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Essence (hydrocarbure)

L'essence est un liquide inflammable, issu de la distillation du pĂ©trole, utilisĂ© comme carburant dans les moteurs Ă  combustion interne. C'est un carburant pour moteur Ă  allumage commandĂ© (moteur essence). C'est un mĂ©lange d’hydrocarbures, auxquels peuvent ĂȘtre ajoutĂ©s des additifs pour carburants.

Essence
Image illustrative de l’article Essence (hydrocarbure)
Identification
No CAS 86290-81-5
No ECHA 100.081.080
No CE 289-220-8
Apparence liquide mobile[1]
Propriétés chimiques
Formule paraffines, cycloparaffines, hydrocarbures oléfiniques et aromatiques.
C3
Propriétés physiques
T° fusion < −60 °C
T° ébullition 20 à 200 °C[1]
SolubilitĂ© 100 Ă  250 mg L−1 dans l'eau
Masse volumique 680 Ă  790 kg m−3 (15 °C)
T° d'auto-inflammation environ 300 °C[2]
Point d’éclair −40 °C
Limites d’explosivitĂ© dans l’air 1,3–7,1 %vol[1]
Pression de vapeur saturante 350 Ă  900 hPa (37,8 °C)
Thermochimie
PCS 33 600 000 J/L
Précautions
SGH[3]
SGH02 : InflammableSGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotiqueSGH08 : Sensibilisant, mutagÚne, cancérogÚne, reprotoxiqueSGH09 : Danger pour le milieu aquatique
Danger
H304 et H350
Transport
Écotoxicologie
DL50 14 000 mg kg−1[4]
Seuil de l’odorat bas : 0,12 ppm
haut : 0,15 ppm[5]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

De nombreux types d'essence (dont essences spéciales[6]) sont fabriqués et mis sur le marché. On y trouve en moyenne :

L'Ă©nergie contenue dans l'essence est d'environ 33 600 000 joules par litre, ou 46 700 000 joules par kilogramme (de pouvoir calorifique supĂ©rieur)[7]. C'est une forte densitĂ© d'Ă©nergie : environ 2,9 fois plus d'Ă©nergie par kilogramme que le bois sec par exemple.

RĂŽles particuliers des composants

Parmi les alcanes, deux jouent un rîle particulier : l’octane C8H18 et l’heptane C7H16.

En effet, ces deux alcanes possÚdent des propriétés radicalement différentes du point de vue de leur tendance à l'auto-allumage.

  • Un mĂ©lange d’air et de vapeur d’iso-octane va difficilement s'enflammer spontanĂ©ment, ce sera donc bien la bougie qui provoquera l'allumage et crĂ©era, au moment prĂ©vu, une dĂ©flagration, c'est-Ă -dire une flamme de prĂ©-mĂ©lange qui se propage dans le mĂ©lange Ă  une vitesse infĂ©rieure Ă  la vitesse du son.
  • Au contraire, avec l’heptane, l'auto-allumage est facile : pour des taux de compression Ă©levĂ©s, l'allumage aura lieu dans le cylindre avant que la bougie ne gĂ©nĂšre d’étincelles. Ce phĂ©nomĂšne caractĂ©ristique des moteurs Ă  allumage commandĂ© s'appelle le cliquetis[8] et provoque la formation d'ondes de choc dans le cylindre, d'oĂč le bruit caractĂ©ristique. Dans le pire des cas, il peut y avoir crĂ©ation d'une dĂ©tonation qui peut aller jusqu'Ă  faire fondre le piston, le front de flamme se dĂ©plaçant plus vite que le son en se couplant Ă  l'onde de choc. Il est donc assez courant, notamment dans la littĂ©rature anglo-saxonne, de parler improprement de dĂ©tonation quand on parle en rĂ©alitĂ© seulement de cliquetis.

En l'état actuel des technologies, un moteur à détonation aurait une durée de vie trÚs courte par rapport aux moteurs à combustion interne actuels. Le terme populaire en France de moteur à explosion est peu précis, car les déflagrations tout comme les détonations sont toutes les deux des explosions. Il vaudrait mieux employer le terme de moteur à combustion interne.

