Dioxine
Les dioxines sont une famille de molĂ©cules organochlorĂ©es, hĂ©tĂ©rocycliques et aromatiques ayant deux atomes d'oxygĂšne dans un cycle aromatique. Ces molĂ©cules sont pour certaines Ă la fois trĂšs persistantes et trĂšs toxiques. Selon leur degrĂ© de chloration, et selon des paramĂštres atmosphĂ©riques tels que la tempĂ©rature, elles sont Ă©mises en phase gazeuse ou particulaire : les tĂ©tradioxines, les pentadioxines et les furanes (dont les congĂ©nĂšres figurent parmi les plus toxiques) sont retrouvĂ©s « en proportions non nĂ©gligeables » dans la phase gazeuse note l'Ineris[1]. MalgrĂ© des Ă©missions chroniques, l'eau en contient peu, les plantes un peu, et c'est le sol ou la chaine alimentaire qui les concentrent : Les taux de dioxines les plus Ă©levĂ©es ont Ă©tĂ© dĂ©couverts dans le sol, des animaux sauvages et certains de nos aliments (produits laitiers, viande, jaune d'Ćuf, crustacĂ©s et certains poissons).
(1%252C4)dioxine_200.svg.png.webp)

Parmi ces dioxines (et furannes), les dibenzo-p-dioxines (PCDD) et les polychlorodibenzofuranes (PCDF), sont deux des douze polluants organiques persistants (POP) concernés par la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants qui demande[2] un inventaire des sources, et « une minimisation continue ainsi, lorsque cela est possible, une élimination finale ». Selon le PNUE, cinq compartiments et/ou milieu sont concernés par des rejets et/ou transferts anthropiques de dioxines et furanes : l'air, l'eau, le sol, les résidus et les produits ; ces cinq compartiments sont à prendre en compte dans les inventaires nationaux d'émissions de PCDD/PCDF[3].
ĂlĂ©ments de dĂ©finition
Le mot dioxine désigne notamment les dibenzodioxines et dans le langage courant plus particuliÚrement les polychlorodibenzo-p-dioxines (ou PCDD), la dioxine la plus toxique, mieux connue du public à la suite de la catastrophe de Seveso.
Le mot dioxine, dans son sens le plus large regroupe donc plusieurs classes de molécules :
- les polychlorodibenzo-p-dioxines (PCDD), qui incluent « la » dioxine de Seveso. Ces PCDD sont tous des dérivés de la dibenzo-p-dioxine.
210 types de composés sont apparentés à ce type de dioxine (dits « congénÚres »), 75 congénÚres (molécules proches, dont le nombre et l'emplacement des atomes de chlore diffÚrent), dont dix-sept trÚs toxiques et sept particuliÚrement toxiques, le plus dangereux étant la 2,3,7,8-Tétrachlorodibenzodioxine (TCDD)[4] ; - les polychlorodibenzofuranes (PCDF) ou furanes. Tous les PCDF dérivent du dibenzofurane.
Il en existe 135 isomÚres, dont dix ont des propriétés analogues à celles de la dioxine ; - les biphényles polychlorés/polybromés (PCB/PBB), dérivés du biphényle.
Douze sont dits « analogues » de la dioxine.
Dans certaines conditions, les PCB peuvent former des dibenzofuranes et/ou des dioxines par oxydation partielle.
Nota : l'expression « 1,4-dioxine » désigne l'unité chimique de base des dioxines plus complexes (ce composé simple n'est ni persistant, ni aussi toxique que les PCDD).
Il en existe essentiellement deux isomĂšres de position :
- les 1,2-dioxines oĂč les deux atomes d'oxygĂšne sont consĂ©cutifs (position ortho), stables car proches des peroxydes ;
- les 1,4-dioxines oĂč les deux atomes d'oxygĂšne sont sĂ©parĂ©s par deux atomes de carbone (position para) ;
- les 1,3-dioxines (position mĂ©ta) ne peuvent pas ĂȘtre aromatiques et, de ce fait, sont beaucoup moins stables.
Les dioxines désignent aussi tout composé contenant un cycle de ce type.
Forme des grands types de dioxines
- Polychlorodibenzo-p-dioxines (PCDD).
- Polychlorodibenzofurane (PCDF).
- Polychlorobiphényles (PCB).
Utilisations
Les dioxines n'ont pas d'usage connu dans l'industrie ; de faibles quantités sont produites volontairement, pour les besoins de laboratoires et de la recherche.
En santé environnementale, elles sont utilisées comme indicateurs sanitaires, indicateurs de dégradation de l'environnement, dans le cadre de risques.
Voies de contamination de l'environnement

Selon le PNUE, les voies directes contaminant l'environnement sont[3] (avec des passages possibles d'un compartiment Ă l'autre) :
- le rejet dans l'air ;
- les rejets dans lâeau (Ă partir de pluies contaminĂ©es ou du ruissellement) ;
- les rejets dans la terre ou le sous-sol (à partir de retombées, décharges et enfouissement de cendres ou déchets pollués) ;
- rejet dans les produits manufacturĂ©s (pesticidesâŠ) ;
- rejet dans les résidus ;
- « points chauds » potentiels (voir chapitre consacré aux sources de dioxines) ;
- une voie biogĂ©nique de production Ă tempĂ©rature ambiante est dĂ©crite pour certaines dioxines, par exemple en contexte semi-anaĂ©robie lors de la digestion de boues d'Ă©puration[5], ou Ă partir de prĂ©curseurs chimiques comme le pentachlorophĂ©nol[6] ; ou comme certains rĂ©sidus de pesticides organochlorĂ©s (dans les sols, « la formation dâOCDD Ă partir de prĂ©curseurs dĂ©rivĂ©s de pesticides pourrait constituer un mĂ©canisme possible, passĂ©, prĂ©sent et futur, de contamination des Ă©chantillons environnementaux »[7]).
Ă titre d'exemple, le graphique ci-contre prĂ©sente une sĂ©rie chronologique d'analyse de dioxines/furanes faites dans le sĂ©diment d'un lac anglais (Esthwaite Water (en)) trĂšs prĂ©servĂ© et Ă©loignĂ© de zones urbaines, industrielles et de grandes voies de circulation. On constate une pollution et accumulation globalement croissante du sĂ©diment par les dioxines. En dĂ©pit du caractĂšre isolĂ© du lac, plupart des homologues chimiques de la dioxine Ă©taient prĂ©sents Ă des taux dĂ©tectables dans toutes les couches Ă©tudiĂ©es du sĂ©diment (câest-Ă -dire pour chaque dĂ©cennie depuis 1840)
Trois pĂ©riodes distinctes dâapports (et stockage de PCDD/Furanes) sont mises en Ă©vidence par des « signatures (profils) spĂ©cifiques dâhomologues et dâisomĂšres.
Avant 1900, les apports, encore relativement mineurs semblent issus de la rĂ©volution industrielle, avec lâindustrie miniĂšre, les carriĂšres, le charbon de bois et la fonderie de fer.
Durant le XXe siĂšcle, une 1re vague de pollution chronique et croissante atteint un summum vers 1930 ; cette vague est caractĂ©risĂ©e par un schĂ©ma inhabituel d'homologues dominĂ© par les PCDF de haut poids molĂ©culaire, dâorigine(s) inconnue(s).
Puis une seconde vague atteint un sommum dans les années 1970, elle correspond à une tendance retrouvée ailleurs en Europe et l'Amérique du Nord.
Avant 1900, la signature par la proportion des isomĂšres de TCDD / Furanes Ă©tait dominĂ© par les produits de dimĂ©risation du 2,4-dichlorophĂ©nol (CDF). Les taux de CDF P (1-3) semblaient ĂȘtre liĂ©es aux apports qui avaient atteint leur maximum dans les annĂ©es 1930, alors que les CDD P (1-3) se trouvaient dans les couches plus profondes. Les taux de diCDD ont encore augmentĂ© au cours des derniĂšres dĂ©cennies pour atteindre des niveaux similaires Ă ceux observĂ©s avant 1900.
Les auteurs notent quâen dĂ©pit dâune bonne connaissance du contexte historique, il ne leur a pas Ă©tĂ© possible de rĂ©trospectivement tracer les origines gĂ©ographiques et/ou matĂ©rielles de ces polluants, ce qui montre selon eux « quâil reste des lacunes importantes dans notre comprĂ©hension des sources de PCDD/Furanes et compromet notre capacitĂ© Ă prĂ©dire les tendances futures des Ă©missions de PCDD / F »[8].
