, une rĂ©glementation est mise en place pour protĂ©ger les travailleurs. Des Ă©tudes ont Ă©tĂ© faites dans les annĂ©es 1950 et 1960, pour Ă©tudier la toxicologie de l’amiante.
  • 1971 : RĂ©union de Londres. Les industriels amĂ©ricains et europĂ©ens, qui dĂ©veloppent des centaines d'applications de la fibre ignifuge, se rĂ©unissent Ă  Londres lorsque des Ă©tudes scientifiques pointent sa nocivitĂ©. « Les pressions vont s'accroĂźtre Ă  plus ou moins long terme, redoute l'organisateur de la confĂ©rence, prĂ©parez votre dĂ©fense »[99].

En France

  • 1906 : Denis Auribault (inspecteur dĂ©partemental du travail Ă  Caen), dans une note dĂ©nonce la « forte mortalitĂ© des ouvriers dans les filatures et dans les usines de tissage d'amiante[89] ».
  • 1913 : Les assureurs refusent d'assurer les travailleurs de l'amiante
  • 1945 : un tableau de maladie professionnelle est crĂ©Ă© pour l'amiante. L'employeur ne peut plus ignorer le risque.
  • 1951 : les frĂšres Blandin crĂ©ent un flocage sans amiante, disponible et largement utilisĂ© en France, mais en concurrence avec l'amiante (bien avant l'interdiction de l'amiante en flocage).
  • 1960 : 1er lien entre l'amiante et le mĂ©sothĂ©liome pleural.
  • 1962 : la France est septiĂšme pays producteur, grĂące au gisement exploitĂ© en Corse, par Eternit, jusque dans les annĂ©es 1965 dans la commune de Canari (Haute-Corse). Il en reste aujourd'hui une friche industrielle (qui serait en cours de sĂ©curisation).
  • 1965 : premier cas français de mĂ©sothĂ©liome reconnu attribuĂ© Ă  l'amiante, qui sera pourtant massivement importĂ© pendant trente ans encore, pour un total Ă©quivalant Ă  80 kg par habitant.
  • 1973 : le CIRC classe l'amiante comme cancĂ©rogĂšne.
  • 1975 : une premiĂšre mobilisation du personnel de Jussieu, autour du chercheur Henri PĂ©zerat, qui s'insurge contre les risques liĂ©s au bĂątiment, Les journaux tĂ©lĂ©visĂ©s informent du risque de cancer liĂ© Ă  l'amiante, et du risque de dĂ©cĂšs, autour de l'actualitĂ© de Jussieu.
  • 1977 : le flocage Ă  l'amiante est interdit dans les locaux d'habitation le 29 juin par arrĂȘtĂ©. L'amiante blanc est classĂ© cancĂ©rogĂšne en France (et sera interdit en 1997. Les autres catĂ©gories d’amiante, classĂ©es cancĂ©rogĂšnes catĂ©gorie 1 CIRC sont Ă©galement toutes interdites en France).
  • 1978 : le flocage Ă  taux d'amiante supĂ©rieur Ă  1% est interdit pour l'ensemble des bĂątiments le 20 mars par dĂ©cret no 78-394.
  • 1982 : le ComitĂ© permanent amiante est crĂ©Ă©. Un lobby est mis en place par les industriels de l'amiante et sous tutelle de l'Institut national de recherche et de sĂ©curitĂ© (INRS). Il milite pour un « usage maĂźtrisĂ© de l’amiante » jusqu'Ă  sa dissolution en 1995. Le comitĂ©, dont le financement sera entiĂšrement dĂ©pendant des industries, comprendra notamment des experts et des mĂ©decins du travail, ainsi que des dĂ©lĂ©guĂ©s des principaux syndicats qui dĂ©fendront longtemps l'usage de l'amiante au nom de la prĂ©servation de l'emploi.
  • 1991, la France est le premier importateur mondial d'amiante. Selon le ComitĂ© permanent amiante, seuls 200 dĂ©cĂšs par an sont liĂ©s au mĂ©sothĂ©liome.
  • En 1994, la mort de six enseignants au lycĂ©e de GĂ©rardmer (Vosges) relance le dĂ©bat sur l'amiante et Ă  Jussieu une nouvelle gĂ©nĂ©ration de chercheurs s'inquiĂšte de la prĂ©sence de l'amiante. Michel Parigot, responsable du ComitĂ© anti-amiante de Jussieu dĂ©clare : « Nous avons Ă©tĂ© confrontĂ©s au ComitĂ© permanent amiante, nous avons trĂšs vite compris que cette structure n'avait rĂ©ussi Ă  fonctionner aussi longtemps que parce qu'elle n'avait pas Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©e publiquement. C'est le genre de choses qui ne supportent pas la lumiĂšre. »
  • Le 19 octobre 1996, Claude AllĂšgre dĂ©nonce un « phĂ©nomĂšne de psychose collective ».
  • 1996 : l'Inserm rĂ©vĂšle l'ampleur de la catastrophe sanitaire, estimant qu'elle pourrait faire cent mille morts en France d'ici Ă  2025.
  • 1996, crĂ©ation de l'Association nationale de dĂ©fense des victimes de l'amiante (Andeva), Ă  l'initiative de trois associations : l'Association pour l'Ă©tude des risques du travail (ALERT), la FĂ©dĂ©ration nationale des accidentĂ©s du travail et des handicapĂ©s (FNATH) et le ComitĂ© anti-amiante Jussieu. L'association facilite l'accĂšs Ă  la reconnaissance en maladies professionnelles et l'indemnisation des prĂ©judices, y compris devant les tribunaux. Elle Ɠuvre pour que soit rĂ©formĂ©e la lĂ©gislation de l'indemnisation, de la mĂ©decine du travail et de la prĂ©vention des risques en France[100]. Elle milite pour une interdiction mondiale de la substance et un procĂšs pĂ©nal de l'amiante.
  • 1er janvier 1997 : l'usage de l'amiante est interdit, par le dĂ©cret no 96-1133 du relatif Ă  l'amiante, pris en application du Code du travail et du Code de la consommation. La France est le huitiĂšme pays europĂ©en Ă  le faire.
  • En 1998, le Canada (2e producteur mondial) attaque la France devant l’OMC. En 2001, celle-ci reconnaĂźt que la santĂ© publique justifie l’entrave Ă  la libertĂ© de commerce[101].
