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Plomb

Le plomb est l'élément chimique de numéro atomique 82, de symbole Pb. Dans les conditions standard, le corps simple plomb est un métal malléable et gris bleuùtre, qui blanchit lentement en s'oxydant. Le mot plomb et le symbole Pb viennent du latin plumbum (le métal plomb).

Plomb
Image illustrative de l’article Plomb
Position dans le tableau périodique
Symbole Pb
Nom Plomb
Numéro atomique 82
Groupe 14
Période 6e période
Bloc Bloc p
Famille d'éléments Métal pauvre
Configuration Ă©lectronique [Xe] 4f14 5d10 6s2 6p2
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 18, 32, 18, 4
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 207,2 ± 0,1 u[1]
Rayon atomique (calc) 180 pm (154 pm)
Rayon de covalence 146 ± 5 pm[2]
Rayon de van der Waals 202 pm
État d’oxydation 4, 2
ÉlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) 2,33
Oxyde AmphotĂšre
Énergies d’ionisation[3]
1re : 7,416 63 eV 2e : 15,032 48 eV
3e : 31,937 3 eV 4e : 42,32 eV
5e : 68,8 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN PĂ©riode MD Ed PD
MeV
202Pb{syn.}52 500 aα
Δ
2,598
0,050
198Hg
202Tl
204Pb1,4 %stable avec 122 neutrons
205Pb{syn.}1,53×107 aΔ0,051205Tl
206Pb24,1 %stable avec 124 neutrons
207Pb22,1 %stable avec 125 neutrons
208Pb52,4 %stable avec 126 neutrons
210Pb{syn.}22,3 aα
ÎČ-
3,792
0,064
206Hg
210Bi
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire solide
Masse volumique 11,35 g·cm-3 (20 °C)[1]
SystÚme cristallin Cubique à faces centrées
Dureté (Mohs) 1,5
Couleur blanc-gris
Point de fusion 327,46 °C[1]
Point d’ébullition 1 749 °C[1]
Énergie de fusion 4,799 kJ·mol-1
Énergie de vaporisation 179,5 kJ·mol-1 (1 atm, 1 749 °C)[1]
Volume molaire 18,26×10-6 m3·mol-1
Pression de vapeur 1,3 mbar (973 °C)[4]
Vitesse du son 1 260 m·s-1 Ă  20 °C
Chaleur massique 129 J·kg-1·K-1
ConductivitĂ© Ă©lectrique 4,81×106 S·m-1
Conductivité thermique 35,3 W·m-1·K-1
Solubilité sol. dans CH3COOH + H2O2[5],

HCl + Br2,
H2SO4 concentré chaud[6]

Divers
No CAS 7439-92-1
No ECHA 100.028.273
No CE 231-100-4
Précautions
SGH[4]
État pulvĂ©rulent :
SGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotiqueSGH08 : Sensibilisant, mutagÚne, cancérogÚne, reprotoxiqueSGH09 : Danger pour le milieu aquatique
Danger
H360FD, H362, H373, H410, H302+H332, P201, P273, P308 et P314
SIMDUT[7]
D2A : MatiĂšre trĂšs toxique ayant d'autres effets toxiques
D2A,
Transport[4]

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.
GalÚne (forme naturelle cristallisée du sulfure de plomb).
Nodules de plomb, raffinés par électrolyse, à cÎté d'un cube de cm3 de plomb pur à plus de 99,9 %.

Le plomb appartient au groupe 14 et à la période 6 du tableau périodique. C'est le plus « lourd »[alpha 1] des éléments stables[alpha 2].

Le plomb est un élément toxique, mutagÚne et reprotoxique[8], sans valeur connue d'oligoélément. Il a en effet été classé comme potentiellement cancérigÚne en 1980, classé dans le groupe 2B par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC)[9], puis comme probablement cancérigÚne pour l'humain et l'animal en 2004[9] - [10]. Deux sels de plomb, le chromate et l'arséniate, sont considérés comme carcinogÚnes certains par le CIRC[9].

Le plomb est un contaminant de l'environnement, toxique et écotoxique dÚs les faibles doses[11]. Les maladies et symptÎmes qu'il provoque chez l'humain ou l'animal sont regroupés sous le nom de « saturnisme ».

Histoire

Le plomb — relativement abondant dans la croĂ»te terrestre — est l'un des mĂ©taux les plus anciennement connus et travaillĂ©s. On en a trouvĂ© dans des pigments recouvrant des tombes ou des dĂ©pouilles prĂ©historiques (40 000 ans av. J.-C.), mais aussi des objets.

En dĂ©pit de sa haute toxicitĂ©, et grĂące probablement Ă  sa facilitĂ© d'extraction, Ă  sa grande mallĂ©abilitĂ© et Ă  son point de fusion bas, il a Ă©tĂ© frĂ©quemment utilisĂ© lors de l'Ăąge du bronze, durci par de l'antimoine et de l'arsenic trouvĂ©s sur les mĂȘmes sites miniers.

Il est mentionnĂ© dans les Ă©critures cunĂ©iformes sumĂ©riennes — sous le vocable a-gar5[12] — il y a prĂšs de 5 000 ans, ou encore dans l'Exode, rĂ©digĂ© il y a environ 2 500 ans. C'est souvent aussi un sous-produit de mines d'argent.

À travers les Ăąges, de nombreux Ă©crits relatent sa prĂ©sence dans des objets ou Ă  travers les cultures. Les SumĂ©riens, les Égyptiens, les Grecs, les HĂ©breux ou encore les Romains savaient l'extraire. Ils l'utilisaient pour colorer et Ă©mailler des cĂ©ramiques, lester des hameçons, sceller des amphores, produire des fards, du khĂŽl ou produire des objets usuels (de 4 000 Ă  2 000 ans avant notre Ăšre). On trouve aussi des tuyaux de plomb sur les sites antiques romains.

Au Moyen Âge, les alchimistes croyaient que le plomb Ă©tait le mĂ©tal le plus ancien (et le plus froid) et l'associaient Ă  la planĂšte Saturne. C'est pourquoi l'intoxication au plomb est appelĂ©e saturnisme[13]. Les alchimistes pouvaient s'y rĂ©fĂ©rer sous le terme d'aabam.

Sa toxicité était connue des médecins et des mineurs (esclaves et prisonniers souvent) de l'antiquité. Les Romains l'utilisaient sous forme d'acétate de plomb pour conserver et sucrer leur vin, et s'étaient rendu compte que les gros buveurs, donc de la classe aristocratique, souffraient d'intoxication.

Plus tard, des symptÎmes spécifiques ont été décrits, associés à des métiers tels que les mineurs, fondeurs, peintres ou artisans fabricants de vitraux.

Le dĂ©cĂšs d'un enfant en Australie Ă  la fin du XIXe siĂšcle, Ă  la suite d'une intoxication au plomb, fut le premier Ă  sensibiliser un gouvernement. C'est Ă  la suite de l'Ă©tude de nombreux cas d'intoxication qu'une rĂ©glementation, des recommandations et un dĂ©pistage se sont progressivement mis en place dans des pays riches (comme en Europe ou aux États-Unis). Le plomb a ainsi Ă©tĂ© interdit pour la confection des tuyaux de distribution d'eau potable en Suisse dĂšs 1914[14] mais bien plus tardivement dans les autres pays (par exemple, les peintures au plomb ont Ă©tĂ© interdites en 1948 en France mais l'interdiction totale pour les canalisations ne date que de 1995[15]).

Isotopes

Le plomb possĂšde 38 isotopes connus, de nombre de masse variant de 178 Ă  215, ainsi que 46 isomĂšres nuclĂ©aires. Quatre de ces isotopes, 204Pb, 206Pb, 207Pb et 208Pb, sont stables, ou du moins ont Ă©tĂ© observĂ©s stables jusqu'Ă  prĂ©sent, puisqu'ils sont tous soupçonnĂ©s de se dĂ©sintĂ©grer par dĂ©sintĂ©gration α en isotopes du mercure correspondants, avec des demi-vies extrĂȘmement longues[16] (qui seraient mĂȘme supĂ©rieures Ă  la demi-vie thĂ©orique de ses constituants, les nuclĂ©ons[alpha 3], allant au-delĂ  de 10100 annĂ©es[17]'[alpha 4]).

Les quatre isotopes stables sont des nucléides primordiaux, produits par les supernovas ainsi que par les collisions d'étoiles à neutrons. Le plomb 204 est entiÚrement primordial (il n'est pas radiogénique). Les plombs 206, 207 et 208 sont aussi les produits finaux de trois chaßnes de désintégration, respectivement la chaßne de l'uranium 238 (ou du radium), de l'uranium 235 et du thorium 232, mais la proportion de plomb radiogénique est sans doute inférieure à 1 %.

Les quatre isotopes stables, 204Pb, 206Pb, 207Pb et 208Pb, sont présents dans la nature dans des proportions qui peuvent varier, mais dans les roches pauvres en uranium et thorium et notamment dans les minerais de plomb (« plomb commun »[18]), ces proportions sont respectivement de 1,4 %, 24,1 %, 22,1 % et 52,4 %. Cinq radioisotopes sont également présents, mais à l'état de traces. La masse atomique standard du plomb est de 207,2(1) u.

