AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

DĂ©chet

Un déchet est un objet en fin de vie ou une substance ayant subi une altération physique ou chimique, qui ne présente alors plus d'utilité ou est destiné à l'élimination. Le mot vient de l'ancien français déchiet ou déchié, soit « la quantité perdue dans l'usage d'un produit », ce qui en reste aprÚs son utilisation[1].

Le déchet est de plus en plus considéré, au début du XXIe siÚcle, comme un héritage problématique de la révolution industrielle et de l'urbanisation[2]. Les possibilités d'élimination montrent leurs limites et l'accent est davantage mis sur la réutilisation et le recyclage. On parle parfois de « recyclat » quand il y a réutilisation de ces « matiÚres premiÚres secondaires ».

Dans le monde, en 2015, sept Ă  dix milliards de tonnes de dĂ©chets urbains ont Ă©tĂ© produites[3]. Selon le PNUE, en Asie-Pacifique, 90 % des dĂ©chets solides urbains finissent en dĂ©charge sauvage et ils sont une des premiĂšres sources de maladies. À Bombay, plus de 12 % des dĂ©chets solides urbains sont brĂ»lĂ©s en pleine ville ou en dĂ©potoirs, polluant gravement l'air et le sol[3]. Dans le monde, 64 millions de personnes subissent la pollution de cinquante des plus grandes dĂ©charges[3] ; en Europe, la quantitĂ© de dĂ©chets continue Ă  croĂźtre et les experts estiment que le volume de dĂ©chets urbains pourrait encore doubler en Asie et Afrique en 15 Ă  20 ans[3]. 99 % des ressources prĂ©levĂ©es dans la nature sont relĂ©guĂ©es au rang de dĂ©chet en moins de 42 jours[4]. D'autres dĂ©chets sont abandonnĂ©s dans la rue ou dans la nature.

DĂ©chets dans un sac poubelle. Pour faciliter leur recyclage, la bouteille en plastique en PET et la canette en aluminium auraient pu ĂȘtre jetĂ©es dans deux bacs spĂ©cifiques.
Certains déchets comme le polystyrÚne expansé, souvent souillés, ne sont en pratique pas recyclés. Ils prennent beaucoup de place pour un faible poids et leur brûlage sauvage est trÚs polluant.
Les huiles-moteur, trÚs polluantes, sont jetées, recyclées ou incinérées, souvent dans de mauvaises conditions (ici un centre de tri, en Thaïlande).
Les cyclones tropicaux, tsunamis ou autres catastrophes naturelles génÚrent des afflux brutaux de déchets qui déstabilisent parfois les filiÚres.
La gestion des déchets ménagers est de plus en plus centralisée, avec des approches variées privilégiant le tri sélectif ou l'incinération ou la mise en décharge, selon les régions. La part du recyclage ne cesse de croßtre.
La plupart des anciennes dĂ©charges devraient ĂȘtre suivies, car la mĂ©thanisation et le risque Ă©ventuel de pollution perdureront.
Le transport des déchets génÚre de plus en plus de dioxyde de carbone. C'est aussi un des enjeux du développement durable. Le transport fluvial, trÚs économique, est une alternative qui se développe localement.
Transport quotidien de déchets en containers superposés sur deux niveaux (ici la Deûle canalisée à Lille, dans le nord de la France).
Amoncellement en bordure de rue Ă  Bamako (Mali).
Déchets transportés par une charrette à Ouagadougou (Burkina Faso).

Histoire

« Dechoit » ou, suivant la prononciation normande, « dechet », ancien participe du verbe dĂ©choir : ce qui est tombĂ©, perdu (LittrĂ©, 1873), le mot dĂ©chet (empirance est un synonyme) dĂ©crit anciennement la diminution d'une chose « ou en elle-mesme, ou en sa valeur » (Le Dictionnaire de l'AcadĂ©mie française, 1694). Le dechet d'or ou d'argent ou autre chose, qui se fait en les refondant, ou usant et maniant (Thresor de la langue francoyse tant ancienne que moderne,1606) . « DĂ©chets » se dit de ce qui tombe d'une matiĂšre qu'on travaille (Le Dictionnaire de l'AcadĂ©mie française, 1932). L'Ă©tymologie de « waste », mot en anglais pour dĂ©chet, est la mĂȘme que pour « gĂąter » (gast) qui signifie endommager, mettre en mauvais Ă©tat, dĂ©tĂ©riorer, donner une mauvaise forme. DĂ©chet ne prend son sens actuel, par exemple de partie d'une matiĂšre, « n'ayant aucune valeur et entraĂźnant frĂ©quemment des coĂ»ts d'Ă©limination »[5], qu'avec les derniĂšres rĂ©volutions de l'industrie[6].

Les hommes préhistoriques dispersaient leurs déchets dans la nature. Produits en petites quantités, essentiellement composés des restes de nourriture, ceux-ci se décomposaient selon le cycle naturel.

Les dĂ©chets sont devenus un problĂšme avec le dĂ©veloppement des villes, oĂč les ordures s'entassent sur la voie publique (on parle alors plutĂŽt de boue[6]) et quand ils sont devenus toxiques et/ou moins dĂ©gradables.

Classification générale

On distingue principalement deux types de déchets : les déchets dangereux et les déchets non dangereux[7]. Il est également possible selon l'Ademe en France, de classer les déchets selon leur origine (ménages, services publics
).

Parmi les déchets non dangereux, on trouve généralement
  • les dĂ©chets biodĂ©gradables ou compostables (rĂ©sidus verts, boues d'Ă©puration des eaux, restes alimentaires
), parfois dits biodĂ©chets, qui s'assimilent en premiĂšre approche Ă  une partie de la biomasse. Ces dĂ©chets peuvent ĂȘtre dĂ©gradĂ©s par les bactĂ©ries, champignons et autres micro-organismes et/ou par des rĂ©actions chimiques (oxydation, minĂ©ralisation). S'ils n'Ă©taient pas contaminĂ©s (par des mĂ©taux et mĂ©talloĂŻdes ou radionuclĂ©ides par exemple), ils laissent des produits de dĂ©gradation identiques ou proches de ceux qu'on peut trouver dans la nature. Selon leur origine, le produit de dĂ©gradation peut cependant ĂȘtre contaminĂ©s par des rĂ©sidus de pesticides, de mĂ©taux, dioxines, mĂ©dicaments, perturbateurs endocriniens, etc. Ils peuvent ĂȘtre valorisĂ©s Ă©nergĂ©tiquement (bioĂ©nergie, biocarburants) ou revalorisĂ©s par le Compostage Ă  fin d'amendements/engrais
).
  • dĂ©chets pouvant ĂȘtre rĂ©utilisĂ©s : (matĂ©riaux de construction, mĂ©taux, matiĂšres plastiques) : ces matĂ©riaux peuvent ĂȘtre rĂ©utilisĂ©s tels quels (via des recycleries ou ressourceries) dans d'autres domaines ou recyclĂ©s : par exemple, les mĂ©taux sont refondus et rĂ©intĂ©grĂ©s dans de nouvelles piĂšces, les plastiques sont hachĂ©s et servent de rembourrage ou de combustible

les déchets dangereux (parfois détruits, parfois enfouis ou recyclés)

