AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Lixiviat

Le lixiviat (lessive au sens trivial ou percolat en physique) est le liquide rĂ©siduel qui provient de la percolation de l'eau Ă  travers un matĂ©riau, dont une fraction peut ĂȘtre soluble. Ce matĂ©riau traversĂ© peut ĂȘtre, par exemple, une poudre, un corps poreux insoluble ou trĂšs faiblement soluble, un amas quelconque de corps solides, avec des fractions liquides et gazeuses, etc.

En rĂ©gion chaude et sĂšche, la concentration et dĂ©shydratation par Ă©vaporation est un des moyens de traiter le lixiviat de dĂ©charge, ici Ă  CancĂșn, au Mexique, dans un bassin Ă©tanche et clĂŽturĂ©. Ce procĂ©dĂ© est simple et peu couteux, mais favorise cependant une contamination de l'air par des hydrocarbures aromatiques polycycliques ou du mercure par exemple.

La lessive la plus commune Ă©tait autrefois obtenue en arrosant des cendres puis en les pressant sur un filtre textile, pour rĂ©cupĂ©rer la partie liquide qui en avait dissous les alcalis, substances nĂ©cessaires Ă  la rĂ©action de saponification. Le mot parent lixiviat vient de l'adjectif latin lixivius, et du premier de ces deux substantifs, le fĂ©minin lixivia plutĂŽt que le neutre lixivium, qui signifient tous les deux : « lessive, jus de lessive ou de cendres, eau qui sert Ă  laver[1]
 » Ce terme dĂ©signe notamment tous les « jus » issus de dĂ©chets, de composts, de cendres, de dĂ©charges ou de dĂ©potoirs divers, etc.

La composition chimique du lixiviat de décharge diffÚre selon la nature de cette derniÚre, toutefois sa composition varie étroitement avec les facteurs énumérés ci-dessus.

Au fil du temps sous l’influence de ces divers facteurs, il a Ă©tĂ© mis en Ă©vidence quatre types de polluants prĂ©sent dans le lixiviat :

En plus de ces polluants, des études ont montré la présence de composés organiques responsables de la charge polluante tels que :

Lixiviats d'installation de stockage des déchets

Le lixiviat est issu de l'eau (de pluie en général) qui percole dans les massifs de déchets. Cette eau participe à la dégradation des déchets stockés, processus aboutissant notamment à la méthanogenÚse.

Le lixiviat est généralement enrichi en matiÚres dissoutes et en suspension, en polluants organiques[2], minéraux et métalliques au fur et à mesure de sa percolation ; par extraction des composés solubles (lixiviation facilitée par la dégradation biologique des déchets). Si la décharge n'est pas totalement étanche, il est source de pollution de la nappe phréatique, du sol ou d'eaux superficielles.

L'eau peut ĂȘtre gĂ©nĂ©rĂ©e dans la dĂ©charge mĂȘme (Ă  partir des matĂ©riaux humides, vĂ©gĂ©taux notamment) ou infiltrĂ©e Ă  partir de la surface ; elle se charge gĂ©nĂ©ralement en polluants jusqu'Ă  ce qu'elle se retrouve au fond de l'alvĂ©ole de stockage (ou dans le milieu dans le cas d'une dĂ©charge ancienne ou mal conçue). Ce phĂ©nomĂšne peut perdurer plusieurs siĂšcles[3].

Divers types de tests (« en batch », « en colonnes » ou in situ grĂące Ă  des bougies poreuses ou des plaques lysimĂ©triques) visent Ă  Ă©valuer l'intensitĂ© de la lixiviation pour divers types de substrats (dont cendres d'incinĂ©ration ou crassiers de centrales thermiques)[4]. Certains tests s'intĂ©ressent aussi Ă  la dispersivitĂ© horizontale ou longitudinale du lixiviat ou Ă  la migration de certains de ses composants[4]. Ces tests doivent ĂȘtre refaits pĂ©riodiquement car selon la tempĂ©rature, l'humiditĂ© et la maturation du substrat le taux de lixiviation peut fortement Ă©voluer dans le temps « suite Ă  des rĂ©actions d'hydratation, d'hydrolyse, de carbonatation, d'oxydation, de complexation, de sorption, de dissolution ou encore de prĂ©cipitation d'espĂšces minĂ©rales secondaires »[4]. Dans le cas oĂč le dĂ©chet est hĂ©tĂ©rogĂšne les tests doivent porter sur un nombre suffisant d'Ă©chantillons reprĂ©sentatifs des substrats.

