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Vanadium

Le vanadium est l'élément chimique de numéro atomique 23, de symbole V.

Vanadium
Image illustrative de l’article Vanadium
Fragments constitués de vanadium.
Position dans le tableau périodique
Symbole V
Nom Vanadium
Numéro atomique 23
Groupe 5
Période 4e période
Bloc Bloc d
Famille d'éléments Métal de transition
Configuration Ă©lectronique [Ar] 3d3 4s2
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 11, 2
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 50,941 5 ± 0,000 1 u[1]
Rayon atomique (calc) 135 pm (171 pm)
Rayon de covalence 153 ± 8 pm[2]
État d’oxydation 5, 3
ÉlectronĂ©gativitĂ© (Pauling) 1,63
Oxyde AmphotĂšre
Énergies d’ionisation[1]
1re : 6,746 19 eV 2e : 14,618 eV
3e : 29,311 eV 4e : 46,709 eV
5e : 65,281 7 eV 6e : 128,13 eV
7e : 150,6 eV 8e : 173,4 eV
9e : 205,8 eV 10e : 230,5 eV
11e : 255,7 eV 12e : 308,1 eV
13e : 336,277 eV 14e : 896,0 eV
15e : 976 eV 16e : 1 060 eV
17e : 1 168 eV 18e : 1 260 eV
19e : 1 355 eV 20e : 1 486 eV
21e : 1 569,6 eV 22e : 6 851,3 eV
23e : 7 246,12 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN PĂ©riode MD Ed PD
MeV
48V{syn.}15,973 5 jΔ4,01248Ti
49V{syn.}330 jΔ0,60249Ti
50V0,25 %150×1015 aΔ
ÎČ-
2,208
1,037
50Ti
50Cr
51V99,75 %stable avec 28 neutrons
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire solide
Masse volumique 6,0 g·cm-3 (18,7 °C)[1]
SystÚme cristallin Cubique centré
Dureté (Mohs) 7
Couleur Blanc argenté
Point de fusion 1 910 °C[1]
Point d’ébullition 3 407 °C[1]
Énergie de fusion 20,9 kJ·mol-1
Énergie de vaporisation 452 kJ·mol-1
Volume molaire 8,32×10-6 m3·mol-1
Pression de vapeur 3,06 Pa Ă  1 659,85 °C
Vitesse du son 4 560 m·s-1 Ă  20 °C
Chaleur massique 490 J·kg-1·K-1
ConductivitĂ© Ă©lectrique 4,89×106 S·m-1
Conductivité thermique 30,7 W·m-1·K-1
Divers
No CAS 7440-62-2
No ECHA 100.028.337
No CE 231-171-1
Précautions
SGH[3]
SGH02 : InflammableSGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotique
Danger
H228, H315, H319, H335, P210, P241, P302, P305, P338, P351, P352, P405 et P501
SIMDUT[4]

Produit non classé
Transport
-

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

C'est un métal rare, dur et ductile que l'on trouve dans certains minerais. Il est principalement utilisé dans les alliages.

Isotopes

Le vanadium possĂšde 26 isotopes connus de nombre de masse variant entre 40 et 65, et cinq isomĂšres nuclĂ©aires. Seul l'un de ces isotopes est stable, 51V, et reprĂ©sente 99,75 % du vanadium existant, les 0,25 % restants Ă©tant constituĂ©s de 50V, un radioisotope naturel avec une demi-vie particuliĂšrement longue de 1,5×1017 annĂ©es (soit 10 millions de fois l'Ăąge de l'univers). De ce fait, le vanadium est un Ă©lĂ©ment monoisotopique, mais pas un Ă©lĂ©ment mononuclĂ©idique. Sa masse atomique standard est de 50,941 5(1) u, trĂšs proche de la masse isotopique de 51V.

Le vanadium dans la nature est formé de 2 isotopes :

  • l'isotope 50 Ă  0,24 %, trĂšs faiblement radioactif dĂ» Ă  sa demi-vie extrĂȘmement longue de 1,5×1017 ans ;
  • et l'isotope 51 Ă  99,76 %, stable.

