Val-des-Sources
Val-des-Sources, anciennement nommée Asbestos, est une ville du Québec située dans la région de l'Estrie. Comptant un peu moins de 7 000 habitants, elle est la plus peuplée de la municipalité régionale de comté des Sources. Elle en est aussi le chef-lieu.
Val-des-Sources | |
Administration | |
---|---|
Pays | Canada |
Province | Québec |
RĂ©gion | Estrie |
Subdivision régionale | Les Sources (Chef-lieu) |
Statut municipal | Ville |
Maire Mandat |
Hugues Grimard 2021-2025 |
Code postal | J1T |
Constitution | |
DĂ©mographie | |
Gentilé | Valsourcien, Valsourcienne |
Population | 6 877 hab.[1] (2018) |
Densité | 217 hab./km2 |
GĂ©ographie | |
CoordonnĂ©es | 45° 46âČ 00âł nord, 71° 56âČ 00âł ouest |
Superficie | 3 170 ha = 31,7 km2 |
Divers | |
Code géographique | 2440043 |
Localisation | |
Liens | |
Site web | Site officiel |
Val-des-Sources doit son existence à la découverte et l'exploitation d'un gisement d'amiante chrysotile à la fin du XIXe siÚcle. La mine Jeffrey, fermée en 2012, est d'ailleurs la plus grande mine d'amiante au monde pendant un temps. Elle est aussi le théùtre de la grÚve de l'amiante de 1949, qui marque un jalon dans l'histoire des relations de travail au Québec.
La ville porte pendant prÚs d'un siÚcle et demi le toponyme Asbestos, qui signifie littéralement amiante en anglais. Ce nom témoigne d'une industrie autrefois prospÚre mais qui, depuis la seconde moitié du xxe siÚcle, est associé aux maladies pulmonaires et aux cancers liés à son extraction et son utilisation. En 2019, l'administration municipale entreprend une démarche de changement de nom, avalisée en 2020 par la population, la Commission de toponymie et le ministÚre des Affaires municipales et de l'Habitation.
Toponymie
Le nom Val-des-Sources reflĂšte le drainage du territoire par de nombreux ruisseaux et riviĂšres, dont la riviĂšre Nicolet Sud-Ouest. L'Ă©largissement de cette derniĂšre forme Les Trois Lacs â plan d'eau qui a donnĂ© son nom Ă un secteur annexĂ© Ă la ville en 1999[2] - [3].
Val-des-Sources porte longtemps le nom d'Asbestos, choisi par des propriĂ©taires de mines d'amiante. Il est d'abord attribuĂ© Ă un bureau de poste en 1884, puis appliquĂ© Ă la municipalitĂ©, Ă©rigĂ©e avec le statut de village en 1899, changĂ© pour celui de ville en 1939. Le , la ville est fusionnĂ©e avec municipalitĂ© de Trois-Lacs et le toponyme Asbestos est conservĂ© pour dĂ©signer la nouvelle ville ainsi crĂ©Ă©e. Le nom de la ville vient du mot anglais pour l'amiante, asbestos ou « asbeste » en ancien français, lui-mĂȘme Ă©tant Ă l'origine le mot grec áŒÏÎČΔÏÏÎżÏ signifiant : inextinguible[4].
En 2019, sous la pression des citoyens et gens d'affaires[5] - [6], la Ville annonce le dĂ©marrage d'un processus afin de changer qui revĂȘt une connotation nĂ©gative en raison des maladies pulmonaires et des cancers liĂ©s Ă son extraction et son utilisation[7]. Dans le cadre du concours qu'elle organise, la Ville reçoit 400 propositions de la population en quelques mois, qui sont filtrĂ©es par un comitĂ© puis soumises Ă un rĂ©fĂ©rendum consultatif. Une rĂ©solution demandant auprĂšs du ministĂšre des Affaires municipales un changement de nom pour Val-des-Sources est adoptĂ©e le Ă l'issue de ce rĂ©fĂ©rendum[8] - [9].
La procĂ©dure de changement de nom et le nouveau nom choisi sont reçus positivement par certains citoyens, mais contestĂ©s par d'autres[10]. Le ministĂšre des Affaires municipales et de l'Habitation dĂ©cide officiellement de l'issue des dĂ©bats en approuvant le changement de nom[11]. De pair avec le changement de toponyme, le gentilĂ© Asbestrien, Asbestrienne est remplacĂ© par Valsourcien, Valsourcienne en français, l'Ă©quivalent anglais Asbestrian devenant du mĂȘme Ă©lan Valsourcian[12].
