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Prométhium

Le promĂ©thium (anciennement promĂ©thĂ©um puis promethium) est un Ă©lĂ©ment chimique, de symbole Pm et de numĂ©ro atomique 61. Avec le technĂ©tium, il est l'un des deux seuls Ă©lĂ©ments plus lĂ©gers que le bismuth Ă  n'avoir aucun isotope stable[alpha 1]. Ce lanthanide est prĂ©sent dans le milieu naturel Ă  l'Ă©tat de traces comme produit de fission spontanĂ©e de l'uranium 238 et de dĂ©sintĂ©gration α de l'europium 151 : ces deux sources entretiendraient une masse totale de promĂ©thium naturel sur Terre de 560 g et 12 g respectivement[5]. Il est notamment prĂ©sent dans le minerai d'uranium Ă  hauteur de g pour 1012 tonnes de pechblende[6]. On l'a identifiĂ© Ă©galement parmi les raies spectrales de l'Ă©toile HR 465 de la constellation d'AndromĂšde, et peut-ĂȘtre aussi dans celles de l'Ă©toile de Przybylski (HD 101065) et de l'Ă©toile HD 965[7].

Prométhium
Position dans le tableau périodique
Symbole Pm
Nom Prométhium
Numéro atomique 61
Groupe –
Période 6e période
Bloc Bloc f
Famille d'éléments Lanthanide
Configuration Ă©lectronique [Xe] 4f5 6s2
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 18, 23, 8, 2
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 145 u
Rayon atomique (calc) 185 pm (205 pm)
Rayon de covalence 199 pm[1]
État d’oxydation 3
ÉlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) 1,13
Oxyde Base
Énergies d’ionisation[2]
1re : 5,582 eV 2e : 10,90 eV
3e : 22,3 eV 4e : 41,1 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN PĂ©riode MD Ed PD
MeV
145Pm{syn.}17,7 ansΔ0,163145Nd
146Pm{syn.}5,53 ansΔ
ÎČ-
1,472
1,542
146Nd
146Sm
147Pmtraces
{syn.}
2,623 4 ansÎČ-0,224147Sm
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire solide
Masse volumique 7,264 g·cm-3 (25 °C)[3]
SystĂšme cristallin Hexagonal compact
Couleur blanc argenté
Point de fusion 1 042 °C[3]
Point d’ébullition 3 000 °C (estimation)[3]
Énergie de fusion 86,7 kJ·mol-1
Volume molaire 20,23×10-6 m3·mol-1
Chaleur massique 180 J·kg-1·K-1
Conductivité thermique 17,9 W·m-1·K-1
Divers
No CAS 7440-12-2[4]
No ECHA 100.028.292
No CE 231-121-9
Précautions
ÉlĂ©ment radioactif
Radioélément à activité notable

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Le nom de cet élément provient de Prométhée, un Titan de la mythologie grecque qui a volé le feu aux dieux.

Caractéristiques notables

Le promĂ©thium est un Ă©metteur de particules bĂȘta, il n'Ă©met pas de rayonnement gamma. On ne connaĂźt toujours pas bien les propriĂ©tĂ©s du promĂ©thium mĂ©tallique, mais deux formes allotropiques existent. Les sels de promĂ©thium, par exemple le mĂ©lange de 147Pm2O et de ZnS/Cu2+, sont faiblement luminescents dans le noir avec une lueur bleue ou verte causĂ©e par leur haute radioactivitĂ©.

Isotopes

Le promĂ©thium ne possĂšde pas d'isotope stable. Le radioisotope le plus stable, le promĂ©thium 145, a une pĂ©riode radioactive d'environ 17,7 annĂ©es.

Applications

Un échantillon de chlorure de promethium (III), utilisé comme source luminescente.

L'élément ne possÚde pas d'autre application courante que les composés luminescents du fait de sa radioactivité. Il a également été utilisé comme source de chaleur dans le cadre du Systems Nuclear Auxiliary Powers et dans des stimulateurs cardiaques[8]. Son usage en tant que source potentielle de rayons X portable est présentement à l'étude[9] - [10].