Caractéristiques notables

Deux lingots de vanadium, Ă  cristaux macroscopiques.
Les différents états d'oxydation du vanadium. De gauche à droite : [V(H2O)6]2+ (violet), [V(H2O)6]3+ (vert), [VO(H2O)5]2+ (bleu) and [VO(H2O)5]3+ (jaune).

Le vanadium est un métal blanc, brillant, dur et ductile. Il possÚde une bonne résistance à la corrosion par les composés alcalins, ainsi qu'aux acides chlorhydrique et sulfurique. Il s'oxyde rapidement à environ 660 °C. Le vanadium possÚde une bonne force structurelle ainsi qu'une faible section efficace d'interaction avec les neutrons de fission, ce qui le rend utile dans les applications nucléaires. C'est un métal qui présente à la fois des caractéristiques acide et basique.

Les états d'oxydation communs du vanadium sont +2, +3, +4 et +5. Une expérience consistant à réduire du vanadate d'ammonium par du zinc métallique permet de démontrer par calorimétrie les quatre états d'oxydation du vanadium.
Un Ă©tat d'oxydation +1 existe aussi, mais il est plus rare.

Utilisations

Environ 80 % du vanadium produit est utilisé dans le ferro-vanadium et comme additif dans certains aciers. Autres utilisations :

  • Le pentoxyde de vanadium (V2O5) est utilisĂ© dans les cĂ©ramiques et comme catalyseur ; c'est aussi un des responsables de la corrosion chaude par des gaz (fluxage).
  • Le vanadium est utilisĂ© pour stocker l'Ă©nergie Ă©lectrique dans des batteries Ă  flux, encore peu rĂ©pandues et en cours de dĂ©veloppement[5] (2007).
  • Le vanadium est utilisĂ© dans certains alliages d'acier inoxydable (ex : acier chirurgical).
  • MĂ©langĂ© Ă  l'aluminium et au titane on l'utilise dans la fabrication des moteurs de jet et de dispositifs mĂ©dicaux (ex : implants orthopĂ©diques).
  • Des composĂ©s de vanadium sont utilisĂ©s comme catalyseurs pour la synthĂšse de l'acide sulfurique, de l'anhydride malĂ©ique, de 2,5-diformylfurane[6], gas de synthĂšse[7] ou de l'acide acrylique[8] - [9] - [10] - [11].
  • Le vanadate de bismuth peut ĂȘtre utilisĂ© pour la synthĂšse Ă©lectrocatalytique de peroxyde d'hydrogĂšne[12], tandis que l'oxyde de vanadium pour le dĂ©gagement Ă©lectrolytique d'hydrogĂšne Ă  partir d'Ă©lectrolytes contenant un halogĂšne[13].
  • On le trouve dans le pigment bleu vanadium.

Histoire

Le nom vanadium vient de Vanadis, « DĂ­s des Vanir », autre nom de Freyja, dĂ©esse scandinave de la beautĂ©, car celui-ci prĂ©sente des composĂ©s chimiques trĂšs colorĂ©s. Il a Ă©tĂ© dĂ©couvert par AndrĂ©s Manuel del RĂ­o, un minĂ©ralogiste espagnol, Ă  Mexico en 1801. Il le baptisa alors « plomb brun » (maintenant appelĂ© vanadinite). Lors de ses expĂ©riences, il dĂ©couvrit que cette couleur provenait de traces de chrome, et renomma alors l'Ă©lĂ©ment panchromium. Il le rebaptisa encore une fois plus tard Ă©rythronium, car la plupart des sels devenaient rouges lorsqu'ils Ă©taient chauffĂ©s. Le chimiste français Hippolyte-Victor Collet-Descotils dĂ©clara alors que le nouvel Ă©lĂ©ment de del Rio n'Ă©tait que du chrome impur, et le baron Alexander von Humboldt, ami de del Rio, fut du mĂȘme avis. Del Rio se rangea lui-mĂȘme Ă  leurs conclusions.

En 1831, un SuĂ©dois, du nom de Nils Gabriel Sefström, redĂ©couvrit le vanadium dans de nouveaux oxydes qu'il trouva en travaillant sur des minerais de fer. Plus tard la mĂȘme annĂ©e, Friedrich Wöhler confirma les travaux de Del Rio.

Le vanadium métallique fut isolé par Henry Enfield Roscoe en 1867. Celui-ci réduisit du chlorure de vanadium (VCl3) avec du dihydrogÚne.

