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Valorisation des déchets

La valorisation ou revalorisation des déchets est un ensemble de procédés par lesquels on transforme un déchet matériel en un autre produit, matériel ou énergétique. Dans ce deuxième cas, on parle de valorisation énergétique. En gestion des déchets, la valorisation est généralement considérée comme une solution préférable à l'élimination.

Un centre de valorisation des déchets en Côte d'Ivoire

Dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte votée en , le gouvernement français appelle ainsi à favoriser la production d'énergie issue de la valorisation des déchets lorsqu'ils ne sont pas recyclables[1].

Certaines techniques de valorisation peuvent être également l'objet de controverses, notamment quand il s'agit de tri mécano-biologique ou d'unités d'incinération des ordures ménagères (UIOM) et de leurs impacts réels ou supposés sur la santé publique[2].

Fractions Ă  traiter

Absence de traitement Ă  la source

En l'absence de sélection ou tri à la source, les collectivités territoriales parlent d'ordures ménagères résiduelles (OMR). Du point de vue de celui qui analyse le contenu des poubelles ménagères sur le terrain, les déchets non triés posent un problème de traitement considérable, ce qui rend le tri des ménages aussi important. En général, les ordures ménagères résiduelles (celles ne pouvant être triées car amalgamées avec d'autres déchets) se retrouvent ainsi dans des "décharges". Au fil des années, le concept de décharges a évolué. On ne parle plus de Centres de stockage et de déchets ultimes (CSDU) mais d'Installations de stockage de déchets non dangereux (ISDND) - un changement lexical dont l'objectif était de refléter cadre réglementaire de plus en plus strict.

Ces installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) sont soumises à autorisation. Malgré l'évolution législative, l'installation nouvelle d'une ISDND est généralement un facteur de conflits entre locaux, entreprises et collectivités comme l'a démontré une étude de ParisTech sur les conflits liés aux ISDND en Ile-de-France[3].

Traitement après tri à la source

On peut distinguer deux fractions :

  • la fraction fermentescible des ordures mĂ©nagères (FFOM) ;
  • le reste ou fraction non fermentescible des ordures mĂ©nagères (FNFOM).

Chaque fraction peut se subdiviser en sous-fractions qui reçoivent chacune un traitement différent selon leur nature.

Traitement de la FFOM

La fraction fermentescible des ordures ménagères pose un gros problème de collecte. En effet, il est difficile de conserver plus de trois à quatre jours un bioseau de déchets fermentescibles sans qu'il se mette à dégager des odeurs pestilentielles. La FFOM est riche en eau et il convient de la déshydrater en la déversant dans des bacs spéciaux : les compostainers. Ce sont des conteneurs à double paroi, le bas interne se terminant par une paroi horizontale ajourée qui laisse s'écouler les lixiviats au fond du conteneur externe qui est ventilé. Des déchets peuvent se conserver plus de 15 jours dans ces bacs aérés sans dégager d'odeurs méphitiques.

La FFOM peut être traitée par :

La FFOM doit être issue de déchets ménagers organiques triés à la source et être exempte de toutes substances solide. Le compostage domestique est aisé à pratiquer en habitat individuel pourvu d'un jardin. Le compostage industriel est pratiqué dans des installations de grande taille appelées plateformes de compostage[4]. Plateformes de compostage ou usines de méthanisation font passer le FFOM dans des bioréacteurs stabilisateurs. Des déchets verts broyés sont mélangés à la FFOM ainsi que des débris de cartons. L'ajout de bois broyés tels que ceux des palettes est formellement déconseillé. Ces bois sont traités avec des biocides. Or, l'objectif final est d'obtenir un compost utilisable en agriculture.

Traitement de la FNFOM

La fraction non fermentescible des ordures ménagères (FNFOM ou RESTE) est considérée par les industriels du recyclage comme la plus intéressante économiquement.

Le tri Ă  la source Ă©vite Ă  la FFOM les souillures qui rendraient impropre Ă  tout recyclage les composants de la FFOM.

Chaque composant va faire l'objet d'un traitement approprié. Par exemple, à Montpellier, la filière DEMETER recueille d'importants tonnages de cartons et papiers qui font l'objet d'un acheminement par camions vers le port de Barcelone. Des usines chinoises traitent ces ballots pour en tirer des papiers de qualité revendus dans le monde.

Controverses

Les unitĂ©s de traitement des ordures mĂ©nagères ou UTOM ont Ă©tĂ© au centre des dĂ©bats du Grenelle de l'environnement et des Grenelle rĂ©gionaux, bien que les associations de dĂ©fense de l'environnement agrĂ©Ă©es (CNIID, WWF, France-Nature environnement, etc.) aient dĂ» se battre bec et ongles pour obtenir que le problème et ses solutions vraiment Ă©cologiques soient pris en compte et apparaissent dans les conclusions. Le problème vient de ce que les industriels de la branche ont conçu des unitĂ©s de traitement des ordures mĂ©nagères (UTOM) basĂ©es sur une lĂ©gislation datant d'avant le Grenelle. Le vieux procĂ©dĂ© de l'incinĂ©ration (combattu par de nombreuses associations), l'utilisation de dĂ©charges monstrueuses (dĂ©charge du ThĂ´t de Lattes-Montpellier), les projets comme celui de FabrĂ©gues (HĂ©rault, abandonnĂ© maintenant) et des rĂ©alisations calamiteuses (AmĂ©tyst, Montpellier) permettent de classer ces solutions « miracles Â» comme des impostures Ă©cologiques. La preuve en est donnĂ©e chaque jour aux riverains de ces ensembles ou de ceux Ă  venir. Il existe pourtant des solutions sĂ©rieuses et des constructeurs expĂ©rimentĂ©s.