Les isotopes sont parfois utilisĂ©s pour le traçage isotopique du plomb et lors d'analyses isotopiques destinĂ©es Ă  Ă©tudier la cinĂ©tique environnementale de certains polluants dans l'environnement (ex : plomb de chasse aprĂšs avoir Ă©tĂ© solubilisĂ© dans le sang d'un animal atteint de saturnisme, plomb de retombĂ©es industrielles, ou plomb tĂ©traĂ©thyl de l'essence
)[19].

Le plomb géochimique et son extraction

Le « plomb géochimique » (le plomb d'origine naturelle) est présent sous diverses formes dans tous les compartiments environnementaux (hydrosphÚre, stratosphÚre, biosphÚre, atmosphÚre, mais surtout dans la croûte terrestre et le sol).

Sachant qu'il y a des échanges permanents entre ces différents compartiments, et que cet élément toxique est bioconcentré dans la chaine alimentaire, on comprend donc que l'étude et la connaissance de sa cinétique environnementale est un enjeu majeur.

Il est prĂ©sent sous beaucoup de formes inorganiques notamment dans la croĂ»te terrestre et les minerais. On retrouve ainsi des acĂ©tates, nitrates, carbonates, sulfates ou encore du chlorure de plomb. Ces composĂ©s inorganiques conduisent rarement Ă  une toxicitĂ© aigĂŒe[13].

Minerais : Le plomb natif pur est rare. On l'extrait actuellement de minerais associés au zinc (la blende), à l'argent et (le plus abondamment) au cuivre. La principale source minérale est la galÚne (PbS) qui en contient 86,6 % en masse.

D'autres variĂ©tĂ©s communes sont la cĂ©rusite (PbCO3) et l'anglĂ©site (PbSO4). Aujourd'hui, le recyclage permet d'en rĂ©cupĂ©rer une grande part. La plupart des minerais contiennent moins de 10 % de plomb. Les minerais qui contiennent moins de 3 % de plomb ne peuvent pas ĂȘtre exploitĂ©s Ă©conomiquement. Le minerai extrait du sol est concentrĂ© par gravimĂ©trie et flottation, puis dirigĂ© vers une usine mĂ©tallurgique (fonderie).

Production et réserves miniÚres

Production et réserves miniÚres mondiales de plomb (en milliers de tonnes)[20] - [21] - [22]
Pays 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021*
Drapeau de la RĂ©publique populaire de Chine Chine 2 900 2 400 2 340 2 340 2 150 2 100 2 100 1 900 2 000
Drapeau de l'Australie Australie 711 728 652 453 459 432 430 494 500
Drapeau du PĂ©rou PĂ©rou 266 278 316 314 307 289 290 242 281
Drapeau des États-Unis États-Unis 340 379 367 346 310 280 280 306 300
Drapeau du Mexique Mexique 210 250 254 232 243 240 240 260 270
Drapeau de la Russie Russie 195 90 225 250 200 220 220 210 210
Drapeau de l'Inde Inde 106 106 136 147 170 192 190 204 210
Drapeau de la Bolivie Bolivie 82 94 82 75 110 112 100 65 90
Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan - 38 41 41 112 86 90 30 40
Drapeau de la SuĂšde SuĂšde 62 71 76 79 74 65 60 70 70
Drapeau de la Turquie Turquie 78 65 74 76 68 76 70 63 60
Drapeau d'Afrique du Sud Afrique du Sud 53 29 41 40 - - - - -

MĂ©tallurgie

Vitrail (les profilés de plomb sont encore utilisés aujourd'hui pour la fabrication des vitraux).

À partir de sulfures

À la fonderie, le minerai est tout d'abord « grillĂ© » pour oxyder le sulfure et obtenir de l'oxyde de plomb ; le soufre est Ă©liminĂ© sous forme de dioxyde gazeux SO2, transformĂ© et valorisĂ© en acide sulfurique. Le minerai grillĂ© est alors introduit, avec du coke, dans un four Ă  la base duquel on souffle de l'air. La rĂ©action de l'oxygĂšne de l'air avec le coke donne du CO, qui rĂ©duit l'oxyde de plomb, donnant ainsi le plomb mĂ©tallique liquide et du CO2.

À la base du four s'Ă©coulent d'une part le plomb liquide, d'autre part une scorie qui est gĂ©nĂ©ralement granulĂ©e Ă  l'eau avant d'ĂȘtre mise en dĂ©charge.

Le plomb recueilli Ă  ce stade est appelĂ© « plomb d'Ɠuvre » ; il contient encore des impuretĂ©s (cuivre, argent, bismuth, antimoine, arsenic, etc.) qu'il faut Ă©liminer. Ce raffinage du plomb, encore liquide, se fait dans des cuves, par refroidissement et ajout de divers rĂ©actifs (soufre, oxygĂšne, zinc pour capturer l'argent, etc.).

Affinage

Le plomb affinĂ© est appelĂ© « plomb doux ». Il est coulĂ© et solidifiĂ© dans des lingotiĂšres avant d'ĂȘtre expĂ©diĂ© chez le consommateur ou dans des entrepĂŽts de stockage. Avant la coulĂ©e finale, des Ă©lĂ©ments peuvent ĂȘtre ajoutĂ©s en proportions bien dĂ©finies pour le durcir ou Ă©laborer des alliages (calcium, arsenic, antimoine, etc.).

Dans certaines fonderies, on utilise à cÎté des concentrés miniers, des matiÚres premiÚres issues du cassage des batteries, ou des sous-produits d'autres procédés industriels (sulfate de plomb par exemple).

Contaminant métallurgique, parfois

Paradoxalement, pour des raisons mal comprises, le plomb qui a longtemps Ă©tĂ© massivement utilisĂ© dans les peintures antirouille (minium de plomb) est aussi, dans certaines circonstances, un « contaminant mĂ©tallurgique » qui pose des problĂšmes. Il peut, dans l'industrie nuclĂ©aire notamment (oĂč il est trĂšs prĂ©sent parce que comptant parmi les mĂ©taux les plus opaques aux rayonnements), contribuer Ă  la dissolution, l'oxydation et la fragilisation d'aciers qui sont exposĂ©s Ă  ses alliages[23].

Caractéristiques physiques

  • Coefficient de dilatation linĂ©ique Ă  25 °C : α = 29 Ă— 10−6 K−1
  • Formule pour la masse volumique du solide : ρ = 11 343,7 / (1 + 0,000029 ⋅ t)3 ; avec ρ en kg/m3 et t en °C
  • CorrĂ©lation pour la masse volumique du liquide : ρ = 10 710 - 1,39 ⋅ (t - 327,46) ; avec ρ en kg/m3 et t en °C ; applicable entre 330 et 1 000 °C[1]
  • CorrĂ©lation pour la valeur de Cp du solide : Cp = 0,1139 + 4,6444 × 10−5 ⋅ (t + 273,15) ; avec Cp en kJ/(kg⋅K) et t en °C ; applicable entre 0 et 300 °C[1]
  • CorrĂ©lation pour la valeur de Cp du liquide : Cp = 0,1565 - 0,01066 ⋅ (t + 273,15) ; avec Cp en kJ/(kg⋅K) et t en °C ; applicable entre 330 et 1 000 °C[1]
  • CorrĂ©lation pour la viscositĂ© dynamique du liquide : ÎŒ = 5,6452 × 10−9 ⋅ t2 - 9,56425 × 10−6 ⋅ t + 0,005236 ; avec ÎŒ en kg/(m⋅s) et t en °C ; applicable entre 330 et 850 °C
  • CorrĂ©lation pour la conductivitĂ© thermique du liquide : λ = 3,86667 × 10−6 ⋅ t2 - 0,081933 ⋅ t + 18,594 ; avec λ en W/(m⋅K) et t en °C ; applicable entre 330 et 850 °C
Quelques caractéristiques thermodynamiques du plomb[alpha 5] - [1]
Température
(°C)
Masse
volumique

ρ
(kg/m3)
Viscosité
dynamique

Ό
(10−3 kg/(m⋅s))
Conductivité
thermique

λ
(W/(m⋅K))
Capacité
thermique
Ă  pression
constante

Cp
(kJ/(kg⋅K))
Commentaire
−173.15 39,6 0,11715 solide
0 11 343,7 35,3
(35,6)
0,129
(0,1266)
solide
20 11 350
(11 324)
solide
25 11 319 34,6
(35,4)
0,1277
(0,1297)
solide
100 11 246 34,4 0,1311 solide
327,46 10 710
liquide
11 027
solide
fusion
340 10 570
350 10 570 2,462
(2,58)
16,2 0,1515
(0,1428)
liquide
365 1,46 liquide
400 10 510
(10 525)
2,272
(2,33)
15,9 0,1508
(0,1466)
liquide
441 10 428
(10 514)
2,116 liquide
450 10 450 2,08 15,69 0,1501
(0,1458)
liquide
500 10 390
(10 430)
1,893
(1,84)
15,48 0,1493
(0,1451)
liquide
551 10 328 1,740
(1,700)
15,28 0,1486
(0,1443)
liquide
600 10 270 1,587
(1,38)
15,07 0,1478
(0,1436)
liquide
703 10 163 1,349 liquide
844 9 992 1,185 liquide
1726,85 0,1381 liquide

Utilisations

MĂ©tal ductile

Le plomb sous forme de mĂ©tal a Ă©tĂ© employĂ© depuis l'AntiquitĂ© en raison de sa grande mallĂ©abilitĂ© et ductilitĂ© : vaisselle, plaques de toiture et de gouttiĂšres. Le plomb continue d'ĂȘtre utilisĂ© Ă©galement dans la plomberie d'art, Ă  mi-chemin entre le cuvelage et la sculpture. Il a Ă©tĂ© coulĂ© pour sceller du fer forgĂ© dans la pierre (balustrades).

