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Eau pluviale

L'eau pluviale est le nom que l'on donne à l'eau de pluie aprÚs qu'elle a touché le sol, une surface construite ou naturelle susceptible de l'intercepter ou de la récupérer (toiture, terrasse, impluvium, arbre, etc.)[1]. Selon l'association française de normalisation (1983) il s'agit d'une « eau provenant des précipitations atmosphériques et qui ne s'est pas encore chargée de substances solubles provenant de la terre[2]. »

Vue d'un bassin de rétention (Johad) au village Thathawata.

Les eaux de pluie sont généralement peu minéralisées, pauvres en matiÚres organiques, mais dans les pays industrialisées et zones agricoles elles sont souvent acidifiées, polluées par divers contaminants dont l'azote ammoniacal, des ions nitrites et divers résidus d'activités humaines (métaux, HAP, pesticides ou leurs molécules de dégradation)[3].

Cette eau fait parfois l'objet d'une récolte et d'un stockage (bassin de rétention des eaux pluviales, réservoir d'eau de pluie) en vue de son infiltration ou de son utilisation ultérieure à des fins domestiques, agricoles ou industrielles.

DĂ©finitions

Gouttes de pluies, et accumulation d'eau pluviale due à l'imperméabilisation d'un sol urbanisé
L'eau de pluie est une ressource directement utilisée par de nombreuses espÚces, en particulier par les mousses (ici:Ceratodon purpureus), lichens et algues terrestres et plantes épiphytes

Le syntagme « eau pluviale » dĂ©signe une eau tombĂ©e sous forme de pluie, donc essentiellement de l'eau supposĂ©e d'autant plus pure qu'elle est prĂ©levĂ©e en altitude et loin des agglomĂ©rations polluĂ©es. Une eau de pluie, selon les critĂšres sanitaires du XIXe siĂšcle figure en bonnes place dans une classification des eaux potables[4]. On peut par ailleurs Ă©largir cette dĂ©finition Ă  tous les hydromĂ©tĂ©ores : pluie, neige, grĂȘle, etc.[5].

Une eau dite "pluviale" cesse de l'ĂȘtre quand elle pĂ©nĂštre dans le sol (auquel cas elle devient eau d'infiltration ou eau gravitaire puis de l'eau de nappe, reparaissant Ă©ventuellement ensuite comme eau de source).

L'eau qui n'a pas percolĂ© dans le sol, va probablement ruisseler, elle devient « eau de ruissellement ». Mais elle ne perd son caractĂšre d'eau pluviale que si elle est mĂȘlĂ©e Ă  des eaux issues du sous-sol ou divers sĂ©diments ou des agents chimiques et biologiques qui vont lui faire perdre sa qualitĂ© premiĂšre d'eau pure. Ainsi l'eau pluviale collectĂ©e dans des citernes ne perd pas son caractĂšre d'eau pluviale parce qu’elle a ruisselĂ© sur un toit, bien qu'elle puisse Ă  ce stade avoir Ă©tĂ© dĂ©jĂ  plus ou moins polluĂ©e. BĂ©lidor[6] a utilisĂ© le terme d'« eau de ravine », comme quasi-synonyme d'eau pluviale. Les ravines, mais aussi les oueds sont des formations hydrogĂ©ologiques particuliĂšres principalement issues de l'Ă©coulement des eaux de pluie. Elles sont Ă  sec la plupart du temps, mais lors de prĂ©cipitations elles ne canalisent pour ainsi dire que des eaux de pluie[7], sauf pour les oueds pour lesquels cette eau charrie Ă©normĂ©ment de sĂ©diments. De lĂ  la dĂ©finition de l'association française de normalisation, d'une « Eau de pluie – eau provenant des prĂ©cipitations atmosphĂ©riques et qui ne s'est pas encore chargĂ©e de substances solubles provenant de la terre[2] ».

Si l'on envisage le cĂŽtĂ© utilitaire de l'eau pluviale, celui d'une eau rĂ©coltĂ©e, cette autre dĂ©finition peut prĂ©valoir, « Eaux pluviales - eaux provenant de la pluie et collectĂ©es sur des bĂątiments ou des structures[8]. » À partir des annĂ©es 1960 (en France), le « tout Ă  l'Ă©gout » tel qu'il s'est mis en place dĂšs la fin du XIXe siĂšcle va se rĂ©vĂ©ler insuffisant pour drainer les eaux des surfaces impermĂ©abilisĂ©es crĂ©Ă©es par les rĂ©cents dĂ©veloppements urbains – eaux de ruissellement qui ne sont plus drainĂ©es par le rĂ©seau hydrographique naturel - ce qui va amener les gestionnaires de rĂ©seau Ă  revenir sur le principe d'Ă©vacuation systĂ©matique des eaux pluviales[9]. L'eau pluviale devient ici une catĂ©gorie d'eau, relativement propre, souvent collectĂ©e en aval des toitures qui est sortie du rĂ©seau d’égouttage collectif, stockĂ©e pour un usage domestique ou infiltrĂ©e.

Une eau de ruissellement se rassemble en eau courante (hydrologiquement parlant en cours d'eau) ou en eau dormante (mares, mais aussi les eaux des citernes). En droit romain toute eau courante devient juridiquement une eau pluviale[10].