Cependant, l'usage empirique du vanadium en mĂ©tallurgie est bien plus ancien, puisqu'il remonte au Moyen Âge. Ce mĂ©tal est en effet nĂ©cessaire, sous forme de traces, Ă  l'obtention au sein de l'acier martelĂ© des cĂ©lĂšbres motifs qui ont fait la renommĂ©e des lames dites « de Damas ». Des concentrations descendant jusqu'Ă  seulement 0,003 pour cent en volume se sont rĂ©vĂ©lĂ©es suffisantes pour induire le processus d'agrĂ©gation du carbone en feuillets. C'est cette structure en feuillets qui permet d'obtenir lors du forgeage, par enlĂšvement judicieux de matiĂšre, les motifs tels que « roses » et « Ă©chelles de Mahomet ». On pense que cet apport fortuit en vanadium provenait des cendres de vĂ©gĂ©taux utilisĂ©s lors du processus de fonte des lingots de fer. La rarĂ©faction des gisements utilisĂ©s, ou le changement des mĂ©thodes de fonte, conduisirent apparemment, il y a plus de deux siĂšcles, Ă  l'arrĂȘt de cet apport. Sans qu'ils puissent en connaĂźtre la cause, les maĂźtres forgerons ne purent plus induire les motifs de damasquinage dans leurs lames, et le secret involontaire de leur fabrication fut donc perdu. Il ne fut redĂ©couvert que rĂ©cemment, Ă  la suite d'Ă©tudes mĂ©tallurgiques et de travaux de forge poussĂ©s[14].

RĂŽle biologique

À faible dose, le vanadium est un oligoĂ©lĂ©ment et un composant essentiel de certaines enzymes.

Son rÎle d'oligoélément a été démontré chez les rats et les poulets qui en ont besoin d'une quantité infinitésimale pour éviter certaines déficiences dans la croissance et la reproduction. Au début des années 2000, il n'était pas encore démontré chez l'Homme[15], mais en 2017 son rÎle d'oligoélément semble faire consensus pour l'Homme également. Récemment Panchal & al. ont estimé qu'il était utile, avec un cocktail d'autres éléments (à trÚs faibles doses) pour éviter le syndrome métabolique[16].

Possible médicament contre le diabÚte et/ou le cancer

  • MĂ©dicament antidiabĂšte ? Le vanadium a Ă©tĂ© trĂšs Ă©tudiĂ© durant une trentaine d'annĂ©es et particuliĂšrement dans les annĂ©es 1990 dans l'espoir de l'utiliser contre le diabĂšte car le vanadate et le vanadyle de vanadium montraient des propriĂ©tĂ©s insulino-sensibilisantes supĂ©rieures Ă  celles des sulfonyl-urĂ©es et de la metformine, avec des effets indĂ©sirables alors supposĂ©s minimes (aux doses et durĂ©es de traitement qui Ă©taient proposĂ©es). Cependant les effets positifs constatĂ©s lors de traitements courts Ă©taient contrebalancĂ©s par la toxicitĂ© croissante du vanadium accumulĂ© dans l'organisme en cas de traitement sur le temps long (nĂ©cessaire dans le cas du diabĂšte)[17].
    Selon une revue d'étude récemment publiée (2016), cette piste de recherche est maintenant abandonnée, et n'est plus qu'une « curiosité scientifique » pour l'histoire des sciences et celle de la médecine[17].
  • MĂ©dicament de chimiothĂ©rapie ? Presque toutes les Ă©tudes sur sa possible cancĂ©rogĂ©nicitĂ© (faites dans les annĂ©es 1980-1990 sur diffĂ©rents types de cellules) ont conclu que les sels de vanadium sont des cancĂ©rigĂšnes potentiels[18] - [19] - [20] - [21] - [22]. Il prĂ©sente aussi des effets mutagĂšne potentiels au moins en partie induit par l'espĂšce d'oxygĂšne rĂ©actif dĂ©rivĂ©e du vanadium dans la cellule.
    Mais d'autres mĂ©taux ou mĂ©talloĂŻdes cancĂ©rigĂšnes sont utilisĂ©s en chimiothĂ©rapie. La toxicitĂ© cellulaire et les actions biochimiques de certains sels de vanadium en ont fait des candidats mĂ©dicaments pour la prĂ©vention du dĂ©veloppement de certaines tumeurs et/ou cancers (car en laboratoire ils ont pu limiter le phĂ©nomĂšne de carcinogenĂšse induite par des produits chimiques cancĂ©rigĂšnes sur les animaux). Ces composĂ©s semblent agir en modifiant l'activitĂ© de diverses enzymes xĂ©nobiotiques en inhibant certains mĂ©tabolites actifs dĂ©rivĂ©s de composĂ©s carcinogĂšnes. Plus prĂ©cisĂ©ment ces composĂ©s inhiberaient les Tyrosine phosphatases dans la cellule et/ou leur activation, ce qui dans les deux cas conduit Ă  activer des voies de transduction du signal se concluant par l'apoptose voire Ă  l'activation de gĂšnes dits « suppresseurs de tumeurs »[15]. Certains composĂ©s du vanadium stoppent aussi le cycle cellulaire et/ou la cytotoxicitĂ© par clivage et fragmentation de l'ADN et lipoperoxydation de la membrane plasmique[15]. Une inhibition du potentiel mĂ©tastatique des cellules cancĂ©reuses pourrait ĂȘtre induit par une modulation par le vanadium de molĂ©cules adhĂ©sives cellulaires ; il diminuerait aussi la rĂ©sistance aux mĂ©dicaments antinĂ©oplasiques. Dans une chimiothĂ©rapie, il se montre moins toxique que d'autres mĂ©taux ou agent antitumoraux organiques[15].