Il est notamment utilisĂ© dans les vitraux. La production liĂ©e Ă  cette activitĂ© est d'environ 100 t/an en France[24].

Plomberie

Le plomb était employé dans tout le monde romain en raison de sa relative résistance à la corrosion (en milieu non acide) dans l'air et le sol[25] et de son bas point de fusion : on le retrouve dans les conduites d'eau potable (voir plomberie) et les descentes d'eau pluviales.

RevĂȘtement anticorrosion

Il a beaucoup été utilisé en cuvelage et tuyauterie dans la fabrication de l'acide sulfurique, auquel il résiste par formation d'une couche insoluble et protectrice de sulfate de plomb[26].

L'oxyde rouge du plomb, le minium Pb3O4, Ă©tait utilisĂ© jusque dans les annĂ©es 1970 comme revĂȘtement anticorrosion.

Batterie d'accumulateurs

Il est largement utilisĂ© aujourd'hui dans les accumulateurs Ă©lectriques (batteries), qui absorbent l'essentiel de la production de plomb et sont la principale raison des envolĂ©es de son cours. Cela a pour consĂ©quence la rentabilitĂ© du recyclage de ce mĂ©tal, notamment en Afrique et en Chine oĂč le parc automobile est en pleine expansion.

En 2004, les batteries au plomb, destinées à l'automobile ou à l'industrie, représentent 72 % de la consommation de plomb (53 % automobile, 19 % industrie). Les pigments et autres composés chimiques représentent 12 % de la consommation. Les autres applications (alliages pour soudures, tuyaux et feuilles, munitions, etc.) représentent 16 %.

Protection contre les radiations

Confinement d'une source radioactive avec des lingots de plomb.

Le plomb (en plaques mĂ©talliques, dans du caoutchouc ou dans du verre) sert de protection contre les radiations pour attĂ©nuer les rayons X et les rayons gamma grĂące Ă  sa densitĂ© et Ă  ses propriĂ©tĂ©s absorbantes : Ă  100 keV, une Ă©paisseur d'un millimĂštre de plomb attĂ©nue la dose de rayonnement d'un facteur 1 000. D'autres alliages Ă  bas point de fusion comme l'alliage de Newton (50 % Bi, 30 % Sn, 20 % Pb) servent Ă©galement en radioprotection.

Dans certaines applications trĂšs spĂ©cifiques en physique des particules pour lesquelles la radioactivitĂ© naturelle du plomb 210 est trop importante[alpha 6], les blindages peuvent ĂȘtre issus de lingots de vieux plomb retrouvĂ©s dans le toit d'Ă©glises anciennes ou dans des Ă©paves vieilles de plusieurs siĂšcles, voire plusieurs millĂ©naires[27] - [alpha 7].

Fusible

Dans le monde de l'électricité, le plomb a longtemps été employé pour la fabrication des fusibles en raison de sa résistance électrique élevée (dix fois celle du cuivre) et de sa basse température de fusion. Le nom « plomb » est encore actuellement utilisé pour désigner les fusibles bien que d'autres matériaux soient employés. Cette utilisation est à l'origine d'expressions comme « faire sauter les plombs ».

Imprimerie

En alliage avec l'étain et l'antimoine, il était utilisé pour la fabrication des caractÚres mobiles d'imprimerie. On l'appelle alors plomb typographique.

Lubrifiant solide

En sidérurgie, depuis la fin des années 1940, les bains au plomb (« patentage ») ont permis de tréfiler les fils d'acier à des diamÚtres toujours supérieurs (7, puis mm) sans les rompre, en diminuant suffisamment le coefficient de frottement dans la filiÚre. Le tréfilage produit un écrouissage de l'acier et fournit des aciers à haute limite élastique, dont les principales applications sont les cùbles de hauban et les armatures de précontrainte.

Antidétonant dans l'essence

En 1920, le plomb tĂ©traĂ©thyle est utilisĂ© comme additif antidĂ©tonant (en) dans l'essence par General Motors, malgrĂ© les risques sanitaires. Le plomb tĂ©traĂ©thyle ajoutĂ© Ă  l'essence est commercialisĂ© sous le nom d'Ethyl, ce qui Ă©vite d'Ă©voquer le plomb. Aux États-Unis, l'utilisation du plomb dans l'essence sera interdite dans les annĂ©es 1980. En Europe, l'essence au plomb a Ă©tĂ© interdite en 1999. En France, cette prohibition a Ă©tĂ© effective en 2000[28].

Munitions

Un des facteurs de toxicité des munitions reste le plomb, massivement utilisé depuis longtemps pour la fabrication de munitions de guerre ou de chasse (grenaille). Avec l'arsenic et l'antimoine qui lui sont associés, il contribue à la pollution induite par les munitions. Dans le cas des plombs de chasse, on retrouve, encore aujourd'hui, des sites contaminés, notamment autour des anciennes tours à plomb (bùtiments en forme de tour, spécialement conçus, sur le principe de la tour d'impesanteur, pour la production industrielle de la grenaille de plomb destinée à remplir les munitions (cartouches) de chasse ou de ball-trap).

Un semi-conducteur : la galĂšne

Le cristal de galÚne, d'abord utilisé comme pigment noir et ingrédient de base pour la préparation du khÎl et du blanc de céruse dans l'Antiquité, offrit, au début du XXe siÚcle, un semi-conducteur primitif utilisé dans la diode Schottky des premiers récepteurs radio.

Cristal optique

Prisme optique taillé dans un verre flint.

L'ajout de plomb (ou plus précisément de l'oxyde de plomb) à du verre augmente son éclat : c'est là l'origine du cristal vénitien et du verre flint trÚs utilisé en optique. L'association d'un verre flint et d'un verre crown, dans les multiplicateurs de focale type lentille de Barlow, remédie à l'aberration chromatique.

CĂ©ramique

En raison de son éclat et du bas point de fusion de ses silicates, le plomb a également été utilisé pour des glaçures de poteries[29], fréquemment sources de saturnisme.

Cosmétique

Blanc de céruse obtenu par oxydation de feuilles de plomb.

Pendant la pĂ©riode de l'Égypte antique, le plomb permettait de fabriquer un fard appliquĂ© autour des yeux[30]. On utilisait pour le maquillage le blanc de cĂ©ruse. Le minium fut d'abord utilisĂ© comme pigment rouge.

Peinture

Comme pour le maquillage, le blanc de céruse et le minium (rouge) furent utilisés pour peindre des tableaux, des meubles, des murs et d'autres produits : jouets, etc.

Réfrigérant à haute température

Le plomb peut ĂȘtre utilisĂ© comme rĂ©frigĂ©rant Ă  haute tempĂ©rature, seul, ou frĂ©quemment alliĂ© au bismuth qui permet d'abaisser sa tempĂ©rature de fusion, facilitant ainsi l'exploitation de la boucle fluide. L'alliage 44,5 % Pb – 55,5 % Bi se liquĂ©fie Ă  125 °C et bout Ă  1 670 °C.

Il est proposé et étudié (seul ou avec le bismuth) comme fluide caloporteur et réfrigérant, en raison de ses propriétés eutectiques dans des réacteurs nucléaires rapides à caloporteur plomb.

Recyclage

La majeure partie du plomb utilisĂ© pour fabriquer de nouveaux produits est rĂ©cupĂ©rĂ©e et recyclĂ©e Ă  partir d'autres produits. Le plomb rĂ©cupĂ©rĂ© des batteries au plomb est l'un des mĂ©taux les plus recyclĂ©s au monde. Tout le plomb contenu dans ces types de batteries peut ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ© et recyclĂ© pour de nouvelles batteries. Les taux de rĂ©cupĂ©ration en Europe et en AmĂ©rique du Nord sont proches de 100 %[31].

Le plomb comme contaminant de l'environnement

Émission de plomb dans l'air (Ă  gauche) et dans l'eau (Ă  droite en rouge) pour tout le Canada, de 1990 Ă  2014. Ce graphique montre l'effet d'une catastrophe industrielle miniĂšre en termes de rejets (rupture de la digue de confinement des boues polluĂ©es, lors de la catastrophe du Mount Polley).

Le plomb compte avec le mercure et le cadmium parmi les trois contaminants métalliques les plus toxiques et présents de l'environnement de l'anthropocÚne.

Les analyses des carottes de glace polaires arctiques et antarctiques[32] ou de glaciers montrent qu'il Ă©tait quasiment absent de l'atmosphĂšre prĂ©-industrielle, sauf dans l'AntiquitĂ© grĂ©co-romaine oĂč les fonderies de plomb ont polluĂ© l'environnement[33] - [34], parfois Ă  un degrĂ© dĂ©passant celui des retombĂ©es de plomb de l'essence dans les annĂ©es 1970[35], signature Ă©galement retrouvĂ©e dans les sĂ©diments des ports de l'AntiquitĂ©[36].