En anglais il y a lieu de distinguer Meteoric water, ou Rain water — les eaux qui proviennent des prĂ©cipitations atmosphĂ©riques[11] ou l'eau tombĂ©e sous forme de pluie, qui n'a pas eu l'occasion de collecter les matiĂšres solubles du sol, et est donc assez douce[12] — et Storm water ou Runoff, l'eau rejetĂ©e par une surface Ă  la suite d'une pluie ou une chute de neige[13]. First flush (traduisible par "premiĂšre Ă©vacuation") est le ruissellement de surface initial d'une pluie d'orage ou de tempĂȘte. Stormwater Management, selon l'EPA, se comprend comme la gestion des eaux pluviales, qui consiste Ă  rĂ©duire le ruissellement de l'eau de pluie ou de la neige fondue dans les rues, les pelouses et autres sites, et Ă  amĂ©liorer la qualitĂ© de l'eau[14].

Dans le monde, il tombe annuellement, en moyenne, prĂšs d'un mĂštre cube d'eau par mĂštre carrĂ©, prĂ©cisĂ©ment 814 mm d’aprĂšs la FAO[15], sur lesquels 56 % sont Ă©vaporĂ©s par les forĂȘts et les paysages naturels. Dans les 44 % restants, l'humanitĂ© va puiser pour ses besoins. Toutefois les prĂ©cipitations se rĂ©partissent de maniĂšre disparate de 10 m3 Ă  certains endroits, mais rien pendant des annĂ©es Ă  d'autres endroits. Lorsqu'un Islandais disposerait virtuellement de 1 400 000 litres/jour, un KoweĂŻtien ne disposerait que de 16 litres.

Caractéristiques de l'eau de pluie

Quand la pluie se forme, sa qualitĂ© reflĂšte beaucoup celle de l'air. Or l'air lui-mĂȘme est souvent enrichi de contaminants venant des sols. La qualitĂ© de l'eau pluviale Ă©volue donc au grĂ© des saisons, selon la direction et la force des vents et en fonction des contextes (urbains, agricoles, industriels...). Ainsi des brumes de sable directement venues du Sahara (Ă  la suite d'une tempĂȘte de sable) peuvent salir la pluie jusque dans les CaraĂŻbes Ă  l'Ouest, ou jusqu'en Finlande au Nord. Une fois au sol, la pluie (ou neige...) se charge ensuite de nombreux contaminants au contact des matiĂšres et substrats sur lesquels elle ruisselle ou qui la collectent[16].

Depuis les annĂ©es 1950, les rĂ©seaux sĂ©paratifs d'Ă©gouttage se sont dĂ©veloppĂ©s. Ils drainent sĂ©parĂ©ment les eaux pluviales et les eaux usĂ©es, les premiĂšres Ă©tant gĂ©nĂ©ralement rejetĂ©es dans le milieu naturel sans traitement, ou aprĂšs un simple dessablage et dĂ©shuilage. Dans les annĂ©es 1980, des eaux pluviales ont commencĂ© Ă  ĂȘtre analysĂ©es dans des villes et zones industrielles, ou prĂšs de grands axes de transport (mesures de dĂ©bits, de turbiditĂ©, et de quelques de paramĂštres physicochimiques et/ou biologiques).

On a ainsi montrĂ© que la pluie aprĂšs avoir lessivĂ© l'air et certaines surfaces contaminĂ©es (ex. : toitures ou gouttiĂšres en plomb, zinc ou cuivre...), contribue souvent Ă  dĂ©grader les eaux du milieu rĂ©cepteur[17] - [18] - [19]. En outre des infiltrations d'eaux parasites se produisent parfois dans les rĂ©seaux sĂ©paratifs[20]. Les eaux pluviales se polluent en ruisselant puis parfois dans le rĂ©seau sĂ©paratif lui-mĂȘme (par solubilisation et/ou remise en suspension de dĂ©pĂŽts antĂ©rieurement sĂ©dimentĂ©s, de mĂȘme dans le rĂ©seau unitaire[21]). En ville, la pluie peut dĂ©jĂ  contenir des contaminants, mais elle se pollue surtout sur les toitures et dans les gouttiĂšres et sur les chaussĂ©es, et moindrement dans les cours intĂ©rieures [21]. Une Ă©tude faite en rĂ©gion parisienne a montrĂ© que si les eaux de ruissellement de toiture sont peu « assez peu chargĂ©es en particules et en matiĂšre organique » les mĂ©taux et aussi des hydrocarbures y sont trĂšs prĂ©sents[21]. Ainsi dans le bassin versant du quartier du Marais, de petite taille, oĂč les eaux pluviales et d’égout sont mĂ©langĂ©es ; 63% du volume ruisselĂ© provient aujourd’hui de toitures mais ce volume apporte moins de 30% de la masse de MES, MVS, DCO et DB05. Par contre il apporte 85% du plomb et du cadmium (contaminant naturel du zinc), du plomb et 66% du cuivre. Dans ce cas les premiers 30% du volume de pluie collectĂ©e contiennent 20 Ă  60 % de la masse de MES[21]. Pour intercepter 80% de la masse de MES, il faudrait intercepter entre 54 et 83% du volume d'effluent[21].

Les fines particules emportĂ©es par la pluie (dont nanoparticules mĂ©talliques et mĂ©taux toxiques dissous qui ne sont pas biodĂ©gradables) ne sĂ©dimentent que lentement [22]. Selon les auteurs utiliser du zinc, plomb ou cuivre en toitures est « hautement prĂ©judiciable pour la qualitĂ© des eaux de ruissellement », et contrairement Ă  une idĂ©e reçue les chaussĂ©es polluent fortement la pluie qui y ruisselle durant tout l’épisode pluvieux, et pas seulement avec un pic de pollution en dĂ©but d’épisode de pluie (first flush). Ne traiter que le dĂ©but du flux ne suffit donc pas, ce qui complique le traitement du ruissellement Ă  la parcelle.