Valorisation énergétique

L'expression valorisation énergétique consiste à récupérer et valoriser l'énergie produite lors du traitement des déchets par différents biais, parmi lesquels la combustion, la biomasse ou encore la méthanisation. L'énergie produite est ensuite utilisée sous forme de chaleur ou d'électricité. La valorisation peut aussi être effectuée directement (pour les déchets ménagers ou municipaux) ou elle peut être différée (pour les déchets industriels).

Dans son ouvrage, Dany Dietmann[5] qualifie ce procédé (le feu purificateur) :

« L'incinérateur n'est en fait qu'un gigantesque disperseur atmosphérique, doublé d'un redoutable synthétiseur de substances toxiques comme les dioxines »

— p. 40-41, Dany Dietmann

Une tonne de dĂ©chets mĂ©nagers incinĂ©rĂ©e demande la consommation de 6 tonnes d'air nĂ©cessaires pour fournir l'oxygène nĂ©cessaire Ă  la combustion. Elle produit :

soit 7 545 kg très toxiques en sortie Ă  multiplier par le tonnage journalier, mensuel et annuel d'un tel UTOM ! Les filtrats des fumĂ©es et les mâchefers toxiques vont aller garnir les dĂ©charges de classe 1 ainsi que les dĂ©charges hydrauliques. Et la dĂ©charge atmosphĂ©rique ? Ce qui ne se voit pas n'est pas forcĂ©ment inexistant.

La chaleur produite est volatile et ne peut être stockée, de même que l'électricité des moteurs de cogénération. Un bilan objectif du point de vue de l'environnement, effectué par les associations membres de commissions locales d'information et de surveillance (CLIS), montre que la pollution aux dioxines est effective[7]. Quel bénéfice exact ? L'intérêt écologique à long terme, face aux intérêts économiques à court-terme.

Tri mécanobiologique

Le tri mécanobiologique ou traitement mécano-biologique est une technique controversée visant à recycler ou optimiser le traitement des ordures ménagères résiduelles (OMR). À l'heure actuelle, le TMB fait l'objet de critiques des associations de défense de l'environnement comme de l'Ademe qui en précise les limites[8].

Sur 15 sites de TMB français, seuls quatre produisent un compost répondant à la norme NF U 44-051[9].

Le tri mĂ©canobiologique est le plus souvent utilisĂ© pour « stabiliser Â» des OMR en les dĂ©barrassant de la FFOM, le reste (la FNFOM) ou « stabilisat Â» Ă©tant destinĂ© Ă  ĂŞtre enfoui dans des ISDND. Les stabilisants sont assimilĂ©s Ă  des dĂ©chets non dangereux et ne devraient plus continuer Ă  fermenter. Or, le plus souvent ils continuent leur fermentation, preuve qu'ils ne sont pas des dĂ©chets ultimes.

RĂ©alisations industrielles

Sources

Notes et références

  1. « Titre IV - Lutter contre les gaspillages et promouvoir l’économie circulaire - Ministère du Développement durable », sur developpement-durable.gouv.fr (consulté le )
  2. « InVS | BEH n°17 février 2009 / n°7- 8 - Numéro thématique - Incinération des ordures ménagères en France : effets sur la santé », sur invs.sante.fr (consulté le )
  3. Rym MTIBAA, Conflits autour des ISND. Quelles conséquences pour la gouvernance territoriale des déchets?, Paris Tech et Cemagref (lire en ligne)
  4. Citons celle d'Aspiran dans l'Hérault qui traite les déchets de la communauté de communes du Centre-Hérault.
  5. op. cit. Danny Dietmann, 2005
  6. (en) « In Europe, a Backlash Is Growing Over Incinerating Garbage » [« En Europe, l'incinération des ordures suscite des remous »], sur Yale Environment 360, .
  7. Affaire des œufs contaminés aux environs de Lunel, Hérault, en 2007
  8. « Déchets, Passer à l'action, Tri et prétraitement, Le traitement mécano-biolog... – ADEME », sur ademe.fr (consulté le )
  9. Norme NF-U-44-051

Bibliographie

  • Dany Dietmann, DĂ©chets mĂ©nagers : Le Jardin des impostures, Paris/Budapest/Torino, l'Harmattan, , 162 p., 13,5 Ă— 21,5 (ISBN 2-7475-8070-9, lire en ligne)
  • HĂ©lène Jarousseau, Sabine Houot, Jean-Marie Paillat et HervĂ© Saint-Macary, coord., Le recyclage des rĂ©sidus organiques : Regards sur une pratique agro-Ă©cologique, Versailles, Éditions Quae, , 176 p., 14,5 Ă— 21 cm (ISBN 978-2-7592-2562-0, prĂ©sentation en ligne)
  • Inserm, CNRS, INRA et Min. Education Nationale, Gestion des dĂ©chets : Guide pour les Ă©tablissements publics d’enseignement supĂ©rieur ou de recherche, 194 p. (prĂ©sentation en ligne)
  • RenĂ© MOLETTA et al., La mĂ©thanisation, Paris, Tec&Doc, Lavoisier, , 532 p., 16 Ă— 25, reliĂ© (ISBN 978-2-7430-1036-2, prĂ©sentation en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (es) « Ecoparque Montcada i Reixac : Centro MĂ©tropolitano n° 2 de procesamiento integral de basuras municipales », InfoEnviro, Madrid,‎ . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article {a Ă©tĂ© traduit en français par Raymond GIMILIO}

Voir aussi

Articles connexes

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