XylĂšne
Le xylÚne, ou diméthylbenzÚne, est un groupe d'hydrocarbures aromatiques dérivés méthylés du benzÚne. Il est représenté par trois isomÚres structuraux : 1,2-diméthylbenzÚne, 1,3-diméthylbenzÚne et 1,4-diméthylbenzÚne (appelés respectivement ortho-diméthylbenzÚne, méta-diméthylbenzÚne et para-diméthylbenzÚne). Le xylÚne technique est un mélange des trois isomÚres, de composition voisine de méta- (60 %), ortho- (10-25 %) et para- (10-25 %).
Structure et isomĂšres
Tout comme pour le benzĂšne, la structure du xylĂšne est plane. C'est un composĂ© aromatique, et les Ă©lectrons formant les liaisons Ï du cycle sont dĂ©localisĂ©s, ce qui entraĂźne une stabilitĂ© importante de la structure.
Les préfixes o-, p- ou m- indiquent à quels atomes de carbone du noyau aromatique sont fixés les groupements méthyle. En numérotant les atomes de carbone à partir d'un atome lié à un groupement méthyle, le composé est du o-xylÚne (1,2-diméthylbenzÚne) si l'atome de carbone adjacent, numéroté 2, est également lié à un groupement méthyle. Si le carbone numéroté 3 est lié à un groupement méthyle, le composé est le m-xylÚne (1,3-diméthylbenzÚne). Si le carbone numéroté 4 est lié à un groupement méthyle, le composé est le p-xylÚne (1,4-diméthylbenzÚne).
Propriétés physico-chimiques
Le xylĂšne est un liquide incolore, d'odeur dĂ©sagrĂ©able et trĂšs inflammable. Il est naturellement prĂ©sent dans le pĂ©trole et le goudron de houille, et se forme durant les feux de forĂȘts. Les propriĂ©tĂ©s chimiques diffĂšrent peu d'un isomĂšre Ă l'autre. La tempĂ©rature de fusion est comprise entre â47,87 °C (m-XylĂšne) et 13,26 °C (p-XylĂšne). La tempĂ©rature d'Ă©bullition est voisine de 140 °C pour tous les isomĂšres. La densitĂ© est de 0,87 (le composĂ© est plus lĂ©ger que l'eau). L'odeur du xylĂšne devient dĂ©tectable pour des concentrations de l'ordre de 0,08 Ă 3,7 ppm, et le goĂ»t est apparent dans l'eau pour des concentrations de l'ordre de 0,53 Ă 1,8 ppm.
IsomĂšres du xylĂšne | ||||
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Général | ||||
Nom | o-xylĂšne | m-xylĂšne | p-xylĂšne | |
Nom complet | 1,2-diméthylbenzÚne | 1,3-diméthylbenzÚne | 1,4-diméthylbenzÚne | |
Autre nom | o-xylol | m-xylol | p-xylol | |
Formule chimique | C8H10 | |||
SMILES | Cc1c(C)cccc1 | Cc1cc(C)ccc1 | Cc1ccc(C)cc1 | |
Masse molaire | 106,16 g/mol | |||
Apparence | liquide incolore | |||
Numéro CAS | ||||
Numéro CAS pour le mélanges des 3 isomÚres | ||||
Propriétés physiques | ||||
Densité | 0,88, liquide
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0,86, liquide
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0,86, liquide
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Solubilité dans l'eau | quasiment insoluble | |||
Soluble dans les solvants non polaires comme les hydrocarbures aromatiques | ||||
ParamÚtre de solubilité Ύ | 18,0 MPa1/2 (25 °C)[2] | |||
TempĂ©rature de fusion | â25 °C (248 K) | â48 °C (225 K) | 13 °C (286 K) | |
Température d'ébullition | 144,43 °C [3] | 139,1 °C [3] | 138,2 °C [3] | |
Température d'auto-inflammation | 463 °C (736 K) | 527 °C (800 K) | 528 °C (801 K) | |
Pression de vapeur | ~8 hPa à 20 °C |
~8 hPa à 20 °C |
~8 hPa à 20 °C | |
Point critique | 357,18 °C [3] | 343,9 °C [3] | 343,05 °C [3] | |
Thermochimie | ||||
Cp | ||||
Sécurité | ||||
Dangers | inflammable, toxique par ingestion et inhalation, réagit avec les acides forts et les oxydants forts | |||
Point d'éclair | 32 °C | 27 °C | 27 °C | |
Phrases R et S | R: 10 - 20/21 - 38 | |||