Les carburants « premium » contiennent en plus des additifs spécifiques à chaque compagnie pétroliÚre : détergents, inhibiteurs de corrosion, modificateurs de friction, antimousses, antioxydants, désémulsifiants, réodorants, etc.[9].

Indice d'octane

Pompe Ă  pĂ©trole aux États-Unis.
Comparaison des différents signes d'indication de carburants entre l'Europe et l'Amérique du Nord

Les tendances Ă  l'auto-allumage des mĂ©langes d’iso-octane (l'isomĂšre de rĂ©fĂ©rence de l'octane) et d’heptane sont diffĂ©rentes. Elles servent de rĂ©fĂ©rence pour dĂ©terminer l’indice d'octane[10] d’un carburant Ă  tester. Si, par exemple, le taux de compression nĂ©cessaire Ă  l'apparition du cliquetis d’un mĂ©lange d’air et de ce carburant dans un moteur de rĂ©fĂ©rence est le mĂȘme que pour un mĂ©lange comportant 95 % d’iso-octane et 5 % d’heptane, alors on dit que ce carburant a un indice d’octane de 95. Naturellement, cette dĂ©termination doit se faire dans des conditions normalisĂ©es. On comprend par ailleurs que les mĂ©langes composĂ©s exclusivement d’heptane et d’iso-octane auront tous des indices d’octane compris entre 0 et 100.

Des mĂ©langes avec d’autres produits permettent nĂ©anmoins d’avoir des indices d’octane supĂ©rieur Ă  100, il faut alors les dĂ©finir par extrapolation : certaines essences de compĂ©tition, dites « essences aviation » atteignent environ 110. Pendant de trĂšs nombreuses annĂ©es, on ajoutait Ă  l’essence une certaine quantitĂ© de plomb tĂ©traĂ©thyle Pb(C2H5)4 et de plomb tĂ©tramĂ©thyle Pb(CH3)4 afin de diminuer la tendance Ă  la dĂ©tonation d’essences contenant un fort pourcentage d’heptane. C’était une maniĂšre d’augmenter artificiellement l’indice d’octane (on gagnait dix points avec 1 g/l de PTE) et de favoriser la lubrification des moteurs mais cela conduisait Ă  disperser dans l’environnement de fortes quantitĂ©s de plomb, mĂ©tal dont on connaĂźt la toxicitĂ©. Le PNUE a annoncĂ© l'Ă©radication mondiale de l'essence au plomb en 2021[11], au terme d'une Ă©radication progressive[12] - [13] - [14]. Les alternatives ont aussi des inconvĂ©nients, comme une teneur Ă©levĂ©e en hydrocarbures aromatiques (beaucoup plus toxiques que les alcanes) dont le benzĂšne, ou la nĂ©cessitĂ© d'ajouter des alcools[15], etc.

Plate-forme pétroliÚre dans le golfe du Mexique.

Un carburant dont l’indice d’octane est trop faible a tendance Ă  provoquer une combustion brutale, mais prĂ©sente aussi une tendance Ă  l’auto-inflammation lors de la compression dans les cylindres du moteur et au cliquetis. Plus le taux de compression du moteur est Ă©levĂ©, plus la tempĂ©rature atteinte lors de la compression des gaz est Ă©levĂ©e et plus l’indice d’octane doit se rapprocher de 100. L’augmentation du taux de compression amĂ©liore, conformĂ©ment aux lois de la thermodynamique, le rendement du moteur, en augmentant l’écart des tempĂ©ratures de la source chaude et de la source froide. Un moteur conçu pour fonctionner avec un carburant ayant un certain indice d’octane peut sans problĂšme ĂȘtre alimentĂ© avec un autre carburant d’indice plus Ă©levĂ©, mais pas l’inverse.