  • 18 dĂ©cembre 1998 : pour la premiĂšre fois, la responsabilitĂ© de la sĂ©curitĂ© sociale est reconnue dans une affaire concernant les victimes de l'amiante. Le tribunal reconnaĂźt la « faute inexcusable » de la sociĂ©tĂ© Everite et de la caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) de Gironde.
  • En 1998, un Fonds de cessation anticipĂ©e d'activitĂ© des travailleurs de l'amiante (FCAATA) est crĂ©Ă© par la loi de financement de la sĂ©curitĂ© sociale, les fonctionnaires en sont exclus.
  • En 1999 : directive europĂ©enne qui interdit l'amiante au 1er janvier 2005 dans tous les États membres.
  • En dĂ©cembre 2000, un Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante (FIVA) est crĂ©Ă© Ă  la suite de la loi de financement de la sĂ©curitĂ© sociale.
  • En novembre 2002, la norme AFNOR NF X 46-020 : Diagnostic amiante – RepĂ©rage des matĂ©riaux et produits contenant de l’amiante dans les immeubles bĂątis dĂ©crit la procĂ©dure de diagnostic Ă  utiliser pour dĂ©celer la prĂ©sence d’amiante dans les bĂątiments construits avant l’interdiction totale de l’amiante en 1997. Les rapports du SĂ©nat sur la question, en France, mettent en Ă©vidence le fait que si la rĂ©glementation existe, son application est trĂšs mal contrĂŽlĂ©e : contrĂŽles peu frĂ©quents, sanctions peu dissuasives, sociĂ©tĂ©s de dĂ©samiantage perdant leur habilitation et qui renaissent sous un autre nom. Tout dĂ©samiantage ou dĂ©molition d’un bĂątiment amiantĂ© doit faire l’objet d’un plan de retrait dĂ©posĂ© Ă  la Direction dĂ©partementale du travail. En cas de dĂ©samiantage « sauvage », le recours consiste en un appel Ă  l’inspection du travail pour faire cesser le chantier (constat d'amiante).
  • En 2005, une Ă©tude menĂ©e par l’inspection du travail, la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariĂ©s (CNAMTS) et l’Institut national de recherche et de sĂ©curitĂ© (INRS) sur 784 chantiers de dĂ©samiantage en France a rĂ©vĂ©lĂ© que dans « 67 % des cas, des anomalies plus ou moins graves ont Ă©tĂ© constatĂ©es, donnant lieu notamment Ă  41 procĂšs-verbaux, 84 arrĂȘts de chantiers, 6 injonctions et 390 courriers d’observations »[78]. L’étude Ă©quivalente menĂ©e en 2006 sur 936 chantiers a rĂ©vĂ©lĂ© que 76 % des chantiers de dĂ©samiantage Ă©taient non conformes Ă  la rĂ©glementation. Elle a donnĂ© lieu Ă  86 arrĂȘts de chantier[79].
  • 2008, pour la premiĂšre fois, une entreprise (Alstom) et son directeur de site sont condamnĂ©s au pĂ©nal (tribunal correctionnel de Lille) pour avoir exposĂ© leurs salariĂ©s Ă  l'amiante.
  • En 2009, Guy Lefrand publie un rapport d'information de l'AssemblĂ©e nationale sur la Prise en charge des victimes de l'amiante[102], qui Ă©voque notamment la surveillance mĂ©dicale post-professionnelle, le dĂ©pistage prĂ©coce et des « certificats d’exposition Ă  l’amiante rarement dĂ©livrĂ©s », les mĂ©decins du travail rencontrant eux-mĂȘmes « des difficultĂ©s pour remplir ces attestations ». Le rapporteur note aussi que les recommandations de la confĂ©rence de consensus de 1999 ne sont toujours pas suivies d'effet quant Ă  l'examen de rĂ©fĂ©rence qui ne devrait plus ĂȘtre une radiographie, mais un scanner thoracique, alors que les progrĂšs techniques (PET-scan ; scanner Ă  trĂšs haute rĂ©solution) permettent de limiter l’exposition aux radiations lors de cet examen.
  • En 2010, la Haute AutoritĂ© de santĂ© (HAS) a organisĂ© une audition publique sur le « suivi post-professionnel (SPP) aprĂšs exposition Ă  l’amiante » avec comme objectif de faire un Ă©tat des lieux des connaissances et d’émettre des recommandations destinĂ©es aux pouvoirs publics et aux professionnels concernant le contenu et l’organisation de ce suivi. La commission d’audition a constatĂ© l’inadĂ©quation des examens mĂ©dicaux prĂ©vus par la rĂ©glementation pour le suivi post-professionnel aprĂšs exposition Ă  l’amiante. L’examen de rĂ©fĂ©rence dĂ©sormais recommandĂ© pour le diagnostic des pathologies pleuro-pulmonaires associĂ©es Ă  une exposition Ă  l’amiante est l’examen tomodensitomĂ©trique (TDM) thoracique (gĂ©nĂ©ralement appelĂ© scanner). La Commission d’Audition recommande qu’un examen TDM thoracique soit proposĂ© Ă  toutes les personnes ayant Ă©tĂ© exposĂ©es Ă  l’amiante de maniĂšre active pendant au moins un an. Cette proposition devra ĂȘtre accompagnĂ©e d’une information complĂšte sur les bĂ©nĂ©fices attendus et les risques encourus et permettant aux personnes de dĂ©cider librement de bĂ©nĂ©ficier ou non de l’examen proposĂ©[103].
  • 3 juin 2011, un dĂ©cret[104] restructure la part rĂ©glementaire du code de la santĂ© publique relative Ă  la prĂ©vention des risques liĂ©s Ă  l'amiante dans les immeubles bĂątis, pour mieux protĂ©ger les rĂ©sidents ou personnes circulant ou travaillant dans des immeubles oĂč de l'amiante serait prĂ©sent.
  • En 2012, le 23 fĂ©vrier, un arrĂȘtĂ© prĂ©cise la formation des travailleurs Ă  la prĂ©vention du risque amiante (pour le dĂ©samiantage – sous-section 3 du Code du travail et pour les personnes intervenant sur des produits amiantĂ©s ou Ă  proximitĂ© des produits amiantĂ©s – Sous-section 4 du code du travail en France).

