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Dioxine

Les dioxines sont une famille de molĂ©cules organochlorĂ©es, hĂ©tĂ©rocycliques et aromatiques ayant deux atomes d'oxygĂšne dans un cycle aromatique. Ces molĂ©cules sont pour certaines Ă  la fois trĂšs persistantes et trĂšs toxiques. Selon leur degrĂ© de chloration, et selon des paramĂštres atmosphĂ©riques tels que la tempĂ©rature, elles sont Ă©mises en phase gazeuse ou particulaire : les tĂ©tradioxines, les pentadioxines et les furanes (dont les congĂ©nĂšres figurent parmi les plus toxiques) sont retrouvĂ©s « en proportions non nĂ©gligeables » dans la phase gazeuse note l'Ineris[1]. MalgrĂ© des Ă©missions chroniques, l'eau en contient peu, les plantes un peu, et c'est le sol ou la chaine alimentaire qui les concentrent : Les taux de dioxines les plus Ă©levĂ©es ont Ă©tĂ© dĂ©couverts dans le sol, des animaux sauvages et certains de nos aliments (produits laitiers, viande, jaune d'Ɠuf, crustacĂ©s et certains poissons).

La « dioxine de Seveso ».
Structure générale des dioxines.

Parmi ces dioxines (et furannes), les dibenzo-p-dioxines (PCDD) et les polychlorodibenzofuranes (PCDF), sont deux des douze polluants organiques persistants (POP) concernés par la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants qui demande[2] un inventaire des sources, et « une minimisation continue ainsi, lorsque cela est possible, une élimination finale ». Selon le PNUE, cinq compartiments et/ou milieu sont concernés par des rejets et/ou transferts anthropiques de dioxines et furanes : l'air, l'eau, le sol, les résidus et les produits ; ces cinq compartiments sont à prendre en compte dans les inventaires nationaux d'émissions de PCDD/PCDF[3].

ÉlĂ©ments de dĂ©finition

Le mot dioxine désigne notamment les dibenzodioxines et dans le langage courant plus particuliÚrement les polychlorodibenzo-p-dioxines (ou PCDD), la dioxine la plus toxique, mieux connue du public à la suite de la catastrophe de Seveso.

Le mot dioxine, dans son sens le plus large regroupe donc plusieurs classes de molécules :

Nota : l'expression « 1,4-dioxine » désigne l'unité chimique de base des dioxines plus complexes (ce composé simple n'est ni persistant, ni aussi toxique que les PCDD).

Il en existe essentiellement deux isomĂšres de position :

  • les 1,2-dioxines oĂč les deux atomes d'oxygĂšne sont consĂ©cutifs (position ortho), stables car proches des peroxydes ;
  • les 1,4-dioxines oĂč les deux atomes d'oxygĂšne sont sĂ©parĂ©s par deux atomes de carbone (position para) ;
  • les 1,3-dioxines (position mĂ©ta) ne peuvent pas ĂȘtre aromatiques et, de ce fait, sont beaucoup moins stables.

Les dioxines désignent aussi tout composé contenant un cycle de ce type.

Forme des grands types de dioxines

Utilisations

Les dioxines n'ont pas d'usage connu dans l'industrie ; de faibles quantités sont produites volontairement, pour les besoins de laboratoires et de la recherche.
En santé environnementale, elles sont utilisées comme indicateurs sanitaires, indicateurs de dégradation de l'environnement, dans le cadre de risques.

Voies de contamination de l'environnement

Évolution des annĂ©es 1840 aux annĂ©es 1990 du taux de dioxines (de type PCDD et furanes) trouvĂ©s dans un carottage de sĂ©diment lacustre (eau douce) rĂ©alisĂ© dans le lac (Cumbria, au nord de l'Angleterre). Ce lac du parc national du Lake District est prĂ©servĂ© et isolĂ©, dans une zone d'herbage non-industrialisĂ©e et peu habitĂ©e ; chaque barre correspond Ă  une dĂ©cennie de dĂ©pĂŽt (voir commentaire ci-contre).

Selon le PNUE, les voies directes contaminant l'environnement sont[3] (avec des passages possibles d'un compartiment Ă  l'autre) :

  • le rejet dans l'air ;
  • les rejets dans l’eau (Ă  partir de pluies contaminĂ©es ou du ruissellement) ;
  • les rejets dans la terre ou le sous-sol (Ă  partir de retombĂ©es, dĂ©charges et enfouissement de cendres ou dĂ©chets polluĂ©s) ;
  • rejet dans les produits manufacturĂ©s (pesticides
) ;
  • rejet dans les rĂ©sidus ;
  • « points chauds » potentiels (voir chapitre consacrĂ© aux sources de dioxines) ;
  • une voie biogĂ©nique de production Ă  tempĂ©rature ambiante est dĂ©crite pour certaines dioxines, par exemple en contexte semi-anaĂ©robie lors de la digestion de boues d'Ă©puration[5], ou Ă  partir de prĂ©curseurs chimiques comme le pentachlorophĂ©nol[6] ; ou comme certains rĂ©sidus de pesticides organochlorĂ©s (dans les sols, « la formation d’OCDD Ă  partir de prĂ©curseurs dĂ©rivĂ©s de pesticides pourrait constituer un mĂ©canisme possible, passĂ©, prĂ©sent et futur, de contamination des Ă©chantillons environnementaux »[7]).

À titre d'exemple, le graphique ci-contre prĂ©sente une sĂ©rie chronologique d'analyse de dioxines/furanes faites dans le sĂ©diment d'un lac anglais (Esthwaite Water (en)) trĂšs prĂ©servĂ© et Ă©loignĂ© de zones urbaines, industrielles et de grandes voies de circulation. On constate une pollution et accumulation globalement croissante du sĂ©diment par les dioxines. En dĂ©pit du caractĂšre isolĂ© du lac, plupart des homologues chimiques de la dioxine Ă©taient prĂ©sents Ă  des taux dĂ©tectables dans toutes les couches Ă©tudiĂ©es du sĂ©diment (c’est-Ă -dire pour chaque dĂ©cennie depuis 1840)