La pluie qui a ruisselĂ© est une source de contamination supplĂ©mentaire des eaux transportĂ©es par les rĂ©seaux unitaires, principalement Ă  cause des particules en suspension. Ainsi Ă  l'exutoire du rĂ©seau unitaire du Marais (Paris), « 60 Ă  95 % de la matiĂšre organique, 65 Ă  99 % du zinc et des hydrocarbures, 90 Ă  99 % du cadmium, du cuivre et du plomb vĂ©hiculĂ©s par temps de pluie sont liĂ©s aux particules »; Ces particules sĂ©dimentent plus vite que dans les eaux de ruissellement que dans les eaux usĂ©es (si elles proviennent de pĂ©riode plus sĂšche)[21]. En moyenne annuelle, la dĂ©cantation des rejets unitaires par de temps de pluie n’amĂ©liore que modĂ©rĂ©ment la qualitĂ© de l’eau, car la vitesse de sĂ©dimentation varie beaucoup d’une pluie Ă  l’autre. Le sĂ©diment est Ă  Ă©liminer comme dĂ©chets potentiellement toxiques[21].

Le phĂ©nomĂšne des pluies acides parce que mĂ©diatisĂ© a Ă©tĂ© le premier Ă  prĂ©occuper le grand public et les dĂ©cideurs. Les paramĂštres recherchĂ©s ont donc d'abord Ă©tĂ© le pH et la prĂ©sence de minĂ©raux et/ou nutriments dissous (acidifiants et/ou eutrophisants, azotĂ©s notamment). A la mĂȘme Ă©poque, alors que l'essence Ă©tait encore plombĂ©e, quelques mĂ©taux[23], mĂ©talloĂŻdes et les polluants les plus courants (ex : hydrocarbures aromatiques[23])[23] ont aussi Ă©tĂ© recherchĂ©s. Puis les pesticides (dĂ©tectĂ©s jusqu'en arctique dans les Ă©cosystĂšmes) ont fait l'objet de quelques Ă©tudes dans les pluies, Ă  partir des annĂ©es 1990[24] - [25]). La radioactivitĂ© des eaux pluviales a Ă©tĂ© suivie prĂšs d'installations nuclĂ©aires Ă  risque, et aprĂšs les accidents nuclĂ©aires (Tchernobyl, Fukushima). Et enfin divers perturbateurs endocriniens ont aussi Ă©tĂ© recherchĂ©s et retrouvĂ©s dans les exutoires d'eaux pluviales (et de station d'Ă©puration d'ailleurs Ă©galement)[23].

Quelques protocoles d'Ă©valuation des flux annuels de contaminants primaires ou secondaires des eaux pluviales ont Ă©tĂ© mis au point dits « SFA » [26]. Ils doivent aider Ă  mieux comprendre la part relative des Ă©missions dues Ă  la pollution de l'air, Ă  la pollution automobile (pneus, plaquette de freins, carburants, traces de catalyseurs
), ou encore au lessivage des matĂ©riaux sur lesquels l'eau s'Ă©coule (toitures, canalisations et surfaces impermĂ©ables)[16]. En combinant des analyses ponctuelle de micropolluants, des donnĂ©es de mesure en continu (ex : pluviomĂ©trie, dĂ©bit, turbiditĂ©), les flux peuvent ĂȘtre comparĂ©s en divers points du bassin-versant Ă  ceux Ă©valuĂ©s Ă  l’exutoire final du rĂ©seau pluvial pour par exemple comprendre les lieux et temps de contamination des eaux pluviales, souvent trĂšs diffuses[16].

Presque tous les polluants de notre environnement ont finalement aussi été retrouvés dans les pluies et les eaux pluviales déversées dans les milieux récepteur. Certains de ces contaminants sont classés polluants prioritaires par la directive cadre sur l'eau(européenne)[27] - [28] - [29] - [30].

Les moyens d'analyses se sont amĂ©liorĂ©s. Les coĂ»ts d'analyses ont diminuĂ©. Des cocktails de mĂ©taux, minĂ©raux et de nombreux polluants organiques ont alors pu ĂȘtre recherchĂ©s. Ils ont aussi Ă©tĂ© retrouvĂ©s dans les eaux pluviales (plus de 650 molĂ©cules selon Barbosa et al. (2012)[31].

Ces cocktails contiennent par exemple de nombreux pesticides[25], des perturbateurs endocriniens (dont phtalates, nonylphénol, alkylphénols, bisphénol[32].

Des bases de donnĂ©es ont ainsi pu ĂȘtre crĂ©Ă©es telles que : NURP[33] et NSQD[34] aux Etats-Unis, ou QASTOR[35] en France ou encore ATV[36] en Allemagne. Elles permettent de quantifier le phĂ©nomĂšne, mais il reste Ă  comprendre les effets synergiques, directs et indirects, immĂ©diats et diffĂ©rĂ©s de ces cocktails de polluants sur les Ă©cosystĂšmes des milieux rĂ©cepteurs (lacs, fossĂ©s, cours d'eau, lagunes et mers), aux Ă©chelles locales Ă  mondiales. Les progrĂšs techniques permettent des analyses en continu de certains paramĂštres par point de rejet dans le milieu rĂ©cepteur mais ces Ă©tudes ont un certain coĂ»t[37].

Pour lutter contre cette forme de pollution, mieux identifier et comprendre les sources, les taux et les transferts de ces contaminants est nĂ©cessaire. Progressivement, on comprend mieux le rĂŽle de paramĂštres tels que l'Ă©vaporation, le taux d'impermĂ©abilisation, l'occupation et l'histoire des sols [18]; de mĂȘme pour les matĂ©riaux de toiture (plomb, cuivre, zinc, polycarbonate, goudrons...) ou les systĂšmes d'infiltration ou de drainage[17]. Un suivi des polluants Ă©mergeats (microplastiques et nanopolluants par exemple) ou issus des canalisations (fibres d'amiante perdues par les tuyaux en amiante-ciment par exemple) est Ă©galement nĂ©cessaire.