Sources, origine et conditions de genĂšse des dioxines
Les dioxines sont formĂ©es « de maniĂšre non intentionnelle, et comme sous-produits de certains procĂ©dĂ©s »[3] ; toute combustion ou pyrolyse[9] en prĂ©sence de chlore peut gĂ©nĂ©rer des dioxines dans lâenvironnement.
Au dĂ©but du XXIe siĂšcle, les deux premiĂšres sources de dioxine et de composĂ©s apparentĂ©s aux dioxines (DLC) sont la combustion non contrĂŽlĂ©e de dĂ©chets solides[10] et les incendies de forĂȘt, alors que dans les annĂ©es 1880-1990, il s'agissait probablement de l'incinĂ©ration des dĂ©chets mĂ©nagers. Les sources recensĂ©es vers l'an 2000 par le PNUE[3] sont :
- les incinérateurs de déchets ménagers, de déchets dangereux, de boues d'épuration, de carcasses animales, de déchets de bois ou de biomasse et/ou de déchets médicaux[11]. Ces émetteurs ont beaucoup diminué leurs émissions de base ;
- les industries productrices de chlore, les industries métallurgiques et sidérurgiques travaillant les métaux ferreux ou non-ferreux (et en particulier de cuivre, aluminium, plomb, zinc, laiton) ;
- la fabrication de pùte à papier et de papier blanchi par un procédé au chlore ;
- les industries pétrochimiques et de la carbochimie (dont via la production d'organochlorés ; pesticides notamment soit parce qu'ils contenaient des dioxines comme contaminants, soit parce qu'une fois exposés aux UV solaires certains pesticides organochlorés sont transformés en dioxines[12] - [13] ;
- l'industrie textile et de traitement du cuir ;
- la production de chauffage et/ou d'électricité basée sur la combustion (d'énergies fossiles ou de biomasse, de biogaz ou gaz de décharge) ;
- certains modes de chauffage/cuisine et potentiellement tout procédé de combustion non-contrÎlée ;
- le transport (dont via les moteurs à quatre temps, à deux temps, diesel ou au fioul lourd, ainsi que via les feux de véhicules ou de pneus) ;
- la fabrication de certains produits minéraux (magnésium notamment mais aussi ciment, chaux, briques, tuiles, céramiques, verre, mélanges d'asphaltes, etc.) ;
- les feux de bois (bois humide ou salinisĂ©s) ; la pratique de l'Ă©cobuage (notamment si des phyto-sanitaires organochlorĂ©s rĂ©manents Ă©taient prĂ©sents ou en contexte littoral propice aux embruns salĂ©s). Les ateliers de fumage peuvent ĂȘtre concernĂ©s ; La dĂ©gradation thermique des PCB (polychlorobiphĂ©nyle) peut aussi gĂ©nĂ©rer des dioxines ;
- la production et l'utilisation de certains produits chimiques et de biens de consommation, dont produits chlorĂ©s, et notamment insecticides ou d'herbicides contenant du pentachlorophĂ©nol et/ou dâautres chlorophĂ©nols (ex : l'agent orange utilisĂ© au Viet-nam) ;
- la récupération de fils ou de métaux (dont de composants électroniques) par voie thermique ;
- certains ateliers de nettoyage Ă sec ;
- le traitement (non thermique) d'huiles usagées ;
- les systÚmes de sanitation et/ou de traitement des eaux usées utilisant du chlore ou traitant des déchets contenant du chlore ou du sel ;
- la crémation de cadavres animaux ou humains.
Le PNUE recommande de notamment bien identifier les « points chauds » (Hot Spots) que sont les sites de production de chlore et/ou d'organochlorĂ©s, les sites de formulation et/ou d'application des phĂ©nols chlorĂ©s, les sites de production et de traitements conservateurs des bois, les lieux de stockage ou utilisation de transformateurs Ă©lectriques remplis de PCB, les dĂ©charges de dĂ©chets/rĂ©sidus susceptible d'avoir reçu des dĂ©chets chlorĂ©s ou contenant des dioxines ; certains sites d'accidents « pertinents » ; les sites de stockage ou dragage de sĂ©diments ; certains sites d'extraction de kaolin ou dâargile figuline (ball clay) qui risquent de contenir des dioxines[3] - [14].
Enfin, des phĂ©nomĂšnes naturels comme les Ă©ruptions volcaniques ou plus ou moins naturels/anthropiques comme les incendies de forĂȘts en gĂ©nĂšrent aussi (surtout en cas d'apports d'eau de mer par les bombardiers d'eau).
GenĂšse physico-chimique
Deux principaux mécanismes de formation de novo de dioxines (pouvant coexister) sont :
- Une synthĂšse de novo oĂč les PCDD/PCDF sont directement formĂ©s Ă partir de structures Ă base de carbone (C) et de chlore, qui sont trĂšs diffĂ©rentes du produit final (PCDD/PCDF)[3].
- Des rĂ©actions conduisant Ă la formation de prĂ©curseurs, via des structures aryles dĂ©rivĂ©es soit dâune oxydation incomplĂšte d'hydrocarbures aromatiques, soit de la cyclisation de fragments dâhydrocarbures[3].
Dans un procédé thermique, quatre conditions peuvent (séparément ou synergiquement) favoriser la formation de PCDD/PCDF :
- Haute température (pendant le refroidissement des gaz de combustion dans une gamme 450 à 200 °C) et/ou une combustion incomplÚte[3] ;
- Présence de carbone organique[3] ;
- Présence de chlore (qu'il soit d'origine organique ou minérale, d'origine primaire ou issu de dégradation)[3] ;
- Produits contenant déjà des PCDD/PCDF[3].
En outre l'humidité du combustible (dans le cas du bois notamment, ou en cas d'incendies arrosés par les pompiers) aggrave le risque[15] ; et la durée de combustion est aussi parfois aussi un facteur important[15].
Enfin des catalyseurs peuvent intervenir : la charge en mĂ©taux (mĂȘme pour de faibles doses) du combustible ; teneur en cuivre notamment, car ce mĂ©tal catalyse la formation d'organochlorĂ©s, dont dioxines) est donc un paramĂštre important[16] - [15]. La dioxine peut donc ne pas se former immĂ©diatement au cĆur du foyer, mais un peu en aval quand les gaz refroidissent ou en prĂ©sence de certains catalyseurs.
Dans les usines chimiques ou laboratoires, en prĂ©sence de chlore et de matiĂšre organique, la formation de PCDD/PCDF est favorisĂ©e « si une ou plusieurs des conditions ci-aprĂšs sâappliquent »[3] :
- Des températures dépassant 150 °C ;
- Des conditions alcalines (surtout lors d'une purification) ;
- Une irradiation UV, ou autre catalyseur initiateur de radicaux.
Concernant les incendies ou le bois-Ă©nergie, plusieurs Ă©tudes ont dĂ©tectĂ© des teneurs Ă©levĂ©es (20 pg/m3) de dioxines et furanes en aval de feux de forĂȘt[17] et notamment proximitĂ© de la mer (qui contient du sel, source d'ions chlore) (ou aprĂšs les largages dâeau de mer par des avions bombardiers d'eau). Le chlore issu du sel contribue Ă produire des dioxines (et furanes).
En 2003, l'INERIS a analysĂ© les fumĂ©es de quelques feux correspondant Ă une surface dĂ©broussaillĂ©e de 4 m2, dans une chambre de combustion de 80 m3 surmontĂ©e dâune hotte dâextraction des fumĂ©es : les Ă©missions de dioxines et furanes Ă©taient en moyenne de 10,5 ng I.TEQ/kg de biomasse brĂ»lĂ©e (de 1,0 Ă 25,9). Il est notable que dans ce cas ce n'est pas la combustion des vĂ©gĂ©taux collectĂ©s prĂšs de la mer, mais celle de ceux qui Ă©taient les plus humides qui a produit le plus de polluants (CO, NOx et COVT) et d'organochlorĂ©s. Lors de cette Ă©tude, il n'y avait cependant pas de combustion d'arbres vivants, ni de sol, et les tempĂ©ratures n'atteignaient pas celles des grands incendies[18].
Mécanismes de toxicité
Les effets toxiques des dioxines sont mesurĂ©s comparativement (en Ă©quivalents fractionnaires) Ă la TCDD (2,3,7,8-TĂ©trachlorodibenzo-p-dioxine), le membre le plus toxique et le mieux Ă©tudiĂ© du groupe des dioxines (voir TCDD pour une description plus dĂ©taillĂ©e du mĂ©canisme). Les dioxines nâont pas dâactivitĂ© mutagĂšne ou gĂ©notoxique directe prouvĂ©e[19] mais elles sont des promoteurs de cancers.
