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Macrophage

Les macrophages (du grec macro-, gros et -phagein, manger) sont des cellules appartenant aux globules blancs, qui sont définis historiquement par leur capacité de phagocytose. Ce sont des grosses cellules arrondies avec un noyau excentré et des vacuoles dans leur cytoplasme. Ils ont deux origines : certains macrophages ont une origine embryonnaire et résident dans les tissus tout au long de la vie de l'individu, d'autres proviennent de la différenciation de leucocytes sanguins circulants, les monocytes.

Un macrophage de souris avec deux grands prolongements cytoplasmiques.

Les macrophages sont des phagocytes et sont donc capables de phagocytose. Leur rÎle principal est de phagocyter les débris cellulaires et les agents pathogÚnes. La reconnaissance de motifs microbiens par les récepteurs situés à la surface des macrophages conduit à la phagocytose et à la destruction des agents infectieux, par le processus d'explosion oxydative (oxidative burst en anglais) et la production de radicaux libres de l'oxygÚne. Les macrophages produisent également des chimiokines, permettant le recrutement d'autres cellules sur le site de l'infection.

Comme les cellules dendritiques, ils sont capables de se comporter comme des cellules prĂ©sentatrices d'antigĂšne. Ils participent Ă  l’immunitĂ© innĂ©e en tant que dĂ©fense non spĂ©cifique, mais sont capables de participer Ă  l’immunitĂ© adaptative via le phĂ©nomĂšne d’opsonisation.

Ils ont Ă©tĂ© dĂ©couverts par le biologiste russe Elie Metchnikoff en 1883. Leur nom provient du grec : « gros mangeur », ÎŒÎŹÎșÏÎżÏ‚, makros = grand et Ï†Î±ÎłÎ”áż–Îœ, phagein = manger.

Origine duale des macrophages : origine embryonnaire ou origine monocytaire

La plupart des macrophages résidents des tissus sont des macrophages embryonnaires. Ils dérivent directement de cellules de la vésicule vitelline sans passer par un état monocytaire et sont capables d'auto-renouvellement et de maintenance indépendamment des monocytes[1].

Les macrophages de la lignĂ©e monocytaire (ou macrophages monocytaires) ont Ă©tĂ© davantage Ă©tudiĂ©s pour des raisons pratiques. Ils sont diffĂ©renciĂ©s Ă  partir des monocytes, qui sont des phagocytes sanguins, eux-mĂȘmes dĂ©rivĂ©s de la moelle osseuse. Quand un monocyte infiltre un tissu en traversant l’endothĂ©lium vasculaire par diapĂ©dĂšse, il subit sa diffĂ©renciation terminale pour devenir un macrophage. Les monocytes, puis les macrophages sont attirĂ©s vers le lieu d’une inflammation par chimiotactisme. Les signaux d’appel sont constituĂ©s de diffĂ©rents stimuli, dĂ©rivĂ©s de cellules endommagĂ©es (par nĂ©crose ou apoptose), de pathogĂšnes, et de produits libĂ©rĂ©s par les cellules prĂ©sentes au site : l’histamine relarguĂ©e par les mastocytes et les granulocytes basophiles, et des chimiokines et cytokines libĂ©rĂ©es par des macrophages.

Contrairement aux granulocytes neutrophiles, qui sont les cellules phagocytaires prĂ©sentes le plus vite au lieu de l’inflammation et qui ne vivent que quelques jours, la durĂ©e de vie d’un macrophage va de plusieurs mois Ă  des annĂ©es. Au cours du temps, on a un remplacement de la plupart des macrophages embryonnaires par des macrophages d'origine monocytaire. Ce remplacement n'est pas observable pour la microglie, une population de macrophage embryonnaire qui peuple le systĂšme nerveux central.

Phénotypes

Les macrophages peuvent se définir par les marqueurs membranaires CSF1R et CD64.


Ils interagissent grùce à la présence de plusieurs types de récepteurs : les récepteurs PAMP et DAMP, les récepteurs opsioniques, les récepteurs cytokinétiques et chimiokinétique, les récepteurs de signalisation, les récepteurs d'adhésivité cellulaire et des récepteurs modulant leur activé par un rétrocontrÎle négatif. L'existence de deux catégories de macrophages nommées M1 et M2 a été proposée depuis les années 2000[2]. Les M1 sont impliqués dans la destruction des agents pathogÚnes. Les M2 sont impliqués dans la réparation et cicatrisation cellulaire. Cette différenciation se fait par une dégradation différente de l'arginine en oxyde nitrique dans le cas de M1 et en ornithine dans le cas de M2[2]. Toutefois, cette distinction ne semble appropriée que dans des modÚles in vitro. L'hétérogénéité des populations de macrophages dans les modÚles in vivo suggÚrent que cette distinction est artificielle et ne traduit pas une réelle dichotomie dans les fonctions des macrophages.