NFPA 704 | ||||
SIMDUT (mélange d'isomÚres)[5] | B2, D2A, D2B, | |||
SIMDUT[6] - [7] - [8] | B2, D2B, |
B2, D2B, |
B2, D2A, D2B, | |
SGH[9] | Attention | |||
DJA | 1,5 mg/kg p.c./jour[10] | |||
Composés dérivés | ||||
Hydrocarbures aromatiques | toluÚne, mésitylÚne, benzÚne, éthylbenzÚne | |||
Autres | xylénols - analogues du phénol | |||
Sauf mentions contraires, les valeurs sont données pour les composés à l'état standard (à 25 °C, 100 kPa) | ||||
Utilisation
Le xylĂšne est utilisĂ© comme solvant, notamment en tant que cĂ©rumĂ©nolytique. Il est aussi utilisĂ© par les industries de l'impression, du caoutchouc et du cuir. Il est employĂ© comme rĂ©actif de dĂ©part pour la production d'acide tĂ©rĂ©phtalique, utilisĂ© comme monomĂšre pour la production de polymĂšres de type tĂ©rĂ©phtalate. Le xylĂšne est Ă©galement utilisĂ© pour le nettoyage, comme pesticide, utilisĂ© aussi en parasitologie dans la mĂ©thode de KOHN pour vĂ©rifier la bonne dĂ©shydratation de frottis de selle, comme diluant pour la peinture ainsi que dans les vernis et les encres. Il est prĂ©sent en faibles quantitĂ©s dans les carburants pour l'aviation ainsi que dans l'essence (voir l'article « Pouvoir calorifique »). En prĂ©sence de rĂ©actifs oxydants, comme le permanganate de potassium KMnO4, le groupement mĂ©thyle peut ĂȘtre oxydĂ© jusqu'Ă former un acide carboxylique. Lorsque les deux groupements mĂ©thyle sont oxydĂ©s, le o-xylĂšne forme l'acide phtalique et le p-xylĂšne l'acide tĂ©rĂ©phtalique.
Production et synthĂšse
Le xylĂšne est produit Ă partir du pĂ©trole dans l'industrie pĂ©trochimique. En termes de volume, c'est l'un des trente composĂ©s chimiques les plus produits aux Ătats-Unis (environ 450 000 tonnes par an).
SĂ©paration des isomĂšres
Les températures d'ébullition des trois isomÚres étant trÚs proches, il n'est pas possible de les séparer par distillation.
L'oxydation du xylÚne par de l'acide nitrique dilué porté à ébullition n'affecte que les isomÚres ortho et para. Un traitement à l'hydroxyde de sodium permet de séparer les acides phtalique et téréphtalique ainsi obtenus et d'obtenir l'isomÚre méta pur.
L'isomĂšre para peut ĂȘtre obtenu en distillant le xylĂšne Ă la vapeur d'eau. La premiĂšre fraction du distillat est refroidie, laissant l'isomĂšre para cristalliser.
Une agitation du xylÚne en présence d'acide sulfurique concentré transforme les isomÚres ortho et méta en leurs acides sulfoniques. Les acides sulfoniques sont ensuite transformés en leurs sels de sodium et séparés par cristallisation. Une distillation de ces sels en présence de chlorure d'ammonium regénÚre les hydrocarbures[11].
Le o-xylĂšne peut ĂȘtre sĂ©parĂ© des deux autres isomĂšres par rectification.
Néanmoins il est envisageable de procéder par distillation azéotropique via un mélange de 3-méthylbutan-1-ol, de propanoate de méthyle et de pentan-3-one[12].
Rejets dans l'environnement
Le xylĂšne est notamment produit par les incendies de forĂȘt (en partie anthropiques), mais il fait aussi partie des produits chimiques abondamment rejetĂ©s par l'industrie dans l'environnement.
à titre d'exemple les statistiques officielles du Canada sur les rejets de contaminants atmosphériques indiquaient un rejet annuel de 6 670,1 tonnes par an déclarées pour le xylÚne (mélange d'isomÚres) pour l'industrie canadienne.
Effets sur la santé
Le xylÚne a un effet nocif sur la santé et notamment sur le cerveau. Ils varient selon le type et la durée d'exposition (aiguë ou chronique).
