Batterie au plomb
Une batterie au plomb est un accumulateur Ă©lectrochimique dont les Ă©lectrodes sont Ă base de plomb et l'Ă©lectrolyte est un mĂ©lange d'eau et d'acide sulfurique. Cette batterie est gĂ©nĂ©ralement constituĂ©e de plusieurs cellules en sĂ©rie, afin d'obtenir la tension dĂ©sirĂ©e, et rĂ©unies dans un mĂȘme boĂźtier. Les Ă©lectrodes sont des plaques ou grilles constituĂ©es d'un alliage de plomb dit "durci" (par exemple Ă l'aide d'Ă©tain, de cadmium et de strontium, Ă raison de quelques pour cent de l'alliage)[4].
Batterie au plomb | |
Batterie d'automobile (12 V, 40 Ah) | |
Caractéristiques | |
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Ănergie/Poids | 20-40 Wh/kg |
Ănergie/Volume | 40-100 Wh/â |
Rendement charge-dĂ©charge | 50â92[1] % |
Auto-dĂ©charge | 3â20 %/mois[2] |
Durée de vie | min. 4 à 5 ans[3] |
Nombre de cycles de charge | 500 Ă 1 200 |
Tension nominale par élément | 2,1 V |
Ce systÚme de « stockage » d'électricité est largement utilisé dans l'industrie, dans l'équipement des véhicules ferroviaires et automobiles (camions compris) mais aussi à chaque fois que l'on a besoin d'une énergie électrique immédiatement disponible (avion, satellite, etc.).
Historique
L'accumulateur au plomb a été inventé en 1854 par Wilhelm Josef Sinsteden. En 1859, le Français Gaston Planté a amélioré significativement l'accumulateur au plomb. Il a été en effet le premier à avoir mis au point la batterie rechargeable. à l'origine, les accumulateurs étaient situés dans des cuves en verre. Par la suite, on a systématisé l'emploi des cuves en plastique, qui résistent mieux aux chocs.
De nos jours, les batteries sans entretien se généralisent : cosses traitées anti-sulfatage, plaques au plomb-calcium, supprimant le besoin de refaire le niveau de liquide, et donc permettant le scellement.
Les batteries constituent aujourd'hui la principale utilisation du plomb. Cette technique simple et robuste est Ă©galement trĂšs compĂ©titive et reste Ă ce jour la principale technique pour les batteries de dĂ©marrage des vĂ©hicules. Ainsi, en 2010, les batteries au plomb reprĂ©sentaient plus de 99 % en tonnage des batteries utilisĂ©es dans lâautomobile[5].
En 2011, des chercheurs de lâuniversitĂ© d'Helsinki et d'Uppsala sont parvenus pour la premiĂšre fois Ă reproduire correctement Ă partir des principes premiers de la physique la tension nominale de 2,1 V qu'on observe pour l'accumulateur au plomb. La chimie classique, Ă elle seule, ne permettrait pas d'expliquer cette valeur. Selon eux, il faut inclure les effets de la relativitĂ© d'Einstein dans le calcul pour arriver Ă la valeur observĂ©e[6].
Caractéristiques techniques
Une batterie au plomb se caractérise essentiellement par :
- la tension nominale, U, qui dépend du nombre d'éléments, égale au nombre d'éléments multiplié par 2,1 V. Généralement, on considÚre qu'un accumulateur au plomb est déchargé lorsqu'il atteint la tension de 1,8 V par élément, donc une batterie de six éléments ou 12 V est déchargée lorsqu'elle atteint la tension de 10,8 V) ;
- la capacité de stockage, notée Q, représente la quantité d'électricité disponible (ne pas confondre avec la capacité électrique). Elle s'exprime en ampÚre-heures ;
- le courant maximal qu'elle peut fournir pendant trente secondes, capacitĂ© de dĂ©marrage Ă froid ou courant de crĂȘte, exprimĂ© en ampĂšres CCA (ampĂšres qu'elle peut dĂ©livrer Ă une tempĂ©rature de â17,78 °C[7].