Production des lixiviats

La production des lixiviats varie selon :

  • la nature du dĂ©chet (plus ou moins soluble, hĂ©tĂ©rogĂšne et toxique, poudreux ou vitrifié ) ; il s'agit souvent d'ordures mĂ©nagĂšres, de dĂ©chets industriels, de dĂ©chets de construction, de cendres ou mĂąchefers ou de poussiĂšres issues de filtration.
  • la vitesse de percolation de cette eau, et selon le chemin parcouru par elle dans les dĂ©chets ;
  • La quantitĂ© de prĂ©cipitation (ou la frĂ©quence de phĂ©nomĂšne d'inondation ou remontĂ©e de nappe) sur le lieu d'implantation du site d'enfouissement ou Ă  son amont ;
  • La surface au sol, en effet pour le mĂȘme tonnage un site Ă©tendu produira plus qu'un site avec une hauteur de dĂ©chet plus importante.
  • La forme du site (qui facilite ou non le ruissellement et la stagnation des eaux).
  • Les conditions d'enfouissement du dĂ©chet.
  • Le mode d'exploitation du site[5].

Les dĂ©chets organiques devant ĂȘtre humides pour pouvoir se dĂ©grader, la mise en place d'une couverture Ă©tanche (type gĂ©o-membrane) doit ĂȘtre accompagnĂ©e d'une humidification artificielle du massif de dĂ©chet par recirculation des lixiviats par exemple.

RĂ©glementation

En Europe et dans la plupart des pays, la législation relative à la mise en décharge impose (avec obligation de résultats) de collecter et traiter ces lixiviats pour prévenir ou réduire leurs effets nocifs sur l'environnement et la santé humaine durant tout le cycle de vie de la décharge. Les sites d'enfouissement fournissent des bilans hydriques à l'administration, mais ceux-ci sont généralement imprécis, la plupart des sites se contentant de mesurer la pluviométrie, mais pas la quantité d'eau sortant du site par les fossés d'eaux pluviales.

En Europe, la réglementation (ex. : directive sur les décharges, directive-cadre sur les déchets) a beaucoup réduit le volume de lixiviat produit et les incitations à l'économie circulaire devrait réduire à la source les déchets, mais les lixiviats restent préoccupants à long terme pour les exploitants et les régulateurs[3]. Si un lixiviat est traité dans une station d'épuration, il doit en Europe répondre aux exigences des directives-cadre l'eau et sur le traitement des eaux usées urbaines, qui ont harmonisé les normes sur les eaux usées traitées rejetées par les stations d'épuration urbaines UWWTP) dans les eaux réceptrices.

Chimie des lixiviats

La composition chimique des lixiviats dépend fortement de la nature du déchet enfoui (déchets biodégradables ou non biodégradables, organiques ou inorganiques, toxiques ou écotoxiques ou pas[3] et aussi et en particulier la gestion des apports en eau. De plus les réactions intervenante dépendent majoritairement des phénomÚnes intervenant dans la dégradation des déchets tels que processus chimique, adsorption
[6]

Les lixiviats sont généralement caractérisés par les paramÚtres comme le pH, la conductivité, l'azote global (forme ammoniaque majoritaire), la DBO, la DCO et leurs contenus en métaux et métalloïdes toxiques ou indésirables. La DBOet la DCO sont les paramÚtres qui indiquent la concentration en matiÚre organique.

