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Dolomie

La dolomie est une roche sédimentaire carbonatée composée d'au moins 50 % de dolomite, un carbonate double de calcium et de magnésium, de composition chimique CaMg(CO3)2, qui cristallise en prismes losangiques (rhomboèdres). Son nom dérive de celui du géologue, minéralogiste et volcanologue français Déodat de Dolomieu, qui découvrit cette roche[1].

La dolomitisation est la formation de dolomie.

Gîtologie

La dolomie est donc une roche sédimentaire composée principalement de dolomite (entre 50 et 100 %) et de calcite, qui n'ont pas la même densité (dolomite : 2,87 ; calcite : 2,71), jouant un rôle fondamental dans l'érosion de la roche.

Elle n'est pas effervescente à froid avec l'acide chlorhydrique dilué à 10 % comme le calcaire. La dolomie est insensible à la cryoclastie, et n'a donc pas subi les gels du quaternaire.

Son nom, donné par Nicolas Théodore de Saussure en 1796, vient de l'espèce minérale dominante : la dolomite et, au-delà, au géologue et naturaliste français Déodat Gratet de Dolomieu, qui l’analysa le premier à la fin du XVIIIe siècle[2].

Selon la genèse des dolomies on distingue :

  • les dolomies primaires issues de la prĂ©cipitation de dolomite dans des lagunes cĂ´tières des pays chauds. La prĂ©cipitation directe de dolomite a longtemps Ă©tĂ© mise en question, considĂ©rant qu'il ne se formait plus de dolomite Ă  la surface de globe. Entre 1909 et 1987, la thèse du gradualisme conduisait mĂŞme la communautĂ© gĂ©ologique mondiale Ă  accepter le fait que le taux de dĂ©pĂ´t de dolomite Ă©tait en diminution constante. Cette hypothèse a Ă©tĂ© profondĂ©ment bousculĂ©e Ă  la suite des travaux effectuĂ©s par Judith McKenzie et Crisogno Vasconcelos sur la base de nouvelles analyses effectuĂ©es en 1987[3]. Ces deux chercheurs ont mis en Ă©vidence que la dolomite se formait dans des rĂ©gions hostiles Ă  toute forme de vie : ariditĂ©, pression, salinitĂ©, anaĂ©robie, telles que la rĂ©gion sabkha sur la cĂ´te de la TrĂŞve du Golfe Persique, Ă  Abu Dhabi, ou dans le Laggoa Vermelha, un petit lagon cĂ´tier près de Rio de Janeiro sur lequel Vasconcelos travailla pour son doctorat. Ă€ partir du prĂ©lèvement de carottes sĂ©dimentaires, il dĂ©montra la prĂ©sence concomitante de dolomite et de bactĂ©ries susceptibles de rĂ©duire le sulfate. Avec l'aide de l'Idaho National Engineering Laboratories et de l'Eidgenössische Technische Hochschule, il obtint une image secondaire de microscope Ă©lectronique Ă  balayage montrant des grains de quartz couverts d'une couche "qui semblait ĂŞtre colonisĂ©e par des nanobactĂ©ries sous-sphĂ©riques."[4]. Ce qui les menaient Ă  conclure que « prises ensemble, nos analyses fournissent une preuve concluante que la production bactĂ©rienne de la dolomite peut ĂŞtre rĂ©alisĂ©e dans des conditions anoxiques Ă  basse tempĂ©rature dans un temps relativement bref ». Ă€ partir de ces travaux, d'autres chercheurs tels Robert Folk, se sont alors emparĂ©s de cette dĂ©couverte pour asseoir l'existence des nanobactĂ©ries[5]. Ainsi, au moment mĂŞme oĂą le mythe de la formation de la dolomite trouvait une rĂ©solution possible, il reprĂ©cipitait immĂ©diatement sous la forme des nanotubes qui devenaient une nouvelle hypothèse Ă  prouver pour la communautĂ© scientifique.
  • Les dolomies secondaires issues du remplacement d'une partie de la calcite par de la dolomite lors du processus de diagenèse (dolomitisation). Au cours de ce processus, le carbonate de calcium (CaCO3) est transformĂ© en carbonate double de calcium et de magnĂ©sium par remplacement de la moitiĂ© des ions Ca2+ par des ions Mg2+.
Dolomie à Mourèze, Hérault, France.

La dolomie est le nom donné en français à une roche composée d'au moins 50 % de dolomite. La langue anglaise ne différencie que très rarement les deux et seul le terme dolomite est généralement utilisé, même si le vocable dolostone existe toutefois.