Deux valeurs de l’indice d’octane existent :

  • l’indice d’octane « recherche » (RON, Research Octane Number) caractĂ©rise le comportement d’un carburant Ă  bas rĂ©gime ou lors des accĂ©lĂ©rations ;
  • l’indice d’octane « moteur » (MON, Motor Octane Number) Ă©value la rĂ©sistance d’un carburant au cliquetis Ă  haut rĂ©gime.

Trois différents types d'essences automobiles disponibles en France en 2010 existent :

  • le supercarburant sans plomb 95 ou SP95 (RON 95, MON 85) ;
  • le supercarburant sans plomb 98 ou SP98 (RON 98, MON 87) ;
  • le supercarburant sans plomb 95-E10 ou SP95-E10 (RON 95, MON 85).

La commercialisation du supercarburant dit « Super 97 » (RON 97, MON 86) a pris fin au cours du second semestre 2006. Depuis janvier 2000, il ne contenait plus de plomb mais du potassium (pour la protection des siÚges de soupapes).

L’essence sans plomb 98 est plus dĂ©tergente que l’essence sans plomb 95 et donc plus corrosive notamment pour les piĂšces en Ă©lastomĂšres (caoutchoucs). Ces deux carburants contiennent de fortes quantitĂ©s de composĂ©s aromatiques solvants qui sont trĂšs toxiques. Il faut donc Ă©viter d’en respirer les vapeurs et de s'en servir comme agent de nettoyage ou de dĂ©graissage. En France, les taux de benzĂšne de l’essence sans plomb (et du gazole) ont Ă©tĂ© rĂ©duits en 2000 (de 5 Ă  1 % en volume)[16] et l'ANSES a confirmĂ© en 2014 le caractĂšre fortement cancĂ©rigĂšne et mutagĂšne (notamment cause de leucĂ©mies) de cet additif.

À partir du 12 octobre 2018 dans l'Union europĂ©enne et quelques pays proches[17], la nomenclature des essences est :

  • E5 (5 % d'Ă©thanol maximum, correspond aux SP95 et SP98) ;
  • E10 (10 % d'Ă©thanol maximum, correspond au SP95-E10) ;
  • E85 (85 % d'Ă©thanol maximum).

Essence aviation

Carburant spĂ©cifique utilisĂ© dans les moteurs d'avions Ă  pistons. Elle est Ă  trĂšs haut indice d'octane et traitĂ©e de façon Ă  ĂȘtre moins volatile que l'essence ordinaire en particulier pour le vol en altitude. La plus utilisĂ©e en aviation lĂ©gĂšre est l'AVGAS 100LL (Low Lead). Elle est de couleur bleue.

Cette essence contient toujours du plomb tétraéthyle bien qu'il soit supprimé pour les automobiles. Compte tenu du prix atteint par ce carburant pour l'aviation légÚre, un certain nombre de tentatives sont faites pour développer des moteurs aviation Diesel ; des moteurs Diesel à pistons Clerget ont déjà été utilisés dans l'aviation pendant la PremiÚre Guerre mondiale, en particulier pour limiter les risques d'incendie. Mais de nombreux moteurs à allumage commandé utilisant des essences automobiles sont utilisés, par exemple les moteurs Rotax et Jabiru. On les trouve notamment pour les faibles puissances et les ULM.

Cependant, pour les avions à réaction, c'est le kérosÚne (proche du gazole) qui est à la base du carburant. Obtenu directement par la distillation du pétrole brut, il sert entre autres à la production du carburant, JET-A et JET-B.

Autres essences

On trouve en droguerie l’essence C, l’essence F (essence Ă  briquet), l'essence G (Ă©ther de pĂ©trole), le white spirit, etc., qui sont des mĂ©langes d’hydrocarbures plus ou moins volatils et peu toxiques. Ce sont des produits trĂšs inflammables qu’il convient de manipuler loin de toute source de chaleur et dans des lieux bien aĂ©rĂ©s.

Outre le remplissage des briquets qui représente un usage trÚs marginal, les essences de pétrole sont surtout des solvants qui servent à éliminer les taches de corps gras ou de diluants pour les peintures.