Suivant l'évolution chimique et biologique des déchets, on retrouve trois types de lixiviats :

  1. Les lixiviats jeunes (<5ans) qui se caractérisent par :
    • une charge organique trĂšs Ă©levĂ©e (DCO>2000 mg d’O2/L)
    • un ratio de biodĂ©gradabilitĂ© DBO/DCO >0,3
    • un pH de l'ordre de >6[7]
  2. Les lixiviats intermédiaires : au fil du temps, la composition des percolats évoluent en passant de jeune à intermédiaire se caractérisant par
    • un pH a voisinant 7
    • une biodĂ©gradabilitĂ© assez faible (DBO5 /DCO voisin de 0,2)[8]
  3. Les lixiviats stabilisés (> 10 ans) présentent :
    • une biodĂ©gradabilitĂ© trĂšs faible (DBO5/DCO< 0,1)
    • une DCO qui dĂ©passe 3000 mg L-1[9]

Sols

La mise en place d'un centre d'enfouissement demande une Ă©tude prĂ©cise du sol afin de caractĂ©riser au mieux la nature de celui ci.Le but de l’étude du sol est la protection des nappes phrĂ©atiques,pour cela des modĂšles d’étude gĂ©ologique aident Ă  mieux caractĂ©riser le sol avant la mise en place des dĂ©charges. Les terrains utilisĂ©s pour les stockages sont argileux (impermĂ©able). Si la permĂ©abilitĂ© du sol est trop importante un traitement prĂ©alable de la surface du casier est rĂ©alisĂ© pour diminuer sa permĂ©abilitĂ©.Dans certains cas un gĂ©omateriaux est nĂ©cessaire pour une bonne sĂ©paration

Captage et Stockage

Le but du captage est de limiter la hauteur d'eau dans les massifs de déchets, pour éviter un éventuel transfert de la pollution vers les sols et les nappes phréatiques. Deux techniques sont utilisées :

  • Drainage gravitaire
  • Pompage

AprĂšs le captage, les lixiviats sont stockĂ©s. Le conditionnement peut notamment ĂȘtre assurĂ© par une solution de stockage de liquide (citerne souple
), mais plus gĂ©nĂ©ralement dans des bassins membranĂ©s.

Traitement

Dans certains pays, les lixiviats issus de dĂ©charges sont collectĂ©s et envoyĂ©s vers des stations d'Ă©puration avant d'ĂȘtre Ă©vacuĂ©s dans la nature[3]. Certains pays (comme la France) encouragent un traitement dans la dĂ©charge (79 % des lixiviats en 2016) sur place avant de les rejeter dans l'environnement[3]. Dans tous les cas, tant que le lixiviat est toxique, son traitement doit pouvoir se poursuivre durant des siĂšcles Ă©ventuellement[3]. Les exigences rĂ©glementaires vont probablement rendre de plus en plus difficile le co-traitement du lixiviat trĂšs polluĂ© avec les eaux usĂ©es municipales. Les coĂ»ts de gestion vont augmenter pour les pays tels que la Hongrie, la Lettonie et le Portugal oĂč plus de 70 % des dĂ©chets partent encore en dĂ©charge.

Lixiviats de machefers

C'est en grande partie leur part lixiviable qui dĂ©termine la capacitĂ© des mĂąchefers d'incinĂ©ration d'ordures mĂ©nagĂšres Ă  ĂȘtre rĂ©utilisĂ©s comme remblai de tranchĂ©e ou sous-couche de chaussĂ©e par exemple. En France, c'est la circulaire du [10] qui dĂ©termine les diffĂ©rentes catĂ©gories de mĂąchefers selon leur degrĂ© de lixiviabilitĂ©.

Traitement des lixiviats

Bassin de stockage.

À l'extĂ©rieur

La plupart des installations ne disposent pas de traitement sur place et envoient par les réseaux d'égouts ou par camion leurs lixiviats sur des stations d'épuration urbaine, qui ne sont généralement pas équipées pour traiter ce type de pollution. Mais le flux peu important par rapport au débit de la station d'épuration permet un rejet acceptable au milieu naturel par dilution[11] avec les effluents urbains.

