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Chrysotile

Le chrysotile est un nom générique qui recouvre trois espÚces minérales polytypes : le clinochrysotile, l'orthochrysotile, et le parachrysotile. Ils font partie du groupe des silicates, dans le sous-groupe des phyllosilicates [2].

Chrysotile
Catégorie IX : silicates[1]
Image illustrative de l’article Chrysotile
Chrysotile
Général
Classe de Strunz
Classe de Dana
Formule chimique (Mg)3Si2O5(OH)4
Identification
Couleur blanc, vert, jaunùtre ou doré
SystĂšme cristallin monoclinique
Clivage parfait
Cassure aucune
Habitus fibreux
Échelle de Mohs 2-3
Éclat rĂ©sineux, soyeux Ă  gras
Propriétés optiques
Indice de réfraction nα = 1,569
nÎł = 1,570
Biréfringence Ύ = 0,001, biaxial
Propriétés chimiques
Densité 2,6
Propriétés physiques
Magnétisme aucun
Radioactivité aucune

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Caractéristiques physiques et utilité

Le chrysotile est un minĂ©ral fibreux ininflammable et imputrescible, flexible, rĂ©sistant Ă  la plupart des produits chimiques et qui possĂšde une contrainte de rupture Ă©levĂ©e. Cette combinaison unique de propriĂ©tĂ©s en fait une matiĂšre extrĂȘmement utile qui a constituĂ©, durant de nombreuses dĂ©cennies, un composant principal des produits lĂ©gers en ciment renforcĂ©, des matĂ©riaux de friction, des joints et garnitures Ă  haute tempĂ©rature et d'une quantitĂ© d'autres applications. Le chrysotile reprĂ©sente 94 % du marchĂ© mondial de l'amiante dont il est un trĂšs important reprĂ©sentant mais pas un synonyme.

Historique

On connaĂźt le chrysotile depuis plus de 2 000 ans. Il a Ă©tĂ© d'abord employĂ© dans les tissus d'incinĂ©ration, les mĂšches de lampes Ă  huile et dans d'autres matiĂšres textiles. Mais c'est seulement au cours du XIXe siĂšcle que l'extraction du chrysotile Ă  des fins commerciales a commencĂ© en Oural (Russie), en Italie et au Canada.

Synonymie

  • Amiante blanc

Étymologie

Vient du grec signifiant fibre ou cheveu d'or de χρυσός or et Ï„áż–Î»ÎżÏ‚ chose cueillie ou arrachĂ©e.

Polytypes

  • Parachrysotile (dĂ©classĂ© par l'IMA en 2006)
  • Orthochrysotile (dĂ©classĂ© par l'IMA en 2006)
  • Clinochrysotile

Toxicité

Toutes les fibres d'amiante génÚrent une réponse cancérogÚne au niveau pulmonaire ou pleural[3]. De fait, le chrysotile, tout comme les autres formes d'amiante, se comporte à la fois comme un initiateur, un promoteur et un cocarcinogÚne.

Le chrysotile ne peut donc ĂȘtre considĂ©rĂ© comme moins dangereux que les autres types d'amiante et une utilisation dite sĂ©curitaire et responsable de cette fibre ne peut occulter sa dangerositĂ© et la nĂ©cessitĂ© de l'Ă©carter de tout processus industriel ou usage commercial.

Interdiction

Une trentaine de pays dans le monde ont interdit l'usage de l'amiante chrysotile, car il est cancĂ©rigĂšne. En France, il est classĂ© cancĂ©rigĂšne depuis 1977 et interdit depuis 1997. Il est par contre utilisĂ© dans une soixantaine de pays pour combler les besoins nĂ©cessaires en infrastructures, principalement l'apport en eau potable et comme matĂ©riau de construction. Dans ces pays, qui utilisent le chrysotile selon les normes dictĂ©es par la convention de l’OIT sur la sĂ©curitĂ© dans l'utilisation de l'amiante, l'utilisation d'autres produits plus dispendieux ne permettrait pas de combler les besoins aussi efficacement.

L’Organisation internationale du travail (OIT) a proposĂ© en 2006 une rĂ©solution prĂ©conisant l'Ă©limination de l'amiante chrysotile sous toutes ses formes, mais cette rĂ©solution n'a pas Ă©tĂ© adoptĂ©e par les pays membres.