Les macrophages forment une population "plastique" : ils peuvent changer d'un phénotype à l'autre in vivo. On parle de polarisation des macrophages pour désigner le processus par lequel les macrophages exhibent un phénotype spécifique et une réponse fonctionnelle aux stimuli du microenvironnement et aux signaux rencontrés par les macrophages dans des tissus spécifiques[3].

Fonctions

La fonctions des macrophages est spĂ©cifiques des tissus considĂ©rĂ©s : il est dĂ©licat de leur attribuer une fonction gĂ©nĂ©rale. Si on doit catĂ©goriser les fonctions des macrophages, elles peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme Ă©tant des fonctions immunitaires ou des fonctions homĂ©ostatiques.

Phagocytose

Un des rĂŽles principaux des macrophages est le nettoyage de corps nĂ©crotiques et de corps apoptotiques, de dĂ©bris et de poussiĂšres dans le cas des poumons. L’élimination des cellules mortes est importante dans le cadre des phases prĂ©coces de l’inflammation chronique. Cette Ă©limination est dominĂ©e par l’action des granulocytes neutrophiles, qui seront eux-mĂȘmes phagocytĂ©s par les macrophages une fois vieillis (voir CD31 pour plus de dĂ©tails).

L’élimination de la poussiĂšre et des tissus nĂ©crotiques est prise en charge Ă  une plus grande Ă©chelle (hors inflammation), par des macrophages rĂ©sidents qui restent Ă  des endroits stratĂ©giques comme les poumons, le foie, les tissus nerveux, les os, la rate et les tissus conjonctifs, et qui digĂšrent les particules Ă©trangĂšres comme la poussiĂšre et les dĂ©bris, mais aussi les pathogĂšnes, recrutant en cas de besoin des monocytes circulants pour leur diffĂ©renciation locale en macrophages tissulaires.

Lorsqu’un macrophage ingĂšre un pathogĂšne, la vĂ©sicule intracellulaire formĂ©e est nommĂ©e phagosome. Elle va fusionner avec un lysosome. Les enzymes lysosomiales et les radicaux libres de l’oxygĂšne (notamment l’hypochlorite) vont tuer et digĂ©rer l’intrus. Cependant, certains organismes peuvent rĂ©sister Ă  ce processus et survivre dans le macrophage, comme Mycobacterium tuberculosis ou les Leishmania. Un macrophage peut digĂ©rer une centaine de bactĂ©ries avant de succomber lui-mĂȘme Ă  ses propres enzymes de digestion.

Présentation de l'antigÚne

AprĂšs avoir digĂ©rĂ© un pathogĂšne, un macrophage peut se comporter en cellule prĂ©sentatrice d'antigĂšne, c’est-Ă -dire prĂ©senter un antigĂšne de maniĂšre Ă  stimuler un lymphocyte T spĂ©cifique. La stimulation lymphocytaire par un macrophage est moindre que celle induite par une cellule dendritique, mais les macrophages sont capables de prĂ©senter des antigĂšnes associĂ©s aux molĂ©cules du complexe majeur d'histocompatibilitĂ© de classe deux, et donc de stimuler des lymphocytes CD4+.

Une immunisation se traduit Ă©galement par la production d'anticorps dirigĂ©s contre les antigĂšnes immunisants. Ces anticorps vont se lier aux antigĂšnes de surface des pathogĂšnes. Certains isotypes sont opsonisants, c'est-Ă -dire qu’il existe sur les phagocytes des rĂ©cepteurs spĂ©cifiques des fragments constants des chaĂźnes lourdes des anticorps. (Dans le cas des IgG (immunoglobuline d'isotype G), ce sont les CD16, CD32 et CD64.) Les macrophages possĂšdent ce type de rĂ©cepteurs et la liaison d’un complexe immun Ă  ces rĂ©cepteurs dĂ©clenche la phagocytose. Ainsi, un pathogĂšne qui sera invisible aux yeux d’un macrophage deviendra visible une fois opsonisĂ©.

Production et libération de cytokines

Les macrophages sont capables de sécréter un grand nombre de cytokines comme l'interleukine 1 (IL-1), l'interleukine 6 (IL-6), le facteur nécrosant des tumeurs (TNF-α). Ils participent de façon active au recrutement des autres cellules de l'immunité innée.

In vitro, les macrophages M1 activĂ©s libĂšrent des cytokines pro-inflammatoires dont le TNF-α, l'IL-1α, l'IL-1ÎČ, l'IL-6, l'IL-12, l'IL-18 et l'IL-23. Ils produisent de l'oxyde nitreux (NO), des espĂšces rĂ©actives de l'oxygĂšnes (ROS) et des espĂšces rĂ©actives de l'azote (RNS). Ils expriment Ă©galement des rĂ©cepteurs aux chimiokines (CCR1 et CCR5).