Pour les États-Unis, Smullen et al. ont notĂ© en 1999 de grandes diffĂ©rences parmi les taux de polluants selon les bases de donnĂ©es amĂ©ricaines (NURP, USGS et NPDES). Ils en dĂ©duisent que selon les contextes de pollution et selon les types de bassin-versants, les contaminants des eaux pluviales peuvent fortement varier. Ces chercheurs suggĂšrent donc de mieux caractĂ©riser la physicochimie et la biologie des eaux pluviales Ă  l’échelle des bassins (Ă©chelle retenue par la DCE en Europe). En outre comme l'a montrĂ© Rossi dans sa thĂšse (1998) : d'une pluie Ă  l'autre, sur un mĂȘme bassin versant la qualitĂ© des eaux pluviales peut varier considĂ©rablement, suggĂ©rant que l'occupation des sols est loin d'ĂȘtre le seul facteur influant[38].

En France

En France, les premiĂšres analyses d'eaux pluviales auraient Ă©tĂ© faites Ă  Paris, vers 1850[39]. À cette Ă©poque, la pluie de Paris Ă©tait chargĂ©e d'arsenic, issu de l'industrie et de la combustion du charbon et charbon de bois[39]. Elle contenait aussi beaucoup d'ammoniac (retombĂ©e Ă©valuĂ©e Ă  16 kg d'ammoniac par hectare et par an[39]) provenant sans doute de la dĂ©gradation de l'urine des chevaux et des parisiens (avant le « tout Ă  l'Ă©gout »). Entre les deux guerres, les quantitĂ©s de soufre (libĂ©rĂ© par l'industrie, les carburants liquides et le chauffage au charbon) ont fortement acidifiĂ© les pluies (environ 96 kg de soufre retombant par hectare et par an dans la pluie).

Avec la médiatisation du phénomÚne de « pluies acides », un réseau d'observation et d'analyse s'est peu à peu mis en place, s'ouvrant localement à l'étude des retombées radioactives et des pesticides. En France, ce réseau s'appuie sur trois piliers[39] :

Ce rĂ©seau dispose de 200 points de collecte, dans cinq rĂ©gions (Nord-Pas-de-Calais, Midi-PyrĂ©nĂ©es, Lorraine, Basse-Normandie, Champagne-Ardenne) oĂč sont mesurĂ©s, dans les pluies, le pH, les nitrates, sulfates, chlorures et les ions ammonium, le calcium, le magnĂ©sium, le sodium et le potassium. Les mĂ©taux lourds et certains pesticides sont mesurĂ©s depuis 2002. Ces analyses ont montrĂ© de fortes variations, temporelles et rĂ©gionales[40]. Il existe aussi un rĂ©seau des observatoires français en hydrologie urbaine (SOERE URBIS)

Par exemple[41] :

  • le pH moyen mensuel de la pluie Ă©tait de 3,8 en ArdĂšche en 1996, Ă  comparer Ă  7,8 dans les Alpes-Maritimes en 2000[41];
  • la teneur en sulfates Ă©tait en moyenne annuelle de 70 mg/m2/an en Haute-Vienne en 1991 alors qu'elle atteignait 1 050 dans les PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques en 1993[41];
  • les retombĂ©es moyennes annuelles de nitrates dans la pluie Ă©taient de 33 mg/m2/an en Haute-Vienne en 1991, mais de 640 mg/m2/an dans le Bas-Rhin en 1995[41];
  • les retombĂ©es moyennes annuelles d'ions ammonium Ă©taient de 94 mg/m2/an en Haute-Vienne en 1991, mais de 1 362 mg/m2/an dans la NiĂšvre en 1994[41].

Dans les annĂ©es 2010, plusieurs travaux ont portĂ© sur les micropolluants des eaux pluviales, notamment via les trois observatoires d’hydrologie urbaine nationaux : OTHU Ă  Lyon (Observatoire de Terrain en Hydrologie Urbaine), OPUR Ă  Paris (Observatoire des Polluants Urbains), et ONEVU Ă  Nantes (Observatoire Nantais des Environnements Urbains) reprĂ©sentant chacun un type de bassin versant plus ou moins impermĂ©abilisĂ©. Les polluants prioritaires et certains mĂ©taux (Becouze-Lareure 2010, Bressy et al. 2011, Bressy et al. 2012, Gasperi et al. 2012, Lamprea et Ruban 2011a, Zgheib et al. 2012) y ont notamment Ă©tĂ© suivis, mais avec des choix mĂ©thodologiques et de polluants qui ne permettent pas l'intercomparaison.

Puis un projet INOGEV [42] a visĂ© Ă  affiner ce sujet dans une dynamique plus multidisciplinaire, en harmonisant les mĂ©thodes, questions et approches scientifiques et de suivis (quels contaminants suivre en prioritĂ©, comment, oĂč et quand les Ă©chantillonner et comment les analyser...)[43].

Relations Eau-air-sol et transferts de contaminants

Le suivi de la pollution des pluies est complémentaire de celui de la pollution de l'air et des sols car certains polluants passent facilement d'un compartiment à l'autre ; Les eaux pluviales étant généralement infiltrées dans le sol quand elles ne sont pas déversées dans le milieu naturel, il est utile d'en connaitre la composition et les taux de polluants et le taux de rétention de ces polluants par l'ouvrage d'infiltration[44].