La mĂ©tallurgie antique de l'argent et du plomb a injectĂ© une grande quantitĂ© de vapeur de plomb dans l'atmosphĂšre, dont on trouve des traces fossiles dans les tourbiĂšres d'Espagne, d'Écosse et des Ăźles FĂ©roĂ©, dans les glaciers du mont Blanc[37] et dans les couches annuelles de la calotte glaciaire du Groenland, avec dans ce dernier cas un niveau de dĂ©tail « stupĂ©fiant » selon Dennis Kehoe (historien du droit Ă©conomique romain Ă  l'UniversitĂ© de Tulane de la Nouvelle-OrlĂ©ans)[38]. L'Ă©tude de ces dĂ©pĂŽts a montrĂ© que les variations de ce plomb suivent fidĂšlement les grands Ă©vĂ©nements historiques (dont les guerres menĂ©es par Jules CĂ©sar), montrant l'expansion, la vie et l'effondrement de l'Ă©conomie romaine fondĂ©e sur la monnaie d'argent dite « denarius » avec laquelle tout Ă©tait payĂ© dans l'empire[38]. Chaque piĂšce d'argent coulĂ©e impliquait une pollution de l'air par le plomb, et la prĂ©cision des mesures de plomb dans la glace qui Ă©tait environ bisannuelle est maintenant presque mensuelle, bien plus prĂ©cise que dans les tourbiĂšres. L'Ă©tude la plus rĂ©cente (2018) portĂ©e par Andrew Wilson (archĂ©ologue de l'UniversitĂ© d'Oxford) a pu mesurer le plomb avec 12 mesures par couche annuelle sur environ 400 m d'Ă©paisseur de glace groenlandaise (formĂ©e entre 1100 av. J.-C. et 800 ap. J.-C.). Le plomb naturel (volcanique) a Ă©tĂ© Ă©valuĂ© et soustrait du total, offrant une chronologie, d'une prĂ©cision inĂ©galĂ©e, trĂšs dĂ©taillĂ©e de 1 900 ans de pollution romaine, maximale Ă  l'apogĂ©e de l'Empire lors du premier siĂšcle de notre Ăšre (six fois plus que lors du XIe siĂšcle av. J.-C.) et qui a brutalement retrouvĂ© les niveaux prĂ©-romains juste aprĂšs la grande Ă©pidĂ©mie de peste antonine (165 de notre Ăšre), et ce pour environ un demi-siĂšcle. Au milieu de l'Ăšre romaine, l'activitĂ© des gisements d'Espagne (haut lieu de la fusion du plomb-argent et du mercure romains, lors des derniers siĂšcles) est aussi enregistrĂ©e dans la glace[38]. Les modĂšles de circulation atmosphĂ©rique indiquent que cette pollution (jusqu'Ă  un microgramme de plomb par mĂštre carrĂ©) avait comme principale source l'ouest de l'empire romain (Europe occidentale et septentrionale). La quantitĂ© de plomb accumulĂ© sur le Groenland dans les annĂ©es 1990 Ă©tait 50 fois plus Ă©levĂ©e, relativise Joe McConnell, chercheur du Desert Research Institute de Reno, Nevada et co-auteur principal de l'Ă©tude[38]. L'Ă©tude montre quelques dĂ©connexions entre les pics de pollution par le plomb et la production connue de piĂšces d'argent, Ă©voquant un possible stock spĂ©culatif de l'argent (pour une future transformation en piĂšces de monnaie), ou d'autres pics de fusion de plomb (pour usage militaire par exemple)[38].

Depuis, l'homme a extrait du plomb des minerais et en a introduit dans la biosphÚre (dans tous les milieux) une quantité croissante, sous diverses formes.

Depuis la rĂ©volution industrielle, la pollution routiĂšre et industrielle, les guerres ainsi que la chasse et la pĂȘche (munitions et agrĂšs Ă  base de plomb) sont Ă  l'origine d'apports de plomb parfois considĂ©rables.

Selon Laurence Lestel (2002)[39], hors sĂ©quelles de la premiĂšre guerre mondiale, ce sont environ 13 millions de tonnes de plomb anthropique qui ont Ă©tĂ© introduit dans l'environnement en France depuis le dĂ©but du XIXĂšme siĂšcle, pour 1/3 avant 1914, pour un petit quart durant l'entre-deux guerres et durant la seconde guerre (1918-1945), le reste correspondant Ă  l'aprĂšs-guerre, mĂȘme si aprĂšs les annĂ©es 1970 des efforts ont Ă©tĂ© faits pour diminuer certains usages (depuis que l'essence ne contient plus de plomb, c'est le tir qui est la premiĂšre source environnementale de pollution par le plomb). Ce plomb a Ă©tĂ© diffusĂ© dans tous les compartiments de l'anthroposystĂšme (produits finis tels que canalisations, peintures, etc.), et comme dĂ©chets perdus dans l'air, l'eau, et le sol (dont plombs de pĂȘche et surtout plomb de chasse, tir sportif et de ball-trap). Le recours Ă  l'histoire environnementale, et Ă  l'histoire des techniques et nĂ©cessaire pour anticiper ses effets futurs sur l'environnement[40].

Ainsi et Ă  titre d'exemple, dans les annĂ©es 1970, le taux de plomb des glaces du pĂŽle Nord avait augmentĂ© d'un facteur 20 environ, suite Ă  une Ă©lĂ©vation de la pollution de l'air par le plomb dans l'hĂ©misphĂšre Nord (en grande partie Ă  cause du plomb de l'essence)[41]. En France, l'INRA et les universitĂ©s rĂ©gionales ont, dans les annĂ©es fin 1990 - dĂ©but 2000, montrĂ© qu'environ 45 000 tonnes de plomb se sont ajoutĂ©es au fond pĂ©dogĂ©ochimique naturel des sols forestiers et cultivĂ©s de la seule rĂ©gion Nord-Pas-de-Calais (pendant qu'une autre partie Ă©tait lessivĂ©e vers les mers)[42] - [43] - [44]. De nombreuses analyses sous-estiment la prĂ©sence du plomb dans le sol, car elles sont faites Ă  partir d'Ă©chantillons de sols ou vases finement tamisĂ©s et ne prennent pas en compte les munitions ou morceaux de plomb. Le plomb peut en outre agir en synergie avec d'autres Ă©lĂ©ments-traces mĂ©talliques toxiques ou non et d'autres polluants (organiques ou acides par exemple). Or, dans cette mĂȘme rĂ©gion, le plomb, le cuivre, le cadmium, le mercure et le sĂ©lĂ©nium sont aujourd'hui trouvĂ©s dans les couches rĂ©centes labourĂ©es Ă  des taux de 84 % Ă  225 % plus Ă©levĂ©s que dans les sols sous-jacents a priori pas ou peu polluĂ©s[45].

En Espagne en 2005, les pĂȘcheurs perdaient environ 100 t d'agrĂšs en plomb par an dans l'environnement, et les environ 200 millions de cartouches tirĂ©es par environ 1,5 million de chasseurs et pratiquants de tir/ ball-traps en ajoutaient environ 6 000 t/an (en zones humides et sĂšches) ; ce plomb est responsable d'intoxications mortelles de plusieurs millions d'oiseaux par an[46] - [47]. Au Canada, les pĂȘcheurs perdent environ 500 t de plomb lors de leurs activitĂ©s[48], et aux États-Unis, ce sont environ 3 millions de tonnes de plomb qui ont ainsi Ă©tĂ© dispersĂ©es durant le XXe siĂšcle (60 000 t/an au dĂ©but du XXe siĂšcle)[49].

Les Ɠufs de poule issus de petites fermes[50] et plus encore des poulaillers urbains[51] ou domestiques[52] en contiennent parfois des doses prĂ©occupantes : par exemple, on en a trouvĂ© de moins de 0,05 Â”g/g (limite de dĂ©tection) Ă  0,97 Â”g/g aux États-Unis pour l'intĂ©rieur de 24 Ɠufs pondus par 10 poules d'un poulailler domestique installĂ© prĂšs d'un mur dont la peinture contenait du plomb (jusqu'Ă  1,8 Â”g/g retrouvĂ© dans les coquilles)[53].

Le plomb n'est ni dĂ©gradable ni biodĂ©gradable. En tant que contaminant du sol, il est trĂšs stable : sa demi-vie gĂ©ochimique, c'est-Ă -dire le temps au bout duquel la moitiĂ© de ce plomb s'est dispersĂ©e hors du compartiment de l'environnement oĂč il est, serait d'environ 7 siĂšcles[54], mais il se montre bien plus mobile (et Ă©cotoxique car alors plus biodisponible) dans les milieux naturellement acides ou touchĂ©s par l'acidification anthropique.

Le plomb et les ĂȘtres humains

L'emploi historique du plomb pose des problÚmes de toxicité liés à l'absorption de particules de ce métal par les organismes vivants. C'est pourquoi le plomb est dorénavant proscrit pour une certaine gamme de produits : les peintures, les meubles, les crayons et pinceaux pour artiste, les jouets, l'eau et les aliments, les ustensiles de cuisine au contact des aliments, les bavoirs pour bébés et les cosmétiques[55].