Calcaires dolomitiques et dolomies sont généralement plus poreux et perméables que les calcaires, et sont donc des cibles dans l'exploration pétrolière. Près de 70 % des réservoirs pétroliers carbonatés du globe concernent des dolomies ou calcaires dolomitiques.

Gisement

Le magnésium étant bien moins soluble que le calcium, la dissolution produit une érosion différentielle à l'origine de reliefs ruiniformes (dédales de couloirs et de pinacles)[6]. On trouve ainsi de grandes formations de dolomie dans les paysages ruiniformes du Trias des Alpes, notamment les Dolomites dans le nord de l'Italie, ou dans les forêts de pierre dans les plaines de corrosion en Chine du sud.

On observe aussi ces paysages sur les causses (Larzac par exemple) dont certains sont fameux : le cirque de Mourèze dans l'Hérault, Montpellier-le-Vieux sur le causse Noir, ou encore Nîmes-le-Vieux sur le causse Méjean ; il s'agit de lapiaz géants creusés par l'érosion dans la dolomie, véritables labyrinthes de rocs dont certains affectent parfois des formes excentriques: arches, silhouettes anthropomorphes, visages, etc.

Les massifs provençaux : Alpilles aux Baux-de-Provence ; massif de l'Étoile : Pilon du Roi, montagne du Baou Traouquas, massif de la Sainte-Baume localement au massif secondaire de la Lare ; plateau d'Agnis et de Siou Blanc, montagne de la Loube, Barre de Cuers, Gros Bessillon, etc.

Le long de la Meuse, en Belgique, et plus particulièrement dans le Namurois, à Marche-les-Dames.

Synonymie

  • Ridolphite[7]
  • Calcaire dolomitique
  • Calcaire magnĂ©sien
  • Chaux dolomitique
  • Chaux magnĂ©sienne
  • Pierre du Levant

Végétation associée

La végétation sur sol dolomitique se caractérise par la présence de plantes calcicoles comme le ciste de Montpellier dans le sud de la France.

Exploitation et utilisation

Les dolomies, constituées de carbonate de calcium et de magnésium, sont utilisées en tant que charge minérale dans de nombreuses applications: peintures et enduits, élastomères, papiers et revêtements de sol.

Elle est encore très utilisée en agriculture et en jardinage pour amender les sols acides ou pour retarder la formation de mousse (le sulfate de fer utilisé le plus souvent par les jardiniers amateurs acidifie encore plus le sol)

  • Cirque de Mourèze, HĂ©rault, France.
    Cirque de Mourèze, Hérault, France.
  • Cirque de Mourèze, HĂ©rault, France.
    Cirque de Mourèze, Hérault, France.
  • Cirque de Mourèze, HĂ©rault, France.
    Cirque de Mourèze, Hérault, France.
  • Montagne de la Loube, Var, France.
    Montagne de la Loube, Var, France.
  • Le Rajal del Gorp sur le causse du Larzac, Millau, Aveyron, France.
    Le Rajal del Gorp sur le causse du Larzac, Millau, Aveyron, France.
  • Arche du Valat Nègre sur le causse noir, La Roque-Sainte-Marguerite, Aveyron, France.
    Arche du Valat Nègre sur le causse noir, La Roque-Sainte-Marguerite, Aveyron, France.

Notes et références

  1. « DOLOMITE : Etymologie de DOLOMITE », sur www.cnrtl.fr (consulté le )
  2. Michard 1969, p. 4.
  3. McKenzie Judith A., 1991. "The dolomite problem : an outstanding controversy", in D. W. MĂĽller, J. A. McKenzie, H. Weissert (eds.), Controversies in modern geology, Academic press, Londres
  4. Vasconcelos Crisogno, McKenzie Judith A., 1997. "Microbial mediation of modern dolomitic precipitation and diagenesis under anoxic conditions, Lagoa Vermelba, Rio de Janeiro, Brazil" in Journal of sedimentary research, 67, p. 378-390.
  5. Sillitoe Richard H., Folk Robert L., Saric NicolĂ , 1996. "Bacteria as mediators of copper sulfide enrichlent during weathering", in Science, 272, p. 1153-1155.
  6. François Saur, Géographie physique, Presses Universitaires de France, , p. 203
  7. Manuel de Minéralogie Par Alf Louis Olivier Legrand Des Cloizeaux p. 136 2009

Voir aussi

Bibliographie

  • [Michard 1969] AndrĂ© Michard, « Les dolomies. Une revue », Sciences GĂ©ologiques, bulletins et mĂ©moires, vol. 22, no 1 « Les Dolomies. Une revue »,‎ , p. 3-92 (lire en ligne [sur persee], consultĂ© en ). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Articles connexes

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