L'essence alkylĂ©e permet de faire le plein d'une tondeuse Ă  gazon sans dĂ©gager de polluants dangereux pour l'utilisateur, elle permet d’éliminer 95 % des substances nocives. Ce carburant est trĂšs pur, il est pauvre en benzĂšne, xylĂšne, toluĂšne et autres hydrocarbures dangereux. Sa combustion produit en outre peu de particules fines[18].

En cas de pĂ©nurie de pĂ©trole, il a aussi Ă©tĂ© fait appel Ă  la distillation des schistes bitumineux, comme cela s’est pratiquĂ© il y a quelques dĂ©cennies dans l’exploitation de la mine des TĂ©lots, Ă  Autun.

Toxicité et écotoxicité

Concernant les additifs de l'essence : l'essence plombĂ©e contient plusieurs composĂ©s toxiques et Ă©cotoxiques Ă  faible dose[Note 1]. Elle est surtout connue pour avoir Ă©tĂ© depuis un siĂšcle environ une cause de pollution chronique des sols[19] et de l'environnement proche des voies de circulation[20] et notamment des poussiĂšres[21] et sĂ©diments de caniveaux, Ă©gouts, cours d'eau[22] - [23] Ă  proximitĂ© des voies de transport (et des stations essence parfois), et une source majeure de saturnisme chronique (au milieu des annĂ©es 1970 les rejets de plomb de l'essence avaient atteint 380 000 tonnes par an[24]) jusqu'Ă  l'interdiction[25] - [26] - [27] presque totale en Europe et aux États-Unis des additifs au plomb (sauf dĂ©rogations pour les avions Ă  hĂ©lice, vĂ©hicules de course ou vĂ©hicules de collection). L'essence au plomb a progressivement Ă©tĂ© interdite par tous les États, le dernier Ă©tant l'AlgĂ©rie en [28].

L'essence plombée est restée longtemps en usage, notamment dans de nombreux pays pauvres. Par exemple :

  • au Nigeria par exemple (pays densĂ©ment peuplĂ©), la teneur en plomb de l'essence dĂ©passe parfois les seuils autrefois autorisĂ©s aux États-Unis. On trouve au dĂ©but des annĂ©es 2000 dans ce pays jusqu'Ă  7 000 ppm de plomb le long des routes (c'est quinze fois plus que le seuil requis pour faire entrer un site polluĂ© dans le Superfund aux États-Unis)[29]. En 2001, parmi une dizaine de mĂ©taux lourds mesurĂ©s dans les sols superficiels proches des routes, Ă  Ibadan (3e ville du pays en population), le plomb Ă©tait le mĂ©tal le plus anormalement prĂ©sent[30], et 60 % des mĂ©taux recherchĂ©s et dĂ©tectĂ©s (Pb, Zn, Cd, Cu, Cr, Co, et Ni) Ă©taient prĂ©sents sous une forme biodisponible[30] ;
  • au Mexique, dans la capitale (Mexico) environ la moitiĂ© des enfants testĂ©s prĂ©sentent des taux sanguins de plomb dangereux[29] ;
  • au Congo oĂč l'essence additivĂ©e de plomb est encore utilisĂ©e, Ă  Kinshasa en 2010, 63 % des nouveau-nĂ©s et des enfants de moins de six ans Ă©taient victimes de saturnisme (avec une plombĂ©mie dĂ©passant 100 ”g/L), contaminĂ©s in utero, par le placenta et ensuite par le lait maternel et le plomb dispersĂ© dans l'environnement[31] - [32] ;
  • au Venezuela, jusqu'Ă  il y a peu, la compagnie pĂ©troliĂšre d'État (PetrĂłleos de Venezuela SA) ne vendait dans son pays que de l'essence fortement plombĂ©e (Ă  300 mg de plomb par litre[33]). Ce n'est qu'en 1999 que Hugo ChĂĄvez arrivĂ© au pouvoir avec dans son programme le projet de reprendre le contrĂŽle de l'industrie pĂ©troliĂšre de son pays a imposĂ© la mise Ă  disposition d'essence sans plomb. Celle-ci a Ă©tĂ© effectivement Ă©tĂ© mise sur le marchĂ©, mais sans interrompre l’utilisation de l'essence plombĂ©e, car celle-ci continuait Ă  ĂȘtre massivement produite, et achetĂ©e car vendue moins chĂšre que l'essence sans plomb[34]. Cette situation a perdurĂ© jusqu'en oĂč le Venezuela a enfin interdit le plomb dans l'essence, mais bien trop tard : dans le pays, tous les sols proches des grandes routes et voies circulantes sont dĂ©sormais polluĂ©s par le plomb qui n'est ni dĂ©gradable, ni biodĂ©gradable[35]. Ainsi, en 2006 mesurait-on en bordure des rues principales de Maracaibo plus de 3 000 mg/kg de plomb dans le sol superficiel[35], et Ă  Trujillo un dĂ©passement des seuils de dangerositĂ© est dĂ©tectĂ© pour 55 % des Ă©chantillons de sol prĂ©levĂ©s devant les maisons ou immeubles cĂŽtĂ© rue (avec des variations explicables par les facteurs d'Ă©rosion et de ruissellement) ; et deux cents fois plus de plomb est trouvĂ© cĂŽtĂ© rue que cĂŽtĂ© jardin, ce qui signe bien la responsabilitĂ© de la pollution automobile par le plomb[36]. Les poussiĂšres Ă©chantillonnĂ©es dans les Ă©coles de Caracas contiennent beaucoup de manganĂšse (autre additif de l'essence) et des taux trĂšs anormalement Ă©levĂ©s de plomb dans la fraction organique de poussiĂšres aĂ©roportĂ©s : 43 Ă  1 027 Â”g de plomb par gramme de cette fraction des poussiĂšres, avec un record enregistrĂ© prĂšs d'une autoroute[37]). Et avant l'interdiction, les teneurs en plomb du sol avaient augmentĂ© de 186 % Ă  449 % en quinze ans sur quatre sites mesurĂ©s[35], ce qui montre l'existence d'un stock de plomb qui peut encore rester longtemps contaminant pour l'eau, les sols, l'air et les aliments.