Sur les sites

La complexitĂ© des lixiviats rend leur traitement trĂšs technique. Pour arriver Ă  les traiter avec des qualitĂ©s de rejet satisfaisantes, des techniques poussĂ©es ont Ă©tĂ© mises en place. L’idĂ©al pour ce genre d'effluent serait un traitement par voie biologique de type intensif mais cela dĂ©pend du type des lixiviats (jeune,intermĂ©diaire,stabilisĂ©), donc de leurs biodĂ©gradabilitĂ© car l'activitĂ© bactĂ©rienne est limitĂ© dans ce genre de forte pollution. Ces traitements biologiques, couplĂ©s Ă  des traitements de finition, comme la filtration sur charbon actif, ont fait leurs preuves et sont Ă©conomiques ; cependant des traitements physiques tels les systĂšmes de filtration (type osmose inverse ou nanofiltration) ou par des systĂšmes thermiques d'Ă©vaporation pouvant utiliser le biogaz comme source d'Ă©nergie, mais attention, ces procĂ©dĂ©s produisent des concentrats extrĂȘmement coĂ»teux Ă  gĂ©rer et le retour directement sur le site de ceux-ci, comme cela se faisait et se fait encore parfois, est extrĂȘmement dommageable Ă  long terme, puisque ces polluants vont rapidement reformer des lixiviats.

Notes et références

  1. Le verbe déjà abrégé en latin classique est lixare , mais le latin médiéval possÚde encore lixiviare, les deux formes signifiant lessiver.
  2. base de données Recherche bibliographique scientifique
  3. Brennan, R.B., Healy, M.G., Morrison, L., Hynes, S., Norton, D. & Clifford, E. (2016). Management of landfill leachate: The legacy of European Union Directives. Waste Management. 55: 355–363. DOI:10.1016/j.wasman.2015.10.010.
  4. Lassin A. al (2002), Essais de comportement des dĂ©chets Ă  la lixiviation et modĂ©lisation des processus "hydro-physico-chimiques" associĂ©s. Étude bibliographique, Rapport BRGM/RP-515518-FR, 83 p
  5. « le traitement des lixiviats »,
  6. Arnauld-Amaury Sillet, « LES LIXIVIATS DE DÉCHARGES D’ORDURES MÉNAGÈRES GENÈSE, COMPOSITION ET TRAITEMENTS », aricle,‎
  7. Études de traitement des lixiviats des dĂ©chets urbains par les procĂ©dĂ©s d’oxydation avancĂ©e photochimiques et Ă©lectrochimiques : application aux lixiviats de la dĂ©charge tunisienne ”Jebel Chakir”
  8. Sihem Aliouche, Youcef Kehila et Leila Benkahoul, « ModalitĂ©s de sĂ©lection des sites d’enfouissement technique en AlgĂ©rie et leur prise en charge par les instruments d’amĂ©nagement du territoire et d’urbanisme », DĂ©chets, sciences et techniques, no N°75,‎ (ISSN 2268-7289 et 1271-0318, DOI 10.4267/dechets-sciences-techniques.3696, lire en ligne, consultĂ© le )
  9. F. Benyoucef, A. El Ghmari et A. Ouatmane, « Etude expĂ©rimentale du traitement par Ă©vaporation forcĂ©e des lixiviats des dĂ©chets mĂ©nagers. Cas de la ville de Kasbah Tadla », DĂ©chets, sciences et techniques, no N°70,‎ (ISSN 2268-7289 et 1271-0318, DOI 10.4267/dechets-sciences-techniques.3326, lire en ligne, consultĂ© le )
  10. texte de la circulaire sur aida.ineris
  11. Emilien Belle, « Évolution de l’impact environnemental de lixiviats d’ordures mĂ©nagĂšres sur les eaux superficielles et souterraines, approche hydrobiologique et hydrogĂ©ologique. », (consultĂ© le )

Voir aussi

Bibliographie

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.