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Cellule dendritique

Les cellules dendritiques sont des cellules du système immunitaire présentes au niveau des muqueuses, et qui sont donc parmi les premières cellules exposées à l'environnement extérieur. Elles sont présentes dans l'épiderme (où elles sont appelées cellules de Langerhans), dans les poumons, et dans l'intestin.

Représentation d'une cellule dendritique

Elles résident dans les tissus à l’état immature, et ont une morphologie très variée, qui présentent dans certaines conditions, comme leur nom l'indique, des dendrites (des prolongements cytoplasmiques).

Les cellules dendritiques jouent un rôle essentiel dans la présentation antigénique et l'activation de l'immunité adaptative. Elles font partie du système phagocytaire mononucléaire, cellules présentatrices d'antigènes. Les cellules dendritiques ont deux fonctions principales :

Différents sous-types de cellules dendritiques

Il existe de nombreuses sous-populations identifiées. Beaucoup le sont chez la souris mais il n’y a pas forcément de correspondance avec l’homme. Les cellules dendritiques peuvent se différencier en divers sous-types : cellules dendritiques plasmacytoïdes, précurseurs de cellules dendritiques qui ne présentent pas d’emblée les caractéristiques morphologiques et fonctionnelles des cellules dendritiques, etc.

Cellules dendritiques conventionnelles

  • Les cellules dendritiques migratoires correspondent au modèle classique des cellules dendritiques. Elles rĂ©sident Ă  l’état basal en pĂ©riphĂ©rie. Ă€ la suite de la phagocytose d’une particule antigĂ©nique et/ou Ă  la rĂ©ception de signaux de danger, elles migrent vers les ganglions lymphoĂŻdes secondaires via les vaisseaux lymphatiques. Elles arrivent Ă  maturitĂ© dans les organes lymphoĂŻdes oĂą elles prĂ©sentent l’antigène aux lymphocytes T naĂŻfs. C'est le cas par exemple des cellules de Langerhans et des cellules dendritiques des muqueuses.
  • Les cellules dendritiques rĂ©sidentes des organes lymphoĂŻdes (oĂą elles se trouvent normalement Ă  l’état immature) collectent et prĂ©sentent les antigènes du soi ou Ă©trangers au sein mĂŞme des organes lymphoĂŻdes. Il s'agit par exemple de la plupart des cellules dendritiques du thymus, de la rate, etc.

Cellules dendritiques plasmacytoĂŻdes

Ce sont des cellules circulantes, rondes et sans dendrites à l’état basal, mais qui se développent en cellules dendritiques conventionnelles après activation. Elles sont donc capables de présenter l’antigène. Elles sont appelées « précurseurs plasmacytoïdes de cellules dendritiques » lorsqu’elles sont à l’état immature. Après stimulation par un antigène viral en général, elles produisent une grande quantité d'interférons de classe I. Ces cellules sont essentiellement impliquées dans la réponse anti-virale et dans les désordres auto-immuns.

Cellules dendritiques inflammatoires

Ce sont des cellules recrutées dans les tissus à la suite d'une inflammation ou d'une infection. Elles ne sont pas présentes à l’état de repos. Elles seraient principalement issues de la différenciation des monocytes du sang.

Activation des cellules dendritiques

Les cellules dendritiques jouent un rôle important dans l’initiation des réponses immunes adaptatives et dans l’induction de la tolérance périphérique. Elles possèdent deux propriétés essentielles :

  • capture de l’antigène et prĂ©sentation aux lymphocytes T naĂŻfs ;
  • intĂ©gration des signaux de la pĂ©riphĂ©rie permettant l’orientation des lymphocytes T vers un Ă©tat de diffĂ©renciation Th1, Th2, T rĂ©gulateur, etc.

Signaux inducteurs de la maturation et capture de l'antigène

En périphérie, les cellules dendritiques immatures détectent la présence de signaux inflammatoires et de motifs moléculaires associés aux pathogènes. Cette reconnaissance se fait par des récepteurs particuliers qui sont les récepteurs de reconnaissance de motifs moléculaires comme les récepteurs de type Toll. La réception de ces signaux constituant des signaux de maturation, provoque une augmentation transitoire de l’activité phagocytaire : l'antigène est alors internalisé (phagocytose, macropinocytose) et dégradé afin d'être présenté sous forme de peptides sur le complexe majeur d'histocompatibilité (CMH). Les différentes sous-populations de cellules dendritiques ne portent pas les mêmes récepteurs, ce qui leur permet de réagir à certains types de signaux.