Les valeurs maximales sont données par le constructeur pour une batterie neuve et chargée à 100 %, elles varient sensiblement en fonction de l'état de charge, se dégradent en fonction du temps ainsi que de l'usage qui est fait de la batterie.
Charge
La charge est une dismutation forcée, les réactions électrochimiques aux électrodes étant les suivantes :
Borne positive : | anode (oxydation) : | PbSO4 sol + 2 H2Oâliq | ⶠPbO2 sol + HSO4âaq + 3 H+aq + 2 eâ ; |
Borne nĂ©gative : | cathode (rĂ©duction) : | PbSO4 sol + H+aq + 2 eâ | ⶠPbâsol + HSO4âaq ; |
La rĂ©action globale peut ainsi ĂȘtre Ă©crite : | 2 PbSO4 sol + 2 H2Oâliq | ⶠPbâsol + PbO2 sol + 2 HSO4âaq + 2 H+aq. |
DĂ©charge
La décharge est une médiamutation spontanée, les réactions électrochimiques aux électrodes étant les suivantes :
Borne positive : | cathode (rĂ©duction) : | PbO2 sol + HSO4âaq + 3 H+aq + 2 eâ | ⶠPbSO4 sol + 2 H2Oâliq, | E0 2 = + 1,685 V ; |
Borne nĂ©gative : | anode (oxydation) : | Pbâsol + HSO4âaq | ⶠPbSO4 sol + H+aq + 2 eâ, | E0 1 = â 0,356 V ; |
La rĂ©action globale peut ainsi ĂȘtre Ă©crite : | PbO2 sol + Pbâsol + 2 HSO4âaq + 2 H+aq | ⶠ2 PbSO4 sol + 2 H2Oâliq. |
Performances
La batterie au plomb est celle qui a la plus faible Ă©nergie massique, 35 Wh/kg, aprĂšs la batterie nickel-fer. Mais comme elle est capable de fournir un courant crĂȘte de grande intensitĂ©, utile pour le dĂ©marrage Ă©lectrique des moteurs Ă combustion interne, elle est encore trĂšs utilisĂ©e en particulier dans les vĂ©hicules automobiles et dans la plupart des vĂ©hicules ferroviaires. Elle prĂ©sente aussi l'avantage de ne pas ĂȘtre sensible Ă l'effet mĂ©moire.
Utilisation
Les batteries au plomb peuvent ĂȘtre utilisĂ©es dans des applications mobiles (Ă bord de vĂ©hicules) ou stationnaires (pour alimenter des Ă©quipements fixes).
Dans le cas des applications mobiles, les batteries au plomb alimentent notamment les composants électriques des véhicules à moteur à combustion interne, particuliÚrement le démarreur électrique. Lorsque le moteur fonctionne, elle est rechargée par une dynamo ou un alternateur.
Historiquement, les batteries de voitures ou de motocyclettes faisaient le plus souvent 6 V (trois éléments). Depuis les années 1980, les batteries de 12 V (six éléments) sont généralisées sur les voitures et motocyclettes, alors que les véhicules lourds ou militaires utilisent le 24 V et finalement, les engins ferroviaires utilisent des groupes variant de 36 V en Suisse (deux batteries de 18 V en série), 72 V en France à 110 V dans la plupart des autres pays européens.
Les batteries au plomb sont également utilisées dans certains vehicules hybrides et électriques pour alimenter les équipements de bord du véhicule, indépendamment des batteries de traction qui sont quant à elles généralement de batteries lithium-ion.
Les batteries au plomb servent à alimenter toutes sortes de machines électriques, les équipements de sécurité et de mise en service ainsi que les éclairages de secours dans la plupart des trains. Elles sont principalement montées en groupes de six batteries de 12 V pour produire 72 V et sont redondantes en cas de panne d'un des deux groupes.
