Gadolinium
Le gadolinium (Gd) est l'élément chimique de numéro atomique 64. Il fait partie du groupe des lanthanides.
Il doit son nom Ă Johan Gadolin, chimiste finlandais[alpha 1].
Caractéristiques
Le gadolinium est un métal faisant partie des terres rares. Il est gris argent, malléable et ductile à la température ambiante.
Il cristallise sous forme hexagonale Ă tempĂ©rature ambiante, mais possĂšde une autre forme allotropique connue sous le nom de forme « bĂȘta », de structure cubique centrĂ©e au-dessus de 1 508 K.
Le gadolinium est assez stable dans l'air sec. En revanche, il s'oxyde rapidement dans l'air humide. Le gadolinium réagit lentement avec l'eau et est soluble dans les acides dilués.
L'oxyde de gadolinium a Ă©tĂ© isolĂ© en 1880 par Jean Charles Galissard de Marignac, et Paul-Ămile Lecoq de Boisbaudran prĂ©para le mĂ©tal pur en 1886.
Le gadolinium est classiquement considéré comme l'un des quatre éléments ferromagnétiques[alpha 2] mais son point de Curie TC est trÚs bas (292 K environ, soit 19 °C). La nature réelle de ce magnétisme ordonné en dessous de TC est contestée[6].
Le gadolinium a la plus grande capacité d'absorption des neutrons thermiques parmi tous les éléments naturels (49 kilobarns[1]).
Le gadolinium sous forme ionique (Gd3+) est hautement toxique. En effet, il entre en compĂ©tition avec le calcium dans les processus calcium-dĂ©pendants du corps humain (respiration, battements du cĆur, contraction des muscles, coagulation, etc.) et peut mener Ă de graves dommages selon sa concentration. C'est pourquoi le gadolinium utilisĂ© en mĂ©decine comme agent de contraste pour l'IRM est complexĂ©.
Le gadolinium se caractérise par une diversité minéralogique particuliÚrement faible : on ne connaßt qu'un minéral dont il soit un constituant essentiel, la lepersonnite-(Gd). On le trouve plutÎt en solution solide dans divers minéraux riches en terres rares. Il est aujourd'hui principalement extrait de la monazite (Ce,La,Th,Nd,Y)PO4 et de la bastnÀsite (Ce,La,Y)CO3F.
Utilisation
Agent de contraste pour l'IRM
L'ion Gd3+ est utilisĂ© comme agent de contraste pour l'imagerie par rĂ©sonance magnĂ©tique (IRM) oĂč il est associĂ© Ă un chĂ©lateur ou ligand pour rĂ©duire son exposition Ă l'organisme et sa haute cytotoxicitĂ© (dose lĂ©tale mĂ©diane : 0,34 mmol/kg IV (souris)[7]). En effet, Gd3+ a un rayon atomique trĂšs proche du calcium[8] et peut donc s'y substituer dans les nombreux processus biologiques oĂč il intervient (canaux calciques, rĂ©gularitĂ© du rythme cardiaque, etc.), entrainant des effets plus ou moins sĂ©rieux selon la dose injectĂ©e[9].
Le gadolinium (sous forme chĂ©latĂ©e ou libre) est retenu dans le cerveau, en particulier dans le noyau dentelĂ© et le globus pallidus[10], dĂšs une injection d'un agent de contraste Ă base de gadolinium (GBCA) (en quantitĂ© plus importante pour les linĂ©aires)[11]. Le systĂšme glymphatique pourrait ĂȘtre la voie d'accĂšs principale en intraveineuse[12] - [13]. Des Ă©tudes in vitro ont trouvĂ© les agents linĂ©aires (chĂ©lateurs moins stables) plus neurotoxiques que ceux macrocycliques[14] - [15]. Une Ă©tude a trouvĂ© qu'un rehaussement du signal T1 sans administration de contraste (indicateur de la prĂ©sence de gadolinium) sur les IRM cĂ©rĂ©braux d'individus ayant reçu une ou plusieurs injections d'agents linĂ©aires et macrocycliques corrĂ©laient significativement avec une fluence verbale moindre[16]. La confusion (en) est une possible consĂ©quence clinique reportĂ©e par plusieurs Ă©tudes[14].
Les injections intrathécales de doses supérieures à 1 mmol sont associées à de sévÚres complications neurologiques et peuvent entraßner la mort[17] - [18].
Les GBCA sont nĂ©phrotoxiques, peuvent provoquer une rĂ©action inflammatoire et peuvent entrainer la mort en cas d'insuffisance rĂ©nale[9] - [19]. Des cas de fibroses nĂ©phrogĂ©niques systĂ©miques ont Ă©tĂ© rapportĂ©s avec l'usage d'agents linĂ©aires et macrocycliques[20] - [21] chez des insuffisants rĂ©naux chroniques et aigĂŒes (ex. : nĂ©phrite interstitielle[22]).