Cas particuliers

Ils nécessitent un traitement particulier. Ce sont par exemple les :

Les dĂ©chets du bĂątiment et de la construction (avec ceux d'une dĂ©molition prĂ©alable parfois) sont gĂ©nĂ©rĂ©s localement et durant un temps relativement court. Ils varient selon les matĂ©riaux employĂ©s. Depuis le XIXe siĂšcle, leur quantitĂ© augmente, et ils sont pour partie non biodĂ©gradable ou toxiques pour l'environnement. Leur tonnage peut ĂȘtre fortement rĂ©duits par la prĂ©fabrication. En France en 2015 ce sont « 39,2 millions de tonnes qui ont Ă©tĂ© collectĂ©es en 2015, soit un million de tonnes de plus qu'en 2014. Ces volumes en hausse de +2,6 % montrent que la collecte progresse significativement contrairement Ă  l'activitĂ© du bĂątiment (−3 %) (
) 25,4 millions de tonnes provenant de dĂ©molitions/dĂ©constructions, 11,3 Mt provenant de rĂ©habilitations/entretiens, et 2,3 Mt provenant de la construction neuve »[9]. La construction compte pour 6 % du total, ce sont la dĂ©molition et la rĂ©novation qui produisent 94 % de ces dĂ©chets, qui selon Recylum le projet DĂ©moclĂšs (2014-2015) a montrĂ© qu'ils pourraient ĂȘtre mieux valorisĂ©s (jusqu'Ă  80 % d'entre eux, sans surcoĂ»t). 2 % de ces dĂ©chets sont classĂ©s dangereux[9]. En 2015, c'est la rĂ©gion Île-de-France qui en produisait le plus (9,5 Mt/an, soit 24 % du total pour la France)[9].

La part des polymĂšres a beaucoup augmentĂ© depuis l'aprĂšs-Guerre ; Selon la 1re Ă©tude europĂ©enne[10] a portĂ© en 2012 sur le cas des dĂ©chets plastiques du bĂątiment, en 2010, sur 9,54 millions de tonnes de plastiques utilisĂ©s dans le secteur de la construction, 20 % auraient Ă©tĂ© recyclĂ©s parmi 56,2 % dits « valorisĂ©s » (incinĂ©ration avec rĂ©cupĂ©ration d'Ă©nergie ou recyclage
), c'est 4 % de plus qu'en 2009, mais toujours avec de grandes diffĂ©rences selon les pays (96 % en Allemagne, alors qu'en Italie et Espagne, environ 80 % de ces dĂ©chets finissent en dĂ©charge). L'industrie française du bĂątiment recycle 16,1 % de ses dĂ©chets plastiques et en incinĂšre 43,2 %, le reste partant en dĂ©charge. En 2010, la France aurait produit 155 000 t/an de dĂ©chets plastiques (contre 355 000 t en Allemagne)[10]. Selon l'industrie, 25 000 tonnes ont Ă©tĂ© recyclĂ©es, 68 000 t incinĂ©rĂ©es et 62 000 t enfouies[10]. Parmi les plastiques, seuls les emballages dotĂ©s de la mention PETE ou HDPE sont recyclables, en l'Ă©tat actuel de la technique. L'industrie se plait Ă  rĂ©pĂ©ter qu'ils peuvent servir Ă  fabriquer des vestes polaires, par exemple. Mais il faut bien savoir que ces derniĂšres ne sauraient ĂȘtre recyclĂ©es, car le plastique ne se recycle qu'une seule fois[11].

Il existe aussi une catégorie de déchets particuliÚrement difficiles à gérer et à suivre, souvent sans responsable identifié, dits déchets toxiques en quantités dispersées (DTQD).

Les déchets du passé plus ou moins lointain, sans responsables aux yeux de la loi, sont mal pris en compte.

C'est le cas des munitions immergées, des munitions non-explosées, ou encore des gaz à effet de serre émis par les avions, non pris en compte par le protocole de Kyoto.

Classification en France

Dans le traitement de déchets solides, il y a des caractéristiques trÚs spécifiques aux déchets qui sont déterminantes pour ce traitement :

  • composition (type et nombre de fractions diffĂ©rentes) ;
  • granulomĂ©trie ;
  • humiditĂ© ;
  • prĂ©sence de particules fines ;
  • conditionnement.

Économie

Au milieu des annĂ©es 1990, l'Europe des 15, selon les chiffres collectĂ©s par ses États membres, produisait annuellement plus de 250 millions de tonnes de dĂ©chets municipaux et plus de 850 millions de tonnes de dĂ©chets industriels.

En 2012[12], le volume total de dĂ©chets produits par l'ensemble des activitĂ©s Ă©conomiques et les mĂ©nages dans l'Union europĂ©enne des 28 s'est Ă©levĂ© Ă  2 515 millions de tonnes, soit lĂ©gĂšrement plus qu'en 2010 et 2008 (2 460 millions de tonnes et 2 427 millions de tonnes), mais moins qu'en 2004. Les chiffres variaient considĂ©rablement selon les États membres en ce qui concerne aussi bien le volume de dĂ©chets produits que les activitĂ©s qui ont le plus contribuĂ© Ă  leur production.

Ces 2 515 tonnes se ventilent en 213 millions de dĂ©chets produits par les mĂ©nages (8,5 %), 734 millions par les industries extractives (29,2 %), 270 par les industries manufacturiĂšres, 821 par le secteur de la construction et de la dĂ©molition (32,6 %) et 380 par les autres activitĂ©s Ă©conomiques.

Dans les États membres de l'UE, la production de dĂ©chets, excluant les principaux dĂ©chets minĂ©raux, variait, en 2012, d'une moyenne de 620 kg par habitant en Croatie Ă  8,6 tonnes par habitant en Estonie, oĂč les dĂ©chets produits Ă©taient constituĂ©s en majoritĂ© de dĂ©chets de combustion dangereux et de dĂ©pĂŽts et rĂ©sidus chimiques dangereux provenant du raffinage et de l'incinĂ©ration de schistes bitumeux.

Les dĂ©chets dangereux : sur l'ensemble des dĂ©chets produits dans l'UE-28 en 2012, 100,7 millions de tonnes (4,0 % de la production totale) Ă©taient classĂ©es comme dĂ©chets dangereux, soit une moyenne de 200 kg de dĂ©chets dangereux par habitant.