In vitro, les macrophages M2 activĂ©s libĂšre plutĂŽt des cytokines de rĂ©solution de l'inflammation comme l'IL-10 ou le TGF-ÎČ.

Fonctions homéostatiques

Les macrophages jouent un rÎle important au niveau de la peau qui est un organe important pour l'immunité[4]. Ils[5] stimulent également les cellules impliquées dans la cicatrisation ou la régénération du derme[6] (et un défaut de cette fonction de réparation peut conduire à des phénomÚnes inflammatoires et au cancer[7]). Les macrophages peuvent aussi stimuler les cellules souches des follicules pileux qui produisent poils et cheveux[8] via des signaux moléculaires émis par les macrophages et reçus par les cellules souches du follicule pileux au repos (HF-SCs).

Un type particulier de macrophages, les ostéoclastes, sont responsables de l'homéostasie tissulaire dans l'os. Ils jouent un rÎle de contrÎle de la quantité d'os fabriqué.

Certains macrophages résidents des poumons libÚrent le surfactant pulmonaire.

Implication en pathologie humaine

Les macrophages contribuent de façon importante dans la progression de maladies inflammatoires comme le diabÚte, le cancer, et l'athérosclérose. Parmi leur rÎles en pathologie humaine :

  • les macrophages associĂ©s aux tumeurs qui sont prĂ©sents dans le micro-environnement tumoral semblent jouer un rĂŽle ambigu dans la progression tumorale et l'immunosuppression ;
  • les macrophages sont capables de stocker les lipides anormaux. Ils constituent les plaques d'athĂ©rosclĂ©rose et portent alors le nom de cellules spumeuses ;
  • les macrophages expriment les molĂ©cules CD4 et CCR5, ce qui les rend infectables par les souches macrotropes du VIH. En pratique, l'infection au VIH lors d'une contamination sexuelle passe par les macrophages ;
  • la formation du granulome inflammatoire dĂ©pend des macrophages.

Macrophages résidents

La majoritĂ© des macrophages (en situation non inflammatoire) rĂ©sident Ă  des endroits stratĂ©giques du corps. Ils sont ainsi prĂ©sents aux endroits les plus susceptibles d’invasion microbienne ou d’accumulation de dĂ©bris de toutes sortes.

Les macrophages portent un nom différent selon leur localisation :

Notes et références

  1. (en) Luke C Davies, Stephen J Jenkins, Judith E Allen et Philip R Taylor, « Tissue-resident macrophages », Nature Immunology, vol. 14, no 10,‎ , p. 986–995 (ISSN 1529-2908 et 1529-2916, PMID 24048120, PMCID PMC4045180, DOI 10.1038/ni.2705, lire en ligne, consultĂ© le )
  2. (en) Charles D. Mills, Kristi Kincaid, Jennifer M. Alt et Michelle J. Heilman, « M-1/M-2 Macrophages and the Th1/Th2 Paradigm », The Journal of Immunology, vol. 164, no 12,‎ , p. 6166–6173 (ISSN 0022-1767 et 1550-6606, PMID 10843666, DOI 10.4049/jimmunol.164.12.6166, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. (en) Abbas Shapouri‐Moghaddam, Saeed Mohammadian, Hossein Vazini et Mahdi Taghadosi, « Macrophage plasticity, polarization, and function in health and disease », Journal of Cellular Physiology, vol. 233, no 9,‎ , p. 6425–6440 (ISSN 0021-9541 et 1097-4652, DOI 10.1002/jcp.26429, lire en ligne, consultĂ© le )
  4. Di Meglio P, Perera GK, Nestle FO (2011) The multitasking organ: recent insights into skin immune function. Immunity 35: 857–869. doi: 10.1016/j.immuni.2011.12.003.
  5. Castellana D, Paus R, Perez-Moreno M (2014), Macrophages Contribute to the Cyclic Activation of Adult Hair Follicle Stem Cells ; PLoS Biol 12(12): e1002002. doi:10.1371/journal.pbio.1002002 (article publiée sous licence ouverte CC BY 4.0.
  6. Gurtner GC, Werner S, Barrandon Y, Longaker MT (2008) Wound repair and regeneration. Nature 453: 314–321. doi: 10.1038/nature07039.
  7. Coussens LM, Werb Z (2002) Inflammation and cancer. Nature 420: 860–867. doi: 10.1038/nature01322 .
  8. Gay D, Kwon O, Zhang Z, Spata M, Plikus MV, et al. (2013) Fgf9 from dermal gammadelta T cells induces hair follicle neogenesis after wounding. Nat Med 19: 916–923. doi: 10.1038/nm.3181.

Voir aussi

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