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Actinote (minéral)

L'actinote est un minéral ferro-magnésien de la famille des silicates (groupe des amphiboles calciques). De formule chimique Ca2(Mg,Fe)5Si8O22(OH)2 avec des traces de Mn, Al, Na, K et Ti, l'actinote constitue les termes intermédiaires dans la série isomorphe qui va de la trémolite Ca2Mg5Si8O22(OH)2 à la rare ferro-actinote Ca2Fe5Si8O22(OH)2.

Actinote
Catégorie IX : silicates[1]
Image illustrative de l’article Actinote (minéral)
Actinote et calcite - Montijos Portugal (8 Ă— 7,5 cm)
Général
Numéro CAS 77536-66-4
Classe de Strunz
Classe de Dana
Formule chimique Ca2(Mg,Fe)5(OH,F)2(Si4O11)2
Identification
Couleur gris verdâtre, vert noirâtre, noir, vert grisâtre, blanc
Classe cristalline et groupe d'espace prismatique
C2/m
Système cristallin monoclinique
Réseau de Bravais Centré C
Clivage {110} facile, parfait {100}
Cassure irrégulière à conchoïdale
Habitus Lamellaire, prismatique, aciculaire
Échelle de Mohs 5.5 - 6
Trait blanc
Éclat vitreux à soyeux
Propriétés optiques
Indice de réfraction α=1,613-1,628
β=1,627-1,644
Îł=1,638-1,655
Biréfringence Δ=0,025-0,027 ; biaxe négatif
Dispersion 2 vz ~ 2 vz
Transparence Transparent, translucide Ă  opaque
Propriétés chimiques
Densité 2,9-3,3
Solubilité lentement soluble dans l'HCl, fond difficilement en donnant un verre gris-vert.
Propriétés physiques
Magnétisme aucun
Radioactivité aucune

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Inventeur et Ă©tymologie

La description a été faite par le minéralogiste Kirwan en 1794 sous le nom d'actynolite. Son nom vient du grec aktis, qui veut dire rayon et lithos = pierre en allusion à l'habitus fibreux et radié de ses cristaux[2]. Le terme actinote, sur la même étymologie, est de René Just Haüy[3].

Propriétés physiques

Le pourcentage de fer contenu dans les actinolites leurs confère une couleur verte, avec un éclat vitreux. De ce fait, sa couleur est le plus souvent vert bouteille avec des nuances allant du vert clair (faible quantité de fer) au vert foncé (fort pourcentage). Elle présente une dureté moyenne de 5,5 à 6 sur l'échelle de Mohs, et ne peut être rayée que par la lame d’un canif. Son poids, plutôt lourd, dépend également du pourcentage de fer. L'actinolite présente un clivage parfait selon le prisme vertical, avec deux angles de 120 ° et deux de 60 °. Cette caractéristique permet ainsi de la distinguer des pyroxènes, qui clivent eux aussi selon le prisme vertical mais avec des angles de 90 ° chacun.

  • Groupe spatial : C2/m
  • Paramètres de la maille conventionnelle : a = 9,891 Ă…, b = 18,2 Ă…, c = 5,31 Ă…, β = 104,64°
  • Ratio a:b:c = 0,543 : 1 : 0,292
  • Volume cellulaire : V = 924,85 Ă…3
  • Z = 2

Cristallochimie

L’actinote est une amphibole, donc un inosilicate à chaîne double. Les tétraèdres de silicium (SiO4), alternativement unis par deux de leurs trois sommets forment des réceptacles hexagonaux, pouvant contenir des groupes hydroxyles (OH) et des ions fluor. Les doubles chaînes, quant à elles, sont reliées par les ions de calcium, de magnésium ou de fer. Ces deux derniers éléments se substituent parfaitement en raison de leur diamètre relativement proche et de leur même degré d’oxydation. La substitution du magnésium et du fer donnera donc des variétés d’actinote. Une solution dépourvue de fer constituera le minéral trémolite, Ca2Mg5Si8O22(OH)2, tandis qu’une sans magnésium donnera de la ferroactinolite, Ca2Fe5Si8O22(OH)2.

Comme la majeure partie des amphiboles, l’actinote cristallise dans le système monoclinique en cristaux prismatiques allongés, pouvant atteindre 15 cm, sous forme d’agrégats aciculaires, radiés, colonnaires, en masses grenues, lamellaires, capillaires, microcristallins compacts et fibreux (asbeste).

Gîtologie

L’actinote est un produit de métamorphisme régional faible et moyen degrés ainsi que le métamorphisme de contact de roches basiques, dans les calcaires et les dolomies. Elle peut également provenir de roches volcaniques par transformation de l’augite ou de l’olivine, sous des conditions de haute pression et de faible température. L'actinote est aussi présente dans les roches intrusives fémiques, comme les gabbros, mais en tant que minéral secondaire, dérivé de l'altération de pyroxènes préexistants. C'est le cas de la smaragdite, dérivée de l'altération de l'augite (diallage).

Minéraux associés

L'actinote est commune dans les schistes verts et contribue, en association avec la chlorite, à leur couleur verte. On les trouve aussi en tant qu’inclusion dans les cristaux de quartz, ou dans les fentes alpines, associée à l'albite et l’épidote.