En 2012, 2 303 millions de tonnes de dĂ©chets ont Ă©tĂ© traitĂ©es (y compris les dĂ©chets importĂ©s dans l’UE). PrĂšs de la moitiĂ© (48,3 %) a fait l’objet d’opĂ©rations d’élimination autres que l'incinĂ©ration, principalement de mises en dĂ©pĂŽt dans ou sur le sol (par exemple, dans des dĂ©charges), mais aussi d’épandages sur le sol ainsi que de rejets dans l'eau. 45,7 % ont fait l’objet d’opĂ©rations de valorisation (opĂ©rations de recyclage (36,4 %) et de remblayage (9,3 %). Les 6,0 % restants des dĂ©chets traitĂ©s ont Ă©tĂ© destinĂ©s Ă  l'incinĂ©ration, 4,4 % ayant fait l'objet d'une valorisation Ă©nergĂ©tique et 1,6 % ayant Ă©tĂ© incinĂ©rĂ©s sans rĂ©cupĂ©ration d'Ă©nergie. D'importantes diffĂ©rences sont constatĂ©es dans les États membres. Certains États membres ont des taux de valorisation (Ă  l'exclusion de la valorisation Ă©nergĂ©tique) trĂšs Ă©levĂ©s (par exemple la SlovĂ©nie, l'Italie, la Belgique, la Pologne et l'Allemagne), tandis que d'autres privilĂ©giaient l'Ă©limination des dĂ©chets (par exemple la Bulgarie, la Roumanie, la GrĂšce et Malte).

PrÚs de la moitié (47,8 %) des déchets dangereux traités dans l'UE-28 en 2012 ont été éliminés. Quelque 10,5 millions de tonnes (13,9 %) de l'ensemble des déchets dangereux ont été incinérés ou utilisés à des fins de valorisation énergétique, et 28,8 millions de tonnes (38,3 %) ont été valorisés.

Dans ceux des pays europĂ©ens qui Ă©taient membres de l'OCDE, environ 10 000 mouvements transfrontaliers par an Ă©taient enregistrĂ©s (portant sur un total de 2 millions de tonnes de dĂ©chets dangereux)[13].

Plus de 55 000 sites contaminĂ©s Ă©taient alors connus dans seulement 6 pays europĂ©ens, et la surface totale contaminĂ©e en Europe reprĂ©senterait de 47 000 Ă  95 000 km2, dont de 1 000 Ă  3 000 km2 Ă©taient (contaminĂ©s) par des dĂ©charges[13] ou sur les littoraux.

France

La gestion publique des dĂ©chets en France coĂ»te chaque annĂ©e pas moins de 14 milliards d'euros[14] - [15].

Afin de connaßtre la composition des ordures ménagÚres des français.e.s, l'ADEME a effectué trois campagnes de caractérisation des ordures ménagÚres résiduelles (campagne nationale MODECOM) en 1993, 2007[16] et 2017[17].

En 2017, la masse moyenne d'une poubelle d'ordures ménagÚres d'un.e français.e est de 254kg répartit ainsi :

Une Ă©tude menĂ©e en 2014 par l'ADEME indique que pour des foyers français, les dĂ©chets alimentaires reprĂ©sentent 32 kg par personne et par an[18], mais qu'en appliquant des gestes de rĂ©duction il Ă©tait possible de rĂ©duire de prĂšs de moitiĂ© ce gaspillage.

Actuellement en France, chaque habitant produit 390 kg de dĂ©chets. Ce chiffre monte Ă  590 kg si l'on considĂšre les dĂ©chets dĂ©posĂ©s en dĂ©chĂšterie. En tenant compte des dĂ©chets industriels (BTP, agriculture, industrie), le chiffre s'Ă©lĂšve Ă  13,8 t par habitant (sans compter les dĂ©chets industriels produits dans les autres pays, en Chine par exemple, pour les produits que nous consommons en France)[4].

Pays Ă©mergents

Principes courants de gestion des déchets dans les pays en développement
Des banlieues, des bidonvilles ou des routes (ici à Haïti) ont souvent été construits sur des zones humides comblées avec des déchets pour partie fermentescible, avec risques sanitaires, d'effondrement et d'explosion de poches de méthane.

Le phénomÚne d'exode rural et de périurbanisation y ont fortement accru la difficulté de collecte et de traitement des déchets. La récupération des métaux, fibres ou déchets alimentaires se fait par des gens non formés à la maßtrise des risques afférents aux déchets.

Un autre problÚme grave est celui de l'exportation vers des pays pauvres de déchets toxiques et/ou dangereux à fins de traitement ou de mise en décharge (thermomÚtres au mercure en Inde, navires à démanteler, déchets radioactifs ou toxiques, etc.).

Depuis 2005, la Chine est le pays qui produit le plus de dĂ©chets industriels ou municipaux avec 300 millions de tonnes par an[19].

Le problÚme de l'exportation des déchets électroniques vers les pays émergents est soulevé depuis déjà quelques années de part et d'autre du Tropique du cancer. Le 22 février 2010, un rapport d'experts publié par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) rappelle une nouvelle fois l'urgence de mettre en place des processus ambitieux, formels et régulés pour le ramassage et la gestion des déchets électroniques[20].

Gestion des déchets

Depuis le dĂ©but du XXIe siĂšcle, en France et dans l’Union europĂ©enne, les dĂ©chets non ultimes doivent ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©s en dĂ©chĂšterie, triĂ©s par tri sĂ©lectif, et traitĂ©s ou recyclĂ©s, Ă©ventuellement dans le cadre de dĂ©marches d’écomanagement (ISO 14001). Ils peuvent faire l’objet d’une Ă©cotaxe. L’écoconception vise thĂ©oriquement Ă  rĂ©duire en amont le volume et la toxicitĂ© des dĂ©chets, ou Ă  faciliter leur rĂ©utilisation ou recyclage.

Un DUMP est un DĂ©chet urbain migrant et polluant. Par exemple, une canette vide, jetĂ©e dans le caniveau. Elle n'est considĂ©rĂ©e comme un polluant qu'Ă  son entrĂ©e dans la mer ou l'ocĂ©an. Entre-temps, soit personne ne la prend correctement en considĂ©ration de pollution, soit elle peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e, entre autres, comme une ordure mĂ©nagĂšre, un dĂ©chet, une incivilitĂ©. Pour faire apparaĂźtre un problĂšme il faut un mot qui le caractĂ©rise et qui permet l'Ă©laboration d'un processus de recherche de solutions. Des associations et organisations non gouvernementales sensibilisent les populations aux comportements Ă©cocitoyens permettant d'Ă©viter toute pollution et de favoriser la prise en considĂ©ration au plus vite des situations existantes de pollution[21].

Économie circulaire

IdĂ©alement, les dĂ©chets devraient pouvoir ĂȘtre rĂ©utilisĂ©s comme matiĂšres premiĂšres pour l'industrie, sans avoir Ă  extraire des ressources naturelles dans l'environnement. C'est le principe de l'Ă©conomie circulaire, qui est un objectif poursuivi par la plupart des pays dĂ©veloppĂ©s. La France retient en 2021 11 indicateurs clĂ©s pour le suivi de l'Ă©conomie circulaire[22].