Histoire

Prédiction

L'existence du prométhium a d'abord été prédite par Bohuslav Brauner en 1902[11]. Au cours de ses recherches sur les propriétés chimiques des terres rares, Il trouve des différences entre le néodyme et le samarium plus fortes qu'entre d'autres lanthanides voisins[11]. Cette prédiction a été soutenue en 1914 par Henry Moseley qui, ayant découvert que le numéro atomique est une propriété des éléments expérimentalement mesurable, a constaté qu'aucun élément connu n'avait le numéro atomique 61[12]. Avec la connaissance de cette lacune dans le tableau périodique des éléments, plusieurs groupes ont commencé à rechercher l'élément 61 parmi les autres terres rares dans le milieu naturel[12].

Florentium et illinium

La premiÚre déclaration d'une découverte a été publiée par les scientifiques italiens Luigi Rolla et Lorenzo de Florence Fernandes. AprÚs la séparation d'un concentré de nitrate de didyme issu de monazite brésilienne par cristallisation fractionnée, ils obtiennent une solution contenant principalement du samarium. Cette solution donne un spectre en rayons X attribué au samarium et à l'élément 61. En l'honneur de leur ville, ils nomment l'élément 61 florentium. Les résultats ont été publiés en 1926, mais les scientifiques ont déclaré que les expériences avaient été effectuées en 1924[13] - [14] - [15] - [16] - [17] - [18].

Également en 1926, un groupe de scientifiques de l'UniversitĂ© de l'Illinois Ă  Urbana-Champaign, Smith Hopkins et Len Yntema publient la dĂ©couverte de l'Ă©lĂ©ment 61. Ils l'appellent illinium (Il[19]), d'aprĂšs le nom de leur universitĂ©[20] - [21] - [22].

Ces deux dĂ©couvertes sont maintenant connues pour ĂȘtre erronĂ©es car il n'y a pas d'isotopes stables ou de longue demi-vie du promĂ©thium, il n'y en avait donc pas Ă  trouver dans ces sources.

Cyclonium

En 1941, J. B. Kurbatov H. B. Law, M. L. Pool et L. L. Quill annoncent la découverte de deux isotopes de l'élément 61 à partir du bombardement d'une cible de samarium avec des protons et des deutérons. Ils renomment l'élément cyclonium (Cy). Cependant, l'isolation de l'élément n'a pas été réalisée et son spectre n'a pas été déterminé, si bien qu'il n'existe pas d'indices directs de l'existence du cyclonium[23].

Véritable prométhium

Le prométhium a été produit et caractérisé pour la premiÚre fois en 1945, à l'Oak Ridge National Laboratory (ORNL), Tennessee, par Jacob A. Marinsky, Lawrence E. Glendenin et Charles D. Coryell en séparant et analysant les produits de fission de l'uranium irradié dans un réacteur graphite X-10. Cependant, étant trop occupés par les recherches militaires liées à la Seconde Guerre mondiale, ils n'annoncent leur découverte qu'en 1947[24]. Le nom prométhium est dérivé de Prométhée, un Titan de la mythologie grecque, qui vola le feu de l'Olympe et l'offrit à l'humanité. Ce nom a été suggéré par Grace Marie Coryell, l'épouse de Charles Coryell, qui estima qu'ils avaient volé le feu aux dieux.

En 1963, des techniques d'échange d'ions sont utilisées à l'ORNL pour préparer une dizaine de grammes de prométhéum à partir des déchets de réacteurs nucléaires[25] - [26].

Aujourd'hui, en 2012, le promĂ©thium est encore rĂ©cupĂ©rĂ© comme sous-produit de fission de l'uranium. Il peut ĂȘtre Ă©galement obtenu en bombardant du nĂ©odyme 146, 146Nd, avec des neutrons ce qui le transforme en 147Nd qui se dĂ©sintĂšgre par Ă©mission ÎČ− , avec une demi-vie de 11 jours, en promĂ©thium 147, 147Pm.