Toutefois, il est important de savoir que chaque pays possĂšde sa propre rĂ©glementation ; ainsi, au Royaume-Uni, les plaques de plomb sont encore utilisĂ©es en toiture alors qu'en France, elles sont interdites (hormis dans le cadre de certains monuments historiques, on utilise le zinc qui a la mĂȘme apparence une fois oxydĂ© et qui est beaucoup plus lĂ©ger).

Imprégnation des populations humaines

L'imprĂ©gnation est souvent plus Ă©levĂ©e dans les rĂ©gions industrielles miniĂšres respectivement concernĂ©es par l'extraction et le travail de ce mĂ©tal, mais de trĂšs nombreuses sources d'exposition existent, souvent ubiquitaires, comme les anciennes peintures au plomb, d'anciens Ă©maux au plomb, le plomb de chasse[56] et de pĂȘche
 qui expliquent une grande variĂ©tĂ© de cas d'intoxications.

On s'inquiÚte le plus de l'exposition périnatale (1000 premiers jours de la vie à partir de la conception).

En 2018 en France, le « Volet périnatal » du programme national de biosurveillance a publié une nouvelle évaluation de l'imprégnation des femmes enceintes pour le plomb (et pour 12 autres métaux ou métalloïdes ainsi que quelques polluants organiques).

Le taux de plomb a Ă©tĂ© analysĂ© sur des prĂ©lĂšvements de sang de cordon ombilical de 1 968 femmes venant d'accoucher. Elles faisaient toutes partie de la « Cohorte Elfe », un panel ne comprenant que des femmes ayant accouchĂ© en France en 2011 hors Corse et TOM)[57].

La moyenne gĂ©omĂ©trique Ă©tait de 8,30 ÎŒg de plomb par litre de sang de cordon, soit un peu moins que lors des Ă©tudes antĂ©rieures, françaises et Ă©trangĂšres, confirmant une amĂ©lioration qui a commencĂ© avec l'interdiction de l'essence plombĂ©e dans les annĂ©es 1990[57]. Dans 1% des cas, les 50 ÎŒg/L Ă©taient nĂ©anmoins dĂ©passĂ©s[57]. Dans ce panel, le risque de plombĂ©mie Ă©levĂ©e du cordon Ă©tait corrĂ©lĂ© Ă  une consommation plus Ă©levĂ©e de tabac, d'alcool, d'eau du robinet, de pain, de lĂ©gumes, de coquillages et crustacĂ©s[57], avec un facteur aggravant pour certains pays de naissance de la mĂšre[57] ; les mĂšres ayant augmentĂ© leur consommation de produits laitiers lors de la grossesse prĂ©sentaient une plombĂ©mie de cordon plus basse[57].

Toxicité, reprotoxicité, écotoxicité

Cette petite bille de plomb Ă©tait la dose de plomb Ă  ne pas dĂ©passer dans la nourriture alimentaire, pour 37 jours, pour un ĂȘtre humain adulte avant 2006 (pour ne pas dĂ©passer mg pour tout le corps, soit 50 Â”g/kg de poids corporel).
Depuis, l'OMS a rĂ©duit la DHT (Dose hebdomadaire tolĂ©rable) Ă  25 Â”g/kg de poids corporel (⇒ dose journaliĂšre tolĂ©rable de 3,6 ÎŒg/kg pc/j
 pour l'adulte ; ne s'applique pas aux enfants)[58], puis, en 2011, a retirĂ© ce seuil, car cette derniĂšre dose de 25 Â”g/kg est encore source de baisse de QI de 3 points chez l'enfant et source de risques cardiovasculaires pour l'adulte[59] - [60].

Beaucoup d'usages historiques du plomb ou de ses composĂ©s sont dĂ©sormais proscrits en raison de la toxicitĂ© du plomb pour le systĂšme nerveux et la plupart des organes vitaux (saturnisme). Il a Ă©tĂ© rĂ©cemment (2007) montrĂ© que — mĂȘme Ă  faible dose — le plomb a aussi un effet cytotoxique sur les cellules souches du systĂšme nerveux central (de mĂȘme que de faibles doses de mercure ou de paraquat)[61].

Toxicité

Un risque existe dĂšs que du plomb ou certains de ses composĂ©s peuvent ĂȘtre inhalĂ©s (sous forme de vapeur ou de poussiĂšre) ou ingĂ©rĂ©s, et assimilĂ©s par l'organisme. Le passage percutanĂ© est Ă©galement possible. Les principales voies de transport sont l'eau, l'air et les aliments.

Les enfants et femmes enceintes, puis les personnes ùgées y sont les plus vulnérables.

  • L'embryon et le fƓtus : ils ne sont pas protĂ©gĂ©s par le placenta et y sont extrĂȘmement sensibles, avec des effets diffĂ©rĂ©s graves (dĂ©bilitĂ© mentale) pour de faibles doses d'exposition au stade fƓtal.
  • Les enfants : ils sont souvent les plus touchĂ©s, car leur organisme absorbe proportionnellement plus de plomb que celui des adultes. En effet, le systĂšme nerveux des enfants et leur squelette sont en dĂ©veloppement continu, et leur absorption digestive est 3 fois plus Ă©levĂ©e que celle des adultes. Ceci les rend beaucoup plus sensibles vis-Ă -vis de l'exposition au plomb. L'intoxication de l'enfant est souvent asymptomatique ; c'est alors durant la scolarisation que des effets, comme la baisse du QI, l'anĂ©mie, des troubles du comportement, des problĂšmes de rein, des pertes auditives, se feront ressentir.
    Les risques d'intoxication au plomb sont accrus pour les enfants qui jouent au sol, sont plus en contact avec des poussiĂšres ou jouent avec des Ă©cailles de peinture ou des objets Ă  base de plomb et portent naturellement souvent les doigts ou les objets Ă  la bouche. En suçant ou en manipulant un objet ou jouet en plomb ou peint au plomb, ils peuvent se contaminer avec des microparticules de plomb ou avaler certains objets (grenaille de plomb par exemple). Il arrive qu'ils se fassent les dents sur des objets peints (par exemple, les rebords de chĂąssis de fenĂȘtre)[62].
  • Les personnes ĂągĂ©es : en vieillissant, l'organisme Ă©limine moins bien le plomb, et le plomb dĂ©sorbĂ© de l'os lors d'une ostĂ©oporose passe dans le sang et recontamine la personne.

Des seuils ont autrefois Ă©tĂ© fixĂ©s, mais ils n'ont plus de sens : le plomb est toxique quelle que soit sa dose, et il n'existe pas de seuils de tolĂ©rance au plomb, notamment pour les catĂ©gories de personnes dĂ©crites ci-dessus. Le toxicologue se rĂ©fĂšre nĂ©anmoins encore parfois Ă  diffĂ©rents types de rĂ©fĂ©rences (seuils, normes ou doses tolĂ©rables ou admissibles), dont : « Dose JournaliĂšre Admissible » (DJA), « Dose JournaliĂšre TolĂ©rable » (DJT), « Dose hebdomadaire tolĂ©rable » (DHT) ou « Dose hebdomadaire tolĂ©rable provisoire » (DHTP), « Dose Limite Annuelle » (DLA)


  • Dans l'alimentation, la DHT (dose hebdomadaire tolĂ©rable) Ă©tait en France (avant 2006) provisoirement fixĂ©e Ă  1 500 Â”g par semaine pour le plomb.
    Pour l'Union europĂ©enne, les taux maximaux en plomb (en mg/kg de poids frais) sont de 0,3 pour la chair (muscle) de poisson, 0,5 pour les crustacĂ©s, 1 pour les cĂ©phalopodes et 1,5 pour les mollusques bivalves. Depuis (en 2006), l'OMS a rĂ©duit la DHT pour le plomb Ă  25 Â”g/kg de poids, soit une dose journaliĂšre tolĂ©rable de 3,6 ÎŒg/kg pc/j).
    Ceci signifie que mĂȘme le plus petit plomb de pĂȘche commercialisĂ© correspond Ă  une quantitĂ© de mĂ©tal toxique significative, s'il est ingĂ©rĂ© sous une forme bioassimilable.
  • Pour l'eau potable, la norme en France Ă©tait de 50 microgrammes par litre jusqu'en dĂ©cembre 2003 ; elle est ensuite passĂ©e Ă  25 microgrammes par litre puis Ă  10 microgrammes par litre en dĂ©cembre 2013[63].
    Au Canada, elle est de 10 microgrammes par litre depuis 2001[64] ; La concentration maximale acceptable (CMA) pour le plomb total dans l'eau potable est de 0,005 mg/l (5 ”g/l), mesurĂ©e dans un Ă©chantillon d'eau prĂ©levĂ© au robinet et selon le protocole d'Ă©chantillonnage appropriĂ© au type d'immeuble. Tout doit ĂȘtre mis en Ɠuvre pour maintenir les concentrations de plomb dans l'eau potable au niveau le plus bas qu'il soit raisonnablement possible d'atteindre (ou ALARA)[65].
  • Pour les sols, le plomb est naturellement prĂ©sent (c'est ce qu'on appelle le fond pĂ©dogĂ©ochimique naturel) Ă  hauteur de quelques dizaines de mg par kg de sol ; par exemple, une synthĂšse des donnĂ©es existantes sur l'Ă©tat des sols en France (Baize, 1994, 1997) montre que les teneurs en plomb de 11 150 Ă©chantillons, prĂ©levĂ©s en surface des zones agricoles (avant Ă©pandage de boues de station d'Ă©puration), sont relativement dispersĂ©es avec une moyenne des teneurs de 30,3 mg/kg pour une mĂ©diane de 25,6 mg/kg. Dans un rapport public de synthĂšse du BRGM[66], on trouve des chiffres de 10 Ă  30 mg/kg pour des sols non polluĂ©s. Localement, des apports anciens (sĂ©quelles de guerre ou industrielles, ou utilisation d'arsĂ©niate de plomb comme insecticide) ont pu modifier les teneurs apparemment « naturelles » du sol (dĂšs l'AntiquitĂ© romaine).
  • Pour la santĂ©, Aux États-Unis, la CSPC (Consumer Product Safety Commission) a fixĂ© comme standard qu'une assimilation de plomb Ă©quivalent Ă  175 mg/j nĂ©cessite une visite de contrĂŽle.