En tant qu'élément naturel, il n'est pas brevetable.

Contamination environnementale, présence dans l'environnement

Le vanadium est trĂšs faiblement prĂ©sent en solution dans l’ocĂ©an (de 1 Ă  3 ÎŒg/L) ; par exemple 1,22 ÎŒg/L en moyenne dans l'eau du fond du Golfe du Saint-Laurent et 1,19 ÎŒg/L en Atlantique Nord ou de 1,2 Ă  1,8 ÎŒg/L en mer des Sargasses, 1,53 Ă  2,03 ÎŒg/L dans le Pacifique. Il a rarement Ă©tĂ© mesurĂ© sur la frange littorale, mais quelques Ă©tudes ont trouvĂ© des taux variant de 0,61 ÎŒg.l−1 Ă  7,1 ÎŒg.l−1 sur le littoral de la Mer Noire[23].

Dans l'air ou dans l'eau, il provient essentiellement des Ă©missions volcaniques, de l'Ă©rosion des sols et roches ou de sources anthropiques telles que les effluents des usines produisant l'oxyde de titane qui en contiennent beaucoup (ex. : 317 t/an apportĂ© par la Seine en Baie de Seine). Dans le monde, les fleuves en introduiraient ainsi 312 000 t/an dans l'ocĂ©an[23].

La pollution de l'air par la combustion d'hydrocarbures pĂ©troliers en est une autre source ; le pĂ©trole brut koweĂŻtien ou d’Arabie saoudite en renferme par exemple de 29 Ă  60 mg par kg de pĂ©trole, soit un apport de 12 000 Ă  24 000 t/an dont 10 Ă  15 % rejoignent la mer via les pluies). Plus de la moitiĂ© (53 %) de tout le vanadium de l'air serait ainsi d'origine anthropique[23].

La pollution des sols et de l'eau est aussi localement en grande partie anthropique ; c'est le cas dans certaines régions industrielles, miniÚres ou pétrolifÚres du monde. Là une grande partie du vanadium trouvé dans l'eau et les écosystÚmes provient des hydrocarbures. Les cokes de pétrole qui ont concentré le vanadium lors du raffinage en libÚrent dans l'eau (par lixiviation) à des taux écotoxicologiquement préocupants[24] (seuil de toxicité environnementale atteinte). C'est le cas dans les régions d'exploitation des sables bitumineux, notamment dans la région de l'Athabasca (Alberta, Canada) qui contiennent des quantités significaties de vanadium. Dans cette région ont récemment (2017) étudiés le phytoplancton et le zooplancton ; Schiffer & Liber ont montré que le vanadium dans les eaux de surface a atteint les seuils de toxicité pour le phytoplancton et plus encore le zooplancton (qui y est plus sensible)[24]. Or ces deux catégories d'organismes forment la base de la chaine alimentaire des milieux aquatiques et du réseau trophique.