Abandon de détritus

Jet de dĂ©chet par les fenĂȘtres

En France, le jet de dĂ©chet par les fenĂȘtres est soumis Ă  l'autorisation du responsable des lieux.

« est puni de l’amende prĂ©vue pour les contraventions de la 2e classe le fait de dĂ©poser, d’abandonner, de jeter ou de dĂ©verser, en lieu public ou privĂ©, Ă  l’exception des emplacements dĂ©signĂ©s Ă  cet effet par l’autoritĂ© administrative compĂ©tente, des ordures, dĂ©chets, dĂ©jections, matĂ©riaux, liquides insalubres ou tout autre objet de quelque nature qu’il soit »

— article R632-1 du Code pĂ©nal

« Hors les cas prévus par les articles R. 635-8 et R. 644-2, est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la 3e classe le fait de déposer, d'abandonner, de jeter ou de déverser, en lieu public ou privé, à l'exception des emplacements désignés à cet effet par l'autorité administrative compétente, des ordures, déchets, déjections, matériaux, liquides insalubres ou tout autre objet de quelque nature qu'il soit, y compris en urinant sur la voie publique, si ces faits ne sont pas accomplis par la personne ayant la jouissance du lieu ou avec son autorisation. »

— DÉCRET n°2015-337 du 25 mars 2015 - art. 1 (Article R633-6)

Jet de dĂ©chet par les fenĂȘtres de logements

En France, le jet de dĂ©tritus par les fenĂȘtres peut ĂȘtre sanctionnĂ© lorsqu'il met en danger la vie d'autrui[23]. Le jet de mĂ©gots de cigarette par les fenĂȘtres d'habitation en copropriĂ©tĂ© est un problĂšme du ressort des syndicats de copropriĂ©tĂ©[24].


Jet de dĂ©chet par les fenĂȘtres de vĂ©hicules

En France, les dĂ©chets transportĂ©s avec un vĂ©hicule peuvent exposer Ă  une amende de 1 500 €, selon l'article R-635-8 du code pĂ©nal.

En France, le rĂ©seau autoroutier trouve 9 000 tonnes de dĂ©tritus sur la chaussĂ©e de l’autoroute, soit 25 tonnes par jour[25]. En France chaque annĂ©e, 73 000 tonnes d’ordures mĂ©nagĂšres sont abandonnĂ©es le long des routes[26].

En Moselle, sont retrouvĂ©s 40 kg d’ordure sur chacun des 3 000 kilomĂštres du rĂ©seau routier. Il s'agit notamment de bouteilles en plastiques, papiers gras, de reste de repas Ă  emporter, ou d'Ă©lectromĂ©nager abandonnĂ©[27].

Parmi les dĂ©chets jetĂ©s par les fenĂȘtres, on retrouve mĂ©gots, emballages, bouteilles en plastiques[28].

Sur les auto-routes françaises, 67 % des personnes sont conscientes du risque d’incendie que provoque le jet de cigarettes alors que 18% prĂ©tendent en ĂȘtre inconscientes[29].

Sur les auto-routes françaises, 15% des personnes jette des détritus comme des cigarettes ou des chewing-gums par les fenestres des véhicules[29].

Sur les auto-routes françaises, 35% des personnes jette des déchets divers sur la chaussée, alors que 81% et 76% reconnaissent que cela contribue à dégrader le paysager et à polluer l'environnement[29].

62% considĂšrent que le jet de dĂ©tritus par la fenĂȘtre peut entraĂźner un accident de la route[29].

Les motivation du jet de poubelles par les fenĂȘtres de vĂ©hicules sont la volontĂ© de ne pas conserver de dĂ©tritus dans le vĂ©hicules, l'absence de poubelle, ou la saturation des poubelles[30].

Prévention

Partant du principe que le déchet le plus facile à traiter est celui qui n'a pas été produit, l'écoconception et les stratégies de réduction à la source et de recyclage et/ou de réutilisation (ressourceries) sont des solutions souvent préconisées. Le principe pollueur-payeur tend à s'imposer en Europe[31], avec pour conséquence l'exigence faite, à tout producteur d'un déchet, de contribuer au traitement de ce dernier en fin de vie. Diverses ONG montrent que la prévention est cependant peu active[32].

Pour effacer la connotation négative du mot et l'image dévalorisante qu'il véhicule, on parle parfois de « recyclat » quand il y a réutilisation de ces « matiÚres premiÚres secondaires »[33].

DĂ©finition juridique

La convention de Bùle sur le contrÎle des mouvements transfrontaliers de déchets distingue deux catégories de déchets : « les déchets dangereux et d'autres déchets ». Elle retient la définition suivante du déchet :

« On entend par « déchets » des substances ou objets qu'on élimine, qu'on a l'intention d'éliminer ou qu'on est tenu d'éliminer en vertu des dispositions du droit national. »

— art. 2 al. 1

Les déchets dangereux sont alors ceux qui appartiennent à l'une des catégories figurant en annexe du texte. Sont exclus de cette convention les déchets radioactifs et ceux provenant de l'exploitation normale d'un navire[34] - [35].

Directive 2006/12/CE

La politique européenne de l'environnement se fonde sur l'article 174 du Traité instituant la Communauté européenne et s'inscrit dans la poursuite des objectifs de préservation, « protection et amélioration de la qualité de l'environnement » d'une part, « protection de la santé des personnes » d'autre part, et « utilisation prudente et rationnelle des ressources naturelles »[36].

L’Union europĂ©enne, dans la directive 2006/12/CE effective jusqu'au 12 dĂ©cembre 2010, dĂ©finit le dĂ©chet comme : « toute substance ou tout objet [
], dont le dĂ©tenteur se dĂ©fait ou dont il a l’intention ou l’obligation de se dĂ©faire » et (pour des raisons pratiques ou parce que ces champ sont couverts par d'autres directives ou rĂšglements europĂ©ens) exclut de son champ d'application :

  • les effluents gazeux Ă©mis dans l'atmosphĂšre ;
  • les dĂ©chets radioactifs ;
  • les dĂ©chets rĂ©sultant de la prospection, de l'extraction, du traitement et du stockage de ressources minĂ©rales, ainsi que de l'exploitation des carriĂšres
  • les cadavres d'animaux et les dĂ©chets agricoles suivants : matiĂšres fĂ©cales et autres substances naturelles et non dangereuses utilisĂ©es dans le cadre de l'exploitation agricole ;
  • les eaux usĂ©es, Ă  l'exception des dĂ©chets Ă  l'Ă©tat liquide ;
  • les explosifs dĂ©classĂ©s[37].