En application stationnaire, les batteries au plomb sont souvent utilisĂ©es dans des alarmes anti-intrusion, alarmes incendie ou Ă©clairages de sĂ©curitĂ© par phares (ou projeteurs) dans les grands bĂątiments (usines, salles de sport). En gĂ©nĂ©ral, elles peuvent ĂȘtre utilisĂ©es dans tout systĂšme qui a besoin d'une source d'alimentation de secours ayant besoin d'une bonne autonomie (12 Ă 48 heures) et oĂč le poids du plomb n'a pas d'importance. Pour ces usages, ce sont des batteries au « gel-plomb ». Elles prĂ©sentent une diffĂ©rence par rapport aux batteries au plomb classiques (pour automobiles) : l'acide est contenu dans un gel de silice, ce qui permet d'utiliser la batterie dans toutes les positions (la matiĂšre ne coule pas). Elles sont bien adaptĂ©es Ă une utilisation en intĂ©rieur (pas ou trĂšs peu de dĂ©gagements de gaz) et pour des dĂ©charges lentes (faible intensitĂ©) et profondes, contrairement aux batteries Ă acide liquide qui sont prĂ©vues pour de fortes intensitĂ©s et dĂ©charges partielles. Sur un vĂ©hicule, une fois le moteur dĂ©marrĂ©, la batterie est mise en charge aussitĂŽt par l'alternateur.
Ces batteries peuvent aussi servir Ă stocker de l'Ă©nergie produite par intermittence, comme l'Ă©nergie solaire ou Ă©olienne.
Inconvénients des batteries au plomb
Les batteries au plomb-acide ont donc été largement utilisées pendant de nombreuses années, cependant, elles ont également plusieurs inconvénients.
Tout d'abord, elles sont relativement lourdes et volumineuses, ce qui peut poser des problÚmes pour leur transport et leur stockage. Elles sont également coûteuses à produire, ce qui peut rendre leur utilisation coûteuse à long terme.
En outre, les batteries au plomb-acide sont sensibles aux fuites et peuvent ĂȘtre dangereuses si elles sont endommagĂ©es ou manipulĂ©es de maniĂšre inappropriĂ©e. Elles peuvent Ă©galement ĂȘtre nocives pour l'environnement, car elles contiennent du plomb, un mĂ©tal lourd qui peut ĂȘtre toxique pour les ĂȘtres humains et les animaux.
Enfin, ces batteries ont une durĂ©e de vie limitĂ©e et perdent de leur efficacitĂ© au fil du temps. Elles doivent ĂȘtre remplacĂ©es rĂ©guliĂšrement, ce qui peut ĂȘtre coĂ»teux et fastidieux.
Charge de la batterie
On charge une batterie au plomb en lui appliquant un courant continu d'une valeur quelconque (sous rĂ©serve de limites technologiques liĂ©es Ă la batterie elle-mĂȘme ou Ă ses connexions), pourvu qu'elle n'entraĂźne pas aux bornes de la batterie l'apparition d'une tension supĂ©rieure Ă 2,35 V par Ă©lĂ©ment (valeur Ă 25 °C).
L'application de cette rĂšgle conduit Ă constater dans la pratique deux phases de charge successives :
- La phase dite « CC » (Constant Current ou Courant Constant) au cours de laquelle la tension par élément est inférieure à 2,35 V malgré l'application du courant maximum dont est capable le chargeur : le courant est déterminé par le chargeur, et la tension par la batterie. La tension aux bornes de chaque élément augmente au fur et à mesure que la batterie se recharge ;
- La phase dite « CV » (Constant Voltage ou « TC » Tension Constante), dite aussi « phase d'absorption » commence dĂšs que la tension par Ă©lĂ©ment atteint la valeur de 2,35 V par Ă©lĂ©ment puisque l'application de la consigne ci-dessus conduit le chargeur (son systĂšme asservi le transformant en un gĂ©nĂ©rateur de tension) Ă ajuster le courant de telle sorte que la tension reste Ă©gale Ă 2,35 V par Ă©lĂ©ment alors que la batterie continue d'ĂȘtre chargĂ©e. Le courant au cours de cette phase est donc une fonction dĂ©croissante du temps. Il tend thĂ©oriquement vers 0 asymptotiquement.