Trois pĂ©riodes distinctes d’apports (et stockage de PCDD/Furanes) sont mises en Ă©vidence par des « signatures (profils) spĂ©cifiques d’homologues et d’isomĂšres.
Avant 1900, les apports, encore relativement mineurs semblent issus de la rĂ©volution industrielle, avec l’industrie miniĂšre, les carriĂšres, le charbon de bois et la fonderie de fer.
Durant le XXe siĂšcle, une 1re vague de pollution chronique et croissante atteint un summum vers 1930 ; cette vague est caractĂ©risĂ©e par un schĂ©ma inhabituel d'homologues dominĂ© par les PCDF de haut poids molĂ©culaire, d’origine(s) inconnue(s).
Puis une seconde vague atteint un sommum dans les années 1970, elle correspond à une tendance retrouvée ailleurs en Europe et l'Amérique du Nord.
Avant 1900, la signature par la proportion des isomĂšres de TCDD / Furanes Ă©tait dominĂ© par les produits de dimĂ©risation du 2,4-dichlorophĂ©nol (CDF). Les taux de CDF P (1-3) semblaient ĂȘtre liĂ©es aux apports qui avaient atteint leur maximum dans les annĂ©es 1930, alors que les CDD P (1-3) se trouvaient dans les couches plus profondes. Les taux de diCDD ont encore augmentĂ© au cours des derniĂšres dĂ©cennies pour atteindre des niveaux similaires Ă  ceux observĂ©s avant 1900.
Les auteurs notent qu’en dĂ©pit d’une bonne connaissance du contexte historique, il ne leur a pas Ă©tĂ© possible de rĂ©trospectivement tracer les origines gĂ©ographiques et/ou matĂ©rielles de ces polluants, ce qui montre selon eux « qu’il reste des lacunes importantes dans notre comprĂ©hension des sources de PCDD/Furanes et compromet notre capacitĂ© Ă  prĂ©dire les tendances futures des Ă©missions de PCDD / F »[8].

Sources, origine et conditions de genĂšse des dioxines

Les dioxines sont formĂ©es « de maniĂšre non intentionnelle, et comme sous-produits de certains procĂ©dĂ©s »[3] ; toute combustion ou pyrolyse[9] en prĂ©sence de chlore peut gĂ©nĂ©rer des dioxines dans l’environnement.

Au dĂ©but du XXIe siĂšcle, les deux premiĂšres sources de dioxine et de composĂ©s apparentĂ©s aux dioxines (DLC) sont la combustion non contrĂŽlĂ©e de dĂ©chets solides[10] et les incendies de forĂȘt, alors que dans les annĂ©es 1880-1990, il s'agissait probablement de l'incinĂ©ration des dĂ©chets mĂ©nagers. Les sources recensĂ©es vers l'an 2000 par le PNUE[3] sont :

  • les incinĂ©rateurs de dĂ©chets mĂ©nagers, de dĂ©chets dangereux, de boues d'Ă©puration, de carcasses animales, de dĂ©chets de bois ou de biomasse et/ou de dĂ©chets mĂ©dicaux[11]. Ces Ă©metteurs ont beaucoup diminuĂ© leurs Ă©missions de base ;
  • les industries productrices de chlore, les industries mĂ©tallurgiques et sidĂ©rurgiques travaillant les mĂ©taux ferreux ou non-ferreux (et en particulier de cuivre, aluminium, plomb, zinc, laiton) ;
  • la fabrication de pĂąte Ă  papier et de papier blanchi par un procĂ©dĂ© au chlore ;
  • les industries pĂ©trochimiques et de la carbochimie (dont via la production d'organochlorĂ©s ; pesticides notamment soit parce qu'ils contenaient des dioxines comme contaminants, soit parce qu'une fois exposĂ©s aux UV solaires certains pesticides organochlorĂ©s sont transformĂ©s en dioxines[12] - [13] ;
  • l'industrie textile et de traitement du cuir ;
  • la production de chauffage et/ou d'Ă©lectricitĂ© basĂ©e sur la combustion (d'Ă©nergies fossiles ou de biomasse, de biogaz ou gaz de dĂ©charge) ;
  • certains modes de chauffage/cuisine et potentiellement tout procĂ©dĂ© de combustion non-contrĂŽlĂ©e ;
  • le transport (dont via les moteurs Ă  quatre temps, Ă  deux temps, diesel ou au fioul lourd, ainsi que via les feux de vĂ©hicules ou de pneus) ;
  • la fabrication de certains produits minĂ©raux (magnĂ©sium notamment mais aussi ciment, chaux, briques, tuiles, cĂ©ramiques, verre, mĂ©langes d'asphaltes, etc.) ;
  • les feux de bois (bois humide ou salinisĂ©s) ; la pratique de l'Ă©cobuage (notamment si des phyto-sanitaires organochlorĂ©s rĂ©manents Ă©taient prĂ©sents ou en contexte littoral propice aux embruns salĂ©s). Les ateliers de fumage peuvent ĂȘtre concernĂ©s ; La dĂ©gradation thermique des PCB (polychlorobiphĂ©nyle) peut aussi gĂ©nĂ©rer des dioxines ;
  • la production et l'utilisation de certains produits chimiques et de biens de consommation, dont produits chlorĂ©s, et notamment insecticides ou d'herbicides contenant du pentachlorophĂ©nol et/ou d’autres chlorophĂ©nols (ex : l'agent orange utilisĂ© au Viet-nam) ;
  • la rĂ©cupĂ©ration de fils ou de mĂ©taux (dont de composants Ă©lectroniques) par voie thermique ;
  • certains ateliers de nettoyage Ă  sec ;
  • le traitement (non thermique) d'huiles usagĂ©es ;
  • les systĂšmes de sanitation et/ou de traitement des eaux usĂ©es utilisant du chlore ou traitant des dĂ©chets contenant du chlore ou du sel ;
  • la crĂ©mation de cadavres animaux ou humains.

Le PNUE recommande de notamment bien identifier les « points chauds » (Hot Spots) que sont les sites de production de chlore et/ou d'organochlorĂ©s, les sites de formulation et/ou d'application des phĂ©nols chlorĂ©s, les sites de production et de traitements conservateurs des bois, les lieux de stockage ou utilisation de transformateurs Ă©lectriques remplis de PCB, les dĂ©charges de dĂ©chets/rĂ©sidus susceptible d'avoir reçu des dĂ©chets chlorĂ©s ou contenant des dioxines ; certains sites d'accidents « pertinents » ; les sites de stockage ou dragage de sĂ©diments ; certains sites d'extraction de kaolin ou d’argile figuline (ball clay) qui risquent de contenir des dioxines[3] - [14].

Enfin, des phĂ©nomĂšnes naturels comme les Ă©ruptions volcaniques ou plus ou moins naturels/anthropiques comme les incendies de forĂȘts en gĂ©nĂšrent aussi (surtout en cas d'apports d'eau de mer par les bombardiers d'eau).