Dans la synthÚse de cette directive, l'Union précise que les exclusions ci-dessus le sont « lorsque ces différents types de déchets sont soumis à une réglementation communautaire spécifique »[38].

Cette directive, est abrogée le par la Directive 2008/98/CE, entrée en vigueur le 12 décembre 2008[39].

Directive 2008/98/CE de l'Union européenne

La directive 2008/98/CE de l'Union européenne :

  • prĂ©cise les dĂ©finitions des notions de base telles que celles de dĂ©chets, de valorisation des dĂ©chets et d'Ă©limination[40] ;
  • renforce les mesures Ă  prendre en matiĂšre de prĂ©vention des dĂ©chets ;
  • introduit une approche qui tienne compte de tout le cycle de vie des produits et des matiĂšres et pas seulement de la phase oĂč ils sont Ă  l'Ă©tat de dĂ©chet ;
  • met l'accent sur la rĂ©duction des incidences de la production et de la gestion des dĂ©chets sur l'environnement, ce qui permettrait de renforcer la valeur Ă©conomique des dĂ©chets. (
)

et parce qu'« il y a lieu d'encourager la valorisation des dĂ©chets et l'utilisation des matĂ©riaux de valorisation afin de prĂ©server les ressources naturelles. », il a paru nĂ©cessaire d'abroger la directive 2006/12/CE et de la remplacer par une nouvelle directive[41] qui « vise Ă  protĂ©ger l’environnement et la santĂ© humaine par la prĂ©vention des effets nocifs de la production et de la gestion des dĂ©chets. ».

La directive 2008/98/CE identifie trois espÚces de déchets[40] :

  • les dĂ©chets, ou « toute substance ou tout objet dont le dĂ©tenteur se dĂ©fait ou dont il a l'intention ou l'obligation de se dĂ©faire » ;
  • les dĂ©chets dangereux dĂ©signant « tout dĂ©chet qui prĂ©sente une ou plusieurs des propriĂ©tĂ©s dangereuses Ă©numĂ©rĂ©es Ă  l'annexe III » ;
  • les biodĂ©chets : « les dĂ©chets biodĂ©gradables de jardin ou de parc, les dĂ©chets alimentaires ou de cuisine issus des mĂ©nages, des restaurants, des traiteurs ou des magasins de vente au dĂ©tail, ainsi que les dĂ©chets comparables provenant des usines de transformation de denrĂ©es alimentaires ».

Elle établit deux listes répertoriant les substances exclues de son champ d'application[40].

La premiĂšre comprend :

  • les effluents gazeux Ă©mis dans l'atmosphĂšre ;
  • les sols (in situ), y compris les sols polluĂ©s non excavĂ©s et les bĂątiments reliĂ©s au sol de maniĂšre permanente ;
  • les sols non polluĂ©s et autres matĂ©riaux gĂ©ologiques naturels excavĂ©s au cours d'activitĂ©s de construction lorsqu'il est certain que les matĂ©riaux seront utilisĂ©s aux fins de construction dans leur Ă©tat naturel sur le site mĂȘme de leur excavation ;
  • les dĂ©chets radioactifs ;
  • les explosifs dĂ©classĂ©s ;
  • les matiĂšres fĂ©cales, Ă  condition qu'elles ne relĂšvent pas du paragraphe 2, point b), la paille et autres matiĂšres naturelles non dangereuses issues de l'agriculture ou de la sylviculture et qui sont utilisĂ©es dans le cadre de l'exploitation agricole ou sylvicole ou pour la production d'Ă©nergie Ă  partir d'une telle biomasse au moyen de procĂ©dĂ©s ou de mĂ©thodes qui ne nuisent pas Ă  l'environnement et ne mettent pas en danger la santĂ© humaine.

Remarque : cette liste d'exclusion comprend un élément explicitement désigné comme un déchet : les déchets radioactifs[42].

La deuxiĂšme comprend :

  • les eaux usĂ©es ;
  • les sous-produits animaux (dont produits transformĂ©s couverts par le rĂšglement (CE) no 1774/2002, Ă  l'exception de ceux qui sont destinĂ©s Ă  l'incinĂ©ration, la mise en dĂ©charge ou l'utilisation dans une usine de biogaz ou de compostage) ;
  • les carcasses d'animaux morts autrement que par abattage, y compris les animaux mis Ă  mort pour Ă©radiquer une Ă©pizootie, et qui ont Ă©tĂ© Ă©liminĂ©es conformĂ©ment au rĂšglement (CE) no 1774/2002 ;
  • les dĂ©chets rĂ©sultant de la prospection, de l'extraction, du traitement et du stockage de ressources minĂ©rales, ainsi que de l'exploitation des carriĂšres (ils relĂšvent de la directive 2006/21/CE du Parlement europĂ©en et du Conseil du 15 mars 2006 relative Ă  la gestion des dĂ©chets de l'industrie extractive),

et, est-il prĂ©cisĂ©, s'applique « dans la mesure oĂč ils sont dĂ©jĂ  couverts par d'autres dispositions communautaires ».

Elle instaure une « hiĂ©rarchie des dĂ©chets »[43], qui guide les États membres pour « des mesures pour le traitement de leurs dĂ©chets conformĂ©ment Ă  la hiĂ©rarchie suivante qui s’applique par ordre de prioritĂ©s », mais soumise Ă  l'objectif principal qui est « le meilleur rĂ©sultat global sur le plan de l'environnement » : prĂ©vention ; prĂ©paration en vue du rĂ©emploi ; recyclage ; autre valorisation, notamment Ă©nergĂ©tique ; Ă©limination.

Elle reprend et affirme les orientations majeures de la politique de gestion des déchets au sein de l'Europe :

  • « principe du pollueur-payeur »[44] ;
  • « principes d'autosuffisance et de proximitĂ© »[45].

Si elle Ă©voque comme une exigence un « rĂ©gime de responsabilitĂ© Ă©largie des producteurs », elle ne prĂ©cise pas la teneur de ce rĂ©gime et note trĂšs prĂ©cisĂ©ment que « les États membres peuvent prendre des mesures lĂ©gislatives ou non pour que (celui-ci) soit soumis(e) au rĂ©gime de responsabilitĂ© Ă©largie »[46] (pour l'Ă©limination, mais aussi pour la valorisation des dĂ©chets[47]).

Enfin, la directive impose aux États membres l'Ă©tablissement de programmes de « prĂ©vention des dĂ©chets » (qui pourront ou non ĂȘtre intĂ©grĂ©s dans les plans de gestion des dĂ©chets) et fixe des objectifs chiffrĂ©s de recyclage, de rĂ©cupĂ©ration et de valorisation Ă  l'Ă©chĂ©ance de 2020.