Le 4 mai, un décret[105] divise par dix les valeurs limites d'exposition professionnelle -100 fibres par litre d'air. Il précise les moyens de contrÎle et de mesures d'empoussiÚrement (microscopie électronique à transmission) et les stratégies de prélÚvement.
En dĂ©cembre, trois arrĂȘtĂ©s prĂ©cisent les conditions de repĂ©rage des matĂ©riaux et produits contenant de l'amiante (arrĂȘtĂ©s du 12 dĂ©cembre = liste A : flocages, calorifugeages et faux plafonds ; et liste B : autres composants d'Ă©lĂ©ments amiantĂ©s Ă  l'intĂ©rieur et extĂ©rieur des immeubles bĂątis) et la rĂ©alisation du dossier technique amiante. Un arrĂȘtĂ© du 21 dĂ©cembre 2012[106] fixe les procĂ©dures, critĂšres et conditions de dĂ©livrance de la certification des entreprises rĂ©alisant les travaux d’encapsulage et de retrait d’amiante ou d’articles en contenant. Il fixe aussi la procĂ©dure d’accrĂ©ditation des organismes certificateurs.

  • En 2013, le 7 mars, un arrĂȘtĂ© prĂ©cise le choix, l'entretien et la vĂ©rification des Ă©quipements de protection individuelle utilisĂ©s lors des opĂ©rations comportant un risque d'exposition Ă  l'amiante.