GenĂšse physico-chimique

Deux principaux mécanismes de formation de novo de dioxines (pouvant coexister) sont :

  1. Une synthĂšse de novo oĂč les PCDD/PCDF sont directement formĂ©s Ă  partir de structures Ă  base de carbone (C) et de chlore, qui sont trĂšs diffĂ©rentes du produit final (PCDD/PCDF)[3].
  2. Des rĂ©actions conduisant Ă  la formation de prĂ©curseurs, via des structures aryles dĂ©rivĂ©es soit d’une oxydation incomplĂšte d'hydrocarbures aromatiques, soit de la cyclisation de fragments d’hydrocarbures[3].

Dans un procédé thermique, quatre conditions peuvent (séparément ou synergiquement) favoriser la formation de PCDD/PCDF :

  1. Haute température (pendant le refroidissement des gaz de combustion dans une gamme 450 à 200 °C) et/ou une combustion incomplÚte[3] ;
  2. Présence de carbone organique[3] ;
  3. Présence de chlore (qu'il soit d'origine organique ou minérale, d'origine primaire ou issu de dégradation)[3] ;
  4. Produits contenant déjà des PCDD/PCDF[3].

En outre l'humidité du combustible (dans le cas du bois notamment, ou en cas d'incendies arrosés par les pompiers) aggrave le risque[15] ; et la durée de combustion est aussi parfois aussi un facteur important[15].
Enfin des catalyseurs peuvent intervenir : la charge en mĂ©taux (mĂȘme pour de faibles doses) du combustible ; teneur en cuivre notamment, car ce mĂ©tal catalyse la formation d'organochlorĂ©s, dont dioxines) est donc un paramĂštre important[16] - [15]. La dioxine peut donc ne pas se former immĂ©diatement au cƓur du foyer, mais un peu en aval quand les gaz refroidissent ou en prĂ©sence de certains catalyseurs.

Dans les usines chimiques ou laboratoires, en prĂ©sence de chlore et de matiĂšre organique, la formation de PCDD/PCDF est favorisĂ©e « si une ou plusieurs des conditions ci-aprĂšs s’appliquent »[3] :

  1. Des températures dépassant 150 °C ;
  2. Des conditions alcalines (surtout lors d'une purification) ;
  3. Une irradiation UV, ou autre catalyseur initiateur de radicaux.

Concernant les incendies ou le bois-Ă©nergie, plusieurs Ă©tudes ont dĂ©tectĂ© des teneurs Ă©levĂ©es (20 pg/m3) de dioxines et furanes en aval de feux de forĂȘt[17] et notamment proximitĂ© de la mer (qui contient du sel, source d'ions chlore) (ou aprĂšs les largages d’eau de mer par des avions bombardiers d'eau). Le chlore issu du sel contribue Ă  produire des dioxines (et furanes).
En 2003, l'INERIS a analysĂ© les fumĂ©es de quelques feux correspondant Ă  une surface dĂ©broussaillĂ©e de m2, dans une chambre de combustion de 80 m3 surmontĂ©e d’une hotte d’extraction des fumĂ©es : les Ă©missions de dioxines et furanes Ă©taient en moyenne de 10,5 ng I.TEQ/kg de biomasse brĂ»lĂ©e (de 1,0 Ă  25,9). Il est notable que dans ce cas ce n'est pas la combustion des vĂ©gĂ©taux collectĂ©s prĂšs de la mer, mais celle de ceux qui Ă©taient les plus humides qui a produit le plus de polluants (CO, NOx et COVT) et d'organochlorĂ©s. Lors de cette Ă©tude, il n'y avait cependant pas de combustion d'arbres vivants, ni de sol, et les tempĂ©ratures n'atteignaient pas celles des grands incendies[18].

Mécanismes de toxicité

Les effets toxiques des dioxines sont mesurĂ©s comparativement (en Ă©quivalents fractionnaires) Ă  la TCDD (2,3,7,8-TĂ©trachlorodibenzo-p-dioxine), le membre le plus toxique et le mieux Ă©tudiĂ© du groupe des dioxines (voir TCDD pour une description plus dĂ©taillĂ©e du mĂ©canisme). Les dioxines n’ont pas d’activitĂ© mutagĂšne ou gĂ©notoxique directe prouvĂ©e[19] mais elles sont des promoteurs de cancers.

La toxicitĂ© des dioxines est expliquĂ©e par leurs interactions avec une protĂ©ine intracellulaire spĂ©cifique : le rĂ©cepteur d’aryl d’hydrocarbone (AhR, ou AH pour « aryl hydrocarbon receptor »). Cette protĂ©ine est un facteur de transcription impliquĂ© dans l'expression de nombreux gĂšnes ; jouant un rĂŽle dans la rĂ©ponse aux toxines environnementales, et dans le systĂšme immunitaire des muqueuses (intestinales notamment)[20]. Sa fonction d’« amplificateur de la transcription », fait qu’il affecte Ă  son tour un certain nombre d'autres protĂ©ines rĂ©gulatrices[21] - [22] - [23].

La dioxine TCDD tend Ă  se lier Ă  ce rĂ©cepteur AhR. Cette liaison dĂ©clenche la production d’une classe d’enzymes (enzymes du cytochrome P450 1A) qui ont pour fonction de dĂ©composer les produits toxiques qui apparaissent ou entrent dans les cellules (par exemple les hydrocarbures polycycliques cancĂ©rigĂšnes tels que le benzo (a) pyrĂšne), mais en gĂ©nĂ©rant dans ce processus des sous-produits qui peuvent ĂȘtre beaucoup plus toxiques que la molĂ©cule-mĂšre)[24].

L’affinitĂ© des dioxines (et d’autres organochlorĂ©s industrielles souvent associĂ©es) pour ce rĂ©cepteur n’explique pas certains des effets toxiques des dioxines (dont notamment l’immunotoxicitĂ©, les effets endocriniens et la promotion tumorale). La rĂ©ponse toxique semble dĂ©pendre de la dose, mais uniquement dans certaines plages de concentration et/ou Ă  certains stades du dĂ©veloppement. Une relation dose-rĂ©ponse multiphasique a Ă©galement Ă©tĂ© rapportĂ©e, ce qui complique l’évaluation du rĂŽle exact des dioxines dans les cancers[25].

Les dioxines sont des perturbateurs endocriniens (perturbateur de la thyroĂŻde notamment) probablement, avant mĂȘme d’activer le rĂ©cepteur AhR. La TCDD, et les autres PCDD, les PCDF et les PCB coplanaires de type dioxine, ne sont cependant pas des agonistes directs (ni des antagonistes directs) des hormones, et ils ne se montrent pas actifs dans les essais qui criblent directement ces activitĂ©s telles qu'ER-CALUX et AR-. CALUX[19]. Un mĂ©lange de PCB tel que l’'Aroclor peut contenir des composĂ©s qui sont des agonistes connus des ƓstrogĂšnes, mais qui ne sont en revanche pas classĂ©s comme analogues Ă  la dioxine en termes de toxicitĂ©. Des effets mutagĂšnes ont Ă©tĂ© Ă©tablis pour certains produits chimiques Ă  faible teneur en chlore, tels que le 3-chlorodibenzofurane, qui n'est ni persistant ni agoniste du rĂ©cepteur de l'AH[26].