En 2011, sur la base des analyses dose-rĂ©ponse relatives au plomb dans l'alimentation, le ComitĂ© OMS chargĂ© de rĂ©viser la DHTP de 25 ÎŒg/kg de poids corporel (PC) prĂ©cĂ©demment Ă©tablie par lui a constatĂ© que ce seuil Ă©tait inappropriĂ© puisque manifestement encore associĂ© Ă  « une diminution d'au moins 3 points de QI chez les enfants et Ă  une augmentation de la pression artĂ©rielle systolique d'environ 3 mmHg (0,4 kPa) chez les adultes. Ces changements sont importants lorsqu'on les considĂšre comme un changement dans la distribution du QI ou de la pression de la population au sein d'une population. Le ComitĂ© a donc conclu que la DHTP ne pouvait plus ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une protection de la santĂ© et a Ă©tĂ© retirĂ©e. »[59] Le comitĂ© invite aussi Ă  mieux Ă©valuer l'exposition Ă  d'autres sources de plomb qu'alimentaire.

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) estimait en 2010 qu'il y avait des preuves suffisantes de cancérogénicité des composés de plomb inorganiques (tumeurs rénales et cérébrales chez les animaux de laboratoire), mais que les preuves de cancérogénicité pour les composés organochlorés étaient inadéquates.

Les études de génotoxicité et d'inhibition de la réparation de l'acide désoxyribonucléique (ADN) suggÚrent un mode d'action non ADN-réactif pour sa cancérogénicité[59] - [60].

Reprotoxicité

Plusieurs Ă©tudes transversales ont Ă©tabli qu'une exposition au Plomb est facteur de dĂ©lĂ©tion de la spermatogenĂšse et de la motilitĂ© du sperme. Selon une Ă©tude europĂ©enne publiĂ©e en 2003, environ 450 ÎŒg de plomb par litre de sang serait le seuil sous lequel le plomb n'aurait probablement pas d'effet dĂ©tectable en termes de difficultĂ© augmentĂ©e Ă  avoir un enfant[67]. Au-dessus de ce seuil, la relation exposition-rĂ©ponse est linĂ©aire concernant le dĂ©lai Ă  concevoir un enfant. La forme du spermatozoĂŻde et l'intĂ©gritĂ© de la chromatine de son noyau sont altĂ©rĂ©s par le plomb (mauvaise condensation de la chromatine du spermatozoĂŻde, peut-ĂȘtre car le plomb entre en compĂ©tition avec le zinc, qui est essentiel pour la compaction de l'ADN assurĂ©e par les protamines, riches en cystĂ©ine). Le sperme serait alors moins fĂ©condant et son ADN serait dĂ©gradĂ©. En outre, une peroxydation lipidique peut ĂȘtre induite par le plomb ; elle affecterait le malondialdĂ©hyde libĂ©rĂ© dans le liquide sĂ©minal, qui dĂ©graderait Ă  son tour la motilitĂ© des spermatozoĂŻdes[68]. Cet aspect n'est pas pris en compte en France par les tableaux de maladies professionnelles, bien qu'une enquĂȘte SUMER ait montrĂ© que de nombreux travailleurs sont encore exposĂ©s au plomb, notamment dans le domaine de la construction : 2 % des salariĂ©s, soit environ 25 000 personnes dont 85 % des Ă©taient des hommes. 82 % des cas dĂ©tectĂ©s sont des intoxications mineures, mais le plomb est toxique pour le spermatozoĂŻde Ă  faible dose[69].

Écotoxicologie

Le plomb sous forme pure et fine, sous forme de sels simples ou de composé organique (plomb tétraéthyle, qui est par ailleurs trÚs volatil) est plus ou moins facilement assimilé par tous les organismes vivants (faune, flore, fonge, bactéries). Il est hautement écotoxique pour presque toutes les espÚces connues, hormis trÚs rares exceptions (quelques bactéries ou de rares plantes métallo-tolérantes comme la variété Armeria maritima hallerii).
Les sels de plomb sont peu solubles dans l'eau salĂ©e ou dure (la prĂ©sence d'autres sels rĂ©duit la disponibilitĂ© du plomb pour les organismes en raison de prĂ©cipitations de plomb). De maniĂšre gĂ©nĂ©rale l'acidification d'un milieu (ou d'un tissu vivant comme l'Ă©corce) augmente la solubilitĂ©, la mobilitĂ© et la biodisponibilitĂ© du plomb. Les rĂ©sultats des tests de toxicitĂ© doivent donc ĂȘtre traitĂ©s en tenant compte du contexte et de ses Ă©volution, sauf quand la dissolution de plomb est directement mesurĂ©e. Le plomb est toxique Ă  n'importe quelle dose, dans l'eau Ă  0,2 mg/l la faune aquatique s'appauvrit et Ă  partir de 0,3 mg/l les premiĂšres espĂšces de poisson commencent Ă  dĂ©pĂ©rir[70].

  • Champignons : ils captent et stockent trĂšs bien le plomb, et jouent un rĂŽle important dans le cycle toxique du plomb, au point qu'ils pourraient ĂȘtre utilisĂ©s pour dĂ©polluer (fongoremĂ©diation).
  • VĂ©gĂ©taux : la biodisponibilitĂ© du plomb pour les vĂ©gĂ©taux est trĂšs aggravĂ©e en contexte acide ou acidifiĂ© et quand le plomb est sous forme de trĂšs fines particules. Ainsi pour la salade, le transfert sol-racines-feuilles augmente de 20 % si le plomb y est prĂ©sent sous forme de PM2,5 plutĂŽt que sous forme de PM10[71]. Certains champignons l'assimilent et le stockent trĂšs facilement, sans en mourir, et l'activitĂ© rhizosphĂ©rique semble favoriser la solubilisation du plomb et son transfert dans les plantes, d'autant plus que le sol est acide ou acidifiĂ©[71].
  • InvertĂ©brĂ©s : le plomb est hautement toxique pour de nombreux invertĂ©brĂ©s, particuliĂšrement pour les invertĂ©brĂ©s d'eau douce (dĂšs 0,1 et GT 40 mg/l en eau douce[72]). Les invertĂ©brĂ©s marins le tolĂšrent mieux (rĂ©sistant Ă  des doses 20 fois plus Ă©levĂ©es, mais nĂ©anmoins avec une toxicitĂ© manifeste dĂšs 2,5 et GT 500 mg/l)
    Certains invertĂ©brĂ©s montrent des capacitĂ©s d'adaptation ou se montrent plus « tolĂ©rants » au plomb que les autres[72]. Les adaptations de certains invertĂ©brĂ©s aquatiques aux conditions hypoxiques peuvent ĂȘtre inhibĂ©es par des taux Ă©levĂ©s de plomb[72].
    • NĂ©matodes : s'ils consomment des champignons ou des bactĂ©ries contaminĂ©s par du plomb, ils prĂ©sentent des troubles de la reproduction.
    • CrustacĂ©s terrestres : certains comme les Cloportes semblent particuliĂšrement rĂ©sistants au plomb.
    • Insectes : les larves sont probablement plus vulnĂ©rables au plomb que les adultes : des chenilles nourries avec des aliments contenant des sels de plomb prĂ©sentent des troubles du dĂ©veloppement et de la reproduction[72].
  • MammifĂšres : ils subissent globalement les mĂȘmes effets que l'ĂȘtre humain.
  • Poissons : la toxicitĂ© du plomb varie selon les espĂšces, avec des CL50 96-h allant de 1 Ă  27 mg/l en eau douce, et 440 Ă  540 mg/l en eau dure ou salĂ©e (le plomb se dissout moins bien dans l'eau dure)[72]. Les Ɠufs et trĂšs jeunes poissons y sont plus vulnĂ©rables que les adultes ; une difformitĂ© spinale et un noircissement de la rĂ©gion caudale font partie des symptĂŽmes d'intoxication ; La dose limite toxique maximale acceptable (MATC pour les anglophones) pour le plomb inorganique varie de 0,04 Ă  0,198 mg/l (selon les espĂšces et les conditions, mais les composĂ©s organiques sont plus toxiques encore ; la prĂ©sence de calcium ou autres ions non toxiques en solution diminue la toxicitĂ© aiguĂ« du plomb[72].
  • Amphibiens : les Ɠufs de grenouilles et de crapauds sont vulnĂ©rables Ă  des teneurs infĂ©rieures Ă  1 mg/l en eau stagnante et 0,04 mg/l en eau courante, avec des arrĂȘts de dĂ©veloppement de l'Ɠuf ou retards d'incubation. Les grenouilles adultes sont affectĂ©es Ă  partir de 5 mg/l dans l'eau, et le plomb ingĂ©rĂ© par les amphibiens (insectes contaminĂ©s, vers de terre, etc.) a des effets toxiques observĂ©s Ă  10 mg/kg[72].
  • Oiseaux : des sels de plomb ajoutĂ©s dans la nourriture intoxiquent les oiseaux Ă  partir d'environ 100 mg/kg de nourriture. L'exposition de cailles (de l'Ă©closion Ă  l'Ăąge de la reproduction) Ă  une nourriture contenant 10 mg de plomb par kg induit des effets sur la production d'Ɠufs[72].
    On a peu d'informations sur les effets des composĂ©s organoplombiques (Par exemple : des composĂ©s trialkyllĂ©s affectent les Ă©tourneaux dĂšs 0,2 mg/j, mg/j Ă©tant invariablement fatal[72]).
    L'ingestion de grenaille de plomb est trÚs toxique pour tous les oiseaux. C'est une cause trÚs fréquente de saturnisme aviaire.