En juin, la FĂ©dĂ©ration des services Énergie Environnement (Fedene) a signĂ© une convention avec la Direction gĂ©nĂ©rale du travail (DGT), la Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariĂ©s (CNAMTS), la Caisse rĂ©gionale d'assurance maladie d'Île-de-France (CRAMIF), et l'Institut national de recherche et de sĂ©curitĂ© pour la prĂ©vention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) pour aider les entreprises Ă  respecter la rĂ©glementation (communiquĂ© commun) dont via une campagne de mesures d'empoussiĂšrement.

  • En 2014, un rapport du Haut Conseil de la santĂ© publique (HCSP) basĂ© sur les donnĂ©es de l'Institut de veille sanitaire (InVS), estime Ă  cent mille le nombre de morts attendus de 2009 Ă  2050, 50 000 Ă  75 000 cancers du poumon seraient dus Ă  l'amiante entre 2009 et 2050, plus 18 000 Ă  25 000 dĂ©cĂšs faisant suite Ă  un mĂ©sothĂ©liome. S'y ajouteront les cas de cancers du larynx ou des ovaires induits par l'amiante (responsabilitĂ© confirmĂ©e par le CIRC en 2009). Selon l'InVS, 61 000 Ă  118 000 dĂ©cĂšs, de 1995 et 2009, ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© causĂ©s par l'amiante (25 000 Ă  36 000 par mĂ©sothĂ©liome et 36 000 Ă  82 000 par cancer pulmonaire Ă  la suite d'une exposition professionnelle Ă  l'amiante). L'Association nationale de dĂ©fense des victimes de l'amiante (Andeva) demande une rĂ©duction du seuil Ă  0,5 fibre par litre d'air[107].

En décembre 2014, un « Plan recherche et développement amiante » (PRDA) de trois ans est annoncé pour l'automne 2015, incluant des appels à projets[108] ;

  • En 2015, ce PRDA, dotĂ© de vingt millions d'euros, est lancĂ©[109], prĂ©sentĂ© complĂ©mentaire du programme PACTE (Programme d'action pour la qualitĂ© de la construction et la transition Ă©nergĂ©tique) par le ministĂšre du Logement. Il est pilotĂ© par Alain Maugard. Une R&D Ă  « maturitĂ© lente » est confiĂ©e au Centre scientifique et technique du bĂątiment (CSTB) pour de nouveaux procĂ©dĂ©s espĂ©rĂ©s en trois ou quatre ans[109] ;
  • En 2016, la prĂ©sence d’amiante doit ĂȘtre recherchĂ©e avant toute intervention sur des matĂ©riaux, des Ă©quipements, des matĂ©riels ou des articles susceptibles d’exposer des travailleurs Ă  l’amiante[110]. En octobre, une « commission d'Ă©valuation technique » de professionnels (CAPEB, FFFB, etc.) et d’experts scientifiques du bĂątiment est instituĂ©e pour crĂ©er de nouveaux outils de caractĂ©risation du risque amiante[109] ; « mesurer les fibres d'amiante dans l'air ; gratter et enlever l'amiante ; gĂ©rer les dĂ©chets et enfin rĂ©pondre Ă  la problĂ©matique de l'inertage pour les rendre moins dangereux » et selon la ministre Emmanuelle Cosse en 2016 : « sensibiliser tous les acteurs du bĂątiment ». En septembre, le PRDA avait reçu environ deux cents appels Ă  manifestation d'intĂ©rĂȘt (AMI) concernant des innovations telles que « gel mĂ©dical, robot, mesureur de la fibre en temps rĂ©el »[109].

Trois millions de logements HLM sont encore potentiellement concernĂ©s avec un « surcoĂ»t » estimĂ© en 2016) Ă  « 2,3 milliards d'euros par an pendant les dix prochaines annĂ©es pour le seul secteur du logement, qui ne reprĂ©sente lui-mĂȘme qu'environ 10 % du parc construit en France », selon RaphaĂ«l Besozzi, responsable du DĂ©partement Prescriptions techniques et des Politiques patrimoniales Ă  l'USH. Ce coĂ»t Ă©quivaut, en effet, au coĂ»t de la construction[109]. DĂ©samianter tout ce parc nĂ©cessiterait d'investir 15 milliards d'euros[109]. En 2016, le prix moyen d'un dĂ©samiantage complet d’appartement varie de 40 000 Ă  60 000 euros selon la superficie ; le retrait d’un revĂȘtement de sol amiantĂ© dans un appartement coĂ»te de 20 000 Ă  60 000 euros[109]. Un « prĂȘt amiante » a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 2014 par Sylvia Pinel pour aider les HLM, pour lequel un dĂ©plafonnement de 10 000 Ă  40 000 euros a Ă©tĂ© sollicitĂ© par l’USH[109].