Influences culturelles

  • Une substance appelĂ©e PromĂ©thium est utilisĂ©e dans l'univers fictif du jeu de figurines Warhammer 40,000 et fait office de carburant extrĂȘmement inflammable.
  • PromĂ©thium est le nom de la reine de l'Empire MĂ©canique dans l'univers de Leiji Matsumoto. Elle apparait dans la sĂ©rie Galaxy Express 999.
  • L'Ă©lĂ©ment 61 est l'enjeu du roman "Lost Temple" de Tom Harper (Arrow Books, 2007).
  • Dans le MMORPG Runescape, un mĂ©tal du nom de promĂ©thium peut ĂȘtre retrouvĂ©.
  • Dans la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e amĂ©ricaine Terra Nova, les disques durs sont Ă  base de promĂ©thium, mĂ©tal en pĂ©nurie [27].
  • Dans la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e amĂ©ricaine The Flash (saison 2 - Ă©pisode 15) le mĂ©ta-humain King Shark est Ă©vacuĂ© via un conteneur en promĂ©thium, mĂ©tal rĂ©putĂ© impĂ©nĂ©trable.
  • Dans la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e amĂ©ricaine Supergirl (saison 2 - Ă©pisode 2) les parties bioniques du cyborg Metallo sont faites de Promethium Ă©puisĂ©, ce mĂ©tal Ă©tant trĂšs instable il est capable de gĂ©nĂ©rer et d'absorber des quantitĂ©s d'Ă©nergie presque illimitĂ©es.
  • Dans le jeu en ligne Forge of Empires, le promĂ©thium est la ressource spĂ©ciale du Futur Arctique ; on l'obtient quasi seulement en lançant une expĂ©dition dans le Nord. Elle est impossible Ă  produire ou Ă  Ă©changer sur le marchĂ©.
  • Dans la sĂ©rie Stranger Things, le promethium est le nom du composĂ© que Dustin pense avoir trouvĂ© dans la base russe situĂ©e sous le centre commercial.
  • PromĂ©thium est le titre d'une bande dessinĂ©e crĂ©Ă© par SĂ©verine de la Croix, Guillaume Pitron et JĂ©rĂŽme Lavoix. La bande dessinĂ©e est librement adaptĂ©e du livre "La Guerre des mĂ©taux rares" par Guillaume Pitron.