Synonymie

Galerie

  • Byssolite - VallĂ©e d'Aure France (8 Ă— 4 cm)
    Byssolite - VallĂ©e d'Aure France (8 Ă— 4 cm)
  • Byssolite - St Gotthard Suisse (6,6 cm)
    Byssolite - St Gotthard Suisse (6,6 cm)
  • Lame d'actinote - Mogok, Birmanie (4,9 Ă— 1,3 Ă— 0,4 cm)
    Lame d'actinote - Mogok, Birmanie (4,9 Ă— 1,3 Ă— 0,4 cm)

Variétés

  • Byssolite (Saussure[8]), variĂ©tĂ© Ă  fibres capillaires. Son nom signifie « barbe de pierre », liĂ©e Ă  la ressemblance Ă  des touffes d’herbes dressĂ©es. Ces fibres microscopiques les classifient dans la catĂ©gorie asbestes, variĂ©tĂ© d’amiante[9].
  • NĂ©phrite, variĂ©tĂ© compacte Ă  structure fibreuse. Il s’agit de l’un des deux minĂ©raux appelĂ©s jade. L’autre Ă©tant la jadĂ©ite.
  • Smaragdite, variĂ©tĂ© dont la couleur verte intense est liĂ©e Ă  la prĂ©sence de chrome. TrouvĂ©e en Autriche, en Italie et en Chine mais aussi en France Ă  La Roche, CĂ´tes-d'Armor[10] et Ă  Piedipartino, Piedicroce, Corte, Haute-Corse.

Gisements remarquables

Drapeau de l'Australie Australie

  • Moonta and Wallaroo

Drapeau de l'Autriche Autriche

Drapeau du Brésil Brésil

  • Bahia

Drapeau du Canada Canada

  • Mont Saint Hilaire, QuĂ©bec

Drapeau des États-Unis États-Unis

  • Chester, Windsor Co., Vermont; the French Creek Mine, Chester Co., Pennsylvania; Sanford, York Co., Maine; Hopland, Mendocino Co., California; and Pleasanton, Alameda Co., California)

Drapeau de la France France

Drapeau de l'Italie Italie

  • (PiĂ©mont, Lombardie, Haut-Adige, Ligurie)

Drapeau de la Norvège Norvège

  • Arendal

Drapeau du Portugal Portugal

Drapeau de la Suisse Suisse

  • Partie centrale du massif du St Gotthard, Leventina, Tessin

Utilisations

  • Fabrication d'armes et d'ustensiles durant la prĂ©histoire.
  • La variĂ©tĂ© fibreuse de l’actinolite a Ă©tĂ© utilisĂ©e dans l’industrie de l’amiante (bien que pour cet usage, on utilise majoritairement les fibres de serpentine). L’amiante Ă©tant nocif, l’actinolite n’est plus utilisĂ©e en tant qu’isolation, mais toujours dans la constitution de matĂ©riels rĂ©sistant au feu, ainsi que dans les garnitures et patins de freins.
  • Les granulats des enrobĂ©s pour le revĂŞtement des routes dans les travaux publics peuvent contenir de l'actinolite et quelquefois des traces d’« amiante actinolite », entrainant l’arrĂŞt des travaux avant la mise en place de prĂ©cautions particulières[14].
  • La nĂ©phrite Ă©tait autrefois considĂ©rĂ©e comme un remède infaillible contre les maladies rĂ©nales (son nom vient en effet du grec ancien « nephrĂ´s », signifie rein). On lui donne ce nom aussi Ă  cause des veines qui parfois la parcourent.
  • La nĂ©phrite est souvent utilisĂ©e en joaillerie en remplacement de la jadĂ©ite, beaucoup plus prĂ©cieuse. De plus, la nĂ©phrite majoritairement utilisĂ©e en Chine pour de l’ornement et des pièces religieuses, prĂ©sente une variation de couleur beaucoup plus importante que la jadĂ©ite, plus proche du crème que du vert.

Notes et références

  1. La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
  2. MINER Database von Jacques Lapaire - Minéraux et étymologie
  3. Traité de minéralogie. (Conseil des mines).Par René Just Haüy 1801 p. 76
  4. Traité de minéralogie, Volume 4 Par Armand Dufrénoy p. 385 1859
  5. Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle: Par Jacques Eustache de Sève p. 107 1819
  6. Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle p. 208 1819
  7. Théorie de la terre, Volume 2 Par Jean-Claude de La Métherie p. 357 1797
  8. Horace-Bénédict de Saussure, Voyages dans les Alpes, tome troisième, Louis Fauche-Borel, Neuchatel, 1796, p. 467 : « Mon fils [Nicolas Théodore] a écrit ſur ce foſſile, qu’il a nommé byſſolite, un mémoire qu’il a lu à la Société des Naturaliſtes Genevois, en 1792. »
  9. Alfred Des Cloizeaux, Manuel de minéralogie, 1862, p. 80
  10. C. Germain, J. L. Wimel, « Les Minéraux des amphibolites de la carrière de La Roche, commune de Calanhel (Côtes d'Armor) », Le Cahier des Micromonteurs, 1992, (4), 23-29
  11. A. Strasser: Die Minerale Salzburgs (1989)
  12. Roger De Ascenção Guedes, A. Casteret, J. C. Goujou, « Aperçu minéralogique de la vallée d'Aure, Hautes-Pyrénées », in Le Règne minéral, no. 47, 2002, p. 5-21
  13. Didier Descouens, « Les Mines de gypse d'Arnave et Arignac », in Monde et minéraux, no. 62, 1984, p. 16-17
  14. Olivier Baumann et Florent Lacas, « Amiante : l’actinolite empoisonne les TP », Le Moniteur Hebdo, 2 octobre 2014 (consulté le 14 octobre 2020).
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