  • En 2017, le 27 janvier, une Commission nationale d'Ă©valuation des innovations dans le domaine de l'amiante dans le bĂątiment est crĂ©Ă©e par dĂ©cret, regroupant des experts (bĂ©nĂ©voles) de haut niveau, qui formulent des avis et recommandations sur trois sujets :
    • la dĂ©tection et la mesure de l'amiante dans l'air et dans les matĂ©riaux ;
    • la gestion des opĂ©rations de travaux et des interventions en prĂ©sence d'amiante ;
    • la gestion des dĂ©chets amiantĂ©s[111].

En Belgique

  • 1967 : un grave incendie Ă  Bruxelles (le grand magasin l'Innovation, rue Neuve) pousse le gouvernement belge et dans la foulĂ©e d'autres pays Ă  conseiller l'usage de l'amiante dans tous les bĂątiments publics pour diminuer le risque d'incendie.
  • 2001 : un arrĂȘtĂ© royal interdit la mise sur le marchĂ© et l'utilisation des produits amiantĂ©s[112].

En Suisse

DĂ©chets d'amiante d'un immeuble Ă  GenĂšve.
  • 1939 : premiĂšre reconnaissance de l'asbestose comme maladie professionnelle.
  • 1940 : introduction ponctuelle d'examens mĂ©dicaux pour les personnes exposĂ©es professionnellement.
  • 1953 : intĂ©gration de l'asbestose dans la liste des maladies professionnelles et rĂ©duction des valeurs limites.
  • 1959 : rĂ©duction importante des valeurs limites.
  • 1971 : reconnaissance du mĂ©sothĂ©liome comme maladie professionnelle.
  • 1975 : interdiction des isolants en amiante floquĂ©.
  • 1990 : interdiction d'utilisation de l'amiante en Suisse, pĂ©riode transitoire jusqu'Ă  1994[113].

Chaque annĂ©e en Suisse, une centaine de personnes dĂ©cĂšdent parce qu’elles ont inhalĂ© de la poussiĂšre d’amiante dans le cadre de leur travail ou de particuliers qui pratiquent du bricolage, principalement lors de travaux de transformation de bĂątiments construit avant 1990-1994. AlarmĂ© par ce constat, la Suva, (Caisse nationale suisse d'assurance en cas d'accidents)[114] sensibilise les travailleurs au dangers de l'amiante, en ayant Ă©ditĂ© une brochure intitulĂ©e Identifier et manipuler correctement les produits contenant de l'amiante[115].

En Allemagne

En 1979, l’Allemagne interdit le flocage Ă  l’amiante, Ă  peu prĂšs Ă  la mĂȘme Ă©poque que les autres pays europĂ©ens (1975 en Suisse et aux États-Unis, 1977 en France, 1978 aux Pays-Bas, 1980 en Belgique, 1985 au Royaume-Uni)[116].

En Europe

DĂšs 1962, la Commission europĂ©enne a adressĂ© des recommandations aux six États membres de la CommunautĂ© Ă©conomique europĂ©enne, en dressant une liste des maladies professionnelles. Celle-ci incluait le cancer du poumon, en signalant les dangers de l'amiante[117]. En 1991, la CommunautĂ© europĂ©enne s'interroge sur l'interdiction ma13B8, la norme AFNOR NF X 46-020 : Diagnostic amiante – RepĂ©rage des matĂ©riaux et produits contenant de l’amiante dans les immeubles bĂątis dĂ©crit la procĂ©dure de diagnostic Ă  utiliser pour dĂ©celer la prĂ©sence d’amiante dans les bĂątiments construits avant l’interdiction totale de l’amiante en 1997. Les rapports du SĂ©nat sur la question, en France, mettent en Ă©vidence le fait que si la rĂ©glementation existe, son application est trĂšs mal contrĂŽlĂ©e : contrĂŽles peu frĂ©quents, sanctions peu dissuasives, sociĂ©tĂ©s de dĂ©samiantage perdant leur habilitation et qui renaissent sous un autre nom. Tout dĂ©samiantage ou dĂ©molition d’un bĂątiment amiantĂ© doit faire l’objet d’un plan de retrait dĂ©posĂ© Ă  la Direction dĂ©partementale du travail. En cas de dĂ©samiantage « sauvage », le recours consiste en un appel Ă  l’inspection du travail pour faire cesser le chantier.

  • En 2005, une Ă©tude menĂ©e par l’inspection du travail, la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariĂ©s (CNAMTS) et l’Institut national de recherche et de sĂ©curitĂ© (INRS) sur 784 chantiers de dĂ©samiantage en France a rĂ©vĂ©lĂ© que dans « 67 % des cas, des anomalies plus ou moins graves ont Ă©tĂ© constatĂ©es, donnant lieu notamment Ă  41 procĂšs-verbaux, 84 arrĂȘts de chantiers, 6 injonctions et 390 courriers d’observations »[78]. L’étude Ă©quivalente menĂ©e en 2006 sur 936 chantiers indĂ©pendants, nombreux dans le secteur du BTP, et qui disposent d'une moindre protection juridique face Ă  ces risques[74].