Concernant la fraction « hydrocarbure » de l'essence, les données épidémiologiques disponibles ont montré une augmentation significative des tumeurs et cancers du rein, du foie et d'autres tissus et organes chez des personnes ou animaux de laboratoire exposés à divers types d'essence, avec des preuves de cancérogénicité jugées « suffisantes » au regard des critÚres internationaux de cancérogénicité[38].

  • Le benzĂšne, composĂ© important et toxique[39] de l'essence, a Ă©tĂ© classĂ© comme Ă©tant comme substance sans aucun doute cancĂ©rigĂšne pour l'ĂȘtre humain par l'IARC, l'EPA et l'OMS.
  • Le 1,3-butadiĂšne, autre composant de l'essence, est aussi un puissant cancĂ©rigĂšne (chez les animaux comme chez l'ĂȘtre humain)[38].
  • Des alkylbenzĂšnes Ă©galement prĂ©sents en quantitĂ© importantes dans l'essence ont aussi Ă©tĂ© jugĂ©s cancĂ©rigĂšnes (preuves suffisantes de la cancĂ©rogĂ©nicitĂ©)[38].

Les Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques faites chez l'ĂȘtre humain montrent des augmentations importantes du risque de cancer du rein, de l'estomac, du cerveau, du pancrĂ©as, de la prostate, du poumon et de la peau ainsi que de cancers hĂ©matopoĂŻĂ©tiques[38] ; un risque augmentĂ© de leucĂ©mie lymphoĂŻde chronique est Ă©galement signalĂ©[38], Ă  la suite d'une exposition Ă  l'essence (Ă  ses composants et/ou Ă  ses vapeurs)[38].

Prix des carburants

Prix de l'essence Ă  San Francisco, en Californie, en juillet 2006.
Évolution des accises sur l'essence et le gazole en Belgique.