GĂ©ographie
La partie urbaine de la ville jouxte le puits de la mine Jeffrey, qui occupe 6 des 32 km2 du territoire de la ville[13]. En plus des haldes, le paysage est ponctué par des collines de faible élévation, la colline Elliott et la Butte à Dion[14].
La riviÚre Nicolet Sud-Ouest coule au nord-ouest de la ville. L'élargissement de cette derniÚre forme Les Trois Lacs, un plan d'eau prisé par les villégiateurs.
Municipalités limitrophes
Tingwick | Saint-RĂ©mi-de-Tingwick | |||
Danville | N | |||
O Val-des-Sources E | ||||
S | ||||
Danville | Wotton |
Histoire
Le paysage actuel de Val-des-Sources est indissociable de l'activitĂ© industrielle qui sâest dĂ©veloppĂ©e des suites de la dĂ©couverte d'un important gisement d'amiante Ă la fin du XIXe siĂšcle. La mine de Jeffrey, avec un des puits miniers les plus grands au monde, les haldes miniĂšres, ses infrastructures routiĂšres et son parc industriel tĂ©moignent de l'importance de cette activitĂ© pour la ville et la rĂ©gion.
La ville aura connu grandes et petites misÚres au cours de son histoire, sous divers rapports. D'abord, l'industrie miniÚre du début du XXe siÚcle, utilisant des moyens et techniques rudimentaires, aura entraßné des accidents ininterrompus aussi bien dans le puits à ciel ouvert que dans les moulins. Les conditions déficientes sur les plans de la santé et de l'environnement de travail auront laissé des séquelles mortelles chez de nombreux autres mineurs affectés par des maladies pulmonaires, couramment appelées amiantose[15] - [16].
Plus tard, en 1949, le Syndicat des mineurs d'Asbestos, devant ces conditions lamentables et les conditions économiques déplorables des travailleurs, réussit à convaincre ses membres mineurs d'entamer une grÚve, devenue mémorable, qui aura duré plus de huit mois, gagnant aussi d'autres mines d'exploitation d'amiante du Québec, dont Thetford Mines. Cette contestation causa des dommages sociaux irréparables au sein de la communauté locale entre grévistes et opposants (appelés scabs), entre les policiers appointés spécialement par le gouvernement de Duplessis et les chefs locaux.
Plus tard, dans les années 1970, des glissements et affaissements de terrains imprévus sur la frange du puits minier, puis un élargissement de son cratÚre immense nécessité par un développement commandé, entraßneront la destruction de résidences riveraines, le déménagement de la population touchée vers un nouveau périmÚtre d'habitations, y compris la destruction de son centre-ville et de son patrimoine historique. Tout cela allait modifier dorénavant tout son tissu social et culturel, anéantissant les témoignages de son passé.
Et comble de tout, les risques sanitaires associés à l'amiante allaient créer une opposition systématique aussi bien en Amérique qu'au niveau international[17].
DĂ©mographie
Administration
Les Ă©lections municipales se font en bloc pour le maire et les six conseillers[20].
Val-des-Sources Maires depuis 2003 | |||
Ălection | Maire | QualitĂ© | RĂ©sultat |
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2003 | Louise Moisan-Coulombe | Voir | |
2005 | Jean-Philippe Bachand | Voir | |
2009 | Hugues Grimard | Voir | |
2013 | Voir | ||
2017 | Voir | ||
2021 | Voir | ||
Ălection partielle en italique Depuis 2005, les Ă©lections sont simultanĂ©es dans toutes les municipalitĂ©s quĂ©bĂ©coises |
Ăconomie
provenant de la mine Jeffrey
La ville doit son existence Ă la dĂ©couverte et la mise en production d'un gisement d'amiante chrysotile. La mine est prospĂšre jusque dans les annĂ©es 1980, oĂč la demande mondiale s'effondre en raison des craintes liĂ©es aux risques pour la santĂ© dans l'utilisation du minerai. MalgrĂ© le bannissement de l'utilisation par plus de 50 pays, le gouvernement du QuĂ©bec annonce le qu'il accorde un prĂȘt de 58 millions de dollars, permettant la relance de l'exploitation du minerai en privilĂ©giant l'exploitation souterraine au lieu d'un puits Ă ciel ouvert[26] - [27]. Le prĂȘt est annulĂ© la mĂȘme annĂ©e entraĂźnant la fermeture de la mine, marquant la fin de la production de l'amiante au Canada[28].