En fin de charge, le courant en phase CV ne s'annule pas. Il se stabilise à une valeur faible mais non nulle qui n'accroßt plus l'état de charge mais électrolyse l'eau de l'électrolyte. On préconise donc d'interrompre la charge, ou, si l'on veut appliquer une charge permanente (dite d'entretien ou de « floating », afin de compenser le phénomÚne d'auto-décharge), de baisser la tension de consigne à une valeur de l'ordre de 2,3 V par élément.
La charge CC/CV s'est généralisée car elle seule permet de charger à fort courant (donc rapidement) sans endommager la batterie. Ce mode de charge est utilisé dans toutes les automobiles : en phase CC, le courant de charge dépend essentiellement de la vitesse de rotation de l'alternateur (et donc du moteur). En phase CV, la tension de consigne est maintenue par l'asservissement que constitue le régulateur de tension. Celui-ci diminue en effet le courant d'excitation de l'alternateur, de façon que le courant de sortie de l'alternateur n'ait jamais pour résultat une tension supérieure à 2,35 V par élément (avec une légÚre correction en fonction de la température).
Lorsque, dans le cas de chargeurs bon marché, on ne dispose pas d'un chargeur capable de limiter sa tension à la valeur de consigne correspondant à 2,35 V par élément, on recommande de limiter la valeur du courant de charge (en ampÚres) à , par exemple, 10 % de la valeur de la capacité de la batterie (en ampÚres-heure), afin de minimiser les conséquences dommageables du dépassement de tension qui risque de se produire en fin de charge (ainsi que les conséquences néfastes pour la durée de vie des électrodes).
La tension de 2,34 V par élément est appelée « Vgaz ». Elle correspond à la tension à laquelle l'électrolyte sous forme liquide, s'électrolyse (2 H2 + O2).
Une batterie ne doit jamais ĂȘtre dĂ©chargĂ©e Ă moins de 20 % de sa capacitĂ© nominale. La tension n'est pas une rĂ©fĂ©rence fiable dans le temps, puisque plus la batterie est ĂągĂ©e, plus la tension a tendance Ă baisser.
DĂ©charge de la batterie
Selon la loi de Peukert, plus on décharge vite une batterie, moins sa capacité est importante.
DĂ©gradation
Les principales causes de dégradation des batteries sont :
- la décharge complÚte ;
- le court-circuit ;
- le cyclage (nombre de cycles complets de charge-décharge) ;
- l'oxydation des Ă©lectrodes ;
- l'oxydation des bornes.
Sulfatation
La sulfatation reprĂ©sente l'accumulation de sulfate de plomb sur les Ă©lectrodes. Ce phĂ©nomĂšne apparait naturellement Ă chaque dĂ©charge de la batterie, et disparait lors d'une recharge. Cependant sous certaines conditions (dĂ©charge prolongĂ©e ou trop profonde, tempĂ©rature importante, gazĂ©ification de l'Ă©lectrolyte), des ilots stables de sulfate de plomb apparaissent et ne sont plus dissous lors de la charge. Le sulfate de plomb ainsi gĂ©nĂ©rĂ© diminue la capacitĂ© de la batterie en empĂȘchant les rĂ©actions sur l'Ă©lectrode par sa faible conductivitĂ© Ă©lectrique[8]. Le processus de sulfatation est interrompu dĂšs que la batterie est remise en charge.
Exemple : une batterie sulfatĂ©e de 1 000 CCA (courant de crĂȘte) Ă l'Ă©tat neuf, mais contrĂŽlĂ©e Ă 12 V et avec une puissance de 500 CCA, reprendra aprĂšs recharge une tension supĂ©rieure ou Ă©gale Ă 12,6 V mais la puissance mesurĂ©e de 500 CCA Ă©voluera peu. Une batterie dans cet Ă©tat ne permettra pas plusieurs dĂ©marrages consĂ©cutifs d'un vĂ©hicule automobile et pourra provoquer, par exemple, une panne immobilisante dĂšs les premiers froids.