  • certains gaz, particules ou composĂ©s sont trĂšs solubles dans l'eau ; ils seront alors plutĂŽt trouvĂ©s dans les pluies et dĂ©pĂŽts humides (rosĂ©e par exemple ou autres hydromĂ©tĂ©ores (neige, givre, condensation de brume..). Les pluies peuvent ĂȘtre captĂ©s pour analyse par un collecteur disposant d'un Ă©tranglement limitant l'Ă©vaporation, et garni d'un couvercle mobile ne s'ouvrant (automatiquement) que quand il pleut) ;
  • d'autres polluants sont au contraire solubles dans les graisses (HAP par exemple et certaines pesticides tels que le lindane), on le trouvera plutĂŽt adsorbĂ©s ou absorbĂ©s sur des particules emportĂ©es par les pluies ;
  • d'autres seront simplement trouvĂ©s dans les « dĂ©pĂŽts secs » (pouvant ĂȘtre captĂ©s sur une plaquette enduite d'un corps gras fixant les poussiĂšres ou dans des cartouches adsorbantes) ; les pluies peuvent lessiver ces dĂ©pĂŽts sur les toitures et toute surface/substrat de ruissellement.
  • dans un bassin ou fossĂ© d'infiltration les teneurs en mĂ©taux varient dans l'espace, avec une contamination souvent maximale au point le plus bas[45] - [46] et/ou prĂšs du point d’arrivĂ©e d'eau[47] - [48].
  • Des fossĂ©s d’infiltration parallĂšles Ă  un grand axe routier ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s ; ils se montrent trĂšs irrĂ©guliĂšrement contaminĂ©s par des mĂ©taux traces[49] ; En raison des envols de particules et d'embruns, les concentrations maximales sont situĂ©es Ă  « des distances variables de la chaussĂ©e, pouvant aller jusqu’à 5 m malgrĂ© un accotement permĂ©able »[50] - [51] - [52].

Une bonne gestion du risque inondation et de l'hydrologie et de l'Ă©cologie du ruissellement Ă  l'Ă©chelle du bassin-versant devrait thĂ©oriquement permettre de mieux maĂźtriser « Ă  la source Â» la qualitĂ© des eaux pluviales urbaines rejetĂ©es dans le milieu rĂ©cepteur ou infiltrĂ©es vers la nappe [53], mais les analyses montrent que des mĂ©taux toxiques, Ă©cologiques ou prĂ©occupants (plomb, cuivre et zinc notamment) s'accumulent dans les zones d'infiltrations d'eaux pluviales si ces derniĂšres proviennent de milieux construits. Or depuis deux siĂšcles l'Ă©talement urbain, routier et des zones d'activitĂ©s impermĂ©abilisĂ©es augmente constamment et rapidement, ainsi donc que les volumes et dĂ©bits d'eaux pluviales Ă  Ă©vacuer. Les rĂšglements d'assainissement et d'urbanisme tendent Ă  limiter les dĂ©bits autorisĂ©s dans les rĂ©seaux collectifs au profit de techniques alternatives pour la gestion des eaux de ruissellement urbain telles que noue, jardin de pluie, trottoir et aire urbaine semi-permĂ©able et divers types de bassins d'infiltration[54] - [55]. Ces techniques permettent souvent de limiter les flux verticaux de polluants biodĂ©gradables ou solubles comme les sels de dĂ©neigement[56] - [45] - [57], mais gĂšrent moins le risque de pollution diffuse et d'accumulations ou de transferts futurs vers la nappe de polluants non dĂ©gradables[44].

Analyse

Analyse d'une eau de citerne de récupération d'eau de pluie[58]
pH rH2 (oxydo rĂ©duction) DuretĂ© totale MinĂ©ralisation globale Ca2+ Na+ K+ SO42− Cl− NO3− BactĂ©ries banales BactĂ©ries pathogĂšnes
Avant traitement 7 Ă  8 28 Ă  29 ± 15 Â°f (± 50 mg de carbonate de calcium - CaCO3) ± 80 mg/l 21 mg/l 1,6 mg/l 0,8 mg/l 9,5 mg/l 9 mg/l 6 mg/l Grand nombre Parfois petit nombre
Normes maximales pour une eau potable 6,5 Ă  9,2 19,4 °f 1 500 mg/l 270 mg/l 150 mg/l 12 mg/l 250 mg/l 200 mg/l Absence Absence

Hormis dans quelques cas particuliers (pluies contaminĂ©e par le panache d'un volcan ou d'un incendie de forĂȘt...) leau de pluie Ă©chantillonnĂ©e dans les environnements naturels propres a des caractĂ©ristiques bio-chimiques proches d'une eau potable et souvent mĂȘme bio-compatibles sans aucun traitement. Mais l'industrie, l'urbanisation, les transports et l'agriculture industrielle sont devenus d'importantes sources de contamination de l'air et des pluies qui s'y chargent de gaz (oxydes d’azote, de soufre), de particules (poussiĂšres, suies, mĂ©taux et autres aĂ©rosols anthropiques.

Une fois au sol, quand l'eau ruisselle sur les surfaces et aménagements qui les réceptionnent, elle est alors dénommée « eau pluviale ». En France le code civil français (article 640) définit comme eaux pluviales « les eaux qui découlent des fonds élevés vers les fonds inférieurs, naturellement, sans que la main de l'homme y ait contribué »[59].