La compagnie Magnola (MAGnesium - NOranda - LAvalin) tente de produire de barres de magnésium, de 2000 à 2003. Néanmoins, à cause de la concurrence chinoise inabordable en ce qui concerne les coûts de production, Noranda aura été forcée de fermer l'usine quasi neuve aprÚs moins de trois années d'exploitation, une perte estimée à prÚs d'un milliard de dollars. La mauvaise évaluation par SNC-Lavalin des émissions de BPC, dioxine et furane, et de chlorobenzene rend le projet inacceptable sans modification majeure, et provoque l'ire des citoyens dÚs l'ouverture de l'usine[29] - [30].
En 2016, aprĂšs treize ans de fermeture de Magnola, Alliance MagnĂ©sium annonce la rĂ©ouverture d'une usine-pilote ("de dĂ©monstration") de magnĂ©sium dans les mĂȘmes locaux afin de tirer profit des 300 millions de tonnes de rĂ©sidus miniers provenant de lâextraction de lâamiante, rĂ©sidu appelĂ© roche serpentine, et contenant 23% de magnĂ©sium mĂ©tallique, par le biais d'une "technologie propre d'Ă©lectrolyse"[31], qui ne laisserait d'aprĂšs l'entreprise, "que des rĂ©sidus de silice (sable)", et aucun produit chimique ni poussiĂšre d'amiante, tout en utilisant largement l'hydroĂ©lectricitĂ© quĂ©bĂ©coise, considĂ©rĂ©e comme globalement "verte", bien que non dĂ©nuĂ©es de consĂ©quences sociales et environnementales, rendant ainsi cette usine plutĂŽt vertueuse du point de vue environnemental. Un comitĂ© de citoyens a Ă©tĂ© mis en place dĂšs le dĂ©but afin de suivre les activitĂ©s de cette usine, et de faire le lien entre la population et les entrepreneurs[32].
La ville a Ă©tĂ© durement touchĂ©e sur le plan Ă©conomique en raison de la fermeture prĂ©maturĂ©e de lâusine Magnola et de la fin de la production dâamiante chrysotile Ă la mine de Jeffrey. Le plus grand employeur de la rĂ©gion est aujourd'hui le Centre de santĂ© et de services sociaux des Sources.
Tourisme et culture
Principales activités touristiques et culturelles :
- à deux pas du centre-ville, les amateurs de plein-air profitent du site de villégiature des Trois Lacs, du club de golf ou de la piste cyclable ;
- le Festival des Gourmands est le principal Ă©vĂ©nement festif de la ville, mais la musique accompagne la ville toute lâannĂ©e grĂące Ă lâHarmonie dâAsbestos, une institution longtemps reconnue dans toute la rĂ©gion durant les annĂ©es 1945-60 et au Camp musical dâAsbestos, qui accueille de jeunes musiciens de partout au QuĂ©bec.
- Le festival de Slackfest a lieu chaque année depuis 2018 sur le territoire de la mine d'amiante[33].
Personnalités
- Jason Dénommée (en), patineur artistique.
- Jean Hamel, ancien joueur de hockey de la Ligue Nationale de Hockey.
- Denis Patry, ancien joueur de hockey avec les Nordiques de Québec
- Sean McKenna (en), ancien joueur de hockey dans la Ligue nationale de hockey.
- Gilles Hamel, ancien joueur de hockey de la Ligue nationale de hockey.
- Roger Pelerin, artiste québécois
Sport
Les Ă©quipes de hockey de la ville de Val-des-Sources se nomment les Nordik Blades.
Notes et références
- MinistÚre des Affaires municipales et de l'Habitation, « Décret de population 2018 », sur mamh.gouv.qc.ca, (consulté le ).