Cependant, le chrysotile n'entre pas dans la liste des substances dangereuses de la convention de Rotterdam, engagée par le PNUE (Programme des Nations unies pour l'environnement). Le PNUE a expliqué le qu'en raison de l'opposition des principaux pays producteurs de chrysotile (Canada, Inde, Russie et Kirghizstan) la prise de décision était reportée à 2008.

Les pays producteurs de chrysotile s'opposent Ă  l'inclusion du chrysotile dans la liste de 39 produits chimiques Ă  usage industriel, pesticides et prĂ©parations pesticides de la PNUE, tous extrĂȘmement dangereux et soumis Ă  la « procĂ©dure de consentement prĂ©alable en connaissance de cause ». Une liste rouge sur laquelle figurent les quatre autres fibres d'amiante.

Citations

  • « L'absence de dĂ©cision quant Ă  l'inclusion de l'amiante chrysotile pose un problĂšme pour tous les pays en dĂ©veloppement qui ont besoin de protĂ©ger leurs concitoyens des risques bien connus de cette substance dangereuse. » Achim Steiner, directeur exĂ©cutif du PNUE (Programme des Nations unies pour l'environnement).
  • « Au moins 200 000 ouvriers seront tuĂ©s par des maladies liĂ©es Ă  l'amiante avant que la proposition d'inscrire le chrysotile sur la liste de la convention de Rotterdam puisse ĂȘtre de nouveau examinĂ©e, en 2008 » (Laurie Kazan Allen, de Ban Asbestos)
  • « On peut manipuler le chrysotile de façon relativement sĂ©curitaire tout autant que l’on peut manipuler des matiĂšres radioactives. On a bien appris que la radioactivitĂ© induisait des cancers et les protocoles de manipulation des matiĂšres radioactives sont extrĂȘmement rigoureux. On peut probablement manipuler le chrysotile de façon aussi sĂ©curitaire si on applique la mĂȘme rigueur. Évidemment, il ne viendrait Ă  personne l’idĂ©e de produire des objets pour consommation grand public Ă  partir d’uranium enrichi sous prĂ©texte que c’est un mĂ©tal rĂ©sistant
 De mĂȘme, il faut rĂ©server l’usage du chrysotile Ă  des crĂ©neaux bien pointus, lĂ  oĂč il n’existe aucune autre solution. Â»[4] (Yves Bonnier Viger, mĂ©decin spĂ©cialiste en santĂ© communautaire)
  • « Contrairement Ă  ce que prĂ©tendent les Ă©ternels opposants de cette fibre, les raisons qui prĂ©valaient en 2004 pour ne pas inclure le chrysotile Ă  la liste sont toujours valables et n’ont Ă©tĂ© contredites par aucune nouvelle Ă©tude scientifique. Plus encore, les Ă©tudes attendues depuis longtemps et exigĂ©es par le Canada sur l’innocuitĂ© des fibres et produits de remplacement sur la santĂ© humaine se font toujours attendre. Dans ce contexte, il est tout Ă  fait raisonnable de s’opposer Ă  l’inclusion du chrysotile Ă  la ProcĂ©dure PIC, le Canada a donc bien fait de l’annoncer » ClĂ©ment Godbout, Institut du chrysotile
  • « La dĂ©cision d'Ottawa de ne pas inclure les rĂ©sidus miniers dans son rĂšglement qui interdit l'amiante déçoit le milieu quĂ©bĂ©cois de la santĂ© publique. Le gouvernement Trudeau va bannir d'ici l'an prochain ce minerai cancĂ©rigĂšne, mais il a choisi de ne pas encadrer les projets d'exploitation des mĂ©taux contenus dans les montagnes de minerai qui entourent les anciennes mines d'amiante. » - La vraie raison n'est pas la prĂ©tendue innocuitĂ© du chrysotile, mais bien le souci de traiter les rĂ©sidus miniers[5].

Notes et références

  1. La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
  2. Canadian Mineralogist 44 (2006), 1557
  3. « Fiche toxicologique FT145 - amiante », sur www.inrs.fr (consulté le )
  4. « L'exportation de la mort - Revue À bĂąbord ! », sur www.ababord.org (consultĂ© le )
  5. Alexandre Touchette, « Le lobby de l’amiante encore trĂšs actif au QuĂ©bec », sur Radio Canada, (consultĂ© le )

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Angeles Gavira et Peter Frances, Smithsonian Institution, Rocks and Minerals, The definitive visual guide [« Rock and Gem (2005) »], Londres (Grande-Bretagne), Dorling Kindersley Limited, , 364 p. (ISBN 978 1 4053 2831 9) (RoMiGuide)

    Liens externes

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