Imprégnation des populations humaines

En 2018 en France le « Volet périnatal » du programme national de biosurveillance a publié une évaluation de l'imprégnation des femmes enceintes pour le vanadium (et 12 autres métaux ou métalloïdes ainsi que quelques polluants organiques)[25].
Le dosage urinaire du vanadium a Ă©tĂ© fait dans les urines de 990 femmes enceintes au moment de leur arrivĂ©e Ă  la maternitĂ©. Elles faisaient toutes partie de la « Cohorte Elfe », un pannel ne comprenant que des femmes ayant accouchĂ© en France en 2011 hors Corse et TOM[25]. 96 % de ces 990 femmes prĂ©sentaient une quantitĂ© dĂ©tectable de vanadium dans leurs urines ; et la concentration urinaire moyenne (moyenne gĂ©omĂ©trique) de vanadium Ă©tait : 0,28 ÎŒg/L (0,38 ÎŒg/g de crĂ©atinine)[25]. Peu d'autres rĂ©fĂ©rences scientifiques permettent des comparaisons, mais les auteurs notent que ces taux sont plus bas que ceux dĂ©jĂ  observĂ©s en France au sein de la population gĂ©nĂ©rale mais dĂ©passent ceux observĂ©s en Belgique[25].

Effets toxiques et Ă©cotoxiques

Des effets toxiques et écotoxiques ont été constatés chez diverses espÚces animales et végétales notamment parce que le vanadium peut inhiber certaines réactions enzymatiques et perturber le systÚme endocrinien des mammifÚres. Nombre de ses composés ont aussi des effets toxiques (notamment étudiés et démontrés chez le rat de laboratoire[26]).

Toxicité

Sa toxicité aiguë pour l'homme semble modérée[27], mais il peut avoir des effets néfastes et mortels à haute-dose et des effets secondaires reprotoxiques et génotoxiques préoccupants.

L'exposition aux composés du vanadium chez les humains (comme chez l'animal) montre des effets variables selon le composé et selon la dose, la voie et à la durée d'exposition. Les formes les plus toxiques du vanadium (en toxicité aiguë) sont le vanadium(V) et ses composés, plus toxiques que le vanadium(IV)[28]. De plus les oxydes de vanadium sont également plus toxiques que les sels de vanadium[28]. La toxicité de court, moyen et long terme des composés de vanadium varie aussi selon le taux d'accumulation du métal dans certains organes et tissus de l'organisme exposé[29] (qui varie avec l'ùge).

Toxicité cellulaire : Selon Evangelou (2002), une majorité des cascades d'événements induits dans la cellule par le vanadium sont liées aux espÚces réactives de l'oxygÚne générées par des réactions de type Fenton et/ou surtout par le NADPH au moment de la réduction intracellulaire de V(V) en V(IV)[15].

Toxicité systémique : Le vanadium est aussi un perturbateur endocrinien : on a montré in vitro et in vivo qu'il mime l'insuline, en interférant donc avec le métabolisme des sucres[30]. Il est également reprotoxique[31] et il nuit au développement de l'embryon[32] et de l'enfant[31], avec des effets antihyperglycémiques et hypotensifs[28].

Des sels de vanadium ont beaucoup été testés dans les années 1990 avec l'espoir (déçu depuis) qu'il fasse un bon médicament chez l'homme contre le diabÚte sucré et certaines coronaropathies. Ces tests ont néanmoins permis d'en savoir plus sur sa toxicité et celle de ses composés (pour l'Homme et l'animal de laboratoire). Les effets toxiques directs ou secondaire décrits dans ce cadre étaient notamment :

  • un lĂ©ger dĂ©rĂšglement gastro-intestinal[33] - [34] - [35] durant au plus 4 semaines aprĂšs l'exposition brĂšve, c'est l'un des premiers symptĂŽmes les plus courants.
  • Une anorexie avec perte de poids et douleurs abdominales apparue aprĂšs une exposition plus longue (ex : 125 mg/jour de sel de vanadium durant 5 mois induisait ces effets chez prĂšs de la moitiĂ© des patients traitĂ©s pour coronaropathie [36]. Selon Fawcett et al. par voie orale le sulfate de vanadyle ne semble pas avoir d'effets chez l'Homme sur les cellules sanguines, la viscositĂ© et la biochimie du sang[35].