Toxicité chez l'animal

De nombreuses études cliniques sur les animaux ont mis en évidence une grande variété de symptÎmes induits par la toxicité de la dioxine, à la fois concernant les systÚmes biologiques affectés et la gamme de posologie nécessaire pour les résoudre[27].

Effets aigus

Une dose unique mais Ă©levĂ©e de dioxine induit un syndrome de dĂ©pĂ©rissement aboutissant Ă  la mort de l’animal (en une Ă  six semaines)[23]. (Remarque : la plupart des Ă©tudes de toxicitĂ© ont Ă©tĂ© faites avec la 2,3,7,8-TĂ©trachlorodibenzo-p-dioxine).
La DL50 de la TCDD varie cependant Ă©normĂ©ment d’une espĂšce Ă  l’autre et parfois mĂȘme selon les souches d’une mĂȘme espĂšce, l’écart le plus notable Ă©tant entre les espĂšces apparemment proches de hamsters et de cobayes. La DL50 par voie orale chez les cobayes ne dĂ©passe pas 0,5 Ă  2 ÎŒg/kg de poids corporel, tandis que chez le hamster elle peut aller jusqu'Ă  1 Ă  5 mg/kg de poids corporel[27]. MĂȘme entre diffĂ©rentes variĂ©tĂ©s de rats ou de souris, la toxicitĂ© aiguĂ« peut varier d'un facteur 10 Ă  1 000[27]. Et entre diffĂ©rentes souches de souris ou de rats, il peut exister des diffĂ©rences de toxicitĂ© aiguĂ« de l'ordre de dix Ă  mille fois[27]. Les effets pathologiques les plus manifestes sont observĂ©es dans le foie, le thymus et d'autres organes.

Effets chroniques et subchroniques

Les dioxines peuvent aussi nuire Ă  faibles doses, en particulier Ă  des stades de dĂ©veloppement particuliers, notamment les stades fƓtal, nĂ©onatal et pubĂšre[28]. Pour une contamination in utero, des effets sur le dĂ©veloppement bien Ă©tablis sont :

  • des fissures du palais[28] ;
  • l’hydronĂ©phrose[28] ;
  • les perturbations du dĂ©veloppement des dents[28] ;
  • une perturbation du dĂ©veloppement sexuel[28] ;
  • des effets endocriniens[28].

Toxicité pour l'Homme

Sur la base d'études sur le modÚle animal, plusieurs types de dioxines ont été considérées comme hautement toxiques pour l'Homme, et capables de causer des problÚmes de reproduction et de développement, d'endommager le systÚme immunitaire, d'interférer avec les hormones et également de causer le cancer[29]. Une étude a estimé que la demi-vie des dioxines dans le corps humain serait de sept à onze ans[29].

À court terme, l'absorption de doses Ă©levĂ©es de TCDD, induisent un malaise initial puis une chloracnĂ©, et une amĂ©norrhĂ©e chez la femme[30] - [31] - [32].
Dans le cadre d'expositions professionnelles, de nombreux symptÎmes ont été observés, mais ces expositions étant toujours conjointes à une exposition à d'autres produits chimiques (dont par exemple chlorophénols, herbicides chlorés, chlorophénoxyacides, solvants chlorés). Il reste difficile d'attribuer avec certitude un symptÎme aux dioxines ou à tel ou tel type de dioxine[33] - [29].

Les effets consensuellement suspectés ou reconnus chez l'adulte sont : des dommages au foie, des modifications du métabolisme de l'hÚme, des taux de lipides sériques, des fonctions thyroïdiennes, ainsi que des effets diabétiques et immunologiques[33].

Comme chez l'animal, les effets sur l'embryon et le fƓtus humain semblent beaucoup plus graves que ceux qui se manifesteront chez les adultes. L'exposition intra-utĂ©rine aux dioxines et/ou Ă  des composĂ©s apparentĂ©s a des effets dĂ©lĂ©tĂšres pour le fƓtus, ou plus subtils sur l'enfant plus tard dans la vie, avec notamment des modifications de la fonction hĂ©patique, des taux d'hormones thyroĂŻdiennes, des globules blancs et une diminution des performances des tests d'apprentissage et d'intelligence. [23], des perturbations du dĂ©veloppement dentaire[34], une perturbation du dĂ©veloppement sexuel[35] et de la santĂ© reproductive :

  • chez l'Homme : on a montrĂ© aprĂšs la catastrophe de Seveso que la numĂ©ration et la motilitĂ© des spermatozoĂŻdes ont Ă©tĂ© clairement Ă©tĂ© affectĂ©es, et que cette dĂ©lĂ©tion de la spermatogenĂšse se manifeste de maniĂšre diffĂ©rente selon que les hommes ont Ă©tĂ© exposĂ©s avant, pendant ou aprĂšs leur pubertĂ©[36] ;
  • chez la Femme : les dioxines peuvent favoriser l'endomĂ©triose. Le centre de recherche sur l’endomĂ©triose (ERC) a tĂ©moignĂ© devant la lĂ©gislature de l’État de Californie concernant le projet de loi 2820 (Cardoza, D-Merced) selon lequel « les produits d’hygiĂšne fĂ©minine (c.-Ă -d. les tampons) donnent effectivement des rĂ©sultats positifs en ce qui concerne la dioxine. — catalyseur documentĂ© pour l'endomĂ©triose — et les effets de la dioxine sont cumulatifs ; ils peuvent ĂȘtre mesurĂ©s jusqu'Ă  vingt ou trente ans aprĂšs l'exposition[37]. Le CRE mentionne Ă©galement une Ă©tude indĂ©pendante qui a rĂ©vĂ©lĂ©, dans une Ă©valuation de quatre marques de tampons et quatre marques de couches pour bĂ©bĂ©s, que les dioxines « Ă©taient prĂ©sentes Ă  des concentrations dĂ©tectables dans tous les Ă©chantillons ». La prĂ©sence de cette toxine dans les tampons peut ĂȘtre liĂ©e Ă  l'endomĂ©triose car les dioxines ont une longue durĂ©e de vie dans l'organisme. Elles sont chimiquement stables et peuvent ĂȘtre absorbĂ©es par le tissu adipeux, oĂč elles sont ensuite stockĂ©es dans le corps[29].