La toxicitĂ© des dioxines est expliquĂ©e par leurs interactions avec une protĂ©ine intracellulaire spĂ©cifique : le rĂ©cepteur dâaryl dâhydrocarbone (AhR, ou AH pour « aryl hydrocarbon receptor »). Cette protĂ©ine est un facteur de transcription impliquĂ© dans l'expression de nombreux gĂšnes ; jouant un rĂŽle dans la rĂ©ponse aux toxines environnementales, et dans le systĂšme immunitaire des muqueuses (intestinales notamment)[20]. Sa fonction dâ« amplificateur de la transcription », fait quâil affecte Ă son tour un certain nombre d'autres protĂ©ines rĂ©gulatrices[21] - [22] - [23].
La dioxine TCDD tend Ă se lier Ă ce rĂ©cepteur AhR. Cette liaison dĂ©clenche la production dâune classe dâenzymes (enzymes du cytochrome P450 1A) qui ont pour fonction de dĂ©composer les produits toxiques qui apparaissent ou entrent dans les cellules (par exemple les hydrocarbures polycycliques cancĂ©rigĂšnes tels que le benzo (a) pyrĂšne), mais en gĂ©nĂ©rant dans ce processus des sous-produits qui peuvent ĂȘtre beaucoup plus toxiques que la molĂ©cule-mĂšre)[24].
LâaffinitĂ© des dioxines (et dâautres organochlorĂ©s industrielles souvent associĂ©es) pour ce rĂ©cepteur nâexplique pas certains des effets toxiques des dioxines (dont notamment lâimmunotoxicitĂ©, les effets endocriniens et la promotion tumorale). La rĂ©ponse toxique semble dĂ©pendre de la dose, mais uniquement dans certaines plages de concentration et/ou Ă certains stades du dĂ©veloppement. Une relation dose-rĂ©ponse multiphasique a Ă©galement Ă©tĂ© rapportĂ©e, ce qui complique lâĂ©valuation du rĂŽle exact des dioxines dans les cancers[25].
Les dioxines sont des perturbateurs endocriniens (perturbateur de la thyroĂŻde notamment) probablement, avant mĂȘme dâactiver le rĂ©cepteur AhR. La TCDD, et les autres PCDD, les PCDF et les PCB coplanaires de type dioxine, ne sont cependant pas des agonistes directs (ni des antagonistes directs) des hormones, et ils ne se montrent pas actifs dans les essais qui criblent directement ces activitĂ©s telles qu'ER-CALUX et AR-. CALUX[19]. Un mĂ©lange de PCB tel que lâ'Aroclor peut contenir des composĂ©s qui sont des agonistes connus des ĆstrogĂšnes, mais qui ne sont en revanche pas classĂ©s comme analogues Ă la dioxine en termes de toxicitĂ©. Des effets mutagĂšnes ont Ă©tĂ© Ă©tablis pour certains produits chimiques Ă faible teneur en chlore, tels que le 3-chlorodibenzofurane, qui n'est ni persistant ni agoniste du rĂ©cepteur de l'AH[26].
Toxicité chez l'animal
De nombreuses études cliniques sur les animaux ont mis en évidence une grande variété de symptÎmes induits par la toxicité de la dioxine, à la fois concernant les systÚmes biologiques affectés et la gamme de posologie nécessaire pour les résoudre[27].
Effets aigus
Une dose unique mais Ă©levĂ©e de dioxine induit un syndrome de dĂ©pĂ©rissement aboutissant Ă la mort de lâanimal (en une Ă six semaines)[23]. (Remarque : la plupart des Ă©tudes de toxicitĂ© ont Ă©tĂ© faites avec la 2,3,7,8-TĂ©trachlorodibenzo-p-dioxine).
La DL50 de la TCDD varie cependant Ă©normĂ©ment dâune espĂšce Ă lâautre et parfois mĂȘme selon les souches dâune mĂȘme espĂšce, lâĂ©cart le plus notable Ă©tant entre les espĂšces apparemment proches de hamsters et de cobayes. La DL50 par voie orale chez les cobayes ne dĂ©passe pas 0,5 Ă 2 ÎŒg/kg de poids corporel, tandis que chez le hamster elle peut aller jusqu'Ă 1 Ă 5 mg/kg de poids corporel[27]. MĂȘme entre diffĂ©rentes variĂ©tĂ©s de rats ou de souris, la toxicitĂ© aiguĂ« peut varier d'un facteur 10 Ă 1 000[27].
Et entre différentes souches de souris ou de rats, il peut exister des différences de toxicité aiguë de l'ordre de dix à mille fois[27]. Les effets pathologiques les plus manifestes sont observées dans le foie, le thymus et d'autres organes.
Effets chroniques et subchroniques
Les dioxines peuvent aussi nuire Ă faibles doses, en particulier Ă des stades de dĂ©veloppement particuliers, notamment les stades fĆtal, nĂ©onatal et pubĂšre[28]. Pour une contamination in utero, des effets sur le dĂ©veloppement bien Ă©tablis sont :
Toxicité pour l'Homme
Sur la base d'études sur le modÚle animal, plusieurs types de dioxines ont été considérées comme hautement toxiques pour l'Homme, et capables de causer des problÚmes de reproduction et de développement, d'endommager le systÚme immunitaire, d'interférer avec les hormones et également de causer le cancer[29]. Une étude a estimé que la demi-vie des dioxines dans le corps humain serait de sept à onze ans[29].
à court terme, l'absorption de doses élevées de TCDD, induisent un malaise initial puis une chloracné, et une aménorrhée chez la femme[30] - [31] - [32].
Dans le cadre d'expositions professionnelles, de nombreux symptÎmes ont été observés, mais ces expositions étant toujours conjointes à une exposition à d'autres produits chimiques (dont par exemple chlorophénols, herbicides chlorés, chlorophénoxyacides, solvants chlorés). Il reste difficile d'attribuer avec certitude un symptÎme aux dioxines ou à tel ou tel type de dioxine[33] - [29].
Les effets consensuellement suspectés ou reconnus chez l'adulte sont : des dommages au foie, des modifications du métabolisme de l'hÚme, des taux de lipides sériques, des fonctions thyroïdiennes, ainsi que des effets diabétiques et immunologiques[33].
Comme chez l'animal, les effets sur l'embryon et le fĆtus humain semblent beaucoup plus graves que ceux qui se manifesteront chez les adultes. L'exposition intra-utĂ©rine aux dioxines et/ou Ă des composĂ©s apparentĂ©s a des effets dĂ©lĂ©tĂšres pour le fĆtus, ou plus subtils sur l'enfant plus tard dans la vie, avec notamment des modifications de la fonction hĂ©patique, des taux d'hormones thyroĂŻdiennes, des globules blancs et une diminution des performances des tests d'apprentissage et d'intelligence. [23], des perturbations du dĂ©veloppement dentaire[34], une perturbation du dĂ©veloppement sexuel[35] et de la santĂ© reproductive :
- chez l'Homme : on a montré aprÚs la catastrophe de Seveso que la numération et la motilité des spermatozoïdes ont été clairement été affectées, et que cette délétion de la spermatogenÚse se manifeste de maniÚre différente selon que les hommes ont été exposés avant, pendant ou aprÚs leur puberté[36] ;
- chez la Femme : les dioxines peuvent favoriser l'endomĂ©triose. Le centre de recherche sur lâendomĂ©triose (ERC) a tĂ©moignĂ© devant la lĂ©gislature de lâĂtat de Californie concernant le projet de loi 2820 (Cardoza, D-Merced) selon lequel « les produits dâhygiĂšne fĂ©minine (c.-Ă -d. les tampons) donnent effectivement des rĂ©sultats positifs en ce qui concerne la dioxine. â catalyseur documentĂ© pour l'endomĂ©triose â et les effets de la dioxine sont cumulatifs ; ils peuvent ĂȘtre mesurĂ©s jusqu'Ă vingt ou trente ans aprĂšs l'exposition[37]. Le CRE mentionne Ă©galement une Ă©tude indĂ©pendante qui a rĂ©vĂ©lĂ©, dans une Ă©valuation de quatre marques de tampons et quatre marques de couches pour bĂ©bĂ©s, que les dioxines « Ă©taient prĂ©sentes Ă des concentrations dĂ©tectables dans tous les Ă©chantillons ». La prĂ©sence de cette toxine dans les tampons peut ĂȘtre liĂ©e Ă l'endomĂ©triose car les dioxines ont une longue durĂ©e de vie dans l'organisme. Elles sont chimiquement stables et peuvent ĂȘtre absorbĂ©es par le tissu adipeux, oĂč elles sont ensuite stockĂ©es dans le corps[29].