DĂ©sulfatation
Il existe un moyen d'inverser le processus de sulfatation d'une batterie. Cela consiste en l'envoi d'impulsions électriques à la fréquence de résonance de la batterie (entre 2 et 6 MHz). Durant ce processus, les ions soufrés entrent en collision avec les plaques, ce qui a pour effet de dissoudre le sulfate de plomb qui les recouvre[9] - [10].
DĂ©charge complĂšte
Pour un vĂ©hicule automobile, la dĂ©charge complĂšte de la batterie intervient gĂ©nĂ©ralement lors d'une faible consommation pendant une durĂ©e prolongĂ©e (ex. : plafonniers), lors d'une utilisation frĂ©quente d'un vĂ©hicule pour de petits trajets (qui ne laisse pas le temps Ă la batterie pour ĂȘtre pleinement rechargĂ©e), lorsque l'alternateur ou tout autre partie du systĂšme Ă©lectrique est endommagĂ© ou par une consommation importante (ex. : feux de croisement, ventilation) avec le moteur Ă l'arrĂȘt[11] - [7]. La tension est alors trĂšs faible aux bornes de la batterie, infĂ©rieure Ă 10 V pour une batterie dont la tension nominale est de 12 V.
L'Ă©tat de la batterie d'une voiture peut ĂȘtre contrĂŽlĂ© avec un multimĂštre/voltmĂštre afin de vĂ©rifier la tension de la batterie au repos (tempĂ©rature extĂ©rieure au-dessus de 10 °C) :
- au-dessus de 12,6 V, la batterie est Ă son plein niveau ;
- entre 12 V et 12,3 V, elle n'est pas complÚtement chargée, mais n'est pas endommagée ;
- en dessous de 10,6 V, il y a de fortes chances qu'elle soit définitivement endommagée et il faudra la changer[11].
Pour les véhicules garés qui ne sont pas utilisés pendant de longues périodes, une rÚgle générale donne une décharge des batteries plomb-acide de l'ordre de 5 % par mois (auto-décharge). Cette rÚgle vaut à une température de 25 °C et la décharge est plus rapide par temps froid[11].
La batterie a besoin d'ĂȘtre rechargĂ©e rĂ©guliĂšrement pour ne pas ĂȘtre abimĂ©e par une dĂ©charge complĂšte et pour rester capable de faire dĂ©marrer le moteur, en roulant durant une trentaine de minutes s'avĂšre suffisant ou avec un chargeur[7].
Effet de la température sur la batterie
Le CCA de la batterie, le courant de crĂȘte, qui est donc la capacitĂ© de dĂ©marrage Ă froid, diminue avec la tempĂ©rature. En pĂ©riode hivernale, la batterie du vĂ©hicule perd prĂšs de 33% de sa puissance dĂšs que la tempĂ©rature descend en dessous de 0 °C et plus de 50 % en dessous de â18 °C[11].
C'est pourquoi une batterie sulfatée qui a déjà perdu une partie de son CCA initial, donnera des signes de faiblesse en hiver.
La puissance nécessaire pour la batterie dépend du type de moteur du véhicule : plus il est lourd et performant, plus il faudra de puissance au démarreur pour démarrer le moteur[6] - [11].
Chargeurs d'entretien
Des « chargeurs d'entretien de batteries » sont utiles, par exemple quand le moteur du véhicule fonctionne une fois par mois.