Maturation des cellules dendritiques

À la suite de la capture de l'antigène, les cellules dendritiques subissent un processus de maturation caractérisé par :

  • un changement de morphologie dĂ» Ă  la rĂ©organisation du cytosquelette et permettant la motilitĂ© de la cellule ainsi qu'une interaction accrue avec les lymphocytes ;
  • une perte de la capacitĂ© Ă  phagocyter (baisse du niveau d’expression de molĂ©cules impliquĂ©es dans ce processus) ;
  • l’augmentation de la capacitĂ© Ă  prĂ©senter efficacement l'antigène (augmentation de l'expression du CMH et des molĂ©cules de costimulation telles que CD80, CD86, CD40 ; sĂ©crĂ©tion de cytokines) ;
  • l’acquisition de capacitĂ©s migratoires, liĂ©es Ă  la modification de l'expression en surface des rĂ©cepteurs des chimiokines, notamment du rĂ©cepteur CCR7 qui entraine la migration par chimiotactisme vers les organes lymphoĂŻdes secondaires.

Activation des lymphocytes T naĂŻfs

Les cellules dendritiques à maturité activent les lymphocytes T naïfs par trois signaux simultanés :

  • les molĂ©cules du CMH chargĂ©es en peptide antigĂ©nique engagent le rĂ©cepteur des cellules T des lymphocytes T naĂŻfs conventionnels, ce qui dĂ©clenche une signalisation intracellulaire ;
  • il y a transmission d’un signal de costimulation (ou signal de danger) ;
  • la sĂ©crĂ©tion de cytokines.

Les trois signaux sont nécessaires à la pleine activation des lymphocytes.

Polarisation de la réponse immune

En fonction des signaux captés en périphérie, les cellules dendritiques peuvent sécréter différentes cytokines qui orienteront les lymphocytes T vers un profil de différenciation spécifique :

  • rĂ©ponse Th1 : en rĂ©ponse Ă  la sĂ©crĂ©tion d'IL-12 par les cellules dendritiques, les cellules T CD4+ naĂŻves se diffĂ©rencient en cellules Th1 productrices d'IFN-Îł. Ces cellules assurent plusieurs fonctions associĂ©es Ă  la toxicitĂ© et aux rĂ©actions inflammatoires locales. Ceci explique leur importance pour combattre les pathogènes intracellulaires tels que les virus, les bactĂ©ries et les parasites ;
  • rĂ©ponse Th2 : la rĂ©ponse Th2 ou rĂ©ponse Ă  mĂ©diation humorale repose principalement sur l'activitĂ© effectrice des anticorps, sĂ©crĂ©tĂ©s par des plasmocytes. Les lymphocytes Th2 coopèrent avec les lymphocytes B et favorisent leur diffĂ©renciation en plasmocytes, la maturation d'affinitĂ© des immunoglobulines et la commutation de classe. La diffĂ©renciation Th2 des lymphocytes T apparait d’abord comme une rĂ©ponse par dĂ©faut. En effet, l’initiation de cette diffĂ©renciation pourrait reposer essentiellement sur l’absence de cytokines de la famille des IL-12. Les cellules de types NKT sont capables de produire des quantitĂ©s importantes d’IL-4 indispensable Ă  cette diffĂ©renciation. Les lymphocytes produisent Ă©galement, au cours de cette diffĂ©renciation Th2, de l’IL-13, IL-5 et IL-10 ;
  • rĂ©ponse Treg : c’est une rĂ©ponse rĂ©gulatrice au cours de laquelle les lymphocytes T naĂŻfs se diffĂ©rencient en T rĂ©gulateurs spĂ©cifique d’un antigène et dĂ©veloppent une activitĂ© inhibitrice de la rĂ©ponse Ă  cet antigène. L’orientation vers un phĂ©notype rĂ©gulateur est provoquĂ©e par la sĂ©crĂ©tion de l’IL-10 et du TGF-β par la cellule dendritique. Ce type de rĂ©ponse est essentiel dans le maintien de la tolĂ©rance immunitaire pĂ©riphĂ©rique ;
  • il existe d'autres profils de diffĂ©renciation des lymphocytes T (Th17, Th9, etc.) Ă©galement initiĂ©s par les cellules dendritiques mais qui sont encore mal caractĂ©risĂ©s.

Applications thérapeutiques des cellules dendritiques

Les cellules dendritiques peuvent être tolérogènes lorsqu'elles activent des lymphocytes T régulateurs.

Étant donné la position-clé des cellules dendritiques dans l'initiation des réponses immunitaires spécifiques, leur manipulation est envisageable à des fins thérapeutiques. Dans le cas des maladies auto-immunes, il s'agirait de provoquer une réponse tolérogène des cellules dendritiques aux antigènes du soi. Dans une optique d'immunothérapie du cancer, au contraire, leur stimulation ex vivo par des antigènes tumoraux permettrait d'induire une réponse immunitaire anti-tumorale.

Notes et références

    Liens internes

    Bibliographie

    • Janeway, Travers, Walport, Shlomchik, Immunbiologie, 2e ed., De boeck, 2003.
    • NoĂ«lle Genetet, Immunologie, 4e ed, EM Inter, 2002.
    • David Male, Jonathan Brostoff, David B. Roth, Ivan Roitt, Immunologie, ed Elsevier, 2007.
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