Au Canada

La polĂ©mique sur l'amiante se poursuit au Canada. Le gouvernement canadien est accusĂ© par certains scientifiques de faire le jeu des producteurs d'amiante. L'Association mĂ©dicale canadienne a titrĂ© un Ă©ditorial : « La mortalitĂ© liĂ©e Ă  l'amiante, une exportation canadienne ». Elle estime que « le Canada est la seule dĂ©mocratie occidentale Ă  s'ĂȘtre constamment opposĂ©e aux efforts internationaux visant Ă  rĂ©glementer le commerce mondial de l'amiante [
] en manipulant honteusement les connaissances scientifiques par des moyens politiques. »[118].

Le gouvernement canadien est également accusé par l'Institut Rideau, centre de recherche politique indépendant, de financer le lobby de l'amiante[118].

En décembre 2016, le gouvernement canadien interdit « l'utilisation de l'amiante dans toute nouvelle construction au pays, son importation ainsi que son exportation »[119]. La derniÚre mine d'amiante au Canada a fermé en 2011, mais les importations de produits contenant de l'amiante, comme des plaquettes de frein et des matériaux de construction, ont grimpé en importance depuis. L'interdiction, qui cible tout produit contenant de l'amiante[120], est entrée en vigueur en 2018.

Au Brésil

Le BrĂ©sil ne possĂšde plus qu’une seule mine d’amiante, propriĂ©tĂ© d’Eternit, dans l’État de Goias, employant 150 travailleurs. La moitiĂ© des 300 000 tonnes produites est exportĂ©e.

Une loi fĂ©dĂ©rale de 1995 autorise l’utilisation « contrĂŽlĂ©e » de l’amiante blanche, le chrysotile. Certains États — ainsi, les États de SĂŁo Paulo ou de Rio de Janeiro — interdisent totalement le minerai. Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, des procĂ©dures sont menĂ©es contre ces États par la ConfĂ©dĂ©ration des travailleurs de l’industrie (CNTI)[121].

Le 24 aoĂ»t 2017, la Cour suprĂȘme (Supremo Tribunal Federal) s’est penchĂ©e sur deux cas qui lui ont Ă©tĂ© soumis : l'un pour modifier la loi fĂ©dĂ©rale, l'autre sur la validitĂ© de la loi de l'État de SĂŁo Paulo. Finalement, la loi fĂ©dĂ©rale a Ă©tĂ© jugĂ©e inconstitutionnelle par cinq voix contre quatre. Il en fallait six pour que le texte soit rĂ©voquĂ©. Concernant le maintien de la loi de l'État de SĂŁo Paulo, le maintien de l'interdiction a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© par huit voix contre deux.

La dĂ©cision plonge ainsi le pays dans un vague juridique puisqu'en dehors de l'État de SĂŁo Paulo, l'utilisation de l'amiante n'est ni interdite ni autorisĂ©e.

Cinq autres actions concernant l'amiante sont encore sur le bureau de la Cour SuprĂȘme[122].

Actualisation : Une nouvelle dĂ©cision de la Cour SuprĂȘme (STF - Supremo Tribunal Federal) a jugĂ© comme Ă©tant inconstitutionnelle : l'extraction, l'industrialisation, la commercialisation et la distribution d'amiante au BrĂ©sil - Cette dĂ©cision a une valeur "erga omnes" la dĂ©cision est du 29 novembre 2017 STF - Notice informative - Interdiction amiante

Extrait du rĂ©sumĂ© officiel de la dĂ©cision : DecisĂŁo: O Tribunal julgou improcedente a ação direta, com a declaração incidental de inconstitucionalidade do art. 2Âș da Lei 9.055/1995, vencidos os Ministros Marco AurĂ©lio (Relator) e Luiz Fux, que julgavam procedente a ação, e vencido parcialmente o Ministro Alexandre de Moraes, que julgava improcedente a ação, sem declaração incidental de inconstitucionalidade do art. 2Âș da Lei 9.055/95.https://jurisprudencia.stf.jus.br/pages/search/sjur397317/false

Un recours est encore pendant (Embargo de declaração) et en cours de jugement sur le caractÚre "erga omnes"(à l'égard de tous) de la déclaration d'inconstitutionnalité. STF - Action Directe de Inconstitutionnalité 3937.