Faibles doses : mĂȘme Ă  des niveaux cent fois infĂ©rieurs Ă  ceux associĂ©s Ă  ses effets cancĂ©rigĂšnes, la prĂ©sence de dioxine peut endommager le systĂšme immunitaire, causer de graves problĂšmes de reproduction et de dĂ©veloppement, ainsi qu'une interfĂ©rence avec les hormones rĂ©gulatrices[38].

Risques sanitaires

Les dioxines les plus chlorĂ©es sont peu dĂ©gradables (demi-vie estimĂ©e Ă  dix-douze ans). Ces molĂ©cules sont lipophiles, d’oĂč leur stabilitĂ© une fois introduite dans un organisme vivant animal. Elles rĂ©sistent aux mĂ©canismes de dĂ©toxification et sont emmagasinĂ©es dans les tissus adipeux des animaux. Étant chimiquement trĂšs stables, elles sont par facilement bioaccumulĂ©es, Ă  des doses croissantes au fur et Ă  mesure qu’on monte dans la chaĂźne alimentaire (RĂ©seau trophique).

Les humains y sont exposés via l'alimentation (viande, poisson, produits laitiers) ou via l'inhalation de fumées (tabac, feux, dont incendies). Les fruits, légumes et céréales en contiennent également, mais en moindre quantité.

Chez l’humain, une exposition aiguĂ« Ă  de fortes concentrations de dioxines peut entraĂźner un trouble dermatologique, la chloracnĂ©, et une perturbation du bilan hĂ©patique[39].

Sur le long terme, d'autres effets sont suspectĂ©s, mais dĂ©battus : troubles immunitaires et endocriniens, dĂ©veloppement du systĂšme nerveux, cancers, troubles de la reproduction[40]... Les effets dĂ©pendent de multiples facteurs, comme le type et la frĂ©quence d’exposition, le profil des dioxines prĂ©sentes, et certains facteurs individuels. Une exposition Ă  minima est recommandĂ©e. Selon SantĂ© Canada, l’exposition tolĂ©rable mensuelle aux dioxines correspond Ă  70 pg/kg de poids corporel.

Chez l’animal, l’exposition aux dioxines a pu ĂȘtre associĂ©e Ă  l'apparition de certains types de cancers.. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classĂ© la dioxine 2,3,7,8 TCDD (2, 3, 7, 8 tĂ©trachlorodibenzo-p-dioxine) dans le groupe 1 « cancĂ©rogĂšnes pour l’Homme ». Les autres dioxines sont classifiĂ©es dans le groupe 3.

De nombreux cas de contaminations Ă  la dioxine ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s ces derniĂšres dĂ©cennies. Quelques cas graves ont eu des consĂ©quences importantes dans diffĂ©rents pays. Le premier cas de contamination survient Ă  la suite de la surchauffe d’un rĂ©acteur d’une usine Ă  Seveso (Italie) en . Le nuage toxique libĂ©rĂ© a contaminĂ© une zone de 15 km2 et ses 37 000 habitants. À la suite de cet incident, des cas de chloracnĂ© ont Ă©tĂ© identifiĂ©s. Des Ă©tudes approfondies se poursuivent pour dĂ©terminer les effets Ă  long terme sur la population. Des Ă©tudes ont Ă©tĂ© Ă©galement rĂ©alisĂ©es sur « l’agent orange », herbicide dĂ©foliant utilisĂ© lors de la guerre du ViĂȘt Nam. Les scientifiques poursuivent leurs recherches sur un lien possible avec certains types de cancers et le diabĂšte.

En rĂ©sumĂ©, un lien est Ă©tabli entre une exposition aiguĂ« aux dioxines, et Ă  des doses importantes (Ă  partir du microgramme par kilogramme de masse corporelle par jour) qui peuvent provoquer la chloracnĂ© et des perturbations du bilan hĂ©patique. Concernant les expositions chroniques Ă  des doses plus faibles sur de plus longues pĂ©riodes, les effets sont moins bien identifiĂ©s mais semble prĂ©sents. Chez l’Homme, seuls quelques rares cas de cancers se sont dĂ©clarĂ©s bien des annĂ©es aprĂšs des expositions en milieu professionnel.

Dioxines dans les plantes

Avant 1990, trĂšs peu d’information Ă©tait disponible sur la contamination de diffĂ©rentes parties des vĂ©gĂ©taux (racines, tiges, feuilles, fruits) et des diffĂ©rentes strates vĂ©gĂ©tales par les dioxines et furanes, alors que ces donnĂ©es sont trĂšs importante pour modĂ©liser les risques de contamination du gibier, des animaux d’élevage et de rente, et des produits du jardin ou du potager.

On sait que le taux d’absorption varie selon le type d’organochlorĂ©, selon le type de plante et qu’au moins quatre voies d’entrĂ©e de ces organochlorĂ©s dans les plantes existent Ă  partir du sol, de l’air ou moindrement de l’eau[41] :

  • via l’adsorption Ă  la surface des cellules racinaires ;
  • via une translocation par la sĂšve, des racines vers les parties aĂ©riennes ;
  • via l’absorption de dioxines et /ou furanes volatiles directement par les cellules des parties aĂ©riennes des vĂ©gĂ©taux le type de cuticules (cireuses ou non) et de stomates pouvant alors probablement aussi jouer un rĂŽle) ;
  • par dĂ©pĂŽts de dioxines et furanes sur les feuilles et tiges (dĂ©pĂŽts secs ou humides).

Contamination de la strate herbacée

En 1994, McCrady rend compte d’une Ă©tude oĂč il a exposĂ© durant 96 h diffĂ©rents vĂ©gĂ©taux (herbe, azalĂ©e, Ă©pinette, chou frisĂ© et poivron) et 3 fruits (pomme, tomate et poivron) Ă  du 3H-2,3,7,8-TCDD en phase vapeur. Il constate que le taux de sorption de cette dioxine varie considĂ©rablement (de deux ordres de grandeur parfois) pour les diffĂ©rents tissus vĂ©gĂ©taux et selon l’espĂšce ; il a estimĂ©[42] que la premiĂšre voie de contamination des vĂ©gĂ©taux est le dĂ©pĂŽt sur les parties aĂ©riennes plutĂŽt que la translocation Ă  partir du sol via les racines. Et il n’observera pas de diffĂ©rence selon que la cuticule soit cireuse ou non (remarque : des informations contradictoires existent sur le rĂŽle des cuticules cireuses dans la captation d’organochorĂ©s lipophiles). Cette mĂȘme annĂ©e (1994), Huelster et al. montrent que chez le concombre, la contamination se fait essentiellement via les dĂ©pĂŽts sur les feuilles[41].