La plupart des batteries neuves ne sont que partiellement chargées. Une batterie neuve, qui n'est pas rechargée au préalable avec un chargeur adapté, peut subir une décharge complÚte si le véhicule n'est pas utilisé pour recharger la batterie (avec un nombre suffisant de kilomÚtres). Par exemple :
- les batteries sont rechargĂ©es au moyen de l'alternateur entraĂźnĂ© par le moteur, que le vĂ©hicule soit Ă l'arrĂȘt ou en mouvement ;
- l'installation d'une batterie (sans recharge), suivie d'un démarrage (pour test), suivie d'un long stationnement peut entraßner une décharge complÚte ;
- installation d'une batterie (sans recharge), démarrage suivi d'un nombre de kilomÚtres limité (la batterie n'est donc pas suffisamment rechargée), stationnement, démarrage suivi de nouveau d'un nombre de kilomÚtres limité⊠ainsi de suite jusqu'à décharge complÚte.
Les batteries en Ă©tat de dĂ©charge complĂšte doivent ĂȘtre rechargĂ©es dans un dĂ©lai maximum de 48 heures : au-delĂ , les dommages sont irrĂ©versibles. Une dĂ©sulfatation (assurĂ©e par certains modĂšles de chargeurs d'entretien) peut prolonger la durĂ©e de vie d'une batterie non complĂštement dĂ©chargĂ©e.
Cyclage
Les constructeurs de batteries indiquent leur durĂ©e de vie sous la forme d'un nombre de cycles normalisĂ©s de dĂ©charge/recharge. Ă l'issue d'un certain temps de fonctionnement dĂ©pendant du nombre et de l'amplitude des cycles, la batterie est usĂ©e : l'Ă©lectrolyte prĂ©sente un aspect noirĂątre. Exemple : l'utilisation rĂ©pĂ©tĂ©e du hayon Ă©lĂ©vateur motorisĂ© d'un camion quand son moteur est Ă l'arrĂȘt accĂ©lĂšre l'usure de la batterie du vĂ©hicule par cyclage.
Oxydation des Ă©lectrodes
L'oxydation est une cause de dysfonctionnement des batteries. Lorsque le niveau d'Ă©lectrolyte est trop bas, les plaques entrent au contact de l'air et s'oxydent. La puissance au dĂ©marrage est amputĂ©e, mĂȘme si le niveau d'Ă©lectrolyte est complĂ©tĂ©. Le manque d'Ă©lectrolyte peut venir d'une utilisation intensive (exemple : Ă©quipements auxiliaires), d'une tempĂ©rature extĂ©rieure importante (supĂ©rieure ou Ă©gale Ă 30 °C) ou d'une tension de charge trop Ă©levĂ©e.
Régénération
Les batteries plomb ouvert (chariots Ă©lĂ©vateurs, nacelles, etc.) ont une durĂ©e de vie limitĂ©e Ă environ 1 500 cycles. Lors du stockage et de la restitution de l'Ă©nergie au cours de cycles d'utilisation normaux, des cristaux de sulfate s'accumulent graduellement sur les Ă©lectrodes, empĂȘchant la batterie de fournir efficacement du courant. Les cristaux « Ă©touffent » en fait la batterie. MĂȘme une charge de dĂ©sulfatation n'empĂȘche pas toujours que l'on doive remplacer la batterie aprĂšs quelques annĂ©es.
Pour restaurer la capacitĂ© perdue dâune batterie plomb/acide, il faut forcer la dissolution de ces amas de cristaux de sulfate de plomb, qui ne se produit plus au cours du cycle de charge classique. On parle alors de rĂ©gĂ©nĂ©ration de la batterie, qui peut se faire via un procĂ©dĂ© utilisant des impulsions Ă©lectriques de fortes puissances, Ă une frĂ©quence donnĂ©e (typiquement quelques centaines de hertz). LâĂ©nergie de ces impulsions Ă©lectriques est transmise aux Ă©lectrodes. Les cristaux de PbSO4, qui ont une rĂ©sistance plus Ă©levĂ©e que la matiĂšre active (Pb / PbO2), vont entrer en rĂ©sonance sous lâeffet des impulsions. Le choc Ă©lectrique se transforme en choc mĂ©canique, ce qui amorce et facilite la dissolution des cristaux de sulfate de plomb dans lâĂ©lectrolyte. Ainsi, la surface active des Ă©lectrodes est rĂ©cupĂ©rĂ©e, et la capacitĂ© de la batterie augmente significativement. Les batteries ainsi traitĂ©es, recouvrent des fonctions d'emmagasinage et de conductivitĂ© Ă©lectrique proches de celles d'une batterie neuve. Ce procĂ©dĂ© est valable sur des batteries au plomb de type dĂ©marrage, stationnaire ou de traction.