Faibles doses : mĂȘme Ă des niveaux cent fois infĂ©rieurs Ă ceux associĂ©s Ă ses effets cancĂ©rigĂšnes, la prĂ©sence de dioxine peut endommager le systĂšme immunitaire, causer de graves problĂšmes de reproduction et de dĂ©veloppement, ainsi qu'une interfĂ©rence avec les hormones rĂ©gulatrices[38].
Risques sanitaires
Les dioxines les plus chlorĂ©es sont peu dĂ©gradables (demi-vie estimĂ©e Ă dix-douze ans). Ces molĂ©cules sont lipophiles, dâoĂč leur stabilitĂ© une fois introduite dans un organisme vivant animal. Elles rĂ©sistent aux mĂ©canismes de dĂ©toxification et sont emmagasinĂ©es dans les tissus adipeux des animaux. Ătant chimiquement trĂšs stables, elles sont par facilement bioaccumulĂ©es, Ă des doses croissantes au fur et Ă mesure quâon monte dans la chaĂźne alimentaire (RĂ©seau trophique).
Les humains y sont exposés via l'alimentation (viande, poisson, produits laitiers) ou via l'inhalation de fumées (tabac, feux, dont incendies). Les fruits, légumes et céréales en contiennent également, mais en moindre quantité.
Chez lâhumain, une exposition aiguĂ« Ă de fortes concentrations de dioxines peut entraĂźner un trouble dermatologique, la chloracnĂ©, et une perturbation du bilan hĂ©patique[39].
Sur le long terme, d'autres effets sont suspectĂ©s, mais dĂ©battus : troubles immunitaires et endocriniens, dĂ©veloppement du systĂšme nerveux, cancers, troubles de la reproduction[40]... Les effets dĂ©pendent de multiples facteurs, comme le type et la frĂ©quence dâexposition, le profil des dioxines prĂ©sentes, et certains facteurs individuels. Une exposition Ă minima est recommandĂ©e. Selon SantĂ© Canada, lâexposition tolĂ©rable mensuelle aux dioxines correspond Ă 70 pg/kg de poids corporel.
Chez lâanimal, lâexposition aux dioxines a pu ĂȘtre associĂ©e Ă l'apparition de certains types de cancers.. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classĂ© la dioxine 2,3,7,8 TCDD (2, 3, 7, 8 tĂ©trachlorodibenzo-p-dioxine) dans le groupe 1 « cancĂ©rogĂšnes pour lâHomme ». Les autres dioxines sont classifiĂ©es dans le groupe 3.
De nombreux cas de contaminations Ă la dioxine ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s ces derniĂšres dĂ©cennies. Quelques cas graves ont eu des consĂ©quences importantes dans diffĂ©rents pays. Le premier cas de contamination survient Ă la suite de la surchauffe dâun rĂ©acteur dâune usine Ă Seveso (Italie) en . Le nuage toxique libĂ©rĂ© a contaminĂ© une zone de 15 km2 et ses 37 000 habitants. Ă la suite de cet incident, des cas de chloracnĂ© ont Ă©tĂ© identifiĂ©s. Des Ă©tudes approfondies se poursuivent pour dĂ©terminer les effets Ă long terme sur la population. Des Ă©tudes ont Ă©tĂ© Ă©galement rĂ©alisĂ©es sur « lâagent orange », herbicide dĂ©foliant utilisĂ© lors de la guerre du ViĂȘt Nam. Les scientifiques poursuivent leurs recherches sur un lien possible avec certains types de cancers et le diabĂšte.
En rĂ©sumĂ©, un lien est Ă©tabli entre une exposition aiguĂ« aux dioxines, et Ă des doses importantes (Ă partir du microgramme par kilogramme de masse corporelle par jour) qui peuvent provoquer la chloracnĂ© et des perturbations du bilan hĂ©patique. Concernant les expositions chroniques Ă des doses plus faibles sur de plus longues pĂ©riodes, les effets sont moins bien identifiĂ©s mais semble prĂ©sents. Chez lâHomme, seuls quelques rares cas de cancers se sont dĂ©clarĂ©s bien des annĂ©es aprĂšs des expositions en milieu professionnel.
Dioxines dans les plantes
Avant 1990, trĂšs peu dâinformation Ă©tait disponible sur la contamination de diffĂ©rentes parties des vĂ©gĂ©taux (racines, tiges, feuilles, fruits) et des diffĂ©rentes strates vĂ©gĂ©tales par les dioxines et furanes, alors que ces donnĂ©es sont trĂšs importante pour modĂ©liser les risques de contamination du gibier, des animaux dâĂ©levage et de rente, et des produits du jardin ou du potager.
On sait que le taux dâabsorption varie selon le type dâorganochlorĂ©, selon le type de plante et quâau moins quatre voies dâentrĂ©e de ces organochlorĂ©s dans les plantes existent Ă partir du sol, de lâair ou moindrement de lâeau[41] :
- via lâadsorption Ă la surface des cellules racinaires ;
- via une translocation par la sÚve, des racines vers les parties aériennes ;
- via lâabsorption de dioxines et /ou furanes volatiles directement par les cellules des parties aĂ©riennes des vĂ©gĂ©taux le type de cuticules (cireuses ou non) et de stomates pouvant alors probablement aussi jouer un rĂŽle) ;
- par dépÎts de dioxines et furanes sur les feuilles et tiges (dépÎts secs ou humides).
Contamination de la strate herbacée
En 1994, McCrady rend compte dâune Ă©tude oĂč il a exposĂ© durant 96 h diffĂ©rents vĂ©gĂ©taux (herbe, azalĂ©e, Ă©pinette, chou frisĂ© et poivron) et 3 fruits (pomme, tomate et poivron) Ă du 3H-2,3,7,8-TCDD en phase vapeur. Il constate que le taux de sorption de cette dioxine varie considĂ©rablement (de deux ordres de grandeur parfois) pour les diffĂ©rents tissus vĂ©gĂ©taux et selon lâespĂšce ; il a estimĂ©[42] que la premiĂšre voie de contamination des vĂ©gĂ©taux est le dĂ©pĂŽt sur les parties aĂ©riennes plutĂŽt que la translocation Ă partir du sol via les racines. Et il nâobservera pas de diffĂ©rence selon que la cuticule soit cireuse ou non (remarque : des informations contradictoires existent sur le rĂŽle des cuticules cireuses dans la captation dâorganochorĂ©s lipophiles). Cette mĂȘme annĂ©e (1994), Huelster et al. montrent que chez le concombre, la contamination se fait essentiellement via les dĂ©pĂŽts sur les feuilles[41].
Ă la mĂȘme Ă©poque, plusieurs Ă©quipes de chercheurs suspectent que les dioxines (PCDD et furanes (F) (stockĂ©s dans le sol ou apportĂ©s par divers intrants tels que compost, boues d'Ă©puration, cendres et autres amendements organiquesâŠ) peuvent aussi ĂȘtre volatilisĂ©s Ă partir du sol, notamment quand il est rĂ©chauffĂ© par le soleil, pour ensuite ĂȘtre ensuite absorbĂ©s par les tissus aĂ©riens de la plante.
En effet, Schroll et Scheunert (en 1993) ont analysĂ© la prĂ©sence dâOCDD dans divers organes de la carotte cultivĂ©e ; ils en ont trouvĂ© dans les feuilles, et dans la racine, mais sans observer aucune translocation des racines vers les parties aĂ©riennes (durant quatorze jours dâobservation). Il montre que la volatilisation des OCDD Ă partir du sol permet bien une captation foliaire[43].
En 1995, Welsch-Pausch et al. concluent que câest aussi le cas chez Lolium perenne[44]. En 1996, Trapp et Matthies concluent de leurs travaux que cette voie solâairâfeuille est possible, mais selon eux uniquement en prĂ©sence de sols trĂšs contaminĂ©s[45].
Cependant, au mĂȘme moment (1994), on dĂ©couvre que certaines plantes (alimentaires) captent les dioxines et furanes via les racines et les transloquent Ă leurs parties aĂ©riennes via la sĂšve : parmi les espĂšces testĂ©es, les citrouilles et courgettes se montrent trĂšs « efficace » pour cela ; Cucurbita pepo Ă©tant en 1994 celle qui transportait le mieux ces organochlorĂ©s du sol vers la partie aĂ©rienne de la plante[41], y compris dans le fruit (les cucurbitacĂ©es accumulent les dioxines et furanes dans leurs fruits avec des concentrations qui sont jusquâĂ deux ordres de grandeur supĂ©rieures aux quantitĂ©s trouvĂ©es dans les autres fruits et lĂ©gumes[41]. Les auteurs posent alors lâhypothĂšse que cette translocation pourrait ĂȘtre permise parce que les cucurbitacĂ©s produisent des exsudats racinaires particuliers[41].