Notes et références

Notes

  1. Le bismuth est l'élément primordial le plus léger à n'avoir aucun isotope stable.

Références

  1. (en) Beatriz Cordero, VerĂłnica GĂłmez, Ana E. Platero-Prats, Marc RevĂ©s, Jorge EcheverrĂ­a, Eduard Cremades, Flavia BarragĂĄn et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,‎ , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
  2. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC, , 89e Ă©d., p. 10-203
  3. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0)
  4. Base de données Chemical Abstracts interrogée via SciFinder Web le 15 décembre 2009 (résultats de la recherche)
  5. (en) P. Belli, R. Bernabei, F. Cappella, R. Cerulli, C.J. Dai, F.A. Danevich, A. d’Angelo, A. Incicchitti, V.V. Kobychev, S.S. Nagorny, S. Nisi, F. Nozzoli, D. Prosperi, V.I. Tretyak, S.S. Yurchenko, « Search for α decay of natural Europium », Nuclear Physics A, vol. 789,‎ , p. 15-29 (DOI 10.1016/j.nuclphysa.2007.03.001)
  6. (en) Moses, Jr. Attrep, « Promethium in pitchblende », Journal of Inorganic and Nuclear Chemistry, vol. 30, no 3,‎ , p. 699-703 (DOI 10.1016/0022-1902(68)80427-0)
  7. (en) C. R. Cowley, W. P. Bidelman, S. Hubrig, G. Mathys, and D. J. Bord, « On the possible presence of promethium in the spectra of HD 101065 (Przybylski's star) and HD 965 », Astronomy & Astrophysics, vol. 419,‎ , p. 1087-1093 (DOI 10.1051/0004-6361:20035726)
  8. (en) Jacob A. Marinsky, Episodes from the History of the Rare Earth Elements, Springer Netherlands, coll. « Chemists and Chemistry », (ISBN 978-94-010-6614-3 et 9789400902879, DOI 10.1007/978-94-009-0287-9_6, lire en ligne), p. 104.
  9. Albert Stwertka, A Guide to the Elements, Oxford University Press, USA, , 246 p. (ISBN 978-0-19-515026-1, lire en ligne)
  10. J. O. Karttunen et D. J. Henderson, « An Improved Portable Fluorescent X-Ray Instrument Using Radioisotope Excitation Sources. », Analytical Chemistry, vol. 37, no 2,‎ , p. 307–309 (ISSN 0003-2700, DOI 10.1021/ac60221a045, lire en ligne)
  11. (en) Michael Laing, « A Revised Periodic Table: With the Lanthanides Repositioned », Foundations of Chemistry, vol. 7, no 3,‎ , p. 203–233 (DOI 10.1007/s10698-004-5959-9).
  12. American Chemical Society, "Separation of Rare Earth Elements".
  13. (en) Luigi Rolla et Lorenzo Fernandes, « Über das Element der Atomnummer 61 », Zeitschrift fĂŒr anorganische und allgemeine Chemie, vol. 157,‎ , p. 371 (DOI 10.1002/zaac.19261570129).
  14. (en) Noyes, W. A., « Florentium or Illinium? », Nature, vol. 120, no 3009,‎ , p. 14 (DOI 10.1038/120014c0, Bibcode 1927Natur.120...14N).
  15. (en) Rolla, L. et L. Fernandes, « Florentium or Illinium? », Nature, vol. 119, no 3000,‎ , p. 637 (DOI 10.1038/119637a0, Bibcode 1927Natur.119..637R).
  16. (en) Rolla, Luigi et Lorenzo Fernandes, « Florentium. II », Zeitschrift fĂŒr anorganische und allgemeine Chemie, vol. 169,‎ , p. 319 (DOI 10.1002/zaac.19281690128).
  17. (en) Rolla, Luigi et Lorenzo Fernandes, « Florentium », Zeitschrift fĂŒr anorganische und allgemeine Chemie, vol. 163,‎ , p. 40 (DOI 10.1002/zaac.19271630104).
  18. (en) Rolla, Luigi et Lorenzo Fernandes, « Über Das Element der Atomnummer 61 (Florentium) », Zeitschrift fĂŒr anorganische und allgemeine Chemie, vol. 160,‎ , p. 190 (DOI 10.1002/zaac.19271600119).
  19. (en) Marco Fontani, Mariagrazia Costa et Mary Virginia Orna, The Lost Elements : The Periodic Table's Shadow Side, New York, Oxford University Press, (1re Ă©d. 2014), 531 p. (ISBN 9780199383344), p. 295.
  20. (en) Harris, J. A., L. F. Yntema et B. S. Hopkins, « The Element of Atomic Number 61; Illinium », Nature, vol. 117, no 2953,‎ , p. 792 (DOI 10.1038/117792a0, Bibcode 1926Natur.117..792H).
  21. (en) Brauner, BOHUSLAV, « The New Element of Atomic Number 61: Illinium », Nature, vol. 118, no 2959,‎ , p. 84 (DOI 10.1038/118084b0, Bibcode 1926Natur.118...84B).
  22. (en) Meyer, R. J., G. Schumacher et A. Kotowski, « Über das Element 61 (Illinium) », Naturwissenschaften, vol. 14, no 33,‎ , p. 771 (DOI 10.1007/BF01490264, Bibcode 1926NW.....14..771M).
  23. (en) Marco Fontani, Mariagrazia Costa et Mary Virginia Orna, The Lost Elements : The Periodic Table's Shadow Side, New York, Oxford University Press, (1re Ă©d. 2014), 531 p. (ISBN 9780199383344), p. 302-303.
  24. (en) « Discovery of Promethium », ORNL Review, vol. 36, no 1,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  25. (en) Lee, Chung-Sin, Yun-Ming Wang, Wu-Long Cheng et Gann Ting, « Chemical study on the separation and purification of promethium-147 », Journal of Radioanalytical and Nuclear Chemistry Articles, vol. 130,‎ , p. 21 (DOI 10.1007/BF02037697).
  26. (en) « Ion exchange purification of promethium-147 and its separation from americium-241, with diethylenetriaminepenta-acetic acid as the eluant » [archive du ].
  27. Terra Nova Saison 1, Ă©pisode 11

Voir aussi

Liens externes



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