Selon des estimations rĂ©centes, environ 80 % des batteries au plomb hors d'usage peuvent ĂȘtre rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©es. Il est cependant impossible de restaurer la plaque positive aprĂšs quatre ou cinq ans d'utilisation normale d'une batterie. En consĂ©quence une batterie de quelques mois peut effectivement ĂȘtre rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e et l'on peut atteindre le taux de 80 % de remise en Ă©tat de fonctionner, plus sa durĂ©e d'utilisation augmente dans le temps et moins cela est possible (la dĂ©gradation naturelle, due Ă la montĂ©e en tempĂ©rature de la batterie, est inĂ©vitable). Ce procĂ©dĂ© sâavĂšre efficace, et plusieurs rĂ©gĂ©nĂ©rateurs de batteries sont utilisĂ©s dans le commerce. A titre dâexemple, une batterie plomb/acide perd environ 50% de sa capacitĂ© au bout de 5 ans dâutilisation. Bien que dâautres problĂšmes puissent ĂȘtre la cause de ce vieillissement (corrosion des Ă©lectrodes, court-circuit interneâŠ), la raison principale de cette perte de capacitĂ© est trĂšs souvent la sulfatation dure. AprĂšs rĂ©gĂ©nĂ©ration, la capacitĂ© atteint des valeurs allant de 90% Ă 100% de la capacitĂ© nominale de la batterie[14].
Recyclage
En 2001, selon un rapport sénatorial sur les métaux lourds, chaque année, environ 7,5 millions de batteries automobiles étaient remplacées ou abandonnées, éventuellement dans la nature (soit 75 000 tonnes de plomb).
Le recyclage des batteries au plomb est rendu complexe par la prĂ©sence de matĂ©riaux trĂšs diffĂ©rents (plomb mĂ©tallique, pĂąte de plomb, solution dâacide sulfurique, polypropylĂšne) et par la dangerositĂ© de certains de ces composants. Ce recyclage sâeffectue le plus souvent en quatre Ă©tapes :
- broyage des batteries ;
- séparation des divers éléments ;
- fusion-rĂ©duction des pĂątes de plomb et du plomb mĂ©tallique afin dâobtenir du plomb mĂ©tallique brut non affinĂ© ;
- affinage du plomb mĂ©tallique et addition dâautres mĂ©taux pour obtenir des alliages de compositions bien dĂ©finies.
Le plomb affinĂ© est ensuite vendu sous la forme de lingots ou de blocs. Une fois lavĂ©, le polypropylĂšne broyĂ© est vendu Ă des recycleurs de matiĂšres plastiques. Le recyclage du plomb ainsi obtenu permet ensuite dâalimenter de nouveau les usines de fabrication de batteries. On estime dâailleurs au niveau mondial quâen 2011, 55 % de la production de plomb affinĂ© est issue de plomb recyclĂ©[15].