Le producteur d'un dĂ©chet en reste responsable, et comme la Cour de cassation et le Conseil d'État en France, la jurisprudence europĂ©enne a plusieurs fois[48] - [49] rappelĂ© dont rĂ©cemment par arrĂȘt[50] du 7 mars 2013 de la Cour de justice de l’Union europĂ©enne que la rĂ©utilisation d’un dĂ©chet ne suffit pas Ă  elle seule Ă  lui faire perdre son caractĂšre de dĂ©chet et qu'il convient de bien diffĂ©rencier les notions d'« utilisation » et « rĂ©utilisation »[51].

France

Isséane - Vue du lieu de déversement des ordures ménagÚres

Le est Ă©noncĂ©e la Directive 75/442/CEE du Conseil relative aux dĂ©chets ; la France la transpose en droit national par la loi no 75-633 du relative Ă  l’élimination des dĂ©chets et Ă  la rĂ©cupĂ©ration des matĂ©riaux[52].

La loi française distingue trois catégories de déchets : les « déchets », les « déchets ultimes » et les « déchets radioactifs » :

« Est un déchet au sens du présent chapitre toute substance ou tout objet, ou plus généralement tout bien meuble, dont le détenteur se défait ou dont il a l'intention ou l'obligation de se défaire. »

— Code de l'environnement[53]

« Est ultime au sens du prĂ©sent chapitre un dĂ©chet, rĂ©sultant ou non du traitement d'un dĂ©chet, qui n'est plus susceptible d'ĂȘtre traitĂ© dans les conditions techniques et Ă©conomiques du moment, notamment par extraction de la part valorisable ou par rĂ©duction de son caractĂšre polluant ou dangereux. »

— Code de l'environnement[54]

Les déchets radioactifs sont exclus du champ des compétences du Conseil national des déchets[55].

Elle rĂ©pertorie les dĂ©chets en vingt chapitres dans une nomenclature, qui figure Ă  l’annexe II de l’article R541-8 du Code de l’environnement[56]. Les dĂ©chets sont classĂ©s en fonction de leur provenance (exemple : « DĂ©chets provenant de l'agriculture, de l'horticulture, de l'aquaculture, de la sylviculture, de la chasse et de la pĂȘche ainsi que de la prĂ©paration et de la transformation des aliments » ou « DĂ©chets de construction et de dĂ©molition (y compris dĂ©blais provenant de sites contaminĂ©s »). Leur dangerositĂ© potentielle est indiquĂ©e par un astĂ©risque.

Elle inclut dans son champ d'application les « Déchets provenant de l'exploration et de l'exploitation des mines et des carriÚres ainsi que du traitement physique et chimique des minéraux. » (chapitre 01) et les « Déchets provenant des installations de gestion des déchets, des stations d'épuration des eaux usées hors site et de la préparation d'eau destinée à la consommation humaine et d'eau à usage industriel » (chapitre 19), qu'avait exclus, sous condition que ce type de déchets fasse l'objet d'une rÚglementation spécifique, la Directive européenne 2006/12/CE. On remarque le chapitre 16 : « Déchets non décrits ailleurs dans la liste. »

La directive de novembre 2008 doit ĂȘtre transposĂ©e en France avant le aprĂšs avis du Conseil d'État, essentiellement par voie d'ordonnance (autorisĂ©e par la loi Grenelle I), en priorisant la prĂ©vention et une hiĂ©rarchie dans les modes de traitement de dĂ©chets (avec quatre niveaux : la prĂ©paration en vue de la rĂ©utilisation, le recyclage, la valorisation et l'Ă©limination). L'incinĂ©ration peut ĂȘtre ou ne pas ĂȘtre de la valorisation Ă©nergĂ©tique prĂ©cise la directive, notamment quand il s'agit d'une simple opĂ©ration d'Ă©limination (le calcul est fondĂ© sur le rendement de l'incinĂ©rateur et donc la quantitĂ© d'Ă©nergie valorisĂ©e). Les notions de recyclage, valorisation et l'Ă©limination sont prĂ©cisĂ©es Ă  nouveau, ainsi que la dĂ©finition du dĂ©chet et d'un « produit » (des dĂ©chets peuvent redevenir des produits alors que l'ancienne directive de 1975 ne prĂ©voyait pas cette sortie du statut de dĂ©chet). La responsabilitĂ© du producteur et du dĂ©tenteur de dĂ©chets est rappelĂ©e par la directive : le producteur reste responsable de la gestion du dĂ©chet jusqu'Ă  sa valorisation ou son Ă©limination, mais une rupture de responsabilitĂ© est prĂ©vue pour certains cas (si une installation est transmise Ă  une autre personne par exemple). C'Ă©tait une possibilitĂ© ouverte par la directive mais non retenue par la France dans sa transposition.

La France doit produire un programme de prĂ©vention des dĂ©chets avant le , Ă©ventuellement dans les plans de gestion de dĂ©chets dĂ©partementaux et rĂ©gionaux (qui devront dĂ©sormais inclure une partie liĂ©e la prĂ©vention). Un plan national de prĂ©vention, opposable aux dĂ©cisions des personnes publiques est annoncĂ©, ainsi que d'autres suites au Grenelle de l'environnement. Le dĂ©chet ne sera plus classĂ© selon son origine (mĂ©nagers, industriels) mais selon sa dangerositĂ© ou son caractĂšre inerte. Avant juillet 2013, des plans dĂ©partementaux de prĂ©vention et de gestion des dĂ©chets non dangereux, et des plans rĂ©gionaux de prĂ©vention et de gestion des dĂ©chets dangereux, remplaceront les « plans d'Ă©limination des dĂ©chets mĂ©nagers et assimilĂ©s (PEDMA) » et le « plan d'Ă©limination des dĂ©chets industriels spĂ©ciaux (PREDIS) ». Les capacitĂ©s d'incinĂ©ration et de stockage seront limitĂ©es Ă  60 % du total des dĂ©chets produits en France. Les autorisations prĂ©fectorales de nouvelles installations et de modifications substantielles d'installations existantes devront ĂȘtre compatibles avec ces plans.

Collectivités territoriales

Communes et groupements intercommunaux

La responsabilité des déchets ménagers et municipaux relÚve des collectivités territoriales notamment des communes et ces groupements qui assurent leur collecte et leur élimination. Les déchets issus de la production incombent aux producteurs.

L'article L. 2224-13 du CGCT stipule que « Les communes ou les Ă©tablissements publics de coopĂ©ration intercommunale assurent, Ă©ventuellement en liaison avec les dĂ©partements et les rĂ©gions, la collecte et le traitement des dĂ©chets des mĂ©nages
 »[57].