Naissance de la problématique

Depuis 2007, les mĂ©dias ont relatĂ© de plus en plus de rappels massifs de jouets. De grands groupes comme Mattel, dont plusieurs jouets ont Ă©tĂ© rappelĂ©s en 2007[73] - [74], ont eu beaucoup de soucis avec des jouets contaminĂ©s au plomb. Ainsi en 2007, l'industrie du jouet (22 millions de dollars) a particuliĂšrement Ă©tĂ© touchĂ©e. Sur 81 rappels de jouets la moitiĂ© de ceux-ci impliquait six millions de jouets ayant une peinture Ă  base de plomb excĂ©dant les limites autorisĂ©es. Le problĂšme vient notamment du fait que les grands groupes comme Mattel sous-traitent leur production dans des pays comme la ThaĂŻlande et la Chine[75] - [76] oĂč la rĂ©glementation et le contrĂŽle des produits finis sont moins courants. S'ajoute Ă  cela un manque de personnel et de budget pour les sociĂ©tĂ©s de production ainsi qu'un faible nombre de moyens mis en place au niveau des dĂ©pistages. Ce sont les enfants des pays en voie de dĂ©veloppement qui sont les plus affectĂ©s par un taux de plomb Ă©levĂ©.

C'est en 2006 que la problĂ©matique a Ă©clatĂ© au grand jour avec la mort par empoisonnement au plomb d'un enfant ĂągĂ© de 4 ans aux États-Unis. L'autopsie a rĂ©vĂ©lĂ© la prĂ©sence d'un pendentif en forme de cƓur dans l'abdomen, le pendentif contenait 99,1 % de plomb[77].

Depuis il existe une prise de conscience de la part des pays riches vis-Ă -vis de ce problĂšme. Ainsi, des associations comme « Kids in Danger » aux États-Unis sont apparues ainsi qu'une rĂ©-actualisation des lois au QuĂ©bec et en France notamment. Depuis que la problĂ©matique est connue de tous, de nombreuses Ă©tudes et analyses ont eu lieu ainsi, de nouveaux composĂ©s nocifs ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans les jouets mais les cas restent plus rares (arsenic et phtalates)[78].

DĂ©pistage du saturnisme

La plombĂ©mie de l'enfant est gĂ©nĂ©ralement mesurĂ©e Ă  partir d'une simple piqĂ»re au doigt, Ă  l'hĂŽpital. Le rĂ©sultat fourni est en ”g/L. Les plombĂ©mies dĂ©tectĂ©es chez l'enfant s'Ă©tendent de 5 Ă  1 400 ppm.

Chez l'adulte, une plombĂ©mie est considĂ©rĂ©e comme « normale » si infĂ©rieure Ă  0,4 ppm, et la plomburie doit ĂȘtre infĂ©rieure Ă  0,08 ppm.

D'autres techniques de mesure sont possibles, en particulier dans les pays en voie de développement particuliÚrement touchés par le saturnisme. La tendance est d'utiliser des biomarqueurs humains, et d'échantillonner autre chose que le sang qui ne traduit que l'intoxication éventuelle du moment, alors que les cheveux[79], dents de lait[80], ou les ongles[81]) ont accumulé du plomb sur une plus longue période. On peut ainsi retrouver dans les cheveux une concentration en plomb 10 fois plus élevée que celle présente dans l'urine ou le sang. Il est aussi plus aisé d'échantillonner, conserver et transporter des phanÚres (cheveux, ongles) plutÎt que des solutions susceptibles de se dégrader.

L'analyse implique de passer d'un composé solide à un liquide (par dissolution à chaud dans un acide fort en général), ce qui permet la destruction de toute matiÚre organique. Pour les dents, l'émail est attaquée par un mélange HCL/glycérol. L'analyse se fait généralement par absorption atomique de flamme. L'utilisation d'échantillons certifiés (CRM) est un des éléments de validation des méthodes.

Un questionnaire vise Ă  rechercher l'origine de l'intoxication. À titre d'exemple, au Kenya un enfant vivant dans une maison peinte avait en moyenne une plombĂ©mie de 30,2 Â± 2,9 Â”g/g alors qu'un enfant vivant dans une maison non peinte avait en moyenne une plombĂ©mie de 19,8 Â± 0,9 Â”g/g.

Il existe d'autres types de matrices pour lesquelles il est important de connaßtre le taux de plomb (eau, vin, biÚres, jus de fruits, fruits et légumes, viandes, poissons, crustacés, champignons, lait, fromages
). Les analyses sont parfois complexes car mettant en jeu de réactions de co-précipitations ou dérivations pour pouvoir travailler avec ce type de matrices.

De nouvelles techniques d'analyse pourraient se dĂ©velopper, dont peut-ĂȘtre les analyses par SpectromĂ©trie de fluorescence des rayons X. Des appareils portables (pistolets de fluorescence Ă  rayons X) permettent de faire un premier diagnostic sur le terrain ; il suffit de pointer le pistolet sur un jouet pour avoir une mesure instantanĂ©e du plomb total prĂ©sent Ă  sa surface ou juste sous sa surface. Ces appareils sont encore couteux (ex : +/- 30 000 $ pour un analyseur portable[82]).

Des études sur l'animal se poursuivent (rats, souris
) pour évaluer plus finement l'impact de la présence de plomb (dont dans les jouets), sur la physiologie, le comportement et la psychologie du développement, des enfants en particulier[83].

Enfin, des procédés visant à traiter les eaux contaminées existent ou sont actuellement en développement comme des membranes à base de matériaux composites qui aprÚs toute une série d'équilibres avec le plomb en solution vont pouvoir le capter intégralement en une soixantaine de minutes[84].

Prévention et traitement

Des hÎpitaux distribuent dorénavant des fiches explicatives[85] aux parents dans lesquelles ils incitent les familles à venir faire des visites de contrÎle de dépistage du plomb surtout s'ils habitent dans une zone à risque (vieilles maisons, proximité d'usines
). Ils leur expliquent aussi notamment quels sont les sources d'intoxication, les risques que cela implique, et comment combattre cela. Ainsi une nourriture riche en fer (haricots, épinards
) et en calcium (fromage, lait...) est préconisée.

Au cas oĂč un enfant serait amenĂ© Ă  ĂȘtre intoxiquĂ©, son taux de plomb dans le sang peut ĂȘtre abaissĂ©. Pour cela des lavages gastriques ou encore l'ajout d'agent complexant comme l'EDTA peuvent ĂȘtre utilisĂ©s. Toutefois ce ne sont que des techniques visant Ă  baisser la teneur en plomb dans l'organisme, mais, en aucun cas, elles ne peuvent Ă©liminer tous les effets nĂ©gatifs[86].

Données économiques

Le plomb est considéré comme une ressource non renouvelable. AprÚs la faillite et/ou rachat de quelques producteurs importants, le marché est concentré autour des besoins du bùtiment, des batteries, des munitions ainsi que de la radioprotection.

En 2013, le groupe Eco-Bat Technologies qui recycle le plomb de batteries et produit divers produits en plomb ou Ă  base de plomb se prĂ©sente comme leader en France oĂč il opĂšre sous le nom de marque « Le Plomb Français », en Europe et dans le monde.

Prix

MĂȘme pour des mĂ©taux assez communs comme le plomb et en dĂ©pit de sa toxicitĂ© qui a fait cesser une grande partie de ses usages (peinture, Ă©maux, cristal
), leur caractĂšre stratĂ©gique peut ĂȘtre source de fortes Ă©volutions du prix

Le plomb est un mĂ©tal stratĂ©gique dont le prix de vente est trĂšs irrĂ©gulier, cotĂ© en dollars US, en particulier Ă  la Bourse des mĂ©taux de Londres[87]. Sur les dix derniĂšres annĂ©es, les cours ont Ă©voluĂ© entre 400 et 3 665 $/t.