Campanella et Paul (2000) ont confirmé cette hypothÚse chez Cucumis melo et Cucurbita pepo qui produisent effectivement des substances pouvant se lier aux dioxines et aux furanes[46].
En 2007, Jou et al. ont analysé la concentration de dioxines dans diverses espÚces de plantes ; elle variait de 12,7 à 2 919 ng TEQ de dioxines par kg de matiÚre sÚche quand le taux de dioxines du sol variait de 74,6 à 979 000 ng TEQ par kg de sol. La plupart des espÚces végétales en contenaient plus dans leurs feuilles que dans leurs racines[47].
En 2008, Fang et al. prouvent chez trois espÚces de plantes (Phragmites australis, Polygonum orientale, et Artemisia selengensis) exposées à des dioxines et furanes que ces végétaux se sont majoritairement contaminés (avec accumulation dans certains tissus) à partir de la volatilisation des composés du sol, via les feuilles[48].
En 2009, Zhang et al., pour mieux identifier la part de dioxines et furanes absorbĂ©/adsorbĂ©e via lâair celle absorbĂ©e /adsorbĂ©e via les racines ont calculĂ©, chez le chrysanthĂšme et chez onze espĂšces de plantes alimentaires, la quantitĂ© de dioxines et furanes accumulĂ©e dans les plantes par volatilisation dâune part et par translocation Ă partir du sol (ils ont cultivĂ© des plantes dans un substrat non-contaminĂ© mais prĂšs de sols contaminĂ©s afin de mesurer la part des dioxines/furanes absorbĂ©e directement Ă partir de lâair via les feuilles[49]. Selon ce travail : chez le maĂŻs, soja, riz, chou, tomate et chrysanthĂšme, la translocation est nĂ©gligeable ; inversement, elle est majeure chez les cucurbitacĂ©es, mais aussi chez le blĂ© et le sorgho (blĂ© et sorgho prĂ©sentant des facteurs de translocation respectivement de 0,0013 et 0,0012, qui restent infĂ©rieurs Ă celui de la courgette : 0,0089)[49].
En 2013, Hanano et al. se sont intĂ©ressĂ©s Ă la capacitĂ© dâArabidopsis thaliana Ă accumuler la TCDD, montrant quâelle peut absorber et accumuler 20 ± 2, 27,5 ± 3 et 28,5 ± 2 pg/g dont 20 ± 2, 27,5 ± 3 et 28,5 ± 2 pg/g par translocation quand elle est exposĂ©e Ă des taux de 10, 50 et 100 ng de TCDD L-1 respectivement[50].
En 2017, Urbaniak et al. montrent que cinq semaines de cultures de cucurbitacĂ©es suffisent Ă significativement rĂ©duire la phytoxicitĂ© racinaire dâun sol ayant reçu des boues dâĂ©puration polluĂ©es (dont par des dioxines et furanes) âŠmais les produits rĂ©coltĂ©s seront enrichis en ces produits[51] - [52].
Contamination des arbres ?
Plus en hauteur, la strate arborĂ©e se montre capable dâintercepter de nombreux polluants et parfois de les adsorber.
Les dioxines, furanes et autres organochlorés aérotransportés se déposent en partie sur les feuillages ; on a montré que les cuticules cireuses des aiguilles de pins peuvent les stocker[53] - [54] (permettant une biosurveillance pour ces composés[55]).
En 2018, dans un site plantĂ© de pins exposĂ©s durant une dĂ©cennie aux Ă©missions dâune combustion Ă ciel ouvert de dĂ©chets municipaux solides, Haddad et al. ont Ă©tudiĂ© le devenir de dioxines ayant contaminĂ© ces arbres. Sur ce site, le taux de dioxines du sol Ă©tait de 10 Ă 35 % supĂ©rieur Ă la moyenne attendue, et les auteurs y ont dĂ©tectĂ© des pics de concentration sous les arbres ; ces « flaques de dioxines » rĂ©sultent du lessivage des arbres contaminĂ©s par les pluies (les chutes dâaiguilles contaminĂ©es au sol sont beaucoup plus Ă©parpillantes pour la contamination). Ils concluent quâil existe un effet de rinçage via les pluies provoquant des taches de concentration sous les arbres[56].
Méthode de prélÚvements
Outre les prĂ©leveurs en continu, il est souvent nĂ©cessaire de faire des mesures ponctuelles. Selon l'Ineris (1999), les prĂ©leveurs de pluies, de particules ainsi que des surfaces artificielles peuvent servir de lieux de collecte de dioxines, mais ils risquent de ne pas capter la phase gazeuse, d'ĂȘtre lessivĂ©s par les pluies, et surtout, ils ne simulent que trĂšs imparfaitement les surfaces biologiques ou naturelles qui fixent les dĂ©pĂŽts susceptibles de directement contaminer les organismes et la chaĂźne alimentaire[1]. Il est donc recommandĂ© d'utiliser des techniques de biosurveillance (ou biomonitoring) basĂ©es sur l'analyse d'Ă©chantillons de vĂ©gĂ©taux naturels ou cultivĂ©s en place et/ou de vĂ©gĂ©taux « de simulation » (plantes en pots semĂ©es ad hoc sur un substrat et dans un environnement exempt de dioxines (afin de diffĂ©rencier la pollution chronique de retombĂ©es rĂ©centes)[1], avec comme limite en zone froide ou tempĂ©rĂ©e le caractĂšre saisonnier de la vĂ©gĂ©tation (ce interdit la comparaison de rĂ©sultats concernant des lieux et pĂ©riodes diffĂ©rents). Les sols sont considĂ©rĂ©s comme le rĂ©servoir principal des dioxines, mais les mesures y prĂ©sentent une grande variabilitĂ© « sur un mĂȘme site et d'un site Ă l'autre. Ceci implique un nombre de points de prĂ©lĂšvement par site relativement important »[1];
MĂ©thode analytique
Lâanalyse chimique quantitative des dioxines est complexe, coĂ»teuse et nĂ©cessite des prĂ©cautions en raison de leur toxicitĂ© Ă faible dose. Ă la fin du XXe siĂšcle dans le monde, peu de laboratoires pouvaient en faire des analyses prĂ©cises.
La mĂ©thode dâanalyse dĂ©pend du type d'Ă©chantillon. Les quantitĂ©s de dioxine sont souvent de grandeur picomĂ©trique, nĂ©cessitant une mĂ©thode analytique extrĂȘmement sensible et Ă basse limite de dĂ©tection, avec des contrĂŽles de qualitĂ© prĂ©cis. La chromatographie gazeuse couplĂ©e Ă la spectromĂ©trie de masse Ă haute rĂ©solution (HRGC/MS) est souvent retenue, car rĂ©pondant Ă ces critĂšres. Les quantitĂ©s d'Ă©chantillon et de solvants doivent pouvoir ĂȘtre faibles, car le volume dâinjection est de lâordre du microlitre pour cette mĂ©thode, qui est recommandĂ©e par l'US EPA et les directives EuropĂ©ennes pour les aliments et lâeau[57] - [58].
RĂ©glementation
Au niveau mondial
- En 1995 (mai), Ă Nairobi, l'ONU considĂšre la nĂ©cessitĂ© dâactions internationales pour rĂ©duire et dâĂ©liminer les rejets et Ă©missions de polluants organiques persistants (POP).
- En 1997, le Conseil de direction (GC) du PNUE a lancé[59] un travail de recherche et diffusion sur « les alternatives possibles aux POPs, les inventaires des PCBs et des technologies de destruction disponibles, ainsi que les stratégies de gestion pour les PCDD/PCDF »[3].
- En 1998, le Protocole Aarhus de l'UNECE sur les POP est signé dans le cadre de la Convention UNECE sur la pollution atmosphérique transfrontiÚre à longue distance[60] .
- En 1999, le PNUE constate que les quelques inventaires existants de sources d'émissions sont incomplets et basés sur des méthodes différentes, ne permettant pas d'inter-comparaison[3].
- En 2001 (janvier) dans le cadre de lâIOMC (Programme Inter-organisme pour la Gestion rationnelle des Produits Chimiques) sous l'Ă©gide de l'ONU, le PNUE Substances Chimiques, a publiĂ© un projet d'« Outil NormalisĂ© pour lâIdentification et la Quantification de Rejets de Dioxines et de Furannes » sous forme de projet, dit « ToolKit »[3] (traduit en espagnol, français et russe).