Collecte d'eau de pluie

La collecte des eaux pluviales, est la captation, l'accumulation et le stockage de l'eau des prĂ©cipitations atmosphĂ©riques pour une utilisation Ă  proximitĂ©. À partir des annĂ©es 1960 (en France), le « tout Ă  l'Ă©gout » tel qu'il s'est mis en place dĂšs la fin du XIXe siĂšcle va se rĂ©vĂ©ler insuffisant pour drainer les eaux des surfaces impermĂ©abilisĂ©es crĂ©Ă©es par les rĂ©cents dĂ©veloppements urbains – eaux de ruissellement qui ne sont plus drainĂ©es par le rĂ©seau hydrographique naturel - ce qui va amener les gestionnaires de rĂ©seau Ă  revenir sur le principe d'Ă©vacuation systĂ©matique des eaux pluviales par les Ă©gouts[60] et prĂ©coniser leur infiltration ou leur stockage.

Un dĂ©bat s'installe sur la pertinence dans l'utilisation systĂ©matique de l'eau de distribution pour des usages domestiques ou industriels (voir agricole) qui ne requiĂšrent pas forcĂ©ment une eau potable. L’eau de pluie filtrĂ©e est souvent suffisante pour une utilisation industrielle (lavage de surfaces ou de vĂ©hicules, refroidissement et dĂ©moulage), collective (alimentation de blocs sanitaires, arrosage d’espaces verts) ou domestique (usages non alimentaires et non corporels).

Il y a donc un réel potentiel de substitution de l'eau potable par de l'eau de pluie (stockée et filtrée) pour ces usages.

Pour des usages domestiques

Consommation d'eau en France (CIEau 2001[61])
  • Sanitaires: 20%
  • Bains/Douches: 39%
  • Domestique divers: 6%
  • Lessive: 12%
  • Vaisselle: 10%
  • PrĂ©paration nourriture: 6%
  • Lavage voiture/arrosage: 6%
  • Eau de boisson: 1%

Des systĂšmes de rĂ©cupĂ©ration des eaux pluviales ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s et Ă©prouvĂ©s depuis une trentaine d'annĂ©es, en particulier Ă  l'Ă©tranger. Des systĂšmes de stockage-filtrage avec surpresseur permettent ainsi de rĂ©cupĂ©rer jusqu'Ă  70 mĂštres cubes d'eau par an et par famille :

le stockage
s'effectue dans des cuves conçues avec des matériaux divers : certaines cuves sont en composés polyéthylÚne recyclable, d'autres sont en béton ou encore en textile technique. Ces derniÚres ont un atout écologique indéniable (réputées 100 % recyclables) et restent la solution la moins onéreuse, éventuellement hors amortissement par rapport aux cuves classiques. Les cuves en béton permettent de réduire l'acidité de l'eau de pluie récupérée : l'eau réagit avec les composants de base de la citerne qui mettent des sels minéraux en solution et neutralisent le pH de l'eau ;
le filtrage
peut se rĂ©aliser en deux phases : un prĂ©filtrage de 5 Ă  200 ÎŒm, puis un second filtrage Ă  10 Â”m.

L'utilisation de l'eau de pluie Ă  l'intĂ©rieur de l'habitat suppose qu'Ă  ce systĂšme de stockage-filtrage soit associĂ© un double rĂ©seau d'eau intĂ©rieur : l'un pour l'eau potable, l'autre pour l'eau de pluie. Pour Ă©viter toute interconnexion entre les deux rĂ©seaux, il est recommandĂ© d'appliquer la norme « NF EN 1717 Â» qui dresse une liste gĂ©nĂ©rale des ensembles de protection existants et prĂ©cise ceux nĂ©cessitant des travaux de normalisation supplĂ©mentaires afin de prĂ©venir la pollution de l'eau dans les rĂ©seaux intĂ©rieurs. L'application de cette norme permet d'identifier les deux rĂ©seaux, sans risque de repiquage d'un rĂ©seau Ă  l'autre. À cela, s'ajoutent d'autres prĂ©cautions nĂ©cessaires : information de non potabilitĂ© au point d’usage, impossibilitĂ© Ă  manipuler un robinet technique sans clĂ© spĂ©cifique.

Pour des usages industriels ou collectifs

La récupération des eaux pluviales existe également à grande échelle. Dans le cas des collectivités, plusieurs usages sont possibles : lavage des voiries, rÎle de rétention en cas de fortes pluies ou de violents orages (en Flandres belge, ces cuves de rétention sont obligatoires dans chaque lotissement). Les applications industrielles sont nombreuses : lavages de véhicules industriels, des outils de production, des sols, alimentation de WC, etc.

Installation de récupération d'eau de pluie

Procédé simple de filtration et de récupération d'eau de pluie.
L'ajout d'un deuxiĂšme flotteur permet d'alimenter la chasse d'eau par l'un ou l'autre des deux circuits sans disconnection.

Les Romains amĂ©nagent des citernes Ă  eau, qui Ă  partir du IIIe siĂšcle rĂ©coltent l'eau des toitures via un compluvium. Les Ă©difices publiques Ă©galement stockent l'eau pour les thermes[62]. Palladius au Ve siĂšcle attire l'attention sur la qualitĂ© de l'eau conservĂ©e dans les citernes: l'eau du ciel (cƓlestis aqua, l'eau courante fluens adhiberi) « est la meilleure Ă  boire, et quand vous pourriez employer l'eau courante, si elle n'Ă©tait point saine, il faudrait la rĂ©server pour les lavoirs et la culture des jardins[63]. ». Palladius prĂ©conise d'amener l'eau dans les citernes par des tuyaux d'argile. Ce qui on peut l'imaginer n'est pas anecdotique, la dangerositĂ© des tuyaux en plomb est bien connue des romains. Ce qui rend l'eau mauvaise dans les tuyaux en plomb nous dit Viruve vers -15, c'est qu'il s'y forme de la cĂ©ruse, « matiĂšre que l'on dit ĂȘtre trĂšs-nuisible au corps de l'homme[64]. ». On reconnait la dangerositĂ© du plomb Ă  cette Ă©poque au teint blafard des plombiers. Vitruve recommande aussi l'usage de tuyaux en terre cuite[64].