À la mĂȘme Ă©poque, plusieurs Ă©quipes de chercheurs suspectent que les dioxines (PCDD et furanes (F) (stockĂ©s dans le sol ou apportĂ©s par divers intrants tels que compost, boues d'Ă©puration, cendres et autres amendements organiques
) peuvent aussi ĂȘtre volatilisĂ©s Ă  partir du sol, notamment quand il est rĂ©chauffĂ© par le soleil, pour ensuite ĂȘtre ensuite absorbĂ©s par les tissus aĂ©riens de la plante. En effet, Schroll et Scheunert (en 1993) ont analysĂ© la prĂ©sence d’OCDD dans divers organes de la carotte cultivĂ©e ; ils en ont trouvĂ© dans les feuilles, et dans la racine, mais sans observer aucune translocation des racines vers les parties aĂ©riennes (durant quatorze jours d’observation). Il montre que la volatilisation des OCDD Ă  partir du sol permet bien une captation foliaire[43].
En 1995, Welsch-Pausch et al. concluent que c’est aussi le cas chez Lolium perenne[44]. En 1996, Trapp et Matthies concluent de leurs travaux que cette voie sol→air→feuille est possible, mais selon eux uniquement en prĂ©sence de sols trĂšs contaminĂ©s[45].

Cependant, au mĂȘme moment (1994), on dĂ©couvre que certaines plantes (alimentaires) captent les dioxines et furanes via les racines et les transloquent Ă  leurs parties aĂ©riennes via la sĂšve : parmi les espĂšces testĂ©es, les citrouilles et courgettes se montrent trĂšs « efficace » pour cela ; Cucurbita pepo Ă©tant en 1994 celle qui transportait le mieux ces organochlorĂ©s du sol vers la partie aĂ©rienne de la plante[41], y compris dans le fruit (les cucurbitacĂ©es accumulent les dioxines et furanes dans leurs fruits avec des concentrations qui sont jusqu’à deux ordres de grandeur supĂ©rieures aux quantitĂ©s trouvĂ©es dans les autres fruits et lĂ©gumes[41]. Les auteurs posent alors l’hypothĂšse que cette translocation pourrait ĂȘtre permise parce que les cucurbitacĂ©s produisent des exsudats racinaires particuliers[41].
Campanella et Paul (2000) ont confirmé cette hypothÚse chez Cucumis melo et Cucurbita pepo qui produisent effectivement des substances pouvant se lier aux dioxines et aux furanes[46].

En 2007, Jou et al. ont analysĂ© la concentration de dioxines dans diverses espĂšces de plantes ; elle variait de 12,7 Ă  2 919 ng TEQ de dioxines par kg de matiĂšre sĂšche quand le taux de dioxines du sol variait de 74,6 Ă  979 000 ng TEQ par kg de sol. La plupart des espĂšces vĂ©gĂ©tales en contenaient plus dans leurs feuilles que dans leurs racines[47].

En 2008, Fang et al. prouvent chez trois espÚces de plantes (Phragmites australis, Polygonum orientale, et Artemisia selengensis) exposées à des dioxines et furanes que ces végétaux se sont majoritairement contaminés (avec accumulation dans certains tissus) à partir de la volatilisation des composés du sol, via les feuilles[48].

En 2009, Zhang et al., pour mieux identifier la part de dioxines et furanes absorbĂ©/adsorbĂ©e via l’air celle absorbĂ©e /adsorbĂ©e via les racines ont calculĂ©, chez le chrysanthĂšme et chez onze espĂšces de plantes alimentaires, la quantitĂ© de dioxines et furanes accumulĂ©e dans les plantes par volatilisation d’une part et par translocation Ă  partir du sol (ils ont cultivĂ© des plantes dans un substrat non-contaminĂ© mais prĂšs de sols contaminĂ©s afin de mesurer la part des dioxines/furanes absorbĂ©e directement Ă  partir de l’air via les feuilles[49]. Selon ce travail : chez le maĂŻs, soja, riz, chou, tomate et chrysanthĂšme, la translocation est nĂ©gligeable ; inversement, elle est majeure chez les cucurbitacĂ©es, mais aussi chez le blĂ© et le sorgho (blĂ© et sorgho prĂ©sentant des facteurs de translocation respectivement de 0,0013 et 0,0012, qui restent infĂ©rieurs Ă  celui de la courgette : 0,0089)[49].

En 2013, Hanano et al. se sont intĂ©ressĂ©s Ă  la capacitĂ© d’Arabidopsis thaliana Ă  accumuler la TCDD, montrant qu’elle peut absorber et accumuler 20 ± 2, 27,5 ± 3 et 28,5 Â± 2 pg/g dont 20 ± 2, 27,5 ± 3 et 28,5 Â± 2 pg/g par translocation quand elle est exposĂ©e Ă  des taux de 10, 50 et 100 ng de TCDD L-1 respectivement[50].

En 2017, Urbaniak et al. montrent que cinq semaines de cultures de cucurbitacĂ©es suffisent Ă  significativement rĂ©duire la phytoxicitĂ© racinaire d’un sol ayant reçu des boues d’épuration polluĂ©es (dont par des dioxines et furanes) 
mais les produits rĂ©coltĂ©s seront enrichis en ces produits[51] - [52].

Contamination des arbres ?

Plus en hauteur, la strate arborĂ©e se montre capable d’intercepter de nombreux polluants et parfois de les adsorber.
Les dioxines, furanes et autres organochlorés aérotransportés se déposent en partie sur les feuillages ; on a montré que les cuticules cireuses des aiguilles de pins peuvent les stocker[53] - [54] (permettant une biosurveillance pour ces composés[55]).

En 2018, dans un site plantĂ© de pins exposĂ©s durant une dĂ©cennie aux Ă©missions d’une combustion Ă  ciel ouvert de dĂ©chets municipaux solides, Haddad et al. ont Ă©tudiĂ© le devenir de dioxines ayant contaminĂ© ces arbres. Sur ce site, le taux de dioxines du sol Ă©tait de 10 Ă  35 % supĂ©rieur Ă  la moyenne attendue, et les auteurs y ont dĂ©tectĂ© des pics de concentration sous les arbres ; ces « flaques de dioxines » rĂ©sultent du lessivage des arbres contaminĂ©s par les pluies (les chutes d’aiguilles contaminĂ©es au sol sont beaucoup plus Ă©parpillantes pour la contamination). Ils concluent qu’il existe un effet de rinçage via les pluies provoquant des taches de concentration sous les arbres[56].