  • Fractionnement de la compĂ©tence

Ce mĂȘme article autorise le transfert partiel de la compĂ©tence « Ă©limination des dĂ©chets » :

« Les communes peuvent transfĂ©rer Ă  un Ă©tablissement public de coopĂ©ration intercommunale ou Ă  un syndicat mixte soit l'ensemble de la compĂ©tence de collecte et de traitement des dĂ©chets des mĂ©nages, soit la partie de cette compĂ©tence comprenant le traitement, ainsi que les opĂ©rations de transport qui s'y rapportent. Les opĂ©rations de transport, de transit ou de regroupement qui se situent Ă  la jonction de la collecte et du traitement peuvent ĂȘtre intĂ©grĂ©es Ă  l'une ou l'autre de ces deux missions[58]. »

Cette loi a donc interdit les transferts « en Ă©toile » ; seuls sont possibles les transferts « en cascade » : la commune peut transfĂ©rer Ă  un Établissement public de coopĂ©ration intercommunale (EPCI) ou Ă  un syndicat mixte soit la seule compĂ©tence traitement, soit l’ensemble de la compĂ©tence collecte et traitement. L’EPCI qui bĂ©nĂ©ficie de la totalitĂ© de la compĂ©tence peut Ă  son tour transfĂ©rer Ă  un syndicat mixte, soit l’ensemble des compĂ©tences, soit uniquement le traitement. Les deux blocs de compĂ©tence « collecte » et « traitement » sont donc, l'un et l'autre, globaux et indissociables.

RĂ©gions Les rĂ©gions adoptent, par dĂ©libĂ©ration du conseil rĂ©gional, un plan rĂ©gional de prĂ©vention et de gestion des dĂ©chets (qui se substitue Ă  la planification dĂ©partementale et Ă  l'ancienne planification rĂ©gionale sur les dĂ©chets dangereux, articles L.541-11 et suivants du Code de l'environnement). À cette planification se substitue, sauf dans certaines rĂ©gions (Île-de-France, Guadeloupe, Île de La RĂ©union, les collectivitĂ©s territoriales de Guyane et de Martinique ainsi que les collectivitĂ©s territoriales Ă  statut particulier) le SchĂ©ma rĂ©gional d'amĂ©nagement, de dĂ©veloppement durable et d'Ă©galitĂ© des territoires (SRADDET, CGCT, art. L. 4251-1) qui a vocation Ă  intĂ©grer cette planification ainsi que de nombreuses autres thĂ©matiques.

DĂ©partements Le dĂ©partement jouait un rĂŽle de coordination par la dĂ©finition et la mise en Ɠuvre d'un plan dĂ©partemental de prĂ©vention et de gestion des dĂ©chets non dangereux. Cette planification est dĂ©sormais rĂ©gionale. Il peut Ă©galement participer directement Ă  l'Ă©limination des dĂ©chets mĂ©nagers par dĂ©lĂ©gation des communes ou Établissement public de coopĂ©ration intercommunale (EPCI). Les communes peuvent alors leur confier la gestion des dĂ©chets mĂ©nagers et assimilĂ©s pour leur traitement, leur mise en dĂ©charge, leur transport ; leur tri ou leur stockage. Avec l'adoption de la loi « NOTRe » no 2015-991, tous les EPCI Ă  fiscalitĂ© propre (communautĂ©s de communes, d'agglomĂ©ration, urbaines, mĂ©tropoles) seront compĂ©tentes obligatoirement en matiĂšre de dĂ©chets mĂ©nagers et assimilĂ©s. En pratique, elles exerçaient dĂ©jĂ  souvent cette compĂ©tence, Ă©ventuellement en adhĂ©rant ensuite Ă  des syndicats mixtes.

Suisse

La Suisse est dotée de différentes lois et ordonnances concernant la gestion des déchets.

Sortie du statut de déchets

L'article 6 de la directive 2008/98/CE permet que certains déchets (substance ou objet) - aprÚs avoir subi une opération de valorisation ou de recyclage - puissent redevenir des produits... à quatre conditions (conditions cumulatives)[59] - [60] :

  1. la substance ou l'objet est couramment utilisé à des fins spécifiques, et
  2. il existe un marché ou une demande pour une telle substance ou un tel objet, et
  3. la substance ou l'objet remplit les exigences techniques aux fins spécifiques et respecte la législation et les normes applicables aux produits, et
  4. l'utilisation de la substance ou de l'objet n'aura pas d'effets globaux nocifs pour l'environnement ou la santé humaine.

Un déchet valorisé peut quitter le statut de déchet si son utilisation a un impact plus important sur l'environnement que le produit dont il est issu[61].