La capacitĂ© de traitement des usines françaises spĂ©cialisĂ©es dans cette activitĂ© est en adĂ©quation avec le gisement de batteries usagĂ©es collectĂ©es chaque annĂ©e en France. Le taux de collecte de la filiĂšre est dâailleurs rĂ©guliĂšrement supĂ©rieur Ă 100 % comme le rĂ©vĂšle le rapport annuel[16] de lâADEME. En outre, les performances de cette filiĂšre de recyclage rĂ©pondent bien au minimum de recyclage de 65 % en poids qui est fixĂ© rĂ©glementairement[17]. Les entreprises françaises spĂ©cialisĂ©es dans le recyclage des batteries au plomb sont Ă©galement strictement encadrĂ©es par la lĂ©gislation et font lâobjet de contrĂŽles rĂ©guliers de la part des directions rĂ©gionales de l'environnement, de l'amĂ©nagement et du logement (DREAL). Selon un rĂ©cent rapport du Blacksmith Institue l'industrie du recyclage des batteries au plomb est l'industrie la plus polluante par sa toxicitĂ©. Ă titre d'exemple, la pollution au plomb par l'entreprise Exide, aux Etats-Unis a coĂ»tĂ© des centaines de millions de dollars, rien que pour la dĂ©pollution des sols et des maisons de dizaines de milliers d'habitants vivant autour des usines recyclant les batteries.
Aspects environnementaux et santé humaine
Sâil est ingĂ©rĂ© ou respirĂ©, le plomb peut ĂȘtre la cause dâintoxications aigĂŒes ou chroniques. Il peut ĂȘtre Ă lâorigine de cas de saturnisme. Une bonne maĂźtrise des risques prĂ©sentĂ©s par les batteries au plomb usagĂ©es est donc indispensable et, parce quâil sâagit dâun dĂ©chet dangereux pour la santĂ© et pour lâenvironnement, ces batteries doivent ĂȘtre collectĂ©es et retraitĂ©es par des sociĂ©tĂ©s spĂ©cialisĂ©es. Afin de prĂ©venir les risques de pollution, les entreprises françaises ont lâobligation de mettre en place des procĂ©dĂ©s conformes aux meilleures techniques disponibles[18] et font lâobjet de contrĂŽles stricts et rĂ©guliers. Elles doivent Ă©galement garantir un niveau Ă©levĂ© de protection de leurs salariĂ©s. Cette protection passe par la formation aux risques liĂ©s au plomb et par lâutilisation systĂ©matique dâĂ©quipements de protection collective et individuelle. LâefficacitĂ© de ces mesures est rĂ©guliĂšrement vĂ©rifiĂ©e par la mesure de la plombĂ©mie des salariĂ©s.
Un dĂ©mantĂšlement rĂ©alisĂ© dans de mauvaises conditions peut engendrer des dĂ©cĂšs et une pollution durable. Câest ce quâa mis en Ă©vidence lâOrganisation mondiale de la santĂ© dans un quartier de Thiaroye-sur-mer (SĂ©nĂ©gal) oĂč une activitĂ© clandestine de recyclage sâĂ©tait mise en place pour alimenter un marchĂ© parallĂšle de batteries[19]. Dans ce quartier, des analyses ont rĂ©vĂ©lĂ© des taux de plomb allant jusquâĂ 1 000 ”g/l de sang chez certaines personnes, alors que des concentrations supĂ©rieures Ă 100 ”g/l peuvent altĂ©rer le dĂ©veloppement neurologique chez lâenfant.
Notes et références
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Régénération batteries plomb/acide » (voir la liste des auteurs).
- (en) A study of lead acide battery efficiancy [PDF], sur osti.gov
- (en) Generic battery technology comparison, sur madkatz.com (consulté le 6 juin 2013)
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- (en) Lead and Zinc Statistics, sur ilzsg.org (consulté le 24 octobre 2012)
- Rapport annuel, ADEME
- Décret no 2009-1139, transposant la directive européenne 2006/66/CE, sur legifrance.gouv.fr (consulté le 24 octobre 2012)
- BREF Métaux non ferreux « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive) [PDF], sur eippcb.jrc.es
- Saturnisme au Sénégal, 23 juin 2008, sur who.int (consulté le 23 octobre 2012)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Les batteries Acide-Plomb - GuidEnR photovoltaĂŻque
- L'accumulateur au plomb - Site des CM2 de l'école de Ceyreste, 2008 (expérience pour enfants en images)
- Batterie d'accumulateurs au plomb - Sitelec.org,
- Charge et décharge d'une batterie d'acumulateurs au plomb - Sitelec.org (animation) [flash]