Cette mĂȘme annĂ©e, la commission du codex Alimentarius adopte un code dâusages pour rĂ©duire Ă la source la contamination des aliments par les substances chimiques (et en 2006, le Codex publiera un Code dâusages pour prĂ©venir et rĂ©duire la contamination des aliments par les dioxines et les PCB de type dioxine)[3]. - Mi-2002, la 6e session du ComitĂ© Intergouvernemental de NĂ©gociation de la Convention de Stockholm (dĂ©cision 6/4) considĂšre que le ToolKit peut aider Ă l'Ă©valuation de rejets actuels et projetĂ©s de POP (dont dioxines), tout en invitant Ă encore l'amĂ©liorer avant la session suivante, ce qui sera fait pour une publication en 2003[3] ; des ateliers de formation Ă l'utilisation de l'outil ont Ă©tĂ© proposĂ©s par le PNUE Ă un niveau infrarĂ©gional.
- La Directive europĂ©enne « PrĂ©vention et contrĂŽle intĂ©grĂ©es de la pollution » impose la crĂ©ation dâun Registre europĂ©en des Ă©missions polluantes (EPER) pour permettre la diffusion dâinformations provenant de diffĂ©rentes installations[61].
En Europe
- LâUE, dans son cinquiĂšme programme dâaction pour lâenvironnement, visait une rĂ©duction de 90 % des Ă©missions de 1985 Ă 2005.
De 1985 Ă 1996, la quantitĂ© totale de dioxines dâorigine industrielle a Ă©tĂ© rĂ©duite de moitiĂ©. Le taux moyen de dioxines du sang humain est passĂ© de vingt Ă dix picogrammes[alpha 1] TEQ par gramme de lipides en quelques annĂ©es. Lâusage de PCB a Ă©tĂ© interdit ou abandonnĂ©.
Les normes d'incinĂ©ration se sont durcies (maximum de 0,1 ng de dioxine par mĂštre cube normalisĂ© de fumĂ©e). En Flandre, lâincinĂ©ration des ordures mĂ©nagĂšres a diminuĂ© de 85 % ses Ă©missions de dioxines en dix ans.
En Amérique
Le Canada a pris des mesures de rĂ©duction et contrĂŽle des dioxines rejetĂ©es dans lâenvironnement, avec notamment des directives sur les rejets de dioxines et de furanes par les incinĂ©rateurs de dĂ©chets urbains et dangereux. Des rĂšglements visent une Ă©limination quasi totale des rejets de dioxines dans les usines de pĂąte Ă papier et de fabrication de produits antiparasitaires. Les dioxines et de furanes ont diminuĂ© de 60 % dans lâenvironnement canadien depuis 1960[62].
Ăvaluation des risques environnementaux et sanitaires
En 2012, divers auteurs dont George M. Gray[alpha 2] et Joshua T. Cohen[alpha 3] suggÚrent de revoir les méthodes d'évaluation des risques liés aux dioxines[63].
L'OMS recommande un seuil sanitaire de dose journaliÚre admissible de 4 pg d'équivalent dioxine par kilogramme de masse corporelle par jour (c'est-à -dire 280 pg/j pour une personne de 70 kg)[64] ou une dose mensuelle tolérable provisoire de 70 pg/kg de poids corporel/mois[65].
Le CITEPA évalue à 117 g d'équivalent toxique, la quantité de dioxine émise dans l'air en France métropolitaine en 2014. Il s'agit du taux le plus bas enregistré en France depuis le début des relevés, en 1990[66].
La stabilité chimique des dioxines leur confÚre une faible biodégradabilité donc une trÚs longue durée de vie. La production et l'utilisation de dioxines ont été bannies en 2001 par la Convention de Stockholm.
Expositions historiques aux dioxines
Quelques cas parmi les plus documentées sont :
- l'exposition Ă l'agent orange, un dĂ©sherbant/dĂ©foliant utilisĂ© lors de la guerre du ViĂȘt Nam par l'armĂ©e des Ătats-Unis (de 1961 Ă 1971) sur la jungle vietnamienne. Ce pesticide Ă©tait contaminĂ© par des dioxines lors de sa fabrication ;
- la catastrophe de Seveso en 1976, dans une usine chimique Ă Seveso (Italie) ;
- l'affaire de la forte pollution à la dioxine liée à l'incinérateur de Gilly-sur-IsÚre prÚs d'Albertville en 2001 a également marqué l'histoire judiciaire française[67] ;
- probablement lors de la tentative d'empoisonnement en 2004 sur Victor Iouchtchenko, premier ministre ukrainien au moment des faits.
Cinétique environnementale
AprĂšs leur genĂšse, les dioxines peuvent rapidement retomber au sol et/ou se fixer Ă des particules aĂ©roportĂ©es (suiesâŠ) et parcourir ainsi de longues distances. Les pluies lessivant de l'air polluĂ© et les eaux de ruissellement peuvent contaminer des sĂ©diments, le bouchon vaseux d'estuaires et les ocĂ©ans. Les sols sont contaminĂ©s par des dĂ©pĂŽts aĂ©riens, mais surtout par les feux, de dĂ©chets contaminĂ©s, ou par l'incorporation de cendres ou de boues d'Ă©puration parfois contaminĂ©es[3].
Dioxines et furanes ont une longue durée de vie et sont bioaccumulables, notamment dans les tissus gras d'animaux situés au sommet de la pyramide alimentaire. Nombre de ces animaux (ex. : baleines, cachalot, oiseaux, grands poissons prédateurs) sont aussi de grands migrateurs : en migrant d'un continent à l'autre, ces animaux et leurs cadavres sont à l'origine d'une large diffusion de ces polluants. Les nécrophages et la bioturbation sont des sources de remobilisation des dioxines, ainsi que des furanes et des métaux toxiques qui leur sont souvent associés.
MĂ©thode d'inventaire
Pour respecter la Convention de Stockholm, juridiquement contraignante, qui demande aux parties de diminuer autant que possible ou dâĂ©liminer les Ă©missions de PCDD/PCDF, un inventaire national des sources chroniques ou accidentelles de POP doit ĂȘtre fait. Cet inventaire doit permettre le contrĂŽle des Ă©missions et une intercomparaison entre pays[3].
En 1999, le PNUE Substances Chimiques a constaté[68] que seuls quinze pays disposaient d'un inventaire national des émissions de dioxines et furanes. Ces pays étaient tous riches et situés dans l'hémisphÚre nord. Leur rapport omettait en outre souvent de traiter des sources contaminant les sols et l'eau (ne comptabilisant que les émissions dans l'air).
L'ONU a donc publiĂ© une mĂ©thode et un outil pour aider les parties de la convention ou d'autres Ătats volontaires Ă estimer l'inventaire de leurs rejets de polychlorodibenzo-p-dioxines et de polychlorodibenzofurannes (PCDD/PCDF) Ă l'Ă©chelle du pays et de maniĂšre standardisĂ©e[3].
Notes et références
Notes
- Un picogramme = un millioniĂšme de millioniĂšme de gramme ou 10â12 g.
- Chercheur, ancien administrateur et conseiller scientifique de l'EPA, et actuel directeur du Center for Risk Science and Public Health (université George-Washington).
- Directeur adjoint du Center for the Evaluation of Value and Risk in Health at Tufts Medical Center (Boston, Massachusetts), ancien membre des comités de l'Académie nationale ayant travaillé avec l'EPA sur l'évaluation des risques toxicologiques posés par les dioxines et ses méthodologies d'évaluation du risque (de 2006 à 2009).
Références
- Nomine M (1999) Dioxines. Méthodologie pour l'évaluation des retombées, INERIS, juin.
- Sous-paragraphe (a) de lâArticle 5 de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP).
- ONU (2003) Outil spécialisé (Toolkit) pour l'identification et quantification des rejets de dioxines et des furannes.
- « Des molécules à la vie dure », sur univ-fcomte.fr, mai 2011.
- Klimm, C., Schramm, K. W., Henkelmann, B., Martens, D. et Kettrup, A. (1998), Formation of octa-and heptachlorodibenzo-p-dioxins during semi anaerobic digestion of sewage sludge, Chemosphere, 37(9-12), 2003-2011 ; résumé.
- ONU (2003) Outil spécialisé (Toolkit) pour l'identification et quantification des rejets de dioxines et des furannes. ; voir p. 21.