Les agents linĂ©aires (Omniscan, Magnevist) ont Ă©tĂ© suspendus par l'Agence europĂ©enne des mĂ©dicaments (AEM) en 2017 (voir GBCA autorisĂ©s). L'usage des agents macrocycliques reste autorisĂ© en France Ă la dose la plus faible possible et lorsque le diagnostic ne peut ĂȘtre obtenu sans[23].
Une étude rétrospective danoise a trouvé une incidence de 11,6 cas (+ 6,1 cas suspectés pour lesquels aucun examen n'avait été effectué) de fibrose néphrogénique systémique par million dans la population générale du pays, un taux plus élevé que dans d'autres pays avec une utilisation comparable de GBCA. Les auteurs suggÚrent que ces derniers sous-diagnostiquent la maladie par méconnaissance des médecins, au contraire des hÎpitaux danois qui identifiÚrent la présence de gadolinium par des analyses par spectrométrie de masse de biopsies cutanées[22].
Pollution environnementale
Des chercheurs brestois ont trouvé que les coquilles Saint-Jacques des eaux cÎtiÚres contenaient du gadolinium. Les chercheurs ont utilisé une collection de trente ans de bivalves à leur disposition, ainsi que les données de la sécurité sociale des consommations de gadolinium par les IRM français. L'évolution des teneurs en gadolinium dans les coquilles Saint-Jacques au cours des trente derniÚres années est corrélée à l'utilisation du gadolinium comme produit de contraste pour l'IRM[24].
Alternatives
Des agents de contraste utilisant le manganÚse (Mn2+), tels le MnLMe ou Mn-PyC3A, sont un sujet de recherches et développements[25]. Le manganÚse est rapidement éliminé par les reins, est retenu deux-trois fois moins que l'acide gadotérique dans le cerveau[26] et est endogÚne dans le monde vivant végétal (0,36 à 10 mg/kg) et animal (0,05 à 16,60 mg/kg)[27].
Le fer (Fe3+), aussi endogÚne (4g), convient à cet usage. Il a un moment magnétique moins intense du fait de ses quatre électrons non appariés (cinq pour Mn2+ et sept pour Gd3+)[13].
Alliages
Le gadolinium est ajouté (jusqu'à concurrence de 1 %) à de l'acier au chrome pour améliorer la dureté et les propriétés de transformation.
Lasers
Le grenat de gadolinium-gallium (GGG) de formule chimique Gd3Ga5O12 est utilisé pour fabriquer des lasers, une fois dopé avec le néodyme, l'ytterbium ou le dysprosium. Des développements sont en cours pour mettre au point des lasers à rayons X avec le Nd:GGG. Le GGG est également utilisé comme substrat pour la fabrication de composants (ferrites) hyperfréquence en couche mince.
Absorbant neutronique
- Sous sa forme oxydĂ©e Gd2O3 dans certains rĂ©acteurs nuclĂ©aires, afin d'en limiter la rĂ©activitĂ© en dĂ©but de vie grĂące aux propriĂ©tĂ©s neutrophages des isotopes 155Gd (61 kilobarns[1]) et surtout 157Gd (254 kilobarns[1]) qui par capture se transforment respectivement en isotopes 156Gd et 158Gd, pratiquement non absorbants (sections efficaces de l'ordre du barn). La cinĂ©tique d'usure du gadolinium est trĂšs particuliĂšre (effet de peau) ; en effet, sous irradiation, son poids neutronique reste assez constant jusqu'Ă un point de rupture oĂč son efficacitĂ© dĂ©croĂźt trĂšs rapidement.
- En 2019, du gadolinium a été ajouté à l'eau de l'observatoire de neutrinos japonais Super-Kamiokande afin de pouvoir détecter les neutrons produits par les collisions entre des antineutrinos émis par des supernovas et des protons présents dans les molécules d'eau[28].
Autres applications
- Réfrigération magnétique[29].
- Substance phosphorescente dans des tubes cathodiques.
- Alliages supraconducteurs.
Notes et références
Notes
- Johan Gadolin a également laissé son donné son nom à la gadolinite, un minéral qu'il a découvert mais qui ne contient pas de gadolinium à des niveaux significatifs.
- Les trois autres éléments ferromagnétiques à l'état de corps simple sont le fer, le cobalt et le nickel.
Références
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Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) « Technical data for Gadolinium », sur periodictable.com (consulté le ), avec en sous-pages les données connues pour chaque isotope.
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