En raison d'une importante dépendance de nombreux pays occidentaux auprÚs des pays de l'OPEP, les hydrocarbures sont fortement taxés. La politique européenne consiste à taxer l'énergie dans le but :

  • d'assurer des revenus considĂ©rables aux États ;
  • de limiter ou rĂ©duire la dĂ©pendance envers les pays producteurs ;
  • de restreindre la consommation Ă©nergĂ©tique (sauvegarde des ressources planĂ©taires et notamment de l'atmosphĂšre) ;
  • d'assurer une marge de prix qui pourrait absorber ou temporiser une augmentation trop brutale du cours du pĂ©trole.

En France, la TICPE représente une partie importante du prix de l'essence[40] : en 2013, la TICPE plus la TVA représentent environ 130 % du prix hors taxes, soit un pourcentage de 57 % du prix final et 50 % du prix final du gazole[41]. Ces taxes avaient cependant pris des proportions bien supérieures : en 1999, quand le baril a atteint son niveau le plus bas de la décennie, l'essence (sans plomb 95) s'est retrouvée taxée à 500 % du prix hors taxes, ce qui représentait 83 % du prix final à la pompe.

L'évolution des prix des carburants est complexe ; elle dépend :

  • du prix du pĂ©trole brut ;
  • du cours du dollar US par rapport Ă  la devise du pays considĂ©rĂ© (les achats de pĂ©trole, sur le marchĂ© international, sont toujours effectuĂ©s en dollar US) ;
  • des coĂ»ts de raffinage ;
  • du montant des taxes.

En France, les gouvernements successifs ont maintenu un prix du gazole plus bas que celui du super sans plomb 95 en utilisant un taux de taxe rĂ©duit de 30 % sur le premier — alors que les prix Ă  la production (HT) de ces deux carburants Ă©taient sensiblement les mĂȘmes, et qu'un litre de gazole est plus Ă©nergĂ©tique qu'un litre d'essence. Depuis 1990, la diffĂ©rence de taxation n'a que peu changĂ© (variant entre 25 % et 35 %), l'augmentation du prix du gazole par rapport Ă  celui du super sans plomb 95 (qui est devenu moins cher Ă  la production que le gazole en raison d'une plus forte demande mondiale pour ce dernier), fait que cette diffĂ©rence de prix s'est attĂ©nuĂ©e au premier semestre 2008, puis a connu une lĂ©gĂšre hausse.

Concernant le prix des carburants, l'attractivité des motorisations diesel a diminué, mais ces véhicules restent encore majoritaires compte tenu du meilleur rendement des moteurs diesel avec la plus forte densité énergétique du gazole qui est vendu non pas au poids mais au litre. D'autres éléments entrent en compte dans l'attractivité (autonomie, publicité, fiabilité, etc.).

Depuis 2014, la TICPE intĂšgre une composante carbone (taxe carbone ou CCE) dont le montant est appelĂ© Ă  augmenter jusqu'Ă  100 €/t de CO2 en 2030, dans le cadre de la stratĂ©gie nationale bas carbone de lutte contre le rĂ©chauffement climatique.

Prix moyen des carburants en France

Le prix moyen varie dans le temps et dans l'espace, en fonction des coûts de transport et de distribution[42]. Outre le tableau suivant, on peut se reporter aux séries de prix à plus long terme réunies par Jean Fourastié et son équipe qui montrent que le progrÚs technique a fait baisser le prix de l'essence et des autres carburants, sur une trÚs longue période, malgré la situation d'oligopole dans laquelle se placent les producteurs de pétrole[43].