- Holt, E., Von Der Recke, R., Vetter, W., Hawker, D., Alberts, V., Kuch, B., ⊠et Gaus, C. (2008), Assessing dioxin precursors in pesticide formulations and environmental samples as a source of octachlorodibenzo-p-dioxin in soil and sediment, Environmental Science & Technology, 42(5), 1472-1478 (résumé).
- Nicholas J. L. Green, Joanne L. Jones et Kevin C. Jones (2001), PCDD/F Deposition Time Trend to Esthwaite Water, U.K., and Its Relevance to Sources, Environ. Sci. Technol., 35(14), 2882â2888, DOI 10.1021/es000225.
- Tritz A (2014), Oxydation de pyrolyse du dibenzofurane à trÚs faibles concentrations : application à la réduction des émissions de dioxines (Doctoral dissertation, université de Lorraine).
- Haddad, A., Moqbel, S. et Abdelhadi, M. (2018), Evaluating the effecteffect of rain on the fate of polychlorinated dibenzo-p-dioxins (PCDDs) and polychlorinated dibenzofurans (PCDFs) accumulated in polluted trees in Amman, Jordan, Environmental Science and Pollution Research, 25(11), 10644-10653 (lire en ligne).
- Route B.F () Dioxins in Waste CombustionâConclusions from 20 Years of Research.
- (en) Holt E., Weber R., Stevenson G. et Gaus C. (2012), Formation of dioxins during exposure of pesticide formulations to sunlight, Chemosphere, 88(3), 364-370.
- Holt, E., Weber, R., Stevenson, G. et Gaus, C. (2012), Formation of dioxins during exposure of pesticide formulations to sunlight, Chemosphere, 88(3), 364-370).
- (en) Schmitz M., Scheeder G., Bernau S., Dohrmann R. et Germann K. (2010), Dioxins in primary kaolin and secondary kaolinitic clays, Environmental Science & Technology, 45(2), 461-467.
- Collet S (2000), Facteurs dâĂ©mission - Ămissions de dioxines, de furanes et dâautres polluants liĂ©es Ă la combustion de bois naturels et adjuvantĂ©s, ministĂšre de l'amĂ©nagement du territoire et de l'environnement, ministĂšre de l'environnement, INERISâDRC-no 00/60-MAPA-SCo-25420, fĂ©vrier, p. 31.
- (en) Gullett B.K. et al. (2000), The Role of Chlorine in Dioxin Formation, Process Safety and Env. Protection, 78, no 1, S. 47-52.
- (en) Forest fires as a source of PCDD and PCDF, Clement and Tashiro, 11th Symposium on Chlorinated dioxins and related compounds, 1991.
- Rapport sur les facteurs dâĂ©mission de polluants de feux simulĂ©s de forĂȘt et de dĂ©charge, Ineris/Ademe, novembre 2004, 17 p.
- Dragan YP, Schrenk D, « Animal studies addressing the carcinogenicity of TCDD (or related compounds) with an emphasis on tumour promotion », Food Additives and Contaminants, vol. 17, no 4,â , p. 289â302 (PMID 10912243, DOI 10.1080/026520300283360).
- CĂ©dric Vonarbourg, Le rĂ©cepteur dâaryl dâhydrocarbone, lien molĂ©culaire entre alimentation et immunitĂ© ; The aryl hydrocarbon receptor, a molecular link between diet and immunity, Med. Sci., Paris, 2012, 28 : 255â258, lire en ligne.
- Dencker L, « The role of receptors in 2,3,7,8-tetrachlorodibenzo-p-dioxin (TCDD) toxicity », Arch. Toxicol. Suppl., vol. 8,â , p. 43â60 (ISBN 978-3-540-13670-5, PMID 3006634, DOI 10.1007/978-3-642-69928-3_5).
- Poellinger, L., « Mechanistic aspectsâthe dioxin (aryl hydrocarbon) receptor », Food Additives and Contaminants, vol. 17, no 4,â , p. 261â266 (PMID 10912240, DOI 10.1080/026520300283333).
- (en) LindĂ©n J., Lensu S., Tuomisto J. et Pohjanvirta R., « Dioxins, the aryl hydrocarbon receptor and the central regulation of energy balance », Front Neuroendocrinol, vol. 31, no 4,â , p. 452â78 (PMID 20624415, DOI 10.1016/j.yfrne.2010.07.002).
- Okey, A. B., « An aryl hydrocarbon receptor odyssey to the shores of toxicology: The Deichmann lecture », International Congress of Toxicology-XI. Toxicological Sciences, vol. 98, no 1,â , p. 5â38 (PMID 17569696, DOI 10.1093/toxsci/kfm096, lire en ligne).
- FN ISI Export Format VR 1.0 PT J TI The J-shaped dioxin dose response curve AU Kayajanian, GM SO ECOTOXICOLOGY AND ENVIRONMENTAL SAFETY VL 51 IS 1 BP 1 EP 4 PY 2002 TC 6 AB This commentary responds to a recent statistical treatment of cancer incidence data in selected workers exposed to dioxin from an earlier NIOSH chemical plant study. Contrary to the NIOSH authors' new findings, the cancer incidence response to increasing dioxin exposure is J-shaped, just as it is in the two major data sets that they failed to reference or explain away. The NIOSH statistical treatment obscured the significant reduction in cancer incidence that occurs at low dioxin exposures. Even though cancer incidence may increase at high dioxin exposures, such increase may be preceded at lower exposures by a significant reduction. (C) 2002 Elserier Science. UT WOS:000173569400001 SN 0147-6513 DI 10.1006/eesa.2001.2115 ER EF.
- Matsumoto M, Ando M, « Mutagenicity of 3-chlorodibenzofuran and its metabolic activation », Environ Mol Mutagen, vol. 17, no 2,â , p. 104â11 (PMID 2009865, DOI 10.1002/em.2850170207).
- Pohjanvirta R. et Tuomisto J., « Short-term toxicity of 2,3,7,8-tetrachlorodibenzo-p-dioxin in laboratory animals: effects, mechanisms, and animal models », Pharmacol. Rev., vol. 46, no 4,â , p. 483â549 (PMID 7899475).
- Birnbaum L.S. et Tuomisto J., « Non-carcinogenic effects of TCDD in animals », Food Addit. Contam., vol. 17, no 4,â , p. 275â288 (PMID 10912242, DOI 10.1080/026520300283351).
- (en) « Dioxins and their effects on human health, Fact sheet no 225 », sur World Health Organization, .
- (en) « Synopsis on dioxins and PCBs », thl.fi, sur thl.fi.
- Geusau A, Abraham K, Geissler K, Sator MO, Stingl G, Tschachler E, « Severe 2,3,7,8-tetrachlorodibenzo-p-dioxin (TCDD) intoxication: clinical and laboratory effects », Environ. Health Perspect., vol. 109, no 8,â , p. 865â869 (PMID 11564625, PMCID 1240417, DOI 10.1289/ehp.01109865).
- Sorg O, Zennegg M, Schmid P, Fedosyuk R, Valikhnovskyi R, Gaide O, Kniazevych V, Saurat JH, « 2,3,7,8-tetrachlorodibenzo-p-dioxin (TCDD) poisoning in Victor Yushchenko: identification and measurement of TCDD metabolites », Lancet, vol. 374, no 9696,â , p. 1179â1185 (PMID 19660807, DOI 10.1016/s0140-6736(09)60912-0).
- Sweeney M.H. et Mocarelli P., « Human health effects after exposure to 2,3,7,8- TCDD », Food Addit. Contam., vol. 17, no 4,â , p. 303â316 (PMID 10912244, DOI 10.1080/026520300283379).
- Alaluusua S, Calderara P, Gerthoux PM, Lukinmaa PL, Kovero O, Needham L, Patterson DG, Tuomisto J, Mocarelli P, « Developmental dental aberrations after the dioxin accident in Seveso », Environ. Health Perspect., vol. 112, no 13,â , p. 1313â1318 (PMID 15345345, PMCID 1247522, DOI 10.1289/ehp.6920).
- P. Mocarelli, P.M. Gerthoux, E. Ferrari, D.G. Patterson Jr., S.M. Kieszak, P. Brambilla, N. Vincoli, S. Signorini, P. Tramacere, V. Carreri, E.J. Sampson, W.E. Turner et L.L. Needham, Paternal concentrations of dioxin and sex ratio of offspring, Lancet, 355 (2000) 1858â1863.
- Mocarelli, P., Gerthoux, P. M., Patterson Jr., D. G., Milani, S., Limonta, G., Bertona, M., ⊠et Brambilla, P. (2007), Dioxin exposure, from infancy through puberty, produces endocrine disruption and affects human semen quality. Environmental health perspectives, 116(1), 70-77.