- Des niveaux d'exposition Ă©levĂ©s pour des pĂ©riodes mĂȘme courtes peuvent entraĂźner des maux de tĂȘte, un dĂ©faut de coordination des muscles, des vertiges, la confusion mentale et des pertes du sens de l'Ă©quilibre.
- Des expositions à des taux élevés durant de courtes périodes peuvent occasionner une irritation de la peau, des yeux, du nez et de la gorge, des difficultés respiratoires, des problÚmes pulmonaires, une augmentation des temps de réaction, une perte de mémoire, des irritations d'estomac et des altérations du fonctionnement du foie et des reins.
- Des taux d'exposition trÚs élevés, notamment dans le cadre professionnel, peuvent entraßner la perte de conscience voire la mort.
Les Ă©tudes sur des animaux montrent que des concentrations de xylĂšne Ă©levĂ©es entraĂźnent une augmentation du nombre d'animaux mort-nĂ©s, ainsi que des retards de croissance et de dĂ©veloppement. Dans beaucoup de cas, ces mĂȘmes concentrations ont Ă©galement des effets nĂ©gatifs sur la santĂ© des mĂšres. L'effet d'expositions de la mĂšre Ă de faibles concentrations de xylĂšne sur le fĆtus n'est pas connu Ă l'heure actuelle.
Le xylÚne est toutefois utilisé en médecine. Il entre dans la composition de gouttes auriculaires utilisées pour ramollir les bouchons de cérumen et faciliter leur expulsion par action mécanique (jet d'eau)[13].
DĂ©gradation du xylĂšne
Le xylĂšne se dĂ©grade plus ou moins lentement sous l'effet des UV solaires et de diverses interactions avec l'environnement, encore mal comprises. On soupçonne qu'il puisse ĂȘtre biodĂ©gradĂ© par certains microbes. On a montrĂ© que certaines levures telles que Saccharomyces cerevisiae et Kluyveromyces marxianus supportent une concentration Ă©levĂ©e (jusqu'Ă 25 % (v/v) de xylĂšne dans le milieu de culture), Ă condition que le milieu contienne aussi une autre source de carbone mĂ©tabolisable par ces levures (du lactosĂ©rum ou du glucose par exemple), mais une thĂšse soutenue en 2003 « n'a pas permis de dĂ©montrer la capacitĂ© des levures Ă dĂ©grader le xylĂšne »[14].
Références
- (de) Bewertung von Toluol- und Xylol-Immissionen. Erich Schmidt Verlag, Berlin (2000), (ISBN 3503040714)
- (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, USA, McGraw-Hill, , 7e Ă©d., 2400 p. (ISBN 0-07-049841-5), p. 2-50
- (en) James E. Mark, Physical Properties of Polymer Handbook, Springer, , 2e Ă©d., 1076 p. (ISBN 978-0-387-69002-5 et 0-387-69002-6, lire en ligne), p. 294
- (en) Iwona Owczarek et Krystyna Blazej, « Recommended Critical Temperatures. Part II. Aromatic and Cyclic Hydrocarbons », J. Phys. Chem. Ref. Data, vol. 33, no 2,â , p. 541 (DOI 10.1063/1.1647147)
- (en) Carl L. Yaws, Handbook of Thermodynamic Diagrams : Organic Compounds C8 to C28, vol. 3, Huston, Texas, Gulf Pub. Co., , 396 p. (ISBN 0-88415-859-4)
- « XylÚne (mélange d'isomÚres) » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
- « XylÚne (ortho-) » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
- « XylÚne (meta-) » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
- « XylÚne (para-) » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
- Numéro index rÚglement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008) dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du
- Concentrations/doses journaliĂšres admissibles et concentrations/doses tumorigĂšnes des substances d'intĂ©rĂȘt prioritaire calculĂ©es en fonction de critĂšres sanitaires, publiĂ© par SantĂ© Canada
- (en) Irving Wetherbee Fay, The chemistry of the coal-tar dyes, Londres, D. Van Nostrand company, , 467 p., p. 19
- (en) « Separation of o-xylene from p-xylene and m-xylene by azeotropic distillation », sur freepatentsonline.com, (consulté le ).
- « Cerulyse 5% solution auriculaire », sur vidal.fr, (consulté le )
- Labrecque, M. H. (2003) Ătude de la capacitĂ© de deux souches de levures utilisĂ©es dans certaines applications alimentaires Ă dĂ©grader le xylĂšne (Doctoral dissertation, UniversitĂ© Laval), PDF, 86 pages