Méthode de prélÚvements

Outre les prĂ©leveurs en continu, il est souvent nĂ©cessaire de faire des mesures ponctuelles. Selon l'Ineris (1999), les prĂ©leveurs de pluies, de particules ainsi que des surfaces artificielles peuvent servir de lieux de collecte de dioxines, mais ils risquent de ne pas capter la phase gazeuse, d'ĂȘtre lessivĂ©s par les pluies, et surtout, ils ne simulent que trĂšs imparfaitement les surfaces biologiques ou naturelles qui fixent les dĂ©pĂŽts susceptibles de directement contaminer les organismes et la chaĂźne alimentaire[1]. Il est donc recommandĂ© d'utiliser des techniques de biosurveillance (ou biomonitoring) basĂ©es sur l'analyse d'Ă©chantillons de vĂ©gĂ©taux naturels ou cultivĂ©s en place et/ou de vĂ©gĂ©taux « de simulation » (plantes en pots semĂ©es ad hoc sur un substrat et dans un environnement exempt de dioxines (afin de diffĂ©rencier la pollution chronique de retombĂ©es rĂ©centes)[1], avec comme limite en zone froide ou tempĂ©rĂ©e le caractĂšre saisonnier de la vĂ©gĂ©tation (ce interdit la comparaison de rĂ©sultats concernant des lieux et pĂ©riodes diffĂ©rents). Les sols sont considĂ©rĂ©s comme le rĂ©servoir principal des dioxines, mais les mesures y prĂ©sentent une grande variabilitĂ© « sur un mĂȘme site et d'un site Ă  l'autre. Ceci implique un nombre de points de prĂ©lĂšvement par site relativement important »[1];

MĂ©thode analytique

L’analyse chimique quantitative des dioxines est complexe, coĂ»teuse et nĂ©cessite des prĂ©cautions en raison de leur toxicitĂ© Ă  faible dose. À la fin du XXe siĂšcle dans le monde, peu de laboratoires pouvaient en faire des analyses prĂ©cises.
La mĂ©thode d’analyse dĂ©pend du type d'Ă©chantillon. Les quantitĂ©s de dioxine sont souvent de grandeur picomĂ©trique, nĂ©cessitant une mĂ©thode analytique extrĂȘmement sensible et Ă  basse limite de dĂ©tection, avec des contrĂŽles de qualitĂ© prĂ©cis. La chromatographie gazeuse couplĂ©e Ă  la spectromĂ©trie de masse Ă  haute rĂ©solution (HRGC/MS) est souvent retenue, car rĂ©pondant Ă  ces critĂšres. Les quantitĂ©s d'Ă©chantillon et de solvants doivent pouvoir ĂȘtre faibles, car le volume d’injection est de l’ordre du microlitre pour cette mĂ©thode, qui est recommandĂ©e par l'US EPA et les directives EuropĂ©ennes pour les aliments et l’eau[57] - [58].

RĂ©glementation

Au niveau mondial

  • En 1995 (mai), Ă  Nairobi, l'ONU considĂšre la nĂ©cessitĂ© d’actions internationales pour rĂ©duire et d’éliminer les rejets et Ă©missions de polluants organiques persistants (POP).
  • En 1997, le Conseil de direction (GC) du PNUE a lancĂ©[59] un travail de recherche et diffusion sur « les alternatives possibles aux POPs, les inventaires des PCBs et des technologies de destruction disponibles, ainsi que les stratĂ©gies de gestion pour les PCDD/PCDF »[3].
  • En 1998, le Protocole Aarhus de l'UNECE sur les POP est signĂ© dans le cadre de la Convention UNECE sur la pollution atmosphĂ©rique transfrontiĂšre Ă  longue distance[60] .
  • En 1999, le PNUE constate que les quelques inventaires existants de sources d'Ă©missions sont incomplets et basĂ©s sur des mĂ©thodes diffĂ©rentes, ne permettant pas d'inter-comparaison[3].
  • En 2001 (janvier) dans le cadre de l’IOMC (Programme Inter-organisme pour la Gestion rationnelle des Produits Chimiques) sous l'Ă©gide de l'ONU, le PNUE Substances Chimiques, a publiĂ© un projet d'« Outil NormalisĂ© pour l’Identification et la Quantification de Rejets de Dioxines et de Furannes » sous forme de projet, dit « ToolKit »[3] (traduit en espagnol, français et russe).
    Cette mĂȘme annĂ©e, la commission du codex Alimentarius adopte un code d’usages pour rĂ©duire Ă  la source la contamination des aliments par les substances chimiques (et en 2006, le Codex publiera un Code d’usages pour prĂ©venir et rĂ©duire la contamination des aliments par les dioxines et les PCB de type dioxine)[3].
  • Mi-2002, la 6e session du ComitĂ© Intergouvernemental de NĂ©gociation de la Convention de Stockholm (dĂ©cision 6/4) considĂšre que le ToolKit peut aider Ă  l'Ă©valuation de rejets actuels et projetĂ©s de POP (dont dioxines), tout en invitant Ă  encore l'amĂ©liorer avant la session suivante, ce qui sera fait pour une publication en 2003[3] ; des ateliers de formation Ă  l'utilisation de l'outil ont Ă©tĂ© proposĂ©s par le PNUE Ă  un niveau infrarĂ©gional.
  • La Directive europĂ©enne « PrĂ©vention et contrĂŽle intĂ©grĂ©es de la pollution » impose la crĂ©ation d’un Registre europĂ©en des Ă©missions polluantes (EPER) pour permettre la diffusion d’informations provenant de diffĂ©rentes installations[61].

En Europe

  • L’UE, dans son cinquiĂšme programme d’action pour l’environnement, visait une rĂ©duction de 90 % des Ă©missions de 1985 Ă  2005.
    De 1985 Ă  1996, la quantitĂ© totale de dioxines d’origine industrielle a Ă©tĂ© rĂ©duite de moitiĂ©. Le taux moyen de dioxines du sang humain est passĂ© de vingt Ă  dix picogrammes[alpha 1] TEQ par gramme de lipides en quelques annĂ©es. L’usage de PCB a Ă©tĂ© interdit ou abandonnĂ©.
    Les normes d'incinĂ©ration se sont durcies (maximum de 0,1 ng de dioxine par mĂštre cube normalisĂ© de fumĂ©e). En Flandre, l’incinĂ©ration des ordures mĂ©nagĂšres a diminuĂ© de 85 % ses Ă©missions de dioxines en dix ans.