- « ERC Responds to Recent Endometriosis Study » [archive du ], sur Endometriosis Research Center (consulté le ).
- Mayani A, Barel S, Soback S, Almagor M, « Dioxin Concentrations in Women with Endometriosis », Hum Reprod, vol. 12, no 2,â , p. 373â5 (DOI 10.1093/humrep/12.2.373).
- INSERM, .
- Santé Canada, lire en ligne.
- Huelster, A., Mueller, J. F. et Marschner, H. (1994), Soil-Plant Transfer of Polychlorinated Dibenzo-P-Dioxins and Dibenzofurans to Vegetables of the Cucumber Family (Cucurbitaceae), Environmental Science & Technology, 28 (6) : 1110-1115.
- McCrady, J. K. (1994), Vapor-phase 2,3,7,8-TCDD sorption to plant foliageâa species comparison, Chemosphere, 28(1), 207-216 (rĂ©sumĂ©).
- Schroll, R. et Scheunert, I. (1993), Uptake pathways of octachlorodibenzo-p-dioxin from soil by carrots, Chemosphere, 26(9), 1631-1640 (résumé).
- Welsch-Pausch, K., Mclachlan, M. S. et Umlauf, G. (1995), « Determination of the Principal Pathways of Polychlorinated Dibenzo-P-Dioxins and Dibenzofurans to Lolium Multiflorum (Welsh Ray Grass) », Environmental Science & Technology, 29 (4) : 1090-1098.
- Trapp S et Matthies M (1996) Modeling Volatilization of Pcdd/F from Soil and Uptake into Vegetation, Environmental Science & Technology, 31 (1) : 71-74 (résumé).
- (en) Campanella, B., Bock, C. et Schröder, P. (2002), Phytoremediation to Increase the Degradation of Pcbs and Pcdd/Fs, Environmental Science and Pollution Research, 9 (1) : 73-85.
- (en) Jou, J.-J., Chung, J.-C., Weng, Y.-M., Liaw, S.-L. et Wang, M. K. (2007), Identification of Dioxin and Dioxin-Like Polychlorbiphenyls in Plant Tissues and Contaminated Soils, Journal of Hazardous Materials, 149 (1): 174-179 (résumé).
- (en) Fang, L., Zheng, M., Xiao, K. et Yang, Y. (2008) TissueâDependent Distribution and Bioaccumulation of Polychlorinated DibenzoâPâDioxins and Dibenzofurans in Vegetation Samples Collected from Dongting Lake, China, Environmental Toxicology and Chemistry, 27 (1): 49-56.
- (en) Zhang, H., Chen, J., Ni, Y., Zhang, Q. et Zhao, L. (2009) Uptake by Roots and Translocation to Shoots of Polychlorinated Dibenzo-P-Dioxins and Dibenzofurans in Typical Crop Plants, Chemosphere, 76 (6) : 740-746.
- (en) Hanano A., Almousally I. et Shaban M. (2013), Phytotoxicity Effects and Biological Responses of Arabidopsis Thaliana to 2, 3, 7, 8-Tetrachlorinated Dibenzo-P-Dioxin Exposure, Chemosphere.
- (en) Urbaniak, M., ZieliĆski, M. et Wyrwicka, A. (2017), The influence of the Cucurbitaceae on mitigating the phytotoxicity and PCDD/PCDF content of soil amended with sewage sludge, International Journal of Phytoremediation, 19(3), 207-213 (rĂ©sumĂ©).
- Wyrwicka, A., Urbaniak, M. et Przybylski, M. (2019), The response of cucumber plants (Cucumis sativus L.) to the application of PCB-contaminated sewage sludge and urban sediment, PeerJ, 7, e6743.
- (en) Chen J., Zhao H., Gao L., Henkelmann B. et Schramm K.-W. (2006), Atmospheric PCDD/F and PCB levels implicated by pine (Cedrus deodara) needles at Dalian, China, Environ. Pollut., 144(2):510â515, DOI 10.1016/j.envpol.2006.01.039.
- Chen P., Xiao X., Mei J., Cai Y., Tang Y. et Peng P. (2017), Characteristic accumulation of PCDD/fs in pine needles near an MSWI and emission levels of the MSWI in Pearl River Delta: a case study 2017, Chemosphere, 181:360â367, DOI 10.1016/j.chemosphere.2017.04.098.
- Safe S, Brown K, Donnelly K, Anderson C, Marktowicz K, McLachlan M, Relschl A et Hutzlnger O (1992), Polychlorinated dibenzo-p-dioxins and dibenzofurans associated with wood-preserving chemical sites: biomonitoring with pine needles, Environ. Sci. Technol., 26(2) : 394â396, DOI 10.1021/es00026a023.
- (en) Haddad A., Moqbel S. et Abdelhadi M. (2018), Evaluating the effect of rain on the fate of polychlorinated dibenzo-p-dioxins (PCDDs) and polychlorinated dibenzofurans (PCDFs) accumulated in polluted trees in Amman, Jordan, Environmental Science and Pollution Research, 25(11), 10644-10653 (lire en ligne).
- [R. L. Harless, E. 0. Oswald et M. K. Wilkinson, Anal. Chem., 1980, 52, p. 1239-1244].
- [Dirk Krumwieds et Hans Joachim Huebschmann, Thermo Electron Corporation, BrĂȘme, Allemagne, DFS-High Resolution GC/MS: confirmation of low lever and Furans in dirty matrix samples].
- Décision 19/13 C du 7 février 1997, du Conseil de direction du PNUE.
- Protocole Aarhus, UNECE.
- Directive IPPC ; documents BAT ; registre EPER.
- (environnement Canada).
- (en) George M. Gray et Joshua T. Cohen, « Policy: Rethink chemical risk assessments », Nature, vol. 489,â (rĂ©sumĂ©).
- (en) « Consultation on assessment of the health risk of dioxins; re-evaluation of the tolerable daily intake (TDI): executive summary », Food Additives and Contaminants, vol. 17, no 4,â , p. 223â40 (PMID 10912238, DOI 10.1080/713810655).
- (en) WHO, « Safety Evaluation of Certain Food Additives and Contaminants. Poly-chlorinated Dibenzodioxins, Polychlorinated Dibenzofurans, and Coplanar Polychlorinated Biphenyls », WHO Food Additive Series,â , p. 48 (lire en ligne).
- « Dioxines et furanes - PCDD-F », CITEPA (consulté le ).
- Bertrand Olivier, « Dioxine Ă Albertville : la juge en ligne de mire », LibĂ©ration,â (lire en ligne).
- PNUE Substances Chimiques, 1999.
Annexes
Articles connexes
- Organochloré
- Chloracné
- Facteur d'Ă©quivalence toxique
- Poisson : Ă©levage en eaux troubles (documentaire)
- Directive IPPC (Prévention et contrÎle intégrées de la pollution) (Union européenne)
- Furane
- Octachlorodibenzodioxine
Liens externes
- Les dioxines et leurs effets sur la santé, sur who.int
- Documents sur la surveillance environnementale, sur developpement-durable.gouv.fr
- Consensus scientifique sur les dioxines, sur greenfacts.org
- Guide EMEP des Inventaires sur les Ămissions (EMEP/CORINAIR) : aide Ă lâapplication des mĂ©thodologies des inventaires sur lâatmosphĂšre, Protocole, EMEP, Guide
- ProcĂ©dures de quantification et dĂ©claration harmonisĂ©es pour les Ă©missisons de produits toxiques (HARP-HAZ) vers le milieu marin (gĂ©rĂ© par lâAutoritĂ© norvĂ©gienne de ContrĂŽle de la Pollution (SFT), plus particuliĂšrement fait pour les pays dâEurope du Nord ; lire en ligne
- Bureau de centralisation (lire en ligne) des registres des Rejets et des Transferts de Polluants (PRTR) (cf. recommandations de l'Agenda 21 (chapitre 19) du CNUED voulant que les gouvernements et organisations internationales appropriĂ©s, avec la coopĂ©ration de lâindustrie, Ćuvrent notamment à « amĂ©liorer les bases de donnĂ©es et les systĂšmes dâinformation concernant les produits chimiques, tels que les programmes dâinventaires sur les Ă©missions. »
Bibliographie
- Mortgat B. (2016), Dioxines et furanes : les détruire, 2268-3798.
- Nomine M. (1999), Dioxines. Méthodologie pour l'évaluation des retombées, INERIS, juin.
- Van Staëvel E. (2003), Natures de la pollution : approche anthropologique des représentations de la dioxine et de son impact sanitaire (Doctoral dissertation, Paris, EHESS) (résumé).