La citerne en Europe est à l'origine un artifice de stockage méditerranéen, en Gaule, c'est le puits qui domine, chaque maison souvent ayant le sien[62].

Droit, directives

Droit romain

Les eaux pluviales — aqua pluvia — dĂ©signent toutes les eaux tombant du ciel comme telles ou comme formant et alimentant une eau courante, tout cours d'eau devient ainsi juridiquement une eau pluviale — « aqua pluvia est quae de caelo cadit atque imbre excrescit sive per se haec aqua caelestis noceat sive cum alia mixta sit » — « par eau de pluie, nous entendons l’eau qui tombe du ciel et forme un torrent, soit que cette eau nuise seule, soit qu’elle nuise Ă©tant mĂȘlĂ©e Ă  d’autres eaux ». Deux rĂšgles dĂ©terminent le mode d'usage de ces eaux. D'abord les eaux pluviales pour autant qu'elles se trouvent sur un fonds dĂ©terminĂ© et ne sont pas courantes - aqua profluens - appartiennent pleinement au maĂźtre de l'immeuble. Celui-ci peut donc en disposer Ă  son grĂ© sans que le propriĂ©taire infĂ©rieur ait le droit de rĂ©clamer contre le manque d'eau car son voisin ne fait qu'user de son droit. Il va aussi de soi que le propriĂ©taire supĂ©rieur peut changer la direction du cours d'eau Ă  l'intĂ©rieur de son domaine sauf Ă  n'apporter aucune modification Ă  sa sortie[10]. Une eau de pluie sur un fond qui aurait occasionnĂ© des dĂ©gĂąts sur le fond voisin par suite de travaux, pouvait dĂ©clencher une actio aquae pluviae arcendae de la part de la personne lĂ©sĂ©e. Les dĂ©gĂąts occasionnĂ© Ă  un fond par l'eau de pluie dĂ©tournĂ©e sur un autre fond sont encadrĂ©s par la Loi des Douze Tables (Table VII : biens immobiliers)

Les eaux courantes - aqua profluens - sont, elles, res communis, choses communes.

Directive de l'Union européenne

La directive 98/83/CE du Conseil du relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine[65] a défini, dans son article 2, les « eaux destinées à la consommation humaine ». Selon la directive des eaux sont :

  • soit en l'Ă©tat, soit aprĂšs traitement, destinĂ©es Ă  la boisson, Ă  la cuisson, Ă  la prĂ©paration d'aliments, ou Ă  d'autres usages domestiques, quelle que soit leur origine et qu'elles soient fournies par un rĂ©seau de distribution, Ă  partir d'un camion-citerne ou d'un bateau-citerne, en bouteilles ou en conteneurs ;
  • utilisĂ©es dans les entreprises alimentaires pour la fabrication, la transformation, la conservation ou la commercialisation de produits ou de substances destinĂ©s Ă  la consommation humaine, Ă  moins que les autoritĂ©s nationales compĂ©tentes n'aient Ă©tabli que la qualitĂ© des eaux ne peut affecter la salubritĂ© de la denrĂ©e alimentaire finale.

Mais une difficultĂ© a nĂ©anmoins Ă©tĂ© soulignĂ©e par le lĂ©gislateur français, notamment lors des dĂ©bats accompagnant le projet de loi sur l’eau et les milieux aquatiques examinĂ© Ă  l'AssemblĂ©e nationale en mai 2006[66]. En effet, le terme « domestique » employĂ© dans la directive a Ă©tĂ© traduit diffĂ©remment selon les États membres. En consĂ©quence, nombre d’entre eux portent un jugement favorable sur l’utilisation de l’eau de pluie pour la chasse d'eau et pour le lavage du linge, ce qui n'est pas le cas de la France.

Code civil français

En France, le rĂ©gime lĂ©gal des eaux pluviales et des eaux de source est dĂ©terminĂ© par les articles 640 Ă  643 du code civil français. Tout propriĂ©taire peut disposer des eaux pluviales tombĂ©es sur son fonds[67]. « Il peut la rĂ©cupĂ©rer, la stocker ou mĂȘme la revendre... Ă  la condition de ne pas causer un prĂ©judice Ă  autrui et particuliĂšrement au propriĂ©taire situĂ© en contrebas de son terrain vers lequel l'eau s'Ă©coule naturellement[68]. »

Les eaux de pluie tombant sur les toits doivent ĂȘtre dirigĂ©es sur le propre terrain du propriĂ©taire des constructions (recevant l'eau de pluie) ou sur la voie publique[69]. Le maire peut cependant interdire (ou soumettre Ă  conditions) le rejet d'eaux pluviales sur la voie publique. Cette interdiction s'inscrit dans le plan local d'urbanisme ou le rĂšglement du service d'assainissement.

La gestion des eaux pluviales et de ruissellement a un coût, relevant en principe du budget général de la commune financé par le contribuable local (et non pas du budget spécifique de l'eau et de l'assainissement) : la loi sur l'eau et les milieux aquatiques (LEMA) du 30 décembre 2006 ouvre la voie vers une taxation des surfaces imperméabilisées destinée à couvrir les frais d'études et de travaux liés à la gestion des eaux pluviales. La loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l'environnement (article 165) permet aux communes (et aux établissements publics de coopération intercommunale ou aux syndicats mixtes) de lever une écotaxe (taxe annuelle pour la gestion des eaux pluviales urbaines).