Des études sur des animaux de laboratoire ont mis en évidence d'autres effets toxiques. Une exposition aiguë ou longue induit un affaiblissement avec perte d'appétit et de poids, déshydratation. Puis des hémorragies nasales et/ou pulmonaires sont constatées, avec nécrose des tissus lymphoïdes, et nécrose tubulaire rénale conduisant à la mort (symptÎmes déduits d'administrations sous-cutanées ou intrapéritonéales de composés de vanadium à des animaux de laboratoire)[37] - [38].

  • Perturbations fonctionnelles du foie et des reins (l'un des effets les plus frĂ©quents).
  • AltĂ©rations histopathologiques du foie, de la rate et des reins, dose-dĂ©pendants ; par voie orale une exposition au NaVO3) (5 Ă  10 ÎŒM dans l'eau potable) durant 3 mois cause des lĂ©sions histopathologiques lĂ©gĂšres et dose-dĂ©pendantes dans les reins et la rate. Dans le mĂȘme temps on mesure un taux anormalement Ă©levĂ© d'urĂ©e et d'acide urique chez les animaux les plus exposĂ©s[39].
  • Aberrations chromosomiques.
  • AneuploĂŻdie dans la moelle osseuse (chez la souris de laboratoire traitĂ©e par du sulfate de vanadyle, de l'orthovanadate de sodium et du sulfate d'ammonium[40]. L'orthovanadate (en injection intrapĂ©rinĂ©ale de 10 mg/kg/jour durant 8 jours chez des rats) ont induit une nĂ©phrotoxicitĂ© dont la gravitĂ© variait selon l'Ăąge de l'animal traitĂ©s[40].
  • Inhibitions significatives de l'activitĂ© gĂ©nĂ©rale et de l'apprentissage (chez le rat de laboratoire exposĂ© 8 semaines par voie orale Ă  4,1 et 16,4 mg/kg/jour de vanadium[41].
  • ReprotoxicitĂ© (et trouble du dĂ©veloppement) (diminution du nombre de nouveau-nĂ©s viables et trouble du dĂ©veloppement fƓtal, observĂ©e chez les rats et des souris de laboratoire pour divers composĂ©s du vanadium[42] - [32]. D'autres Ă©tudes sur des rats sains et diabĂ©tiques n'ont pas observĂ© d'effets significatifs sur le sang[43], la fonction hĂ©patique et rĂ©nale ni d'anomalies morphologiques spĂ©cifiques dans divers organes[44] (par exemple aprĂšs exposition du rat Wistar per os de sulfate de vanadyle et de complexe V(III)-cystĂ©ine[45]. De plus, l'administration orale Ă  long terme (entre 4 et 6 mois) de vanadium (III et IV) Ă  des doses V quotidiennes de 0,5 mg / kg / jour, induite par aucun effet toxique chez des rats porteurs de tumeurs[46] - [47].
  • GĂ©notoxicitĂ©. Elle a Ă©tĂ© observĂ©e dans les cellules de foie, rate, cƓur et moelle osseuse (chez des souris mĂąles traitĂ©es par 5,75 et 23,0 ÎŒg/g en injections intrapĂ©ritonĂ©ales de pentoxyde de vanadium (V2O5)[48].

Antidotes, chélateurs...

Comme pour d'autres métaux toxiques, des chélateurs peuvent diminuer la toxicité du vanadium et de ses sels (plus ou moins selon l'espÚce chimique en cause[49] - [50]) mais avec les effets secondaires des chélateurs et de la chélation.

Une étude a en 2016 montré un effet protecteur d'extraits végétaux de Sesamum indicum contre certains effets [51].

Ecotoxicologie

Une phytotoxicité a été démontré in vitro dÚs quelques mg/L chez des algues d'eau douce cultivées en laboratoire[52] - [24], et chez le zooplancton (qui s'y montre plus vulnérable que le phytoplancton[24]). La mort des microcrustacés se fait sans toxicité sublétale apparente, ce qui plaide pour une mort par déséquilibre ionique qui survient brutalement au-dessus d'un certain seuil[24].