Dans une autre décision de type référé - Liminar RCL 36091, l'exportation d'amiante a été, par ailleurs, jugée comme étant inconstitutionnelle Notice informative STF - Interdiction exportation amiante

STF - ProcĂšs Rcl 36091

En Colombie

Depuis les accords de paix de La Havane (2016), les acteurs qui portent le combat contre l'amiante en Colombie ont obtenu plusieurs victoires et la Colombie entre dĂ©sormais dans un processus de renoncement Ă  l'exploitation, l'exportation et l'utilisation du minĂ©ral - mĂȘme s"il y a encore beaucoup de chemin Ă  faire[123].

International

La RĂ©union de Rome, en octobre 2008, n'a pas inscrit l'amiante chrysotile dans la liste des produits chimiques dangereux Ă©tablie par la Convention de Rotterdam. L'Inde, le Pakistan, le ViĂȘt Nam, les Philippines et le Canada se sont opposĂ©s Ă  cette inscription[118] - [124].

Filmographie

  • Les Sentinelles est un film documentaire français rĂ©alisĂ© par Pierre PĂ©zerat, sorti en 2017, qui retrace le combat judiciaire menĂ© par des ouvriers victimes[125] de l'amiante et un ouvrier agricole[126].

Notes et références

Notes

  1. Les deux mots, issus du grec (áŒ€ÎŒÎŻÎ±ÎœÏ„ÎżÏ‚ et ጄσÎČÎ”ÏƒÏ„ÎżÏ‚) via le latin (amiantus et asbestos), ne sont initialement pas synonymes, l'amiante ayant des fibres flexibles et l'asbeste des fibres rigides. La confusion remonterait, selon l'Oxford English Dictionary, Ă  Pline le Jeune.
  2. Exemple : peintures Tarpox vendues par Bitulac, contenant du chrysotile.
  3. Exemples : Compoflex, ou Bitumastic CF ou CFI vendus respectivement par la SCREG et Bitumastic, contenant — selon l'Institut national de recherche et de sĂ©curitĂ© (INRS) — du chrysotile (respectivement jusqu'en 1995 et 1991).
  4. Le tissage des suaires, selon une technique qui mĂȘle des fibres d'amiante aux fibres vĂ©gĂ©tales, permettait, une fois le linceul brĂ»lĂ©, de ne conserver que l'amiante et le corps restait sĂ©parĂ© des cendres. Cf Patrick De Wever, Annie CornĂ©e, Roches Ă  tout faire, EDP Sciences, , p. 32.
  5. « Il y a dans cette province une montagne oĂč l’on trouve [
] des salamandres [de l’amiante], dont on fait des Ă©toffes lesquelles Ă©tant jetĂ©es dans le feu ne sauraient ĂȘtre brĂ»lĂ©es. [
]. On trouve sur cette montagne certaine mine de terre, qui produit des filets ayant aspect de laine, lesquels Ă©tant dessĂ©chĂ©s au soleil sont pilĂ©s dans un mortier de cuivre ; ensuite on les lave, ce qui emporte toute la terre ; enfin ces filets ainsi lavĂ©s et purifiĂ©s sont filĂ©s comme de la laine, et ensuite on en fait des Ă©toffes. Et quand ils veulent blanchir ces Ă©toffes, ils les mettent dans le feu pendant une heure ; aprĂšs cela elles en sortent blanches comme neige et sans ĂȘtre aucunement endommagĂ©es. C’est de cette maniĂšre aussi qu’ils ĂŽtent les taches sur ces Ă©toffes, car elles sortent du feu sans aucune souillure. [
]. On dit qu’il y a Ă  Rome une nappe d’étoffe de salamandre, oĂč le suaire de Notre Seigneur est enveloppĂ©, de laquelle un certain roi des Tartares a fait prĂ©sent au souverain pontife », Marco Polo, in Le Devisement du monde, livre 1, chap. 47.
  6. « Une espÚce d'asbeste en tables plus ou moins épaisses & extérieurement semblables à du liÚge, qu'on trouve dans les Pyrénées, du cÎté de Campan, & en Languedoc vers AlÚs. Le liÚge fossile est trÚs-léger ; il est composé de fibres assez flexibles, d'un tissu lùche & qui se croisent irréguliÚrement. Les morceaux de cette espÚce d'asbeste sont poreux, comme fongueux, jaunes, brunùtres en dehors, blanchùtres en dedans, & contiennent des matiÚres hétérogÚnes qui les font entrer en une sorte de vitrification »

    — Article LiĂšge in Grand vocabulaire françois : contenant l'explication de chaque mot dans ses diverses acceptions grammaticales [
], par Guyot (Joseph Nicolas, M.), SĂ©bastien-Roch-Nicolas Chamfort, Ferdinand Camille Duchemin de la Chesnaye Ă©d., C. Panckoucke, 1768