Prix moyen (en €/L) des carburants en France depuis 1990
Sources : 1990-2017[44] - [41], 2013[45], 2018, 2019, 2021, 2022[46]
AnnéeGazoleSans plomb 95 E5Prix Sans plomb 95/Gazole (TTC)
(%)
HTTTC % TaxeHTTTC % Taxe
1990 0,230,571440,280,84196147
1991 0,210,551590,230,78239143
1992 0,190,531810,200,76271144
1993 0,190,561950,190,78308139
1994 0,170,592400,170,80370136
1995 0,160,592610,170,86406146
1996 0,190,652380,190,91388139
1997 0,200,682330,200,94363139
1998 0,160,642950,170,92432142
1999 0,190,692610,200,96371138
2000 0,320,851630,331,09232128
2001 0,290,801730,291,03253129
2002 0,260,771940,271,01279131
2003 0,270,791920,261,02290128
2004 0,320,881730,301,06256119
2005 0,441,031320,391,17202113
2006 0,481,081220,441,24177114
2007 0,491,091230,461,28174116
2008 0,631,271020,531,35155106
2009 0,411,001440,401,21199121
2010 0,531,151170,521,35160117
2011 0,681,34970,641,50134112
2012 0,741,40890,711,57121112
2013 0,691,35960,671,54129114
2014 0,631,291040,621,48138115
2015 0,481,151410,501,35172118
2016 0,411,111690,441,30197118
2017 0,481,231570,491,38182112
2018 0,59 1,431420,561,50168 105
2019 0,59 1,44 144 0,56 1,50 168 104
2020 0,44 1,26 186 0,44 1,35 207 107
2021 0,58 1,43 146 0,60 1,55 158 108
2022 1,86 1,78

Les prix des carburants dans les DOM font l'objet d'un calcul spécifique.

Informer le consommateur

Différents types informent les consommateurs de l'évolution des prix des carburants :

France
Pour mieux informer le consommateur et lutter contre l'inflation, le gouvernement français a ouvert le le site « prix-carburants.gouv.fr »[47] permet de connaßtre les tarifs des carburants partout en France, mis à jour à chaque évolution de prix, par les exploitants des stations services. Les principaux carburants sont recensés, ainsi que le bio-éthanol (E85) et le GPL.
États-Unis et Canada
La politique est diffĂ©rente, car la faible taxation permet d'offrir une essence bon marchĂ© ; les gouvernements respectifs privilĂ©gient « le niveau de vie des AmĂ©ricains, qui n'est pas nĂ©gociable » (George W. Bush, prĂ©sident des États-Unis) aux ressources planĂ©taires.
Bien que les États-Unis disposent de ressources pĂ©troliĂšres (les États-Unis Ă©taient le premier producteur mondial de pĂ©trole en 1920, assurant 80 % de sa consommation), ils sont principalement importateurs : exportation en 2003 : 3,620 millions de barils par jour principalement vers le Canada, importations : 9,850 millions de barils par jour (importations nettes : 6,230 millions de bl/j, pour une consommation de 19 millions de bl/j)[48]. Les États-Unis sont donc dĂ©pendants Ă©nergĂ©tiquement d'autres pays comme l'Arabie saoudite, le Venezuela ou le Canada. ConsĂ©quence de l'intervention de l'armĂ©e amĂ©ricaine en Irak et de la possibilitĂ© nouvelle d'importer des ressources depuis ce pays, les États-Unis importent environ 4 % du pĂ©trole irakien.

Consommation

Essence vendue en bouteille Ă  Bamako (2019).

Depuis les débuts de l'automobile et notamment depuis les années 1970 et les deux chocs pétroliers qui ont suivi, les constructeurs automobiles ont travaillé à réduire la consommation de leurs modÚles.

En France, la consommation moyenne du parc automobile essence et diesel confondus selon le NEDC est ainsi passée de :

  • 8,25 L/100 km en 1990 ;
  • 7,49 L/100 km en 2000 ;
  • 7,02 L/100 km en 2006 ;
  • 6,82 L/100 km en 2008[49].

Ces chiffres sont des moyennes et l'une des raisons de la réduction des consommations est la proportion croissante de véhicules Diesel.

Livraison de carburants (gazole + super) en France
Source Insee[50].

Pour la 4e annĂ©e de suite, la consommation globale annuelle de super et de gazole a reculĂ© en France pour revenir au niveau de 1996 soit 29 millions de mĂštres cubes. Cela est principalement dĂ» Ă  :

En moyenne dans le monde, la consommation est de 10 L/100 km par vĂ©hicule automobile.

Notes et références

Notes

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Références

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Articles connexes

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