En Amérique

Le Canada a pris des mesures de rĂ©duction et contrĂŽle des dioxines rejetĂ©es dans l’environnement, avec notamment des directives sur les rejets de dioxines et de furanes par les incinĂ©rateurs de dĂ©chets urbains et dangereux. Des rĂšglements visent une Ă©limination quasi totale des rejets de dioxines dans les usines de pĂąte Ă  papier et de fabrication de produits antiparasitaires. Les dioxines et de furanes ont diminuĂ© de 60 % dans l’environnement canadien depuis 1960[62].

Évaluation des risques environnementaux et sanitaires

En 2012, divers auteurs dont George M. Gray[alpha 2] et Joshua T. Cohen[alpha 3] suggÚrent de revoir les méthodes d'évaluation des risques liés aux dioxines[63].

L'OMS recommande un seuil sanitaire de dose journaliĂšre admissible de 4 pg d'Ă©quivalent dioxine par kilogramme de masse corporelle par jour (c'est-Ă -dire 280 pg/j pour une personne de 70 kg)[64] ou une dose mensuelle tolĂ©rable provisoire de 70 pg/kg de poids corporel/mois[65].

Le CITEPA Ă©value Ă  117 g d'Ă©quivalent toxique, la quantitĂ© de dioxine Ă©mise dans l'air en France mĂ©tropolitaine en 2014. Il s'agit du taux le plus bas enregistrĂ© en France depuis le dĂ©but des relevĂ©s, en 1990[66].

La stabilité chimique des dioxines leur confÚre une faible biodégradabilité donc une trÚs longue durée de vie. La production et l'utilisation de dioxines ont été bannies en 2001 par la Convention de Stockholm.

Expositions historiques aux dioxines

Quelques cas parmi les plus documentées sont :

  • l'exposition Ă  l'agent orange, un dĂ©sherbant/dĂ©foliant utilisĂ© lors de la guerre du ViĂȘt Nam par l'armĂ©e des États-Unis (de 1961 Ă  1971) sur la jungle vietnamienne. Ce pesticide Ă©tait contaminĂ© par des dioxines lors de sa fabrication ;
  • la catastrophe de Seveso en 1976, dans une usine chimique Ă  Seveso (Italie) ;
  • l'affaire de la forte pollution Ă  la dioxine liĂ©e Ă  l'incinĂ©rateur de Gilly-sur-IsĂšre prĂšs d'Albertville en 2001 a Ă©galement marquĂ© l'histoire judiciaire française[67] ;
  • probablement lors de la tentative d'empoisonnement en 2004 sur Victor Iouchtchenko, premier ministre ukrainien au moment des faits.

Cinétique environnementale

AprÚs leur genÚse, les dioxines peuvent rapidement retomber au sol et/ou se fixer à des particules aéroportées (suies
) et parcourir ainsi de longues distances. Les pluies lessivant de l'air pollué et les eaux de ruissellement peuvent contaminer des sédiments, le bouchon vaseux d'estuaires et les océans. Les sols sont contaminés par des dépÎts aériens, mais surtout par les feux, de déchets contaminés, ou par l'incorporation de cendres ou de boues d'épuration parfois contaminées[3].

Dioxines et furanes ont une longue durée de vie et sont bioaccumulables, notamment dans les tissus gras d'animaux situés au sommet de la pyramide alimentaire. Nombre de ces animaux (ex. : baleines, cachalot, oiseaux, grands poissons prédateurs) sont aussi de grands migrateurs : en migrant d'un continent à l'autre, ces animaux et leurs cadavres sont à l'origine d'une large diffusion de ces polluants. Les nécrophages et la bioturbation sont des sources de remobilisation des dioxines, ainsi que des furanes et des métaux toxiques qui leur sont souvent associés.

MĂ©thode d'inventaire

Pour respecter la Convention de Stockholm, juridiquement contraignante, qui demande aux parties de diminuer autant que possible ou d’éliminer les Ă©missions de PCDD/PCDF, un inventaire national des sources chroniques ou accidentelles de POP doit ĂȘtre fait. Cet inventaire doit permettre le contrĂŽle des Ă©missions et une intercomparaison entre pays[3].

En 1999, le PNUE Substances Chimiques a constaté[68] que seuls quinze pays disposaient d'un inventaire national des émissions de dioxines et furanes. Ces pays étaient tous riches et situés dans l'hémisphÚre nord. Leur rapport omettait en outre souvent de traiter des sources contaminant les sols et l'eau (ne comptabilisant que les émissions dans l'air).
L'ONU a donc publiĂ© une mĂ©thode et un outil pour aider les parties de la convention ou d'autres États volontaires Ă  estimer l'inventaire de leurs rejets de polychlorodibenzo-p-dioxines et de polychlorodibenzofurannes (PCDD/PCDF) Ă  l'Ă©chelle du pays et de maniĂšre standardisĂ©e[3].

Notes et références

Notes

  1. Un picogramme = un millioniùme de millioniùme de gramme ou 10−12 g.
  2. Chercheur, ancien administrateur et conseiller scientifique de l'EPA, et actuel directeur du Center for Risk Science and Public Health (université George-Washington).
  3. Directeur adjoint du Center for the Evaluation of Value and Risk in Health at Tufts Medical Center (Boston, Massachusetts), ancien membre des comités de l'Académie nationale ayant travaillé avec l'EPA sur l'évaluation des risques toxicologiques posés par les dioxines et ses méthodologies d'évaluation du risque (de 2006 à 2009).

Références

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Annexes

Articles connexes

Liens externes

  • Les dioxines et leurs effets sur la santĂ©, sur who.int
  • Documents sur la surveillance environnementale, sur developpement-durable.gouv.fr
  • Consensus scientifique sur les dioxines, sur greenfacts.org
  • Guide EMEP des Inventaires sur les Émissions (EMEP/CORINAIR) : aide Ă  l’application des mĂ©thodologies des inventaires sur l’atmosphĂšre, Protocole, EMEP, Guide
  • ProcĂ©dures de quantification et dĂ©claration harmonisĂ©es pour les Ă©missisons de produits toxiques (HARP-HAZ) vers le milieu marin (gĂ©rĂ© par l’AutoritĂ© norvĂ©gienne de ContrĂŽle de la Pollution (SFT), plus particuliĂšrement fait pour les pays d’Europe du Nord ; lire en ligne
  • Bureau de centralisation (lire en ligne) des registres des Rejets et des Transferts de Polluants (PRTR) (cf. recommandations de l'Agenda 21 (chapitre 19) du CNUED voulant que les gouvernements et organisations internationales appropriĂ©s, avec la coopĂ©ration de l’industrie, Ɠuvrent notamment Ă  « amĂ©liorer les bases de donnĂ©es et les systĂšmes d’information concernant les produits chimiques, tels que les programmes d’inventaires sur les Ă©missions. »

Bibliographie

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