En raison de sa toxicitĂ©, les interdictions d'usage du plomb se multiplient dans le monde, ce qui aurait dĂ» faire baisser son prix. Mais paradoxalement, c'est le mĂ©tal dont le prix a le plus augmentĂ© en 2007, face Ă  la demande chinoise de batteries selon les uns, face Ă  un marchĂ© qui s'est refermĂ© et qui est contrĂŽlĂ© par quelques grands groupes selon les autres ; rachats et/ou fermeture d'usines (fermeture de Metaleurop Nord en France par exemple), usines en difficultĂ©s pour cause de pollution et problĂšmes sanitaires (ex : Bourg-FidĂšle), fermeture en Australie en 2007 de la mine Magellan (3 % de la production mondiale, plus grande mine du monde), suivie d'une explosion dans une raffinerie (Doe Run) du Missouri qui a encore fait grimper les prix. En 6 mois le prix du plomb a doublĂ©, il a Ă©tĂ© multipliĂ© par 7 en 4 ans, atteignant un record en octobre 2007 (3 655 $/t, contre 500 $/t en 2003). Le 26 juin 2007 son prix dĂ©passait celui de l'aluminium avant de dĂ©passer celui du zinc. 10 ans plus tard, en mars 2017, il se vendait Ă  2 037 â‚Ź/t (2 281 $/t), soit + 26,6 % sur un an[88].

Production mondiale

La demande grimpait de 2 % par an jusqu'en 2004 (Ă  80 % pour fabriquer des batteries). Le stock mondial mi-2007 est tombĂ© Ă  30 000 tonnes. « Soit 2 jours de consommation »[89]. La Chambre syndicale du plomb voit une vertu positive Ă  cette demande : elle devrait encourager un meilleur recyclage des batteries « (de 130 euros la tonne, leur prix a bondi Ă  350 euros en un an) »[90].

Consommation mondiale 2004 :
7 082 milliers de tonnes (kt)
Production mondiale de plomb métal 2004 :
6 822 kt
ContinentMilliers de tonnes
Asie2 8702 880
AmĂ©riques2 0302 009
Europe2 0111 551
Afrique131101
Océanie40281
graphe historique des tonnages extraits
Évolution de la production de plomb, extrait dans diffĂ©rents pays.
Production miniĂšre[alpha 8], les principaux producteur en 2014[91]
Pays Production (t) Mondial (%)
1 Chine 2 850 000 52,6
2 Australie 711 000 13,1
3 États-Unis 340 000 6,3
4 PĂ©rou 266 500 4,9
5 Mexique 250 000 4,6
6 Russie 143 000 2,6
7 Inde 105 000 1,9
8 Bolivie 82 100 1,5
9 Turquie 78 000 1,4
10 SuĂšde 59 600 1,1
Total monde 5 414 000 100

Le plomb mĂ©tallique est produit dans des usines appelĂ©es fonderies (voir ci-dessus chapitre mĂ©tallurgie), dont les matiĂšres premiĂšres proviennent soit de mines (concentrĂ©s miniers) soit du recyclage (en particulier le recyclage des batteries usagĂ©es). Sur les 6,8 millions de tonnes de production, environ 3 millions proviennent de concentrĂ©s miniers et 3,8 millions du recyclage.

Le recyclage est devenu maintenant la premiĂšre source de plomb.

En rĂ©sumĂ©, il est important de se souvenir que la consommation mondiale de plomb ne cesse d'augmenter depuis le Moyen Âge. Depuis deux dĂ©cennies, elle tend Ă  stagner dans les pays dĂ©veloppĂ©s car ceux-ci ont pris conscience des dangers liĂ©s Ă  sa toxicitĂ©. Ils ont cherchĂ© des substituts au plomb et ont mis en place un certain nombre de normes liĂ©es Ă  son utilisation. Par contre, des pays en voie de dĂ©veloppement continuent de l'utiliser pour certains usages ailleurs interdits et leur consommation de plomb ne cesse d'augmenter faute d'utilisation d'alternatives au plomb[13].

Commerce

En 2014, la France est nette importatrice de plomb, d'aprĂšs les douanes françaises. Le prix moyen Ă  la tonne Ă  l'import Ă©tait de 1 830 €[92].

RĂšglementation

Cette rĂšglementation varie selon les pays et les Ă©poques. Dans l'Union europĂ©enne le plomb a peu Ă  peu Ă©tĂ© interdit pour un certain nombre d'usages (en commençant par les peintures et les contenants alimentaires, les tuyaux d'adduction d'eau), et il doit lĂ©galement ĂȘtre recherchĂ© parmi quelques polluants « prioritaires », notamment dans l'eau potable, l'air et les aliments, oĂč il ne doit pas dĂ©passer certaines doses.

À titre d'exemple :

  • Le 1er juillet 2006, la Directive RoHS limite son usage dans certains produits commercialisĂ©s en Europe ; usage limitĂ©s Ă  0,1 % du poids de matĂ©riau homogĂšne (cette Directive pourra ĂȘtre Ă©largie Ă  d'autres produits et Ă  d'autres toxiques). À noter que des listes d'exemptions autorisent des seuils supĂ©rieurs Ă  cette valeur, pour certaines catĂ©gories de matĂ©riaux.
  • En France,
    • Il est interdit dans les grenailles de plomb de certaines cartouches de chasse, mais uniquement pour la chasse (au gibier d'eau) dans les zones humides, mais il reste autorisĂ© pour les diabolos, les balles (et les cartouches utilisĂ©es hors-zones humides) ainsi que dans l'azoture de plomb qui peut remplacer le fulminate de mercure dans l'amorce des cartouches ou balles.
    • Sang
      • Depuis le 17 juin 2015, seuil rĂšglementaire chez les enfants : 50 Â”g par litre de sang[93]. Au-delĂ , la plombĂ©mie rĂ©vĂšle une intoxication au plomb.
    • Air
      • Limite de qualitĂ© : 0,25 Â”g/m3 en moyenne annuelle[94].
      • Valeur limite : 0,5 Â”g/m3[94].
    • Eau potable
      • 10 ”g/l : limite de qualitĂ© propre Ă  la consommation humaine depuis le 25 dĂ©cembre 2013[94].
    • PoussiĂšres de plomb
      • L'arrĂȘtĂ© du 12 mai 2009 relatif au contrĂŽle des travaux en prĂ©sence de plomb, prĂ©cise qu'Ă  l'issue des travaux, le taux de plomb des poussiĂšres (au sol, par unitĂ© de surface) ne doit pas dĂ©passer le seuil de 1 000 ÎŒg/m2 (arrĂȘtĂ© du 12 mai 2009 relatif au contrĂŽle des travaux en prĂ©sence de plomb)[95]. À la suite de l'incendie de la cathĂ©drale Notre-Dame de Paris, l'Agence RĂ©gionale de SantĂ© (ARS) a fixĂ© ce seuil Ă  5 000 ÎŒg/m2[94].
      • 70 ÎŒg par m2 de poussiĂšre au sol (moyenne sur l'ensemble des piĂšces frĂ©quentĂ©es par les enfants) est le « seuil d'intervention rapide » retenu par l'ARS pour les crĂšches et les Ă©coles accueillant des enfants de moins de 7 ans (cf. Annexe 4 de l'instruction DGS/EA1/EA2/EA3/EA4/ 2016/283)[95]

Symbolique

  • Les noces de plomb symbolisent les 14 ans de mariage dans la tradition française.
  • Le plomb est le 5e niveau dans la progression de la Sarbacane sportive.
  • Le plomb symbolise la lourdeur, l'oppression : un sommeil de plomb, un soleil de plomb, une chape de plomb, un projet qui a du plomb dans l'aile.

Calendrier républicain

Notes et références

Notes

  1. Quand on parle d'élément léger ou lourd on fait en réalité référence au numéro atomique, qui pour l'essentiel va de pair avec la masse atomique. Le métal plomb n'est en revanche pas le corps simple le plus dense (c'est-à-dire de plus grande masse volumique), dépassé notamment, en ce sens, par l'osmium (dont le numéro atomique n'est que de 76).
  2. Un élément stable est un élément chimique dont au moins un isotope est stable.
  3. C'est en effet possible qu'une structure composite soit intrinsĂšquement plus stable que ses constituants ; on peut prendre par exemple un hydrocarbure incorporant du carbone 14 et du tritium : la molĂ©cule peut ĂȘtre plus stable que les atomes dont elle est constituĂ©e.
  4. Ces demi-vies prédites sont de :
    204Pb : 2,3 Ă— 1035 – 1,2 Ă— 1037 a
    206Pb : 1,8 Ă— 1065 – 6,7 Ă— 1068 a
    207Pb : 3,6 Ă— 10152 – 3,4 Ă— 10189 a
    208Pb : 1,2 Ă— 10124 – 7,4 Ă— 10132 a
  5. Les valeurs entre parenthÚses correspondent à une autre détermination de la grandeur physique.
  6. Le plomb terrestre contient naturellement du plomb 210 issu de la décomposition radioactive de l'uranium 238.
  7. La pĂ©riode radioactive du plomb 210 Ă©tant de 22,26 ans, un sĂ©jour au fond de la mer de 200 ans par exemple diminue sa proportion d'un facteur 507, et 2 000 ans d'un facteur 9 Ă— 1028.
  8. Pour plus de détails, consulter le site de l'International Lead and Zinc Study Group

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Voir aussi

Bibliographie

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  • Jonasson M. E. & Afshari R., « Historical documentation of lead toxicity prior to the 20th century in English literature », Human & experimental toxicology, 37(8), 2018, p. 775-788 (rĂ©sumĂ©).

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Articles connexes

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