Loi sur l'eau et eaux pluviales

L'Ă©tablissement des rĂ©seaux d'assainissement d'une agglomĂ©ration doit permettre l'Ă©vacuation correcte des eaux pluviales afin d'empĂȘcher la submersion des zones urbanisĂ©es et d'Ă©viter la stagnation de ces eaux particuliĂšrement dans les points bas de l'agglomĂ©ration. Il existe deux grands types de rĂ©seau :

  • les rĂ©seaux unitaires : ils reçoivent, en mĂ©lange, les eaux usĂ©es, les eaux pluviales et des produits de curage des Ă©gouts, mĂ©lange aussi appelĂ© RUTP (Rejets Urbains de Temps de Pluie). C’est celui qui Ă©quipe la plupart des centres-villes ;
  • les rĂ©seaux sĂ©paratifs (plus rĂ©cents) : un collecteur est dĂ©volu au transport des eaux usĂ©es, un autre est dĂ©volu aux eaux de ruissellement issues des eaux pluviales. C'est par exemple le cas pour la zone d'assainissement de Seine-amont.

L’extension des zones urbanisĂ©es et l'intensification de l’agriculture et des drainages, en augmentant les surfaces impermĂ©abilisĂ©es et la vitesse des flux accentuent la frĂ©quence et l'intensitĂ© des crues. De plus, en ruisselant l'eau se charge d’élĂ©ments polluants. Le code de l’environnement (loi sur l’eau) soumet donc Ă  autorisation ou Ă  dĂ©claration les rejets d’eaux pluviales. Il y a donc lieu, dans le cadre de tout projet, de vĂ©rifier si l’amĂ©nagement nĂ©cessite une procĂ©dure administrative prĂ©alable. Des documents de rĂ©fĂ©rence permettent d'amĂ©liorer l'application de ces textes, et d'informer les Ă©lus et promoteurs de ces procĂ©dures[70].

Jusque fin août 2008, la législation (dont le décret 2001-1220 du 20 décembre 2001 relatif aux eaux destinées à la consommation humaine à l'exclusion des eaux minérales naturelles transposant la directive 98/83/CEE) n'a pas clairement encouragé la collecte et réutilisation de l'eau pluviale. Il n'était « guÚre évident de savoir si l'utilisation d'une eau n'ayant pas fait l'objet d'un traitement comparable à l'eau distribuée par le réseau public d'adduction est autorisée ou non pour des usages intérieurs au bùtiment »[71].

Le Conseil supĂ©rieur d’hygiĂšne publique de France (CSHPF) avait Ă©mis un avis concernant les doubles rĂ©seaux (eau de pluie / eau potable) et les risques de « repiquage » du rĂ©seau d’eau potable par des personnes non informĂ©es de l'existence d'un rĂ©seau pluvial. L'utilisation de l'eau pluviale (Ă  l'intĂ©rieur de la maison) pour les toilettes ou le lavage du linge Ă©tait donc interdite France (rĂšglement sanitaire dĂ©partemental..). Mais les DDASS (Direction dĂ©partementales de l'action sanitaire et sociale), selon les dĂ©partements, accordaient des dĂ©rogations pour l’installation de certains systĂšmes de rĂ©cupĂ©ration.

À partir de septembre 2008, Ă  certaines conditions d’installation, d’entretien et de surveillance des installations de rĂ©cupĂ©ration et rĂ©utilisation, un arrĂȘtĂ©[72] autorise :

  • la rĂ©cupĂ©ration des eaux de pluie ;
  • certains usages (professionnels et/ou industriels, WC, arrosage des gazons), Ă  l’intĂ©rieur et Ă  l’extĂ©rieur des bĂątiments.

L’eau de pluie reste interdite pour les usages nĂ©cessitant une eau « destinĂ©e Ă  la consommation humaine ».

Pour des raisons d'hygiĂšne et de prĂ©caution, la rĂ©utilisation reste interdite dans les Ă©tablissements de santĂ© et les Ă©tablissements, sociaux et mĂ©dico-sociaux, d’hĂ©bergement de personnes ĂągĂ©es ; les cabinets mĂ©dicaux, les cabinets dentaires, les laboratoires d’analyses de biologie mĂ©dicale et les Ă©tablissements de transfusion sanguine ; les crĂšches, les Ă©coles maternelles et Ă©lĂ©mentaires.

Laver le linge Ă  l’eau de pluie (Ă  la main ou en machine) n’est autorisĂ© qu’à titre expĂ©rimental, avec un traitement adaptĂ© de l'eau, dĂ©clarĂ© au ministĂšre de la santĂ© par le metteur sur le marchĂ©, ce qui permettra au dit-ministĂšre « de saisir l’agence française de sĂ©curitĂ© sanitaire des aliments (Afssa) pour analyse des risques Ă©ventuels » et le cas Ă©chĂ©ant adaptation de la rĂ©glementation « en fonction de ces conclusions » ; l’installateur devant par ailleurs tenir Ă  disposition du ministĂšre la liste de ses installations.

Le syndicat national des acteurs de la rĂ©cupĂ©ration d’eau de pluie (Snarep) prĂ©pare avec l'AFNOR une norme de rĂ©utilisation/rĂ©cupĂ©ration des eaux de pluie.

Un autre arrĂȘtĂ© permettait dĂ©jĂ  un crĂ©dit d'impĂŽt sur les installations[73].

Au Québec

Le MinistÚre des Affaires municipales et de l'Habitation (MAMH) a publié un guide des bonnes pratiques concernant la gestion durable des eaux de pluies[74].

Notes et références

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Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes

Liens externes

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