Notes et références

  1. Informations lexicographiques et étymologiques de « déchet » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  2. Baptiste Monsaingeon et Anne Guillard, « L’abandon des dĂ©chets “est un hĂ©ritage de la modernitĂ© industrielle” », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  3. (en) International Solid Waste Association (en), Global Waste Management Outlook, Programme des Nations unies pour l'environnement, , 343 p. (ISBN 978-92-807-3479-9, lire en ligne [PDF]).
  4. JĂ©rĂ©mie Pichon, BĂ©nĂ©dicte Moret, Famille Presque ZĂ©ro DĂ©chet, ze guide, VergĂšze, Éd. Thierry Souccar, 2016 (ISBN 978-2-36549-187-7), p. 25.
  5. « déchet », sur gdt.oqlf.gouv.qc.ca (consulté le )
  6. StĂ©phane Le Lay, « Le rĂŽle des dĂ©chets dans l’histoire: Entretien avec François Jarrige et Thomas Le Roux », Mouvements, vol. 87, no 3,‎ , p. 59 (ISSN 1291-6412 et 1776-2995, DOI 10.3917/mouv.087.0059, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. « Types de déchets », sur ademe.fr (consulté le )
  8. Laurent Michel et AurĂ©lien Louis, « La gestion des dĂ©chets nuclĂ©aires », Annales des Mines - ResponsabilitĂ© et environnement, vol. N°97, no 1,‎ , p. 57 (ISSN 1268-4783 et 2271-8052, DOI 10.3917/re1.097.0057, lire en ligne, consultĂ© le )
  9. G.N. (2016), Les déchets du BTP de mieux en mieux collectés, brÚve de BatiActu du 15/11/2016
  10. Étude commandĂ©e par PlasticsEurope (Association europĂ©enne des producteurs de matiĂšres plastiques rassemblant plus de 90 % des producteurs de tous les polymĂšres de l'UE27, selon son site internet en 2012) sur la valorisation des dĂ©chets plastiques du bĂątiment (en UE + NorvĂšge et Suisse) ; rĂ©sumĂ© en anglais
  11. JĂ©rĂ©mie PICHON, Famille presque zĂ©ro dĂ©chet, Thierry Souccar Éditions, VergĂšze, (ISBN 978-2-36549-187-7). PrĂ©face de Nicolas Hulot. Illustrations de BĂ©nĂ©dicte Moret. Voir page 33 et page 80
  12. « Statistiques sur les déchets », sur ec.europa.eu, (consulté le )
  13. Évaluation DOBRIS ; Agence europĂ©enne pour l’environnement 1994
  14. Famille Presque Zéro Déchet, de Jérémie Pichon et Bénédicte Moret. (ISBN 978-2-36549-187-7), Voir page 31
  15. [PDF]Les dĂ©penses de protection de l’environnement des entreprises
 (2008), sur developpement-durable.gouv.fr, consultĂ© le 29 juillet 2016.
  16. « Les résultats », sur ademe.fr (consulté le )
  17. « MODECOM 2017 », sur librairie.ademe.fr (consulté le )
  18. « Opération foyers témoins pour estimer les impacts du gaspillage alimentaire des ménages », sur ademe.fr,
  19. Alain Faujas, « Les ordures, source de pollution et de matiÚre secondaire », dans Courrier international du 14 juin 2009, [lire en ligne], mis en ligne le 13 juin 2009
  20. citation du Directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner.
  21. « Déchet urbain migrant et polluant », sur t-o-phil.fr (consulté le ).
  22. Quels sont les indicateurs permettant de suivre la circularité l'économie ?
  23. Sanctions des jets d'objets par les fenĂȘtres, senat.fr, 23 octobre 1998 (consultĂ© le 5 aoĂ»t 2022).
  24. Non trouvé le 5 aout 2022, dnf.asso.fr
  25. https://www.lesenjoliveuses.fr/2017/08/dechets-et-megots-jetes-par-la-fenetre/
  26. « Que risquez vous si vous jetez des dĂ©chets par la fenĂȘtre de votre voiture », sur BFM TV (consultĂ© le ).
  27. « Que risquez-vous si vous jetez des dĂ©chets par la fenĂȘtre de votre voiture », sur BFM TV (consultĂ© le ).
  28. « Les consĂ©quences d’un jet de dĂ©chets par la fenĂȘtre d’une auto », sur LeLynx.fr (consultĂ© le ).
  29. |https://www.lesenjoliveuses.fr/2017/08/dechets-et-megots-jetes-par-la-fenetre/ DĂ©chets sur la route : nos fenĂȘtres ne sont pas des vide-ordures !], lesenjoliveuses.fr, aoĂ»t 2017
  30. « Les consĂ©quences d’un jet de dĂ©chets par la fenĂȘtre d’une auto », sur LeLynx.fr (consultĂ© le ).
  31. « Directive 75/442/CEE du Conseil, du 15 juillet 1975, relative aux déchets », sur EUR-Lex (consulté le ).
  32. [PDF] Réduction des déchets, les 3 vérités qui dérangent, sur agirpourlenvironnement.org, 38 p.
  33. « La Fabrique écologique suggÚre un statut pour les recyclats », Journal de l'environnement, 4 avril 2014 (consulté le 15 août 2016).
  34. Convention de Bùle sur le contrÎle des mouvements transfrontiÚres de déchets dangereux et de leur élimination, Convention de Bùle, , 103 p. (présentation en ligne, lire en ligne [PDF]).
  35. « Directive 2006/12/CE du Parlement européen et du Conseil du relative aux déchets », sur EUR-Lex.
  36. Traité instituant la Communauté européenne (version consolidée Nice) - 3e partie: Les politiques de la communauté - Titre XIX: Environnement - Article 174 - Article 130 R - Traité CE (version consolidée Maastricht), eur-lex.europa.eu
  37. Directive 2006/12/CE du Parlement europĂ©en et du Conseil du 5 avril 2006 relative aux dĂ©chets (texte prĂ©sentant de l'intĂ©rĂȘt pour l'EEE), sur EUR-Lex.
  38. Élimination des dĂ©chets (jusqu’à fin 2010), sur EUR-Lex (consultĂ© le 29 juillet 2016).
  39. Directive 2008/98/CE.
  40. Directive 2008/98/CE, article 3.
  41. Directive 2008/98/CE, introduction, point no 8.
  42. research*eu Magazine de l'espace europĂ©en de la recherche, juillet 2009, DĂ©chets nuclĂ©aires: l’insoluble question ?, Commission europĂ©enne.
  43. Directive 2008/98/CE, article 4.
  44. Directive 2008/98/CE, article 14.
  45. Directive 2008/98/CE, article 16.
  46. Directive 2008/98/CE, article 8.
  47. Jurisprudence : CJCE (chap. 6), 25 juin 1998 (Chemische Afvalstoffen Dusseldorp BV e.a contre Minister van Volkhuisvesting, Ruimtelijke Ordening en Milieubeheer), C-203/96, Rec. C.J.C.E., 1998, p. I-4111.
  48. Cour de justice de l’Union europĂ©enne, arrĂȘt du 15 juin 2000, ARCO Chemie Nederland e.a., C 418/97 et C-419/97, Rec. p. I-4475, point 94
  49. ArrĂȘt du 18 avril 2002, Palin Granit et Vehmassalon kansanterveystyön kuntayhtymĂ€n hallitus, C-9/00, Rec. p. I-3533, point 46)
  50. La cour rappelle que « mĂȘme lorsqu’un dĂ©chet a fait l’objet d’une opĂ©ration de valorisation complĂšte qui a pour consĂ©quence que la substance en question a acquis les mĂȘmes propriĂ©tĂ©s et caractĂ©ristiques qu’une matiĂšre premiĂšre, il demeure nĂ©anmoins que cette substance peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un dĂ©chet si, conformĂ©ment Ă  la dĂ©finition figurant Ă  l’article 3, point 1, de la directive 2008/98, son dĂ©tenteur s’en dĂ©fait ou a l’intention ou l’obligation de s’en dĂ©faire »
  51. Arnaud Gossement (2013) Statut et sortie du statut de dĂ©chet : la Cour de justice de l’Union europĂ©enne rappelle Ă  son tour la nĂ©cessaire distinction entre « utilisation » et « rĂ©utilisation » (Affaire C-358/11), 12 mars 2013 (consultĂ© le 22 mars 2013).
  52. loi no 75-633 du relative Ă  l’élimination des dĂ©chets et Ă  la rĂ©cupĂ©ration des matĂ©riaux
  53. Livre V : Prévention des pollutions, des risques et des nuisances (Partie législative), INERIS.
  54. article L541-1
  55. Conseil national des déchets, Légifrance.
  56. L’article R541-8 est une codification du dĂ©cret abrogĂ© no 2002-540 du 18 avril 2002 relatif Ă  la classification des dĂ©chets, publiĂ© au JO du 20 avril 2002.
  57. Article L2224-13, sur easydroit.fr, consulté le
  58. Les transferts de compétences, sur collectivites-locales.gouv.fr (consulté le ).
  59. Directive 2008/98/CE, article 6.
  60. C. Verdure, La conciliation des enjeux économiques et environnementaux en droit de l'Union européenne | analyse appliquée au secteur des déchets, Issy-les-Moulineaux, L.G.D.J, 2014, p. 54 et 55.
  61. Thieffry P (2011) Droit de l'environnement de l'Union européenne, Bruxelles, Bruylant, p. 409.

Voir aussi

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.