Chez l'animal, les Ă©tudes ont principalement portĂ© sur les effets de l'exposition de rats et souris de laboratoire Ă  divers composĂ©s du vanadium. Par exemple la dose lĂ©tale sur 9 jours pour la moule a Ă©tĂ© Ă©valuĂ©e Ă  65 mg/litre [23], cependant d'autres organismes marins supportent le vanadium et le concentrent (les Tunicata (UrochordĂ©s) ont une concentration interne de vanadium jusqu'Ă  un million de fois supĂ©rieure Ă  celle de l'eau oĂč ils vivent), mais souvent en l'« inertant » (seule une faible partie est assimilĂ©e, le reste Ă©tant fixĂ© ou mĂ©tabolisĂ© et excrĂ©tĂ©). À titre d'exemple, en SuĂšde, 23 bovins (dans un troupeau de 98) sont morts en 10 jours par intoxication aiguĂ« Ă  la suite de l'ingestion d'herbe contaminĂ©e par du vanadium provenant d'un Ă©pandage de laitier mĂ©tallurgique[53]).

Occurrence

On ne trouve pratiquement pas de vanadium libre dans la nature, mais on le trouve sous forme liée dans au moins 65 minéraux comme la patronite (VS4), la vanadinite (Pb5(VO4)3Cl), et la carnotite (K2(UO2)2(VO4)2.3H2O) ; parfois aussi dans la tanzanite. Le vanadium est également présent dans la bauxite, ainsi que dans les roches carbonées comme le pétrole, le charbon et le bitume. En 2011, du vanadium natif a été découvert parmi les sublimés des fumerolles du volcan Colima, au Mexique[54].

Le spectre du vanadium a aussi été détecté dans la lumiÚre du Soleil et dans celle d'autres étoiles.

Extraction miniĂšre

La principale source de vanadium sont les réserves de titanomagnétite. Du vanadium est également extrait de la carnotite. Le minerai de vanadium est rarement exploité seul dans un gisement, se présentant généralement comme un sous-produit de l'extraction d'une autre matiÚre[55].

AprÚs extraction, la titanomagnétite est réduite par du charbon à haute température, donnant des scories contenant la majorité du titane et de la fonte brute contenant la majeure partie du fer et du vanadium. De l'oxygÚne est ensuite insufflé à la fonte brute en fusion, résultant sur un autre type de scorie contenant de l'ordre de 12 à 24 % de pentoxyde de vanadium (V2O5)[55].

AprÚs extraction, la carnotite est traitée par de l'acide sulfurique à chaud et un oxydant comme le chlorate de sodium pendant 24 heures. AprÚs filtration, le lixiviat, qui contient le vanadium et l'uranium, est placé en contact d'un solvant contenant une amine, de l'isodécanol et du kérosÚne qui retire l'uranium du lixivat. Le vanadium est ensuite extrait du lixiviat par un solvant adapté, exposé à une solution de carbonate de sodium et précipité sous forme de vanadate d'ammonium par réaction avec du sulfate d'ammonium. Le vanadate est récolté par filtration puis séché et thermolysé en pentoxyde de vanadium[55].

Le pentoxyde de vanadium peut ĂȘtre rĂ©duit pour produire du vanadium par rĂ©action avec du calcium ou de l'aluminium ou utilisĂ© dans la production de ferrovanadium (oĂč il sera rĂ©duit en vanadium par de l'aluminium, puis dissout dans le fer en fusion)[55].

Commerce

En 2014, la France est importatrice nette de vanadium, d'aprĂšs les douanes françaises. Le prix moyen Ă  la tonne Ă  l'import Ă©tait de 24 000 €[56].

En AlgĂ©rie, il est prĂ©sent Ă  hauteur de 350 000 tonnes/km2, soit pour les 570 000 km2 de Sahara utile un gisement de 200 milliards de tonnes[57].

Notes et références

  1. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0)
  2. (en) Beatriz Cordero, VerĂłnica GĂłmez, Ana E. Platero-Prats, Marc RevĂ©s, Jorge EcheverrĂ­a, Eduard Cremades, Flavia BarragĂĄn et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,‎ , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
  3. ALFA
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