  7. Flocage, calorifugeage, produits en poudre.
  8. Four, fer Ă  repasser, grille-pain
  9. VĂȘtements pour les personnes en contact direct avec le feu (pompier, sidĂ©rurgiste), joints, filtres, gaines et isolants Ă©lectriques.
  10. Freins, moquette, colle, joint, mastic, dalle de sol, peinture, revĂȘtement bitume ou rĂ©sine armĂ©e.
  11. Plaques ondulées, plaques planes, ardoises, tuyaux, jardiniÚres.
  12. avec présence de fibres dans les loges branchiales et dans le tissu des cténidies

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  109. Sébastien Chabas, Plan amiante : Création d'une commission pour sensibiliser les acteurs du BTP, Bati-Actu, 29 septembre 2016.
  110. La Loi Travail (du 8 aoĂ»t 2016) introduit dans le code du travail un nouvel article (L. 4412-2). Les conditions et modalitĂ©s de ce repĂ©rage sont fixĂ©es par un dĂ©cret du 9 mai 2017, entrant en vigueur au plus tard le et qui sera complĂ©tĂ© par des arrĂȘtĂ©s propres Ă  chaque secteur.
  111. Décret no 2017-34 du 13 janvier 2017 portant création de la commission d'évaluation des innovations techniques dans le domaine de la détection et du traitement de l'amiante dans le bùtiment.
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Voir aussi

Guides et ouvrages techniques

  • Éditions du Puits Fleuri, Amiante : guide pratique et juridique Ă  l'usage des propriĂ©taires, des employeurs, des maĂźtres d'Ɠuvre
, 2016 (ISBN 9782867395888).
  • Brassens, François et Touron, Michel, Guide technique de l'amiante dans les bĂątiments - Du dossier technique amiante aux travaux de retrait, Ă©ditions Le Moniteur, 2016 (ISBN 9782281116885).
  • Direction gĂ©nĂ©rale de la SantĂ© (DGS), Guide pratique : l'amiante dans les bĂątiments [PDF], 2015.
  • Brassens, François, CourrĂšges, Philippe et Touron, Michel, Le DĂ©samiantage des bĂątiments, Ă©ditions Le Moniteur, 2003 (ISBN 9782281112290).
  • Romero-Hariot, A., Eypert-Blaison, C. et Vincent, R., Amiante : recommandations pour vĂ©rifier le respect de la VLEP, 2013, HST (rĂ©sumĂ© et texte intĂ©gral) [PDF], 6 p.

Bibliographie

  • Francis Chateauraynaud et Didier Torny, Les sombres prĂ©curseurs : une sociologie pragmatique de l'alerte et du risque, Paris, Éd. de l'École des hautes Ă©tudes en sciences sociales, , 476 p. (ISBN 978-2-7132-1331-1).
  • Ferretti, Federico, Le procĂšs Eternit Ă  Turin. L’amiante au tribunal ou l’éternel rebondissement d’un dossier sanitaire, SocioInformatique et Argumentation, 5 dĂ©cembre 2011.
  • Roger Lenglet, Le livre noir de l'amiante : 50 000 procĂšs gagnĂ©s... Mais le scandale continue, Paris, Editions de l'Archipel, , 386 p. (ISBN 978-2-8098-2521-3).
  • Lenglet Roger, L'Affaire de l'amiante, 1996, La DĂ©couverte.
  • Gerson, M., Effets de l’amiante : le point en 2015, MĂ©decine, 2015, 11(3), 104-104.
  • LahondĂšre, D., Misseri, M. et Roy, X., Comprendre l’amiante par la gĂ©ologie, Revue gĂ©nĂ©rale des routes et de l'amĂ©nagement, USIRF, RGRA, no 224, dĂ©cembre 2014 et janvier 2015.
  • Maria Roselli (trad. de l'allemand par Marianne Enckell), Amiante et Eternit : Fortunes et forfaitures [« Die AsbestlĂŒge. Gesichte und Gegenwart einer Industriekatastrophe »], Lausanne, Éditions d'en bas, , 255 p. (ISBN 978-2-8290-0347-9, lire en ligne)
  • A. Dandrov, Dikeuss, P. Casters, J. M. Cordoba, F. Coicault, I. Dairin, K. Mirror, Lazoo, J.-F. MinĂ©ry, J.-F. Miniac, Unter, Amiante, Chronique d'un crime social, SeptiĂšme Choc Éditions, 2005.
  • BRGM, MĂ©mento roches et minĂ©raux industriels, Amiante, septembre 1997.
  • BRGM, MĂ©mento roches et minĂ©raux industriels, Amiante, novembre 1988.
  • Jean-Claude Devinck, Amiante. Trente ans de luttes institutionnelles : 1945-1977, « La santĂ© au travail », dir. Annie ThĂ©baud-Mony, La DĂ©couverte, 2012, p. 281-312.

Articles connexes

Vidéographie

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