- Michel Saba, « Asbestos devient Val-des-Sources : « un moment historique », dit le maire », sur La Presse, (consulté le )
- Simon Roberge, « Prise 2, Asbestos dévoile six nouveaux noms », sur La Tribune, (consulté le )
- Commission de toponymie, « Fiche descriptive - Asbestos », sur Banque de noms de lieux du Québec (consulté le )
- Isabelle MassĂ©, « Un nom lourd Ă porter pour des gens dâaffaires », sur La Presse, (consultĂ© le )
- Giusepe Valiante, « Asbestos sâapprĂȘte Ă changer de nom », sur La Presse, (consultĂ© le )
- Nantou Soumahoro, « La ville d'Asbestos changera de nom en 2020 », sur Radio-Canada.ca, (consulté le )
- « Asbestos sâappellera finalement Val-des-Sources », Radio-Canada,
- (en) « Canadian town of Asbestos chooses new name », ReutersâThe Guardian, 20 octobre 2020.
- Simon Roberge, « Asbestos devient officiellement Val-des-Sources », sur La Tribune, (consulté le )
- FrĂ©dĂ©ric Guay, « Avis concernant les ministĂšres - Affaires municipales et Habitation - Ville dâAsbestos », Gazette officielle du QuĂ©bec, vol. 153e annĂ©e, no 1,â , p. 57 (lire en ligne)
- (en) AFP, « Canadian town of Asbestos breathes easy with new name », sur France 24, (consulté le )
- Gouvernement du Québec, « Asbestos », Répertoire des municipalités, sur MinistÚre des Affaires municipales et de l'Habitation
- Commission de toponymie du Québec, « Fiche descriptive - Butte à Dion », sur www.toponymie.gouv.qc.ca (consulté le )
- J.-Adonias Lussier « Lâamiantose », Le Devoir, 10 juin 1946, p. 4.
- Amiante : Effets de l'amiante sur la santé, L'Encyclopédie canadienne, consulté le 20 octobre 2020.
- Radio-Canada : L'amiante au banc des accusés
- « Statistique Canada - Profils des communautés de 2006 - Asbestos, V » (consulté le )
- « Statistique Canada - Profils des communautés de 2016 - Asbestos, V » (consulté le )
- « Liste des municipalités divisées en districts électoraux », sur DGEQ (consulté en )
- MinistĂšre des Affaires municipales et de lâOccupation du territoire, « Ălections municipales 2013 - Candidatures et rĂ©sultats pour Asbestos », sur http://www.mamrot.gouv.qc.ca (consultĂ© le ).
- MinistĂšre des Affaires municipales et de lâOccupation du territoire, « Ălections municipales 2009 - Asbestos (Ville d') », sur http://www.mamrot.gouv.qc.ca (consultĂ© le ).
- MinistĂšre des Affaires municipales et de lâOccupation du territoire, « Archives des rĂ©sultats des Ă©lections municipales 2005 - Asbestos (V) », sur http://www.mamrot.gouv.qc.ca (consultĂ© le ).
- MinistĂšre des Affaires municipales et de lâOccupation du territoire, « Archives des rĂ©sultats des Ă©lections municipales 2003 - Asbestos », sur http://www.mamrot.gouv.qc.ca (consultĂ© le ).
- Janko Pavsic, « Asbestos (ville) 27.1.1899 -... », sur http://www.mairesduquebec.com/ (consulté le ).
- Radio-Canada : Mine Jeffrey : QuĂ©bec accorde un prĂȘt de 58 millions
- Zone Ăconomie- ICI.Radio-Canada.ca, « Amiante : des familles de victimes veulent bloquer la relance de la mine Jeffrey », sur Radio-Canada.ca (consultĂ© le )
- Bureau des audiences publiques sur l'environnement, LâĂ©tat des lieux et la gestion de lâamiante et des rĂ©sidus miniers amiantĂ©s, QuĂ©bec, , 343 p. (ISBN 978-2-550-87124-8, lire en ligne)
- BAPE, Rapport d'enquĂȘte et d'audience publique 124 : Projet dâusine de production de magnĂ©sium par MĂ©tallurgie Magnola inc., Ă Asbestos, QuĂ©bec, (lire en ligne)
- Nicolas Bérubé, « Usine Magnola : Haute surveillance », sur Voir.ca (consulté le )
- « Alliance Magnésium », sur Alliance Magnesium (consulté le )
- Benoit Goulet, « Comité de citoyens pour le suivi du projet Alliance Magnésium », sur comitealliancemagnesium.com (consulté le )
- « Val-des-Sources devient une destination pour la pratique de la slackline », sur La Tribune, (consulté le )